Cry me a river

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Quand les gens me virent sortir de la voiture de Brian en mini-jupe, ils s'arrêtèrent pour nous regarder.

-N'oublie pas que tu dois me faire honneur. Sois sexy poulette.
-Poulette ?
-Je t'appelle comme je veux. Ne l'oublie pas. Marche comme le mannequin que tu n'es pas, okay. 
Je levai les yeux au ciel et j'arrivai dans ma salle de cours une minute avant le prof. Je me rendis à ma place et même Cameron regarda mes jambes. Je m'étais maquillée dans la voiture de Brian. Je reçus un SMS de ce dernier. Alors, combien de mecs t'ont maté ?? Je lui répondis qu'il fallait plutôt compter qui ne m'avait pas maté. 
-Mademoiselle McAllister.
-Oui. 

J'étais en cours de français.
-Pourriez-vous avoir l'obligeance de répondre à votre camarade ? 
-Je n'ai pas vraiment compris le fond de sa pensée. Aurais-tu l'extrême amabilité de clarifier la chose et d'étayer ton propos ? 
J'avais l'impression de faire du Tom. Il m'avait dit ça pendant les vacances avec ses grands parents. La prof me regarda et ne sut quoi dire. Fred réexpliqua ce qu'il disait et je lui répondis après avoir rapidement lu le morceau de texte. Une fille qui est esclave d'un mec. Quelle ironie.
-Je ne pense pas que dans le texte, le garçon veut faire mal à la fille. Je veux dire.. la fille est son esclave, okay. Mais ça se voit qu'il l'aime beaucoup. Il pourrait la forcer à.. je ne sais pas.. coucher avec lui par exemple. Mais il ne le fait. Il ne lui veut pas vraiment du mal. Juste.. s'amuser. 
Je n'aimais pas parler en français, la prof ne m'avait sûrement jamais entendu parler aussi longtemps d'ailleurs. La sonnerie retentit avant qu'elle ne me fasse une remarque. J'étais la première sortie.
-Sarah ! Attends !

Le fameux Fred me retint par le bras. Je l'aimais bien. Pas parce qu'il était hyper beau, il était normal. Juste parce qu'il était gentil et rieur. On était en classe tous les deux depuis qu'on avait commencé l'école. Quand on avait 7 ans, il s'était bagarré avec Paul, et ils étaient devenus amis. Les garçons et leur sens de l'amitié.. je n'avais jamais pu comprendre. Et comme Paul était encore mon ami, on trainait ensemble parfois.
-Tu fais quelque chose ce soir ? 
Wow. Il ne perdait pas le Nord.
-En fait, je fais une fête chez moi et ce serait cool si tu venais. 
-Je ne sais pas si je peux... Je vais voir un match de hockey ce soir. 
-Ce serait cool si tu pouvais juste passer.
-Écoute, je vois ça avec Brian et je t'envoies un message ?
-Ça me ferait plaisir. En fait, pourquoi tu dois voir ça avec Brian Miller ?
-Parce qu'elle m'appartient, claqua la voix de Brian derrière Fred. Me demander quoi ?

Brian sortait manifestement de la classe juste à côté avec des amis à lui et ils s'arrêtèrent tous.
-Fred voulait que j'aille à sa fête ce soir, mais il y a le match de hockey.
-Du moment que tu sois disponible à partir de minuit Cendrillon, tu fais ce que tu veux.
-Je vais voir avec mon père alors, je vais essayer de faire un saut. Je ne pense pas qu'il m'en voudra de l'abandonner après le hockey.
-Cool. On fait comme ça. Pourquoi minuit en fait ? demanda Fred en nous regardant tour à tour.
-Je t'ai déjà répondu, elle m'appartient. À minuit, elle doit venir me border et me masser le dos. 
-Pardon ? hoquetai-je.
-Oui, tout le monde sait à quel point tu aimes tâter mes muscles. 
Je le tapai, surtout parce que ses potes étaient entrain de rire tout me mâtant. Il fronça les sourcils.
-Quoi encore ? Arrête de me taper.

-Arrête de dire ça.
-Enfin, ton mec a des muscles que je sache, y'a aucun mal à vouloir les tâter.
-Fais pas attention à lui. Je vais appeler mon père maintenant, je te dis ça à midi, okay ?
-Okay.. okay.
Ce n'est qu'après avoir eu mon père, qui m'assura que je pouvais aller faire un tour à cette fête à condition de ne pas boire ou de ne pas me retrouver dans une situation embarrassante, que je compris la signification du dernier regard de Fred. Il pensait que Brian et moi, on était ensemble. Je devais immédiatement rectifier la chose. Je le rejoignis à sa table le midi. Ses copains me dévisagèrent et il se retourna. Il se leva.

-Hey salut ! 
-Salut, du coup, je vais pouvoir venir mais tard, est-ce que tu peux me donner ton adresse ? Sauf si elle pas changé en 8 ans, au quel cas, je sais où tu habites.
-Non elle a pas changé. Tu veux déjeuner avec nous ?
-Hum, non, je déjeune avec Cathy. Mais merci, c'est gentil.
Je lui souris et avant de partir je lui dis en riant un peu.
-En fait, à propos de Brian, c'était juste pour rire, j'espère que tu l'as bien compris, mais bon, comme on habite ensemble je voulais juste anticiper la réaction de nos parents. C'est pour ça. 
Fred sourit sur le côté et hocha la tête. Je croisais le regard de Brian. Il était goguenard. Je me rendis à la table où se trouvait Cathy. À la base j'avais décidé de ne plus lui parler à cause de Brian et de son iPad, mais je m'étais rendus à l'évidence, cela ne me regardait pas. Je ne pouvais pas me mêler de la vie de mes copines. Aussi, je lui avais envoyé un message au premier de l'an et je lui avais présenté mes excuses pour lui avoir aussi mal parlé. Je me laissai tomber juste à côté d'elle.
-Je voulais te dire, j'ai pas eu le temps, tu es vraiment super hot habillée comme ça. J'ai même vu le prof de littérature te mater dans les couloirs, c'était hyper drôle.
-Arrête de dire n'importe quoi.
-Non mais c'est vraaaaaiii. Je te le jure. Je ne mentirai pas. Et puis.. pfouuu, Fred t'a parlé quoi ! Il est juste trop hot ce mec. Depuis qu'il a enlevé son appareil dentaire et qu'il s'est mis à la muscu.. tu as vu son derrière un peu.. 
Elle fit mine de s'éventer comme si elle avait une bouffée de chaleur. Cela me fit rire tout de même. Elle était folle cette fille. Elle allait à la fête, elle aussi.
-Si tu veux, je passe te prendre et on y va toutes les deux, vu que Sophie n'est pas là. Ce serait cool, tu crois pas ? 
-Carrément. Avant je vais au hockey avec mon père et Tom.
-Rassure-moi, tu as l'intention de t'habiller comme ça et non pas comme une meuf qui revient du hockey ? 
-Heu, je ne sais pas encore.
-Tu as un style de fou là. Tu vois ce que je veux dire, tu as l'air super affirmée. Avec un look comme ça, tu vas te trouver un mec dans chaque port ! 
-J'en ai pas spécialement envie, je sors avec Marc..
-McDust ? Oui mais il est pas là ? tu aurais pas envie d'avoir un mec pour te..
-Je sors avec mon fantasme, j'ai pas envie de le tromper et qu'il me laisse tomber. 
-Non mais tu n'as pas besoin de le tromper, juste de flirter un peu. Je suis sûre que McDust redoublerait d'effort pour te séduire s'il savait que des mecs te tournaient autour. Et puis.. tu peux t'amuser, un peu. On a que 16 ans !! Pourquoi s'enfermer dans un couple bien rangé ??? Ce soir cocotte, je veux que tu t'amuses comme si tu étais une célibataire, compris ???
-Okay. Mais le premier qui me tripote, je le fracasse.
-Ça marche. 
-Attends.. on m'appelle. Oui ? 
-Tu as combien d'argent liquide sur toi ?
-Heu.. 25$ ? 
-Okay, j'ai besoin de 10$ j'ai perdu un pari avec Paul. Apporte les moi.
Brian raccrocha et je soupirai. Il était juste derrière, je ne pouvais pas m'enfuir en courant. Je me levai et je me dirigeai vers la table des performers. Tout le monde était là sauf Alexandra.

-Tiens, elle est malade Alexandra ? m'étonnai-je en regardant Chris.
-Ah ? C'est à moi que tu parles Troll Snot ?
-Non, pas du tout, je parlais à Paul. Ils habitent pas très loin, si je ne m'abuse. 
-Ouais, elle était malade. Sûrement parce que tu lui as gerbé dessus hier, hurla de rire Paul.
-Ta gueule McDust.
-Pardon ? s'écria Brian avec un mouvement de recul. Présente-lui tes excuses. Maintenant. 
-Désolée McDust. Tiens, tes 10$, Lord Brian. 
-Tu as oublié nos règles manifestement. Balance les 5$.
-Tu es un fuckin' racketteur.
-Ça fera 10$. Fais gaffe, il ne te reste plus que 5$. Après, tu vas devoir faire du striptease pour pouvoir payer.
Toute la table se mit à rire et moi je fis un sourire en coin à Brian. Crétin. 
-Ou alors j'appelle mon père pour lui demander de l'argent et quand il me demandera la raison de cette avance d'argent de poche, je lui dirai que tu m'as taxé tout mon argent et que tu m'as dit de faire un striptease pour en avoir d'autres. Il va adorer.
-John m'adore, il ne me dirait rien, il rirait. C'est tout.
-Mon père oui. Ta mère beaucoup moins.
-Elle te croirait pas. Bon, okay, elle te croirait. En fait, tu rentreras à pieds ce soir. 
-Connard.
-Tu viens de perdre tes derniers 5$. Balance.
Je lui tendis mes derniers cinq dollars. Chris était hilare. 
-En fait Troll Snot. Je te donne 50$ si tu laisses Warren te donner une fessée. 
-Tu es gay, Chris ? Non parce que c'est assez étrange d'avoir des pensées pareilles quand on est une fille hétéro. Je veux dire.. être toute excitée comme ça à la pensée de voir une autre fille se faire fesser.. je pense que tu es gay et sadique en plus. 
-Je ne..
-Tu devrais te poser la question néanmoins. Pour avoir un oncle qui est passé d'hétéro, à gay avant de se rendre compte qu'il était bi, je comprends ce que tu peux ressentir. Et puis pense à la pérennité du club LGBT si tu allais aux réunions. 
Paul essayait de ne pas rire, Brian lui avait tourné les yeux pour ne pas me regarder. Les autres.. ils hallucinaient. C'est vrai que j'étais plus affirmée. 
-Je ne suis pas lesbienne.
-Tu es bi alors.. remarque, je suis certaine que ça ne déplairait pas à Paul, un petit plan à trois, avec ta copine et toi. 
Elle me jeta un verre à la tête. Verre compris. L'eau m'atteignit mais pas le verre. Il retomba au sol. Mon chemisier était légèrement trempée déjà qu'il était transparent, là, c'était affreux. Paul se leva et il me passa son blouson en le passant sur mes épaules. Je me dégageai.
-Décidément, tu es une bonne à rien Chris. C'est comme ça qu'on balance un truc à la tête de quelqu'un.
Je pris la carafe avant qu'elle ait pu faire un geste et je la renversai sur le dessus de sa tête. Elle hurla. Je reposai la carafe et je fis un sourire à Brian. 
-J'aimerai te parler tout à l'heure quand tu auras une minute, Brian.

Je partis rapidement du réfectoire, le cœur battant. Je ne retournai pas prendre mes affaires, je ne pouvais pas. Cathy me les apporta d'ailleurs. Elle était morte de rire. Moi j'étais effarée par ma propre audace. Et je passai le reste de ma journée à côté d'un prof ou d'un surveillant. À la fin des cours, je trouvais Brian.

-Je te donne 200$ si tu me ramènes à la maison fissa avant que je me fasse tuer par Chris. 
-Je le ferai sans les 200$. Je suis époustouflé. Bon, comme je t'ai laissé ta soirée, théoriquement, je n'ai pas à te dire comment t'habiller, mais comme tu ne seras pas rentrée à minuit, et que je reprends les rênes de ta destinée, je vais choisir comment tu t'habilleras à la fête de Fred. Fred qui veut juste te pécho, faut se le dire.
-N'importe quoi.

-Sarah. Tout le monde avait été invité à cette fête, et comme par hasard, le jour où tu te ramènes avec une jupe ras la fouffe, tu te fais inviter, il veut savoir ce que tu as dans ta petite culotte.
-Tu salis tout.

-Non, je suis logique. Par contre, soyons bien clair, si j'ai besoin de toi, tu rappliques, même si McDust est là et que tu es entrain de t'envoyer en l'air. Ça ne change absolument rien. Tu es à moi jusqu'à lundi et j'ai bien l'intention d'en profiter. 
-J'avais bien compris. Par contre, tu m'as bien dit que c'était donnant-donnant, n'est-ce pas ? 
-De quoi ? 
-Tu as dit que tu prenais soin de moi et inversement.
-Oui.
-Si je t'appelle, ça voudra dire, viens me chercher. Je déconne pas Brian. 
-Tu as tellement peur d'aller à une fête toute seule sans chaperon. 
-Non Brian. Ce n'est pas ça. Mais je sais que personne ne me fera de mal si tu peux venir m'aider. Parce que Tom avait raison. Tu es quelqu'un de fort. Et en plus tu es populaire. Si tu dis rouge, les gens voient rouge. Je ne sais pas vraiment pourquoi d'ailleurs, mais c'est comme ça. Et puis, on a passé un pacte tous les deux.
-Il me semble que ce pacte ne concernait.. okay. Si tu as un problème tu m'appelles. Ça te va ? De toute façon, je ne sais pas quand va finir la soirée de ma mère, mais au pire, je passerai faire un tour. Elle était vraiment courte cette jupe en fait.
Il ne regardait plus la route, mais le bout de chair qui transparaissait entre la guêtre et le morceau de tissu qui me servait de jupe. 
-Regarde la route, tu me fais peur.

Brian sourit et nous arrivâmes à la maison. Tom était dehors entrain de jouer avec le voisin. Mon père sifflotait depuis la cuisine. Il se faisait un thé. Il hoqueta en me voyant.
-Tu as été comme ça au lycée ?? Non mais, tu voulais te faire draguer ou.. non je ne comprends pas.

-Pari avec Brian, j'ai perdu, c'est lui qui m'a habillé.
Le visage de mon père se détendit et il fit un clin d'œil à Brian.
-Ah oui, je comprends mieux, parce que tu es habillée en fantasme d'adolescent. 
-Ou fantasme d'homme, reprit Brian.
-Oui, enfin, faut pas déconner. Ça se voit qu'elle est pas encore une..
-Fais attention à ce que tu dis toi, tu m'as appris à manier un couteau.. le menaçai-je.
-Que tu es une ado. Et les vrais hommes ne sont pas attirés sexuellement par des adolescentes. Par contre, ta mère habillée comme ça, je ne dis pas non. 
Brian hurla de rire, moi j'étais atterrée devant tant de machisme. Mon père était hilare et ils se tapèrent dans la main en prime.
-Mais sérieusement Sweetie, tu ne sors plus comme ça. 
-Tu n'as plus ton mot à dire en matière de vêtement depuis mes 8 ans.
-Oui mais quand tu avais 8 ans, tu ne pouvais pas devenir un objet de contemplation pour les hommes, sauf pour les pédophiles.. enfin bref. Chérie. Évite.
-Je suis sûre que Mary aimerait.
-Mary est une adulte, elle. Et le monde de la mode n'est pas le monde normal et réel.
-Elle est beaucoup plus belle que moi aussi. Et puis, si je porte pas de mini-jupe maintenant, j'en porterai jamais. Les hommes n'ont qu'à pas être des primates qui ne pensent qu'au sexe. Je vois pas pourquoi je devrais pas m'habiller comme je veux sous prétexte qu'une partie de la population ne sait pas se retenir. 
Il me regarda avec amour et il me sourit avant de m'embrasser sur le front.
-Fais comme tu veux sweetie. Tu as raison. Les filles devraient pouvoir s'habiller comme elles veulent, où elles veulent, quand elles le veulent. 
-Merci.
-Mais soyons bien d'accord, tant que tu resteras dans le bon goût, tu auras le droit de sortir comme tu veux. Si tu t'amuses à t'habiller comme une traînée qui fait le trottoir, avec string au vent, je te demanderai d'aller te rhabiller et tu le feras.
-String au vent. Oh merde, je pensais pas un jour entendre mon père parler comme ça. Ça marche mec. Si un jour tu me vois, le string au vent, j'irai me rhabiller. Ça veut dire que j'ai le droit de porter des..
-Même pas en rêve. Tiens tu veux mon thé ? Je ne veux pas boire un thé mais un café. 
Brian sourit dans le dos de mon père et il sortit une seconde tasse où il versa le café qu'il était entrain de faire. Il la tendit à mon père. 
-En fait, c'est vrai que tu as appris à Sarah à jouer au baseball ?
-Oui, tu veux que je t'apprenne ? 
-Non, je sais jouer au baseball, mais pas Tom. J'ai essayé, mais il est du genre à s'énerver quand il n'arrive pas et ça me gave, alors... 
Mon père hocha la tête.
-Je connais, la première fois que j'ai demandé à Sarah de frapper avec la batte, elle a raté et elle a lancé la balle dans la tête de mon frère et quand elle a vu que McDust riait, elle lui a lancé sa batte de baseball dessus, parce qu'il se moquait de James. Oui je cite.
-N'importe quoi. Je m'en rappelle pas.
-Tu avais 2 ans. Je crois que Benjamin a toujours la cicatrice d'ailleurs. Ensuite.. et bien tu as été pleuré dans les jupes d'Adèle, parce que ta mère était entrain de recoudre Benjamin.
-Ah ouais, tu étais déjà un peu violente à l'époque.
-C'est bon, j'avais 2 ans. Et puis je suis sûre que j'ai été tout de suite m'excuser. Non ? ajoutai-je en voyant mon père grimacer.
-Pas vraiment. Tu t'es cachée sous un banc de gradin et j'ai dû te tirer par les pieds. Une vraie sauvageonne. Mais j'ai réussi à bien t'élever, maintenant tu es tout à fait sortable Choupinette.
Quand je montai dans ma chambre, je vis Brian entrain de choisir mes vêtements. 
-Mais qu'est-ce que tu fais là, toi ?

-Je te cherche une tenue pour ce soir. Cette robe, c'est pas celle que tu avais mise au premier de l'an ?
-Si, mais c'est too much. Je trouve très perturbant que tu ailles dans mes affaires Brian.
-C'est bon, j'ai trouvé, tu vas mettre un jean et.. mais qu'est-ce que c'est que ça ? Tu me l'as caché..
Il sortit un pull et il l'agita. C'était un pull en dentelle, celui que je mettais par dessus mon maillot pour me promener à la plage, le matin ou le soir. 
-Heu. Non. C'est un pull en dentelle presque transparent. Tu étais là pourtant quand mon père a parlé non ? 
-Ce n'est pas vulgaire. Attends, enfile-le, on va demander à ma mère. 

Je levai les yeux au ciel. Non mais il était toqué de la mode ce gars-là. On voyait tout mon soutien-gorge. J'étais à peine sorti que je vis un flash. Il avait mon téléphone en main. Il l'envoya à sa mère. Il reçut la réponse quelques minutes plus tard.

-Pas avec une mini-jupe et avec un body sans bretelle. Voilà. Ma mère, cette déesse de la mode. Je vais la remercier de ta part. Attends, elle t'a envoyé un autre message. J'arrive dans une heure, je vais voir ça avec toi ma chérie; 
-Attends, tu t'es fait passer pour moi ? Tu aurais pas pu dire que..
-Que je joue à la poupée avec toi ? J'ai pas envie que ma mère pense que je suis gay.
-Bah avoue que c'est un peu.. étrange pour un mec de vouloir habiller une fille.
-J'ai le sens du beau parce que je suis beau, c'est tout. Bon, je vais prendre un bain.
-Je m'en fous.
-J'espère pas, tu vas venir me frotter le dos.
-Pardon ?

-Je rigole. Tu peux aller chercher dans la salle de bain le masque de ma mère ? On a le même type de cheveux et j'en ai plus.
-Tu mets du masque. Sur tes cheveux.
-Je suis pas gay, j'en ai juste l'habitude, parce que ma mère.. pourquoi je te raconte ma vie ? Fais ce que je te dis. Je serai dans la salle de bain de l'étage.
Je rentrai alors que Brian était en caleçon.
-Une minute plus tard, tu aurais fait connaissance avec la partie de mon anatomie dont je suis le plus fier avec mon cerveau.
Mon regard glissa sur son boxer et je levai les yeux.
-Rien de très glorieux, manifestement et.. qu'est-ce que tu t'es fait là ? Tu as un hématome énorme.
Il regarda son flanc qui commençait à devenir violacé. Il sourit d'un air amusé.
-Je me suis essayé au football américain juste après mon entrainement de basket. C'était vraiment énorme. Libérateur et tout.
-Papa doit avoir de l'arnica, je vais aller t'en chercher.
-Ouais bonne idée. J'ai déjà mis de la glace. 
-Pourquoi j'ai l'impression que c'est pas ta première ecchymose ?
-Tu dois être la seule meuf de 16 ans qui dit ecchymose et hématome.
-Je suis la seule meuf de 16 ans qui a John McAllister, le Dieu de la Cardio, en père, en même temps.
-C'est vrai. Va me chercher de l'arnica. Tu la poseras sur le lavabo. Tu n'auras pas besoin de frapper. Je serai dans le bain.
Il avait réussi à faire une mousse de folie et il se détendait avec de la musique à côté de lui. J'avais jamais vu Brian avec les cheveux sur la tête collés par l'eau. C'était étrange. Il ressemblait beaucoup à Tom.
-Quoi ? À quoi tu penses ? 
-C'est marrant que Tom et toi vous ressembliez autant à votre mère. 
-Hum. Dégage maintenant. Tu pollues mon air. Va Dobby.
Je fis mes devoirs, cela me changea de Brian et de ses remarques blessantes. Quand Mary arriva, je vis qu'elle était un peu stressée. Mon père aussi d'ailleurs. J'étais en haut des escaliers et je vis mon père s'approcher d'elle dans le hall alors qu'elle retirait ses bottes assise dans l'escalier. Il s'agenouilla pour l'aider.
-Il faut que tu y sois dans combien de temps ? 
-Pour 21h.
-Tu as donc.. 3h devant toi. Ça tombe bien. J'ai une bonne idée pour passer le temps.
Il la souleva dans ses bras et elle se mit à rire. Il monta les marches deux par deux et il me vit. Il me fit un clin d'œil et il l'emmena dans la chambre. Il laissa la porte ouverte et je le vis ressortir quelques minutes plus tard. 
-Sarah ? tu peux aller faire du thé blanc s'il-te-plaît ?

-Oui Papa.

Quand je revins, il était entrain de masser le dos de Mary. Il me sourit et me remercia. Mary tourna la tête et elle m'envoya un bisou. C'était gentil de la part de mon père de penser au bien-être de sa femme. Il me demanda de fermer la porte derrière moi et de ne plus les déranger. Je levai les yeux au ciel. Ben voyons. Brian sortait de la salle de bain, les cheveux en pétard et en serviette.
-J'ai cru entendre ma mère.
-Dans la chambre. Mais si j'étais toi, j'irai pas. Vraiment pas. Mon père essaye de détendre ta mère.
-Ah ? AAAAAAAAH. JOHN T'ES MON IDOLE.
Mon père ouvrit la porte. Il était habillé, mais pieds nus.
-Je te demande pardon ?
-Tu es mon idole, John. 
-Hum. Et si vous alliez regarder un dessin animé ? Vous savez un truc de votre âge. Loin de la chambre.
-On peut aller faire un truc de notre âge ? Viens Sarah, ajouta Brian en me prenant la main. On va dans ma chambre pour.... regarder un.. film. Elles sont bien insonorisées les pièces. Vous nous entendrez pas.
-Pas ce genre de film Brian. Et certainement pas avec ma fille. Va t'habiller au lieu d'essayer d'entrainer ma fille dans ta chambre alors que tu es en serviette pour aller voir des films chelous.
-J'ai un épisode de Suburgatory à regarder de toute façon. Have fun.
Je tournais le dos à Brian et je descendis les escaliers. Je restai avec Tom qui se cala dans mes bras, la tête posée sur l'un de mes seins. Je ne mis pas ma série mais un Disney.
-Je suis content qu'on fasse un truc sans Maman et Brian. Ce sera cool. J'ai jamais assisté à un match de hockey en vrai. Et puis Giulia sera là.
Je tournai les yeux vers lui. Il regardait la télé. Giulia et.. Tom ? Ce serait tellement mignon. 
-C'est un bébé encore mais elle est gentille. Je pense qu'on va bien rire. Tu crois que Maman et John ont fini de faire ce qu'ils voulaient faire en haut.
-Je sais pas, mais je vais pas aller vérifier. Ils viendront quand ils auront terminé.
-Dis, en fait, ton oncle il aime les garçons et il aime les filles aussi ?
-Oui.
-Mais pourquoi il a pas choisi entre les deux ? Ce serait pas plus simple pour lui ? 
-Il ne peut pas Tom. Il est fait comme ça. Il peut tomber amoureux d'une fille, comme d'un garçon. 
-Moi je crois pas que je pourrais tomber amoureux d'un autre garçon. D'ailleurs, je peux te dire un secret ? Genre super grand secret ? Genre que tu répèteras jamais sous peine de mort subite et immédiate par morsure de vampire ? 
-Promis.
-J'ai embrassé une fille, tout à l'heure à l'école.
-QUOI ?

J'étais effarée. Il avait embrassé une fille. À 9 ans. Moi mon premier baiser, je l'avais fait.. en début d'année scolaire.
-Oui. Et elle est devenue toute rose. Je crois qu'elle était encore plus jolie une fois rose.
-Mais genre.. bisou ou baiser. Tu as mis la langue ?
-Non, c'est la prochaine étape ça.
-Ah. Parce qu'il y a des étapes.
-Bah oui. 
Il avait levé les yeux au ciel comme si j'étais la dernière des idiotes. 
-Tu commences par les joues, après tu dévies sur la bouche et ensuite, tu mets la langue. Je veux pas me prendre un coup. Martin a dit que c'était infaillible comme méthode. 
-Elle s'appelle comment la fille de ton cœur ? 
-Clarie. Mais ce n'est pas la fille de mon cœur. Mais il faut bien que je m'entraine sinon, la fille de mes rêves va me rire au nez. Et puis.. tout le monde sait que c'est toi, la fille de mon cœur. 
-Tu es cute. 
-Maintenant arrête de parler. J'aimerai bien écouter la Belle et la Bête, tu sais que c'est le Disney préféré de Maman ? 
-Non, je ne savais pas.

Mon père sauta par dessus le canapé nous faisant sursauter tous les deux et Tom changea de bras. Nous étions tranquilles et j'entendis un éclat de rire. Brian descendit rapidement les escaliers et je devais l'avouer, il était très très élégant dans son smoking gris, sa chemise était encore ouverte et il avait son nœud papillon en main. 
-John. J'ai besoin de toi mec.. je.. qu'est-ce que tu as à me regarder comme ça ? 
-On a bien fait de prendre ce costume. Tu es très élégant dedans je trouve.
-Bref, John ? Mère m'a choisi deux nœuds papillons, je prends lequel ? Le blanc ? Ou le bleu ? 
-Bah le blanc, dis-je. Je t'ai offert un bleu. Je serai super vexée si tu mettais un autre bleu que le mien. 
-Tu t'appelles John ? Je savais pas que tu avais un pénis.
-Hey Brian ! C'est quoi un pénis ? se mit à rire Tom en se redressant.
-Un manche à couilles, répondit son frère du tac-o-tac.
-Mais qu'est-ce que vous êtes bêtes quand vous vous y mettez ! m'exclamai-je alors que Tom répétait Il a dit couilles et que mon père souriait de manière démesurée.Je vais voir Mary.
Je passais devant Brian et je rejoignis ma belle-mère. Elle était encore en sous-vêtement.
-C'est super que tu sois là, tu vas pouvoir m'aider à me coiffer.
Elle était maquillée à la perfection. Ses grands yeux bleus ressortaient. Elle avait dû passer du temps.
-Comment tu veux que je t'aide ? 
-Tu mets les épingles à cheveux quand je te dis de les mettre ?
Ma belle-mère entreprit de se faire un chignon tressé. Je ne lui servais pas à grand chose. C'était super beau. Je l'aidai à enfiler sa robe et je la fermai. Elle mit le collier que mon père lui avait offert à Noël et un bracelet en saphir.
-C'est un cadeau des hommes de ma famille. Brian a économisé pendant des mois. Il avait 10 ans. Il est resté pendant tout l'été chez mes parents et il a fait des petits boulots. Il a fait des jardins, il s'est occupé des chevaux.. il voulait absolument gagner de l'argent pour me l'offrir. Il a mis l'intégralité de son argent de côté pendant près de deux ans et il a demandé à mon père et à mon frère de lui faire crédit pour le reste. Ils ont participé au cadeau et lui ont fait grâce du reste. C'est l'un de mes bijoux préférés. Limite je pense que ça fait parti des 3 bijoux que tu n'auras jamais le droit de me piquer. 
-Oh, tu veux dire avec ce collier et les boucles d'oreilles de ton mariage ? 
-Voilà. 
-Ça veut dire que je peux te piquer ta bague de fiançailles ?
-4 bijoux alors.
Elle rit et moi aussi.
-Et si je me marie, tu ne crois pas qu'il remplirait largement, le quelque chose de bleu, d'ancien et de prêté 
-Si bien sûr. Je serai ravie de te le passer pour ton mariage. Mais uniquement pour ton mariage.
-Ça me va. Je crois que tu es prête. 
-Tu peux aller dire à mon fils d'appeler pour voir où est le chauffeur ?
Je me chargeai de la requête. Brian avait mis le nœud papillon que je lui avais offert à Noël. Je souris en le voyant et il me fit un signe de tête. Il appela le chauffeur et il raccrocha. Il allait me faire une remarque mais son regard s'accrocha au-dessus de moi.
-Honnêtement Maman, le mariage, ça te réussit, t'es tellement wow.
Brian proposa sa main à sa mère pour qu'elle descende les dernières marches. Elle l'embrassa sur la joue. Ils étaient assortis à la perfection. 
-Je suis sûre que Sarah a eu le dernier mot sur ton smoking. Je reconnais sa griffe. En fait sweetie, tu as une surprise sur ton lit. 
-Thomaaaas ? Ramène ta touffe de cheveux par là ! cria Brian.

Tom débarqua en agitant les bras et il s'arrêta.
-C'est officiel, ma mère est la plus canon du monde. Tu déchires Maman. 
-Merci mon ange. 
-Tu as mis le bracelet. C'est cool. Je comprends pourquoi John est tombé raide dingue amoureux de toi. Tu l'as ensorcelé avec ton corps de déesse. J'ai entendu ça dans un film, ajouta-t-il alors que nous le regardions tous les trois d'un air interloqué.
-Tu regardes des trucs étranges Tommy. 
Le chauffeur sonna à la porte et mon père apparut.
-Fais attention à ma femme Brian. 
-Si je vois un homme trop insistant, ai-je l'autorisation de lui briser les parties, ou la mâchoire selon sa morphologie ?
-Accordé. Je vais prévenir mes potes de l'hôpital. 
Ils se tapèrent dans la main comme des vieux potes et je restais seule avec mon père. Ma seule et unique soirée de libre en pratiquement 7 jours. Je comptais en profiter à fond. C'est pour ça que j'hurlais comme une malade pendant le match de hockey. Que je sautais dans les bras de mon père à chaque point. Que je pris une bière qu'Elijah avait apporté. Que je ris à en pleurer. Que je soulevais Giulia dans mes bras et fis des chorégraphies avec Tom. J'étais libre. La liberté. C'était un concept assez vague pour moi mais là, je goûtais à cette joie et j'adorai ça. Je n'avais personne pour me réprimer. Personne pour me dire comment je devais m'habiller, me comporter ou parler. J'étais libre.
-Sarah, je t'ai jamais vu comme ça, s'écria Tom.
-DOBBY EST.. LIBRE.
Il hurla de rire. Littéralement. Et moi aussi. On était tellement entrain de rire que je tombais de mon siège. Mon père décréta que je n'avais plus le droit de boire de bière. Eric se mit à rire et reprit une bière. J'adorais passer du temps avec eux, en famille. Même quand ils buvaient comme des trous à des match de hockey. Heureusement qu'on était tous venus en taxi. Une fois à la maison, je me changeais pour mettre les habits prévus par Brian, et je vis la surprise de Mary sur mon lit. C'était un joli body sans bretelle. C'était ultra gentil de sa part, surtout qu'il était à ma taille. Je mis un jean et mes escarpins en plus du pull. J'étais habituée à marcher avec maintenant. Cathy sonna à ma porte et je descendis les escaliers assez rapidement.
-J'y vais Papa, je rentre pas tard.
-Ne couche pas avec n'importe qui ! me cria Elijah depuis le salon. Je veux dire.. Bois avec modération. 
-Tu vas arrêter de dire de la merde Elijah Evans ? lança la voix de mon père en passant sa tête dans le hall. Ne bois pas et fais attention à toi. Si tu restes chez une copine, préviens moi. 

La fête de Fred était gigantesque, il y avait des gens du lycée partout. Cathy se gara et je sortis de la voiture. Je n'avais pas pris de pochette, juste mon portable. La première personne que je vis, c'était Chris et Paul. Ils étaient sur un canapé entrain de s'embrasser. Fred arriva derrière moi et me claqua la bise. Je décidai de m'amuser. Sophie me manquait. Je lui envoyai un message et elle me répondit. Amuse-toi pour moi. Passe me voir demain si t'es plus en esclavage. Je m'amusai super bien. J'avais décidé de suivre, les principes d'Eli : Ne couche pas avec n'importe qui et bois avec modération. J'avais été malade tout de même.

Je dansai jusqu'à ce que je sente deux bras autour de moi. C'était Marc.
-Tu sais que tu danses de manière super hot.
Je l'embrassai. J'étais à une fête de mon lycée, avec mon mec, l'ancien Roi du lycée, un modèle et une idole encore aujourd'hui. Voilà de quoi propulser ma réputation vers des sommets. Mais je m'en foutais. Je me détachai de ses lèvres et je vis la tête de Fred. Brian avait peut-être raison en fait. 
-Tu te souviens de ce que je t'avais dit Spiderwoman. Tu es tellement sexy. M'accorderais-tu cette danse ? 
-Évidemment, très cher.
Il me fit virevolter. C'était la meilleure soirée que j'avais eu depuis.. la semaine d'avant avec les garçons au karaoké d'Aspen. Il salua certains de ses amis et je discutais avec Cathy pendant ce temps. Je remarquai qu'elle était un peu toute seule et en retrait. 
-Oh la vache, vous avez vu Miller ??
En entendant le nom de Brian, je relevai la tête. 
-Les bombaaaaaaseeess
J'arrêtai le gars qui venait de parler et il me montra son téléphone. C'était Brian, sur Instagram avec des mannequins. Je les avais déjà vu pendant mon stage. Elles étaient super jolies, et ils étaient ensemble sur plusieurs photos. Ils semblaient proches, notamment de la petite rousse. Il faisait exprès pour forcer la main à Alexandra. C'était sûr et certain. 
-Je croyais qu'il sortait avec Alexandra.
-Ils sont en froid, répondis-je à Marc qui regardait par dessus mon épaule. 
-Et si on s'éclipsait quelques instants ? Personne ne verra qu'on est parti. 
-Et qu'est-ce que tu veux faire ? 
-Être seul avec toi. Tu m'as tellement manqué..
Je savais pertinemment ce qu'il voulait, et j'étais tellement éblouie que je lui souris et je le suivis jusqu'aux étages de la maison. Il poussa une porte et la ferma à clef. Il m'embrassa. Est-ce que je pensais un jour m'envoyer en l'air dans une maison pleine de monde pendant une fête ? Non, mais bon, je l'avais déjà fait. Manifestement, ça ne me gênait pas. J'étais une petite chose lubrique. Voilà ce que j'étais. C'est malgré moi que je tournai les yeux et que je vis l'heure.. 00h30. Je n'étais plus libre désormais. Mon corps se cambra et une foule d'émotions me submergea. De l'amour, de la passion, de la joie, de la honte, de la peur et de la tristesse aussi. Je ne savais pas pourquoi j'avais ressenti ces dernières. À cause de Brian ? À cause de Marc qui allait bientôt repartir pour Stanford en me laissant seule ? Lorsque Marc se repoussa sur le côté, je posai ma tête sur lui. Une des chansons de l'album des Atlas Wild Child passa à ce moment là. Je n'avais pas appelé Chuck comme me l'avait conseillé Ray. Marc n'était pas aussi musclé que Chuck. Je m'allongeai sur Marc et il me regarda avec surprise.

-On devrait partir un week-end un jour. Ce serait cool. On prendrait ma voiture et on irait jusqu'à notre maison à Malibu. On aurait la maison pour nous tous seuls.
-John ne le verrait pas comme ça...
-John s'en foutrait, je verrai ça avec ma belle-mère. Tu n'aimerais pas ?
-Si tu ne portes presque rien de plus que maintenant, je vais adorer. J'aime bien ta coupe comme ça. Tu fais un peu plus vieille je trouve. On devrait se rhabiller, on est pas chez nous. 
-Tes parents sont chez toi ? 
-Hum.. Sûrement.. Tu veux aller chez moi ? 
-Pourquoi pas ? Je ne vois pas vraiment ce qui pourrait nous en empêcher. 
-T'es la fille la plus cool du monde, Sarah McAllister.
Il me renversa sur le côté et il m'embrassa de plus belle. J'enroulai mes jambes autour de lui. Qui pourrait nous en empêcher ? Je n'avais pas pensé à Brian et à sa capacité à m'emmerder au moment le plus inopportun. Mon téléphone sonna avec ma sonnerie spéciale Brian, La marche impériale de Star Wars, le thème de Dark Vador. 
-Je dois répondre. Marc.. Attends..
-Tu te fous de moi ? Attends, laisse-moi faire..
-Noooon.
Mais il répondit à ma place.
-Écoute Miller, on est occupé. On te rappellera ou pas.
Il raccrocha et lança mon téléphone sur le fauteuil plus loin avant de reprendre notre activité. J'étais clairement entrain de flipper. Brian allait me détruire. Je ne pris pas autant de plaisir que j'aurais dû. Je me rhabillai rapidement. Marc me rattrapa avant que j'ouvre la porte.
-Je t'ai contrarié, j'aimerai bien savoir en quoi. C'est à cause de Miller ? 
-Écoute, si ça se trouve, y'avait un problème à la maison, 
-Ton père t'aurait appelé. Je pense juste qu'il voulait t'embêter. Tu remarqueras qu'il n'a pas essayé d'appeler de nouveau.
-Oui, c'est vrai. Tu es venu comment ?

-En taxi, je savais que j'allais boire. Allez viens danser avec moi ! 
J'oubliais le temps dans les bras de Marc. Et quand je croisais le regard de Brian, je rougis. Il s'approcha de moi et salua Marc, gentiment. Trop gentiment.
-Tu permets ?
Il attrapa mon bras et me fit tourner. Il savait que tout le monde nous regardait. Il en avait rien à faire. Il le savait. Il attrapa ma taille. Il était toujours en smoking. Je tournai les yeux et je vis le mannequin avec qui il était sur les photos. Elle était entrain de parler avec Paul. Tout le monde avait les yeux rivés sur elle et sur Brian et moi d'ailleurs.
-Tu seras punie. Je t'avais dit qu'à compter de minuit, tu étais à moi. Je n'ai pas du tout aimé que ton mec me réponde. 
-On était entrain de.. enfin..
-Je t'avais prévenu que ce n'était pas mes affaires. Je ne sais pas encore ce que je vais te demander de faire. Je verrai. Souris comme si tu étais heureuse. Tu es heureuse non ? Tu t'es envoyé en l'air, tu as eu une soirée de libre..
-Oui.

-Je serai généreux, je te laisse une dernière danse avec ton mec et ensuite on rentre.

Il me lâcha pour prendre la main de son mannequin et ils se mirent à danser. Vraiment danser. J'enviais assez les capacités de danse de Brian. Sa mère avait bien fait de l'initier jeune. Ils dansaient le rock. On aurait dit qu'ils avaient fait ça toute leur vie. C'était assez impressionnant. Il la souleva et elle se mit à rire. À la fin de la chanson, il lui embrassa la joue et me fit signe qu'on y allait.
-Je croyais que tu passais ta nuit chez moi ?
-J'avais oublié, mais je ne peux pas. Brian vient de me le rappeler, on a un truc à faire demain.. Vers 7h, ce sera chaud si je reste chez toi et que je rentre, en plus j'ai pas ma voiture.On essaye de se voir demain ? Je t'aime.
Je l'embrassai à pleine bouche et je rejoignis Brian. Il parlait avec Cathy. Apparemment, il était entrain de négocier pour qu'elle nous ramène et elle était trop sotte pour lui dire non. Je montais à l'avant et il la fit déposer la copine de Brian à son hôtel. Brian sortit de la voiture, l'embrassa sur la joue, attendit qu'elle passe la porte de l'hôtel et il rit avant de remonter.
-Merci Cathy jolie.
Cathy Jolie ? 
-C'est super gentil de nous ramener McAllister et moi, tu me diras combien je te dois.
-Rien du tout, je devais ramener Sarah de toute façon.
-Tu fais quoi demain ? Je serai bien aller au cinéma, tu veux venir avec moi ?
-Avec plaisir, j'ai rien de prévu.
-Cool, je passerai te prendre chez toi alors. Vers.. 14h, ça te va ?
-Ce sera super. 
J'avais l'impression d'être de trop. D'ailleurs, je souhaitais une bonne nuit à Cathy et je sortis rapidement de la voiture contrairement à Brian qui prit tout son temps. Je rentrai dans la maison. J'entendis du bruit dans le salon et je vis Elijah entrain de dormir dans le salon, dans un fauteuil. Il avait dû s'endormir. Je me rendis dans la cuisine et je pris un grand verre d'eau avant de monter dans ma chambre. J'entendis un rire venir de la chambre des parents. À cette heure-ci.
-Y'a pas à dire, ils se la donnent régulièrement. 
Je sursautai. Je n'avais pas vu Brian, il se mit à rire en voyant ma tête. 
-Je viens de trouver comment j'allais te punir. Je vais aller me préparer pour me coucher, fais de même et reviens dans ma chambre. 
J'en avais assez qu'il me donne des ordres comme ça. Je mis ma combi-short de nuit, je me brossai les dents, et je me rendis dans la chambre de Brian. Il était entrain de faire son Tai Chi. Il me vit arriver et il arrêta. 
-J'ai trouvé comment tu allais être punie. Allonge-toi.
Il retira son T-shirt, me fixa d'un air.. sauvage et je flippais.
-Je t'ai dit de t'allonger. Non pas dans le sens de la longueur, mais dans celui de la largeur. Tu vas me servir d'oreiller. 
-Pardon ? 
-Tu vas te mettre à la place de mes oreillers. Et je vais me servir de toi comme d'un oreiller.
-Tu te moques de moi ?
-Pas du tout; Maintenant, tu la fermes et tu t'allonges. Sur le ventre, sur le dos, tu choisis.
Il était fou. Je m'installai sur le dos. Heureusement que son lit était assez grand, je ne dépassais pas trop. Il posa sa tête sur mon ventre. Et il finit par se redresser, prit ma jambe droite et il la décala. J'étais désormais courbée. 
-Dors bien Dobby.
Il s'endormit rapidement et moi, il me fallut plus de temps. Quand je me réveillai, Brian dormait toujours sur moi mais nous nous étions un peu déplacés. Brian avait sa tête sur mes cuisses, son bras était entre mes jambes. Il s'étira dans son sommeil, se retourna et reposa sa tête sur mon ventre. Et merde. Je ne pouvais pas bouger. Autant se rendormir, non ? J'ouvris les yeux et je remarquai que j'étais toute seule.J'étais dans les draps de Brian. Il m'avait changé de position. Il était assis à son bureau entrain de regarder ses mails. Il se retourna.
-Salut. Je t'attendais pour descendre, tu vas me faire un cappuccino, okay, je veux qu'il soit chaud quand je descendrai.
-Oui maître. 

Je descendis les escaliers et je vis non pas une mais deux fusées contre moi. Tom et Guilia. Ils me firent tomber au sol et je poussai un cri. Giulia me fit un bisou baveux. Miam. Je me redressai et je constatai que mes oncles étaient là et qu'ils avaient vraiment une sale tête. Mon père aussi. Mary, elle était.. rayonnante. Mon père la tenait par la taille. C'est elle qui me vit la première.
-Comment tu vas ma chérie ? 
-Ça va, ça va. Vous avez des sales têtes les gars.
Mes oncles me fusillèrent du regard et Eric m'attrapa par la main pour que je lui fasse un bisou. Il piquait. Elijah aussi d'ailleurs. Ce dernier me regarda de la tête aux pieds.
-Sarah, tu manges parfois ? J'ai l'impression que tu maigris.
-Ah bon ? T'es bien le seul à penser ça Elijah. Papa ? T'as rien dit, tu as une gueule de bois, où je m'y connais pas.
-J'espère que tu t'y connais pas. Mais qu'est-ce que tu fais ?
-J'ai envie d'un cappuccino et je sais que Brian en prendra un aussi.
-Ah oui. D'ailleurs, à ce propos. Loin de moi l'idée de briser ta nouvelle amitié avec Brian, mais à l'avenir, je préfèrerai que vous dormiez chacun de votre côté. 
-Non mais en fait, c'est juste qu'on était entrain de parler et je me suis assoupie sur son lit, c'est un gentleman donc il m'a laissé dormir. Rien de sexuel.
-J'espère bien. Je ne disais pas pour ça.
-Bah oui, théoriquement, c'est toi et Mary,
-Mary et toi, me reprit mon père
-Oui, c'est Mary et toi qui faites tout ce qu'il faut pour nous faire un petit McMiller.
-On a l'impression que tu parles d'un hamburger, commença à rire Eric. Tu veux un menu Maxi Best Of McMiller ?
Il regarda son frère et ils éclatèrent de rire avec mon père qui lui balança une tranche de kiwi à la tête. 
-Ce que je voulais dire, Sarah, c'est que vous seriez mieux chacun dans votre lit, non ? Vos lits ne sont pas vraiment adaptés pour dormir à deux. 
J'étais entrain de finir le cappuccino de Brian quand il arriva avec des habits de sports.
-De quoi vous parlez ? 
-Papa pense qu'à l'avenir on devrait dormir chacun dans notre chambre.
-Ah ouais, mais c'était exceptionnel, elle s'est endormie dans ma chambre, il faut dire, qu'elle était un peu bourrée hier, alors.. Je me suis dit que c'était toujours mieux de rester avec elle, histoire qu'elle s'étouffe pas dans son vomi.

-Espèce de connard, j'étais pas bourrée du tout. Arrête de dire de la merde putain.
Brian cessa de sourire et me fusilla du regard. 
-Je croyais qu'on s'était mis d'accord sur le vocabulaire que tu avais le droit d'utiliser ou pas. En l'occurrence, il me semble, que connard, merde, et putain, c'est pas le genre de mot qu'on a envie d'entendre dans la bouche d'une fille. Je te rappelle que le tarif est de 5$ par mot inapproprié. Tu as vraiment envie de te ruiner, c'est pas possible.
-Arrête de dire des imbécilités et on reparlera de mon voca..
-Sarah. Tu arrêtes. Je ne veux pas connaître la raison de cette querelle, je m'en moque, mais je trouve que Brian a raison. Tu n'as pas à être vulgaire.
J'allais répliquer, mais je fus dérangée par l'arrivée de ma cousine Giulia qui hurla le prénom du fils de Mary et lui courut dessus. Il se pencha et la souleva dans ses bras. Il lui fit un bisou sur la joue et ma cousine devint toute rose. 
-Tom a dit que tu savais faire du roller.
-Oui, c'est vrai, confirma mon quasi-frère en la regardant droit dans les yeux. 
-Tu peux m'apprendre ?
-Pas maintenant, je vais aller courir, lui répondit gentiment Brian en la déposant au sol puis en se penchant à son niveau.
-Et tout à l'heure ? 
-Oui, d'accord. Enfin.. ajouta-t-il après une seconde de réflexion. Je dois voir des amis cet après-midi. Demain, ça t'irait ?
-Tu veux bien ??? 
-Bien sûr. C'est moi qui ai appris à Tom. 
-Mais je ne veux pas que Sarah soit jalouse parce que Sarah sait pas faire de roller.
-Et bien, elle viendra avec nous. 
-Sans moi, rétorquai-je en avalant une gorgée de liquide chaud.
-Elle viendra, assura Brian à ma cousine. Maman, tu n'as pas vu mon iPod ? 
-Heu non, tu veux le mien ?
-Ouais je veux bien. Y'a toujours ma playlist dedans ? 
-Évidemment mon chaton. 
-Sarah. Tu devrais aller te préparer, je te rappelle qu'on court ensemble ce matin.
-Pardon ?
-On. Court. Ensemble. Ce. Matin. Tu as vomi ton cerveau y'a deux jours ou..
-Brian. Ce qu'a dit John à Sarah compte aussi pour toi, ne te crois pas autorisé à insulter Sarah. 
-C'était juste une blague Maman, Sarah ne l'a sûrement pas mal pris. N'est-ce pas Sarah ? 
-Non. Je ne l'ai pas mal pris. C'était même plutôt drôle. Je.. vais enfiler des affaires de sport. Je me lave pas, ça sert à rien.

Trente minutes plus tard, j'étais en sueur. Il était entrain de me soumettre au même exercice physique qu'il faisait hebdomadairement. C'était un malade ce type. J'avais les poumons en feu, les muscles en feu. J'avais tellement mal que j'arrivai même pas à pleurer. Il me présenta une corde à sauter.
-Non, je n'ai pas envie de jouer ou de me faire fouetter.
-Ce n'est pas pour ça pauvre idiote. La corde à sauter, c'est pour te muscler, affiner tes cuisses, améliorer ton endurance et éviter des soucis au niveau veineux.
-Dis tout de suite que je suis grosse.
-Tu l'es pas, mais tu pourrais le devenir. Maintenant ta gueule et saute. Je ne veux plus t'entendre. 
Au bout d'un moment, j'arrêtai.. J'avais envie de vomir. Brian ralentit son rythme de corde à sauter.
-Qu'est-ce que tu as ?
-Putain je vais vomir. J'ai une espèce de remontée acide pourrie..
Nous étions dans une salle de sport façon bootcamp. Brian s'arrêta immédiatement et arriva vers moi.
-Redresse-toi. Inspire. Expire. Tu vas t'étirer et tu vas m'attendre le temps que je finisse. 
-M'étirer ? Mais putain Brian, je ne fais pas de sport. Je cours de temps en temps, mais c'est tout. En 45 minutes, tu m'as fait faire plus de sport que j'en ai jamais fait de toute ma vie. Je ne peux plus rien faire.
-Si tu ne t'étires pas, tu vas avoir des crampes pendant des jours. Fais comme-moi. Tiens. Prends-ça dans tes oreilles petite nature.
Il me passa l'iPod de Mary. Il y avait une musique douce dedans. Je fis exactement ce qu'il me demandait de faire et ensuite j'allais m'asseoir. J'avais une vue plaisante sur des mecs entrain de s'entraîner. On aurait dit un combat de lions. Ils s'affrontaient, leurs corps ruisselants de sueurs. Ils étaient la parfaite représentation des lutteurs grecs antiques. Splendide.
-Putain, mais t'es grave McAllister, lève ton gros cul et arrête de baver. 
Il me traina, j'avais du mal à marcher, même mon père le vit quand je rentrai à la maison et qu'il partait pour travailler. 
-Toi, prends un bain chaud et bois de la valériane. Brian ! Je pensais, la semaine prochaine, j'ai une opération à cœur ouvert, tu veux toujours venir voir ?
-Ouais bien sûr.
-Je te ferai un mot pour ne pas que tu ailles en cours, c'est vendredi après-midi, tu me le rappelleras.
J'étais entrain de monter les escaliers et je m'arrêtai. Il lui proposait de louper des cours ? Il ne l'avait pas fait avec moi depuis.. longtemps. Je levai les yeux au ciel et je décidai de me rendre, comme l'avait préconisé mon père dans la salle de bain. Un bain brûlant me fit énormément de bien. Vraiment. C'était presque orgasmique de se reposer comme ça. J'ouvris les yeux quand j'entendis quelqu'un frapper. 
-Entre.
C'était Brian. Je pensais que c'était Mary. Il avait une tasse en main et il la posa sur le rebord.
-C'est une tisane de valériane. J'ai mis de la menthe dedans et du miel, parce que c'est vraiment dégueulasse la valériane à mon sens. Mais tu seras un peu plus détendue. Et ça, c'est un baume à la valériane. Tu n'auras qu'à demander à ma mère de te masser avec. 
-Merci Brian. C'est gentil.
-Je ne fais pas ça pour toi. Mais pour moi, si mon elfe est bon à rien, je ne vois pas l'intérêt d'en avoir un. Quand tu auras fini ton bain et te faire pouponner par ma mère, tu feras mon lit dont tu changeras les draps et les mettra à laver. En fait, il faudrait que tu me sortes mes habits pour cet après-midi, que tu les mettes sur un cintre et que tu les repasses au besoin. Il me faut un pull fin et un jean. D'ailleurs, tu viendras avec moi au cinéma. Pas pour aller voir le film, non, mais ma voiture a besoin d'être nettoyée, tu auras le temps du film pour le faire. Tu ne toucheras pas à la boîte à gant, mais tu aspireras et nettoieras la Batmobile. 
-Tu es obligé de me dire ça pendant que je prends mon bain. 
-Je me dois de profiter de chaque moment de ta servitude, et c'était juste en passant, parce que j'y pensais. Apprécie ton quart d'heure de détente.

Il sourit d'un air amusé et claqua la porte derrière lui. Il avait raison la valériane, c'était pas bon mais avec la menthe et le miel, c'était.. buvable. Je sortis de mon bain et je pris le baume. J'appelai Mary pour qu'elle me masse avec. Elle le fit de bonnes grâces et j'en profitai pour papoter avec elle. Elle me raconta sa soirée et je pus voir toute la fierté qu'elle avait pour son fils aîné dans ses dires. Il s'était comporté comme un gentleman. Elle me confia à quel point elle était contente qu'il ait un modèle masculin à suivre au quotidien. J'étais allongée sur mon lit en petite culotte. Elle était entrain de me masser le dos.
-Il ne le montre pas, mais je sais qu'il adore ton père et que ça lui fait un bien fou d'avoir un autre homme avec lui. Ce n'est pas facile pour un garçon de se construire sans un homme à ses côtés.
-C'est pas facile non plus pour une fille, de ne pas avoir de mère. J'ai eu de la chance d'avoir la mère de Sophie. La première fois que j'ai eu mes règles, j'ai appelé Adèle. Elle a débarqué à la maison dans les 20 minutes et elle a sorti à mon père un truc du genre : Tu ne peux pas comprendre, laisse-moi passer et sers-moi un verre, je reviens. Le jour de l'enterrement de ma mère, elle m'a dit que je pouvais l'appeler quand je voulais, Line McDust aussi d'ailleurs, mais bon. C'était pas pareil. Je parlais plus à Paul. Techniquement, c'est Adèle l'étrangère de la bande mais.. je ne sais pas. Ça me paraissait logique. Mais maintenant, je n'ai plus ce problème. Moi aussi j'ai un modèle féminin à suivre. 
-Tu sais Sarah, quand j'avais ton âge, j'aurais adoré être comme toi. Et je pense que si j'avais connu une fille comme toi, tu serais devenue ma meilleure amie. Mais je n'ai pas trouvé. 
-Tu avais le père de Jay. Je trouve ça cool moi. Merci, ça devrait aller. Si j'ai encore mal, je te le dirai.
Je m'habillai, profitant du fait que Brian n'avait pas désigné mes vêtements, avec un legging et un gros sweat. Je ne pouvais plus me faire de queue de cheval. Et je retirai mes draps, puis ceux de Brian. Je les mis dans la machine, je lui préparai ses habits. Pendant ce temps, monsieur jouait à la console. On sonna à la porte alors que je revenais de la buanderie. Brian ouvrit la porte. J'eus la surprise de voir Alexandra à la porte.

-Je crois t'avoir dit que..

-Ce n'est pas toi que je viens voir. C'est Sarah.

Quand il tourna les yeux vers moi, il avait l'air grave et agacé et aussi.. un peu désespéré. Diantre, il l'aimait vraiment alors ?
-On te demande à la porte.

Elle était.. étrange. Pas comme d'habitude. Elle n'avait pas un brin de maquillage sur le visage. Elle avait les cheveux nattés sur le côté. Elle portait un gros sweat Minnie, un jean et une paire de converse. Alexandra au naturel. Depuis qu'on avait commencé le lycée, je ne l'avais pas vu comme ça. Même au collège, d'ailleurs. Je la laissai dehors et je m'adossais à la porte.
-Qu'est-ce que tu me veux ?
-J'ai agi comme une vraie conne, je le reconnais. Je.. j'ai tendance à agir avant de penser aux conséquences. J'agis toujours sans penser aux conséquences et à chaque fois, je me fais avoir.
-Et alors ? Je ne vois pas le rapport avec moi, si tu as envie d'aller te confesser, va voir un prêtre.

-J'ai regretté ce que je t'avais fait au moment où je l'ai fait Sarah. Mais il était trop tard. Je sais que tu ne me pardonneras pas. Mais sache ceci. Je suis vraiment vraiment désolée. Je ne suis pas du genre à m'excuser, tu le sais, je suis une personne fière, mais là, je sais que toutes mes copines et moi on a été trop loin... que j'ai été beaucoup trop loin. T'es une bien meilleure personne que moi. J voulais te dire que je regrette et que je vais tout faire pour m'améliorer. Je te ferai des excuses publiques, ça va de soi, mais je voulais que tu sois la première à savoir que j'ai conscience de t'avoir fait du mal et que j'ai conscience que j'ai une dette envers toi, parce qu'après mon coup foireux, tu aurais pu porter plainte. Mon psy m'a dit que reconnaître ses erreurs et demander à la personne qu'on a offensé de nous pardonner, c'était l'une des étapes pour avancer dans la vie. Alors voilà. Je suis désolée. J'espère que tu trouveras un jour la force de me pardonner.

Elle tourna les talons. Elle semblait désolée, limite avec la larme à l'œil, mais je ne la croyais pas. Elle ? Sincère ? Sérieusement ? Elle avait juste vu les photos de Brian sur les réseaux sociaux et elle avait compris qu'il était entrain de lui échapper. Qu'elle aille au diable.
-Attends deux secondes. Tu me sors ton laïus et tu te casses ? Ça tombe très bien. Comme par hasard, Brian sort hier soir, y'a des photos de lui et maintenant tu viens me présenter des excuses.. comme c'est pratique. T'es une opportuniste. 
-Tu me crois plus mauvaise que je le suis. J'ai besoin de faire table rase du passé. C'est tout. Voilà pourquoi je suis là. Parce que j'ai besoin de lâcher du lest. 
-Tu veux juste récupérer ton mec.
-Mon univers ne tourne pas autour de Brian, tu vois. J'ai suffisamment de problèmes dans ma vie en ce moment pour..
-Oh arrête ton cirque, l'interrompais-je. Toi, avoir des problèmes ? Putain, on aura tout vu.
-Je le fais pour moi et je le fais pour toi aussi. Parce que tu as besoin de passer à autre chose. Tu es une victime. Et les victimes ont besoin de ça d'après ce qu'on dit. Je suis sincère comme je ne l'ai jamais été sur ce coup là, lâcha-t-elle avec la hargne qui la caractérisait si bien. Et pour Brian.. je l'aime à la folie. Il est la meilleure chose qui me soit arrivé, c'était ma bouée parce que plus rien ne va dans ma vie, tout part à la dérive et il était le seul à me comprendre vraiment. J'avais pas besoin d'être une garce qui paraissait forte avec lui. J'aurais dû comprendre que sa famille passait avant tout et que tu es sa famille, c'était son devoir de prendre ta défense. Alors, oui, je l'aime comme je n'ai jamais aimé quelqu'un. Oui, il me manque à chaque instant et j'ai envie de pleurer quand je pense à notre rupture, mais j'ai agi comme une conne et je paye les conséquences de mes actes. J'avais compris que c'était ta vengeance de ne pas me pardonner, comme ça tu me l'enlevais à tout jamais. Et je l'accepte, de toute façon, je n'ai pas le choix. Il t'a choisi toi. Pas moi. 

Elle était en larme, maintenant. Vraiment. Elle pleurait à ne plus pouvoir s'arrêter. Elle sanglotait. Elle essayait de sécher ses larmes mais ça ne marchait pas. Et là, je vis une profonde sincérité pour la première fois dans ses yeux. Elle l'aimait vraiment. Ce n'était pas juste une passade. Elle était tellement attachée à lui qu'elle venait de se mettre à nu. Ce n'était pas que pour moi qu'elle avait fait ça. Mais pour elle. Elle était désemparée, malheureuse. Elle s'était fait rejetée. Elle avait compris hier que Brian pouvait passer à autre chose. Alors que moi je savais que ce n'était pas le cas. Je savais aussi qu'il était dans le salon et qu'il ne perdait pas une miette de notre conversation. Que si je prononçais les mots : je te pardonne. Il me pousserait pour la prendre dans ses bras.
-Maintenant, si ça ne te dérange pas, je veux m'éloigner le plus loin possible d'ici parce que ça me fait du mal d'être à quelques mètres du gars dont je suis amoureuse alors qu'il ne veut pas de moi. Passe un bon week-end.
Elle tourna les talons et se mit à courir jusqu'à sa voiture, garée en face. Je repoussais la porte. Et je vis Brian. Jamais je n'aurais cru voir une telle douleur dans ses yeux. Et là je compris qu'il se punissait lui-même. Il m'avait fait la promesse de ne pas laisser Alexandra me faire du mal. Et il n'avait pas tenu sa promesse. Il se punissait, il se flagellait. Il l'aimait. Réellement. Est-ce que je devais punir Brian pour ce que m'avait fait sa copine ? Étais-je aussi cruelle ? Je comprenais mieux pourquoi il ne me laissait pas une seule seconde. Il ne voulait pas se retrouver seul avec lui-même. Il monta les escaliers rapidement. J'avais vu son regard pendant une poignée de secondes et j'avais vu tout ça. 
-Mary ?
-Maman est sortie faire une course, me répondit Tom. En fait, c'était la petite amie de Brian ? Pourquoi il a l'air aussi mal ? Il l'a maltraité et il s'en veut ?
-Pas du tout Tom. Je sais pas ce qu'il a bonhomme. Je vais aller voir comment va Brian.
-Non, laisse-le. Il n'a pas envie de parler, sinon, il serait rester avec nous.

-Je ne sais pas si le laisser comme ça, c'est une bonne idée.
Tom réfléchit et se leva de son fauteuil. Je le suivis et Tom frappa à la porte de Brian avant d'ouvrir.

-Brian ? Tout va bien ? 
-Laisse-moi s'il-te-plaît Thomas.
Il avait parlé doucement mais Tom était quand même entré. Il savait que j'étais là, il avait laissé la porte un peu ouverte. Brian était debout devant sa fenêtre et Tom lui prit la main. Je me mis un peu en retrait. 
-Tu sais Brian, je suis une éponge. 
-Ah ?
-Oui, je sais toujours quand tu ne vas pas bien. Et quand tu ne vas pas bien, je ne vais pas bien. Comme une éponge qui aspire du liquide. J'aspire ta tristesse. 
-Je ne suis pas triste Thomas.
-Si tu l'es. Je sais que tu es triste parce que tu étais pareil quand tu es parti de San Francisco. Tu as les yeux humides. Tu t'es fâché avec ta petite amie ? Tu peux m'en parler tu sais. J'ai jamais eu d'amoureuse mais je pense que je peux comprendre. 
-Tu ne peux pas comprendre. J'espère que tu ne comprendras jamais ce que ça fait d'aimer une personne et de ne pas pouvoir être avec elle.
-Pourquoi tu ne peux pas être avec Alexandra ? 
-Parce qu'elle n'a pas été très gentille avec Sarah, Tom et que Sarah lui en veut.
-Oh, et bien trouve un moyen pour qu'elles se réconcilient.
-Ce n'est pas aussi simple. J'avais fait une promesse Tom. Je ne l'ai pas tenu.
-Oh, alors il faut que tu demandes à Sarah de te pardonner alors, parce que tu n'as pas tenu ta promesse. Tu sais, Sarah, d'accord c'est une fille, mais elle est très gentille, et tu sais, elle s'inquiète pour toi, elle me l'a dit. Tu pourrais lui demander d'accepter les excuses d'Alexandra. 
-Je ne peux pas faire ça.
-Bah si tu peux. Parce que.. c'est notre sœur depuis le mariage de Maman. Et puis elle peut accepter ses excuses et pas lui pardonner. Je crois que c'est pas tout à fait la même chose. J'ai entendu dire par Maman que c'était pas la même chose. Je ne crois pas qu'elle soit fâchée contre toi Sarah en plus. Sinon, elle ne s'inquièterait pas.
-Tom, je ne pensais pas que tu serais d'aussi bon conseil.
-Tout le monde pense que je suis un bébé qui ne comprend rien, mais je comprends pleins de choses. Et puis.. tu sais Brian, je t'aime beaucoup. Je.. on n'a pas toujours été très proches, mais je.. je ne veux pas que tu sois triste. Tu resteras toujours mon frère.

Brian s'agenouilla et prit son frère dans ses bras. Je me sentais mal pour Brian. Il était malheureux. Et je craquais. J'avais beau n'avoir qu'un amour plus que modéré envers Brian, il faisait parti de la famille de mon père désormais donc de ma famille. Je ne pouvais pas le faire souffrir. Après le repas du midi, je l'attrapai par le bras et le poussais dans la chambre d'amis.
-Qu'est-ce que tu me veux putain ?
-Je ne peux pas lui pardonner Brian. Je ne sais pas si je pourrais un jour prochain le faire.
-Sarah..
-Tu l'aimes, je le sais. Et je ne peux pas te punir pour ce qu'elle t'a fait. Si tu étais sorti avec elle uniquement pour devenir populaire, j'aurais pu gérer. Mais tu l'aimes tellement que.. je ne peux pas être cruelle à ce point avec toi, alors que tu n'as rien fait de mal. Tu ne pouvais pas savoir ce qu'elle ferait. Alors.. appelle-la et reprends ta relation avec elle. Mais sache que je ne lui pardonne pas. J'accepte ses excuses pour toi et parce que j'ai vu qu'elle était sincère. Va la rejoindre. Tu as assez souffert comme ça Bri..
Je ne pus pas finir ma phrase parce que Brian me serra contre lui, tellement fort que j'eus du mal à respirer. Il se détacha de moi et il leva mon visage. Ses yeux étaient tellement bleus. Je n'avais jamais vu ses yeux aussi expressifs. Il me souleva, me fit tourner dans ses bras, et m'embrassa sur la joue.
-À cet instant précis, Sarah McAllister, tu ne peux pas savoir à quel point je t'aime.
Il me lâcha et sortit de la chambre. Je me sentis.. vidée. Je m'assis sur le lit et je vis bientôt Mary. Elle me demanda ce qu'il s'était passé.
-Je crois que Brian me doit une fière chandelle, c'est tout. Ne sois pas inquiète, on va aller au cinéma avec Cathy et lui d'ailleurs.
-Okay. Je pensais que mon fils avait encore fait quelque chose de mal.
-Non. Ça va. Vraiment tout va bien, ne me regarde pas comme ça. 
Je me levai et j'embrassai sur la joue ma belle-mère avant de filer dans ma chambre. Je frappai à la porte de Brian, il était au téléphone. Il raccrocha en me voyant. 
-Va mettre tes chaussures, tu connais l'adresse de Cathy ? 
-Tu sais qu'elle craque pour toi n'est-ce pas ? 
-Oui, je sais, mais je n'ai pas l'intention de coucher avec elle ou quoi que ce soit, cet amour restera platonique. Soyons bien d'accord. Je m'engage à ne jamais coucher avec une de tes amies. Sauf Sophie. Évidemment. Parce qu'elle est vraiment belle. Non, ne dis rien. Va. Et prends mon manteau. Tu as bien choisi mes habits Dobby. En fait, une fois que tu auras lavé ma voiture, tu proposeras à ma mère de nettoyer la sienne. Ça lui fera plaisir, elle te donnera de l'argent et tu me le redonneras ensuite. Un esclave n'a pas à être payé. N'est-ce pas ?

-Oui maître Brian.
-Répète un peu ça ?
-Oui maître Brian.
-Je t'adore quand tu es soumise comme ça. En fait Sarah. Tu m'as fait tellement plaisir tout à l'heure que je vais te faire un cadeau, je te retire une heure d'esclavage. Au lieu d'être libre, lundi à 18h05, tu le seras lundi à 17h05. Voilà. Ne me remercie pas, tu l'as mérité. Bon, va me chercher mon manteau, rapidement, et c'est toi qui conduit. 
Je soupirai et je courus lui chercher son manteau. Je roulais rapidement tout en pensant aux deux petites heures que j'aurais de tranquille. Cathy avait mis du soin dans sa tenue et Brian ne put s'empêcher de regarder ses jambes. Je les déposai au cinéma et je nettoyais sa voiture. Et elle était sale. Vraiment sale. Je me demandais s'il s'était tapé une fille à l'arrière alors que j'aspirai les sièges. J'eus la surprise de trouver un bas en dentelle entre les sièges. Il était sérieux ? Je trouvais ça sale. Je mis de la musique. C'était Cry me a river, interprétée par Ray Charles. Personnellement je préférai la version d'Ella Fitzgerald. Mais j'aimais bien. Je ne savais pas que Brian écoutait du Jazz. Mais bon.. C'était Ray Charles.. Ray. Chuck. Je pris mon téléphone et je faillis l'appeler mais je me retins. Je ne pouvais pas l'appeler à chaque fois que je m'ennuyais. I cried a river over you.. now you say you're sorry for being so untrue. Well, you can cry me a river, cry me a river. I cried a river over you. Je repensais à Alexandra. À ses larmes. Au chagrin de Brian. J'avais craqué. Je repensais aux yeux de Brian. Il ne m'avait jamais paru aussi.. seul. J'avais craqué. Elle avait eu un torrent de larmes dans ses yeux. Elle était tellement malheureuse. Jamais elle n'avait paru aussi innocente et désemparée. Je ne savais pas si j'avais fait le bon choix en repoussant Brian entre les griffes de cette sorcière. Seul le temps me le dirait. Je fermai les yeux et je laissai la musique m'envahir. C'était splendide. Je retournai chercher Brian et Cathy. Cette dernière semblait encore plus amoureuse de Brian si c'était possible, elle buvait littéralement ses paroles. Brian la raccompagna jusqu'à la porte de chez elle en bon gentleman qu'il était.
-Bon, allez, bouge tes cuisses cellulitiques de mon siège conducteur, c'est moi l'homme, c'est moi qui conduit. 
-Je n'ai pas de cellulite.
-Je sais. Je dis ça pour te taquiner. En fait, tes courbatures sont passées ?
-Oui, la valériane, c'était top. Je peux te piquer un Reese's ?
-Comment tu sais que j'ai des Reese's ?
-Tom.
-Hum. Oui, vas-y. Tu en défais un et tu me le donnes aussi.
Je glissai la friandise dans sa bouche et quand je me retournai, je vis un flash. 
-Dis, tu n'as pas vu un flash ?
-Heu.. non. On est dans un quartier résidentiel, tu vois quelqu'un toi ? Moi je vois personne. À moins que Casper ne soit par là. HOUHOU CASPER ??

Je tournais la tête vexée. Connard. À la fin de la journée, après avoir nettoyé la voiture de Mary, m'être cassée tous les ongles, avoir récupéré 40$ pour ça et voir Brian mettre la main sur le fruit de mon travail, j'étais exténuée. Après le repas, je m'assoupis sur le canapé. Je sentis les bras de mon père me ramener dans ma chambre, j'avais reconnu son odeur et ses bras. Il me tint un moment. Je somnolais et je l'entendis fredonner à mon oreille les paroles de Ain't no Sunshine. Il me chantait toujours ça enfant pour m'endormir. Que ce soit dans les bras de mon père ou de Morphée, je me sentais bien et en sécurité.


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