La messe de minuit

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Le plan de la journée était assez chargé. Nous devions finir de décorer la maison, aller couper le sapin, le décorer. Nous devions aider Mme Miller à cuisiner. Il fallait aller chercher l'oncle de Brian et sa femme à l'aéroport de Wichita Falls. C'était assez chargé comme programme, d'autant plus que Brian m'apprit qu'il n'avait pas eu le temps de finir certains papiers cadeaux et qu'il fallait distraire Tom pendant ce temps là. Le petit garçon était tout excité.

-Martin arrive à quelle heure ? demanda Brian.
-À 18h30 à l'aéroport.
-Okay. En fait pendant que Tom et Grand-Père iront couper le sapin, Sarah et moi on s'occupera de la décoration de la maison avec toi Grand-Mère. Et pendant que vous décorerez le sapin, j'irai les chercher et je les ramènerai. Comme ça, on ne perdra pas de temps ?
-Tu ne veux pas aller couper le sapin ? lui demanda gentiment Mme Miller
-Non, répondit-il sèchement. Et..
Son téléphone sonna. Il regarda et il décrocha.
-Pas à table Brian, le réprimanda son grand-père.
Il se leva et je l'entendis parler en Espagnol. Il savait aussi parler espagnol ? Quand il revint à sa place, il souriait très largement et d'un air bêta, comme si on venait de lui faire une proposition indécente. Sa grand-mère profita de son absence pour aller refaire chauffer de l'eau.
-C'était Natalia, elle voulait confirmer l'heure de leur arrivée. Ils ont réussi à avoir le vol juste avant, ils arrivent à 17h en fait. Pourquoi tu me regardes comme ça ?
-Tu parles combien de langues en fait ?
-L'anglais et le français sont mes langues maternelles et je fais espagnol en seconde langue scolaire comme tout le monde. 
-Et Mary, elle parle combien de langue ? 
-Anglais, Français, Italien et Espagnol aussi mais elle considère qu'elle ne parle pas assez bien. 
-Vous savez tous parler 3 ou 4 langues en fait...
-Pas tous, Sarah, mais je suis très fier de la facilité de mes enfants. Ils ont appris ça de leur mère qui parle l'espagnol à la perfection.
-Rassure moi, mon chéri, tu ne parles pas de moi ? fit Mme Miller en revenant dans la salle à manger. Parce que mon espagnol a vraiment baissé, et tu es loin d'être mauvais en espagnol et en arabe si je ne m'abuse. Heureusement que Natalia arrive bientôt, je vais pouvoir m'exercer. J'ai bien entendu 17h ?

Brian acquiesça et avala une dernière gorgée de thé. Tout le monde se rangea de l'avis de Brian. Preuve qu'il aimait donner des ordres et se faire obéir. Les décorations étaient dans la dépendance de la maison, dans le fond du parc. Je suivis Brian et je vis la dépendance de la maison.
-C'est une maison ça, m'étranglai-je.
-C'est la dépendance de la maison. Mes grands-parents l'ont transformée en Guest House y'a quelques années. Je t'en prie, entre.
Cette Guest House était toute mignonne et décorée avec goût. Il y avait un grand séjour salle à manger et il devait y avoir des chambres dans le bout de la maison.
-En général, mon oncle essaye toujours d'avoir la dépendance quand il vient à la maison. Ça marche parfois. Je me souviens qu'avant la naissance de Tom, on venait là. C'est... tranquille si tu vois ce que je veux dire. Après, les chambres de la maison sont très très très bien isolées. Une fois j'ai essayé mis de la musique à fond dans ma chambre et je suis sorti pour vérifier, on entendait pratiquement rien. Suis-moi. C'est par là. Je vais monter et je te passe les affaires. 
Il ouvrit une trappe au plafond et il grimpa sur l'escalier escamotable. Il me passa deux cartons et il les prit tous les deux dans ses bras.
-Je vais en prendre un.
-Non, je préfère que tu fermes la porte et que tu gardes la clef.
Je levai les yeux au ciel. Quel macho ! Une fois dans la maison, je vis que sa grand-mère avait coupé du houx. Brian fredonnait en décorant la maison. Il était entrain de décorer le lustre dans l'entrée. J'étais entrain de mettre une guirlande de sapin dans le salon. Il suffisait de 3 fois rien pour donner à cette magnifique maison un air de Noël. C'est en posant du houx dans un coin que je remarquai le magnifique piano. Je posai mon ouvrage et je frôlai les touches.
-Tu peux jouer si tu en as envie. 
-Je joue avec maladresse Madame Miller. Ce serait désagréable à entendre.
-J'ai l'impression que tu te dénigres beaucoup. Je ne comprends pas pourquoi. Tu es une jeune fille très bien pourtant.

-J'ai dans mon entourage de vrais artistes, quand ils jouent, on reste en apnée jusqu'à la fin de la chanson et on a les larmes aux yeux. Si je ne fais pas quelque chose à la perfection, je ne vois l'intérêt d'en faire l'étalage. 
-Mais si tu ne t'entraines pas, comment veux-tu arriver à la perfection ? Tant que tu seras ici, si tu as envie de t'exercer au piano, tu le peux. Je t'assure que personne ne se moquera de toi.
-Sauf si elle ne sait pas jouer du tout, lâcha Brian depuis l'entrée avant d'éclater de rire.
Je refermai le piano et je retournai à la confection de mes bouquets pour les chambres. Ma grand-mère paternelle en faisait aussi pour Noël. Cette pensée me fit un peu trembler. J'entendis Mme Miller prendre à part son petit-fils. 
Je n'en ai que faire que ce soit pour rire. Ce n'était pas gentil et je sais que tu es un gentil garçon, alors tu vas arrêter de l'embêter. Non. Je ne sais pas pourquoi, mais cette jeune fille a très peu confiance en elle et ce n'est pas en jouant au crétin que tu vas arranger les choses. Alors, tu arrêtes.
Je vis Brian arriver dans le salon où j'étais. Il s'assit à côté de moi et il me fixa. Le feu se reflétait dans ses prunelles.
-Quoi ?
Il me prit la main et m'emmena vers le piano. Me tira vers le piano plutôt. Il m'assit de force et il s'assit juste à côté de moi. 
-Dans notre famille, on a une tradition à Noël, on joue en duo au piano. En général, ma mère joue avec moi et mon oncle avec ma grand-mère. Je suis sûr que ça ferait plaisir à ma mère si on lui jouait un morceau tous les deux. Je pensais à Deck the Halls. Tu connais la partition ? 
-Oui, enfin.. je l'ai connue à un moment donné.
-C'est toujours la même chose. Écoute. 
Les mains de Brian frôlèrent le piano et la musique s'en échappa. Cela me renvoya directement en enfance. Ma mère aussi jouait ça au piano et mon père chantait. Ou inversement. Elle avait fredonné ça, le soir de sa mort. La dernière fois que je l'avais vue en vie.
-Excuse-moi. Je suis désolée.

Je me levai précipitamment et je montai dans ma chambre. J'entendis le Colonel et Tom revenir de leur expédition mais je ne m'arrêtai pas pour autant. Je me glissai le long de la porte de la salle de bain. Je savais que des larmes coulaient de mes yeux. Pourquoi est-ce que je pensais à elle tout à coup, de manière aussi forte et pourquoi je pleurais ? Cela ne m'était pas arrivée depuis des années. C'était peut-être parce que je passais toujours Noël avec ma famille et là... non. J'aurai dû être avec eux Je me redressai pour me passer de l'eau sur le visage et je m'assis sur le rebord de la baignoire. Inspirer. Expirer. Reprendre son calme. La porte de la salle de bain s'ouvrit et Brian entra d'un air agacé

-Si tu pouvais dire à ma grand-mère que ce n'est pas de ma faute si tu es perturbée mentalement ça m'arran.. qu'est-ce que tu as ?
-Tu peux me laisser s'il-te-plaît ?
-Non mais sérieusement. C'est Noël. Ça devrait être interdit de partir bouder dans son coin à Noël. On fait tous des efforts, tu pourrais en faire aussi, sérieux. Je n'ai rien fait en plus.
-Le monde ne tourne pas autour de toi, Brian.
-Alors, c'est quoi ton problème ? C'est à cause de ce que j'ai dit sur le piano ? Sérieux Sarah. C'était une blague. 
-Ce n'est pas à cause de ça. 
-Une petite blague de rien du tout, continua-t-il en se passant les mains dans les cheveux. Va falloir que tu retires le balai que tu as dans le...
-C'est la chanson d'accord ! m'écriai-je, le faisant taire. C'est la chanson, les préparatifs. C'est trop pour moi. Alors, laisse-moi tranquille, deux petites minutes. 
-Je ne comprends pas. Tu n'aimes pas Noël ?
-Ce n'est pas ça. Il y a toujours un moment où je craque à Noël, il faut juste que..
Il leva le sourcil et je me levai pour échapper à son regard. Il attrapa mon bras alors que je passai devant lui. Je me dégageai en levant les mains et je reculai.
-C'est à cause de ta mère ? me demanda-t-il soudainement. 
Je fronçai les sourcils et tournai les yeux vers l'extérieur, la neige avait recommencé à tomber.
-C'est pour ça que tu craques ? Parce qu'elle te manque ?
Je baissai les yeux. Je n'aimais pas qu'il sache ce que j'avais en tête. J'entendis la porte s'ouvrir. Tom passa sa tête.
-Sarah ? Tu veux venir décorer le sapin avec moi ?
-J'arrive.

Tom me prit par la main et il me traina à sa suite. Il était entrain de me dire qu'il avait choisi le sapin lui-même et qu'il l'avait pris aussi gros que possible pour me faire plaisir. Et il l'était en effet. C'était un sapin dans les 2,50 et très fournis. On avait l'impression d'être en forêt et il sentait très bon. Je souris à Tom en lui disant qu'il était magnifique. En réalité, j'étais hyper enthousiaste à l'idée de le décorer. Alors que j'étais montée sur un escabeau pour accrocher des boules, je vis Brian parler avec sa grand-mère. Quand il vit que je le regardais, il tourna les yeux rapidement. J'avais l'impression qu'il parlait de moi. C'était troublant. Tom avait pris mon ordinateur pour mettre de la musique. Je le voyais entrain de taper mais elle ne savait pas pourquoi il tapait comme ça. Il éclata de rire et il me regarda.

-Tom.. qu'est-ce que tu es entrain de faire ?
Il eut un air coquin et je descendis de mon escabeau. Il était sur mon application Messages. Il était entrain de chatter avec sa mère. Je souris et je retournai à ma décoration.
-Thomas, aurais-tu abandonné Sarah pour la décoration du sapin ?
-Il parle avec sa mère sur mon ordinateur, madame Miller. 
Elle me fit un sourire et je vis Brian arriver vers moi pour me donner coup de main.
-Tu sais que quand tu t'étires, ta minuscule robe remonte, hein ?
Je rougis et il éclata de rire. Il se moquait de moi. Je lui lançai une guirlande dessus pour me venger. Le sapin était magnifique. Tom tenait une étoile en main. Brian s'accroupit, et Tom monta sur ses épaules pour mettre l'étoile en haut du sapin, Brian se mit en équilibre sur l'escabeau que j'avais laissé en plan.
-J'ai toujours peur quand vous faites ça les garçons. J'ai toujours peur que vous tombiez.
-Je n'ai jamais fait tomber Tom, ça ne commencera pas aujourd'hui, rétorqua Brian en redescendant.

-À quelle heure est la messe ce soir ? demandai-je
Brian me regarda bizarrement.
-Bah.. à minuit. D'ailleurs, on y va en calèche en mode guedin, ou en voiture, en mode civilisé ? Parce que moi ça me tente assez la calèche.
-Vous avez une calèche ? Comme dans les malheurs de Sophie ?
-En fait, y'en a plusieurs. En été, on les passe à la ville pour les touristes. Mais je pense qu'on pourrait prendre la petite.. On peut se mettre à deux dedans. C'est genre...hyper drôle. 
-Je vote pour la calèche. J'ai jamais été dans une calèche. 
Brian se tourna vers sa grand-mère.
-Je ne sais pas si c'est très prudent, fit Mme Miller. Avec toute cette neige.
-J'ai fait du cheval dans des conditions pires que ça et au pire si on a du mal avec la calèche, on rentre en cheval. Dis ouuuuui.
-Okay. 

Brian me tendit sa main pour que je tape dedans. Il n'avait jamais fait ça. Il souriait de toutes ses dents. Nous étions tellement dans nos décorations que nous avions dépassé l'heure du repas du midi. Mme Miller nous avait sorti de quoi faire des sandwichs.

-Attends Sarah, je vais te faire ton sandwich, me fit Tom. Un sandwich spécial Noël et spécial Tom.
-Je te fais confiance.
Tom commença à empiler les ingrédients.
-Hum. Tom, je ne pourrais pas avaler tout ça. 
-Mais si, mais si.
Il prit le pot de miel et il commença à en mettre dessus. Je jetai un coup d'œil à Brian qui tourna la tête pour rire à son aise. 
-Tiens. Il faut que tu goûtes maintenant. Vas-y !! 
Je pris un couteau et je coupai un morceau du sandwich qui faisait bien 10 cm de hauteur. Brian me regardait et avait cessé de manger.
-Je crois que Brian est un peu jaloux, tu crois que je peux lui faire un goûter un petit morceau.
-Un petit alors. Parce que c'est ton sandwich. Attends, je veux goûter moi aussi. 
Brian s'en coupa un morceau, en coupa un morceau pour son frère et ils le goûtèrent en même temps. Brian eut une mine étrange mais il finit par sourire.
-Ça manque d'un truc.
-Ça manque de piment, fit Brian en continuant de mastiquer. Qu'est-ce que tu en penses Sarah ? 
J'en pris un petit morceau et je faillis vomir. Il y avait un fort goût de miel, de mayonnaise, d'œuf et il avait réussi à caser quelques haricots blancs. Les narines de Brian se dilatèrent un peu. Il était sur le point d'éclater de rire.
-Je crois que c'est un sandwich pour garçon. Tu n'es pas habitué parce que ça fait pas beaucoup de temps que tu m'as moi, mais les filles mangent des trucs plus...
-Oh. Tu veux un sandwich de filles, fallait le dire. Moi je pensais que tu étais une guerrière et que tu mangeais des sandwich de guerriers.

Il prit de nouvelles tranches de pain de mie, mis un peu de moutarde, et il mit une tranche de viande, de la salade, des tranches de tomates et il mit une ou deux tranches de chèvre frais. Je vis Brian se lever et cracher doucement la bouchée qu'il avait en bouche dans un papier essuie-tout. Ce sandwich était délicieux et quand il vit que je souriais, Tom tapa des mains et pris le premier sandwich qu'il avait fait. 
-Il était pas terrible ce sandwich en fait. Je crois que je vais enlever les haricots blancs, il sera meilleur. C'est quoi le truc le plus bizarre que tu aies mangé Sarah ?
-Une dragée surprise de Berthie Crochue goût vomi.
-T'es sérieuse ?? commença à rire Tom
-Très sérieuse. Papa m'en avait acheté l'an dernier et vraiment, j'ai cru que j'allais mourir. C'était vraiment mais vraiment pas bon. Un jour, je t'en achèterai. Et tu sais quoi ? Une fois mon oncle James a acheté des paquets d'insectes comestibles et il a fait un pari avec Papa. Celui qui perdait devait manger un paquet entier de fourmis... Devine qui a perdu ?

Tom s'étrangla de rire et Brian aussi émit un petit rire. Après ce rapide déjeuner, nous aidâmes Mme Miller pour la cuisine, jusqu'à ce que Brian décide d'aller chercher son oncle à la gare.

-Tu veux que je vienne avec toi ? demandai-je alors que nous montions à l'étage de nos chambres.
-Non. J'ai besoin d'être un peu seul...
Je m'arrêtai devant sa chambre. Je levai le sourcil. Il y avait des posters au mur, des livres et ses fringues à trainer un peu partout. Comme chez nous. C'était sa chambre, c'était indéniable. Surtout quand on voyait le poster de la femme dénudée en face du lit.
-Qu'est-ce qu'il y a ?
-Rien du tout. J'imagine que ta grand-mère n'a pas le droit de mettre les pieds ici.
-Bien sûr que si. Enfin, pas quand je suis là, mais pour ta gouverne, je range certains de mes posters en repartant. Tu sais où j'ai mis les papiers de la voiture ? 
-Tu les as laissés dedans il me semble.

Brian s'arrêta une seconde et il hocha la tête.
-Ah oui, c'est vrai. Bon je file. 

Environ une demie-heure après, mon téléphone sonna alors que j'étais entrain de couper des échalotes. Je le pris et je décrochai un peu plus loin. J'allai sur le perron.
-Tu veux que je te ramène un truc de Wichita Falls ? me demanda la voix de mon quasi-frère avant que je dise quoi que ce soit.
-Comme quoi ? 
-De la cire pour tes jambes ? de la crème dépilatoire ? De l'anti-cernes ? Enfin, tu vois, le genre de trucs dont les filles ont besoin... ?
Il venait directement de dire ça ? Non mais quel goujat ce gars ! Pourquoi ne disait-il pas tout de suite que j'étais un yéti ? Je regardai l'horizon et je souris.
-J'ai tout ce qu'il me faut. Sinon, peut-être que tu pourrais t'acheter une paire de testicules, une pinte de dignité et une ou deux tonnes de gentillesse ?
-Pour les testicules, je suis, merci mon Dieu, assez bien pourvu de ce côté là. Pour la dignité, je vais voir s'il leur en reste en rayon, mais la gentillesse.. avec Noël, je crois qu'ils sont en rupture de stock. Alors ? Tu as besoin d'un truc ?
-Non. Brian ? 
-Oui Petit Bateau ?
-Tu as fini tous tes papiers cadeaux où tu veux que je m'en occupe ? 
-Non c'est bon. Attends, j'ai un double appel. C'est Grand-Mère, tu peux simplement lui passer ton téléphone ?

Je rentrai dans la voiture et je me rendis auprès de Mme Miller pour lui prêter mon téléphone. Je vis une photographie dans le couloir. Il y avait Mary et son frère. Ils se ressemblaient beaucoup. Ils riaient tous les deux. Elle était en noir et blanc, mais on voyait juste le bleu de leurs yeux et l'écharpe du frère. 
-C'est Maman qui l'a prise, l'an dernier. Avec son appareil photo. Elle l'a prise à bout de bras. Je m'en souviens parce qu'après, on en a pris une tous les deux. C'était drôle. Est-ce qu'on peut prendre une photo tous les deux ? On a jamais pris de photos tous les deux.
-Où as-tu posé mon ordinateur chaton ?
-Il est dans le salon. Suis-moi. 
Je m'installai avec lui dans un fauteuil et nous prîmes des photos tous les deux. Tom hurlait de rire. Mme Miller me redonna mon téléphone et et elle retourna en cuisine. Je repris mon smartphone en main et nous fîmes un selfie tous les deux. Je l'envoyai sur mon ordinateur en Bluetooth. Nous étions mignons tous les deux. Je la mis en fond d'écran. Je laissai Tom avec mon ordinateur et j'allai dans la cuisine.
-Est-ce que cela vous dérange si je vous laisse quelques instants ? J'aimerai appeler mon petit-ami pour lui souhaiter de bonnes fêtes, je ne l'ai pas encore eu.
-Ça ne me dérange pas du tout. Prends ton temps ma chérie.
-Merci.
Je montai dans ma chambre, m'enfermai et j'appelai Marc sur Skype puisque je voyais qu'il était connecté. Il me répondit immédiatement.

-Salut ma belle ! 
-Salut mon beau ! Comment ça va ? Il faut beau à Aspen ?
-Ouais, il fait beau, mais là, je me cache, ma mère commence à nous faire chier, je me suis enfermé dans ma chambre. Et toi ? Comment ça va ? Le Texas, c'est comment ?
-Tout est super. En fait, je craignais de venir ici, mais les Miller sont des gens tellement adorables.. c'est à se demander comment Brian a pu devenir aussi.. Brian !! ajoutai-je sans avoir d'autres termes pour le décrire.
-Et là, tu es toute seule ?
-Oui, toute seule. Un peu comme toi. Je voulais t'entendre. Tu me manques. J'ai même rêvé de toi la nuit dernière. On était bien tous les deux.
-On est bien tous les deux, me reprit-il. Même si on ne se voit pas assez à mon goût.
-On doit rentrer chez nous le vendredi.

-Nous aussi. On pourrait peut-être se voir..
-C'est ce que je pensais, Marc. D'ailleurs, on devrait peut-être faire plus que se voir, qu'en penses-tu ? Pourquoi tu me regardes comme ça ?
-Je.. pensais que tu n'étais pas prête Sarah.
-C'est toi qui a décrété que je ne l'étais pas. 
Il allait répliquer mais il savait que j'avais raison.
-Je ne t'ai jamais repoussé Marc. Pas une seule fois. Pas lors de la fête de ton frère, pas non plus quand j'étais shootée au Ganja. J'en ai envie Marc. Vraiment envie.
-Tu.. ne cesses de me surprendre Sarah McAllister. Tu es tellement belle Sarah, lâcha-t-il soudainement. J'ai tellement envie d'être avec toi. 
-Moi aussi. 
-Sinon, comment va l'autre petit con de Brian ?
L'autre petit con ?

-Il va bien. D'ailleurs, il m'a dit qu'il aimerait apprendre à te connaître parce que vous étiez partis sur des mauvaises bases tous les deux.
-Je n'ai pas envie de connaitre un mec qui passe son temps à se moquer de toi Sarah. Qui plus est.. je n'ai jamais trouvé les amis de mon frère intéressants pour en avoir fréquenté pas mal. Je ne vois pas pourquoi ça changerait avec Miller. À moins que tu n'aies changé d'avis sur lui.. 
Je rougis et je vis Marc froncer un peu les sourcils.
-Ah, fit-il. Est-ce que je suis censé me faire du souci pour notre relation ?
-Quoi ? hoquetai-je.
-Je suis entrain de te demander si je dois m'inquiéter du fait que Brian soit si soudainement remonté dans ton estime.
-Attends.. t'es jaloux ?
C'était une évidence. Je le lisais dans ses yeux.
-Marc.. il ne se passe rien entre Brian et moi, il est.. c'est le fils de ma belle-mère. On est pratiquement de la même famille.
-Vous n'avez aucun lien de sang. C'est le genre de mec qui plaît aux filles alors..
-Je n'ai pas l'intention de te tromper et Brian ne m'attire pas du tout. Sérieusement. C'est juste qu'il a été gentil avec moi ces deux derniers jours. Comme si on était des amis.. voir un peu plus..
-Comment ça voir un peu plus ?

Je levai les yeux au ciel.

-Comme si on était des frère et sœur. Tu peux arrêter avec ta suspicion ? Quand je te dis qu'il n'y a rien entre Brian et moi, ça veut dire qu'il n'y a rien. En plus, si j'avais trouvé Brian attirant et qu'il m'avait trouvée attirante, tu ne crois pas qu'on aurait couché ensemble depuis belle lurette ? Pourquoi on aurait attendu Noël alors qu'on habite ensemble depuis des mois ?
-Je ne voulais pas t'énerver.
-C'est trop tard. Excuse-moi, mais j'ai dit à madame Miller que je t'appelais, je vais retourner en cuisine. Passe un bon Noël.
-Sarah, n'agis pas comme ça.
-C'est toi qui a lancé le sujet, tu m'accuses de te tromper.
-Je ne t'ai pas..
-Si tu l'as fait. Tu m'as demandée si tu devais t'inquiéter parce que je m'étais rapprochée de lui. Alors que tu aurais dû être content qu'on s'entende lui et moi. Alors, je te le répète, passe un bon Noël et embrasse Paul de ma part. Sauf si tu considères que je te trompe avec ton frère, évidemment.

Je raccrochai énervée. Il m'appela directement sur mon téléphone et je rejetai l'appel. Il allait laisser un message, mais c'est un SMS que je reçus à la place. Je suis désolé, j'ai été maladroit. Ne m'en veux pas, je t'en prie. Je t'aime. Passe un bon réveillon. Il avait écrit qu'il m'aimait. J'avais envie de le rappeler. Mais je ne pouvais pas. Pas tout de suite. Il fallait que je le laisse un peu mariner. Je retournai dans la cuisine pour aider Mme Miller. 
-Tiens, j'entends une voiture, c'est sûrement Brian qui revient avec ton.. oncle, finit Mme Miller alors que Tom était déjà hors de la cuisine. 
J'entendis des cris et quand je me retournai, je vis Mary en homme. C'était troublant. D'autant plus que cet homme me faisait penser à Matt Bomer et qu'il avait les grands yeux bleus des Millers.
-Sarah ! Tu te souviens de mon oncle Martin ? Il était au mariage de Maman..
-Oui bien sûr. Vous allez bien ?
-Parfaitement. Ça faisait longtemps qu'on avait pas vu une aussi jolie fille assise dans la cuisine.
Je rougis. Brian et lui se mirent à rire. Je ne me souvenais pas vraiment de l'oncle de Brian en réalité. Le frère de Mary était parti peu de temps après le début du repas. Sa femme avait eu un problème et il avait été la rejoindre. En tout cas, cet homme était vraiment beau, il avait un petit sourire en coin et j'étais un peu tétanisé.
-Martin, arrête de Milleriser cette pauvre jeune fille. Elle ne sait plus où se mettre.
-Milleriser, ma chérie ?
Il se tourna et je vis une femme d'une trentaine d'année, voir un peu plus jeune s'avancer avec les sourcils froncer. Elle avait un corps de déesse, des cheveux épais bruns, de grands yeux verts et des cils très fournis. Même si Brian ne m'avait pas dit qu'elle était mannequin, j'aurai pu le deviner. Elle me sourit gentiment, étirant ses lèvres charnues.
-Tu fais ton.. comment tu dis déjà Brian ? BG.

-Mais je suis un BG, argua l'oncle de Brian en me faisant un clin d'œil.

-Tu es arrogant surtout. Bonjour Sarah, je suis Natalia. 

La déesse espagnole arriva vers moi et elle prit dans ses bras avant de m'embrasser sur les deux joues. Elle avait un petit accent ultra sexy en plus. 

-Je suis ravie d'enfin faire ta connaissance, j'ai beaucoup entendu parler de toi. Ne fais pas attention à ce que dit mon mari surtout. Il adore plaisanter, mais il n'est pas si arrogant dans le fond.
-Un peu comme Brian quoi.
Elle me fit un clin d'œil et Brian me fusilla du regard. Je le narguai et son oncle entraina ses deux neveux dans le salon au moment où sa mère revenait dans la cuisine. Je l'entendis distinctement demander à Tom s'il avait une amoureuse dans son école. Quelques secondes plus tard, il éclata de rire avec Brian.
-Martin ? Arrête d'embêter Tom.
-Oui maman. 
-Natalia, est-ce que tu aimerais un peu de thé ma fille ?
-Avec plaisir Penny, je vais me servir. Ça me fait tellement plaisir d'être là. 
-Où es-tu parti cette fois ? 
-Australie pour un shooting, je suis rentrée il y a 2 jours. Je pense que ma carte postale arrivera après demain ou encore après. Dis-moi Sarah, tu n'as jamais pensé au mannequinat ?
J'avalai de travers et je me mis à tousser.
-Hum.. non. Pas du tout.
-Tu devrais.
-Je ne crois pas être faite pour ça.
-Et pourquoi ?
-Parce que..
-Troll Snot, mannequin ?
Le rire de Brian me fit retourner. Il était dans l'embrasure de la porte et il nous observait avec une tasse à la main.

-Voilà pourquoi, dis-je en rougissant.
-Martin ? Mon amour, viens ici ! 
Son mari passa sa tête.
-Peut-être que tu devrais aider Brian à monter nos bagages. Ce dernier semble s'ennuyer.
Les deux Millers tirèrent une tête pas possible et ils obéirent immédiatement. 
-Tallliaaaaaaaa ! 
-Oui Tom. 
-Est-ce que tu as pris des photos de tous les pays que tu as visité ?
-Bien sûr Tigrou. Viens, je vais te montrer dans le salon.

Je me levai moi aussi et je montai les escaliers pour aller prendre mon manteau et je sortis de la maison. La nuit était tombée. J'étais seulement éclairée par la maison que je venais de quitter. Je m'étais fâchée contre Marc à cause de lui. Et lui, il se moquait encore de mon physique et de moi. Il n'avait pas eu besoin de le dire tel quel. Je l'avais lu dans ses yeux. Je marchai jusqu'à la dépendance et je vis qu'elle était allumée. Avais-je oublié d'éteindre la lumière ? Alors que je me penchais pour chercher le double des clefs, une main s'abattit sur ma bouche. Mes yeux s'agrandirent d'effroi. J'arrivai à me défaire et quand je me retournai, je vis Brian.

-Tu devrais voir ta tête ! 
Je le giflai et le bruit de ma main sur sa joue retentit dans le froid. Ses yeux ne comprenaient pas.
-Abruti ! T'es un grand malade. Ne m'approche pas.
Mon cœur battait dans ma poitrine. Je le poussai et je descendis les marches du petit perron de la dépendance. Je m'éloignai rapidement quand je sentis une boule de neige dans mon cou. Je me retournai et je vis Brian s'essuyer les mains. Je courus vers lui. J'avais envie de lui faire du mal. Je le savais. Je le poussai mais je ne m'attendais pas à ce qu'il s'agrippe à moi dans sa chute. Je tombai sur lui. Je pris de la neige et je lui en étalai sur le visage. 
-Arrête, mais arrête !!
Il se dégagea et me poussa sur le côté.
-C'était juste une blague.
-Tu crois que c'est drôle de faire croire à quelqu'un qu'il se fait agresser ? hurlai-je. T'es complètement débile ou tu le fais exprès ?
-Sarah..
-C'était pas drôle. Mais pas drôle du tout. J'en ai marre de toi. Laisse-moi.

Brian me prit par le bras mais je le poussai, sauf que je n'arrivais pas à me défaire. Il me maîtrisa alors que j'essayai de me débattre. J'avais froid. Je n'avais pas pris mes gants. Je repensais à Marc, au rire sardonique de Brian. Troll Snot, mannequin ? Il finit par me lâcher et je lui tapai dessus. Ça me fit du bien, jusqu'à ce qu'il me prenne dans ses bras. Je n'avais pas senti que je pleurais. Il faisait nuit. J'étais couverte de neige. On était le 24 décembre et j'étais entrain de pleurer dans le froid.

-Allez viens. Je suis sûr que tu es glacée. Ce serait con d'être malade pour Noël.
Il me redressa, me passa son écharpe autour du cou et il me mit ses gants. J'avais l'impression d'être une marionnette ou une poupée. Quand nous approchâmes de la maison, il s'arrêta et me regarda.
-Je te déteste, dis-je.
-Moi aussi, mais si ma grand-mère pouvait éviter de le savoir ce serait cool. Alors essuie tes larmes et arrête de faire chier. 
Je le poussai.
-Arrête, sinon tu vas tuer le cousin de Mister Freeze. Tom sera furi..
Il se prit une grosse boule de neige et j'éclatai de rire. Je vis son oncle en préparer une seconde et je me cachai derrière Brian qui se prit également celle qui m'était destinée. 
-Bien fait pour toi, trouduc, murmurai-je à l'oreille de Brian avant de monter les marches et retourner dans la maison. 
-Tu devrais aller prendre un bon bain et aller te détendre, me fit Mme Miller.
Je montai les marches et une fois dans ma chambre, force était de constater que j'étais trempée et gelée. Je décidai de prendre un bain comme me l'avait conseillé la grand-mère de Brian. Je me déshabillai dans la chambre et laissai mes vêtements choir sur le sol. Je pris mon ordinateur et je mis de la musique. Le bain me donna une sensation de brûlure. C'était génial. J'avais pleuré dans les bras de Brian, deux fois aujourd'hui. Du grand n'importe quoi. Je m'étais fâchée avec Marc. C'était encore pire. Si je racontais ça à Sophie, elle me dirait que c'est l'effet Brian Miller qui commençait à agir sur moi et elle rirait comme une folle. Sophie.. C'était déjà Noël pour elle. Il fallait que je lui envoie un message.

-Sarah ? Est-ce que je peux entrer ? 
-Oui oui Tom. Je suis dans mon bain.
 Il ouvrit la porte. Il avait une tasse à la main. 
-Grand-Mère m'a dit de te monter une tasse avec du chocolat chaud. 
-C'est adorable de votre part, à tous les deux.
Il la posa sur le rebord de la baignoire. Il pencha la tête du côté droit.
-Je crois qu'elle sait que tu es un peu triste parce que tu n'es pas avec tes oncles et tes grands-parents et parce que ta maman te manque. Mais tu sais, je te l'ai déjà dit, je te prête Maman quand tu veux. Je veux bien te prêter Martin, Grand-Père et Grand-Mère pour Noël aussi. Pas tante Natalia parce qu'elle n'est pas à moi, je ne peux pas la prêter. Sinon, je le ferai.
-Tu es un très gentil garçon Thomas Miller. Ne change jamais. Viens que je te fasse un bisou.
Il me regarda comme si j'étais une extra-terrestre.
-Sarah.. tu es dans ton bain, tu vas me mouiller.

True. Je lui fis un sourire et lui envoyai un bisou avec la main qu'il fit mine de rattraper. 

-Est-ce que tu peux m'apporter mon téléphone s'il-te-plaît ?
Il le fit et je lui dis qu'il pouvait prendre mon ordinateur s'il voulait jouer avec. Il me regarda avec affection avant de sortir, de me ramener mon téléphone et de partir de ma chambre. J'envoyai un message à Sophie, aux membres des Atlas Wild Child et je téléphonai à Marc. Je tombai sur sa messagerie. Il devait être entrain de réveillonner.
-Je voulais juste t'appeler pour te dire que j'ai sur-réagis et que je n'aurais pas dû. Je voulais aussi savoir si tu pensais vraiment ce que tu avais écris dans ton SMS ou si c'était juste une formule comme une autre. Je voulais aussi te dire que.. je suis dans un bain brûlant, que j'ai mis un produit, je ne sais pas trop ce que c'était mais ça me fait penser à toi et je trouve ça réconfortant. 
Je remontai ma jambe et la regardai couverte de mousse. Je souris.
-Voilà, c'est tout. À plus Marc. 

Je raccrochai et j'ouvris l'appli photo. Je pris mes jambes en photo et je les envoyai à Marc pour rire. Je posai mon téléphone sur le côté et je fermai les yeux en m'immergeant dans mon bain. J'arrivais à rester longtemps avec la tête sous l'eau. J'aimais bien la sensation et la lueur à la surface. Quand je remontai à la surface et que je respirai de nouveau, toutes mes appréhensions étaient parties. Je sortis du bain et m'enroulai dans une serviette chaude en chantant Sunshine in Wonderland qui passait sur mon téléphone. Je me séchai les cheveux rapidement. Je passai une main sur mes jambes pour vérifier qu'aucun poil n'avait repoussé. Je pris dans mes affaires de toilettes, le lait pour le corps qui allait avec mon parfum Amor amor. Je m'en enduis. Je n'en utilisais presque jamais, le flacon était presque entier mais là.. j'avais envie de me faire plaisir. Je ramassai mes vêtements au sol et je les mis dans le panier à cet effet. Mme Miller m'avait dit que si j'avais envie qu'elle lave mon linge, elle n'y voyait pas d'inconvénient. Je prenais des sous-vêtements propres quand on frappa à ma porte. 

-Je suis en serviette, mais vous pouvez entrer.
-De toute façon, à chaque fois que je veux entrer quelque part où tu es, tu es à poil, en culotte ou dans une position désastreuse.
Brian. 
-Tu peux aussi arrêter de me coller, je sais que tu es fou de mon corps de déesse mais quand même.
-T'es gaulée comme une crêpe bretonne mais bon... On ne va pas discourir sur ce sujet. Je voulais juste récupérer mes affaires.
-Comme une crêpe bretonne ? T'es sérieux ?
-Tu aurais préféré pancakes ?
-Je pensais que tu arrêtais de dire des remarques désobligeantes sur mon physique ?
-Ah non, je n'ai rien promis, meuf. Et puis.. dit-il en prenant son écharpe et ses gants.. Est-ce que tu m'as entendu dire que les crêpes bretonnes n'étaient pas bonnes ?
Je piquai un fard et il éclata de rire. Il riait encore en partant. Et quand je me présentai devant les Miller, Brian se mit à rire. Tout le monde se tourna vers moi et je levai les yeux au ciel avant de m'assoir près de Tom.
-Pourquoi tu rigoles Brian ?
-Pour rien Tom.
-Qu'est-ce que tu as fait à Sarah ? sinon, elle n'aurait pas cet air excédé sur le visage ?
Un air excédé ? Il était sérieux ? Apparemment, je n'étais pas la seule à tiquer sur le vocabulaire employé parce son oncle lui demanda où il avait appris ce terme.
-Dans Harry Potter, répondit le petit garçon comme si c'était une évidence. Alors qu'est-ce que tu as fait.

-Oh rien, répondit son frère. Je suis juste moi-même. 

Ça me faisait bizarre de fêter le réveillon de Noël sans mon père. J'avais l'impression de ne pas être à ma place. Natalia se pencha vers moi sur le canapé, alors que son mari était avec Tom au piano et qu'ils braillaient tous les deux des imbécilités.
-Moi aussi, ça m'a fait bizarre la première fois. Mais tu t'y feras avec le temps. Et puis..
Elle fut interrompue par le bruit de la sonnette de la porte d'entrée. Le Colonel se leva et quelques minutes plus tard, j'entendis la voix de.. mon père. Je me levai d'un bond et je me rendis dans le hall d'entrée. Mary et mon père étaient là. Tous les deux. Je poussai un cri et je me jetai dans les bras de Mary, l'embrassai et quand mon père me prit dans ses bras, je sus que peu importait l'endroit où je passais Noël tant qu'il était là. Il était mon chez moi. Je fus bientôt poussée par Tom et nous allâmes dans le salon. Mon père portait Tom du côté gauche et j'étais collée à lui de l'autre côté. Le Colonel tenait Mary de la même manière que mon père me tenait. C'était sa petite princesse, sa fille chérie.
-Mais qu'est-ce que vous faites là ? Vous ne deviez pas arriver avant 3h ! fit Brian en venant les saluer.
-On a pris un vol un peu plus tôt et j'ai laissé Mary conduire. J'ai compris l'adage femme au volant, mort au tournant, ce soir.
Martin se mit à rire, mon père se prit un coup de Mary.
-J'ai roulé un peu vite, mais il ne faut pas exagérer. Bon, okay. J'ai roulé très vite, admit Mary en levant les yeux au ciel comme ses fils. MAIS, on est arrivé à temps pour l'apéro. D'ailleurs Martin, j'ai pensé à la tequila, mais j'ai la flemme d'aller la chercher alors..
-Tu essayes d'user de tes prérogatives d'aînée ?
-Non. Sinon, j'aurai dit va chercher la tequila et plus vite que ça. 
-Tu veux que j'aille la chercher Mary dans la voiture ? dis-je.Ça ne me dérange pas.
-Sarah, tu es trop chou, mais elle est juste dans mon sac à main.
-Les enfants, je ne crois pas que boire de la tequila avant d'aller à l'église, ce soit..
-Maman.. J'aurai juste préparé un thermo de Margherita, et on l'aurait bu après la messe. 
-Ou pendant..
Mary fronça des sourcils, mais je vis qu'elle était sur le point de rire contrairement à Mme Miller qui regardait son dernier né avec un petit air de désapprobation. Au moment de passer à table, Brian me tira ma chaise. Même sa mère leva le sourcil quand elle vit ça.
-Ça te tente toujours d'aller à la messe en calèche ? me demanda-t-il alors qu'ils étaient tous entrain de parler.
-Oui bien sûr ! 

Je remarquai que mon père ne touchait pas une seule goutte d'alcool, pas plus que Natalia ou le Colonel. Apparemment, c'était eux qui devaient conduire.

-Depuis quand tu portes des rubis ? me demanda-t-il brusquement alors que nous mangions un morceau de dinde absolument succulent.

Je regardai le bracelet que je portais. 
-Je n'ai pas le droit de porter des rubis ? C'est une prérogative des Miller ?

-Qu'est-ce qui est une prérogative des Miller ? me demanda le Colonel.

-De porter des rubis. Brian semble étonné que j'en porte.

-C'est juste que je ne connaissais pas ce bracelet..
Je souris.
-Je ne le mets pratiquement jamais. Il a une trop grande valeur. 
-En même temps, il est gigantesque. 
-C'est un bracelet que mon arrière-grand-mère m'a offert quand j'avais 4 ans. Il était à ma taille à cette époque et tous les ans à mon anniversaire, elle le fait rallonger de quelques centimètres. C'est pour ça que maintenant, il fait trois fois le tour de mon poignet.
-Il est tout à fait splendide, avoua Mary.
-Ça veut dire que tu n'auras pas besoin de piquer les bijoux de ma mère en plus de ses vêtements..
-Ah oui Mary, Brian a été super choqué de me voir avec une de tes robes. Il ne me croit pas quand je lui ai dit que c'était normal de s'emprunter des affaires dans une même famille.
-C'est normal mon chéri. Sinon, je n'aurai pas mis à sa disposition ma garde-robe. Où est-ce que tu vas Martin ?
-Faire le genre de truc qu'on ne dit pas devant les enfants.

Mary fit la moue et lui demanda en Espagnol s'il comptait aller se palucher. Brian commença à s'étrangler de rire, le Colonel demanda à sa fille de bien vouloir arrêter d'être vulgaire. Mary leva les yeux au ciel. Brian n'en pouvait plus. Il se leva et on entendait son rire résonner. Quand il revint, il avait des larmes au coin des yeux. Il reprit sa place et quand il croisa le regard de son oncle, il se remit à rire. Nous ne prîmes pas le dessert immédiatement, nous allions le prendre après la messe. Je demandai à Brian si je devais m'habiller de manière particulière. Il fit la moue.

-Bah.. comme pour aller à la messe de Noël, tu t'habiles pas comme si tu allais faire le tapin. En gros, tu mets juste un manteau. Tu es très bien comme tu es. Tu pourrais me ramener le manteau et la couverture qu'il y a sur mon lit ? Je vais aux écuries. 
J'allai prendre mon manteau et mes bottes. Je me recoiffai et je mis une touche du rouge à lèvres que m'avait offert Mary. Je passai dans la chambre de Brian et je pris ce qu'il m'avait demandée. En descendant les escaliers, mon père me regarda bizarrement.

-Mais qu'est-ce que tu fais avec une couverture en laine ?
-On va à la messe, répondit Brian. 
Il me fit signe de venir et je sortis en faisant en clin d'œil à mon père. Je poussai un cri. Elle était telle que je me l'étais imaginée. C'était une petite calèche qui ne pouvait pas contenir plus de deux personnes. Elle avait deux grandes roues bleues d'un peu près un mètre et une capote recourbée noire en cuir qui pour le moment était rabaissée. Il y avait un fauteuil rembourré dedans.
-Elle est trop belle !!! 
-Madame, votre voiture est avancée. 
Je ris et Brian aussi. Il m'aida à monter et il s'assit juste à côté de moi. Je tournai les yeux et je vis mon père et Mary.
-Soyez prudent mes petits chéris. 
-Je suis toujours prudent Maman. 
Il prit les rênes solidement et la calèche se mit en marche. Je trouvais ça vraiment trop cool. Je me tournai et je vis la maison s'éloigner. Brian allait rapidement et il ne disait rien du tout. 
-Tu veux tenir les rênes ? 
-J'ai peur de faire une connerie et de nous tuer.

Brian rit et me donna les rênes. C'était amusant et au bout d'un moment, alors qu'il y avait un virage, il reprit le contrôle. Il y avait une lune absolument magnifique et le ciel était dégagé.
-Alors ? raconte. Tu en as emballé combien grâce à ta super calèche ?
-Aucune.
-Rhoooo, Tu es pas drôle Brian.
-Je suis sérieux. Je n'ai jamais fait un tour en calèche avec une fille en dehors de ma mère. Tu es la première.
-J'en suis honorée. J'éviterai de le raconter à Marc, parce que sinon il va croire que tu me dragues mais je trouve ça ultra cool. Je crois que c'est la meilleure balade de Noël de toute ma vie.
-Il n'en faut pas beaucoup pour t'impressionner dis-donc.
-Non pas vraiment. Quand je dis que je suis une fille simple et naturelle.. tu as vu cette superbe lune !! m'exclamai-je en pointant la lune du doigt. Merci Brian.
Je me penchai pour lui faire un bisou sur la joue et il me regarda avec surprise. 
-Ça me fait vachement plaisir. Je peux reprendre les rênes ?
Il me les confia et j'allai un peu plus vite en chantonnant, Let her go, de Passenger. Je demandai à Brian de prendre mon téléphone et nous prendre en photo tous les deux. 
-On n'a jamais fait de selfie tous les deux ensemble. Ça pourrait être drôle, tu ne crois pas. Je ne crois même pas que j'ai de photo de toi pour ma fiche de contact, ajoutai-je.
Il posa sa main sur ma hanche et me ramena vers lui, le temps de faire une photo. Il souriait de toutes ses dents. Il se l'envoya par la suite. 
-Ça t'arrive souvent de prendre en photo tes jambes ?
-J'avais envie. Je m'ennuyais dans mon bain. Je la trouve pas si mal cette photo. Bon, okay, je déteste mes jambes mais, je trouvais marrant d'envoyer ça à Marc.

-Y'a pas grand chose que tu aimes chez toi, en fait.
-Non.
-Il serait peut-être temps que tu apprennes à t'aimer, non ? D'ailleurs pourquoi tu as dit que Marc allait penser que je te draguais ? 
-Je lui ai dit qu'on s'est plutôt bien entendu depuis qu'on est à Miller House et.. je ne sais pas, il a cru que tu allais me draguer, qu'on allait coucher ensemble.. et en fait je ne sais même pas. Il s'est senti menacé. C'était bizarre et ça m'a gavé. 
-Alors, tu lui as envoyé une photo de tes jambes pour qu'il voit tout ce qu'il manque... hum. C'est machiavélique. Je suis sûr qu'il s'est senti.. serré dans son jean en voyant ça.
-T'es con.
-Si Alex m'envoyait une photo comme ça.. je trouverai ça plutôt excitant. Ne pense pas que je suis un fétichiste ou un truc comme ça, parce que c'est faux. Je trouve le corps des femmes excitant. Vous prenez tellement soin de vous. Vous êtes douces, vous sentez bon.. Vous êtes belles. J'adore les femmes. J'aimerai mourir par épectase.
-Moi aussi. On arrive quand ?
-Dans à peu près 5 minutes. Tu as déjà atteint l'orgasme ? finit-il par me demander.
-Je ne vois pas en quoi ça te regarde, mais je vais te répondre. Oui. À chaque fois. 
-Marc doit être.. doué.
-Ce n'était pas Marc. On a jamais couché ensemble. 
-Et il le sait ? Que tu n'es plus vierge ?
-Non. Je ne vois pas en quoi ça le regarde.
-Maintenant il ne pourra plus te dire que tu n'as plus d'expérience. En tout cas, j'imagine que ce devait être un gentil garçon. 
-Un vrai gentleman. 
-Je le connais ?
-Non. Il.. il n'habite pas ici. 
-Attends, tu veux dire qu'à Seattle...
Je rougis et tournai les yeux.. Brian hurla de rire.
-Oh merde, tu t'es envoyé un mec pendant que John opérait quoi.. C'est un truc de fou. 
-En fait, c'est pendant qu'il dormait dans la chambre en face. Mais on ne va pas chipoter.

Brian resta bouche bée et il émit un petit rire.

-Moi qui pensait que tu étais une petite fille ennuyante.. je me trompais. Ça me fait plaisir de me tromper. Par contre, je ne suis pas certain que ton père acceptera de laisser dormir Marc à la maison.
-Alexandra dort bien à la maison. 
-En fait, elle est restée une seule fois avec les parents et sérieusement, il l'avait mise dans la chambre d'amis à côté de la leur, j'ai attendu qu'ils dorment pour aller la chercher. Mais Marc.. c'est pas possible. Et puis.. étrangement, je pense que ton père a moins de mal à accepter que je couche avec une fille dans mon lit que toi avec un mec.
-C'est assez dégueulasse d'ailleurs.
-C'est vrai. Mais.. c'est gênant. Je peux te le dire. C'est pas terrible, on est mieux quand on est tout seul. On est arrivé. 

La petite église de Crowell était toute mignonne. Il y avait encore des gens sur le parvis. Brian arrêta le cheval et sauta en bas de la calèche avant de m'aider à descendre. Il releva la capote de la calèche et prit la couverture qu'on avait mise sur nos genoux. Il en recouvrit le cheval et l'attacha avant de me rejoindre. Ma belle-mère nous attendait pour qu'on rentre dans l'église Brian et moi. C'est à ce moment précis que je remarquai que Brian connaissait vraiment tout le monde. Tout le monde l'appelait par son prénom. Une dame se pencha vers lui mais je n'entendis pas ce qu'elle lui dit parce que Tom me parla à ce moment là. Il me montrait les vitraux. Aussi, je fus extrêmement surprise de voir Brian se lever pour aller lire. J'étais tellement surprise, que je n'entendis que la fin de la lecture : Voilà ce que fait l'amour invincible du Seigneur de l'univers. Je le regardai revenir à sa place avec un de ces sérieux ! Je vis sa main trembler pourtant quand il revint à sa place et je n'étais pas la seule à l'avoir remarqué parce que sa grand-mère qui était à côté de lui posa sa main sur la sienne. 
À la sortie de la messe, je vis Mary et Martin entrain de rire et ils se mirent à courir vers la calèche qu'ils détachèrent et ils montèrent dedans.

-On se rejoint à la maison les gosses ! lâcha Martin.
-Mais.. vous abusez un peu non ? 
-Je t'ai mis au monde, et c'est comme ça que tu me remercies ? dit Mary alors qu'elle avait le thermos de Margherita à la main et qu'elle se servait.
-Ça n'a rien à voir...
-Soyez prudent quand même, leur lança mon père en posant son bras sur moi. Vous avez commencé à picoler en venant.
-T'inquiète John, on a fait pire quand on était jeune.
-Si c'est censé me rassurer Martin, c'est raté.

Les deux Millers éclatèrent de rire et s'éloignèrent rapidement en riant et en lançant des Joyeux Noël à tout bout de champs. Brian et moi fûmes contraints de revenir dans la voiture de mon père qu'il conduisait. Mais c'était amusant parce que Natalia était là et qu'elle était finalement aussi délurée que son mari. Quand nous arrivâmes à Miller House, Mary et son frère étaient entrain de se courir après et de se lancer des boules de neige. Quand elle vit mon père elle courut derrière lui et il se prit une boule en pleine tête. Martin hurla de rire et mon père se vengea. Est-ce que je pensais qu'il y avait une autre famille à part la mienne, où les adultes faisaient des batailles de boule de neige ? Non. Mais ça me faisait rire. Natalia participa aussi. Brian, lui rentra dans la maison et je le suivis. 
-Où sont vos parents ? nous demanda Mme Miller. 
-Ils sont entrain de faire une bataille de boules de neige dans le jardin.
Quand Tom entendit ça, il sortit de la cuisine en courant et il cria de manière tribale. Quand ils rentrèrent, ils avaient de la neige dans les cheveux. Nous prîmes le dessert qui était délicieux. La grand-mère de Brian et Tom était vraiment douée en cuisine. 
-Bon Tom, il est temps que tu ailles te coucher, fit mon père. 
-Tu viens me lire une histoire ?
-Oui bien sûr. 
-Attends.. Maman, faut pas que tu oublies le verre de lait et les gâteaux pour le Père Noël. 
-Je n'oublie pas chaton.

Mon père le prit dans ses bras et Mary le regardait avec un amour débordant. Je me demandai si je regardais Marc avec un tel amour. Est-ce que je ressentais un tel amour pour lui et lui pour moi ? Mary mit un verre de lait et une assiette de gâteaux sur la table. Nous ne tardâmes pas à aller nous coucher. Alors que je finissais de me démaquiller, je reçus un message de Chuck. C'était une vidéo. Il était à l'extérieur et je voyais le soleil qui commençait à se lever derrière lui. Salut Sarah !! Je voulais te souhaiter un joyeux Noël et regarde, tu vois ça ? (Il me désigna une petite boîte emballée) c'est ton cadeau, j'ai hâte de le donner en main propre. Mais avant, j'ai un autre cadeau pour toi. Je t'offre Paris, le matin. Comme ça, c'est comme si tu y étais. C'était une vue absolument magnifique, je voyais les toits enneigés. Je m'assis sur le rebord de ma baignoire. Voilà, reprit la voix de Chuck, j'espère que tu as apprécié. Je t'embrasse, et encore une fois, joyeux Noël. Il me fit un bisou de la main et il me l'envoya et la vidéo cessa. J'étais déjà en pyjama et je me lançai sur mon lit. Je regardai encore la vidéo. Ce gars là était adorable. J'appelai Marc. Il me répondit aussitôt. Je me glissai entre mes draps. 

-Je suis désolé.
-Je ne t'en veux pas. Par contre, je veux que tu fasses quelque chose pour moi. Tu peux le faire Marc ?
-Je suis dans mon lit, mais oui, dis-moi. 
-Je veux que tu fermes les yeux. 
-Je peux le faire, rit la voix de Marc.
-Maintenant, je veux que tu m'imagines juste devant toi.
-Hum. Comment es-tu habillée ?
-Je suis dans un pyjama en soie verte, avec un short et un débardeur et tu sais ce que je suis entrain de faire.
-Oui, tu es entrain de m'enjamber et tu t'assois sur moi. 
-Absolument, continuai-je en souriant et en sentant qu'il souriait. Et là, je suis entrain de bouger mon bassin doucement au dessus de toi. 
-Et moi je place mes mains sous ton débardeur pour te l'enlever, juste avant que tu ne retires le mien. 
C'était étrange. Entendre la voix de Marc me dire tout ça. Ça me donnait des frissons. Je fermai les yeux.
-Je glisse une main dans ton bas de pyjama et..
Je l'entendis gémir.
-Sarah, me fit la voix un peu rauque de Marc. Caresse-toi.
J'ouvris les yeux. Il venait de me demander quoi ?
-Tu m'as bien entendu, fit-il comme s'il lisait dans mes pensées à travers le téléphone. 
-Je n'ai jamais fait ça.
-Il y a une première fois à tout. Écarte un peu les cuisses et glisse une main dans ton bas de pyjama. Fais-le pour moi.
-D'accord.

J'avais le cœur battant et je fis ce qu'il voulait. C'était étrange. Il me guidait de sa voix et la sensation.. j'avais l'impression d'être dans cette chambre d'hôtel avec Chuck; Sauf que ce n'était pas Chuck que j'avais sous mes yeux mi clos. C'était Marc. Je sentais une chaleur dans mon bas ventre et mes muscles se resserrer. Ma respiration devint saccadée. J'entendis Marc gémir. Au moment où je l'entendis jouir, j'arrêtai tout d'un coup. J'avais l'impression de faire quelque chose d'interdit. J'étais fébrile, mais je savais que je n'irai pas plus loin. Mon cœur battait rapidement.

-Personne ne m'avait jamais fait un cadeau comme ça. Merci. J'espère que tu as aimé toi aussi.
-Oui, soufflai-je.
Je savais que j'étais rouge. Je lui souhaitai un Joyeux Noël et je restai avec les yeux ouverts le temps que mon cœur rebatte à une vitesse normale et que le sang arrête de pulser entre mes cuisses. Je ne savais pas où était passée la Sarah de septembre. Celle qui n'avait jamais eu de petit ami. Celle qui n'avait jamais embrassé un garçon. Est-ce que cette fille là aurait été capable de se masturber en écoutant un garçon au téléphone ? Sûrement pas non. J'étais différente. Et ça, c'était en partie grâce à Marc, mais aussi grâce à Chuck. J'étais fatiguée et je ne tardai pas à m'endormir. Je fus tirée du sommeil par une main froide sur mon visage. J'ouvris les yeux et je vis Brian..
-J'ai encore fait un cauchemar ?
-Non. Enfin, pas que je sache, il est 3h30, tu veux que j'aille poser tes cadeaux sous le sapin ? 
-Maintenant ?
-Je te rappelle que Tom sera debout dans 4h.
-J'arrive. 

Je me glissai hors du lit et je pris mes cadeaux. Brian avait disparu, je le retrouvai à la porte de sa chambre avec des paquets en main et nous descendîmes les escaliers. Nous entendîmes des rires étouffés depuis la cuisine. Le verre de lait était à moitié plein seulement. Brian prit un biscuit et il posa ses cadeaux un peu partout et je fis pareil.

-Tu sais Maman, je t'ai entendu, tu peux te montrer.
Mary passa sa tête de manière penaude et je vis bientôt mon père et Martin la suivre. Je les embrassai et retournai me coucher, suivie de Brian.
-Tu as envie de dormir ?

-Non. Pas du tout. Tu m'as réveillée je te signale.
-Ça te dit de.. regarder un épisode de Game of Thrones avec moi ? Je suis entrain de me refaire la série.
Je regardai Brian en penchant la tête.
-Okay, mais si je m'endors, faudra pas m'en vouloir.
C'est à ce moment là que je remarquai qu'il avait embarqué les gâteaux du père Noël dans une serviette en papier. Il me fit un clin d'œil. Nous nous installâmes sur son lit. 
-Pas de Tai Chi ce soir ?
Il sourit. 
-Non. Pas ce soir. Demain peut-être. Je verrai. Tu devrais te mettre sous la couette, tu vas attraper froid sinon.

Je lui obéis et je m'endormis peu de temps après. Ce n'était pas voulu. Je me réveillai le lendemain emprisonnée dans les bras de Brian. En réalité, c'est le bruit d'une porte qui se refermait qui me réveilla. Je regardai l'heure sur son iPhone. Il était 9h du matin. Je me retournai et je le secouai. Il cligna des yeux.

-Brian, il est 9h du matin, on devrait se lever, tu ne crois pas ?
-Quoi ? Il est 9h ?
Il se frotta les yeux et il se leva. Il retira son T-shirt et fila dans sa salle de bain. Okay. Bonjour à toi aussi. Je me levai et j'allais dans la mienne. Je me lavais et m'habillai rapidement. Tellement rapidement que je retombais sur Brian. Il était entrain de boutonner sa chemise dans le couloir.
-Jolie robe.

Je portais une petite robe fluide écrue avec une ceinture marron. Elle n'avait rien de particulier mais étrangement, pour une fois qu'il me faisait un compliment, cela me fit plaisir. 

-Jolie chemise.

Il sourit. Il passa devant moi dans les escaliers et quand nous arrivâmes dans le salon, il y eut un silence qui me fit rougir. Qu'est-ce qu'ils avaient tous à nous regarder aussi bizarrement ?


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