Chapitre 13

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Voilà, cela faisait un mois qu'Ombre était en arrêt. Il allait beaucoup mieux, même si sa convalescence n'avait pas été de tout repos à cause de sa mère, il avait pu récupérer un minimum physiquement. Heureusement, qu'il pouvait au moins voir Magnus pendant cette période, car sa mère ne lui avait pas rendu son coquillage communicateur. Elle lui avait finalement redonné le soir précédent en lui faisant promettre par un sortilège de ne pas parler de tout ça à ses amis.

C'était quelque chose des plus exagéré, qui ne faisait que confirmer l'opinion peu engageant qu'Ombre avait sur sa mère. Malgré tout ça, aujourd'hui son corps n'avait plus aucune trâce de son auto-destruction qu'elle seule avait engagée. À part peut-être quelques petites cicatrices que personne ne verrait jamais et que le jeune homme ferait effacer une fois rentré chez lui. Les avantages de la magie… Pourtant, mentalement, la pression qu'il avait subie, bien que moindre comparait à avant était toujours présente. Sa mère mettait une atmosphère encore plus froide et lourde dans le foyer, ce qui n'arrangeait rien. Elle ne faisait absolument aucun effort.

Ses seuls moments de respiration étaient en dehors, avec Magnus au collège ou bien chez Eglantine qui l'aidait d'ailleurs à pratiquer ses sorts pour qu'il ne passe pas trop de temps dessus le soir. Il avait pris cette habitude depuis une semaine qu'il avait reprit les cours. Le soir, il allait chez la biscuitière avec son ami pour faire leurs devoirs et pour qu'il puisse réviser ses sorts. C'était bien plus simple avec une professeure qui expliquait bien, comparait à la simple lecture d'un carnet de notes. Il aurait très bien pu demander à sa mère de l'aide, mais elle n'aurait jamais accepté, après tout, il était grand il devait se débrouiller seul et elle avait du travail par-dessus la tête. D'ailleurs, comment avait-elle accepté de laisser Ombre faire à sa guise après les cours ? Simplement car s'être frotté aux adultes humains après sa convalescence l'avait sans doute refroidie. Tant que son fils avait de bonnes notes, elle le laissait gérer sa vie comme il l'entendait. Une bonne nouvelle, en somme. Il n'était plus complètement prisonnier de son joug.

Ce soir, il rentra donc vers les vingt heures, pour l'heure du repas, avec tous ses devoirs de faits et ses cours de sorcellerie d'assimilé. Ombre posa son sac pour arriver dans la cuisine ou sa mère venait apparemment de se faire livrer. Il avait pris l'habitude de manger chez le traiteur maintenant. Cela ne le dérangeait plus du tout. Alors, avec sa mère, ils se mirent sur les canapés du salon. Elle travaillait encore un peu, mais la télévision était allumée sur une émission, histoire qu'Ombre ne s'ennuit pas. Il ne la regardait pas, ne lui parlait pas, même si elle avait fait quelques efforts, pour lui, elle ne méritait rien de sa part. C'est alors qu'une lueur s'échappa de la poche de pantalon d'Ombre. La poche dans laquelle se trouvait sa baguette, toujours à portée de main.

Il la sorti pour voir qu'en effet, le bout de celle-ci clignotait d'une lueur blanche. Étonné, il releva un sourcil, en regardant sa mère, qui avait était elle aussi attirée par le changement de luminosité de la pièce.

- C'est un appel de Lias. Fais un sort d'ouverture de porte.

- Mais… Il n'y a pas de porte fermée en face de moi, maman…

- Oui, mais à la place de penser à ouvrir une porte, pense à ouvrir un message, une lettre, dans le vide.

Sa mère lui avait expliqué calmement pour une fois, sans reproche aucun. Alors il se concentra et prononça la formule.

- Deberatum…

C'est alors que la lueur se diffusa dans la pièce, comme les effluves d'un parfum, pour laisser apparaître l'image d'une flamme bleue. Lias. Tout de suite, Ombre ne pu qu'avoir le sourire, il ne l'avait pas revu depuis si longtemps que le voir l'empli d'une joie étrange.

- Bonjour chers jeunes sorciers. Je me permets de vous envoyer un message de rassemblement. Il est enfin l'heure d'élire le nouveau souverain de notre communauté. La cérémonie aura lieu dans deux jours, dans la cour intérieure du Château Arcanique.

Le message était bref, mais fit mouche. Ni la mère, ni le fils ne savaient quoi dire alors que l'image de Lias disparaissait progressivement.

Dans la communauté sorceliène, c'était un roi qui à l'origine régnait sur le peuple de Glavanh. Un roi qui prenait la charge de tout ce qui ne concernait pas Lias. Ou bien qui dirigeait certains problèmes vers lui quand c'était nécessaire. Pour faciliter l'organisation et le maintien du bon fonctionnement de cette société crée par l'entité mystique. Mais une fois que le souverain, qui était toujours un homme, décédait, il y avait une période de battement d'environ dix ans avant d'élire le nouveau. Pendant ses dix années, c'était un conseil de femmes élues elles aussi qui régentaient le pays. Ombre avait appris par son père que sa mère avait essayé d'entrer au Conseil dix ans plus tôt, mais elle n'avait pas été retenue. Est-ce étonnant ?

Le Château Arcanique, qui tenait son nom car il était entièrement fait de stalagmites et de stalactites minérales en tout genres, dominait la vallée dans laquelle Ombre habitait, englobant les maisons, le quartier des commerces, l'Académie et même la forêt de Lias.

- Alors maman ? On va y aller ? voulut savoir Ombre, qui n'était vraiment pas sûr de la réponse de sa mère.

- Bien sûr, Ombre. Tous les jeunes sorciers de douze à quinze ans sont conviés à l'élection.

- Mais pourquoi ? Je ne comprends pas. Enfin, pas pour les quinze ans, mais nous ? On vient à peine d'avoir nos pouvoirs, pourquoi on nous invite ?

- Car c'est dans les sujets de cette tranche d'âge qu'est élu le prochain souverain. Les jeunes ont souvent une vision bien plus globale pour l'évolution de notre société et puis comme ça, leur règne dure plus longtemps.

Trop d'informations pour Ombre qui ne savait rien de tout ça. Il n'avait que deux ans quand l'ancien souverain est décédé. Sans doute que ça devait en parler à Glavanh, vu que l'élection était cette année, mais vu qu'Ombre menait ses études en Nivanh… C'était logique qu'il n'avait eu aucun écho. Ses amis devaient penser qu'il savait déjà tout ça grâce, justement à sa mère.

- Pourquoi tu ne m'as pas dit que ça aurait lieu cette année ? demanda-t-il enfin.

- Tout simplement parce que j'avais complètement oublié que ça serait cette année. Je ne vis plus à Glavanh, donc je ne suis pas trop les nouvelles.

Ah d'accord. La voilà l'explication. Pourquoi il ne s'en étonnait pas ?

**

Nous étions le jour de la cérémonie. Ombre était arrivé la veille avec sa mère. Il était vraiment heureux d'être là, mais pour le coup, il trouvait que ça faisait bien trop de « cérémonie » pour lui. Entre la remise des pouvoirs, l'examen de demi-année et ça… Quand les choses trop pompeuses allaient s'arrêter ? Il voulait passer des moments simples avec ses amis.

Arrivant alors avec ses parents, totalement apprêté, portant son plus beau costume, une sorte de robe-cape similaire à celle qu'il portait pour sa remise de pouvoir, mais plus personnelle. Elle était à dominante bleu-canard, avec des motifs de plume de paon. Retrouvant ses amis qui eux aussi portaient des vêtements similaires, mais d'autres couleurs. Il serra ses deux meilleurs amis dans ses bras pour s'approcher du buffet avec eux. Il attrapa un verre de thé aromanthis, alors que Tao commençait à cacher des bonbons à l'étoile de mer dans ses poches, ce qui le fit rire. Ce genre de moment lui avait tellement manqué. Ils discutèrent un peu tranquillement, assit sur un banc, contre les colonnes en calcaire de la cour intérieure. Le château était vraiment magnifique, il l'avait visité plus jeune avec l'Académie et en avait gardé un excellent souvenir.

- Alors, comment va le rouquin ? demanda l'asiatique aux cheveux rose.

- Bien, je l'aide à comprendre le fonctionnement de Glavanh, pour plus tard.

- Ouais, tu fais bien. Au cas où. Et sinon, d'après vous, qui va devenir roi ? Parce que ça sera pas l'un d'entre nous, c'est sûr.

- Parle pour toi Tao ! s'écria Galahad tout rouge de honte.

- Non, mais vraiment, moi j'veux pas devenir roi, c'est trop chiant.

Ombre ne pu que rire face à la tirade de Tao. Lui ne voulait pas ça simplement car il n'était pas très responsabilités, tout ça. Alors que pour Galahad c'était très différent. Il voulait le bien de sa communauté, et il avait le cœur sur la main, il serait un super souverain, il en était certain.

- En vrai, il n'y a trop peu de chance pour qu'on soit élu nous trois. On est quoi… Presque deux cents personnes entre douze et quinze ans ? Une personne sur deux cents, c'est trop hasardeux. On ne sera jamais élu, même si j'avoue que j'aurais bien aimé avoir mon meilleur ami comme roi, fini-t-il par dire, un sourire en coin sur la figure pour Galahad.

Finalement l'heure arriva et tous se réunir un peu mieux, autour d'un dolmen qui se trouvait au milieu de la cour. Autant les parents que les enfants. Les trois compères réuni près du père et de la mère d'Ombre. Le dolmen était une structure de trois pierres brutes grises posées les une contre les autres, formant une arche, en U renversée. Une fissure était grande ouverte sur la pierre du haut, laissant tomber de temps à autre quelques gouttes d'eau, d'une provenance inconnue, car une pierre ne pouvait pas contenir d'eau, pour retomber au pied de la structure, dans une cavité formant un petit étang.

Lias se tenait là, près de l'étang, il allait tenir la cérémonie.

- Chers enfants, chers parents, merci d'être venu ce soir. Il s'agit d'un jour important pour notre monde. L'élection d'un nouveau roi est toujours des plus primordiaux pour son bon fonctionnement. S'il vous plaît, les enfants, veuillez prendre votre baguette et la tenir pointée vers le dolmen.

Les enfants firent ce qu'il dit, entre appréhension et impatience. La baguette de chacun s'allumant de la couleur de leurs cheveux. C'était tellement étrange. Peut-être que c'était vrai, que la couleur de cheveux était liée à la couleur de l'aura du sorcier.

- Bien, merci. Maintenant, abaissait là. Mais garder votre baguette en main. Elle s'illuminera pour signifier votre élection. C'est le dolmen qui va faire le tri dans les candidats. En sondant votre cœur par votre aura.

C'est alors que des gouttes d'eau se mirent à tomber dans le petit étang, dans un bruit cristallin. Pour au final, au bout d'une vingtaine de gouttes, finir par laisser tomber une goutte mauve, dans l'eau. Qui la colora totalement. C'était donc un enfant aux cheveux mauve. Ombre se mit tout d'un coup à angoisser, priant pour que ce ne soit pas lui. Il ne voulait pas de ça.

Pourtant…

Le bout de sa baguette s'illumina de la même couleur que ses cheveux. L'entourant d'un halo violet. Le garçon ouvra grand les yeux, alors que ses amis s'écartèrent, le sourire aux lèvres, des plus content pour leur ami. Alors Lias s'approcha lentement vers lui.

- Le dolmen a décidé. Il a lu dans ton cœur Ombre. Je savais que tu étais spécial. Que tu allais faire de grandes choses de par ta bonté d'âme. Mesdames, messieurs, je vous présente notre nouveau souverain, Ombre, le mauve sixième du nom.

Les rois étaient définit par la couleur de leurs cheveux. Souvent trait d'un caractère ou d'une vision des choses particulière. On savait à la couleur de cheveux si ça allait être un bon règne ou non. Même si la couleur des cheveux ne voulait à l'origine rien dire, vu que le sorcier avait le libre arbitre. En tout les cas, les sorciers aux cheveux mauves étaient ceux qui avaient le mieux régnés sur le pays.

**

Après l'agitation de passée et de la fête qui avait débutée, Ombre avait fini par s'isoler un peu, pour revenir sur terre, car il avait l'impression d'être ailleurs, extérieur à tout ça.

- Le nouveau roi à peur ?

Le jeune garçon se retourna, pour voir Lias doucement venir à lui. Il ne put que rougir, gêné, en mettant une mèche derrière son oreille.

- Non, pas vraiment, je me sens étrange, j'avais besoin…

- De respirer ? Ce genre d'annonce est souvent difficile à porter, je comprends, ne t'en fait pas.

Il s'assit sur un banc, pour finir par soupirer. Il fallait qu'il demande, car il avait peur.

- Dites-moi Lias… Vu que nous allons… Se voir beaucoup plus… J'aimerais vous demander quelque chose, de très important…

- Bien sûr Ombre, je t'écoute mon enfant.

Ombre avait peur de demander ça, car il savait que cela pouvait être très mal perçu par le peuple.

- Je sais que je devrais prendre mes fonctions dans les jours qui suivent mais… Est-ce que je pourrais au moins finir mon année scolaire en Nivanh ?… Pas les trois ans, mais… Juste cette année… S'il vous plaît…

Lias vint doucement près d'Ombre, se collant à son épaule, diffusant une chaleur réconfortante en lui.

- Tout ce que tu souhaites Ombre. Tu es libre de gouverner comme tu le souhaites. Après tes études, après les trois ans, ou même juste un an. C'est comme tu préfères. C'est la façon de gouverner qui compte. Pas le fait que tu sois présent tout de suite. Fini ta première année. Et à la fin de celle-ci, nous reparleront de tes désirs pour la suite.

- Merci… Merci beaucoup… J'ai… J'ai un ami là-bas… Il compte beaucoup.

- Je vois… Un ami… Qui est au courant, n'est-ce pas ?

La voix de Lias était presque maline. Comme s'il souriait.

- O…Oui… Mais… Il…

- Ne t'alarmes pas. Si tu as confiance en lui, j'ai confiance en lui.

- Il… Vous savez, il aimerait devenir vitrailliste, mais chez les humains… Ce métier se meurt… dit-il alors que sa propre voix mourrait aussi, des plus stressé.

- Je vois. Et je comprends. Sache qu'un jour, je le rencontrerais et on estimera sa passion pour son métier. Nous verrons à ce moment-là.

Lias se leva pour faire machine arrière.

- Aller, je te laisse réfléchir à tout ça. Mais profite de la fête, elle est pour toi, après tout.

- D'accord, j'arrive.

Ombre souriait. Lias comprenait ses actions, ses envies et n'avait pas dit non pour Magnus. Il se sentait comme soulagé et beaucoup plus serein. Alors lui aussi fini par revenir pour profiter de la fête avec ses deux amis.

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