Une soirée romantique

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-Tu as intérêt à me ramener un cadeau de France ! 
-Et toi du Texas !

Il restait un jour de cours mais Sophie partait dès le lendemain vers 11h, mais pour le moment nous étions toutes les deux chez elle, en pyjama dans sa chambre.
-Je t'enverrai un mail par jour. De toute façon, je serai toute seule avec mon père contre la famille Miller alors.. je vais me sentir seule. 
-Ils n'ont pas changé d'avis pour Aspen ?
Elle se mordit la lèvre inférieure. Elle était désolée pour moi.
-Tu sais Sarah, pour avoir déjà été au Texas, c'est mignon l'hiver. Et puis, je crois que tu devrais en profiter pour apprendre à mieux connaître Brian. Peut-être que sur un terrain neutre...
-Neutre ? On est dans sa famille ? Je serai un infériorité. C'est une évidence.
On frappa à la porte de Sophie et son père passa sa tête.

-Désolé. Sophie, ta mère veut te voir sur le champs. Elle est entrain de faire sa valise.
-Elle ne peut pas demander à la domestique de l'aider ? 
-Je crois qu'elle est sur le point de demander sa démission à cause de ta mère.. soupira Nicholas en levant les yeux au ciel.
La crise entre Nick et sa fille était définitivement passée. D'après Sophie, il avait eu des gros soucis à son travail après le retrait d'un client très important et en tant qu'associé, il avait beaucoup investi de temps et d'argent. Il avait eu peur de tout perdre. Mais d'après ce que j'avais compris, c'était arrangé, grâce à ses relations. Sophie se leva de son lit et sortit me laissant seule avec son père.
-J'avais l'intention de me faire un Irish Coffee, tu en veux un ? J'ai souvenir que chez les McAllister, c'est un peu une boisson fétiche.
-Oui, je veux bien, je vais venir avec vous. Vous avez de la chance de retourner en France.. Henry doit être tout excité non ? 
-Oui, un peu. Il a peur aussi, me répondit le père de Sophie en descendant les escaliers. C'est pas facile de présenter sa petite amie pour la première fois. 
Je me sentais chez moi chez Sophie. Je connaissais les lieux par cœur. D'ailleurs, j'en avais rien à faire de me montrer en pyjama devant le père de ma meilleure amie.
-Je peux te poser une question Sarah ? 
-Oui bien sûr Nicholas ! dis-je en sortant des tasses. 
-Qu'est-ce que tu penses du jeune Cameron ? Je trouve qu'il passe beaucoup de temps avec ma fille et..
-C'est un gars absolument adorable et je l'adore. Il est poli, il est gentil, ce qui est rare chez les garçons, de son âge et je parle en connaissance de cause. Pourquoi, vous ne l'aimez pas ? 
-Je me renseigne c'est tout. Je ne voudrais pas qu'il fasse du mal à Sophie.
-Il ne lui en fera pas. Je ne crois pas. Pas volontairement du moins. Et puis, s'il lui fait du mal et que vous lui pétez les genoux, mon père ne lui donnera pas de morphine à l'hôpital quand il ira...
-Je lui ai déjà demandé de ne pas le faire. En fait, j'ai cru comprendre que ton oncle James était venu ? Il est toujours à Washington ? 
-Oui oui, il est toujours là-bas.
-Je vais devoir y aller en février, ça me ferait plaisir de le voir, tu pourras lui transmettre mon numéro pour qu'il me contacte ? Je ne voudrais pas le déranger ? 
-Vous ? Déranger un McAllister ? Les Harper et les McAllister sont faits pour s'entendre, y'a pas à demander. Je vais vous donner son numéro, ce sera plus simple.. je veux dire, y'a pas de malaise entre James et vous ? Il a pas piqué une de vos copines ou l'inverse ? Il est assez rancunier..
-Non pas du tout, on s'est juste perdu de vue quand il est parti il y a 10 ans.
-Je vous l'enverrai sur Facebook.
Sophie redescendit à ce moment là.
-C'est bon, la valise est terminée et personne ne va démissionner ! Oh un Irish.. tu as McAllisterisé mon père Sarah ? 
-Pas du tout ! Je te sors une tasse ?
-Je vais le faire.

J'aimais bien venir dormir chez Sophie. Pas de Brian, pas de Tom. Un régal même si je n'avais rien de particulier contre Tom. Il était juste bruyant. Comme tous les enfants. Le lendemain quand je me réveillai pour aller en cours, je ne fis pas beaucoup de bruit pour ne pas la réveiller. Elle me rejoignit alors que je prenais le petit déjeuner en compagnie de son père.

-Je vais emmener Sarah au lycée Papa. Et ensuite, on ira à l'aéroport Maman et moi. Tu es sûr et certain que tu ne veux pas venir avec nous ce matin et que tu nous rejoindras plus tard ?
-Je n'ai pas le choix. Je partirais ce soir. Sophie, je compte sur toi pour être gentille avec ta mère.
-Oui bien sûr. Tu m'as juste condamnée à parler de maquillage et de mode pendant tout le trajet LA-Paris. Mais je vais faire semblant de dormir.
-Moi aussi je t'aime mon ange. Bon, Sarah, passe de bonnes vacances de Noël
Il m'embrassa sur la tempe et je restais seule avec ma meilleure amie. Cette dernière m'emmena au lycée. Elle passa juste prendre certains livres de cours qu'elle avait oublié dans son casier et elle repartit. Du moins, elle essaya. Parce que Chris arriva. Depuis l'accident au volley quelques semaines plus tôt, la copine de Paul mettait beaucoup de fond de teint pour cacher le bleu qui se résorbait lentement sur son visage. 
-Harper ! Si tu crois que je ne sais pas que tu as fait exprès pour mon nez, tu te fourres le doigt dans l'œil. Tu le paieras amèrement.. 
-Je ne sais pas de quoi tu parles et..
-Sophie ! Qu'est-ce que tu fais là ? 
Paul arriva, tout sourire, inconscient de ce que sa copine était entrain de dire quelques secondes plus tôt.
-Je croyais que tu partais en vacances plus tôt.. enfin d'après Brian..
-Oui oui, je suis juste venir prendre quelques affaires dans mon casier.. Passe de bonnes vacances Paul.
Ce dernier lâcha sa copine et prit ma meilleure amie dans ses bras et lui planta deux bisous sur les joues que Sophie lui rendit. Ils allaient vraiment bien ensemble. Cela me rappela nos jeunes années...
-Tu souhaiteras un bon anniversaire à ta mère de ma part, c'est demain, non ? 

-Oui, oui, c'est demain, répondit Paul en souriant d'un air attendri. Il faut que j'aille en cours. Salut ! 

Chris était dégoûtée et Sophie passa à côté d'elle comme si elle n'était pas là. J'adorais ma meilleure amie. Elle était parfaite. Ma journée de cours se passa relativement bien. Je passai mon midi avec d'autres copines. Dès que je croisais Brian, il avait sa langue collée dans la bouche de sa copine. Depuis près d'une semaine tout le monde portait des bonnets de Noël et celui de Brian détonnait par sa couleur bleue nuit. Étonnamment, cela faisait ressortir la couleur de ses yeux. Il en avait offert un autre à Alexandra. Tant et si bien qu'ils étaient le couple en bleu pour toute l'école. J'avais demandé à Mary si elle pouvait m'en fournir un et celui qu'elle m'avait offert était d'un rouge bordeaux. Il était splendide. Elle disait qu'il faisait ressortir la couleur de mes yeux verts.
-Sarah ? 
-Oui Brian ? 
Il tenait toujours sa petite amie contre lui et il souriait d'un air abruti.
-J'ai reçu un message de ton père, il aimerait que tu ailles chercher Tom. Il a dit qu'il a pas réussi à te joindre.
-Normal, j'ai plus de batterie, alors je l'ai éteint. Je ne peux pas aller chercher Tom, je ne suis pas en voiture..
-Je te passe ma voiture, faut juste que tu la ramènes à la maison. 
-Tu me passes la Batmobile ? Qu'est-ce que cela cache ? 
-Y'a une micro-fête avec les mecs de l'équipe, juste après mes cours, soit une heure avant que tu finisses... Ce sera pas fini à temps pour que je passe chercher Tom. Et je ne suis pas certain d'être en état de conduire. Sauf si tu préfères que j'aille chercher Tom en ayant bu..
-Okay, je vais le faire. Les clefs de ta voiture ? Tu as de l'argent pour rentrer en taxi ? 
-Oui, je dois avoir ce qu'il faut ? 
-Sinon tu m'appelles, je reviens te chercher.
Alexandra éclata de rire.
-C'est vrai que tu n'as que ça à faire.. le taxi.. vu que tu n'as pas de vie sociale.
-En fait Sarah a une vie sociale, la reprit Brian à ma grande surprise. C'est juste qu'elle est responsable. J'ai une quarantaine de dollars sur moi, ça devrait suffire, ajouta-t-il en regardant son portefeuille. 
Il sortit 5$ qu'il me tendit.
-Tom va vouloir une glace. Il a toujours droit à une glace lors du dernier jour des cours. Je vais pas te laisser payer.
-J'ai largement de quoi lui payer une glace. Range ton argent, je trouve ça insultant.
Je me détournai mais il me rattrapa et me colla le billet dans la main.
-Je t'ai dit que je n'allais pas te laisser payer. Un point c'est tout.
Cet idiot m'énervait à toujours être aussi caractériel. Alors que je me rendais dans le cours de chimie, je vis une fille me regarder avec insistance.

-Qu'est-ce qu'il y a ? Tu as un problème ? 
-C'est toi la copine de Marc McDust ?
-Hum oui pourquoi ? 
Elle me regarda avec dédain. C'était une Senior, une dernière année et elle était très...superficielle. Une vraie pouffe selon les critères de Sophie et les miens aussi d'ailleurs. 
-Il me semble t'avoir posé une question, continuai-je avec le même dédain qu'elle.
-C'est juste que.. je ne comprends pas ce qu'il fait avec une fille comme toi. C'est tout. Tu n'es pas du tout son genre. Pas du tout. Je veux dire, tu n'es pas grande, tu n'es pas apprêtée, tu n'as pas de seins, tu es vraiment.. banale.
Dans sa bouche, ça voulait dire laide. 
-Et si tu allais te faire foutre, Simone pour voir ? Tu penses que tu es le genre de filles qu'il aime ?
La voix de Paul avait claqué durement derrière moi. Il émit un petit rire tout en se mettant entre nous. 
-Tu fais erreur ma belle. Tu n'es le genre de personne qu'il aime. Tu es juste la meuf qui suce dans les chiottes entre deux cours. Oh ? Tu croyais que j'étais pas au courant ? Je te rappelle qu'on est frère, on se dit tout. Tu sais comment il t'appelait avec ses potes ? Gorge profonde. Alors maintenant, si tu ne veux pas que ton petit surnom fasse la une du journal du lycée ou que je dise à Corbett ce que tu as fait avec mon frère... , je te conseille de dégager, fissa, 
J'étais abasourdie et je souris à Paul.
-Merci Paul, c'était adorable.
-Je t'en prie. C'est qu'une pute. Elle ne mérite pas de lécher la boue de tes chaussures. Bon cours ! 

Je trouvais ça super gentil de la part de Paul de me soutenir comme ça. À la fin des cours, j'allais vers la voiture de Brian. Elle était nickel. Cela me faisait bizarre d'être assise à la place du conducteur dans la voiture du fils de ma belle-mère.. Je mis mon téléphone dans son emplacement et je mis ma musique. Il y avait de la circulation. J'étais dans la voiture de Brian.. c'était quelque chose d'assez fou. Je regardai autour de moi. Est-ce qu'il s'était tapé Alexandra ou une autre sur sa banquette arrière ? Je regardai dans la boîte à gant alors que j'étais arrêtée par la circulation. Il y avait des chewing-gum de différents parfums, une boîte de bonbon à la sève de pin, des barres de céréales, des CDs, des crayons et un carnet. Sans oublier des préservatifs à trainer mais c'était Brian, ça ne me choquait plus. Je pris le carnet et je commençai à regarder ce qu'il y avait dedans. J'étais assez curieuse mais j'en aurais plus l'occasion par la suite. Il y avait des phrases écrites et des esquisses. Je ne savais pas que Brian dessinait. Je savais que c'était lui parce qu'il y avait une esquisse de sa mère assez bien faite. Je remis le carnet et je lui piquai une de ses barres de céréales. J'arrivai à temps pour la sortie des cours de Tom. Il me sauta dessus et il me montra la boule de Noël qu'il avait faite en arts plastiques. Elle était très jolie. 

-Pourquoi il y a des lettres dessus ? 
-Bah.. ce sont les lettres de nos prénoms.. Parce qu'on est une famille maintenant. Je suis content d'avoir un papa, tu sais. Est-ce que tu es contente d'avoir une maman ? 
-Ta maman n'est pas ma maman.
-Oui, je sais mais je veux bien te la prêter si tu veux. Tu veux bien me prêter ton papa ? Parce que j'aime bien John. C'est le seul qui a été gentil avec moi.

-Le seul ? Tu parles des anciens petits-amis de ta mère ? 

-Oui. Ils étaient pas très gentils avec moi, ils me punissaient parce qu'ils trouvaient que j'étais trop bruyant. Alors que John lui, il rit toujours quand je parle.

Je souris et lui assurai qu'il pouvait m'emprunter mon père quand il le voulait. Je l'emmenai chez le glacier où il commanda une immense glace avec pleins de caramels et de sauce au chocolat.

-Je peux te dire un secret que tu ne répèteras pas ? 

-Évidemment Tom.

-J'ai beaucoup prié pour avoir un Papa. Tout le temps, depuis que je suis tout petit. J'ai toujours voulu en avoir un. C'est pour ça que je suis content depuis que Maman a épousé John. Tu veux de ma glace ? 

-C'est gentil merci.

Je plongeai ma cuiller dans la glace caramel beurre salé. Elle était délicieuse. Lorsque je rentrai à la maison avec Tom, je vis Brian sortir d'un taxi avec sa petite amie. Quand j'arrivai, je lui lançai ses clefs juste après m'être garé. Alexandra était remontée dans la voiture.

-Briaaaaaan ! J'ai mangé une glace énooooorme.

-C'est cool ça buddy.

-C'est la meilleure glace que j'ai jamais mangé. Même avec toi, les glaces ne sont pas aussi bonnes.

Je passai devant Brian qui venait d'ouvrir la porte et lui rendis ses 5$.

-Je n'ai pas besoin de ta charité pour offrir la meilleure glace du monde à Tom. 

Je commençai à enlever mes chaussures dans l'entrée et je montai dans ma chambre pour me changer et enfiler une robe.
-Sarah ? Tu peux.. non mais tu peux arrêter de toujours te montrer en sous-vêtement devant moi ? Okay j'ai compris que tu avais follement envie de mon corps d'athlète -qui n'en aurait pas envie- mais quand même, tu abuses..
-T'es un grand malade. Sérieusement. Tu es taré.
-Ouais.. peut-être. En tout cas, j'ai encore vu ta culotte. Enfin bref, Tom voulait faire un jeu de société, tu veux venir jouer avec nous ? 
-Okay, ça marche. J'arrive. Les parents rentrent quand ? 
-Le plus tard possible, j'espère.. tu mets des collants ? Pourquoi pas des bas auto-fixants ?
-J'en ai plus et je pense pas que.. non mais attends, tu peux me laisser le temps que je m'habille ? Je vais finir par croire que c'est toi qui est fan de mon corps..
-Estime-toi heureuse que je ne sois pas un pédophile et que cette vision ne me donne pas envie de te prendre sauvagement contre le mur.
-Tu en serais incapable, dis-je dégoûtée encore une fois par ses répliques. Je suis sûre que tu es du genre à appeler ta mère pendant l'orgasme.
-Non pas du tout, je suis du genre à dire le prénom de ma partenaire.. pas nécessairement actuelle d'ailleurs. On t'attend en bas.

Lorsque je descendis, je vis Tom dans le salon entrain de mettre le jeu. Je vis Brian revenir avec un plateau et 3 verres.
-C'est quoi ? 
-Un Ginger Bull.
-Un quoi ? 
-Un cocktail à base de Gingembre, de bière et de Red Bull. Goûte. Tu vas aimer, je pense, sourit Brian en prenant place sur des coussins en face de moi. Tu sais quoi Sarah ? Je pense qu'on devrait faire un cadeau à ma mère et à ton père.
-Comme ? demandai-je avec précaution tout en jetant un coup d'œil à Tom qui croyait toujours au Père Noël d'après mes informations.
-J'ai 150$ de libre et..
-Et bah ! Toi qui avait besoin d'argent le mois dernier, tu t'es refait, comme quoi me taxer de l'argent t'a enrichi.
-Rien à voir avec toi, j'ai joué au poker, c'est tout et j'ai eu de la chance. Bref, j'ai envie de faire un truc bien pour ma mère. Je pense qu'on devrait s'y mettre à deux. Leur offrir une soirée romantique. On garderait Tom ce soir et on leur offrirait une suite dans un grand hôtel..
-Ça cache quoi ? 
-À l'approche des fêtes de Noël, c'est le grand boom pour ma mère, tu vois ? Ils travaillent d'arrache-pieds dans la presse. Regarde, elle ne finit que le 24 décembre.. John aussi d'ailleurs mais ce soir, c'est une soirée de libre pour eux et je me dis que ce serait juste cool.
-Tu as raison. Tu as besoin de combien ? Arrête de faire semblant de réfléchir, tu veux que je double ta mise de départ, c'est ça ? 
-Ouais ce serait cool. Avec un budget de 300$, ce serait..
-Moi aussi je veux faire un cadeau à Maman.
Brian sourit à son petit frère et lui ébouriffa les cheveux avec affection.
-On ne va pas te prendre ton argent Tom. 
Le petit garçon se leva et courut dans les escaliers. Il revint avec sa tirelire en forme de cochon. Il l'ouvrit et il poussa le tas de pièces et de billets vers Brian.
-C'est pour faire un cadeau à Maman. 
-Okay. 
Brian préleva un billet de 1$ de la tirelire de son frère.
-On a pas besoin de plus, tu peux ranger ton argent maintenant Tom. 
Ce dernier le regarda avec ses grands yeux couleurs du ciel et il fronça un sourcil.
-Tu ne peux rien acheter avec 1$. Tiens. Prends ça.
Il lui donna tous les billets de sa tirelire et il rangea les pièces. 
-Il y a 15$. Là tu peux lui acheter quelque chose. Un gros bouquet que John pourra lui donner. Comme ça elle va l'aimer encore plus. Qu'est-ce que tu en dis ? 
C'est alors que j'eus une idée.
-Tu connais le mot de passe de l'adresse mail de ta mère ? 
-Son iPad est à la maison.. pourquoi ? ajouta-t-il avec suspicion.
Je souris et quand j'exposai mon idée, Brian me sourit. C'était la première fois qu'il me regardait avec cet air. Un air dépourvu de toute animosité.
-On fait ça ? Que ceux qui sont d'accord, lèvent la main ? ajoutai-je.
Tom leva immédiatement la main, moi aussi et Brian se leva en riant. Il avala la fin de son cocktail.
-On a du pain sur la planche. Bon, je te laisse avec Tom pour aller chercher des fleurs et moi je m'occupe des courses et de la cuisine aussi apparemment. Tu me passes les clefs de l'appartement ? 
-On va t'accompagner.. s'il n'y a pas de vases, ce sera désastreux..

Je remis mes chaussures et mon manteau et je montai en voiture avec les frères Miller. Au lieu de dépenser des centaines de dollars qui allaient forcément lui manquer à un moment donné (connaissant la réticence de Brian à demander une rallonge d'argent de poche à sa mère), j'avais proposé de leur concocter une soirée romantique dans l'appartement de mon père, celui qu'il avait transformé en salle de gym, du moins.. pour le salon. Nous avions quelques heures devant nous. Il y avait des appareils de gym, mais la fonction première de l'appartement avait été sauvegardée. Je n'avais pas mis les pieds là-bas depuis.. des lustres. J'étais plus que certaine que mon père avait emmené des femmes ici avant son mariage pour ne pas les ramener à la maison. C'était pour ça qu'il avait laissé du mobilier dedans. C'était sa garçonnière de célibataire endurci par le deuil. D'ailleurs quand j'ouvris la porte, je remarquai tout de suite qu'il avait changé la disposition des meubles.
-T'avais pas dit que c'était une salle de gym ? Sauf si on a pas la même définition. Parce que moi je vois un appart' cosy. 
-Je n'avais pas mis les pieds ici depuis longtemps.. La dernière fois.. Attends deux secondes..
J'allai dans la seconde chambre d'amis. Mon père avait transféré les appareils de sport ici. 
-Pas la peine de tergiverser Sarah, on a du boulot. Je me mets en cuisine, tu prépares la chambre, j'ai chopé deux bouteilles de champagne, je pense qu'on devrait en mettre une dans la chambre à coucher avec.. et bah John avait tout prévu apparemment.
Je me retournai vers Brian qui avait ouvert un placard et qui en sortait des flûtes à champagne.Il y en avait quatre. 
-Deux dans la chambre, deux pour la voiture. Tiens.. John aime vraiment le champagne à ce que je vois.
Il rangeait des aliments dans le réfrigérateur et il se mit à rire. Je me déplaçai vers lui. Il y avait deux bouteilles au frais. 
-Typique de mon père. Celle-là sont là depuis longtemps.. je le sais parce que j'étais là quand il les a mises. J'avais oublié. Tu as besoin de moi pour faire la cuisine ou on peut aller avec Tom pour chercher des fleurs ?
-Non c'est bon. C'est un repas pour deux. À la limite quand tu reviendras.. mais va chercher des fleurs..
J'allai avec Tom chez le fleuriste. Il choisit lui-même les bouquets. Cela me coûta une petite fortune, mais avec deux bouquets de 25 roses, je ne savais pas trop à quoi m'attendre. Je retournai à l'appartement et l'odeur qui se dégageait de la cuisine était superbe. Brian avait mis le dernier album des 3 Doors Down en fond et était entrain de siffloter.
-En fait Brian, qu'est-ce que tu ne sais pas faire ? Si j'ai bien compris tu fais du sport, du cheval, tu as appris à jouer de la guitare..
-Et du piano. Mais comme je te le dis, c'est un hobby. Je préfère largement faire du basket que rester assis pendant des heures à faire du solfège. J'ai été très attiré par la musique à un moment donné.. et puis j'ai changé. Tout simplement. Un hobby, rien de plus.
-Tu sais aussi cuisiner.
-Au lieu de dire des conneries, fais fondre le chocolat. 
-Je peux faire les deux, et comme on va se retrouver dans ta famille pour Noël.. je préfère ne pas dire un truc débile qui pourrait me ridiculiser. Et ta mère ne cesse de me dire que tu gagnes à être connu.. Alors où as-tu pris le temps d'apprendre à faire tout ça ? 
-Je sais monter à cheval depuis que je suis tout petit, parce que dans ma famille, on sait monter à cheval. C'est tout. Tom aussi sait monter à cheval. Pour le piano.. J'ai appris petit aussi, parce que.. je ne sais pas. Ma mère a décidé que je devais apprendre à faire de la musique donc j'ai fait de la musique. J'ai pris des cours pendant des années, en fait. Pas pour la guitare, par contre, j'ai appris tout seul, quand j'en ai eu marre de faire du piano. Je fais aussi du basket depuis que je suis tout petit. Je jouais avec les gosses de mon quartier et avec mes copains. J'étais juste bon alors j'ai continué. Et pour la cuisine, je t'ai déjà répondu au moins deux fois. On vivait à 3, donc au bout d'un moment, on ne peut pas toujours considérer sa mère comme sa bonne. Je ne sais pas si tu peux comprendre que.. j'aime ma grand-mère et ma mère. Ce sont probablement les seules femmes que j'aimerai toute ma vie de façon inconditionnelle. Quand ma mère est heureuse, je suis heureux, je ne peux pas en expliquer la raison. Mais je savais que quand je lui préparais quelque chose, même un œuf au plat, elle était contente parce qu'on s'occupait d'elle. Ma mère n'est pas faite pour être seule. Elle s'épanouit quand elle est en couple parce qu'elle s'occupe de quelqu'un qui s'occupe d'elle en retour. Elle a besoin de ça. Alors, je jouais ce rôle pour elle quand elle n'était pas en couple avec des gros cons. Et puis, ce ne sera jamais perdu. Quand je ne pourrais plus jouer au basket, quand je ne pourrais plus jouer de la musique et bah je pourrais toujours me faire à manger. 

Il ne m'avait jamais parlé comme ça. À cœur ouvert. Il était sincère. C'était la première fois. Je continuai à faire le gâteau au chocolat qu'il attendait. 
-Tu as pensé quoi de ma mère, la première fois que tu l'as vue ? Sois honnête.
-Qu'elle était vraiment belle. Et elle m'a parue intelligente. Mon père ne m'avait présentée qu'une femme avant elle. Et je l'avais détestée mais Mary... Elle respire l'amabilité et la confiance. Elle est maternelle. J'ai eu une très bonne impression. J'ai senti que c'était pas une pouf qui en voulait à l'argent de mon père contrairement à la précédente.
-C'est vrai que ton père est riche. Je me demande combien de femmes il a emmené ici une fois qu'il.. a fini de faire son deuil.
J'étais choquée que Brian ait pensé la même chose que moi. Était-ce si évident ? 
-On pourrait arrêter de parler de la vie sexuelle de mon père ? Tu peux m'ouvrir la porte du four ? 
Je cuisinais avec Brian. C'était assez impressionnant de le voir à l'œuvre. Il chantonnait et moi aussi d'ailleurs. Tom riait derrière nous. 
-C'est bon, j'ai mis les roses, dit-il.
Je me lavai les mains. Je lui avais dit d'enlever les pétales de la moitié d'un des bouquets et de mettre l'autre moitié dans un vase. Je lui pris le pot des mains et j'allais faire le lit. Je disposai des pétales de roses sur le lit et au sol, comme un chemin. Je pris des bougies et je les plaçai un peu partout. J'avais pris l'iPod de mon père et je cherchai la playlist du mariage. J'avais ramené des enceintes de la maison. Je sifflotais tout en écoutant I Will Always Love you
-Tu es une romantique en fait ! 

 La voix de Brian me fit sursauter. Il était dans l'embrasure de la porte. Il était entrain de s'essuyer les mains avec un torchon. Il me lança un briquet que je posai juste à côté des bougies de la table de nuit.
-Tu sembles toujours prendre les choses durement toi. Je pensais que tu aimais.. je ne sais pas. Les quickies.
-Pourquoi cela t'intéresse tellement de savoir si j'aime faire l'amour ou simplement baiser ? Je veux dire, je ne vois pas en quoi ça te regarde.
-Je.. ça n'a rien à voir avec le sexe. C'est juste que tu es tellement froide et distante. On se demande parfois si quelque chose peut t'atteindre. 
-Tu plaisantes ? 
-Évidemment que je plaisante. Je sais parfaitement ce qu'il faut faire pour t'atteindre. C'est juste que je ne pensais pas que tu étais autant romantique. 
Je repensai à Chuck. Toutes les filles méritent une première fois romantique avec bougies et musique douce. Je souris. Lui aurait compris. 
-
Je te demande pardon ? Tu sais quand même comment on fait les bébés ? C'est pas la première fois de ma mère. 
J'avais parlé à voix haute. J'étais conne. Je m'en voulais un peu. Je levai les yeux au ciel.
-Je voulais dire que c'est toujours agréable le romantisme. La sensation.. c'est comme si c'était la première fois à chaque fois. Ça rappelle.. le premier baiser, la première caresse. La première..
-Fellation, ajouta Brian en se tournant parce que Tom lui parlait. Oui, tu peux baisser le feu ? 
-Tu es un naze et tu gâches toujours tout. 
-C'est parce que tu as jamais fait de fellation à personne. Je peux t'assurer que ça peut être sensuel et romantique. 
Il me fit un clin d'œil et quitta la chambre. J'étais ulcérée. Il arrivait à gâcher tous les moments par sa vulgarité. 
-Tu es d'un vulgaire ! 
-Non, sinon j'aurais pas dit le mot en F. J'aurais dit le mot en P ou le mot en T. 
Je ne voyais pas du tout où il venait en venir et il éclata de rire. Il demanda à Tom de mettre la table. Et je regardai la cuisson de mes deux petits fondants au chocolat cœur praliné. 
-Je vais m'en occuper Sarah. Tu ne voulais pas porter une robe à ma mère et un costume à ton père par hasard ? 
-Si si ! 

J'avais envie de m'éloigner de lui. Avant de partir de la maison, j'avais été pioché dans le dressing parental. Je me rendis au building du travail de Mary et je fis déposer à l'entrée la robe sous plastique en précisant qu'ils devaient lui apporter et ne pas dire que c'était moi qui le faisait. Je me rendis par la suite à l'hôpital. Je vis un des amis de mon père et je lui demandai si je pouvais aller déposer un truc dans son vestiaire en toute discrétion. Son opération finissait une heure plus tard. Je n'avais pas beaucoup de temps. Je m'emparai des autres habits de mon père pour ne pas qu'il ait le choix. Nous avions prévu notre coup. En envoyant des emails à chacun des deux avec l'adresse de l'autre. Nous leur avions donné rendez-vous dans un coin de la ville. J'étais cachée avec Tom dans la voiture de Brian plus loin. Lui était resté à l'appart pour peaufiner la soirée. Je vis mon père arriver et quelques minutes plus tard je vis Mary. Elle était resplendissante dans une robe bleue marine près du corps et des talons vertigineux. Je plissai des yeux. Brian avait eu raison de dire qu'on était au cinéma. Elle était retournée à la maison pour aller chercher des chaussures. Tom était monté à l'avant de la voiture et il riait comme un fou. Je vis Mary poser sa main sur l'épaule de mon père qui se retourna et l'embrassa. 

-C'est à nous, dis-je en voyant mon père froncer des sourcils. Tu es prêt Tom ? 
Je me garai à leur niveau et Tom ouvrit la portière de son côté avec le gros bouquet de fleurs.
-Tom ?? 
Sa mère était surprise et à l'intonation de sa voix, je compris qu'elle avait sursauté de le voir là alors qu'il était censé être au cinéma. Je l'observai depuis l'extérieur. Je lui avais dit de donner le bouquet à sa mère et d'ouvrir la portière de derrière. Mary monta et quand elle me vit, elle pencha la tête sur le côté. Mon père monta à son tour, une fois que Tom eut repris sa place à l'avant.
-Mais qu'est-ce que vous manigancez tous les trois ? Où est Brian ? 
-Je suis désolée madame. Je ne suis que le taxi, je ne sais pas de quoi vous parlez. 
-Tom... fit sa mère.
-Et moi je suis le porteur de fleurs, se mit à rire Tom. 
-Je crois qu'ils ne diront rien, s'amusa mon père.
-Il y a une bouteille de champagne et des flûtes si vous voulez..
J'observai leurs réactions, Mary était ravi et mon père aussi. Il déboucha la bouteille et il trinqua avec sa femme. Ils étaient attachés mais Mary avait ramené ses jambes entre celles de mon père.
-C'est toi qui a prévu ça dans mon dos, John ? 
Mon père m'observa dans le rétroviseur et eut un sourire énigmatique à la McAllister. Elle lui donna un coup de coude et elle l'embrassa. Je passai exprès par un chemin plus long pour les embrouiller de toute façon. Ils étaient entrain de se regarder et je me doutais que j'aurai pu les emmener en Enfer, ils n'auraient rien vu. 
-Par contre, nous vous demanderons de vous bander les yeux jusqu'à notre arrivée à partir de maintenant. 
Ils obéirent. Ils étaient conscients que ni l'un, ni l'autre ne pouvaient faire quelque chose. Une fois arrivée dans le parking sous-terrain, je les aidai à descendre et je les menai dans l'ascenseur. Brian avait laissé la porte ouverte. Je leur demandai de retirer leurs entraves. Brian avait allumé des chandelles sur la table et un peu partout dans l'appartement d'ailleurs. Il pouvait se moquer de moi et de mon soi-disant romantisme. Il avait dû sacrifier une autre rose pour le chemin de table. Il avait rangé la cuisine. 
-Oh mes chéris, s'exclama Mary en mettant sa main devant sa bouche, émue.
-Vous prendrez bien une petite flûte de champagne ? demanda Brian en apportant un plateau avec deux coupes. Tout est au chaud, vous avez juste à vous servir et à profitez de votre soirée et de la nuit qui suit.
Mon père nous embrassa Tom et moi et une fois devant Brian, il sourit. Il ne savait pas vraiment quoi faire. Je m'en doutais. Aussi je fus très surprise quand mon père lui tendit la main, en profita pour l'emmener contre lui et lui embrassa la tempe. D'ailleurs Brian aussi était troublé. Il sourit très largement et eut pour la première fois depuis que je le connaissais un visage innocent et sincère. Il paraissait plus jeune. 
-On va vous laisser.

 Brian posa sa main sur ma hanche et prit la main de Tom dans la sienne avant de laisser les deux amoureux profiter d'une soirée bien méritée. Il m'ouvrit la portière et s'installa côté conducteur. Une fois à la maison, il récupéra la bouteille de champagne dans sa voiture. Il avait cuisiné une partie de l'après-midi, mais nous n'avions rien à manger. Il commanda des pizzas et nous finîmes le champagne des parents. J'étais un peu saoule. Je devais l'avouer. Surtout que Brian décida de faire un autre cocktail : Entente cordiale où il mélangea la bière et le champagne. Tom était couché et nous étions tous les deux.
-Tu sais quoi Brian ? C'était une super idée. Pour les parents.
-Oui. Je sais. C'était cool que tu aies participé. Qui sait, on aura peut-être un petit frère ou une petite sœur en commun dans 9 mois;
Je le regardai et je pouffai de rire. Il ne tarda pas à me suivre dans mon délire. On sonna à la porte et nous fîmes un chifoumi pour savoir qui allait y aller et je m'y rendis. Je me pris les pieds dans le tapis en me levant et il éclata de rire. J'ouvris la porte et j'eus la surprise de voir Alexandra à ma porte. Elle était en manteau. 

-Sarah ? Qu'est-ce que.. Alex ?!
Au ton de sa voix, il était aussi surpris que moi de la voir. Elle passa à côté de moi pour rentrer alors que ni Brian, ni moi ne l'avions invitée à entrer. Elle se précipita sur lui et elle l'embrassa. Brian leva les yeux vers moi et.. j'eus la sensation qu'il me faisait des excuses muettes. Mais c'était une impression de quelques secondes, parce qu'il leva son sourcil et je me sentis de trop. Je retournai dans le salon alors qu'il embrassait sa copine. Nous étions entrain de regarder le premier Hunger Games et il revint avec sa copine. Il se mit entre nous deux. J'avais envie de partir, mais j'étais chez moi ! Pourquoi est-ce que je devais fuir dans ma propre maison ? Sauf que je n'avais pas pensé au fait qu'ils étaient en couple. Ils passèrent la fin du film à s'embrasser à côté de moi et à se tripoter. Quand je vis la main d'Alexandra s'aventurer près de la braguette de Brian, je compris que j'étais vraiment de trop. Mais Brian arrêta la main de sa copine. Le film se termina deux minutes plus tard et je me levai rapidement pour rejoindre ma chambre. Mon téléphone sonna. C'était Ray.
-Heeeeey ! Comment ça va ??
Je souris en entendant Ray. 
-Ray ! Ça me fait plaisir de t'entendre !! On se fait un Facetime ? 
-Okay. J'ai une tête de zombie mais j'adorerai te voir.
Quelques secondes plus tard, je vis la tête de Ray. Il était chez lui, à New York. Je reconnus sa tête de lit. Il avait l'air crevé et assez anxieux. J'avais l'impression qu'il avait les cheveux plus long que la dernière fois que je l'ai vu. 
-Qu'est-ce qu'il y a ? Il y a un problème ? 
-On est rentré y'a une heure et j'ai vu les journaux. Putain Sarah, tu aurais dû me prévenir. Je suis vraiment désolé. Quand on est en tournée, on demande à notre staff de ne pas nous embêter avec les rumeurs et tout, parce que c'est très déconcentrant mais.. ça te concerne là. Les mecs sont furieux. Mon staff a tout de suite démenti, sans me prévenir mais.. je suis vraiment désolé. Je comprendrai que tu ne veuilles plus me parler..
-Parce que mon dos a été vu par le monde entier ? C'est pas grave Ray. J'ai été plus gênée vis-à-vis de toi que vis-à-vis de moi. Parce que ça te fait une réputation pas possible alors que..
Il sourit et se passa une main sur le visage.
-J'ai demandé des explications à Maeva, mais elle ne m'a pas encore répondu. Je vais essayer de savoir qui a vendu cette photo de nous. Tu as ma parole.
-Ray, c'est pas si gra..
-Sarah, me coupa-t-il avec force. Tu ne sembles pas comprendre. Si quelqu'un t'a pris de photo de dos... Qui te fait croire que cette personne ne t'a pas pris de face, de manière à ce qu'on te reconnaisse vraiment ? Je n'ai pas envie qu'on me fasse chanter pour ne pas diffuser cette photo ou encore que.. que tu aies une armada de paparazzi devant ta porte demain matin. Tu vois ? 
-Tu penses qu'on pourrait te faire chanter ? demandai-je après quelques secondes de silence.
-Je suis millionnaire Sarah. J'ai, sans prétention, de l'influence sur pas mal de gens. Alors oui, c'est tout à fait possible. Je suis sérieux.
-Sauf que tu as quelques semaines de retard. Ma belle-mère s'en est occupé. Elle est rédactrice chez Eighteen et elle a contacté le vendeur. C'était sur un appareil photo numérique et non pas sur un Cloud. Elle a racheté la carte mémoire de la fille qui lui a assuré qu'elle était la seule à avoir capturé le moment parce qu'on était les seuls sur le balcon à ce moment. 
-Elle a fait ça ? 
-Oui et elle a eu accès au serveur de la soirée où tous les invités ont posté des photos, elle a retiré toutes celles où je suis si tu veux tout savoir. Elle connait des informaticiens et si quelqu'un dit quelque chose, je suis mineure alors.. pas de souci. Elle les a toutes. Je vous les enverrai si vous voulez.

Ray soupira de soulagement et il finit par rire. Son visage s'était détendu.
-Alors tu fais quoi pour Noël ? lui demandai-je.
-Moi ? Oh, et bien mes parents et moi on reste à New York. Comme tous les ans. On reçoit toute ma famille. Je sais que Clive aussi reste par là aussi, on ira probablement faire une bataille de boule de neige à Central Park. C'est notre tradition.

-Et les autres aussi restent à New-York ?
-Heu.. non. Chuck est resté en France, sa mère a un concert là-bas le 24 au soir et il avait la flemme de faire l'aller-retour. Keito va dans la famille de son père en Illinois. Et Owen.. je crois qu'il passe Noël à Aspen, mais c'était encore en délibération de son côté. Et toi.. ?
-Texas dans la famille de ma belle-mère. 
-Tu n'as pas l'air ravie.
-J'aurais préféré passer Noël dans ma famille, mais bon ce n'est pas grave. Parait que le Texas, c'est mignon pendant l'hiver. 
-Tu peux peut-être essayer de négocier pour passer le premier de l'an dans ta famille. Tu n'as pas besoin d'être avec ton père pour ça, j'imagine. Après.. on fait une fête pour le premier de l'an dans la maison de la mère de Chuck. Si ton père est d'accord, je ne pense pas que ça gênera Chuck de t'accueillir chez lui.
-J'ai fait la conne et je suis légèrement privée de sortie en fait. Mon père est cool mais je ne pense pas qu'il me laissera pour une fête prendre l'avion et me retrouver seule sur la côté Est. 
-Okay, c'est comme tu veux. Je voulais te dire que tu étais la bienvenue.
-Ray ? Tu ne trouves pas que toute cette histoire est dingue ?

-Quelle histoire, celle des photos ? C'est vrai que..
-Non, le coupai-je. Notre histoire. Je veux dire, moi rencontrant une star internationale, qui lui fait une confiance incroyable. Je veux dire... tu ne me connaissais pas et tu m'as fait confiance aussi et.. tu ne trouves pas que c'est juste une histoire de dingue.
-Toutes les histoires sont dingues Sarah. Dès qu'on rencontre quelqu'un, c'est un nouveau défi. La question est si demain, je n'étais plus rien, est-ce que tu voudrais toujours avoir des contacts avec moi. Si je n'étais pas une célébrité, est-ce qu'on serait ami Sarah ?
-Oui. Ce n'est pas ton côté grande star que j'aime chez toi..
Je n'avais pas réfléchi en parlant.
-Ah ? Et qu'est-ce que tu aimes chez moi ? 
-Tout le reste. 
-Mon physique ? demanda-t-il en souriant et en se calant dans ses oreillers.
-C'est pas ce que je préfère. J'aime ton esprit tu vois. J'ai l'impression qu'on a les mêmes délires, qu'on est sur la même longueur d'onde, toi et moi. On arrive à se parler de tout et de rien comme si on se connaissait depuis des lustres. J'aime beaucoup ton rire. Il est communicatif. Et j'aime beaucoup quand tu chantes a capella aussi. Et tu es gentil aussi. Super gentil. 
-Je ne sais pas si je vais me remettre d'un aussi bon portrait. Apparemment je t'ai montré mes seules qualités. Tu resterais une semaine avec moi dans ma maison, je pense que tu changerais d'avis. 
-Sûrement. 
Cela le fit rire et moi aussi. Il se pencha sur le côté et il prit la canette qu'il avait.
-C'est quoi ? de la bière ? 
-Non, c'est de l'eau pétillante. Du Perrier. J'en ai ramené de France, ça coûte vachement moins cher.
-Et c'est vrai que l'argent est un grand problème pour toi, me moquai-je.
-Plus que tu ne le crois. Je suis mineur de la bande. Mon argent est géré par mes parents jusqu'à ma majorité. Ce qui n'est pas plus mal. On dirait pas comme ça, mais j'ai tendance à être un flambeur. Alors, j'ai le droit à 1% de mes gains par année, comme.. argent de poche. Je vais par me plaindre non plus. Après, y'a pleins de trucs que je paye jamais. Je ne suis pas comme Keito, je n'habite pas avec ma copine, tu vois. Ou Owen qui a acheté la maison. J'ai pas encore fait tout ça moi donc j'ai pas de frais ou d'impôts fonciers à payer.
-Ça veut dire que Chuck et Clive vivent encore chez leurs parents ? 
-La mère de Chuck est très très souvent en tournée. Donc c'est comme si il habitait tout seul et honnêtement Clive.. je suis pas sûr qu'il déménagera un jour. Sa famille est juste extraordinaire. Et puis.. ils vont tous à la fac aussi, eux donc.. campus pendant la saison creuse du groupe. En parlant du loup.. j'ai un appel de Chuck. Tu permets ? 
-Oui bien sûr. Je vais aller me mettre en pyjama.
Je l'entendis décrocher et j'allai dans ma salle de bain pour me laver le visage. Je ne me sentais pas très bien. J'avais trop bu. Je pris ma brosse à dents en espérant que ça passe et je me brossai les dents. Quand je revins, il raccrochait tout juste.

-Chuck te souhaite une bonne nuit. 
-C'est gentil à lui. En fait, je me demandais.. que représente 1% de tes gains ? 
Il se mit à rire.
-Hum.. dans les 150 000$. À peu près..La dernière tournée nous a rapporté environ 16 millions chacun. Celle d'avant un peu moins mais je ne compte pas l'argent des sponsors dedans. Tu vois, quand on fait la promo d'un produit, d'une marque, ça se rajoute.
16 millions ? QUOOOOOI ? J'étais abasourdie.
-Tu es clairement pas à plaindre. Je ne vais pas te dire combien j'ai d'argent de poche moi, tu vas te moquer de moi.
-Mais non. Je ne suis pas comme ça. Avant de gagner mon propre argent, sérieusement je devais avoir.. 40$ d'argent de poche ? Et encore, comme j'étais un peu du genre rebelle, je me le faisais sucrer régulièrement.
-Toi ? Un rebelle ? 
-On s'entrainait dans le garage des parents de Keito et une fois, y'a les flics qui sont venus. Il devait être.. 23h. Quand mes parents l'ont appris par une indiscrétion de la mère de Keito.. Adieu argent de poche.
-Ray le délinquant juvénile avec sa guitare. Ça devait être amusant.
-Avec le recul, oui. C'était drôle. Maintenant, je suis plus à plaindre. Le reste de mon argent est sur un compte en banque entrain de faire des intérêts. Au moins, je n'ai pas de souci à me faire pour la fac ou pour l'avenir..
-Clairement pas non. Mais en même temps, ce n'est pas comme si tu ne travaillais pas pour avoir cet argent. Tu es toujours sur les routes. Tu fais ce que tu aimes certes, mais c'est quand même vachement éphémère et épuisant.
-Je suis parfaitement d'accord. D'ailleurs quand on a commencé à faire de la musique de manière un peu plus pro, quand on s'est fait repéré, je veux dire.. je me souviens que nos parents s'étaient réunis dans mon salon et ils avaient discuté entre eux pour savoir ce qu'ils devaient faire. Et c'est vrai que c'était une évidence pour eux qu'on fasse nos études comme des ados normaux. La musique c'est bien mais comme tu le dis, c'est éphémère. Je compte bien aller à l'université et sortir avec un diplôme. 
-Dans quoi ? Qu'est-ce qui t'intéresse à part la musique ? 
-Le management, le business, la bouffe, les fanfictions, les mangas, les animaux, les comics, le pouvoir absolu.. ajouta-t-il en prenant une grosse voix avant d'éclater de rire en voyant ma tête ahurie. Non mais, je vais voir par rapport à mon SAT et à mon score. Après oui le management, ça m'intéresserait beaucoup, mais j'aimerai bien faire de l'architecture aussi. Je ne sais pas. En fait.. je trouve qu'on est super jeune pour déterminer ce qu'on doit faire dans la vie. À la fin du collège et au lycée, en gros, si tu ne sais pas ce que tu veux faire de ta vie, tu es considéré comme un raté.
-Je te comprends. On nous pousse à choisir notre voie très tôt en nous disant que certaines voies ne nous sont pas accessibles parce qu'on est pas bon dans un domaine à un moment X de notre vie. Comme si nos notes nous.. déterminaient. Alors qu'on peut simplement être un grand glandeur sans pour autant être un idiot fini. 
-Ouais voilà. Après, j'ai pas non plus ce problème. Je décroche facilement des A. Mais, j'ai la chance d'avoir des potes qui étaient des têtes au lycée et si y'a des truc que je ne comprends pas, je peux leur demander facilement. J'ai des profs particuliers en quelques sortes. 
-Tu as de la chance. Moi, je suis une bonne élève mais pas excellente. Il faut dire que je n'y passe pas non plus mes soirées tu vois. Dès que je travaille vraiment, j'ai d'excellentes notes mais.. c'est pas ma tasse de thé. J'aime bien travailler un minimum et avoir des bonnes notes quand même. Avoir une moyenne en B, en ne faisant pas grand chose, je trouve ça top, tu vois.
-SI je ramène un B chez moi, j'aurais pas le droit de sortir pour faire mon concert. Mes parents sont plus stricts que ton père.
-Mon père travaille beaucoup. Il n'est pas là quand je fais mes devoirs la plupart du temps. Je passe quoi.. 1h00, 1h30 max par soir à faire mes devoirs ? Et encore, c'est quand j'ai des disserts à rendre, parce que je m'y prends à l'avance donc je mets à peu près 30 minutes par soir pendant une semaine. Pourquoi on parle de notes et de devoirs ? On est en vacances ! m'exclamai-je en riant.
-Vacances bien méritées.
-En fait, Ray.. moi j'ai fait une petite liste de ce que j'aimais chez toi, mais toi tu n'as rien dit du tout.
-Tu veux savoir ce que j'aime chez toi ? Okay.. Déjà je te trouve belle.

Je piquai un fard et lui cela le fit rire. 

-Je suis sérieux, pas la peine de rougir comme ça, même si ça te donne un petit air innocent assez sexy. Tu as un sourire très doux et tu respires la gentillesse et la santé. Ensuite.. j'aime ton rire. Il n'est pas horripilant comme certaines filles. Il est toujours franc. Tu es franche et sincère. À vrai dire, c'est ce qui m'a frappé chez toi. Tu as tout de suite été sincère avec moi, presque brusque. J'aime le reflet que tu me renvois de moi-même. Tu vas trouver ça égoïste de dire ça mais c'est vrai. Quand je me vois à travers tes yeux, je vois juste un jeune homme de 17 ans, pas une célébrité qui ne peut pas aller courir le matin sans se faire photographier. Je vois juste quelqu'un de normal. Je me sens normal, je me sens moi-même quand tu es à côté de moi. Comme quand je suis en famille ou avec les mecs. Tu me rappelles la vraie vie. Tu es vraie, tu n'es pas superficielle. Tu as raison. Nos esprits s'accordent très bien. On a un lien tous les deux.. C'est vrai que notre rencontre est dingue. Mais.. c'était peut-être le destin, non ? Qu'on se rencontre, qu'on tombe.. l'un sur l'autre et qu'on s'apprécie. 
-Tu as une très haute opinion de moi. Je crois vraiment qu'on devrait passer une semaine ensemble, comme ça tu baisseras dans mon estime, je baisserai sur le tien, on sera sur un pied d'égalité.
Il sourit, craqua son cou et c'est alors que je vis apparaitre sur le haut de mon ordinateur, une notification. Marc m'envoyait un message.. non, une foule de message. Hey sweet heart ? Comment ça va ? Je suis con, tu dois dormir. Je te contacte demain dans la matinée. J'aurais pu lui répondre. Mais.. ça faisait longtemps que je n'avais pas parlé à Ray.
-En fait, j'ai reçu le CD dédicacé par ton grand-père. Tu le remercieras de ma part. J'étais vraiment contente, j'ai sauté comme une folle, j'en ai dévalé les escaliers.
-Ah merde.

-Ouais comme tu dis. Ça a fait rire Brian, il en a même pleuré de rire. Il m'a dit que j'étais ridicule et tu sais quoi ? J'en avais rien à faire. Parce que j'avais un autographe d'Howard Shore. Et quand je lui ai dit, il est passé par les couleurs de l'arc-en-ciel. Après il a fait style, j'en ai rien à faire mais pas du tout. J'ai vu à sa tête qu'il était dégoûté.
-Ça ne s'est pas arrangé avec lui apparemment.
-Bah en fait...
Je repensai à la journée d'aujourd'hui. Au rire de Brian, à notre connivence quand il s'agissait de faire plaisir à nos parents.
-Si un peu, mais le problème avec Brian c'est qu'on ne sait jamais. Il peut être assez immature et la minute d'après être très responsable. Tu vois par rapport à son petit frère.. il est très protecteur, presque adulte mais en même temps, il est capable de se comporter comme un gosse et me balancer de la purée au visage. Bon d'accord, moi aussi, je lui en balance dessus parfois, mais je ne prétends pas être super indépendante et hyper adulte.
-Je ne vis pas avec lui au quotidien et je ne le connais pas, mais le portrait que tu me dépeins, c'est celui d'un gars de son âge. On est des gosses, mais on entre dans la vie adulte. Les garçons et les filles ne sont pas matures en même temps, il nous faut plus de temps. À bien des égards, je suis un vrai gosse. Avec Clive, quand on a eu notre premier chèque, on a utilisé une partie de l'argent pour se faire construire un circuit pour voiture télécommandée et je peux t'assurer qu'on y joue encore de temps à autres et qu'on est mort de rire. Et d'un autre côté, je suis capable de signer des contrats m'engageant, j'ai une vie sexuelle et sentimentale assumée.. j'ai une partie adulte et une partie gosse. On est tous comme ça. Après, je veux bien croire que ce soit un con fini, je te connais et je sais que tu ne portes pas de jugement hâtif.

Je baissai les yeux.. Moi ne pas porter de jugement hâtif ? Je n'en étais pas aussi certaine que mon ami Ray. Je relevai les yeux et je vis qu'il se frottait les yeux. 
-Je devrais te laisser tu as l'air crevé Ray. Avec le jet lag et tout.. c'est pas top..
-Ce n'est pas ça, j'ai un cil dans l'œil, je crois, si tu me vois pleurer, c'est pas de fatigue. Je trouve ça reposant de te parler. Après, si tu es crevée..
-J'ai trop bu surtout, je pense que si je m'allonge, je vais vomir.
-Le quart d'une cuiller à café de Bicarbonate de soude dans un peu d'eau.. deux résultats.. soit tu vomis directement et tu iras tout de suite mieux. Soit ça passe. C'est selon les personnes.
-Ça me fait peur que tu saches tout ça.
-Je me suis retrouvé plus d'une fois avec une gueule de bois. Mes parents ne sont pas vraiment au courant, quand tu les rencontreras en juillet quand tu viendras chez moi..
-Hum... il était prévu que je vienne à New York, pas chez toi.
Il me regarda sans comprendre et il rougit avant de rire comme un tordu.
-Non mais Sarah.. je veux dire.. pas dans ce sens là, mais imagine qu'on ait envie de se mater un film ou un truc, tu vas venir chez moi comme je suis venu chez toi. Et tu vas forcément voir mes parents au concert d'Howard de toute façon. Et puis.. ça te gênerait tant que ça de venir dormir chez moi ? 
Il était sincère, il voulait une réponse toute aussi sincère.
-En fait non pas du tout. Ça ne me dérangerait pas. Mais mon père clairement, il y verrait un inconvénient. Et si je lui dis que je vais à New York et que je loge chez un garçon. Il m'achètera une ceinture de chasteté. 
-Tu parles des trucs pour les sadomaso ? 
-Non, des instruments du Moyen Âge, pouffai-je de rire. Des trucs de sadomaso ? Mais de quoi tu parles.
-Il ne vaut mieux pas que tu saches Sarah. Après, s'il faut juste une condition de confiance pour ton père... tu peux toujours me le présenter avant. Les parents m'aiment bien en général. Je lui prouverai que je suis un garçon bien sous tout rapport. Sinon.. ta belle-mère connaît la mère de Chuck.. tu n'auras qu'à dormir chez lui.
Je m'imaginai dormir chez Chuck.. avec Chuck. Je secouai la tête d'un air amusé.
-Je crois que mon père préfèrerait que je dorme chez toi avec tes parents à proximité que chez un jeune homme majeur qui habite seul tu vois.
-Normal. De toute façon on a le temps de penser à ça. Je t'ai déjà réservé deux places à ton nom.
-Deux ? 
-Au cas où tu aurais envie d'emmener quelqu'un, Sophie ou.. quelqu'un d'autre.
Il fit un geste vague. Il voulait parler d'un éventuel petit ami sauf qu'il ne voulait pas le dire.
-Honnêtement Ray, je..
Il tourna la tête et fronça des sourcils. Il me fit signe d'attendre et je l'entendis ouvrir une fenêtre. J'entendis son rire et quelques minutes plus tard. J'entendis des bruits de pas.
-Maeva..

 Quand j'entendis le prénom de sa petite amie qui avait sûrement dû escalader la façade pour arriver dans sa chambre, j'arrêtai le Facetime tout aussi rapidement. Je ne voulais pas le gêner. Je refermai mon ordinateur et je le repoussai comme si il était brûlant. Je me levai. J'avais envie de vomir. Je me levai pour descendre dans la cuisine suivre le conseil de Ray. J'étais un peu dans le coltar. Je décidai de prendre mon iPod et de rester un peu en bas, histoire de vomir dans les cabinets du bas de la maison et non pas dans ma chambre sur les draps si la situation se présentait. J'avais Halo de Beyoncé dans les oreilles quand j'arrivais dans la cuisine. J'avais descendu les escaliers en fermant les yeux parce que je commençais à avoir mal au crâne. Peut-être qu'écouter de la musique, c'était pas terrible en fait contre le mal de crâne. Maeva. J'étais persuadée qu'elle était derrière le coup des photos mais je ne pouvais pas lui dire. Je trouvai le bicarbonate. Mon ami avait raison, c'était immonde. Je remarquas que Brian avait oublié de fermer les volets. Je levai les yeux au ciel. Un cambriolage ne lui suffisait pas apparemment. Je retirai mon iPod. J'allai dans le salon quand j'entendis des.. gloussements. C'était une blague ???? Il était entrain de baiser dans mon salon avec Alexandra ? C'était même pire que ça. Ils étaient tous les deux dans des couettes, allongés devant la cheminée allumée. Ils ne m'avaient pas entendu. Je voyais le dos nu de Brian.

-C'est bizarre tu sais Ryan chéri.
Ryan ? Sérieusement ? Il avait un nom suffisamment court pour éviter des surnoms, non ? Exactement comme moi. Après c'est sûr que ma grand-mère paternelle m'appelait parfois Sally. Le surnom officiel de Sarah mais je n'aimais pas tellement. J'avais l'impression qu'on me changeait mon prénom
-Qu'est-ce qu'il y a de bizarre Lexie ? 
-Je n'ai jamais ressenti ce que je ressens avec toi. Je sais que tu n'es que le second avec qui j'ai une relation intime, mais je ne sais pas, j'ai l'impression que tu as beaucoup d'expériences alors qu'on a le même âge. 
-Pas tant que ça, murmura Brian.
Je me cachai pour ne pas qu'ils me voient et qu'ils me traitent de voyeuse.
-Tu ne me parles jamais de tes ex.
-C'est parce que.. je n'en ai pas vraiment. J'ai eu une période à San Francisco où mes potes et moi, on sortait énormément et je me souviens d'un soir où j'avais fait un pari avec un mec, j'ai dû ramené.. 3 filles dans les toilettes d'une boîte de nuit avec moi à des moments différents de la nuit ? Pour être honnête, j'ai de l'expérience mais je n'en suis pas fier. Ce n'était pas dans le cadre d'une relation stable alors, je ne vois pas pourquoi je m'en vanterai. J'en ai honte.
-Je comprends mieux pourquoi tu ne voulais pas qu'on couche ensemble avant un test de dépistage... J'avais trouvé ça bizarre, mais c'est très responsable comme geste en réalité. Tu étais au lycée la première fois que tu as.. 
-Non. C'était avant. Je n'aime pas parler de la vie sexuelle antérieure Alexandra. Il n'y a que toi qui compte à mes yeux. Et moi non plus je n'ai jamais ressenti ce que.. donne-moi ta main. Tu sens le battement rapide de mon cœur ? Il n'y a que toi qui arrive à l'affoler comme ça. Et tu sais ce que j'ai envie de te faire maintenant ? C'est un truc que j'ai lu dans un livre. 
-Dans Fifty Shades of Grey ? gloussa Alexandra.
-Honnêtement, je l'ai lu. Dans le fond c'est juste une fanfiction de Twilight version adulte. 
-Tu as lu FSOG ? Non ? C'est pas vrai ? 
-La femme de mon oncle l'a lu. Elle l'a envoyé à ma mère en lui précisant que mon oncle l'avait lu et qu'il était toujours entrain de rire en parlant. Ma mère était morte de rire elle aussi, je te jure, elle a pleuré de rire en le lisant, je lui ai demandé de me l'envoyer sur mon iPad. Moi aussi ça m'a fait rire. Ce doit être génétique. Je pense que j'ai lu des trucs vachement plus poussés dans ma vie, c'est pour ça... Et pour ta gouverne, je ne suis pas attiré par le SM. Après si tu veux que je te donne la fessée, ça peut s'arranger, mais ne compte pas sur moi pour accepter de me faire attacher. J'aime être libre de tous. mes. mouvements, ajouta-t-il en détachant ses mots.
-Tu en parles de manière très libre et cru.
-On couche ensemble Lexie. Je ne vois pas pourquoi on en parlerait pas. Si tu as envie d'un truc en particulier, on peut en discuter. Je suis ouvert à toutes les propositions mais en ce qui concerne le SM, ça ne m'intéresse pas plus que ça. Maintenant, arrête de parler et profite..
Je vis Brian disparaitre sous la couette installée et je décidais de partir à ce moment là. Mais qu'est-ce qui m'avait pris de rester ? J'étais folle. Je remontai dans ma chambre sous les rires et gémissements de la Reine des Abeilles de mon lycée. Je ne savais pas ce que lui faisait Brian (je ne voulais pas le savoir) mais apparemment, ça lui plaisait beaucoup. Je fermai ma porte de chambre et je m'enfouis dans ma couette. Était-ce prévu depuis le départ ? Voulait-il juste passer un agréable moment en compagnie de sa copine ? Il m'avait semblé qu'il était sincèrement étonné de la voir mais après tout.. Ce n'était pas la première fois que Brian était faux avec moi. Je m'endormis avec cette sensation dans la tête.

Le lendemain, je vis que la porte de Brian était entrouverte. Je descendis une fois lavée. Ils avaient déserté le salon. Je vis juste une couette au sol. Pouah. La couette de leurs ébats. Ils abusaient de l'avoir laissée là. Mais au moins, ils avaient pas mis de sécrétions sexuelles sur le tapis persan du salon. Je ne pouvais pas laisser Tom voir ça. Je pris un bout de la couette avec une envie résiduelle de vomir et je la pliai comme un baluchon. Je remontai les escaliers. Je poussai la porte de la chambre de Brian. Ils étaient tous les deux dans son lit. Apparemment, ils avaient continué de s'amuser en dehors du salon. Brian était nu. Du moins, je pouvais le deviner à son bras et à sa jambe qui dépassait du lit. Quand j'ouvris un peu plus la porte, il cligna des yeux. Je l'avais réveillé. Alexandra grogna un peu dans son sommeil. Elle dormait sur lui, il la roula sur le côté et lui embrassa l'épaule. Qu'est-ce que tu veux ? C'était ce que voulait dire le regard fatigué qu'il me lança.

-La prochaine fois que tu veux t'envoyer en l'air dans le salon, oublie pas ta couette pleine de cyprine. Je te rappelle que ton frère est là lui aussi. 
Je lâchai le baluchon et je refermai la porte. Je tombai sur Tom d'ailleurs. Il s'était lavé et il était en caleçon.
-Pourquoi tu te trimballes en caleçon toi ? 
-Avant qu'on vienne habiter ici, Brian venait parfois petit-déjeuner en caleçon, ça ne gênait pas maman.. Ça te gêne toi ? 
Ça aurait été mentir de dire que j'avais jamais vu mon père se trimballer en caleçon et en T-shirt de nuit le matin. Ou l'un de mes oncles alors que j'habitais chez eux.
-Je m'en fiche Tom. Mais tu ferais mieux de mettre un pantalon. Parce que la petite amie de Brian est restée dormir et..
-Oh ? Je ne savais pas. Mon jean préféré est dans la buanderie, je vais le chercher.
Il courut devant moi. Quand je me retournai, je vis Brian. Il avait enroulé son drap autour de sa taille. 
-Je voulais juste te dire qu'Alexandra ne restera pas prendre le petit-dèj. Alors si tu ne veux pas la croiser, tu peux rester dans la cuisine. Elle sera partie dans 10 minutes.
-Mon chééérrrrri !! fit la voix d'Alexandra depuis la salle de bain vu le jet d'eau que j'entendais. L'eau est froide sans toi.
-J'arrive !  Elle sera partie dans 20 minutes, ajouta-t-il. 
-Je vais aller à pied avec Tom chercher du pain parce qu'on en a plus. Je ne veux pas qu'elle soit là quand je reviendrai.
Je croyais qu'il allait protester en disant qu'il était chez lui et qu'il invitait les personnes qu'il voulait chez lui, mais il se contenta d'hocher la tête et de me fermer la porte au nez. Je pris Tom avec moi et nous allâmes à la boulangerie. Ils faisaient super froids. Je forçai le frère de Brian à prendre une écharpe, des gants et un bonnet aussi. Je voulais un petit-déjeuner de vacances. Je pris des viennoiseries et du pain. Tom était enthousiaste. Le temps était gris et quand on sortit de la boulangerie, un flocon de neige descendit juste sur mon nez.

 -Il neige !!! 
Tom se mit à rire. Il lâcha ma main et il tourna sur lui-même. Cela me fit rire. Je faisais la même chose quand j'étais petite. C'était mignon. Quand nous rentrâmes, Brian était seul, il était en chaussette et il frissonna quand on ouvrit la porte.
-Brian ! Il neige ! 
-C'est cool buddy. Ah oui. Du pain. 
Il me fit un clin d'œil et prit mes courses pour les emmener dans la cuisine. Il était entrain de presser des oranges et je sentais du chocolat chaud. Il en avait fait trois tasses. Il avait un truc à se faire pardonner ou quoi ? 
-Je vais me faire des oeufs. Vous en voulez ? 
-Oui, j'en veux bien.
Il leva le sourcil. Il devait sûrement s'attendre à ce que je décline mais là.. j'avais envie. Il était 9h45 du matin. Je pris le bacon et je le fis à la poêle, bien croustillant comme je l'aimais. Les deux Miller étaient entrain de parler de la neige et de leur espoir qu'elle tienne plus de quelques heures. Brian allait me faire une remarque sur ma façon de cuisiner, je le vis à la façon dont il se pencha sur ma poêle et pour le faire taire, comme lui dans la voiture avec son chewing-gum, je lui mis un morceau de bacon dans la bouche. Il eut une moue ravie. 
-Vous êtes drôles.
Nous nous retournâmes vers Tom qui était entrain de se beurrer une tartine de pain. 
-Pourquoi ? 
-On a l'impression que vous jouez au Papa et à la Maman. C'est marrant. Vous cuisinez comme John et Maman, sauf que vous vous faites pas de bisous. 
-Arrête de dire n'importe quoi Tom. Tu pourrais monter dans ma chambre et me prendre un pull ?Il fait super froid. J'ai envie d'un cappuccino. Si tu me fais un cappuccino, je te ferai un dessin dans ton café de tout à l'heure.
J'acceptai. J'étais une gentille fille et à l'approche de Noël, j'avais envie de m'améliorer. De vraiment m'améliorer. Quand Mary et mon père revinrent, on avait l'impression qu'ils revenaient de leur lune de miel. Ils étaient complices, c'était mignon et réjouissant. Ils nous trouvèrent dans la cuisine entrain de finir de petit-déjeuner. Brian était entrain de faire croire à son petit frère que s'il ne rangeait pas sa chambre, le père Noël pouvait changer d'avis et ne pas venir.

-Maaaammaaaan ? C'est vrai que si je ne range pas ma chambre, le père Noël ne va pas venir ? 
-Bien sûr que non, Brian, tu abuses. Moi je sais que le Père Noël ne vient pas pour les grands frères qui embêtent les petits.
Tom tira la langue à son frère. Mon père me taxa un morceau de bacon et il m'embrassa sur les joues.
-Vous voulez manger ? demandai-je en donnant un coup de coude à mon père pour me venger.
-Non merci, on a déjà pris un petit déjeuner. En fait Brian, excellent ton plat hier. Vraiment. 
-C'est normal. En fait c'est quoi le plan pour les vacances ? On part tous le 24 c'est ça ? 
-Non. En fait, ce n'est pas ça le plan, fit Mary. Vous partez avant nous. On vous rejoindra le 24 mais vous, vous prenez l'avion demain dans l'après-midi. 
-Quoi ? 
Je jetai un coup d'œil à mon père et il me fit un clin d'œil. Il voulait m'abandonner chez les Millers pendant.. 2 jours ? 
-Oui, on s'est dit qu'il fallait que vous profitiez un maximum de vos vacances, aussi, on a demandé aux parents de Mary s'ils pouvaient tous vous accueillir en avance, et ils ont été ravis. Alors, vous vous envolez pour le Texas tous les trois à 17h30. Je vous ai loués une voiture à ton nom Brian..
-Heu pourquoi au nom de Brian ? m'offusquai-je. C'est quoi cette domination masculine ? 
-Depuis quand tu es féministe toi ? Je connais le Texas, ses routes et ses habitants. Si y'a un problème vaut mieux que ce soit un gars du coin, tu vois. Ça parait logique. Du coup on prend la voiture et on fait la route jusqu'à la maison.. okay. Quel aéroport ? Celui de Dallas ? 
-Oui mon ange. 
-Donc, 3h de vol et on a bien 4h de route après. 
-Pardon ? m'étranglai-je en pensant que j'allais rester 4h dans la même voiture que lui.
-Oui je compte qu'avec la neige, on ne pourra pas conduire aussi vite que d'ordinaire, y'aura peut-être des détours à faire et si on compte les pauses éventuelles. Okay, c'est cool, j'aime bien conduire de nuit. Faudra juste prévoir une couverture ou un truc comme ça pour Tom parce qu'il va s'endormir dans la voiture. Moi ça me va.

Mais moi ça ne m'allait pas. Passer 4h toute seule avec Brian ? En pleine nuit ? Confinée dans la même voiture ? Moi qui avait bien commencé la journée.. il n'en fallait pas beaucoup pour me la gâcher.


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