Le cercle vicieux

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-Oncle James ! 

J'hurlai et je lui sautai dessus. Je ne l'avais pas vu depuis le mariage. Il avait changé la couleur de ses cheveux par contre. Désormais, il arborait un roux flamboyant lui qui avait été toujours été brun. Il me fit tourner sur le pallier et je me retrouvai dehors, en chaussette.
-Mais qu'est-ce que..
-J'avais une réunion du côté de Los Angeles et je voulais savoir comment vous alliez. Sarah, tu es plus jolie à chaque fois que je te vois.
-C'est toi le plus beau Jamie chéri. Papa !!!!! appelai-je.
Mon père était déjà dans le couloir et il s'arrêta en voyant son petit frère. Mon oncle James était le plus jeune de la fameuse bande Evans-McAllister. C'était lui qui s'était marié avec une mexicaine et qui avait déménagé à l'autre bout du pays avec elle 10 ans auparavant. Je ne voulais plus le lâcher. Il eut un sourire idiot et mon père se gratta la tête.
-Mais qu'est-ce que tu as fait à tes cheveux nom de nom ?
-J'ai fait un pari avec ma femme, j'ai perdu. J'en subis les conséquences. 
Ils s'étreignirent. Ils étaient pratiquement de même taille. J'adorais mon oncle James. Autant qu'Eric et Elijah. J'avais été très triste quand ils avaient déménagé du côté de Washington avec mon cousin qui avait pratiquement mon âge. Depuis, ils avaient eu deux autres enfants. Des jumelles. Elles devaient avoir l'âge de Giulia maintenant. 
-Mais qu'est-ce que tu fous là ?
-J'étais dans le coin pour affaire et je me suis dit que ça faisait vraiment longtemps que j'avais pas pris un verre avec mon frère dans un bar à strip-tease, avant de me rappeler que la dernière fois qu'on avait fait ça, c'était pour mon enterrement de vie de garçon. Donc, y'a longtemps.. et.. Sophie Harper ?!
Sophie venait de se matérialiser derrière mon père et elle devint rose tout en hochant la tête.
-Je me rappelle de toi quand tu étais.. haute comme trois pommes, sourit mon oncle en posant ses mains sur ses bras. C'est fou comme tu as grandi. Je viens de me prendre un coup de vieux, un truc de fou.
Mon oncle posa deux baisers retentissants sur ses joues. Elle devint cramoisie. Apparemment, elle n'était pas insensible au charme de mon oncle James...

-J'ai ramené.. de la tequila, des citrons, un whisky pur malt, un paquet de café et de la crème chantilly. De quoi papoter un certain temps, somme toute. 
-De quoi picoler un certain temps, tu veux dire.. fit remarquer son frère.
-C'est ce que je voulais dire. Tu as assassiné ta femme ou elle se cache de moi ?
-Ni l'un ni l'autre James, répondit Mary en descendant les marches. J'ai juste un petit à border tous les soirs. Tu vas bien ? 
-Toujours mieux quand je te vois, sourit Oncle James en embrassant ma belle-mère.
-Tu restes dormir à la maison ce soir ? lui demanda-t-elle.
-Mon avion est demain à 7h, je vais prendre un hôtel près de l'aéroport.

-En voilà une idée stupide ! rétorqua mon père. Tu restes, point barre, de toute façon, j'imagine que le frimeur que tu es à louer une voiture de sport très rapide, non ? Tu seras rendu à temps.
-Je te signale que tu as une Audi TTS coupé devant chez toi. Alors question frime..
-C'est la voiture d'Éric, il l'a passée à ma fille pour qu'elle aille à Santa Monica.
Mon père me fit un petit sourire en coin avant de s'éloigner dans la cuisine pour faire du café.
-Ah oui, j'ai cru voir ça. Sérieusement Sarah. Les concours de T-shirt mouillé, ça se fait à la plage, pas dans les bars de la plage. Tu verras à ton premier Spring Break, je veux dire, si tu n'es pas privée de sortie jusqu'à tes 30 ans pour Santa Monica.
-J'espère pas. 
Le coup d'œil vers mon père qui revenait de la cuisine avec des verres, fit rire mon oncle.
-Pourquoi tu m'as pas prévenu avant ? C'est pas comme si on ne se parlait pas tous les jours.
-Réunion de dernière minute, j'ai remplacé un collègue. Valentina était dégoûtée de ne pas pouvoir venir.. mais les filles étaient souffrantes alors.. elle ne pouvait pas les laisser même pour une soirée, avec la babysitter.
-Tu n'oublieras pas de les embrasser pour moi quand tu rentreras.
-Je n'y manquerai pas. 
-Oh, bonsoir ! 
Je me retournai pour voir Brian. Il semblait un peu.. mal à l'aise. Mon oncle se leva et lui serra la main tout en lui disant que cela lui faisait plaisir de le voir. 
-Sophie, Brian, Mon Amour, vous voulez un Irish Coffee ? demanda mon père. J'ai fait couler du café.
Je levai le sourcil et fixai mon père avec désapprobation.
-Et moi tu ne me demandes pas.
-Hum. Non.
Mon père me regarda comme si j'étais cinglée et il retourna en cuisine après avoir eu l'accord des autres. J'allais dire un truc mais mon oncle James me coupa.
-Chez les McAllister, on boit de l'Irish Coffee. Il n'a pas besoin de te demander, tu étais incluse dedans, comme moi d'ailleurs. C'est notre marque de fabrique. 
-Hum.. je croyais qu'à la base les McAllister était originaire d'Écosse et pas d'Irlande.
-C'est vrai, mais dans notre famille, on ne fait jamais les choses comme il faut, on aime bien se mélanger et si je me souviens bien, un de nos aïeux a fauté avec une petite Irlandaise du nom de.. John, c'était quoi le nom de la seule Irlandaise de notre famille, tu sais, celle du XIXès..
Mon père posa un plateau avec les tasses de café sur la table du salon.
-Cliodhna. Cliodhna McAllister. Tu ne connais pas cette histoire Sarah ? 
-Hum.. non.
-Tu demanderas à Grand-Mère de te la raconter alors, sauf si James, tu veux..
-Non merci moi les histoires d'amour soi-disant tragiques qui finissent bien, ça me barbe. D'ailleurs en parlant de Grand-mère, la nôtre ne va pas très fort, je crois qu'elle nous fait une petite déprime. Sa copine de bridge est morte et tu sais, elle devait aller faire une croisière avec elle à Noël alors je lui ai dit de venir à la maison avec Mère. Elles ne s'aiment pas beaucoup mais peu importe. 

Mon oncle prépara les boissons et nous en tendit une à chacun. Il me scruta pour voir ma réaction. Ça faisait un bail que je n'avais pas pris d'Irish, je ne me souvenais plus vraiment du goût. Il fallait dire que la dernière fois, c'était... il y a 10 ans, mon oncle m'avait fait goûter en douce et j'avais trouvé ça dégoûtant, en même temps ... à 6 ans, c'était pas forcément recommandé. Je lui fis un clin d'œil et il en prit une gorgée. Il s'en rappelait lui aussi.

-Bon, c'est quand que vous venez à Washington pour venir nous rendre visite ? Je sais que tu es super occupé Superman, mais les autres, vous êtes toujours les bienvenus.
Mon père fixa son petit frère avec un amour débordant. Ces deux là s'adoraient encore plus qu'Elijah et Éric qui étaient mes modèles d'amour fraternel.
-Ta couleur de cheveux, je ne peux pas. Tu es laid comme ça, faut bien que quelqu'un te le dise. 
-C'est pas vrai James, tu es toujours supra hot, même avec tes cheveux à la Damian Lewis, rétorquai-je.
-Je suis d'accord avec Sarah, émit Mary avec un petit rire. Désolée John. Le Roux c'est sexy. 
-Et c'est la gravure de mode qui vient de le dire, tu viens de perdre brothah. Je pense que je vais rester comme ça juste pour t'embêter. Et puis vu certains de tes exploits capillaires, je pense que tu n'as rien à dire.
-Ça sent les potins, ça. Accouche oncle James.
-Ton père a eu plusieurs périodes capillaires selon les années, il a eu les cheveux courts presque rasés, des cheveux longs noués au catogan, et durant sa période punk-gothique..
Whaaaaaat ??? Mon père avait eu une période gothique ? Pourquoi on avait jamais les albums de famille quand il fallait ? 
-Il a eu une crête et un piercing dans le nez du côté droit.
-En fait il était du côté gauche et c'était sur mon arcade sourcilière et j'en avais dans l'oreille aussi. De toute façon, c'est toi le délinquant de la famille.
-Délinquant ? Je ne me suis pas fait tatouer un serpent sur tout le bras droit la veille de la rentrée des cours !
-Tu peux parler !! Tu avais fait le bas de ton dos, c'est juste que le tien ne se voyait pas autant que le mien.
-Tu t'es fait tatouer Papa ? 
-Ce n'était pas permanent.. Je l'ai eu quoi.. un mois ? C'était juste pour rire. Mon père a trouvé ça nettement moins amusant. C'était ma période rebelle. Mais toi ne t'avise pas de me faire ça. Les filles, vous n'aviez pas un devoir à terminer ?

-Si. C'est en espagnol, on doit vérifier notre travail, c'est tout. Rien de particulier en fait.
Mon oncle se proposa pour nous relire ce qu'il fit en 5 minutes, en changeant certaines tournures de phrase. Il me rendit mon ordinateur. J'avais envie de me blottir dans ses bras et de ne pas le lâcher mais Sophie était là et je ne pouvais pas le faire. Je croisai Brian entrain de parler avec Sophie quand je retournai dans la salle à manger où on s'était installées pour travailler.
-Tu es sûr que ça ne te gêne pas ? disait ma meilleure amie.
-Bien sûr que non. Je vais juste demander à ma mère. Je reviens. 
Il me contourna sans un regard et comme Mary me suivait de près, il s'arrêta.
-Maman, tu vois un inconvénient à ce que Sophie et moi on aille faire un petit tour de quartier ? J'ai envie d'aller marcher et elle veut bien m'accompagner pour ne pas que je sois tout seul.
-Vous prenez vos téléphones et s'il y a le moindre problème, vous m'appelez. Ne rentrez pas tard.
-Une petite demie-heure, pas plus, répondit Sophie en regardant Brian.
Je fis signe à Sophie que je voulais lui parler, je l'emmenai dans la buanderie avec moi.
-C'est quoi ce délire ? Pourquoi tu veux faire un tour avec Brian ? Sans moi ?
-Parce que je suis ta meilleure amie, que je sais que tu as envie de passer un peu de temps en famille toute seule et que je bouleverse un peu tes plans en étant là, alors Brian et moi on va vous laisser un peu en famille, on fait un tour, on revient et on aura tout le temps de papoter après.
-Okay, lâchai-je à voix basse. Merci, tu es vraiment super comme fille.

Je restai donc avec mon oncle et quand Mary demanda de l'aide à mon père pour ranger la cuisine, James se pencha vers moi.
-Alors qu'est-ce que tu me racontes de beau ?
-Rien de particulier.
-Tout va bien au lycée ?
-Oui. Tout va bien James. 
-Et les amours ? Parce que je ne peux pas croire qu'une fille comme toi n'a pas de petit ami.. 
-Si je te dis tu vas tout répéter à Papa, et ça fera le tour de la famille Evans-McAllister. Vous êtes des commères.
-Mais non, je sais garder un secret. Je dirai rien à ton père. Alors ? C'est qui ? Je suis sûr que tes oncles Evans le savent déjà en plus.
Je me penchai vers lui et je lui révélai le nom de celui qui faisait battre mon cœur.
-Le fils McDust ? Quand je pense que je suis sorti avec sa tante.. L'histoire se répète, je trouve ça flippant.
-Tu es sorti avec la tante de Marc ? hallucinai-je en me redressant.
-Si tu veux tout savoir, c'est la première fille avec qui j'ai couché. Elle était à la fac, en deuxième année, j'étais à ma première année de lycée. Elle était toute en courbe, elle était superbe. J'étais fou amoureux d'elle. Et tu sais quoi ? C'était une garce de la pire espèce. Je l'ai re-croisée y'a deux ou trois mois. Elle ne se souvenait pas de moi, mais elle se souvenait de ton père par contre. Elle m'a quand même sorti : Tu es le frère de John McAllister ?. Alors qu'on a couché ensemble pendant 4 mois. Elle a brisé mon cœur une seconde fois cette salope. 
-Mon pauvre James. Je peux t'assurer que Marc ne me brisera pas le cœur. Et puis si c'est le cas, tu viendras lui péter les genoux.
-Plutôt deux fois qu'une. Par contre j'aimais bien McDust Père. Il était cool. C'est juste sa sœur qui est une pute c'est tout.
-En parlant de pute, tu as ma prof de maths dans tes amis Facebook, on se demandait avec Papa si c'était ton ex.. parce qu'elle me déteste.
Il prit son téléphone et regarda son nom. Il sourit avec gentillesse.
-On était à la fac ensemble. Nos colocataires respectifs sortaient ensemble. Y'a jamais rien eu entre nous, elle ne voulait pas, c'est pas faute d'avoir essayé.. remarque.. ah oui. Je suis sorti avec sa cousine par contre.
-Et comment ça s'est fini ?
Mon oncle leva un sourcil et me demanda d'un ton sérieux.
-Je suis marié avec la cousine de ta prof de maths ?
-Hum.. non.
-Alors voilà comment ça s'est fini. J'étais un goujat de la pire espèce à l'époque. C'était avant que je tombe sur ma femme. Que veux-tu ? Aaaah John ! C'est pas trop tôt. J'ai sérieusement cru que tu étais entrain de concevoir un autre McAllister sur le plan de travail.
-Alors que ma fille est éveillée ? Bien sûr que non. Enfin, pour qui tu me prends, je ne veux pas lui payer 15 ans de thérapie. En fait Sarah, tu as trouvé un cadeau pour Brian à Noël ? 
-Non. Pas encore mais Mary m'a donnée des pistes, sans compter que je suis privée de sortie, je vois pas quand j'aurais le temps de faire un cadeau à qui que ce soit.
-C'est pas faux. Mais je peux t'accompagner. 
-Hum. Non, je ne préfère pas. Imagine si j'ai envie d'acheter une poupée gonflable à Brian..
-Il a une copine, je ne pense pas qu'il en ait besoin. En plus, crois-en mon expérience, tu ne peux pas acheter dans un Sex Shop avant ta majorité.
-Tu me fais peur là P'pa. 
Mon père et son frère éclatèrent de rire devant ma mine dubitative et je finis mon Irish Coffee d'une gorgée avant de me lever pour m'étirer.
-Sinon, comment va Keith ?
Keith, c'était mon cousin. Il avait l'âge de Marc et était rentré à Yale cette année, faisant la fierté de toute notre famille et à ma grande surprise, moi qui avais toujours cru que mon cousin McAllister était un grand glandeur d'après ses dires.
-Il va super bien, sauf que maintenant, il ne veut plus qu'on l'appelle Keith mais Duncan.
-Ah. Il assume enfin son vrai prénom. C'est pas trop tôt, sourit mon père. 

Mon cousin avait découvert Keith Richards à l'âge de 12 ans et avait décidé de devenir une Rock Star en se faisant appeler comme son idole. J'avais toujours trouvé ça cool et assez courageux d'oser dire à ses parents qu'il refusait de porter le prénom choisi à sa naissance. Mais après, mon oncle et sa femme étaient assez cool sur ça. Je me souvenais du jour où il avait décidé de cela. Nous étions en vacances tous ensemble à Malibu. Il l'avait dit au petit déjeuner. Mon père l'avait regardé et avait décrété que nous l'appellerions Hippocrate. James était interloqué et il avait juste dit : Okay Keith, mais autant te le dire, tu vas devoir travailler très dur en musique parce que la dernière fois que je t'ai entendu, tu avais le niveau d'un joueur de pipeau. Pas d'une Rock Star. Mon cousin avait été piqué à vif par la remarque de son père. Mais, il avait quand même tenu. On l'avait appelé Keith pendant la fin de son collège, pendant tout le lycée et maintenant ? Il avait changé d'avis ? Mon cousin... cette girouette.
-Ça va me faire bizarre de l'appeler Duncan, dis-je en fronçant du nez. Bon, je vais faire un tour dehors, tu veux que je sorte les poubelles P'pa ?
-Brian l'a fait, tu n'as qu'à prendre ton ordinateur et regarder un film ou une série. 
Je faillis lui demander s'il levait ma punition, mais je ne le fis pas. Je pris une grosse couverture polaire et j'allai dans le jardin sur le siège suspendu que nous n'allions pas devoir tarder à ranger. Je m'enroulai dans la couverture et je réfléchis. J'avais l'impression d'être hyper cérébrale comme fille. De réfléchir à tout. Tout le temps et de ne jamais agir. 
-Ma chérie ? Tu veux un thé ? Je viens de me faire une théière.
Je tournai les yeux vers Mary. Elle avait enfilé un gros gilet pour me rejoindre.
-Oui je veux bien Mary. Merci.
Elle me l'apporta et je la retins par le bras. Je l'attirai juste à côté de moi dans le fauteuil. Il y avait largement la place pour deux. Elle me prit dans ses bras pour me faire un câlin. C'était agréable.
-Il y a un truc que tu as dit tout à l'heure qui m'a beaucoup touchée Mary.
-Ah ?
Elle ne savait pas de quoi je parlais. 
-Tu as dit que j'étais ta fille. Ce matin. Au téléphone. Et je crois que ça me touche encore plus que tu ne l'aies pas remarqué. Ça veut dire que c'est naturel pour toi.
-Évidemment que tu es ma fille. Quand j'ai épousé John, j'ai non seulement épousé l'homme merveilleux, mais j'ai aussi épousé le père attentionné et aimant. Évidemment que je te considère comme ma fille. C'est une évidence pour moi. La seule chose que je regrette, c'est l'inimitié qui se dégage de la relation que tu entretiens avec mon fils aîné. 
-C'est pas de ta faute Mary. On a juste une incompatibilité émotionnelle. Ça arrive souvent.
-Je crois que le pire c'est que si vous mettiez le passé de côté, vous vous entendriez vraiment super bien. Mais le problème de Brian c'est qu'il a récupéré mon sale caractère et qu'il est très têtu. Il ne fera pas le premier pas, je le sais. Et je sais aussi que tu es aussi très têtue. Comme John et que tu ne feras pas non plus le premier pas. Mais si un jour le cœur t'en dit.. mon fils gagne à être connu. J'ai l'impression de te l'avoir déjà dit.
-C'est sûrement le cas, tu vends très bien ton fils en tout cas. Et puis.. je crois que Brian avons trouvé un terrain d'entente ou du moins de non-agression alors... Tu peux dormir tranquille Mary.

Sophie revint à la maison non pas une demie-heure après sa balade avec Brian mais une heure après. Quand ils revinrent, ils avaient tous les deux les yeux brillants et le sourire aux lèvres. Je n'étais même pas jalouse pour la simple et bonne raison, qu'ils nous trouvèrent enroulés dans la couverture polaire dans le jardin entrain de parler, dans les bras l'une de l'autre. Brian plissa légèrement des yeux et embrassa sa mère pour lui souhaiter une bonne nuit. Mon père et James avaient déménagé dans la cuisine et ils faisaient des Margherita. 
-Les enfants, vous emmènerez Tom à l'école demain matin. Vous n'avez qu'à tirer à pile ou face. 
Je pense qu'il était déjà un peu ivre quand il nous dit ça et qu'il ne faisait pas trop attention à nous.
-Papa ? Je peux téléphoner à mon mec pour qu'il passe une nuit torride dans ma chambre et qu'on fasse ensuite un plan à trois avec Sophie ?
-Hein ? Oui, tout ce que tu veux ma chérie.
Il ne m'écoutait pas. Brian était dubitatif et il éclata de rire. 
-Je crois que le pire, fanfaronna-t-il dans l'escalier derrière moi alors que nous montions tous les trois à l'étage. C'est que Marc ne serait pas contre un plan à trois avec vous deux. Bien évidemment, ce serait du gâchis. Quand on a une Sophie, on a pas envie de la partager. 
-Tu es trop cute Brian. 
-Merci. On me le dit souvent. Mais dans ta bouche, ça a une saveur particulière. 
-La saveur de la sincérité peut-être ? argua-t-elle en souriant innocemment.
Brian continua de rire pendant que je menais Sophie jusque dans sa "chambre". Je m'affalai sur le lit et nous pûmes enfin parler. J'attendais ça depuis longtemps. Je ne lui racontai pas mon accord avec Brian. Je n'en avais pas besoin, je ne voulais pas la blesser et si elle avait su qu'il avait un accord sur sa tête, elle aurait été vexée. Le lendemain, alors que j'avais parlé avec Sophie une bonne partie de la nuit, je me levai tôt pour saluer mon oncle James. Il avait une tête de zombie. Et mon père aussi d'ailleurs. Je vis les cadavres de bières dans le salon. 
-Tu as l'air totalement démonté. Tu veux que je t'emmène à l'aéroport ?

-J'ai appelé un taxi Sarah, mais c'est gentil, et ton père s'occupe de ma location.
-En fait, je crois que quand je te vois James, c'est là que je me rends compte à quel point tu me manques. Je n'ai jamais envie de te voir repartir. 
-Moi non plus, c'est toujours triste de me séparer de ma nièce-filleule-fille par intérim. Si tu as le moindre problème Sarah, tu m'appelles et..
Mon oncle eut un air de conspirateur et il se pencha vers moi.
-Si tu as envie de fuguer, n'oublie pas que j'habite à Washington. Il y a toujours une place dans ma maison et dans ma vie pour toi. Alors, tu prends l'avion, tu m'appelles et je serai là à ton arrivée. Je te garde le temps qu'il faudra.
-Tu veux dire le temps que mon père se rende compte de ma disparition, qu'il prenne un avion et vienne me chercher par la peau des fesses..
-Oui, c'est ce que je veux dire. Je vais y aller. John. Tu embrasseras ta femme pour moi et tu salueras tes beaux-enfants. Sarah.. Viens dans mes bras.
Il me serra très fort contre lui et je rencontrai ses grands yeux verts. Je détestais les adieux. Je montai me laver et quand je redescendis, mon père était entrain d'avaler des litres de café fort. J'entendis la porte claquer.
-C'est Sophie, me dit-il. Elle voulait aller courir, je lui ai donné ma permission. Je vais me faire une intraveineuse en arrivant à l'hôpital. Histoire d'enlever un max d'alcool de mon sang. Je vais me faire tuer par le chef de la chirurgie.
-C'est pas Wolf ? Ton ami Wolf. 
-Si mais quand même. Pas de favoritisme. Et puis vis à vis de mes patients.. je ne sais pas si tu le sais mais comme nous ne sommes pas faits pour boire de l'alcool, notre organisme l'élimine par tous moyens. Et notamment par les pores de la peau. Alors.. salut Tom chéri ! 
Tom sauta dans les bras de mon père qui le fit tourner avant de le poser sur le plan de travail de la cuisine.
-Alors.. qu'est-ce que tu veux manger ce matin bonhomme avant d'aller à l'école...
-Je peux avoir des œufs avec du bacon et du pain aux céréales, du fromage blanc, avec du miel et cerises ?!
-Ce n'est pas la saison des cerises Tom, rétorquai-je.
-C'est pas grave, sourit l'enfant en dévoilant sa bouche édentée. Je vais prendre une poire.
-Je suis désolé mon garçon, on a plus de bacon.. Mais je peux te faire des saucisses si tu veux.
-Ah ouuuuuuuuuui !! éclata de rire Tom. Des saucisses ! des saucisses ! scanda le jeune garçon.
-Des saucisses ? Qui a parlé de saucisses ? J'en veux. 
La voix de Brian claqua, il n'avait pas fermé sa chemise mais il était lavé.
-Okaaaay, des saucisses pour trois.. pour quatre ? Sarah ? 
La vue de la viande cru faillit me soulever l'estomac. Je secouai la tête.
-Non merci, je sais pas comment vous faites sérieux.

Je m'assis autour du plan de travail et je pris une pomme pendant que Brian cassait des œufs et commençait à les battre pour faire des œufs brouillés, en sifflotant.
-Le petit déjeuner est le repas le plus important de la journée, récita Tom en montant sur la cuisine pour récupérer des verres.
-Tu as raison mon chéri, tu devrais manger plus qu'une.. pomme Sarah. Je ne sais pas ce que tu as en ce moment, avant tu avais un super appétit le matin.
-C'est juste que là.. il est 7h45, j'ai pas envie de saucisses quoi. Désolée. Mais qu'est-ce que tu fais ? 
Brian commença à couper des tomates et du cheddar. Il avait sorti la salade et la vinaigrette.
-Bah.. je me prépare un petit déj.
-Tu veux dire un déjeuner.. tu veux pas non plus des pommes de terre ? 
-Non par contre, Tom, tu peux me sortir de la moutarde ? 
Son frère lui lança par dessus la tête de mon père qui se mit à rire.
-Thanks buddy. Il reste des pamplemousses ?
-Oui, dis-je à Brian. Si tu les presses j'en veux bien par contre.

-Okay. Sauf que je fais des mélanges perso, je mets du citron et des oranges, ça te va ? John ? Tu en veux ? Je sais que Maman en voudra quand elle se réveillera... D'ailleurs c'est pas chelou qu'elle soit pas réveillée ? Tom, va réveiller Maman, maintenant, ajouta-t-il en français.

Son petit frère courut en dehors de la cuisine, preuve qu'il parlait lui aussi cette langue. Brian continua de siffloter. Quand Tom revint, il avait l'air embêté.
-Je crois qu'elle ne va pas bien. Elle m'a pas chatouillée quand j'ai sauté sur le lit. Elle m'a juste dit d'arrêter.
Mon père s'arrêta de cuisiner et demanda aux garçons de surveiller la cuisson des saucisses. Quand il revint, il était au téléphone. 
-Oui. Je ne pense pas personnellement mais à la limite, vous pouvez toujours la joindre par téléphone. Oui, je vous en prie. Au revoir Kelly. Votre mère est malade. Je pense qu'elle devrait rester au chaud, au moins ce matin. 
-Hum, répondit Brian. Okay. Tom, tu peux prendre le thé de Maman dans le placard ? Je vais lui faire une théière et lui monter. C'est moi qui t'emmène à l'école aujourd'hui.
-Pas ce matin Brian, je vais le faire. Il faut que je dépose la voiture de mon frère à la société de location qui est juste à côté. Par contre, tu pourras aller le chercher ? 
-Ouais.

J'étais présente, sans vraiment être là. Ils m'avaient oublié. Ils se parlaient au dessus de ma tête.
-Je vais monter son thé à Mary, dis-je.
Brian sembla enfin se rappeler de ma présence. Il leva un sourcil. Charmant.
-Je vais le faire parce que je vais lui monter d'autres trucs avec. Des fruits, enfin.. des trucs quoi. Tu es maladroite, tu vas tout faire tomber.
-Pas du tout ! rétorquai-je piquée au vif.
-Je ne crois pas que ce soit le moment de vous emporter les enfants. Je vais le faire, comme ça pas de souci. Je ne crois pas qu'elle ait envie de manger, ajouta mon père en voyant que Brian mettait dans un plateau des gâteaux et des fruits. Elle me l'a dit et...

-Je sais qu'elle n'a pas envie de manger, le coupa le fils de Mary en mettant du miel dans un ramequin, mais elle doit manger. Quand elle était ado, elle a été à la limite de l'anorexie et quand elle était malade, elle n'avalait plus rien et il lui fallait des jours pour reprendre une alimentation normale. Quand ma mère ne va pas, elle a tendance à ne pas manger. Rien que dalle. D'ailleurs, la dernière fois qu'elle s'est faite larguer, elle s'est nourrie de cacahuètes et de thé. Pendant une semaine et demie, elle en a perdu 6 kg. Et quand je dis cacahuète, je veux dire un paquet.. par jour.

Brian se tourna vers le réfrigérateur, prit un yaourt et une compote. Il était hyper sérieux, il ne nous regardait même pas.

-Alors, il ne faut pas qu'elle arrête de s'alimenter, même si elle est malade. Parce qu'elle est réticente à reprendre au début. C'est normal d'ailleurs. Quand on se sous-alimente pendant une petite période, il faut une petite période de réadaptation.

Il servit son jus dans un verre et le posa dans un coin de son plateau.

-Je sais d'après mon expérience que si on lui met de la nourriture sous le nez, elle va forcément manger à un moment donné. Alors, je vais monter et lui dire de manger, j'ai pas besoin de toi, John. Je gère ma mère.
-Il me semble que nous avons déjà eu cette discussion Brian, répondit sérieusement mon père. C'est très aimable de ta part, je ne dis pas le contraire, mais ce n'est pas à toi de t'occuper de ta mère, c'est à moi. Je suis son mari. 
Brian baissa les yeux et hocha la tête. Il avait envie de répliquer quelque chose mais il soupira.
-Oui. Tu as raison. C'est juste l'habitude. Tu lui dis de manger. Il faut que tu sois ferme. Qu'elle sente que c'est une obligation et pas une option. Et quand elle est malade, elle boit du thé vert ou du blanc. Pas du thé noir.
John hocha la tête et prit le plateau de ta mère.
-Je trouve ça émouvant, dis-je.
-Je te demande pardon ?
-Que tu t'occupes de ta mère quand elle est malade. Je trouve ça, émouvant. Vous êtes un vrai tandem, c'est cool.
-Moi ce que je trouve nettement moins cool, Petit Bateau, c'est que ma mère est malade à cause de toi.
-Pardon ? m'offusquai-je.

-Tu l'as emmenée dehors hier, elle a probablement attrapé froid sous ta couverture pleine de germe.
-C'est quoi des germes ? 
Nous nous tournâmes vers Tom qui était entrain de manger son petit déjeuner avec entrain. 
-Des petites bêtes tellement petites que tu peux pas les voir sans un microscope et qui rentrent en toi pour te rendre malade, répondit Brian en se servant une assiette. 
Tom arrêta de manger, la bouche bée où il y avait des œufs dedans. Je lui refermai la bouche d'un geste de la main et je pris un bol avec du fromage blanc et du miel.

-Tu as rendu malade ma maman ?! Tu es méchante, me lança Tom en me fusillant du regard comme aurait pu le faire son frère aîné. 
-Je n'ai rien fait du tout ! 
-Je suis sûr que c'est toi la responsable. De toute façon, tu es méchante avec mon frère, pourquoi tu serais pas méchante avec ma maman ? 
-Parce que j'aime ta maman et que je n'aime pas ton frère.
-Si tu n'aimes mon frère, je t'aime pas.
-Tu n'as pas à m'aimer, je ne suis pas ta sœur. Mais par contre, tu dois me respecter et être poli.

Il me tira la langue et continua son petit déjeuner. Moi aussi et en silence. Brian s'était assis lui aussi et il mangeait. Mon père arriva derrière moi.
-Vous êtes bien silencieux... Sarah, tu veux des céréales ? 
-Non merci.
-Je suis désolé Sarah, mais tu ne sortiras pas d'ici sans avoir mangé un repas un peu plus consistant qu'une pomme, un verre de jus et 3 bouchées de fromage blanc.
-C'est pas parce que je ne veux pas de viande ou de céréales un matin avant d'aller au lycée que je me sous-alimente. J'ai envie d'un pain au chocolat, mais on a pas de pain au chocolat, alors je vais aller m'en acheter un à la boulangerie.
-Moi aussi j'en veux un ! sourit Tom, les yeux brillants en me regardant.
-Tu viens de me dire que tu ne m'aimais pas. Je ne vois pas pourquoi je gaspillerai de l'argent pour toi, rétorquai-je sèchement.
-Sarah ! s'exclama mon père d'un air fâché.
Les yeux de Tom venaient de s'humidifier et les coins de sa bouche s'affaissèrent.
-Mais.. mais balbutia le petit garçon de 8 ans. Je disais ça pour rire. Je t'aime bien moi.
-Oui, mais je suis méchante. C'est toi même qui me l'a dit. Alors, tu n'as qu'à demander à ton frère. 
Mon père se leva et me tira fermement par le bras en dehors de la cuisine.
-Tu vas aller t'excuser immédiatement auprès de Tom.
-Il m'a dit que j'étais méchante. C'est à lui de s'excuser.
-Je ne dis pas le contraire, mais tu viens de lui dire à mi-mot que tu ne l'aimais pas.

-J'ai pas dit ça ! 

-C'est comme ça qu'il le prend. C'est un petit de 8 ans, il prend tout au premier degré, tu le sais très bien.

-Et alors ? Il n'a qu'à croire ce qu'il veut, je m'en fous complètement de son avis.

-Tu aggraves ton cas. Je ne veux pas savoir depuis quand tu es devenue cette petite peste incontrôlable qui me fait honte, mais tu as intérêt à redevenir rapidement l'enfant douce et gentille que j'ai élevé. Il est hors de question que je te laisse partir à la dérive, tu as intérêt à te reprendre, sinon, tu peux être certaine qu'à la rentrée prochaine, je t'envoie dans un pensionnat dans le coin le plus reculé de l'Europe de l'Est et si tu penses que je suis un père cool et laxiste, tu vas avoir une surprise, parce que je le ferai.

Sophie profita de ce moment pour rentrer de sa course matinale. Elle s'arrêta dans le couloir.
-Il y a un souci ? J'ai ramené des viennoiseries, je me suis dit que c'était la moindre des choses..
-C'est très aimable Sophie, tu n'étais pas obligée. Tu peux nous excuser une petite minute, nous..
-Nous avions terminé, rétorquai-je en dégageant mon bras qu'il tenait toujours.

Je rentrai de nouveau dans la cuisine et la première chose que je vis, c'était le regard glacé de Brian qui s'était déplacé juste à côté de son petit frère. Ce dernier leva les yeux, il avait des larmes qui coulaient. Je l'avais fait.. pleurer ? Je m'en voulais terriblement. J'allais tourner Tom pour qu'il me regarde, mais la main de Brian s'abattit sur mon poignet fermement.
-Tu ne le touches pas, tu as suffisamment fait de dégâts comme ça. T'es qu'une conne, siffla Brian, furieux contre moi. T'as pris ton pied à faire pleurer un petit de primaire, c'est bon ? Viens Tom. On va dire au revoir à Maman et on va à l'école.
Sauf que je n'allais pas me laisser faire par Brian. Je m'accroupis et plongeai mon regard dans celui humide de Tom.
-Je me suis laissée emporter, j'ai été méchante avec toi. Je t'aime Thomas. Je ne veux pas que tu en doutes une seule seconde. Je suis désolée. 
Il me sauta dans les bras et il fourra son nez dans mes cheveux. 
-Je suis dé-so-léééé, pleurait le petit garçon. C'est de ma faute parce que j'ai dit que tu étais méchante alors que tu n'es pas méchante. 
J'essuyai ses larmes et lui embrassai les paupières. Mon père faisait ça quand j'étais petite. Je pris un mouchoir, il commençait à avoir de la morve qui lui dégoulinait du nez. Je l'essuyai.
-Je vais t'emmener à l'école, d'accord ? 
Il hocha la tête et retourna manger mais il avait une petite mine. Mon père hocha la tête mais il était fâché contre moi. Encore. C'est vrai que faire pleurer un petit, c'était de la pure méchanceté. Sophie aussi me regardait bizarrement. Quand je lui expliquai ce que j'avais fait le midi, elle me regarda avec désapprobation.
-Tom t'a pardonné, ton père va te pardonner, mais pas Brian. Tu vas avoir des représailles et rapidement en plus. Je vais voir ce que je peux faire.
Elle se leva avant que je dise quoi que ce soit et elle se dirigea vers la table des performer où Brian riait aux éclats. Il la vit arriver et il tourna son regard vers moi. Il se leva et la suivit un peu plus loin. Je le vis écouter, hocher la tête et rétorquer quelque chose. Il finit par venir vers moi. Je n'avais pas encore commencé à manger et comme par hasard je vis Cathy se diriger vers notre table.
-Tu vas m'écouter bien attentivement McAllister. Thomas est l'être que j'aime le plus en ce monde. Il est enjoué, il est intelligent et en plus de ça, il est profondément gentil et bon. Je ne laisserai personne lui faire du mal. Que ce soit toi ou un autre, jamais tu m'entends ? Il restera innocent le temps qu'il faudra avant de se frotter à la dure réalité de la vie. Je ne te laisserai jamais gâcher ça. Sophie aura beau dire ce qu'elle voudra, je sais que tu es mauvaise au fond de toi. Je t'interdis de t'approcher Tom, jusqu'à nouvel ordre. Je m'en fous de ce que dira ma mère ou ton père. Tant que tu m'auras pas prouver que tu peux rester plus d'une demie-journée aimable avec quelqu'un, je ne veux pas que tu restes avec lui toute seule. 
-Tu te prends pour qui au juste pour m'interdire de voir ton frère ?
-Son frère justement. Quand il avait quelques mois et que ma mère était vraiment crevée, c'est moi qui le berçait quand il pleurait. Je m'asseyais dans le rocking chair de mon arrière grand-mère, je le prenais sur mes genoux alors qu'il était super lourd pour moi et je lui lisais une histoire jusqu'à ce qu'il se calme. Je ferai n'importe quoi pour le bonheur de mon frère, et je ne peux pas supporter que tu le fasses pleurer. Tu ne t'approches plus de lui sans ma permission.
-Brian..
Je posai ma main sur son bras alors qu'il se levait. 
-Je comprends. J'aurais aimé avoir un frère aîné comme toi, toutes les fois où quelqu'un m'a fait pleurer. Mais... Tom et moi on est réconciliés. Faut que tu apprennes à laisser couler. C'est passé. Cet après-midi, je lui ai promis qu'on irait manger un gâteau, juste tous les deux et je compte tenir ma parole. Je suis bien des choses, mais quand je fais une promesse à quelqu'un je la tiens. Je te promets que je ne ferai pas de mal à Tom, pas plus que.. je ferai du mal à ta mère. D'ailleurs.. j'ai l'intention de dire à ta mère que je laisse tomber pour Aspen. 
-Je suis désolé Sarah. Tu n'as jamais rien fait pour moi qui justifie que j'ai confiance en toi en ce qui concerne mon frère.
-Je t'ai couvert pour que tu ailles en fête ! 
-C'était sympa de ta part, je ne dis pas le contraire. Mais..
Son téléphone sonna et il fronça des sourcils.
-Grand-Mère. Il y a un souci ?
Brian resta immobile à me regarder. Mais il avait juste poser ses yeux sur moi, il ne me regardait pas vraiment. Il finit par mettre sa discussion avec sa grand-mère en pause.
-Les parents ont bien un téléphone dans leur chambre, non ?
-Oui.
-Tu peux me donner le numéro s'il-te-plaît ? Ma grand-mère a un problème et elle ne peut pas joindre ma mère.
Je lui donnai et il se mit à sourire.

-Salut Maman. J'ai grand-mère sur l'autre ligne, elle essaye de te joindre. Tu peux lui répondre ? Oui. Je passerai à ton bureau oui. À toute, je raccroche. Grand-mère ? Tu peux l'appeler, elle est réveillée. Oui. Moi aussi, je t'aime. 
Il raccrocha et je me redressai.
-Ta grand-mère avait un problème ? 
-Un truc avec l'organisation de Noël. Elle a essayé d'appeler sur le portable de ma mère mais.. enfin bref. J'irai chercher Tom. Tu n'auras qu'à venir avec moi, si tu veux, mais je ne te laisse pas seule avec lui. Et s'il n'est plus à l'école quand je viendrai le chercher parce que tu m'auras doublé, j'appellerai la police pour signaler sa disparition. Maintenant, si tu pouvais me lâcher, j'aimerai retourner manger.
Je n'avais pas remarqué que je le tenais encore. Je ne l'avais pas lâché. Je retirai ma main prestement et il s'éloigna. Sophie s'approcha, comme Cathy. Je fusillai ma meilleure amie du regard.
-La prochaine fois que tu as une idée me concernant derrière la tête, parle-m'en avant d'en parler à Brian. Tu as empiré les choses, je te signale. Il refuse que je vois Tom toute seule maintenant.
-Je voulais juste..
-Bien faire ? Justement. Abstiens-toi.
Sophie se redressa et elle pinça la bouche.
-Tu sais quoi ? Tout ce qui est arrivé est de ta faute parce que tu as fait pleurer Tom. J'ai juste été dire à Brian de laisser couler parce que ça se voyait ce matin qu'il t'en voulait à mort. Tu n'es pas obligée de me parler sur ce ton, ou de me parler tout court si c'est pour être désagréable. Je vais appeler ton père, je ne vais pas rester chez vous ce soir. Si c'est pour que tu me fasses encore la gueule, c'est pas la peine, je préfère rester toute seule chez moi.
Sophie prit son sac de cours, son plateau et elle s'installa à la table de son petit ami. 
-Qu'est-ce que voulait Brian ? me demanda Cathy qui s'était installée juste en face de moi.
-C'est personnel. Oh en fait Cathy, tu devrais arrêter avec Brian..
-Arrêter quoi ? 
-De le draguer ou de l'exciter sur Skype en te masturbant devant lui. C'est vulgaire et tu n'es pas une fille vulgaire.
-Je peux savoir ce que tu as ? Tu es jalouse parce que je suis capable d'exciter un mec comme Brian ? 
-Non. Pas du tout, mais on est copines toutes les deux. J'habite avec lui, je te rappelle. Il est amoureux d'Alexandra. Faut que tu te mettes ça en tête, il ne t'aimera jamais pour ce que tu es. 
Elle me dédaigna du regard. 
-Alors écoute Sarah. Ma relation avec Brian ne te regarde pas. Tu habites peut-être avec lui mais tu ne sais pas ce qu'il pense. Moi je le sais, on parle beaucoup.
-Ah oui, c'est sûr que tu parles avec lui, mais tu te déshabilles beaucoup surtout. Tu crois vraiment qu'il n'a montré à personne tes petites photos pornos ?
Cathy blêmit.
-Oui, je suis au courant. Il faudra combien de temps à Alexandra pour s'en rendre compte à ton avis ? Une semaine ? Un mois ? Même si c'est dans 3 ans. Elle se vengera parce que tu auras approché quelque chose qui lui appartient. Mets-toi ça dans le crâne. Alors, soit il la largue pour sortir avec toi, ce que j'adorerai parce que tu es une fille cent fois mieux que cette pouffiasse, soit tu resteras toujours dans l'ombre de la rousse cheerleader.
-Mêle toi une bonne fois pour toute de ce qui te regarde Sarah ou sinon, va te faire foutre.
Je me levai, laissant mon plateau et je quittais la cafétéria. Je ne savais pas ce qui me prenait. J'étais méchante avec tout le monde. Ce n'était pas dans mon tempérament d'ordinaire. Je m'arrêtai dans les couloirs. Je m'assis sur le rebord d'une fenêtre et je ramenai mes genoux sous mon menton. Je m'étais fâchée avec tout le monde. J'entendis des rires dans le couloir. Je tournai les yeux vers l'extérieur. J'avais les yeux humides, je ne voulais pas qu'on me remarque. 

-Bah alors Troll Snot ? On pleure ? 
C'était Chris. Elle était toute seule. Elle me faisait face.

-Chris. On ne s'aime pas, ne me parle pas.
-Pourtant on va se parler. Laisse Paul tranquille, okay. Je sais très bien ce que tu essayes de faire et sache qu'on ne me pique pas mon mec. Tu crois que je ne vois pas ton rôle de petite fille en détresse pour le faire craquer ? Tu arrêtes ça tout de suite.
-Pourquoi aurais-je besoin de draguer le petit frère alors que je sors avec Marc, qui est plus vieux, plus beau et plus intelligent que lui ? Tu te ridiculises encore une fois, laisse-moi.
-Ne touche plus à mon mec. Tu es peut-être le hochet de Marc, mais un jour il se lassera de toi. Je serai toujours dans la famille McDust que toi tu seras oubliée et humiliée.
-C'est marrant la façon dont tu dis ça, alors que ton mec fantasme sur une autre.
Elle me gifla avec force. Sauf que je n'allais pas me laisser faire. J'en avais assez et j'avais envie de me défouler. Je lui tirai les cheveux et je commençai à me battre avec elle. Elle me griffa avec ses ongles de sorcière. Il y eut un attroupement; je n'allais pas me laisser faire. C'était hors de question. C'est alors que je sentis une personne qui nous éloignait et se mettait entre nous. C'était Paul. 
-Pousse-toi Paul, lui dis-je, énervée.
-Je ne bougerai pas de là.
-C'est elle qui a mis ces photos de moi dans tout le lycée, alors tu te pousses pour que je lui donne exactement ce qu'elle mérite.
-Cette fille est folle. Elle m'a agressée alors que je n'avais rien fait.
Paul regarda sa copine au bord des larmes et il me regarda. Il la croyait ou du moins il était indécis. Je me jetai de nouveau sur elle. Du moins j'essayais parce que Brian me souleva par les hanches. Il prit mon poignet et il m'entraina à sa suite. Il ouvrit une salle de classe vide et il repoussa la porte derrière nous.
-Tu es complètement con ou quoi ? Tu es incapable de te contrôler et tu crois que je vais te laisser seule avec mon frère ? T'es instable. Pourquoi tu pleures maintenant ? soupira Brian en ramenant sa mèche rebelle sur le dessus de son crâne.
-Parce que je suis.. je ne sais pas, j'ai trop de trucs en tête.
-Suis-moi.
Il me reprit par le poignet et il m'entraina à travers le lycée. Il m'entraina dans le gymnase. Dans la salle de musculation du lycée où en théorie, tous les élèves avaient le droit d'aller, mais où seuls les performer allaient en réalité. Il me planta devant un sac de boxe, je me tournai vers lui mais il revint avec une paire de gants de boxe. Il me les enfila et se mit derrière le sac de boxe pour le maintenir. 
-Frappe de toutes tes forces dedans. Tu peux même y aller avec les pieds. Aie confiance en moi une fois dans ta vie Sarah McAllister. Frappe. 
Je le fis. Une fois, deux fois et après j'arrêtai de compter. 
-Pourquoi tu es en colère ? me demanda-t-il
-Parce que je suis devenue typiquement le genre de personnes que j'ai toujours détesté. Je me suis fâchée avec Sophie, avec mon père, avec Tom, avec toi. Et Chris qui n'arrête pas de me faire chier, comme si j'avais besoin d'elle pour savoir que je ne serai jamais à sa hauteur. Que je ne serai jamais jolie et populaire. 
-Pourquoi tu veux devenir comme Chris ? 
Je m'arrêtai et je le regardai sans comprendre.
-Tu te fous de moi ? Elle marche dans les couloirs, les gens se retournent pour la regarder. Elle est magnifique, elle est grande, elle est mince, elle est musclée.. elle a un corps de mannequin. Toutes les filles rêvent d'être aussi sexy que cette fille. D'avoir sa vie.
-Oh. Donc tu veux seulement ressembler à Chris. Ça c'est pas difficile Sarah. On peut arriver à tout si on s'en donne les moyens. Si tu arrêtais de t'habiller de manière ringarde, si t'allais chez un coiffeur et que tu usais des artifices dont Chris use, que tu faisais autant de sport que Chris en fait. Bref, si tu prenais le train de vie de Chris, tu serais une Chris. Alors arrête de t'apitoyer sur ton sort. Notre propre destin est entre nos mains. C'est à nous de le modeler et d'en faire une œuvre d'art. Personne ne peut te prendre en main à ta place. Alors fais ce qui faut pour être la personne que tu veux être. Les autres ne le feront pas à ta place. Et arrête de chialer tout le temps. Tu agis en victime et tu sais quoi ? C'est saoulant à la fin. 
-Pourquoi tu me réconfortes comme ça ? 
-On a fait un pacte, mais si tu fais rien pour changer, je ne vois pas comment je pourrais les empêcher de se foutre de toi, alors que moi-même j'en meurs d'envie. Et puis.. y'a un truc que je ne comprends pas chez toi. Tu arrives à tenir tête à ton père mais pas à des gamines de 16 ans ? À force de dissocier la Sarah qui est à la maison et celle en dehors de la maison, tu vas finir par te perdre toi-même. Et y'a pas pire que de se perdre soi-même. C'est ardu de se retrouver après ça.

Brian regarda son iPhone et grimaça.

-Il faut qu'on aille en cours.
Il ramassa son sac de cours et l'ouvrit. Il en sortit deux barres de céréales. Mes préférées. Il me les tendit.
-Tu as rien mangé ce midi. Prends-les. Les filles qui ne mangent pas pour faire attention à leur ligne, je trouve ça ridicule.
Je remarquai qu'il y avait mon sac dans le gymnase. Il l'avait pris avec lui ? Je le pris et je cherchai mon porte-monnaie. Je lui tendis 1$.
-C'est le prix des barres à la cafèt. Tu pourras t'en racheter d'autres. 
Il regarda le billet tendu et il s'en alla de la cafèt sans un regard vers moi. Je me retrouvai comme une conne avec mon billet à la main. Ce gars était un vrai mystère pour moi. Il n'acceptait mon argent que quand il l'extorquait ? Je pris une bouchée de sa barre de céréales et je me rendis en cours de littérature anglaise. Le dernier de ma journée puisqu'il y avait sport et que j'étais dispensée de sport. J'attrapai Sophie dans les couloirs avant qu'elle n'entre dans la salle.
-Tu es ma meilleure amie et moi je suis une conne. Une triple conne. Je suis en colère contre moi-même parce que je n'arrive pas à me détacher de ce qui m'entoure et plus je suis en colère contre moi-même, plus je suis acariâtre et c'est un cercle vicieux. Je veux sortir de ce cercle, j'ai besoin de toi Sophie. 
Ma meilleure amie hocha la tête et rentra en cours. Elle s'assit à sa table habituelle, près de moi. Elle ne m'avait rien dit du tout. Elle était vexée, je m'en doutais. À la fin du cours, elle resta assise et elle tourna les yeux vers moi. La salle se vida et il ne restait que nous.
-Toi, tu as vraiment de la chance que je sois de très bonne humeur aujourd'hui parce que j'ai passé une soirée d'enfer chez toi. Et tu as vraiment de la chance que mes parents ne soient pas à la maison. Ça fait la deuxième fois que tu m'envoies bouler pour rien depuis les vacances d'été. Je t'aime Sarah autant que je m'aime moi. Tu es ma sœur. Mais les sœurs ne peuvent pas toujours tout encaisser. Mon pardon a des limites. Je voulais que tu le saches. Alors pour l'instant, ça va, parce que j'imagine qu'avoir des étrangers dans ta maison, c'est pas facile. Mais, l'emménagement de Brian chez toi ne pourra pas tout expliquer. 
-Oui, murmurai-je. 
-Je suis ta meilleure amie et ta sœur Sarah. Pas ta psy. Je vais t'aider du mieux que je peux, mais si je n'y arrive pas, je refuse que tu passes tes nerfs sur moi en pensant que je te pardonnerai tout. Parce que c'est faux. Et si tu n'arrives pas à faire sortir la colère qui est en toi, je pense que tu devrais retourner voir l'amie de ton père que tu avais vu à la mort de ta mère.
-Tu es entrain de me conseiller d'aller consulter un psy ? 
-Parfois parler à quelqu'un d'extérieur fait du bien. Tu vois, hier, j'ai parlé avec Brian qui ne connait pas ma famille, ou du moins pas dans le même contexte que toi. Ça m'a fait du bien. il faut que j'y aille, j'ai encore cours moi. Tu viens me chercher à la fin des cours ?
-Tu pourrais pas demander à Brian ? Je vais passer voir mon père à l'hôpital. Je ne sais pas combien de temps ça va prendre. 
-Je vais le faire ! 
-Sophie ? Si tu pouvais smasher dans la figure de Chris.. c'est elle qui a affiché mes photos au lycée, je veux lui démolir le portrait mais avec un ballon de volley, ce serait plus facile.
-Je vais voir ce que je peux faire pour défendre ton honneur, sourit largement Sophie.
Apparemment la perspective de frapper la copine de Paul n'était pas sans lui déplaire. Je sortis du lycée et j'allai à l'hôpital. Il y avait du monde. J'allai à l'entrée du service de chirurgie.
-Bonjour madame, je suis la fille du Dr McAllister, est-ce que vous savez s'il est au bloc ? Et si je peux prendre 3 minutes de son temps ? 
-McAllister ? fit la femme juste à côté de moi.
-Il vient d'entrer dans l'ascenseur pour aller au bloc 3, c'est deux étages au dessus de nous. Vous avez peut-être une chance de l'avoir avant qu'il n'opère.
Je courus dans les escaliers et j'arrivai dans le sas du bloc 3. Mon père afficha un masque de surprise et me tendit sa joue pour que je l'embrasse.
-Qu'est-ce que tu fais là ? 
Il se lavait les mains consciencieusement.
-J'avais envie de te parler. Ton opération va durer longtemps ? 
-2-3h. Tu veux y assister ? 
-Tu veux dire.. à l'intérieur ? 

J'étais enthousiaste. Quand j'arrivai dans le bloc habillée comme tout le monde, mon père me fit un clin d'œil. 
-Tu ressembles à ta mère, fut la première constatation de mon père en me voyant arriver. Vous savez quoi ? Dr Won, me ferez-vous l'honneur d'ouvrir notre patiente ? 
Mon père s'écarta et se mit de l'autre côté de la table en tant que chirurgien secondaire. Le médecin devait être un résident, il semblait un peu empoté. Sa main tremblait.
-Ne vous inquiétez pas. La première fois, c'est toujours bizarre. Un peu comme la première fois qu'on s'envoie en l'air et puis après, ça glisse tout seul, sans mauvais jeu de mot.
-Merci pour les 15 années supplémentaires de thérapie Papa ! lançai-je depuis mon tabouret.
Éclat de rire général dans le bloc. 
-Rhoooo ! Sarah ! Tu as probablement été conçu dans cet hôpital.
-Je veux pas savoir. Vous allez lui faire quoi ? 
-Très bonne question. Dr Davidson, pourriez-vous expliquer à ma fille ce que nous allons faire et la procédure utilisée ? 
Son interne m'expliqua, probablement parce qu'il pensait que ça allait lui rapporter des points. 
-Est-ce que je peux regarder ? 
-Je trouve que pour quelqu'un qui ne veut pas faire médecine, ça t'intéresse beaucoup ! 
-C'est toi qui a décrété qu'avec ma moyenne lamentable en algèbre m'empêcherait d'aller en médecine. Alors qu'il me reste encore 2 ans et demi de lycée. J'ai largement le temps d'apprendre l'algèbre alors que sérieusement, je ne vois pas l'intérêt mais bon. Sérieusement, tu es un.. boucher amélioré, je ne vois pas l'intérêt d'apprendre à faire une équation à 25 inconnus pour ça.
-Un boucher amélioré ? Approche deux secondes.
Mon père me plaça juste devant lui et je regardai cette opération à cœur ouvert avec un grand sourire sur les lèvres. Je fis un clin d'œil au chirurgien juste en face.
-C'est trop cool. j'ai dit ça juste pour pouvoir regarder de près en fait. C'est quoi ça ? 
-Son aorte.
-Claaaassse et c'est normal qu'il y a ait un saignement près du ventricule ?
-Décale-toi. Arrêtez Dr Won.
Je me reculai pendant que mon père exerçait son art. Ses internes étaient entrain de l'observer en silence pendant qu'il enseignait. Ils le regardaient avec admiration.
-Tu as l'œil chérie. Si tu veux finalement faire de la chirurgie, mon service te sera ouvert... si tu fais partie des meilleurs bien évidemment.
-Tu es tyrannique quand il s'agit de médecine, je t'enverrai bouler, on sera fâché à mort. J'irai pas dans ton service. En plus, c'est pas sexy la cardio, regarde dans Grey's Anatomy. Aucun chirurgien cardiaque reste plus de 3 saisons. 
-En l'occurrence ma chérie, dans Grey's Anatomy les cardiochir' sont sexy et s'ils ne restent pas, c'est à cause des autres. En fait qu'est-ce que tu voulais ? 
-Rien de particulier, ça peut attendre. Et si je veux devenir dermato ? 
-Je te déshérite. 
Ses collègues éclatèrent de rire. Son opération ne dura pas très longtemps après ça. Ils avaient mis de la musique et ça passait tout seul. Une fois seule avec mon père, il me demanda ce que je voulais vraiment.
-Je voulais que tu me pardonnes. Parce que j'ai mal agi ces derniers temps..depuis que tu t'es marié. J'ai pas été moi-même et en plus je suis dans une période ingrate de ma vie. J'essaye de découvrir qui je suis et je ne fais pas attention aux gens autour de moi. J'ai été ingrate envers toi et envers les gens qui tiennent à moi. Je voulais te dire que je vais m'améliorer, que je vais essayer de m'améliorer mais.. je ne sais pas si je vais réussir toute seule. Sophie m'a rappelée tout à l'heure qu'à la mort de Maman, tu m'avais emmenée voir une de tes amies psy pour que je parle et je voulais savoir si je pouvais avoir son numéro, au cas où..
-Mieux que ça, je vais te la présenter. Elle travaille ici maintenant. Suis-moi.
Il frappa à une porte et l'ouvrit. Le Dr Cooper. C'était ça son nom. Je me souvenais d'elle. Mon père lui glissa deux mots, je n'entendis pas.
-Sarah ! Mais qu'est-ce que tu as grandi ! C'est fou comme tu peux ressembler à Elena maintenant. Je crois même que tu es encore plus jolie qu'elle. Que puis-je faire pour vous deux ? 

Le bipper de mon père retentit à ce moment là. Il m'embrassa et me laissa pour 5 minutes. 
-En fait, je voulais juste savoir si je pouvais venir vous parler un jour.. pas forcément maintenant, mais je voulais juste savoir si ça vous dérangerait parce que vous êtes une collègue de mon père et je peux comprendre que vous ne vouliez pas..
-Sarah. Avant d'être une collègue de ton père, j'étais une amie de ta mère. Si tu as envie qu'on parle, on peut le faire, même dans un cadre un peu moins.. formel. Je vais te donner mon numéro et si tu as besoin de moi, tu m'appelles. On va prendre un café ou alors, je te fixe un rendez-vous.
-Merci beaucoup, murmurai-je en prenant sa carte. C'est très gentil de votre part.
Je trouvai ça rassurant. Au moins, si j'avais un problème plus profond, je pourrais m'en libérer et puis vis à vis de mon père, cela le rassurait de penser que je me prenais en main. Je me rendis à la maison où je trouvais Sophie et Brian entrain de travailler sur la table de la salle à manger et Mary enroulé dans un gros gilet, entrain de boire un thé juste à côté.

-Salut Mary, tu vas mieux ? 
-Oui oui, je vais très bien. Et si ton père n'avait pas appelé ce matin, je serais retournée travailler cet après-midi, ma fièvre est descendue assez rapidement. Par contre, je peux savoir où tu étais ? Il me semblait que ton père ne voulait pas que tu traines après le lycée et ça fait plusieurs heures que tu aurais dû être là. 
-J'étais avec lui. Je suis passée lui demander quelque chose et j'ai assisté à une de ses opérations. Il pourra te le confirmer lui-même. Je suis désolée. J'aurais dû te prévenir, je n'ai pas pensé que tu allais t'inquiéter. C'est moi où tu as un bandage Sophie ! Qu'est-ce qu'il s'est passé ? 
-J'ai smashé violemment en volley et je me suis fait mal au poignet mais d'après Brian, si je ne m'en sers pas trop ce soir, j'irai mieux demain.
-Rassure-moi, tu as mis le point ? Parce que tant de douleur pour pas gagner c'est pas..
-C'est Chris qui s'est pris le ballon sur le nez. On l'entendait hurler depuis l'extérieur, répondit Brian en plissant des yeux. 
Il avait compris que c'était une partie de ma vengeance contre elle.
-Ah merde, elle va bien ? demandai-je alors que je jubilais dans le fond.
-J'ai eu des nouvelles par Paul. Ses parents l'ont emmenée à l'hôpital parce qu'elle saignait beaucoup. Je crois que sa cloison nasale est déformée..
Tom appela sa mère et cette dernière se leva pour aller le rejoindre.
-Tu as abusé Sophie. Pas la peine de nier, je sais que t'as fait ça pour défendre Sarah qui s'est faite agresser par Chris tout à l'heure. Personne ne peut dire que tu l'as fait exprès, tu étais dans l'équipe d'Alexandra, c'est elle qui t'a fait la passe et en plus, tu as fait semblant d'être blessée auprès de l'infirmière. Je trouve ça plutôt machiavélique. J'aurai pu faire un truc comme ça.
-Je n'ai..
-C'était une bonne idée. Par contre, garde le bandage, demain pour bien prouver que ce n'était pas volontaire. Je vais me faire un cappuccino. Vous en voulez hein ? Maman tu veux un cappu ? demanda-t-il à sa mère qui revenait.
-Volontiers oui. Mais je veux du caramel dedans.
Elle lui fit un regard innocent et Brian se leva. Il revint avec 4 tasses une dizaine de minutes plus tard. Mary prit la tasse et elle pencha sa tête sur le côté d'un air attendri.

-J'adore quand tu fais des dessins dans mon cappuccino mon chéri.
-Oui, je sais. En fait, je me suis fait punir...
-Pardon ? Je comprends mieux le dessin dans le cappuccino. Qu'est-ce que tu as fait ?

-Je suis arrivé en retard dans mon premier cours de l'après-midi, celui de français (il me jeta un regard noir. C'était de ma faute, il était avec moi) et comme j'étais le numéro 5 à arriver en retard, je dois lui rendre un devoir sur l'importance de la ponctualité.
-Tu dois le rédiger en quelle langue ? demanda Mary en levant les yeux au ciel.
-En anglais. Mais je voulais le faire en français, tu pourras vérifier si j'ai pas de problème de syntaxe ? 
-Oui oui. C'est pour ça que tu as sorti le Larousse. Je comprends mieux.
C'est alors que je vis sur la table un dico que je n'avais jamais vu. J'essayai de regarder la couverture mais il me donna une tape sur le bout de mes doigts. J'ouvris mon sac de cours et comme l'ambiance était très studieuse, je me mis à travailler en silence mon algèbre. Je voyais Brian m'observer du coin de l'œil alors que je raturais ma page pour la 5è fois. Il avait envie de dire un truc mais il ne voulait pas. Au bout d'un moment, il m'arracha ma page des mains. Il jeta un coup d'œil rapide.
-Okay, tu as tout faux, lâcha-t-il;
-Mais de quoi je me..
-Le résultat c'est x= 4 et y = 22, tu oublies ta retenue au niveau de la 5è équation. Après ton premier exercice est bon. Tu vois qu'il fallait suivre ma méthode, celle que je t'ai montré la dernière fois que je t'ai aidé... Qu'est-ce qu'il t'apprend ton soi-disant prof d'algèbre ? Je veux dire à part coller sa langue dans ta bouche et te tripoter, il ne fait pas grand chose. Il ne vaut pas le salaire que tu lui as filé.
-Attends.. ton petit ami c'est Marc McDust ?
Je fusillai du regard Brian et je rougis furieusement. 
-Hum.. oui.

Mary ouvrit grand les yeux. Elle se redressa et me regarda d'un air sérieux.
-C'est typiquement le genre de gars avec qui je serai sortie. Excellent choix ma chérie.
-Pardon ? 
Brian était ulcéré et moi je jubilais.
-Enfin Brian, ce garçon a tout pour lui. C'est un excellent parti, si je puis dire. Et en plus, il est beau comme un cœur. Sans oublier qu'il est plus âgé. C'est toujours bonus pour une fille de sortir avec un mec plus âgé. 
-Il pense que le monde entier lui appartient. Ce genre de personne ça m'horripile.
-Le monde entier est à nos pieds quand on quitte le cocon familial la première fois pour aller à la fac.. C'est charmant cette petite jalousie envers Marc, mon chéri.
-Je ne suis pas jaloux. Pas vis à vis de Sarah en tout cas. C'est juste que.. l'ombre de Marc McDust plane au lycée. Tu prononces son nom, les filles se pâment, les mecs se rappellent ses exploits sportifs, et en plus ça gave son frère. Or son frère est mon ami, donc ça me gave.

-Alexandra lui courait après l'an dernier, tu t'en souviens Sarah ? 
-Elle était ridicule, il en avait rien à faire d'elle et il sortait avec cette fille. Cette connasse qui se croyait la reine du lycée. Je la détestais, lâchai-je. Une vraie conne. Y'a rien de pire que de voir s'auto-proclamer roi ou reine comme ça. Il a bien fait de la larguer celle-la.
-Pourtant ça ne te dérange pas de sortir avec McDust.
-La différence entre Marc et les personnes comme celles que je viens de décrire, c'est que les autres le prenaient pour le Roi, mais il ne s'était pas auto-proclamé. On connait Marc depuis très longtemps Sophie et moi, et il est très humble en réalité.
-Ah. Si tu le dis. 
-Je trouve que tu es bien prompt à condamner quelqu'un que tu connais à peine Brian, constata sa mère. 
-C'est peut-être à cause de ce que j'ai entendu sur lui par Paul qui fausse mon jugement, en plus du fait que ma copine adore Marc McDust.
-Ah bah voilà le problème. Je sors avec le fantasme de ta petite amie. C'est tout. Tu es jaloux vis à vis d'Alexandra. Tu devrais lui dire, elle sera ra-vie de savoir qu'elle t'inspire de tels sentiments Brian.
-Je suis d'accord avec Sarah, appuya ma meilleure amie. C'est très.. flatteur d'avoir un petit ami qui est un peu jaloux. Pas trop bien sûr. Mais ça prouve que tu tiens à elle. C'est dommage pour mon poignet, j'avais envie de faire un basket. On le fera une autre fois.
-Avec grand plaisir.
Brian lui fit sourire en coin qui dévoila une petite fossette.
-Vous voulez manger quoi ce soir ? demanda Mary. Personnellement, je vais prendre une soupe et un yaourt, mais je vais vous cuisiner quel..
-Non, c'est bon Maman, tu as été malade. J'ai envoyé un message à John, il ramène chinois. 
-Tu penses à tout mon petit ange. Elle est très bien ta dissertation. J'ai changé certains mots de liaison pour ajouter un côté plus littéraire à ta prose, mais c'est nickel. 
-Madame, je suis votre obligé.
Il fit un baise-main à sa mère et se leva pour chercher son ordinateur où il commença à taper. Mon père arriva avec le repas du soir alors que Mary était remontée pour prendre une douche. Je montai dans ma chambre pour remettre mes livres de cours sur l'étagère. Je vis Tom jouer dans le couloir avec ses petites voitures. Je lui dis d'aller mettre le couvert et quand je redescendis, je vis mon père avec sa femme dans la cuisine. Il lui caressait amoureusement la joue de la main gauche tout en la tenant par les hanches de la main droite.
-Je n'aime pas te savoir malade, disait mon père.
-Je n'aime pas non plus ne pas aller travailler. Mais j'ai trop forcé ces derniers temps, un coup de fatigue et j'ai eu de la fièvre. Rien de bien méchant.
-Tu veux que je te fasse un arrêt de travail ? demanda mon père taquin.

-Ça dépend, tu te fais un arrêt de travail pour qu'on puisse rester tous les deux au lit en pleine semaine.
-Hum.. le rêve, répondit mon père en l'embrassant. Dis-moi Sarah, tu comptes rester longtemps à nous regarder ou tu vas prendre les assiettes qui sont sorties pour mettre la table ?
Je sursautai. Je n'avais pas vu qu'il avait remarqué ma présence. Je m'avançai dans la cuisine.
-C'est juste que je vous trouve vraiment mignons tous les deux. On se dirait dans une comédie romantique quand on vous voit. On pourrait s'asseoir et vous regarder en buvant un thé. Même vos répliques pourraient sortir d'un roman à l'eau-de-rose.
-Tu sais ce qu'il te dit le roman à l'eau-de-rose ?
Mon père m'attrapa par les hanches, me souleva sur son épaule et m'emmena dans le salon sous mes cris et se mit à me chatouiller comme quand j'avais 5 ans après m'avoir lancé sur le canapé.
-Pitié !! arrête ! pleurai-je de rire. 
Je le repoussai et je tombai sur lui par terre. Nous éclatâmes de rire. Il y avait des larmes aux coins de ses yeux. Je me redressai et je vis Tom. Il nous regardait comme si nous étions fous. Je jetai un regard à mon père et je sautai par dessus le canapé pour attraper le petit garnement. 
-MAAAAAMAAAAAAAAAAAAN ! hurla Tom de rire alors que j'étais entrain de le chatouiller.
Mary passa sa tête, vit qu'il n'y avait aucun souci et elle retourna à sa conversation avec Sophie.
-PAAAAUSE ! finit-il par hoqueter, rouge de rire.
Il en profita pour s'enfuir dans les jupes de sa mère. Le repas fut plutôt drôle. Brian était entrain de faire l'imbécile pour amuser son frère, mais Sophie était morte de rire. Mon père et Mary se lançaient des petits regards en coin et moi j'observais ce petit monde qui était ma famille. À la fin du repas, alors que Sophie s'était proposée pour lire une histoire à Tom pour que Mary puisse se reposer (même si à mon avis, mon père et elle n'allaient pas beaucoup dormir cette nuit...), Brian me rejoignit dans ma chambre.

-Je voulais te dire que j'avais peut-être réagi un peu trop durement vis à vis de Tom ce matin. J'ai tendance à vouloir le surprotéger. J'en ai parlé avec lui et il ne voit pas les choses de la même façon que moi. Alors, ta période de probation est terminée.
-C'est trop aimable, ironisai-je. Attends, tant que tu es là, tu peux m'aider ? J'ai un problème avec l'étagère de ma salle de bain, j'ai juste besoin que tu la tiennes le temps que je remette la vis qui est tombée.
Il leva les yeux au ciel et il se rendit dans la salle de bain avant que je dise quoi que ce soit;
-C'est pas une vis. C'est une pointe.
-Kifkif.
-Hum. Non. Va chercher la boîte à outil. Je vais te la remettre, tu risquerais de te péter une phalange et de dire que c'est de ma faute. Au moins ce qui est cool avec toi, c'est que tu n'as pas de produits d'entretien pour ton visage alors tu auras pas beaucoup de temps pour tout ranger.
J'allai chercher la boîte à outil avant de lui dire un truc qui le ferait changer d'avis. Quand je revins, Brian avait posé mon bordel dans mon lavabo. Il retira l'autre pointe. C'était l'étagère juste à côté de mon miroir. Il prit la perceuse, vérifia qu'elle marchait.
-Tu comptes venir m'aider ou c'est superflu ? me lança-t-il. Je vais mettre des vis et des chevilles. Ce sera mieux. Tu la maintiens ? 
-Je peux savoir ce que vous êtes entrain de faire ? 
Je tournai les yeux vers mon père, pendant que Brian manipulait la perceuse et la visseuse.
-On remet l'étagère de Sarah. C'est bon, c'est fini. C'est un petit meuble qu'il te faudrait en réalité. Parce que le jour où tu te décideras à devenir une vraie fille avec du maquillage et tout, elle ne supportera pas. Je pourrais pas la remettre indéfiniment. Je vais remettre la boîte à outil. Pardon John.
Mon père était perplexe.

-Faut-il que je t'appelle Bob le bricoleur maintenant Brian ? 
À ma grande surprise, ce dernier se mit à rire.
-Appelle-moi comme tu veux. Par contre si tu veux que je fasse des réparations extérieures attend l'été, pour que je puisse me mettre torse nu et laisser les femmes du quartier mater mes muscles. Qui sait, je pourrais me faire de l'argent comme ça..
-En vendant ton corps ? ironisai-je.
-Non, en faisant l'homme à tout faire de cougar, gloussa mon père. 
Mon père lui tapa dans la main et un fist bump plus tard, ils étaient sortis de ma chambre, laissant leur place à Sophie et à mon visage perplexe. Je la remerciai pour avoir régler son compte à Chris et je lui racontai ce que j'avais fait à l'hôpital. Cela me faisait du bien. Mais quand Sophie me quitta pour aller dans la chambre attribuée par mon père, je me retrouvai seule avec moi-même. J'avais envie de voir Marc. De sentir son odeur, de sentir ses muscles. J'avais envie de lui. J'avais envie qu'on aille plus loin dans notre relation. Je savais que quand je le reverrai, il fallait qu'on passe un stade supérieur de notre relation. Je souris. Oui. Il allait être surpris.


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