Préambule

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Demain, cela fera trois ans qu’après avoir révélé son âge, Areu répandit sur le sol les pierres précieuses destinées à ceux que cette affirmation aurait poussés à partir.

Aujourd’hui, sont encore présents à Kouki les dix-sept invités d’Areu et son ami. Ce n’est pas qu’autrices et auteurs soient dépourvus de vénalité, mais comment ne pas croire quelqu’un qui vous offre une fortune pour ne pas le faire ? À ma connaissance, à aucun moment l’un d’entre nous n’a sérieusement envisagé de s’en aller, tellement nous étions subjugués par le récit d’Areu.

Hier, comme chaque matin, lorsque Areu se fut assis parmi nous, il nous dit :

« Mes chers historiographes, bonjour. Vous qui êtes venus de loin, voire de très loin pour beaucoup, je vous remercie de m’avoir consacré tant de votre temps, il y a mille quatre-vingt-treize jours, je vous ai conté comment les seuls parents que j’ai connus m’ont trouvé. Depuis, chaque jour, je vous ai retracé ce que fut ma vie. Aujourd’hui, je n’ai plus que ce jour à vous raconter, et vous serez plus en mesure que moi, de rapporter cette journée.

J’ai étudié avec les plus grands, la philosophie avec Nkesum, Rubpesi, Keu Sriy, Etobimmi, Eco Rgemjepe ; les mathématiques et la géométrie avec Epbgolìci, Nasgefupi et ek-Jgyvēpoxlō qui m’enseigna également l’astronomie et l’astrologie ; l’architecture avec Bekkobesìr, l’alchimie avec Mobuker Dkelik, la magie avec Lipkom et Lupfemi ainsi qu’avec mon ami (lequel répondit d’un sourire au regard d’Areu) ; l’histoire avec ek-Zopymo, puis avec celles et ceux qui sont ici (lesquels le saluèrent de la tête) ; maintes religions auprès de leurs chefs, ou des théologiens. J’ai appris et pratiqué les langues de bien des pays, dont certains n’existent plus.

Eût-il vécu onze fois plus longtemps que moi, et eût-il passé sa vie entière à s’instruire dans toutes les matières, celui qui penserait tout savoir n’en serait pas moins qu’un sot.

Trop nombreuses sont les choses que j’ignore. Parmi celles-ci, il est une question dont nul ne connaît la réponse, elle concerne ma nature. Quelle est-elle ? C’est dans l’espoir de le découvrir que je suis revenu là où tout a commencé.

Mon ami restera à Kouki tant que l’un d’entre vous y séjournera. C’est ici que je vous fais mes adieux. »

Sur ces mots, il se leva, nous l’imitâmes. Après force embrassades – il prit le temps d’échanger quelques mots avec chacun de nous –, il sortit, suivi par son ami.

Lorsque ce dernier revint, il nous révéla qu’Areu avait pénétré dans la bouche – située un peu au-dessus de ce qui fut vignoble de Luden et Jola – par laquelle Krakoa avait régurgité un torrent de magma sur lequel voguait l’œuf de dragon dans lequel il fut trouvé.

Si vous connaissez mes œuvres, vous qui avez ma tablette entre les mains et à qui elle transmet ma relation de la vie d’Areu, probablement serez-vous surpris de la forme que j’ai choisie, mais après avoir entendu les vers de notre poétesse métarienne, j’ai renoncé aux quatrains. La langue chantante des Métariens est particulièrement adaptée à la poésie, mais je dois reconnaître que c’est son talent qui m’a dissuadé de versifier.

Je suis resté à Kouki quelques jours après le départ d’Areu, dans le vain espoir de son retour, mais son ami a l’absolue certitude que nul ne reverra jamais Areu. Ainsi que pour échanger avec mes pairs et rédiger le présent préambule  .

J’espère que vous diffuserez aussi largement que possible la geste d’Areu voleur de vies.

Ulep Jgeaaēl.

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