On the Road

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-Sarah. Pendant deux jours, tu es l'ambassadrice du clan McAllister, je compte sur toi pour montrer aux texans que les californiens aussi peuvent être bien élevés en plus d'être beaux.

Mon père m'embrassa et me prit dans ses bras. Je pris la main de Tom et je passai les portiques de sécurité avec lui. Mon père nous avait pris des places en classe affaire. Je me doutais que ça lui avait coûté une fortune, mais en voyant les yeux de Tom en entrant, je compris pourquoi il l'avait fait. Brian eut un sourire lui aussi.
-Wow. C'est.. luxueux. Rien à voir avec la classe éco. Sarah ? Est-ce que tu peux surveiller Tom pendant le vol ? Je vais essayer de dormir un peu, histoire de pas piquer du nez pendant la route. Si tu pouvais veiller sur lui, je serai rassuré.
-Je vais le faire. 
Pendant les 3h de vol, je jouai aux cartes avec Tom et je l'aidai à faire des dessins. Sur le côté, je voyais Brian avec un masque de sommeil. Sa poitrine se baissait et remontait au rythme de sa respiration paisible. À peu près 15 minutes avant l'atterrissage, je décidai de le réveiller. Je me déplaçais sur la place juste à côté de lui. Je posai ma main sur son bras pour le secouer légèrement. Il grogna et il se redressa de son fauteuil. Il retira son masque. Il devait être profondément endormi en réalité.
-On est arrivé ? 
-Dans un quart d'heure. Comme ça tu as le temps de te réveiller.
-Tu as bien fait. Excusez-moi madame, vous pourriez m'apporter un verre d'eau pétillante ? Merci beaucoup. 
Il avala une gorgée. Il tourna ses yeux bleus vers moi.
-Quoi ? 
-Rien. Tu t'es reposé ? Parce que tu sais, je peux être plus que ta copilote ?
-Ah ? 
Il eut un sourire amusé et limite pervers. 
-Tu veux qu'on s'isole dans les toilettes pour le quart d'heure restant ? 
Je le tapai avec un coussin dessus et il se mit à rire. Tom était entrain d'écouter de la musique avec l'iPad de son frère. Sa tête dodelinait au rythme de la musique. 
-Tu es un pervers dégueulasse. 
-Et toi tu es une vierge effarouchée.
Nous étions seuls dans notre coin, dans le fond de la classe affaire. Il n'y avait personne devant nous. Apparemment personne n'avait été surclassé. 

-En fait je trouve juste que tu es un dégueulasse. Alors je vais te le dire une bonne fois pour toute. Je ne suis pas attirée par toi Brian. Et franchement, je préfèrerais coucher avec une fille plutôt que de coucher avec toi.
-Tu es bi comme ton oncle ? 
-Non pas du tout, je..

-Bah pourquoi tu dis que tu préfèrerais coucher avec une fille si tu ne ressens pas d'attirance pour les filles ? Sauf si tu as déjà eu une attirance pour une fille mais que tu ne veux pas me l'avouer; tu as déjà eu envie de goûter au nectar de Sophie ?

Je fis une tête bizarre parce qu'il éclata de rire.

-T'es hétérosexuelle stricte. Tu ne laisserais pas une fille s'approcher de ton intimité. Pas plus que je coucherai avec un mec. 
-Comment tu peux le savoir tu as déjà embrassé un mec ? 
-Oui. Mais je ne te parle pas de..
-Tu as embrassé un mec ??
-Un de mes amis, il était gay. Il m'a dit que s'il était amoureux de moi, je devais nécessairement être attiré par lui, parce qu'on ne peut pas être attiré de manière unilatérale par quelqu'un. J'ai voulu le détromper. Du coup je lui ai roulé un patin et je lui ai dit que je n'étais pas gay parce que je n'avais pas ressenti ce que je ressentais quand j'embrassais ma copine de l'époque.
-Tu avais quel âge...
-12 ans. Donc je peux t'assurer que je suis un hétéro strict. Et toi ? Tu as déjà embrassé une fille ?
-Non, je n'ai jamais eu le besoin de me justifier de quoi que ce soit. Je sais que j'aime pas les filles.
-Je suis certain que ton oncle aussi était persuadé de ne pas aimer les personnes de son sexe.
-Oui, mais ayant un oncle bi justement, je me suis posée rapidement la question de savoir si j'aimais les filles, les garçons ou les deux et je ne suis pas attirée par une fille. Tu vois, j'ai déjà vu Sophie en sous-vêtements ou nue même, elle ne m'a fait aucun effet. Ce n'est pas pareil avec un garçon, ajoutai-je en m'appuyant sur le dossier de mon siège de tout mon poids. Je ne suis pas bi. J'aime les garçons. Pas tous les garçons bien sûr et je voulais te dire que je l'ai très mal pris quand tu as dit à tout le monde que j'étais une pute qui couchait avec n'importe qui. J'ai trouvé cela blessant. Et en fait, ça me fait toujours mal. 
-Tu ne devrais pas le prendre aussi mal. C'était une plaisanterie. Tout le monde l'a pris comme ça. 
-Ton problème Brian c'est que tu n'as pas encore saisi que les filles et les garçons réagissent différemment. Moi je te fais une remarque, sur le coup tu la trouveras blessante et encore et tu l'oublieras. Toi tu me fais une remarque et elle passe en boucle dans ma tête. 
-Tu réfléchis trop et ça te fragilise. Je ne pensais pas un bon quart de ce que j'ai pu te dire. Je savais que j'allais te blesser et pour ta gouverne, je sais parfaitement faire la différence entre les femmes et les hommes. Je sais toujours ce que je dis. 
On nous demanda de fixer nos ceintures et je me retrouvai à côté de Brian pour l'atterrissage. Je n'aimais pas ça et c'est malgré moi que je pris la main de Brian et que je la serrai. Je devais lui faire mal sûrement mais il ne dit rien. Il se contenta de la serrer et il ne la lâcha que lorsque les quelques personnes de la classe affaire commencèrent à se lever. Je le remerciai du bout des lèvres et il fit celui qui n'avait rien fait ou entendu. Je lui en étais reconnaissante. L'aéroport était gigantesque et à travers les vitres, je vis la neige accumulée sur les rebords. Je souris malgré moi. J'étais en vacances. J'adorais la neige et je sentais que j'allais bien m'amuser.

Nous récupérâmes nos bagages et quand Brian eut en main les clefs de la voiture louée par mon père, il avait un grand sourire sur les lèvres. Il se sentait responsable désormais, et je comprenais que mon père avait fait ça pour lui faire plaisir. C'était un SUV noir rutilant qui nous attendait sur le parking. Brian poussa un sifflement admiratif. Il y avait beaucoup de neige dehors et elle tombait encore à gros flocons. Je retirai mon gant pour prendre de la neige entre mes mains. Je regardai Tom, il avait un grand sourire sur les lèvres et il forma une boule qu'il lança sur son frère. Brian se mit à rire et forma lui aussi une boule. Tom se la prit en pleine tête et il rugit de rire. Ils eurent un regard de connivence et en quelques secondes, j'étais pleine de neige. J'éclatai de rire.
-Il faut qu'on y aille quand même, on a de la route, dis-je.

Brian acquiesça et il ouvrit le coffre. Je frissonnai en mettant les valises avec Brian dans la voiture. J'avais de la neige plein la tête et les cheveux aussi. C'était pas étonnant mais j'avais l'impression que la température extérieure était très basse.
-Il fait combien dehors ? J'écoutais pas dans l'avion.. dis-je en rentrant dans la voiture.
-Quelque chose comme -2°C ? C'est pour ça que la neige tient aussi bien. Tu as froid ? Tu veux que je mette la clim' ?
-Pas trop forte alors. Histoire que ça fasse pas un gros choc thermique en ressortant. Tom ? On ne t'entend pas beaucoup.
-Je suis fatigué. 
-Tu peux dormir Tom, si tu veux, répondit son frère.
-Attends deux secondes Brian avant de démarrer.
Je ressortis de la voiture et je rouvrais le coffre. Je retournai à ma place, avec une couverture pour Tom. Je lui tendis. Il me remercia et il s'emmitoufla dedans. Brian mit de la musique et démarra. Le ronronnement du moteur le fit sourire. Il vérifia les rétroviseurs et il fit une marche arrière après avoir mis son téléphone en bluetooth.
-On s'arrête où exactement ? 
-Près de Crowell. C'est dans les terres. On en a pour trois bonnes heures de route. Je vais appeler ma grand-mère d'ailleurs. 
Il tapota sur l'écran tactile qui avait détecté son téléphone et il appela sa grand-mère tout en s'extasiant sur la nouvelle technologie automobile. La voix de Mme Miller résonna dans l'habitacle.
-Salut Grand-Mère.
-Bonsoir mon petit ange. Le vol a été bon ?
-Oui oui, on part de Dallas là, on devrait être là vers minuit normalement. Si j'ai un souci, je vous rappelle.
-Il y a beaucoup de neige sur la route, soyez prudent. Ne roule pas trop vite, je sais que tu as tendance à le faire, ne dis pas le contraire.
-Je serai prudent, je te le promets.
Il finit par raccrocher et il se mit à siffloter. Il avait l'air très heureux d'être là et quand je lui en fis la remarque, il sourit. 
-Je suis né en Californie. J'ai passé toute mon enfance en Californie. Je suis un Californien pur et dur. Mais le Texas.. Mes racines profondes sont là. Quand je suis sur les Terres de mon Grand-Père, je suis chez moi. Certaines journées.. je.. Je ne sais pas pourquoi je te raconte ma vie. C'est pas comme si ça t'intéressait..
-On a 3h de route, autant parler, non ? Tu faisais quoi certaines journée ? 
-Je prenais une bouteille d'eau, de quoi manger et je partais à cheval, pendant des heures. J'allais dans des endroits où il n'y avait plus que la terre et le ciel. Pas un être humain, pas âme qui vive. J'y suis même resté une nuit. Ma mère était paniquée et mon grand-père était juste.. relax. Je suis rentré au matin et il m'a demandé uniquement quelles constellations j'avais vu. Quand j'étais tout petit, mon grand-père m'a appris à les reconnaitre, c'est pour ça. J'étais un peu plus vieux que Tom. J'avais envie d'être tout seul. Mais c'était l'été. C'est plus difficile en hiver de faire de longues balades à cheval et de dormir sur place. Ça peut se faire, mais il faut du matériel, c'est relou. Tu peux pas juste te poser avec ton sac à dos en guise d'oreiller et dormir à la belle étoile.
-Je ne sais pas monter à cheval.
-Si je m'ennuies je t'apprendrais. Maintenant, ferme-la. J'adore cette chanson.
C'était Another Day in Paradise de Phil Collins. Brian se mit à chantonner. En réalité, je n'avais jamais entendu Brian chanter. Il chantait juste. Il avait une voix grave. 

She calls out to the man on the street. 'Sir, can you help me? It's cold and I've nowhere to sleep... Is there somewhere you can tell me?

Elle n'était pas comparable à celles des membres des Atlas Wild Child, mais elle était agréable. J'aimais beaucoup cette chanson moi aussi. Et comme je n'aimais pas que Brian me donne des ordres, surtout de manière aussi grossière, je me mis à chanter ce qui eut pour effet de le faire taire immédiatement.

He walks on, doesn't look back. He pretends he can't hear her... Starts to whistle as he crosses the street... Seems embarrassed to be there..

Il reprit le refrain en même temps que moi.

Oh think twice, it's another day for you and me in paradise. Oh think twice, 'cause it's just another day for you.You and me in paradise

Ça me faisait bizarre. Je n'avais pas chanté avec quelqu'un depuis.. Ray ? Chuck ? Je ne me souvenais même plus qui était le dernier. Il y avait beaucoup de neige et Brian conduisait très prudemment. Il en avait l'habitude, ça se sentait. Tom dormait profondément à l'arrière. Il faisait bon dans cette voiture. Il tapait la mesure des chansons sur le volant. Je reculai mon siège et allongeai un peu plus mes jambes. Je retirai mes chaussures et je posai mes pieds devant moi, sur la boîte à gants. Je pris mon ordinateur sur mes genoux et je l'allumai. 

-Je suis désolé Sarah. De t'avoir blessé par le passé. De t'avoir traité de pute au lycée, c'est clairement la pire chose que j'ai faite. 
Je me figeai. Il avait dit quoi ? Il était entrain de me présenter ses excuses ? Je ne savais pas quoi répondre. J'avais attendu ce moment sans vraiment l'espérer et maintenant qu'il l'avait fait, je ne savais pas quoi dire. 
-Non, la pire chose que tu aies faite c'est de baiser avec Alexandra dans le salon devant la cheminée, sachant que Tom et moi nous étions là. Tu imagines s'il t'avait vu ? Le traumatisme que ça aurait été ? D'ailleurs, tu l'avais prévu ? Qu'elle vienne ? 
-Non. Je ne le savais pas. Elle a voulu me faire une surprise. Sinon je te l'aurais dit et on n'aurait pas commencé à regarder un film, tous les deux ! Comment tu sais qu'on était devant la cheminée d'ailleurs ?
Je rougis et il me fallut quelques secondes pour répondre.
-Je vous ai vu. Tu étais entrain de parler de tes expériences sexuelles passées.
-Ah. 
Il se renfrogna.
-Je suis restée deux secondes, vous m'avez dégoûtée. 
-Quand tu auras... Quand tu commenceras à coucher avec Marc de manière régulière parce que j'imagine que c'est pas encore fait, ça ne te dégoûtera pas. Tu sens la chaleur se poser délicatement sur ton corps. Il n'y a que toi, la douceur de la couette et la personne avec qui tu as envie de t'envoler. Il y a le plaisir des sens, ils sont tous en alerte et je crois que la chose la plus belle, c'est le visage de l'autre. Parce que tu ne peux pas te cacher. Tu vois le moindre de ses..
-Oui, je ne dis pas le contraire, mais j'ai pas envie de voir ou d'entendre ce que tu fais avec une fille. C'est pour ça qu'il y a des chambres. Pour ne pas être exposé au regard des autres.
-Tu as raison. J'ai eu tort, j'aurais dû te prévenir mais quand j'ai voulu monter, tu étais entrain de rire dans ta chambre avec Marc, je suppose.

Non, ce n'était pas Marc. pensais-je. D'ailleurs, il faudrait que j'envoie une carte postale à Ray et que je téléphone à Marc. Je l'avais eu 15 minutes au téléphone et son timbre de voix me manquait. J'avais envie qu'il me berce et qu'il me parle. 
-J'ai pas voulu vous déranger, continuait Brian. Ça doit être très dur pour toi de ne pas le voir. Et encore plus pour lui. Il doit être entouré de bombasses et enfin bref. J'ai pas voulu vous déranger. Mais je ne le ferai plus. Je veux dire, m'envoyer en l'air dans le salon.

Je pris mon téléphone et je partageai ma connexion internet avec mon ordinateur. Je regardai mes mails. Y'en avait un groupé d'Alexandra pour nous souhaiter à tous de bonnes vacances. 
-Ta copine veut se faire élire reine l'année prochaine. Elle a envoyé un message groupé à toute la classe pour leur souhaiter de bonnes vacances. 
-C'est.. gentil.

-C'est pas gentil, Brian. C'est calculé. Si elle veut faire oublier aux gens qui elle est, elle a intérêt à s'y mettre tôt. Elle veut se faire élire l'an prochain. C'est tout. 
-Il n'y a pas que les Seniors qui ont droit d'aller au bal de promo dans votre lycée ? 
-Il y a les Seniors et l'année juste avant. La dernière fois que la Reine du bal n'a pas été une dernière année, c'était il y a 20 ans. Si elle renouvelle l'exploit et si elle est élue deux ans de suite, c'est clair que ce sera un exploit. Elle restera dans les annales. C'est son objectif. J'en suis certaine.
-Tu n'aimerais pas être reine du bal ? 
-Je n'y ai jamais pensé. J'ai pas les qualités pour de toute façon. Je ne suis pas populaire. Ou du moins pas de la manière traditionnelle. Je ne serai jamais élue, même si j'en avais envie. Et puis.. si ce n'est pas Alexandra, ce sera Chris et inversement. 
-Si tu ne te présentes pas, je ne vois pas comment tu pourrais gagner.
-D'une, la question ne se pose pas et de deux.. qui voterait pour moi ? Toi ? 
-Contre ma copine ? Tu rêves ou quoi ? J'ai toujours voulu coucher avec une reine pour lui montrer qui a le pouvoir, se mit-il à rire. 
-D'ailleurs, c'est vrai ce que tu lui as dit vendredi ? Que tu couchais avec n'importe qui ? 
-Pas avec n'importe qui. Mes amis les choisissaient pour moi et je choisissais les leurs. On s'était dit qu'on coucherait avec au moins 10 filles avant notre majorité. C'était notre objectif.
-Et tu en es à combien ?
-7 ou 8. Je ne sais pas si on considère qu'une fellation c'est coucher...
-Je pense que tu peux considérer que tu te l'es tapée, si je puis me permettre. Tom dort profondément. Je vais baisser un peu la musique si ça ne te gêne pas.
-Non, ça ne me gêne pas.

La musique résonna dans l'habitacle pendant une dizaine de minutes avant qu'il ne rompe le silence. J'étais entrain de répondre à un mail désespéré de Sophie. Elle n'en pouvait plus de sa mère. Ça faisait deux jours qu'elle était avec elle.

-Je voulais te dire autre chose à propos de Marc..
-Je crois qu'il est trop tard pour que j'ai envie de me disputer avec toi sur le sujet, répondis-je alors que je tapais ma réponse à ma meilleure amie (colle ta mère dans les jambes de ton frère et profites-en pour aller visiter la Tour Eiffel).
-Je voulais juste te dire que je vais faire mon possible pour apprendre à le connaître.
-Quoi ? 
Je n'avais pas envie de dire ça. Mais je n'avais pas pu m'en empêcher. Brian soupira.
-C'est le frère d'un très bon ami à moi. Peut-être le meilleur que j'ai en ce moment et tu sors avec lui. Je ne le connais pas et je l'ai jugé sans le connaître. Je n'ai pas été élevé comme ça. Peut-être que je l'apprécierai après tout. On a mal démarré tous les deux.
-Et c'est de ma faute, murmurai-je.
-Oui. C'est de ta faute. Parce que j'ai cru qu'il essayait d'abuser de toi et mon côté chevalier servant a fait que je l'ai mis dehors pour te protéger.
-Ton côté chevalier servant ? ironisai-je.
-Exactement comme ton côté princesse en détresse. 
-Je te demande pardon ?
-T'as été élevée par ton père. Tu as eu l'habitude de te reposer sur lui pour qu'il efface toutes tes contrariétés, comme une princesse dans sa tour d'ivoire. Tu n'en te rends pas forcément mais tu attends toujours que quelqu'un prenne ta défense. Moi j'ai été élevé par ma mère. J'ai appris à la défendre ou du moins à vouloir la défendre à chacune de ses contrariétés. Je me souviens avant la naissance de Tom, y'avait ce garçon plus vieux que moi, et il avait dit un truc sur ma mère. Il ne faisait que répéter ce qu'il entendait chez lui. Ma mère a toujours été différente. Plus belle, plus élégante, plus mince, plus élancée... Elle était toujours à la pointe de la mode aussi. Et ce gars là a dit que ma mère était une pute. Il ne l'a pas dit comme ça, mais c'est ce que ça voulait dire.. C'était dans la cour de récréation. Il avait 3 ans de plus que moi. Je l'ai poussé et je l'ai roué de coup. Il m'a déboîté l'épaule mais moi je lui ai cassé le nez. J'ai défendu ma mère et j'ai aussi toujours défendu mes amies au féminin. J'ai un côté chevalier servant. 
-Ça veut dire que je suis une de tes amies ?

Il soupira et prit la route de droite au carrefour. Je remarquai qu'il se dirigeait sans GPS. Il savait parfaitement où il allait.
-Je ne sais pas ce que tu es Sarah. Mon amie ? Ma famille ? Un mix entre les deux ? Est-ce que tu sais ce que l'on est, toi, honnêtement ?
-Je suis la belle-fille de ta mère. Et toi tu es le beau-fils de mon père. Voilà ce qu'on est. Je ne pense pas qu'on soit autre chose.

Il y eut un silence que je trouvai pesant. Je fouillai dans mon sac à main.

-J'ai faim, tu veux un Reese's ? 
-Ouais je veux bien. C'est vraiment trop bon, finit-il par dire en croquant dans la barre.
-C'est mon oncle qui m'a converti. Éric. Quand j'avais deux ou trois ans. Il m'en donnait en douce.
-Mon oncle faisait pareil. Tes oncles m'ont fait penser au mien. Je crois que tu vas bien l'apprécier. En tout cas, tu es son genre de filles.
-Son genre de filles ? demandai-je d'un ton suspicieux.
-Naturelle. Il est marié avec un mannequin, mais.. il aime les filles naturelles.
-Mannequin et naturelle.. c'est antinomique non ? 
-Bien au contraire. Elle n'a pas besoin d'artifice pour être belle et quand elle se maquille ou qu'elle s'apprête, elle en devient.. irréelle.
-Tu es entrain de dire que je suis comme ta tante ? 
-Tu n'es pas aussi belle qu'elle.
-Pas aussi belle. Ça veut dire que tu me trouves belle ? le taquinai-je.
Brian figea son visage. Il réfléchissait à ce qu'il venait de dire. Il tourna les yeux vers moi et me jaugea. Il eut un rictus. 
-Tu tapes pas dans la même catégorie. Elle est mannequin quand même. Elle.

Je le tapai pour la forme mais je ne pouvais m'empêcher de sourire. Tu n'es pas aussi belle qu'elle. D'ailleurs, lui aussi, il souriait. Il se mit à siffloter la chanson d'Avril Lavigne qui passait. Je refermai mon ordinateur et je le rangeai. Je regardai dehors les arbres et la neige qui les recouvraient. Nous étions sur une route de campagne. Nous avions dépassé une ville endormie du nom de Loving. Il prit un virage et je le vis se crisper et s'arrêter. 
-Putain. 
Il grommela, reprit sa veste et sortit de la voiture. Je n'avais pas remarqué qu'il y avait des personnes sur la route. J'allais sortir à mon tour quand Brian revint. Il téléphona à ses grands-parents alors que je lui demandais ce qu'il y avait.
-La route est coupée. Y'a eu une forte chute de neige et y'a pas mal de verglas au sol. Il faut que je change de chemin. Grand-Père ? C'est Brian.. la route entre Loving et Seymour est coupée. 
-Tu as dépassé Loving déjà ? 
-Oui, mais je vais faire demi-tour. Tu penses que je peux passer par Windthorst ? 
-Et par Archer City après ? C'est la meilleure solution en effet.
-Oui mon Colonel. C'est ce que je pensais faire.
-On ferait pas mieux de s'arrêter et de reprendre la route demain matin, quand il n'y aura plus de verglas ? C'est pas plus prudent ?
Brian me regarda d'un œil perçant et acquiesça à ce que je venais de dire.
-Je pense que c'est mieux aussi. On va s'arrêter, et on va passer la nuit à l'abri. Je suis pas très chaud à l'idée de conduire sur du verglas la nuit et je pense que ça va inquiéter grand-mère. 
-J'ai un de mes amis à Windthorst. Je vais l'appeler.
-Il est tard, ne va pas le déranger. Je vais faire demi-tour jusqu'à Loving et je vous appelle demain matin pour vous prévenir quand on repart. 
-Je pense qu'il faut vous remercier pour cela, Sarah, répondit le Colonel Miller. Si vous n'aviez pas été là, je suis persuadé que mon petit-fils aurait continué sa route.
-Tel que je connais Brian monsieur, je ne pense pas qu'il mettrait de manière inconsidérée la vie de son petit frère ou la mienne en danger.
Le Colonel se mit à rire. Brian leva les yeux au ciel et quand la conversation s'arrêta, il leva un sourcil dans ma direction. Il répéta ce que j'avais dit en m'imitant ce qui m'énerva. Il éclata de rire et il fit demi-tour en voiture. 
-Désolé. Je ne voulais pas te contrarier. Il faut dire que tu m'envoies des perches.
-Je ne suis pas vraiment fâchée, je fais ça uniquement parce que j'ai remarqué que depuis qu'on a décollé de chez nous, tu fais en sorte de t'excuser et de devenir civilisé.
-Pouffiasse, siffla-t-il.

-Pervers. 

Il secoua la tête et je le vis qui se mordait les joues pour ne pas rire. Sauf qu'il ne put s'en empêcher. Son rire le secoua et réveilla Tom.
-On est arrivé ? 
-Non poussin, dis-je. On sera rendu demain, on va s'arrêter pour dormir. Tu peux continuer de ronfler, je te réveillerais, pas de souci.
Il se rendormit aussitôt après m'avoir dit Je ne suis pas un poussin, je suis un félin. 
-
Tu as compris Sarah ? C'est un félin pas un poussin. 
-Vous êtes graves les frères Miller.
C'était Baby One More Time qui passait.
-Bowling For Soup a chanté ça ? 
-Bah.. ouais. La reprise de Britney Spears. Elle est mieux que l'original. Show me how you want it to be.. Tell me baby cause I need to know now. Oh en fait, c'est un groupe local, de Wichita Falls. Autant te dire que si tu veux te faire des amis.

-Brian. J'adore ce groupe. J'ai aucun souci à les défendre.

Brian sourit de toutes ses dents et augmenta un peu la musique. Nous arrivâmes devant un Bed and Breakfast. J'envoyai Brian pour voir s'il restait des chambres et je restai dans la voiture au chaud tout en envoyant un message à mon père pour le prévenir de notre changement de plan. Brian arriva. Je baissais ma vitre et le froid m'assaillit.
-La bonne ou la mauvaise nouvelle ? La bonne je présume. Il reste de la place, la mauvaise c'est qu'il y a une chambre avec un grand lit et un canapé. Si ça ne te dérange pas de partager le lit avec Tom, on peut rester là. 
Je n'avais pas remarqué avant qu'il y avait de la fatigue sur ses traits et dans sa voix. 
-Non, c'est bon. Je pense qu'on devrait rester. Je m'occupe de porter Tom, tu prends les bagages..
-Heu..
-Il est hors de question que je dorme quelque part sans avoir de vêtements de rechange.
-Okay. Tous tes bagages ? Je te rappelle qu'on a pas la même définition de bagages, tu as déménagé toute ta chambre pratiquement.
-Gnagnagna. 
J'ouvris ma portière et glissai sur une plaque de verglas. Brian me rattrapa in extremis avec ses deux bras.
-Tu aurais pu me prévenir sérieux..
-J'aurais pu. Mais ton air suffisant m'a fait décider le contraire. C'était la seule plaque qu'il y avait.
-Tu peux me lâcher peut-être ? Je dois prendre ton frère et toi nos bagages.
Je le repoussai et j'ouvris la portière de Tom. Il grommela quand je le défis mais il plaça naturellement ses mains autour de mon cou et il continua à dormir. Je faisais attention à l'endroit où je marchais. Chuter avec lui dans les bras n'était pas envisageable. La chambre était juste super mignonne. Il y avait une cheminée avec un grand feu, un grand lit à baldaquin, un canapé, des fauteuils. C'était une suite, pas une simple chambre. Je regardai Brian, il venait de penser la même chose que moi. Le feu se reflétait dans ses yeux bleus. Il prit son frère de mes bras et le posa sur le lit. Il remercia la propriétaire des lieux et lui donna un pourboire. 
-Tu sais quoi Brian ? C'est complètement con.
-De quoi ? 
-Bah.. on devrait mettre Tom sur le canapé et partager tous les deux le lit. Ou alors, je prends le canapé et vous prenez le lit. C'est toi qui conduit demain, si tu dors mal, tu auras plus de risque d'avoir un accident. 
Il réfléchit et il se leva. Il quitta la pièce sans un mot. Pourquoi ? Comment pouvais-je le savoir avec Lord Brian ? Il revint quelques minutes plus tard avec une couette supplémentaire. Il me la casa dans les bras. Apparemment, il avait pris sa décision et j'allais devoir prendre le canapé. J'allais parler mais je le vis prendre un oreiller et son frère. Il le posa sur le canapé et me demanda doucement la couette.
-Bonne nuit Thomas. Fais de beaux rêves, ajouta-t-il en embrassant le front de son petit frère tendrement. Tu prends le côté droit où le côté gauche ? J'ai tendance à dormir à droite, mais si tu veux je peux dormir à gauche. 
-Hum.. je ne sais pas, la dernière fois que j'ai dormi avec quelqu'un c'était toi et tu étais à droite alors..
-Okay. Tu prends la salle de bain en premier ou..
-Oui merci. 

Je m'enfermai dedans avec mes affaires. Je posai mes mains sur le rebord du meuble de bain et je fis couler de l'eau dans la vasque. Je m'en passai sur le visage et je me lavai les dents. Pendant que je le faisais, j'observai ce qu'il se passait dans la chambre. Brian était en jean et il faisait des pompes au sol. Je voyais les muscles de son dos se contracter sous l'effort. Je l'entendais respirer. Je rinçai ma bouche et je me déshabillai. Lorsque je me rendis dans la chambre, le fils de Mary était entrain de faire du Tai Chi. Je le savais parce que j'avais déjà vu mon oncle en faire. Je le laissai faire et je grimpai sur le lit. Il étirait ses muscles gracieusement face à la cheminée. Je comprenais pourquoi il était bon au basket. Son corps était souple. Je me demandai où il avait appris tout ça. Quand il eut terminé, il se tourna vers moi. Il avait un visage serein. Il ne transpirait même pas. Il avala une gorgée dans la tasse qui était sur la table. 
-Tu veux du thé ? me demanda-t-il. C'est du thé vert, précisa-t-il.
-Oui, je veux bien. 
Il m'apporta une tasse fumante et je la portai à mes lèvres en le remerciant. Il fronça des sourcils.
-Tu ne vas pas avoir froid habillée comme ça ? 
Je baissai les yeux vers mon ensemble de nuit en soie. J'avais un short et un haut.
-Hum.. j'ai pas froid pour le moment. Côté droit pour toi donc ? 
-Oui oui. 
Je me glissai dans les draps avec mon ordinateur sur les genoux. Sophie m'avait répondue. Bonne idée, comment se passe le road trip avec Brian ? Je levai les yeux et regardai la porte que Brian venait de franchir. Étonnamment bien. Je te parle demain depuis la maison des Grands-Parents, on s'est arrêté dans un B&B pour la nuit. Bisou. Je refermai mon ordinateur au moment où Brian revient en caleçon et en T-shirt. Il monta sur le lit de mon côté et m'enjamba pour se rendre de son côté. Le lit était grand. Je le regardai s'installer. 
-Qu'est-ce qu'il y a ?
-Si un jour on m'avait dit que je me mettrais de plein gré dans un lit avec toi Brian, je l'aurais pas cru.
-C'est clair. Tu veux qu'on mette des coussins ? proposa-t-il en se tournant vers moi.
-Des coussins ?
-Entre nous deux. Pour délimiter ta partie du lit et ma partie du lit. 
-Tu as peur que je te saute dessus Brian ? 
-Oui.
Il avait répondu de manière très sincère, et cela me choqua. Puis il éclata de rire et je pris mon coussin pour lui lancer dessus. Il était con. Je me tournai dans l'autre sens.
-Bonne nuit Brian. 
-Rhooo, arrête de bouder, Sarah. C'était une blague. 
-Je sais Brian.
Je me tus et lui aussi. Je finis par me tourner dans son sens. Il regardait le haut du lit à baldaquin. 

-Brian, je voulais te dire une chose en fait. J'aimerai que tu m'apprennes à monter à cheval. Ça me plairait beaucoup. Tu voudras bien le faire ?
Il se retourna vers moi. Je voyais ses yeux bleus. Son visage paraissait plus jeune comme ça.
-Oui. Je le ferais. J'ai promis à Tom que je l'aiderai à se perfectionner de toute façon. Tu devrais dormir. On a encore de la route à faire. On est à peu près à 1h30 de la maison. 
-Tu as remarqué ? Tu dis la maison en parlant de celle de tes grands-parents.
-C'est la maison originelle de ma famille. Y'a un truc qui te fait peur ? Tu fais une tête bizarre.
-J'ai..
Je cherchai mes mots. Il me regardait sans aucune animosité.
-J'ai peur de faire un truc qui ferait honte à mon père et qui gâcherait le Noël de ta famille. 
-J'ai toujours fait des trucs qui ont fait honte à ma famille, et c'est pas pour ça que ça a gâché Noël, rétorqua Brian. Chez moi, lors des fêtes de famille, on en profite pas pour faire des règlements de compte. On met ça de côté et après, on se met sur la gueule. Je crois que c'est pas ça qui te tracasse. Vas-y, dis-moi.. je ne me moquerais pas de toi, tu as ma parole.
-Ma mère me manque. Elle adorait Noël et c'est la première fois depuis mon enfance qu'on ne passe pas Noël avec ma famille maternelle, c'est tout. Ça va passer. 
-Quand j'étais petit.. avant la naissance de Tom, mon père m'emmenait toujours couper un sapin de Noël avec lui. C'était notre rituel. C'est le seul moment de l'année qu'il me manque. Ce serait un mensonge de te dire que ça va passer, parce que ça ne passera probablement pas. Elle te manquera toujours. Mais la douleur s'apaisera avec le temps. Je sais qu'avec Santa Monica, les relations avec ton père se sont tendus mais tu devrais parler avec lui. Tu te rendrais compte que c'était pas une décision facile pour lui non plus. 
-Il l'a prise pourtant cette décision.
-Parce qu'il aime ma mère et qu'il voulait lui faire plaisir. Mais.. y'a un truc que tu as pas compris, je le sais parce qu'on en a parlé tous les deux. Il aime toujours ta mère et il ne cessera jamais de l'aimer même s'il est marié avec la mienne et qu'il l'aime. On n'oublie pas son premier amour. Surtout quand on est brutalement séparé. C'était sa femme et ta mère. Il a gardé exactement le même contact avec sa belle-famille après son décès, comme si elle était juste partie en voyage pour un temps. Et lui aussi ça lui fait bizarre de ne pas être avec eux pour Noël, c'est sa famille aussi. 
-Tu as parlé de tout ça avec mon père ?
-
Tu t'es éloignée de lui et il avait envie de parler. Il est gêné d'en parler à ma mère, parce qu'il ne veut pas la mettre dans une position délicate, qu'elle pense qu'elle l'aime moins qu'il n'aimait ta mère.
-Je ne crois pas qu'il l'aime moins, je pense juste qu'il l'aime différemment. 
-C'est ce qu'il m'a dit aussi. Toujours est-il que ta famille maternelle est aussi sa famille après tout ce temps et il a été très blessé que tu lui fasses remarquer que c'était la tienne. Il ne me l'a pas dit en ces termes mais c'est ce que ça voulait dire. Et en plus.. je ne sais pas si tu es au courant mais avant de demander ma mère en mariage, avant de demander ton aval, il avait appelé ton grand-père pour savoir ce qu'il devait faire parce que ton père a toujours peur de bafouer la mémoire de ta mère. 

Je me tournai et je regardai le plafond. Je m'en voulais. Mon père et moi étions proches mais Brian avait raison. Je m'étais éloignée de lui. Nous étions une équipe lui et moi; Comme Mary et Brian était une équipe et j'avais un peu laissé mon coéquipier.
-Tu as la chance d'avoir un père génial. Tu devrais peut-être te réconcilier tout à fait avec lui, être à quelques centaines de kilomètres de chez vous, continua Brian, ça devrait vous faire du bien. 
-Pourquoi est-ce que tu m'aides ? murmurai-je en tournant la tête vers lui.
-Pourquoi pas ? Au cas où tu ne l'aurais pas compris, le bonheur de ma mère dépend en grande partie de celui de John et il est manifeste que celui de ton père dépend de toi à 60%. 
Il bâilla et prit son téléphone. 
-Salut Maman, Sarah et moi on voulait vous souhaiter une bonne nuit. Oui. Loving. Oui, je sais. Je t'aime aussi. Ma mère veut te parler Sarah.
Il me passa son iPhone et il se mit sur le dos. Ça me fit plaisir d'entendre la voix de Mary, mon père était sous la douche apparemment. Elle voulait juste savoir si tout s'était bien passé. Je repassai son téléphone à Brian et il le posa sur la table de nuit. 
-On ferait mieux de dormir, Tom va nous réveiller demain matin. 
-Oui. Tu as raison. Bonne nuit Brian et merci pour ta franchise.
Je me penchai vers lui pour lui faire un bisou. Il piquait déjà. Je me tournai dans l'autre sens et je fermai les yeux alors qu'il me répondait d'une voix un peu rauque.
-Fais de beaux rêves Sarah.

Est-ce que je fis de beaux rêves cette nuit là ? Absolument. J'étais dans la galerie des glaces, à Versailles et je dansais, en habit d'époque. Marc était là aussi. Nous rions tous les deux et à un moment donné, il me prit par la main et il voulait m'emmener ailleurs. Sauf que je ne voulais pas.
-Juste une minute, lui avais-je dit. Après on fera ce que tu veux.
-Okay, avait-il murmuré en m'embrassant sur le front et en m'entrainant sur la piste pour une valse. 
Je me sentais bien dans les bras de mon homme. C'est tout naturellement que je me réveillai pour me rendre compte de l'évidence, je n'étais pas dans les bras de mon homme. Non. Mais j'étais sur le torse de Brian. J'étais même plus que sur le torse de Brian : je dormais à moitié sur lui. Ma cuisse gauche était sur son entrejambe et mon pied entre ses deux jambes. Ma tête et une partie non négligeable de mon corps reposaient sur son T-shirt et je voyais distinctement ma main juste à côté. Je sentais le bras de Brian contre mon épaule droite, contre mon dos et maintenant que j'étais consciente, je sentais sa main sur ma cuisse. J'étais dans les bras de Brian. Nom de nom. Nous étions de son côté du lit. J'avais dû l'écraser une bonne partie de la nuit. J'étais morte de honte. Je devais me lever. Je relevai les yeux pour savoir s'il dormait encore et j'eus la grande surprise de constater que ce n'était pas le cas. Il était avec son téléphone et vu la tête qu'il faisait, il était entrain de lire un ebook.

-Salut. 
Ma voix était rauque. Il tourna les yeux vers moi.
-Salut, bien dormi ?
Je me redressai un peu et il retira sa main de ma cuisse. 
-Hum. Oui. Ça fait longtemps qu'on est comme ça ?
-Quand je me suis réveillé y'a une heure, on était déjà comme ça. J'ai essayé de te réveiller mais tu m'as dit je cite : Juste une minute, après on fera ce que tu veux. 
Okay. 
C'était officiel, j'avais envie de mourir. J'avais parlé à voix haute.
-
Tu avais besoin de dormir, et comme apparemment je suis confortable.. je t'ai laissé. Tu as bien dormi ?
-Oui.. je suis désolée, Brian, je voulais pas..
-Je te l'avais dit pourtant que tu allais me sauter dessus, mais tu ne m'as pas cru. Fais pas cette tête, si tu m'avais gêné, je t'aurai repoussé vers ton côté qui est froid comme le Mur. Tu vas te laver et je prendrais la place après. Mais avant..
Il posa sa main sur ma hanche et je me retrouvai assise sur lui. Il me dévisageait, glissa son regard sur moi et il eut un rictus. 
-Décidément toi et moi on pourra pas coucher ensemble, tu ne me fais aucun effet alors que tu es assise sur mini-Brian. Allez. Bouge. 
-En même temps pour ce qu'il y a à sentir.. Mini-Brian porte bien son nom, persiflai-je en me levant et en me rendant dans la salle de bain sous son rire. 
Je pris une douche rapide et je m'habillai chaudement. Quand j'ouvris la porte de la salle de bain, je vis que Brian était au téléphone et que Tom était réveillé. Ce dernier partit pour se laver après m'avoir fait un bisou et j'observais Brian. Je n'avais pas remarqué la veille qu'il était en caleçon et en T-shirt. Il était debout devant la fenêtre, ses écouteurs dans les oreilles, son portable à la main.

-Oui. Je sais Grand-Mère mais j'ai une super copilote avec moi.. Je te signale que j'ai déjà une petite amie Grand-Mère. Bien sûr que non, je ne vais pas faire ma vie avec. Je suis un peu jeune pour ça, je pense. Oui.. et bien si un accident arrivait, je suis certaine que ma moderne petite amie ferait ce qu'elle a à faire pour.. évidemment. Oui. Je peux savoir pourquoi on parle d'un hypothétique fœtus qui n'existera jamais ?.. Sarah ? Pourquoi tu me parles de Sarah... Sûrement pas non, répondit-il sèchement. Parce que c'est la fille de John, mon beau-père John. Je ne vois même pas pourquoi tu poses la question de savoir si elle me plaît ou pas, là n'est pas la question et pour ton information, Grand-Mère, elle est pas du tout mon style. Je ne veux plus en entendre parler et n'essaye plus de me vendre à la petite-fille d'un de vos voisins, ce serait cool. Je ne suis pas libre. Oui oui, on prend un petit déjeuner léger.. Je t'aime.

Il raccrocha et il se retourna. Il me sourit gentiment. 
-Je ne t'avais jamais vu avec cette robe. 
-Je ne suis pas d'humeur pour que tu critiques mes habits.
-Ce n'est pas le cas, je trouve qu'elle te va bien. Mais tu vas avoir froid, tu devrais mettre des collants par contre, il va encore neiger aujourd'hui. 
-J'allais le faire. Ta Grand-Mère va bien ? 
Il sursauta et je continuai en lui disant que je l'avais entendu parler au téléphone et qu'il n'avait pas à s'inquiéter, il n'était pas mon genre, non plus.
-Je ne pensais pas que tu entendrais. Ma grand-mère n'aime pas Alexandra alors qu'elle ne l'a jamais rencontrée. Et elle essaye de me caser avec tout le monde, dont toi. Il fallait que je mette un terme à cette conversation, elle était déplacée.
-J'aime ta Grand-Mère.
-Très drôle. Je vais me laver. Grand-Mère a décidé de nous faire un second petit déjeuner, elle vient de me conseiller de ne pas... Tom. Tu mets un pull, reprit-il d'un ton sérieux. 
Il fallut quelques minutes à Brian pour se laver. Il sortit de la chambre avec une serviette accroché autour des hanches. Il était encore fumant. Je le regardai d'un air ébahi. 
-Avec des habits, c'est plus simple de s'habiller, sourit mon quasi-frère. Tu pourrais aller régler la note Sarah ? Tu prends mon portefeuille, y'a suffisamment en liquide dedans..
-Oui, je vais le faire.
-Sarah ? 
J'allai ouvrir la porte et je vis que Brian allait dire une stupidité.
-Ce n'est qu'un corps d'homme. Pas la peine de rougir comme ça. 
Je n'étais pas rouge du tout. Je levai les yeux au ciel et je sortai dans le couloir. Je me retrouvai face à un miroir. J'étais rouge pivoine. J'y croyais pas. J'étais furieuse contre moi-même. Je me rendis à l'accueil. Je demandai la note et je sortis la carte que mon père m'avait passée pour les cas d'urgence.
Sarah, tu connais déjà le système, je t'en ai offerte une pour Seattle. Il y a 5000$ dessus, de quoi vous rapatriez en cas de souci. Tu me la rendras quand je viendrais que tu aies utilisé l'argent ou pas. 
J'avais eu beau lui faire de grands yeux, il avait refusé de me les donner. Ce que je comprenais d'ailleurs. Il me restait encore de l'argent de la dernière fois alors que j'avais fait tous mes cadeaux de Noël avec. Mais au moins, j'avais essayé. 
-Couple moderne à ce que je vois. C'est madame qui règle. 
-C'est mon frère. Alors c'est notre père qui règle, rétorquais-je rapidement. 
Je n'aurais peut-être pas dû parler d'un ton aussi sec, mais je n'avais pas du tout envie qu'on nous compare à un couple moderne. Je retournai dans la chambre et nous prîmes un rapide petit-déjeuner mais qui était délicieux. Brian s'occupa des valises qu'il remit dans la voiture pendant que je m'occupais de Tom.
-Tu me diras combien, je te dois Sarah, je t'avais dit de prendre mon argent, mais tu es partie avant, me dit mon quasi-frère en démarrant.
-C'est bon, mon père avait prévu le coup, il m'a donné de l'argent pour ce genre de mésaventure.
-Mésaventure ? Tu trouves que le fait de dormir dans une petite suite d'un B&B est une mésaventure ?Je trouvais ça plutôt amusant.
-Tu vois ce que je veux dire.
-Je ne pensais pas que le fait de dormir avec moi serait une mésaventure pour toi. D'autant plus que tu as quand même vachement profité de mon torse et moi, cette nuit. 
-Je me suis mal exprimée Brian, je voulais dire que mon père m'a donné de l'argent au cas où.. pour l'essence, ce genre de choses. En cas d'urgence.
-Et combien il t'a donné ? 
-Une carte pré-chargée de 5000$.
-Pardon ?
-Mon père quoi. On a de quoi se faire rapatrier en urgence à Los Angeles.
-Je vois ça... On a 1h30 de route, je pense que toutes les routes sont dégagées.
Elles l'étaient effectivement. Tom était un vrai moulin à parole et nous parlait parlait parlait. On ne pouvait pas en caser une. Brian avait l'air un peu fâché, je ne savais pas pourquoi. Quand je lui demandai, il tourna les yeux vers moi.

-Je ne suis pas fâché. Je suis juste.. impatient d'être à la maison. 
-Pourquoi tu me regardes méchamment alors ? 
-Je suis désolé que tu aies cette impression, ce n'est pas vrai. Qu'est-ce qu'elle me veut celle-là ?
Le prénom de Chris venait de s'afficher sur l'écran tactile. Elle l'appelait. 
-Ouais, fit-il en raccrochant.
-Je t'entends mal, tu es sous un pont où quoi Miller ? 
-Je suis en voiture. Qu'est-ce que tu as Chris ?
-Je voulais savoir si tu avais une idée de cadeau de Noël pour Paul, parce que je suis grave à la bourre là.
-Vous vous voyez à Noël ?
-Bah non, il est parti à Aspen ce matin et je ne le vois pas avant le 31.
-Et bien, tu as du temps alors..
-Mais j'ai aucune idée. 
-De la lingerie.
-Je te demande pardon ? 
-Achète-toi une belle parure de lingerie et tu t'emballes dans du papier cadeau. Tu serais un très beau cadeau. Moi j'adorerai en tout cas. 
-T'es con, rit la copine de Paul McDust. Mais c'est une bonne idée.
-Et vois les choses en face, si vous cassez un jour, tu n'auras pas une encyclopédie du foot sur les bras. Parce que c'est clair qu'il te la rendra. 
-T'es vraiment con.

-Mais un con avec des idées géniales.
-Exact. Par contre, je ne crois pas que toi en boxer satisfera Alexandra.
-Je suis sûr du contraire, mais de toute façon, elle a déjà son cadeau, je l'ai glissé dans son sac à main quand elle est venue samedi. Je suis sûr qu'elle va adorer.
-C'est quoi ?
-Tu verras bien, pas besoin de faire ta curieuse ! Il faut que je te laisse..
-En fait, tu sais ce que j'ai appris ?
-Non, mais tu vas te faire un plaisir de me le dire.
-Il parait que Sophie Harper..

J'ouvris grands les yeux.

-Okay, je t'arrête tout de suite, Chris, ça ne m'intéresse pas les rumeurs concernants Sophie Harper, d'autant plus qu'elles sont sûrement fausses. 

-Je ne crois pas non. Je l'ai appris de Punette. D'une indiscrétion de Punette plus exactement

Punette ? Ah ouiiiii ! Le puceau à lunettes, surnom très sympathiquement donné par Brian.

-Il parait qu'elle ronfle quand elle dort.
-Alors d'une part, Chris, si c'est ça ton scoop, permets moi de te détromper. Pour avoir déjà dormi avec Sophie, elle ne ronfle pas du tout et d'autre part, heureusement que je n'ai pas Punette sous la main parce que c'est petit de raconter ce qu'il se passe dans une chambre à coucher. C'est vraiment un connard.

-Oh arrête, c'est drôle.
-Je suis morte de rire. Vraiment Brian, je ne sais pas comment tu fais pour trainer avec des gens aussi amusants.
Il y eut un silence et je vis Brian sourire, comme s'il attendait ça depuis le début.
-Troll Snot ??
-Oui, c'est moi et pour ta gouverne, Sophie ne ronfle pas, par contre, tu veux un scoop ? J'ai appris que tu beuglais pendant que tu baisais, tellement fort que la mère de Paul a cru que vous regardiez un film d'horreur.. Tu veux savoir de qui je l'ai appris Chris ? D'une indiscrétion de ton mec. Passe une bonne semaine.
Je raccrochai et Brian explosa de rire. Tom, lui ne comprenait pas en quoi ronfler était un problème et moi.. et bien moi, j'avais le cœur battant à cause de l'adrénaline.
-Bien joué Petit Bateau. C'était énorme. Vraiment. Chapeau.Tu n'es pas un cas désespéré en fait. 
-Brian ?? Pourquoi elle veut faire un cadeau à Noël à Paul alors que c'est le père Noël qui emmène les cadeaux ?
Brian arrêta de rire. Il me jeta un coup d'œil.

-Quand on veut faire un cadeau particulier à quelqu'un qu'on aime, on peut faire une demande particulière au père Noël et il fait le cadeau sur commande. Ou alors si c'est un objet qu'on a déjà, on lui envoie par la poste au Pôle Nord, et il le donne à la personne. N'est-ce pas Sarah ?

-Oui, c'est exactement comme ça que cela se passe.
-Mais pourquoi tu as dit que tu avais donné son cadeau à Alexandra alors ?

-C'est pas un cadeau de Noël Tom. C'est juste un cadeau parce que c'est mon amoureuse et que je suis triste parce que je ne vais pas la voir pendant 2 semaines.
-Mais tu ne vas pas envoyer de cadeau pour elle au Pôle Nord alors ? 
-Si, c'est déjà fait depuis longtemps. 
-Et toi Sarah ? Tu as envoyé au Pôle Nord un cadeau pour ton amoureux ? 
-Oui oui. Depuis longtemps.
-Mais.. si je voulais un petit frère ou une petite sœur pour Noël.. c'est pas au Père Noël que je dois demander, si ? Parce que je ne vois pas comment il pourrait mettre un bébé dans le ventre de Maman. Ou comment Maman pourrait envoyer un bébé chez le Père Noël pour qu'il lui offre ensuite à Noël.
-Hum.. je crois qu'il faut demander à John et Maman pour ça. Ça ne marche pas sur les êtres vivants, ça marche juste pour le reste. 
-Tu aimerais un petit frère ou une petite sœur Tom ? demandai-je.
-Oui. Une petite sœur. Comme ça se serait juste pour toi Sarah. On serait 2 garçons et 2 filles. Tu pourrais jouer à la poupée avec elle pendant que moi je joue au foot avec Brian.
-Et si elle voulait jouer au foot avec Brian et toi ?

Tom me regarda comme si j'étais folle de penser qu'une fille pouvait jouer au foot.
-Bah tu vas pas jouer toute seule à la poupée, tu es trop vieille. Tu vas pas rester toute seule. Et tu joues pas au foot avec nous.
-Vous ne m'avez jamais demandée de le faire.

Tom arrêta de parler et se mit à réfléchir. Il eut une moue malicieuse.
-La prochaine fois alors. Tu viendras avec nous jouer au foot et si tu aimes, tu pourras faire équipe avec Brian, comme ça, il pourra peut-être gagner pour une fois. Il perd tout le temps.
-C'est faux.
-Si c'est vrai. Il arrive jamais à marquer un but. Il tape toujours à côté.
-C'est faux.
-Si c'est vrai. Arrête de mentir Brian.
-Je ne mens pas.
-Si.
-Stooop les garçons, j'ai compris. Quelqu'un veut un Reese's ?
Tom leva le doigt et je lui en donnai un. Brian me tendit la main et lâcha le volant le temps de le retirer de l'emballage. Je regardai le paysage défiler sous mes yeux alors que Brian parlait avec Tom. Comment pouvait-il être aussi adorable avec son frère et être à la limite de la politesse avec moi ? Il y avait de la neige partout. Je passas ma main en dehors de la voiture. Il faisait vraiment super froid de hors. Nous arrivâmes à Crowell alors que des chants de Noël passait à la radio. Tom était entrain de chanter avec sa petite voix. 
-Briaaaan ? On arrive quand ?
-Dans une dizaine de minutes. 
-On pourra faire un bonhomme de neige en arrivant à la maison ? Je sais que normalement tu allais voir Brisefer en premier, mais comme il est mort.. on pourrait commencer par le bonhomme de neige.
-Oui, répondit Brian dans un murmure.
Tom dut comprendre qu'il y avait un problème parce qu'il se pencha entre nous.
-Je suis désolé. Je ne voulais pas te rendre triste.
-C'est pas grave Tom. On fera un bonhomme de neige plus grand que toi, je te le promets.

-Y'a combien d'habitants ? demandai-je pour changer de sujet.
-Moins que dans notre rue.. Quelque chose comme un millier de personnes. 
-Ah oui en effet.

1000 habitants ? Y'avait plus de monde dans notre lycée.

-Tu connais tout le monde ? continuai-je
-Ouais. On fait rapidement le tour, mais pendant la période scolaire, il y a beaucoup plus de monde à cause de l'école, du collège et du lycée. Ils ont une assez bonne équipe de basket d'ailleurs quand on y pense. Les Wildcats. On est bientôt arrivés. Y'a un fleuriste, je vais acheter un bouquet à grand-mère. Vous voulez rester là ?
J'avais envie de me dégourdir les jambes aussi j'allais avec lui. Nous poussâmes la porte du fleuriste tous les trois. 
-Brian Miller !! Oh ! Ça me fait plaisir de te voir.
-Moi aussi Tatie Suzie.
Tatie Suzie ? Il aurait pu me prévenir qu'on allait chez sa tante ?! Je n'en avais jamais entendu parler. La dame en question était assez âgée. Elle portait des lunettes avec une chaine pour les retenir. 
-Vous vous souvenez de mon petit frère ? Tom ?
-Et bien ! Tu as grandi depuis les dernières vacances, tu es devenu un homme, dis-moi. Je ne crois pas vous connaître mademoiselle.
-Ah oui. Sarah, la fille de mon beau-père. Susan, mais tout le monde l'appelle Tatie Suzie.
-C'est un plaisir de vous rencontrer madame. 

-Tatie Suzie voyons. Alor que puis-je faire pour toi mon petit ?

-On vient chercher un bouquet pour Grand-Mère. Des roses ce sera nickel. Celles-ci d'ailleurs, ajouta-t-il en désignant de magnifiques fleurs à 3$ pièce.

-Une douzaine comme d'habitude ?

-Absolument vous me connaissez trop bien Tatie Suzie, sourit-il.

J'en profitai pour examiner les fleurs de la boutique. Elles étaient magnifiques. Brian était entrain de faire la conversation, il n'avait pas besoin de moi. Tom me tenait la main et me montrait les lys. J'adorais les lys. C'était majestueux comme plante. 
-Tu rappelleras à ta Grand-Mère qu'elle doit m'appeler ce soir. Elle voulait ma recette de gelée de canneberge, disait la commerçante.
-Je vais lui rappeler. 
-C'est la première fois que vous venez Sarah ? 
Je sursautai et je souris. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle me parle alors que j'étais entrain de regarder les magnifiques pivoines, juste à côté des lys.
-Oui, c'est la première fois.
-J'espère que vous vous plairez ici pendant votre séjour. D'ailleurs Brian, ma petite fille arrive demain à Wichita Falls..
-Vous voulez que j'aille la chercher ? Ça me dérange pas du tout.
-Mais non ! Qu'est-ce que tu es gentil Brian ! Son grand-père va le faire, je voulais juste savoir si je pouvais te l'envoyer de temps en temps, si elle s'ennuie. Tu sais, elle vient de Minneapolis, tout de suite, les petites villes comme la nôtre, ce n'est pas très très intéressant pour elle.
Je notai l'emploi du nôtre pour désigner Crowell. 
-Ouais bien sûr. Pim arrive sur ses 18 ans, je crois, non ? Je vais faire en sorte d'organiser un truc à la maison si elle veut, j'ai encore une ou deux bandes d'amis qui seraient ravis de faire un truc pendant leurs vacances. 
La dame lui sourit gentiment. Apparemment, ça lui plaisait qu'il ait une aussi bonne mémoire. Et en réalité. Wait.. Elle s'appelait Pim ?
-Vous n'avez qu'à lui donner mon numéro. Je vous l'avais donné la dernière fois.
-Tu es un ange mon petit Brian.
-Non, c'est normal. Je vous dois combien.
-3,50$.
Elle lui fit un clin d'œil. Clairement, le bouquet ne valait pas se prix là et c'était un vrai cadeau de lui faire ça. Brian l'embrassa sur la joue, prit Tom par la main et lui lança un à bientôt. 
-J'espère que nous nous reverrons. Vous restez longtemps ici.
-Toutes les vacances. 
-J'ai vu que vous regardiez les lys.. tenez. C'est un cadeau de bienvenue à Crowell.
Elle me tendit l'un des lys et je rougis. J'essayai de refuser mais elle insista et je sortis avec mon lys et Brian leva un sourcil.
-Elle me l'a offert.
-Bienvenue à Crowell. Les gens d'ici sont comme ça. Ils partagent beaucoup.

Alors que nous étions à peine sortis, il se fit interpeller par un homme de l'autre côté de la route. 
-J'allais chez toi justement Miller, comment tu vas bonhomme ? Salut mini-Miller. Mademoiselle.
C'était un homme qui avait une trentaine d'année. Les cheveux blonds, le regard noisette. L'archétype du bucheron.. à moins que ce ne soit un hipster. Je ne savais pas trop. Il portait une caissette remplies de légumes. 
-Tu nous ramènes enfin une fille Brian ? C'est pas trop tôt. On aurait presque pu croire que tu resterais chaste toute ta vie.
-Ce n'est pas ma copine, c'est ma demi-sœur.. la fille de mon beau-père.
-Ah oui, le fameux médecin qui a fait que tous les célibataires de la maison ont pris une cuite, le jour où ils ont appris que ta mère n'était plus sur le marché ?
-C'est ça. Et puis, je suis chaste.
L'homme éclata de rire et lui donna une bourrade dans le dos. Brian aussi se mit à rire.
-Tu pourras ramener ça à ta Grand-Mère, je viendrai chercher la tourte à la viande qu'elle m'a promise un peu plus tard, ça m'arrange.
-Tu es le bienvenu Steve, de toute façon. En fait, il parait que Brisefer n'a pas souffert, c'est vrai ?
-Il n'a pas souffert, ton grand-père et moi sommes restés avec lui jusqu'à la fin. Il faut que j'y aille. À plus ! 
Une fois dans la voiture, je devais toujours regarder Brian bizarrement parce qu'il soupira.
-C'est Steve, le véto. 
-Pourquoi tout le monde te connaît alors que tu ne viens que pour les vacances ? Je veux dire, pourquoi tout le monde fait comme si tu étais un habitant du coin et que tu avais vécu ici ?
-Bah. Brian a habité chez Grand-Père et Grand-Mère, répondit Tom tout en déballant un autre Reese's que je lui avais donné.
-Chez les gens d'ici, tu restes les deux mois d'été et si tu es un peu gentil, reprit Brian, ils pensent que tu es des leurs. Ne te formalise pas et puis.. ça fait 16 ans que je viens tout le temps. Je suis chez moi ici, je te l'ai déjà dit. 
Hum.. J'avais l'impression qu'on me cachait un truc. Je tournai les yeux. Je cuisinerais Mary. Elle n'allait pas me cacher la vérité elle. Je comprenais mieux pourquoi Brian disait les terres de mon grand-père. Nous passâmes par un portail en fer forgé et même de là, je ne voyais pas la maison. Tom était tout excité et demandait à Brian d'arrêter la voiture pour qu'il finisse à pieds parce qu'il n'allait pas assez vite à son goût.

Quand je vis la maison, je restai bouche bée. Ce n'était pas une simple maison. C'était un manoir texan en pierre, gigantesque. J'étais abasourdie. Ce n'était pas du tout l'idée que je m'étais faite de la maison des Grands Parents Miller.

-Ah ouais. Quand même.

Brian éclata de rire en voyant ma tête.

-Bienvenue à Miller House, Sarah.


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