Dance with me

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Mon père était ravi de savoir que Ray était un « petit Dommel » et manifestement, il lui faisait confiance pour me garder à l'œil pendant ma semaine dans les Hamptons. Quand nous rentrâmes à l'hôtel en début de soirée, il me prit dans ses bras.

-Tu sais ce que m'a dit Dommel ? Que j'avais une fille parfaite. Tu sais ce que ça veut dire ? 

-Qu'il m'a trouvée bien élevée ?
-Exactement. J'ai bien fait mon job. Je suis content. Va te changer, je t'emmène dîner. Grand-Mère reste avec ses amies et les autres ne sont pas là. 
-J'ai envie de junk food. Comme à Seattle. 

Il acquiesça et une fois à l'hôtel, je pris juste un châle. Nous nous retrouvâmes dans un petit restaurant à la propreté un peu douteuse mais mon père m'affirma qu'ils faisaient les meilleurs onions rings qu'il connaissait. Et il avait raison en plus. J'avais pas mangé de Hamburger depuis très longtemps. L'odeur me chatouilla les narines et le goût était juste inimitable. Mon père avait pris des ribs avec une sauce barbecue maison et je lui fis des yeux doux pour qu'il m'en donne. Il sourit et, alors que nous n'avions pas terminé, il commanda la même chose. Ça me fit rire. 

-J'adore avoir mon petit Papa rien que pour moi. Ça ne sera plus pareil une fois que tu auras adopté Tom...
-Tu n'as pas l'air ravie..
-Bien sûr que si, je l'aime vraiment. Mais, on ne fera plus les McAllister contre les Miller quoi. Y'aura un intrus.
-Mais non Sarah. On continuera à partir en Week-End juste tous les deux. D'ailleurs.. je n'ai jamais fait ça avec juste les garçons. Quand vous reviendrez du Texas, je le ferai. Je te laisserai seule avec ta belle-mère.
-Tu sais que je l'ai appelée Maman ?
-Non. 
-C'est sorti tout seul. Et.. tu crois que Maman m'en voudrait ? J'ai peur de la remplacer par Mary et de l'oublier Papa. Et si un jour, je n'arrivai plus à me rappeler son visage ? Sa voix ? 
-Ça n'arrivera pas ma chérie. Tu sais pourquoi ? Parce que l'amour qu'elle a eu pour toi est toujours ancré dans ta chair et dans ton esprit. Elle est toujours avec toi et elle fait partie de toi. 
-Tu n'as pas peur de l'oublier ?
-Oublier Elena ? Ta mère est irremplaçable.
-Tu l'aimes toujours n'est-ce pas ? Maman je veux dire.
-Je ne cesserai jamais de l'aimer. Et parfois.. si tu veux tout savoir.. je m'en veux d'aimer autant Mary. Chaque.. fibre de mon corps aime Mary et pourtant je sais que j'aimais ta mère pratiquement de la même manière. Je n'aime pas l'une plus que l'autre, je sais que c'est différent mais.. 

-Mary est ton âme sœur. Ta véritable âme sœur. Je ne sais pas si le Destin existe vraiment. Mais peut-être que tout ce qui nous est arrivé est arrivé pour qu'on rencontre les Millers. Pour que tu rencontres Mary, que tu donnes un père à Tom. Pour que je grandisse. Je veux dire, tu dis souvent que Maman a fait de toi un homme. C'était peut-être son rôle dans la trame du destin tu vois. 

-Sa mort nous a tous fait grandir. 
-Plus exactement, sa mort nous a tous détruit et on s'est reconstruit comme on a pu. Mais les bases sont encore plus solides. Tu sais que l'autre jour, j'étais dans une parfumerie avec Sophie et que j'ai senti son parfum ? Une simple effluve et tu sais ce que ça m'a rappelé ? 
-Non ?
-Que Mary n'a presque plus de parfum, tu devrais lui en acheter un. 
-T'es sérieuse ?
J'éclatai de rire et le rassurai. Non, je n'avais pas pensé à ça, même si c'était vrai qu'elle n'avait plus de parfum. 
-J'ai repensé à la fois où j'ai cassé sa bouteille toute neuve en jouant avec dans ma chambre. C'était un jour où vous étiez tous les deux de nuit. Elle m'avait soulevée et au lieu de me gronder, elle avait vérifié si j'allais bien. Et tu sais ce qu'elle a fait après ? Elle a pris un foulard, tu sais, son grand foulard à motif bleus et elle versé dessus le peu de parfum qu'il restait dans le flacon. Elle l'a fait sécher et elle me l'a donné. Elle a retiré chacun des bouts de verre du flacon et l'odeur est restée pendant des semaines dans ma chambre. 
-Elle n'aimait pas te gronder. C'était toujours moi qui m'y collais. Après tu ne faisais pas souvent des bêtises. Enfin.. pas trop souvent. Juste deux ou trois par semaine.

Mon père éclata de rire. 
-Je me souviens d'une fois où James m'a dit que c'était la particularité des McAllister et qu'il ne fallait pas te gronder. Tu sais ce qui est bizarre avec notre famille ? 
-On fait tout à l'envers ?
-Exactement ! Grand-Père et Daniel m'ont appris à être un homme responsable, je l'ai appris à James mais en retour, c'est James qui m'a appris à être un père. Quand tu es venue au monde, j'étais à la fois terrifié et rempli de bonheur. Mais j'étais terrifié. Et tu sais ce que m'a dit James ? Mec, tu ne dormiras pas pendant les 18 prochaines années. Mais je serai toujours là pour toi. Le jour où tu auras l'impression que tout va mal, et que tu auras envie de dormir un peu... appelle-moi. Je viendrai faire du baby-sitting. Il m'a appris à être plus zen, il m'a dit que tu sentais mon stress et que je devais me calmer en ta présence... Et puis il m'a appris à mettre un porte-bébé aussi et à changer une couche, c'est pratique.
-Super oncle James.

-Exact. Mon petit-frère est mon modèle. Tu lui répèteras pas.
-Bouche cousue. Je lui dirai pas. Je pourrais le dire à Duncan ? Okay, j'ai rien dit ! Tu vas finir tes frites.. ou pas ?
-Tu es un gouffre Sarah, me dit-il en me tendant ses frites mais en piquant dans mes ribs.
-J'ai de qui tenir. 

Il trempa une frite dans son milkshake et commença à faire l'idiot en se mettant des frites dans les narines. J'avais l'impression d'avoir un gosse en face de moi. Mais ce gosse était mon père et faire les idiots parfois, c'était super. J'avais rarement autant ri de ma vie dans un restaurant. Je n'en pouvais plus. J'étais prise d'un fou rire qui s'accentuait à chaque fois que je croisai le regard de mon père. Il pleurait de rire lui aussi. Il demanda l'addition, regarda le prix et prit plusieurs billets de 20$ qu'il laissa sur la table avant de m'embarquer. Et nous éclatâmes de rire en sortant. Il me demanda si je voulais un hot dog en dessert.
-Et après, c'est moi le gouffre.
Mais je ne refusais pas. J'allais exploser, j'en pouvais plus. Alors que nous entamions une promenade digestive, je lui demandai quand il rentrait à la maison.
-Je pars tôt mardi matin.J'ai fait promettre à James sur la tête de Duncan de prendre soin de toi en mon absence. Je pense qu'il le fera. Tu devras lui envoyer de tes nou...
-Quoi ?
-C'est une promesse faite il y a 17 ans. J'ai fait la même t'inquiète.
-Vous êtes des gamins ton frère et toi en fait.
-Tu en doutais ? 
-Non, mec. 
Il me bouscula légèrement et je repris son bras en riant. 
-Brian part samedi avec Paul et son ami Jay à la Nouvelle Orléans. Si j'ai bien compris, il va profiter de l'escale à Dallas pour les rejoindre. Et dimanche Tom s'envole avec Penny..
-Penny est à la maison ?
-Elle fait l'aller-retour juste pour aller chercher Tom. Mary n'était pas rassurée de laisser son petit tout seul dans l'avion. Ce que je comprends.
-Essayez de profiter pendant qu'on sera pas là pour sortir tous les deux et faire des trucs de couple comme si vous aviez pas d'enfant. Je t'embêterai pas. Je vous enverrai juste un SMS de temps en temps pour vous dire que je suis vivante. 

-J'en ai bien l'intention. Je te rappelle qu'on a pas vraiment eu de lune de miel. On doit se rattraper comme on peut.. Ma chérie, tu as l'air fatiguée.. on va rentrer je pense. En fait, Grand-Mère m'a dit que tu lui avais trouvé un appartement.
-Tu vas l'adorer c'est sûr et certain. J'aime trop. Je lui ai dit que je pourrais vivre ici.. 
-À Gotham.. murmura mon père. Tu pourras toujours demander une université de ce côté du pays. Tu passeras du temps avec Grand-Mère chez elle comme ça. Et tu te rapprocheras de ma famille au lieu de celle de ta mère. C'est un assez bon compromis. On est beaucoup plus fun chez les McAllister. 

Nous rentrâmes à l'hôtel et nous trouvâmes Grand-Mère entrain de broder sur l'un des canapés avec de la musique classique en fond. 
-Vous avez passé un bon moment mes chéris ? Je viens de recevoir un message de James et de Duncan, ils restent du côté de Yale ce soir.
-C'était excellent Grand-Mère, merci.
Mon père se pencha pour l'embrasser alors que je filai dans ma chambre. Je m'affalai sur mon lit et je m'endormis pratiquement instantanément. Je fus réveillée par la douce main de mon père sur mon visage.
-Chérie, si tu veux m'accompagner à la conférence, tu dois te lever ?
-Tu peux me laver comme quand j'avais 1 an ?
-Non. Tu ne rentrerais plus dans ta petite baignoire, ajouta-t-il en riant.
Je me levai et le jet brûlant me fit un bien fou. J'enfilai juste une petite robe, mes tennis en toile et j'étais prête. 

En fait, j'étais intimidée de me retrouver entourée de tant de personnes intelligentes. Il y avait de tous les domaines dans cet salle. Des astrophysiciens de renoms, de grands auteurs de littérature.. J'étais impressionnée. J'étais assise dans mon siège et lorsque la conférence commença, je fus happée par les idées géniales que j'entendais.. et arriva le moment où mon père monta sur la scène. Il avait extrêmement bien soigné sa tenue. Je ne l'avais jamais vu comme ça. Ce n'était pas mon père qui était devant moi. Mais un praticien, un orateur. Je ne l'avais jamais vu comme ça. C'était de cet homme dont Mary était tombée éperdument amoureuse. Même sa voix me paraissait différente. C'était assez étrange. Il avait beaucoup de charisme et arriva même à faire rire l'assistance une ou deux fois. Il se fit chaleureusement applaudir et je ressentis une grande fierté. D'ailleurs, je lui dis à la sortie et il rougit. 
-Merci Choupi. 
Quelqu'un vint lui serrer la main et je vis un photographe arriver. Il le prit en photo et je baissai la tête. Mon téléphone vibra. C'était Clive. 
-Je reviens dans deux minutes Papa. Alllllôôô

-Salut ! Tu fais quoi de beau tout à l'heure ?
-Hum.. je ne sais pas trop. Je dois me trouver une robe pour le bal de promo. Mais tu ne m'as pas donné le thème. 
-C'est pour ça que j'appelle. Je t'ai dit que j'ai une amie styliste et.. elle serait d'accord pour prendre un peu de temps avec toi.
-Ce serait génial. 

-Tu veux qu'on déjeune ensemble avec Ray ?
-Volontiers ! Je vais demander à Papa. Je te rappelle.
Mon père ne vit aucun inconvénient à me laisser partir et je pris un taxi pour aller au point de rendez-vous que Clive venait de me fixer. C'était un restaurant, et je vis plusieurs stars dedans. Je fangirlai intérieurement. Je m'approchai des garçons et nous passâmes un très agréable moment. J'avais oublié à quel point j'arrivai à rire avec eux facilement. 

Juste après le déjeuner, nous allâmes chez l'amie de Clive. Ray ne pouvait pas venir, il devait passer son après-midi avec sa mère. Alors que je faisais des essayages dans une cabine, Clive m'interpella.

-Je suis désolé, mais y'a un souci avec mon agent, il faut que j'aille le voir.

-Pas de souci, tu passes me prendre à 20h ? Je vais rentrer en taxi. File

Le thème était les couples à travers le temps. Clive avait choisi un costume du 18è siècle et je me retrouvai à devoir essayer de grandes robes à baleines. C'était assez lourd mais super joli. L'amie de Clive était à la fois styliste et costumière dans une troupe de théâtre. Ça expliquait qu'elle ait tous les accessoires à proximité. Je m'observai dans le miroir. J'avais l'impression d'être Keira Knightley dans Pirates des Caraïbes ou de jouer dans le film Marie-Antoinette.. Sauf que ma robe était bronze et bleue nuit. Je me sentais jolie. L'amie de Clive me proposa de venir plus tard à l'hôtel pour qu'elle m'aide à m'habiller et que je me fasse coiffer et maquiller aussi.
-Oui, ce serait super, vous me direz combien je vous dois.
-Oh non, ne t'inquiète pas. C'est déjà réglé. 
Je souris et je repartis. Il était assez tard. J'avais pris des photos et j'allais voir avec Grand-Mère si je pouvais lui piquer des bijoux. Ma grand-mère était entrain de se détendre dans Central Park. Je la vis en traversant le parc pour revenir à l'hôtel.
-Grand-Mère, est-ce que je peux te prendre quelques bijoux ? Parce que je sors ce soir et que je veux être la plus jolie possible. Je suis habillée comme au 18è siècle. Regarde ma robe.
Je lui montrai mes essayages et je lui fis des yeux doux. Elle soupira et elle m'emmena devant un grand joailler.
-Non Grand-Mère, on ne va pas les acheter. C'est beaucoup trop.
-Pas de Non. Tu es ma première petite fille. Je ne sais pas de quoi demain sera fait et je compte bien profiter du temps qu'il me reste sur Terre pour te gâter et te choyer. Et je ferai la même chose avec les jumelles et les bébés à venir. 
-Oui grand-mère, mais je ne veux pas que tu te démunisses.
-Ma chérie. Dois-je te rappeler le montant de mes rentes ? 

De ses rentes. Ma Grand-Mère aimait bien utiliser des termes d'un autre temps. Mais j'acquiesçai. Mon père appellerait ça, l'appel du diamant. Personne ne pouvait résister face au luxe. Et il avait raison dans mon cas. Nous entrâmes dans une boutique française de grand luxe et ma Grand-Mère donna des ordres. C'était presque flippant en réalité. Elle semblait tellement dans son élément alors qu'à côté, elle pouvait être très humble. Je me sentais en décalage avec mes tennis en cet endroit. Il y avait des parures splendides et je tombai amoureuse d'une paire de boucles d'oreilles. Ma Grand-Mère fit signe que c'était celle qu'elle voulait voir. La bijoutière les sortit avec des gants et nous fit installer sur un petit banc rembourré. Elle déposa les pièces sur la table. C'était des boucles d'oreilles avec deux énormes émeraudes en forme de poire au niveau de lobe qui se terminaient pas une cascade de 17 gouttes en or blanc serties de diamants. Le tout me rappelait la forme d'une feuille. Elles étaient magnifiques et quand je les essayai, elles étaient juste.. parfaites. 

-Est-ce que ce sont celles-ci Sarah ?
-Oui.. murmurai-je très émue. 

J'avais presque envie de pleurer. Pas de tristesse mais de bonheur. Amélia McAllister était une femme exceptionnelle et d'une générosité sans borne. Quand j'étais petite, nous l'avions appelée Picsou, Duncan et moi, mais je comprenais maintenant qu'elle ne dépensait pas son argent pour elle en priorité mais surtout pour faire plaisir aux autres. C'était pour ça qu'elle gardait un coffre-fort chez elle avec de l'argent. Pour être certaine que sa famille ne serait jamais dans le besoin.
-Tu sais quoi Grand-Mère Amélia ? Plus tard, je veux être comme toi. 
Elle caressa ma joue et me sourit légèrement.
-Tu seras meilleure que moi Sarah. Bien meilleure. Parce que tu es et tu seras toujours une femme libre.
-Parce que toi tu n'es pas libre ?
-Tu sais que mon père a donné son autorisation pour que j'épouse ton Grand-Père ? Ou que j'ai dû avoir la permission de mon mari pour travailler ?
-Tu es sérieuse ? 
-Bon, c'était un accord de principe, parce que j'avais déjà un caractère bien trempé et j'aurais épousé Aonghas même si j'avais dû m'enfuir pour ça, et je faisais ce que je voulais de ton Grand-Père...
Je me mis à rire tout en me levant pour aller vers la caisse. 
-Mais... reprit-elle. Tu vis dans une époque merveilleuse où tu as le choix et que tu peux exprimer ton opinion. Tu n'as besoin d'aucune autorisation pour travailler, pour t'habiller comme tu veux. Je préfère largement notre époque que celle de mon enfance. Ne laisse jamais personne te dicter ta conduite, mais ne froisse pas inutilement les gens Sarah.
Elle paya mes boucles d'oreilles et me tendit le petit sac. Nous rentrâmes à l'hôtel et les amis de Clive arrivèrent pour que je me prépare. J'avais trois heures pour me faire belle. Elles commencèrent par m'habiller avec la robe imposante, ensuite, ils me coiffèrent et maquillèrent. Je me retrouvai avec un teint très pâle, du rose sur les joues, du rouge sur les lèvres. Ils me mirent des mouches. L'une sur la poitrine 'la généreuse' comme l'appela ma grand-mère qui nous surveillait du coin de l'œil et une autre sous la lèvre 'la coquette'. Et mieux que ça, ils me firent une coiffure à la Marie-Antoinette avec l'aide de postiches, qu'ils poudrèrent de blanc. C'était juste magnifique. Ils ajoutèrent même un chapeau avec un Panache dessus, alors que j'avais déjà des filets de perles et des fleurs.. Je m'adorai et je pris des photos avec eux. 
-Maintenant ma petite Sarah, tu as intérêt à te tenir droite. Il faut avoir le maintien qui va avec un tel habit. Redresse ton torse. Lève légèrement le menton. 

Je lui obéis. Je n'avais que ça à faire. La maquilleuse en profita pour me faire une retouche maquillage. Et je bougeai dans tous les sens pour voir si la coiffure tenait et ils remirent de la laque. Mais tout tenait parfaitement. 
-Grand-Mère. On fait un selfie. 
Ma Grand-Mère sourit et nous fîmes une photo toutes les deux. J'entendis la porte de la suite s'ouvrir et je me levai. Je passai dans le salon et j'entendis une exclamation. C'était Duncan. 
-SARAH. TU ES MAGNIFIQUE. 
Il me souleva et j'entendis le rire tonitruant de mon oncle.
-Wow. Qui est cette beauté ? Et où allez-vous ?
-Sarah de la famille McAllister, Duchesse du comté de Los Angeles.
Je lui fis une révérence comme j'avais pu l'apprendre à le faire quand j'étais enfant et il se mit à rire.

-Je vais à un bal de promo. Mais Papa m'a pas encore vu et j'ai pas encore fini de mettre mes accessoires. Alors ne lui dîtes rien.
-Et bien, Madame, vous êtes en beauté ce soir. Vous allez toutes les évincer dans une telle toilette. Je ne dirai rien mais je vais te prendre en photo avant. Je vais montrer ça à Val. Elle va adorer. 
-Je vais finir de m'habiller avant. Je n'ai pas encore enfilé les chaussures et mes bijoux. 

Avec les boucles d'oreille de Grand-Mère et le petit Ruban avec un médaillon gentiment prêté par Grand-Mère, je me sentais prête. Je me regardai une dernière fois dans la glace en pied de l'hôtel. Je n'allais pas passer inaperçue mais c'était pour Ray que je faisais. Et rien n'était trop beau pour lui. Je remerciai chaleureusement toutes les personnes qui m'avaient aidée et visiblement, Clive avait payé ma robe. Elle m'appartenait. Je sentais que j'allais la réutiliser une fois à la maison. Quand mon père arriva dans la suite et qu'il me vit je vis un choc dans ses yeux.
-Sarah..

-Tu.. n'aimes pas ?
-Je te trouve absolument magnifique. Tu fais très dame comme ça. Je crois que ça mérite un petit selfie fille et papa ça.
Il insista pour prendre son appareil photo, celui qu'on lui avait offert à son anniversaire et il me prit en photo sous toutes les coutures. Je me rendis dans ma chambre pour mettre quelques trucs dans la petite bourse que j'emmenai à la soirée.
-Sarah ? Ton ami est arrivé... 
Je me présentai dans le salon et Clive était là. Il était magnifique. Il était habillé à la mode du XVIIIè siècle, collant blanc inclus. Il avait même mis une perruque blanche. 
-La vache. Tu es juste Wow. Ça te pèse pas sur le crâne tout ça ?
-Tu parles des perles dans les cheveux ou du chapeau ?
-Les deux.
-Non ça va. 
Clive assura mon père qu'il me ramènerait en entier et il lui donna son numéro de téléphone au cas où. Le plus amusant dans cette histoire c'était sûrement l'ascenseur. Je prenais une place de dingue et c'était tellement anachronique que j'en pleurai presque de rire. Une dame me demanda ce que ça faisait de débarquer du XVIIIè siècle et je lui répondis que c'était troublant mais que cette époque avait sûrement beaucoup à m'apprendre. Et dans le hall.. les gens s'arrêtaient pour nous regarder. J'étais tellement fardée qu'on me reconnaissait à peine en fait. Des touristes nous prirent en photo. C'était amusant. Il y a même une petite fille qui voulut poser avec moi. Et quand Clive me tendit des lunettes de soleil... Je me mis à rire. Nous saluâmes les gens dans le hall comme si c'était tout à fait normal de se trimballer comme ça. Même Bob se mit à rire en nous voyant. Il me fit un baise-main.
-Vous êtes super assortis. 
-Merci Bob. Il faut dire que Lady Sarah of Los Angeles, et Lord Clive of Manhattan se sont pomponnés pour aller à leur petite sauterie, répondit Clive.

Il m'aida à monter dans la voiture avec ma perruque gigantesque. Nous nous arrêtâmes devant une petite maison en banlieue et je vis Ray sortir avec une fille habillée dans la même époque que la mienne. Elle avait l'air gentille et douce...Ray m'embrassa sur la joue comme à son habitude et s'installa en face de moi. 
-Ta robe est très belle, lui dis-je gentiment.
-Merci, j'ai un peu été prise au dépourvu. Mais j'ai trouvé un truc bien à me mettre ! 
Ray se mit à rosir.
-Oui, excuse-moi encore.
-Oh ce n'est pas grave. C'était très gentil de ta part de m'inviter, je n'allais pas te refuser, balbutia-t-elle.

J'eus l'impression de me voir quelques heures après ma rencontre avec lui. Elle était très timide. Elle se tourna vers moi et je l'encourageai à parler d'un sourire.
-En tout cas, ton costume est spectaculaire et tes boucles d'oreilles.. elles sont splendides. 
-C'est un cadeau de ma grand-mère. 
-Ce sont de vraies émeraudes ?
-Oui. 
-Je n'en avais jamais vu en vrai, rougit la fille. Pas d'aussi grosses en tout cas.
-J'ai entendu dire que c'était la pierre de la sagesse, de la loyauté et de la patience et de la fidélité en amour, me dit Ray.
-Tu viens de décrire mon père, tu sais ? 
-Quelle partie te fait défaut Sarah pour que tu aies cet air ? La patience peut-être ?
Je tapai Clive et il se mit à rire.. mais son sourire se perdit quand il vit des paparazzis. 
-Et merde. J'avais pas pensé à ça. Ray, on fait diversion. Bob ! Tu peux emmener les filles le plus près de la porte ? On va sortir maintenant Ray et moi. Ils vont se précipiter vers nous, on va faire une mini-conférence de presse et les filles vous pourrez rentrer, d'accord ?
J'acquiesçai et les garçons sortirent de la voiture suivis par le second garde du corps. La voiture redémarra et je vis une foule de journalistes arriver vers eux. La cavalière de Ray était abasourdie.
-Et oui, c'est comme ça leur vie. Pas aussi cool qu'on pourrait le penser ?
-C'est vrai. 
-Tu n'avais jamais trainé avec Ray ?
-Non. Jamais, rougit-elle. Je ne lui ai jamais parlé en fait. Je ne savais pas qu'il m'avait remarquée. Je suis une fille invisible.. Je n'arrive pas à croire qu'il m'ait demandé de l'accompagner.. à moi. 

Elle remit ses lunettes sur son nez. J'avais vraiment l'impression de me voir. Elle avait l'air un peu gauche. Nous arrivâmes devant la porte de l'endroit où se déroulerait le bal de promo. Bob gara la voiture dans le parking et nous escorta jusqu'à l'entrée. Il s'arrêta devant et je pris la main de Giselle pour ne pas la perdre dans la foule. Les gens étaient dans le hall le temps qu'on vérifie leurs billets. Il y avait des costumes de toutes les époques que ce soit des Cro-Magnons, des costumes actuels et.. il y avait Giselle et moi. Visiblement nous étions les seuls à avoir choisi cette époque. Et c'est à ce moment que je vis l'équivalent de Chris et d'Alexandra arriver vers nous, habillées comme dans les années 50 et que je sentis la petite Giselle se recroqueviller. Chaque lycée avait ses pétasses apparemment. 
-Bah alors Giselle, petite goudou, tu es venue avec ta petite amie ? C'est bien d'enfin avouer que tu es gay.. de toute façon, tout le monde le savait, vu que tu arrêtais pas de mater tout le monde cette année. 
-Tu as un souci avec les personnes homosexuelles peut-être ? lâchai-je en fronçant les sourcils.
La fille tourna ses yeux vers moi et me scruta. 

-T'es qui en fait, je crois pas te connaitre ?
-Tu ne me connais pas. Je ne traite pas avec les pétasses homophobes. Viens Giselle. Allons nous..
-Je peux savoir pour qui tu te prends pour me parler sur ce ton ?
-Je peux savoir pour qui tu te prends pour me parler sur ce ton et te permettre d'insulter une communauté toute entière ?
J'étais plus grande qu'elle en taille et j'en imposai avec ma perruque. Du moins, c'est ce que je pensais. Elle allait répliquer quand son visage changea du tout au tout.
-Salut Ray ! Tu ne m'avais pas dit que tu allais t'habiller comme dans les années 50 ?

Je la haïssais. Je me tournai vers lui et il dut comprendre qu'il y avait un souci. 
-Si mais je n'aime pas faire comme tout le monde. J'ai changé d'avis quoi.
Je sentis des bras autour de moi et je vis Clive.
-Je trouve que Ray ne s'occupe pas trop de sa cavalière. 
-Oui, je trouve aussi, approuvai-je en méprisant du regard l'Alexandra de New York.
Ray leva le sourcil et passa sa main devant moi pour la tendre à la petite Giselle. Elle posa sa main dans la sienne et commença à faire la queue. La fille était dégoutée et nous les suivîmes. Il se trouvait que Keito était déjà arrivé et sa splendide petite amie me prit directement dans ses bras avant de s'extasier sur ma mise en beauté et mes boucles d'oreilles. Elle se tourna vers son petit-ami.
-Chéri ? Je veux les mêmes.
-En quel honneur ?
-Parce que tu m'aimes et que je t'aime ? Et que ce qui est à toi est à moi ?
Keito se mit à rire et lui embrassa la main. 
-Visiblement, les garçons ont décidé de s'habiller dans la même époque. Regarde-nous ! s'exclama Lily. Tu as eu une idée brillante Ray ! lui lança-t-elle. Ça me fait bizarre d'être à un bal de promo.. encore. Entre le notre, celui de Clive et le tien Ray.. Je pense qu'on va tous les faire. Je pense que le prochain, ce sera le tien Sarah.
Elle éclata de rire et poussa un petit cri avant de courir jusqu'à l'entrée pour se jeter dans les bras de quelqu'un. Je vis bientôt Chuck entrer, ses cheveux longs noués au catogan. Il était avec Owen. Quand ils me virent, ils se mirent à sourire et me saluèrent chaleureusement.

-Tu es superbe Sarah. Bonsoir Mademoiselle, fit Chuck en saluant chaleureusement Giselle. Je suis Charles, mais vous pouvez m'appeler Chuck.
-Giselle.. 

Elle ne savait plus où se mettre. Je fis les gros yeux à Ray et il la présenta à ses amis. Il me fallut un petit moment pour reconnaître la fille qui accompagnait Chuck. C'était sa meilleure amie que j'avais rencontré à Seattle pendant la crémaillère. Elle portait un corset et elle avait un décolleté du tonnerre de Dieu. Elle me salua gentiment. Elle ne m'avait pas oubliée et ça me fit plaisir. 
-Sarah ! déclara Owen, je te pique pour la première danse.
-Pardon ? s'étrangla Clive. Ma cavalière, mes danses.
-Je n'ai pas de cavalière, alors je compte danser avec les vôtres les mecs. Ça s'appelle le partage fraternel. 
-Pas touche à ma meuf, grogna Keito. 
Owen le fusilla du regard. Nous étions assis à la table et il finit par sourire. Il avait une place à côté de lui. Il se leva et je fus obligée de me détourner pour voir où il allait. Une fille seule venait d'entrer. Et elle portait une tenue assez similaire à la notre. Il s'inclina devant elle et il ramena à notre table. Owen, ce BG...
-Voici..
-Katie.
-Oui, voilà, c'est ma cavalière. N'est-elle pas la plus belle créature que la Terre ait porté ? 
Elle semblait encore plus timide que Giselle. Owen venait de lui sauver sa soirée sûrement. Dîner avec eux, c'était juste hilarant. Les deux filles rajoutées à la bande d'amis riaient. Je crus même voir un réel intérêt dans les yeux de Ray pour sa cavalière. Certaines personnes profitèrent d'être là pour faire des photos avec le groupe et je décidai de prendre toutes les photos. Comme ça, je ne serai pas dessus. 
-Sarah ! Attends. On a pas pris notre selfie ?
Ray assis juste à côté de moi, se pencha pour notre selfie et il m'embrassa sur la joue. Il 
-Juste pour savoir les filles, demanda Owen en prenant une gorgée d'eau. Vous allez faire comment pour aller pisser ? 
-Non mais Owen ! s'exclama Lily, pas étonnant que tu n'aies pas de copine ! Tu ne sais pas qu'il y a des sujets qu'on aborde pas à table ? 
Il leva le sourcil.
-C'est une question purement pratique. Si vous ne pouvez pas accéder aux toilettes, comment pourrais-je trousser une de vos congénères ? remarquez que je n'ai pas précisé laquelle..
-Encore heureux, répondit Ju. N'ayez pas peur les filles, il est relou mais très respectueux des filles en vrai. C'est juste de la provoc', ajouta-t-elle pour la cavalière d'Owen et de Ray. Alors, les nouveaux diplômés, vous allez faire quoi l'an prochain ?
-J'ai été prise à Yale, répondit d'une voix aussi petite qu'elle Giselle.
-Sérieusement ? Moi aussi ! s'exclama Ray, visiblement ravi. Je suis soulagé de connaître quelqu'un ! 
-Et toi ?
-Je ne vais pas aller à l'université pour le moment.

-Oh pourquoi ? demanda Owen en levant le sourcil.
-Parce que je vais avoir un bébé dans 5 mois alors.. ça va être compliqué. 
Nous la regardâmes tous, étonnés. 
-Tu es.. enceinte ? balbutia Ray. Et bien écoute.. toutes mes félicitations ! Ça ne se voit pas du tout.
-Oui, c'est vrai. J'ai assez de chance. Au moins, on ne se rappellera pas de moi comme de la fille enceinte du lycée
-Fille ou garçon ? Demanda Lily.
-C'est une fille, sourit la future Maman. 
-Mais.. c'est qui le père Katie ? demanda Giselle.
-Peu importe. 
-Attends, fronça des sourcils Ray. Tu sortais avec.. Naaaan.. sans déconner, c'est lui le père ? Mais il sort avec l'autre pétasse de Stacy depuis 2 mois. 
-Oui, je sais. Mais il ne veut pas en entendre parler. 

Les mecs étaient outrés... et moi aussi. C'était ma hantise de tomber enceinte au lycée et que le père n'assume pas. 
-Putain mais ça se fait pas de se comporter comme ça. Tu veux qu'on aille lui péter la gueule ? demanda très sérieusement Chuck.
-Je suis d'accord avec Grass, continua Keito. 
-Si tu veux qu'on aille lui dire deux mots, tu as juste à demander, on est plein. On est 4 mecs et une fille, dit Owen en désignant Ju. Oui, désolé Ray, tu tapes comme une merde, on t'emmène pas avec nous. 
Ça nous fit tous rire et ça détendit un peu l'atmosphère.
-Non, c'est très gentil de votre part alors qu'on ne se connait pas. Mais ça va aller. Quand elle deviendra présidente des États-Unis, il s'en mordra les doigts et ce sera tant pis pour lui. Je préfère qu'elle n'ait que moi qu'un père démissionnaire qui ne voulait pas d'elle. 
-Soit dit-en passant, c'est vrai que je frappe comme une merde, continua Ray. Je suis du genre à me faire taper dessus.
-Comme le mec pendant la tournée..
-Ah ouais ? Je SAVAIS que tu me racontais des cracs quand tu m'as dit que tu étais tombé.
-Il n'a pas menti, le défendit Chuck. Il n'a pas précisé sur qui il était tombé.. un gros dur. Genre. Balèze. Tout ça parce que sa petite amie était fan de Ray et qu'elle lui a roulé un patin. Et il a fallu toute l'expertise de Bob, champion du monde de krav maga dans sa catégorie pour les écarter. 
-J'en fais pendant mes cours de self defense avec Mary ! m'exclamai-je. Non mais sérieux Ray pourquoi tu m'as rien dit ?

-J'avais honte, rougit mon ami. Je vais devoir prendre des cours de self-defense. 

La conversation reprit doucement, et je vis Owen s'intéresser de très près à la future Maman. Mon regard posé sur lui n'échappa pas à Chuck, assis juste en face de moi. Il me sourit et fut interpellé par Lily.
-Alors tu as fait quoi de beau en Californie ? 
-Mon Grand-Père s'est fait opérer du cœur.
-Hein ?? Mais je t'avais dit que je voulais venir ! s'exclama Keito, pour ne pas que tu sois tout seul.
-Je ne voulais pas t'imposer ça vieux. Y'a certaines choses qu'on doit faire seul. Je sais qu'en cas de souci, tu aurais sauté dans un jet et tu serais venu. 
-Évidemment. L'opération s'est bien passé alors ?
-Ouais. Faut dire que le père de Sarah est un artiste dans son domaine. 
-C'est tout ce que tu as fait du coup ? À part chanter avec cet enfant.. J'ai vu la vidéo, c'était adorable !
-C'est le petit frère de Sarah, Ju.

Elle se tourna vers moi et me sourit.
-C'est vrai ? Ça devait être super. Je pense que ton petit frère devait être ravi.
-Je pense qu'il lui a sauvé la vie. Les enfants de l'école se moquaient de lui. Maintenant, il va être.. cool, je pense. 

-Vous savez quoi ? Parler de chanson me donne envie de chanter ! Vous venez ? Pas toi Ray. Toi tu profites de ton bal de promo.

Mon ami se laissa retomber sur sa chaise après avoir entendu Owen. Les garçons se levèrent et les gens dans la salle les observèrent. Ils montèrent sur scène et s'installèrent. Owen prit le micro et une guitare.
-Cette chanson est dédiée à toutes mes petites chéries, et une en particulier. Katie. Cette chanson est pour toi. 

Elle devint rouge tomate et se cacha derrière sa main. Ray se pencha vers moi.
-Il fait ça pour faire chier le mec. 
-Il a raison. Je pense que tu devrais inviter ta cavalière à danser. 
-Mais personne ne danse ! 
-Et alors ? Tu es Ray McClunsky. Si tu fais un truc, les autres le font.

Il m'embrassa sur la joue et se leva avant de proposer à Giselle son bras.
-Tu veux.. mais personne ne danse. 
-Et alors ? C'est notre bal, non ? On fait ce qu'on veut.
Elle lui prit la main et il l'entraina sur la piste de danse. Il l'entraina dans une sorte de valse. C'était amusant. Je vis le regard dégoûté de l'homophobe de service. 
-Pourquoi ce serait les seuls à s'amuser ?? Venez les filles. 
-Au cas où tu aurais pas remarqué Ju, nos cavaliers dansent.
-Et alors ? Veux-tu danser avec moi ? fit-elle avec Katie. Girl Power les filles. 

Cette dernière se leva et accepta la main de la fille. Je pris celle de Lily. Les gens nous fixaient comme si nous étions fous. Des êtres venus du XVIIè siècle dansant sur de la pop sur la piste. Nous fîmes une ronde avec les filles, un peu comme dans la série Reign, dans le premier épisode. D'autres personnes se levèrent pour venir nous rejoindre. Ce n'était pas protocolaire, mais peu importait. Owen lâcha sa guitare, prit uniquement le micro baladeur et sauta sur la piste pour danser avec nous. Une petite danse entre le plat et le dessert, c'était juste super. Clive me prit par la main alors que le groupe de la soirée prenait place après les AWC. J'étais heureuse comme ce n'était pas possible. Mon cœur battait la chamade. Tout était juste parfait. Nous retournâmes à notre table en riant. J'avais soif. J'avalais une gorgée de punch sans alcool.. du moins je le pensais. Je sentis le goût du rhum derrière. Je le reposai en grimaçant.
-Qu'est-ce qu'il y a ?
-Punch sans alcool trafiqué au rhum. 

Owen cessa de sourire et empêcha Katie qui parlait derrière avec Lily et Keito de boire le sien. Il l'avala cul sec. 
-Désolé, j'aime pas le gaspillage. Putain.. il est chargé celui-là.

Ray s'amusait avec d'autres de ses camarades de classe et avec Clive. Chuck s'approcha de moi.

-Tu veux danser ?
-Avec plaisir. 

Il me tendit la main et la garda dans la sienne le temps d'arriver sur la piste. Il s'inclina et me tendit la main. Je la pris et il plaça la seconde sur ma hanche. 
-Je sais pas danser par contre. Enfin.. pas très bien. J'ai pris quelques cours avec mon père pour son mariage.
-On s'en fout. Mets tes pieds sur les miens. Tiens ta robe par contre.

Il me fit penser à Brian. Ce dernier voulait toujours que je danse avec lui en l'écrasant à moitié. D'ailleurs le sourire amusé me rappela encore plus le fils de Mary. 
-C'est toujours d'accord pour que j'aille chez toi pour notre séjour dans les Hamptons ?
-Oui bien sûr.. J'ai demandé à mes parents, ils n'y voient pas d'inconvénients. Tout le monde sera à la maison. Ce sera très bien. Tu vas voir, la vue sur la plage est splendide.
-Je suis hyper exigeante question plage. J'en ai à 20 minutes de chez moi, je te rappelle.
-Oui, je sais. Mais c'est différent. Je pense que tu vas apprécier. C'est mon fief un peu. J'y vais depuis que je suis tout petit. La maison a été construite par mon arrière-grand-père maternel et elle a été agrandie au fur et à mesure. Il y a notre maison, un petit chemin, la dune et la plage à perte de vue.
-J'ai hâte d'aller me bronzer, j'ai une face de yaourt en ce moment. C'est horrible. 
il leva le sourcil en me regardant.
-Je te parle du reste de mon corps. J'ai pas un super bronzage, je veux dire. 
-Tu feras attention si tu veux te mettre en monokini ?
-Heu.. pourquoi ?
-Y'a pas mal de gens célèbres de ce côté des Hamptons et y'a des paparazzis parfois. Alors si tu ne veux pas te retrouver en arrière plan d'une photo volée.. évite de te trimballer avec les seins à l'air sur la plage. Après, si tu t'en fous, pas de souci.
-Je ne le fais que lorsqu'il n'y a vraiment personne. Tu vois, genre à 7h du matin et en général, je cache mes seins en courant sur la plage et je me lance dans l'eau pour nager. 

Il me fit tourner et me reprit près de lui.
-Tu as l'air bien Chuck.
-L'inquiétude pour mon Grand-Père est retombée et je suis content parce que j'ai réussi à convaincre Ju devenir avec moi. Cette fille c'est une tornade de joie. 

-Tu l'aimes beaucoup.
-Énormément. On était voisin à la base et qu'est-ce qu'on a pu faire comme conneries tous les deux. Je me suis marié avec elle pendant nos jeux d'enfants un nombre incalculable de fois. Du coup, elle appelle ma mère Belle-Maman. 

Je posai ma tête sur lui et nous continuâmes à danser. Dès que la chanson prit fin, il applaudit et nous retournâmes à notre place.
-Ah non ! s'exclama Ray. Toi tu viens avec moi.
Il me traina par la main et nous fîmes les idiots sur la piste de danse. Est-ce à ce moment là qu'il m'entraina pour faire une chenille et que toute sa promo se joignit à nous ? Je riais à en pleurer. Les garçons chantèrent. Nous nous amusâmes, jusqu'à ce que le directeur demande un peu de silence pour annoncer le nom du roi et de la reine du bal de promo. Tous les garçons prirent place sur le podium. Apparemment, ce devait être à eux de chanter pour la chanson du roi et de la reine. C'est Ray qui la chanta. C'était cette chanson She. Elle était splendide. Ju m'entraina sur la piste de danse. Nous étions le seul couple féminin à danser ensemble. Ray posa son regard sur nous et il sourit. Une fois sa chanson terminé, il vint me rejoindre et ses amis enchaînèrent sur un autre morceau. 
-Tu sais que c'est dingue ? Je n'avais jamais parlé à Giselle et en fait, elle est super gentille. J'ai manqué beaucoup à cause des Atas Wild Child.
-Mais pas l'essentiel. Tu sais que la fille dans l'entrée a sûrement été hyper méchante avec elle toute l'année ? Elle m'a fait penser aux connasses qui m'ont harcelé toute l'année. Et tu sais comment elle l'a appelée ? « Petite goudou ». J'ai cru que j'allais la frapper, tu es arrivé à temps pour empêcher ça. 
-Je me suis douté d'un truc comme ça quand je t'ai vu, droite comme un i. Elle fait partie de mon fanclub au lycée. 
-Tu sais qu'elle s'est habillée comme ça uniquement pour que tu sois son cavalier.
-Je dois t'avouer qu'avant de connaître, j'aurais plus été vers ce genre de personnes. Mais maintenant.. J'ai compris toute la beauté de la gentillesse et du naturel. Les gens autour de moi étaient pratiquement tous superficiels et attirés par ma célébrité. Tu as changé ma vie Sarah McAllister et ça, je ne sais pas comment faire pour te remercier. Je crois que j'ai grandi grâce à toi. 

Il avait l'air tellement sincère que ça me bouleversa et que je me fourrai contre lui.
-Grâce à toi, j'ai retrouvé ma place au soleil, continua-t-il alors que j'avais les yeux humides. Oh.. je voulais pas te faire pleurer.
-Non mais tu me sors des trucs pareils et tu crois que ça me fait rien ?? Idiot va ! Je vais passer aux toilettes deux secondes.. histoire d'arranger ma tête. 

Il acquiesça et je filai à l'extérieur de la salle. Mon mascara n'avait pas coulé heureusement mais je remis un peu de blanc sur mes joues, là où les larmes avaient tracé un sillon. J'en profitai pour aller aux toilettes et clairement... C'était galère. Je faillis en rire d'ailleurs. Je fus obligée d'aller dans les toilettes pour handicapée. Et alors que j'allais sortir, j'entendis une conversation qui me fit frémir. Je poussai un peu la porte et je vis les filles de tout à l'heure.
-Cette espèce de petite conne, je ne sais pas pour qui elle se prend. Sous prétexte que Ray lui a demandé de l'accompagner, elle ne se sent plus.
-Je suis sûre qu'il l'a fait pour la baiser après la cérémonie, histoire de se taper la goudou vierge avant de finir le lycée. 
-De toute façon, le plan est toujours d'actualité ? fit une autre voix. 
-Mais oui Stacy, répondit la première fille. Elle va se rappeler toute sa vie de son bal de promo cette petite conne.

Je me raidis et je ne partis qu'une fois que les filles eurent terminées de se remaquiller. Je devais trouver Giselle à toute vitesse. Je ne la vis pas dans la salle. Je me précipitai vers Ray.
-Où est Giselle ?
-Elle est partie prendre l'air.
-Putain de bordel de merde, lâchai-je.
Il ne m'avait jamais entendu dire un gros mot et il me retint par le bras alors que je tournai les talons.
-Il faut que je la retrouve. Je crois que des filles de ton lycée vont lui gâcher la soirée. 

Il me suivit dans les couloirs et il interpella Bob. Nous la cherchâmes mais elle n'était plus là. Nous sortîmes de l'établissement et nous nous retrouvâmes dans la rue. Il n'y avait plus de journalistes. Je regardai Ray. 
-Attends, je vais aller demander en face s'ils ne l'ont pas vu. Au moins ce qui est pratique, c'est qu'on est facilement reconnaissable. 

Je regardai autour de moi et je traversai rapidement entre les voitures. Je me fis klaxonner une fois et je me rendis dans le restaurant juste en face. Je passai la porte d'entrée et tout le monde me regarda. J'allais vers le gérant.
-Bonsoir Monsieur, je suis désolée de vous déranger, vous n'auriez pas une fille habillée.. comme moi, plus petite avec des lunettes.
-Si, j'en ai vu une partir dans ce sens-ci. 
-Merci beaucoup.
-Je suis désolé de vous demander ça mais je peux prendre une photo de vous ?
-Heu.. 

-Tu l'as trouvée ? fit la voix de Ray derrière-moi.
Contrairement à moi, il était très reconnaissable. Les gens arrivèrent vers lui pour lui demander des autographes. Et il accepta d'en signer quelques uns avec un petit sourire mais c'était moi qu'il regardait. Je sortis et je trouvai Bob.
-Reste avec Ray, je vais juste voir au bout de la rue. 
Je me mis à marcher avec cette robe absolument pas adaptée pour la course. Je vis des gens prendre leurs téléphones pour me filmer ou me prendre en photo mais je n'en avais pas rien à faire. Je marchai rapidement en regardant absolument partout. Je pris mon téléphone pour appeler Chuck mais cet idiot ne me répondit pas. Pas plus que Keito ou Clive. J'essayai avec Owen.
-Ouuui ? Tu as besoin de moi pour te rhabiller ?
-Non. Tu peux me dire si tu vois Giselle quelque part ? Si elle est revenue ? J'ai entendu des filles de la promo de Ray dire qu'elle allait se rappeler toute sa vie de son bal de promo cette petite conne. 
-Merde. Je vais la chercher. Je te tiens au jus. 
Je raccrochai et gardai mon téléphone en main. C'est alors que j'entendis un petit cri sur ma gauche. Je me mis à courir vers ce bruit qui n'avait pas spécialement alerté les passants. Je traversai aussi vite que je pus en retroussant ma robe. C'est alors que je la vis au bout d'une petite ruelle sombre entre deux restaurants. C'était hyper glauque.. Elle était entourée de mecs. L'un des gars la toucha et elle se recroquevilla et lui parla avec une petite voix. 
-Et toi ! PAS TOUCHE À MA COPINE ! 

Je courus vers lui et je le poussai. Je saisis la main d'une Giselle terrorisée et j'allais partir quand un des mecs me retint par le bras. Je n'arrivai pas à m'en défaire. Mon téléphone sonna dans ma main, je décrochai mais il me donna un coup et mon téléphone tomba au sol. S'il était pété, mon père me tuerait. Je vis qu'il était tombé côté coque et que le visage d'Owen s'afficha. Alors je fis la chose la plus sensée à faire. Je me mis à hurler de toutes mes forces. 
-Mais tais-toi.
J'hurlai à leur en déchirer les tympans et je poussai Giselle devant moi. 
-COURS.
Je donnai un coup de pied dans l'entrejambe du mec qui me tenait le bras. Je récupérai rapidement mon téléphone et je me mis à courir. Mais un des gars me rattrapa et me souleva. Je le mordis violemment en pensant que j'allais devoir me rincer la bouche après ça. Il me lâcha et je tombai au sol. C'est alors que j'entendis la voix de Bob.
-Attaque-toi à une personne de ta taille. 
-Ou à deux personnes de ta stature, continua la voix d'Owen. 

Mon ami me releva et je courus me réfugier dans les bras de Ray derrière. Il tenait déjà Giselle fort contre lui et il nous serra toutes les deux. J'entendis des bruits de lutte et je me retournai, Bob était à deux doigts de mettre KO un des trois gars, Owen, s'occupait d'un autre et quand le troisième attaqua Owen par derrière, Ray courut et lui fonça dessus. Je tenais Giselle contre moi, elle était tremblante. Je voulais juste aller faire un tour et ils m'ont attrapé. C'est ce qu'elle marmonnait. Je vis Ray se plier en deux et Bob attraper son assaillant par derrière et le projeter au sol en quelques secondes. Quand ils revinrent vers nous, Owen se tenait la joue, Ray se tenait la main et Bob, lui était en mode Men In Black, parfait. Je filai dans les bras de Bob alors que Ray serrait de nouveau sa cavalière contre lui.
-Décidément, me fit Owen. Un concert et dans la rue... On s'ennuie pas avec toi. 
Je l'embrassai tendrement sur la joue et il referma ses bras sur moi et il se tourna vers Ray.
-J'ai rien dit. Tu t'es amélioré en boxe Ray. Tu vas devoir faire une petit séjour dans la fratrie Bridges néanmoins pendant tes vacances pour t'améliorer.

Je vis Bob prendre son téléphone pour appeler son congénère. Il enleva sa veste et me la passa pour cacher mon visage. Il y avait des journalistes dans la rue. Ray fit pareil avec Giselle et je ne vis plus rien pendant un moment. Je sentais Owen presser son bras autour de moi pour que j'aille plus vite. 
-On est bientôt arrivé. Putain mais ils sont partout, c'est pas possible ça ! 

Mon ami m'autorisa à enlever la veste une fois de retour dans l'établissement alors que Bob et l'autre Bob sécurisait la place.
-Tu veux qu'on rentre Giselle ? lui demanda gentiment Ray en lui prenant la main.
-Non, ça va. Ça va. Oublions tout ça. 
-Okay. Je ne te quitte plus du regard. 
Nous retournâmes dans la salle et je vis toute de suite l'air inquiet des garçons qui étaient restés. Lily prit Giselle par le bras pour l'emmener avec elle aux toilettes parce qu'elle avait une mine affreuse. Sans déconner. 
-Pourquoi tu nous as appelé ? Putain Owen, tu vas te taper un sale bleu, qu'est-ce qu'il s'est passé ?
Je laissai Ray répondre et je vis de l'inquiétude pour moi dans les yeux de Chuck. Il ne détachait pas son regard de moi et ça me fit baisser les yeux. 
-Tu vas bien Sarah ?
-Ouais. Ça va. Mais là, genre, j'ai besoin de me vider l'esprit, alors je vous pique mon cavalier, j'espère que tu es pas crevé parce que je vais danser jusqu'à en avoir mal aux pieds.

Et je le fis. Je tournai, virevoltai, je me vidai la tête. Jusqu'à ce moment où Ray monta sur la scène et qu'il demanda le silence. Clive m'embrassa sur la joue et monta sur scène, comme ses amis.
-Salut à tous. J'ai pas forcément eu le temps de connaître tout le monde aussi bien que j'aurais dû et je le regrette. Aussi pour me faire pardonner, et aussi parce que j'ai peaufiné cette chanson pendant un cours de maths particulièrement stressant. Désolé monsieur Daniels, mais je vous adore quand même..

Il y eut des rires dans l'assemblée alors que les gens s'étaient assemblés devant la scène. 

-On a décidé de vous faire une exclusivité mondiale avec un titre de notre prochain album.. Voici Sarah, she's all that.. 
Oh mon Dieu. J'étais sur le point de faire une crise cardiaque. C'était ma chanson. Je pris mon portable pour les prendre en photo comme.. beaucoup de monde d'ailleurs. Et c'était juste énorme. Le rythme était parfait, leurs voix étaient parfaites et ils s'amusaient comme des fous. J'étais la fangirl de base. Je me mis à sauter, à reprendre le refrain comme certaines personnes. Juste après ma chanson, ils se firent applaudir comme ce n'était pas possible. Ils chantèrent d'autres chansons et je fus ravie de ce petit concert privé. Je riais, sautai, dansai avec des inconnus. C'était absolument génial. 

Vers 2 ou 3h du matin.. je me rendis compte que je ne m'étais pas autant amusée depuis des lustres. Apparemment, les garçons avaient payés des leurres pour éviter les journalistes. C'est ce que je compris de Chuck quand nous parlâmes tous les deux... Ça voulait dire que nous étions tranquilles pour le reste de la nuit. J'avais étendu mes jambes. Ray dansait avec Lily. Nous étions assis dans un coin près d'une porte.. Pendant tout le reste de la soirée, après le petit concert improvisé, nous avions pris des photos et fais les dingues. Ray m'avait promis de m'envoyer les photos officielles de la soirée, celle de couples et de groupes que nous avions pris avec le photographe payé pour l'évènement. 
-Tu sais quoi Chuck ? Je viens de me rendre compte que l'an prochain à la même époque, j'aurais fini le lycée. C'est étrange comme sensation. 

Il allait répondre mais nous fûmes attirés par des éclats de voix pas loin derrière nous. 
-Ma vie ne te regarde plus mec. Retourne avec ta Stacy. Je ne veux plus jamais avoir affaire à toi. 
C'était la future Maman. Je captai le regard d'Owen et je lui fis signe de venir près de moi. Il vit tout de suite où je voulais en venir. Il leva le sourcil et se dirigea en grand Seigneur à travers la salle. 

-Kat', tu m'accordes cette danse ?
-Oui.
Il la prit par le bras, et l'entraina vers la piste. Le mec était dépité.. surtout quand Owen embrassa la fille sur la piste. Chuck se mit à rire.
-Je crois que ça fait partie de ses fantasmes de coucher avec une femme enceinte. 
-T'es un peu cynique toi.
-Je crois que c'est le fantasme de tout le monde de coucher avec une femme enceinte.
-Heu.. pas le mien. 
Nous éclatâmes de rire. J'avais un peu mal au genou. Je soulevai mes jupons et je vis du sang. Je m'étais fait mal dans la ruelle mais je n'avais même pas remarqué avant, tant j'étais prise par la musique et la danse. 
-Suis-moi. On va aller nettoyer ça.
Chuck m'aida à me relever et nous allâmes dans les toilettes. Il me laissa quelques minutes et revint avec une trousse de secours.

-Merci, c'est gentil. J'aurais pu le faire moi-même tu sais..
-Tu allais galérer avec tes jupes. C'est pas lourd de porter tout ça ?
-Si un peu mais c'est le jeu qui veut ça ! 
Il me soigna et me mit un pansement. 
-Merci. Et je voulais aussi te remercier pour l'autre jour. 
-De ne pas t'avoir sauté dessus pendant un moment de faiblesse ? Encore heureux que je ne l'ai pas fait. On a déjà fait cette erreur une fois. Et je ne fais pas deux fois les mêmes erreurs.
-Parce que coucher avec moi, c'était une erreur. Okay. 
-Non. Pas du tout. Je ne regrette pas ça. Ce que je regrette c'est qu'à Seattle tu avais un petit-ami. 
-Techniquement, nous n'étions pas encore dans une relation exclusive. il était en période d'essai et moi aussi.. alors.. 

Il se tut et quelque part, je vis dans ses yeux une sorte de soulagement. J'avais l'impression d'avoir apaisé son âme. Il secoua la tête et se passa une main dans les cheveux. 
-Mais tu l'es maintenant. Coucher avec toi, c'est une des grandes expériences de ma vie. Je crois que je peux dire sans mentir que tu es faite pour l'amour. Mais.. j'ai pris la décision il y a quelques temps que je ne voulais plus être un amant qu'on cache dans le placard. Je crois que je mérite mieux que ça. Et toi aussi.

Il s'approcha de moi et caressa ma joue tendrement. 
-Tu es la femme d'un seul homme. Si tu avais un amant, cette situation te ferait souffrir inexorablement. Que ce soit avec moi ou un autre. Et j'ai déjà été dans la situation du cocu et c'est pas agréable. Je ne peux pas faire subir ça à un autre. C'était pas très moral de tromper ton petit-ami à Seattle. Même si vous n'étiez pas encore dans une relation exclusive. Personne ne mérite ça. 
-Tu as raison. Si Marc me trompait je crois que je serai dévastée. Mais on reste toujours amis, n'est-ce pas ? Je ne crois pas que je pourrai me passer de toi comme ça du jour au lendemain.
-Évidemment. Et puis, je veux pas dire mais tu viens chez moi dans quelques jours. Je voulais juste mettre les choses au point avec toi. Je ne veux pas qu'il y ait de malaise entre nous deux. Et puis.. si un jour tu n'as plus de petit-ami.. je serai ravi de retenter l'expérience avec toi..
-Du moment que je ne sois pas bourrée et parfaitement consentante, sans attache ?
-Oui.
Il me fit un sourire et ça réchauffa mon cœur. Il avait toujours la même affection pour moi. Mais mettre des limites claires à notre relation allait nous faciliter la vie à tous les deux.
-J'ai juste une question.. C'est à cause de moi que tu as pris cette décision de ne pas être l'amant ? Et c'est Biz qui t'a trompé ? C'est pour ça que tu l'as quittée ?
-Ça fait trois questions, mais je peux répondre. Non. Oui. Oui. 

-Alors c'était pour qui si c'est pas pour moi ?
Il eut un sourire énigmatique et ne répondit pas. Son téléphone sonna, ne décrocha pas et la porte des toilettes s'ouvrit. C'était Clive.
-Je peux savoir ce que tu fais dans les toilettes pour dames avec ma cavalière ?
-Ta cavalière avait un bobo. Je vais ramener la trousse de secours au pompier qui me l'a passée.

Il me sourit et je le remerciai. Je pris ensuite le bras de Clive. 
-Tu as l'air totalement crevée ma pauvre. Je vais te ramener à ton père. 
-Ça fait prince charmant. Mais tu sais.. si tu me ramènes uniquement demain matin, il ne t'en voudra pas, hein. Et puis je suis pas si fatiguée en fait. 

Plusieurs personnes avaient quitté la salle, Ray faisait des derniers selfies avec les gens. Keito et Owen assuraient pour la musique avec une fille que je ne connaissais pas mais qui s'était installée au piano.
-Tu crois que je peux chanter une chanson ? demandai-je à Clive
-Oui bien sûr. 

Je lui murmurai à l'oreille la chanson que je voulais et il se précipita vers ses potes. J'étais folle mais c'était le moment. J'étais loin de chez moi. L'autre groupe était parti et les AWC faisait la relève musicale et plusieurs filles avaient chanté avec eux. Je montais sur la scène et je vis Ray me regarder avec surprise. Je stressai, je regardai Chuck et il acquiesça. Alors je commençais.

Because you know I'm all about that bass,

'Bout that bass, no treble

I'm all 'bout that bass, 'bout that bass, no treble

I'm all 'bout that bass, 'bout that bass, no treble

I'm all 'bout that bass, 'bout that bass

Je trouvais que ça marchait bien et je fixai les pétasses qui avaient voulu faire du mal à ma nouvelle amie. En plus je trouvai que la musique m'allait bien.. surtout avec cette robe tout en volute qui me faisait des hanches de folie. Ju me siffla et je me mis à danser avec le micro et autour des garçons. Ils m'encourageaient d'un sourire. Keito prit un micro en dessous et fit un signe aux garçons. Les premières notes de Sunshine in Wonderland retentit et je vis Ray sauter sur la scène pour récupérer sa guitare. Ils me laissaient chanter.. leur chanson ??? C'était tellement cool que la groupie en moi exulta. Et je sus au fond de moi que ce jour était le meilleur de toute mon existence et concluait avec bonheur une année scolaire pleine de souffrance. Étais-je heureuse ? Pleinement. J'avais l'impression de nager dans un océan de bonheur. Je regardai les garçons et je sus à ce moment là qu'être heureux était à la portée de tout le monde. Il fallait juste s'en donner pleinement les moyens et faire table rase sur les ondes négatives de nos vies. Ou transformer les malheurs en bonheur. Serais-je là à chanter l'une de mes chansons préférées si les amis de Brian n'avaient pas trafiqué mon casier ? Non. Aurais-je rencontrer cette crème de Chuck, ce frère protecteur et bagarreur d'Owen, le zen Keito, cet ami inébranlable de Clive, et ce soleil qu'était Ray ? Non. Et alors que les dernières notes de Sunshine in Wonderland retentissait sous le décor étoilé de cette salle de fête, je me rendis compte d'une chose capitale. J'aimais ma vie et jamais plus je ne laisserai quelqu'un se mettre en travers de mon bonheur.

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