Chapitre 14

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La fête au Château Arcanique était enfin passée. Celle-ci avait été grandiose et tous le monde n’avait que ça à la bouche depuis. L’élection d’Ombre avait fait grand bruit, surtout quand on savait toutes les éloges que Lias lui avait faite pendant la cérémonie de remise des pouvoirs. La mère du garçon s’était éclipsée depuis ce moment-là. Il ne savait pas ou elle était partie, mais cela ne lui importait gère. Sa mère n’avait plus aucune importance pour lui depuis le début de l’année. Il avait enfin découvert son vrai visage et ne voulait plus rien avoir à faire avec elle sauf si nécessaire.

Du coup il allait profiter de cette absence pour se rapprocher de son père. Celui-ci lui avait terriblement manqué. C’était dur de partir loin de celui avec qui on avait vécu toute sa vie. Surtout qu’il n’avait ni put l’appeler, ni même put lui envoyer de message. Sa mère avait toujours refusée. On se demande bien pourquoi… Le pire, c’est qu’elle le laissait seul avec lui depuis deux jours. N’avait-elle pas peur qu’il craque et raconte tout à son paternel ? Apparemment pas…

Mais d’un côté, ce n’était pas ça le plus urgent pour Ombre, il s’était fait un ami en Nivanh et ne voulait pas le quitter comme ça, alors il n’allait pas dire à son père le comportement de sa mère. Le pire c’est qu’il pourrait déjà se douter de ça, vu qu’il avait été marié avec cette femme. Alors il allait simplement passer du bon temps avec son père.

Même si celui-ci devait reprendre le travail à l’atelier pour mener à bien ses commandes, la présence de son fils près de lui ne l’avait jamais réellement dérangé. Ombre avait déjà à de nombreuses reprises assisté aux travaux de son père, assit dans un coin de la pièce sur un tabouret en bois à observer les yeux grands ouverts, son père en train de sculpter. Il était admiratif de son travail. Alors, comme toujours, il se plaça là et les deux se mirent à discuter tranquillement, le sourire aux lèvres.

- Alors mon fils ? Raconte-moi ta vie chez les humains. C’est comment finalement ?

- Franchement, je dois l’avouer, c’est super. Enfin, pas toujours quand même, gloussa le garçon.

- Ah oui ? Et comment ça ? Raconte-moi au lieu de tourner autours du pot !

C’est à ce moment précis qu’Ombre comprit enfin que son père lui avait terriblement manqué. Ses longues discussions, il adorait tellement ça. Sa mère à côté, c’était un mur de pierre.

- Bah c’est super intéressant le monde des humains. Par contre, c’est super manuel, c’est un peu dommage pour eux dès fois. Comme les gens sur des constructions, ils s’aident de machines mais d’autres font le travail de leurs mains. Un peu comme toi, mais des travaux bien plus durs et sans réelle passion.

- Je vois. En un sens, c’est bien que tu fasses tes études là-bas. Même si je me doute que c’est dur, mais au moins, notre roi aura une vision globale des choses. Pas que centrée sur notre communauté.

- Oui, tu as raison, je n’y avais absolument pas pensé…

**

Cela faisait deux jours maintenant que la mère d’Ombre était introuvable. Malgré ça, son père ne semblait pas s’inquiéter outre mesure. Cela devait être habituel, ou si ça se trouve, elle avait simplement dû rentrer chez elle à cause de son travail.

Sauf qu’elle montra enfin le bout de son nez le soir-même, avec derrière elle, deux sacs qu’Ombre pouvait reconnaître au premier coup d’oeil. Il s’agissait de son propre sac de voyage avec celui de sa mère. Que faisait-elle avec ça ? Que préparait-elle encore ? Le garçon eut soudainement peur de l’évidence qui lui faisait face.

- Qu’est-ce qu’il se passe ? demanda le père d’une mine presque inquiète.

- Oh rien en particulier, ne t’en fait pas. Simplement, Ombre et moi revenons vivre ici.

- Ici ? Comment ça ici ?

- Eh bien ici ! Chez toi ! Tu ne vois vraiment pas plus loin que le bout de ton nez, mon pauvre !

Sa mère ne pesait pas ses mots quand elle parlait à son ex-mari et cela faisait toujours de la peine à Ombre. Son père quand à lui sembla perdu, ne comprenant rien à rien, sauf bien sûr le reproche que son ancienne compagne venait de lui faire. Ombre quand à lui était… Pétrifié.

- Hein ? Mais c’est quoi ce délire encore ? Tu peux t’expliquer clairement ?

- C’est pourtant simple mon cher. Vu que notre fils a été élu futur souverain de notre royaume, il est évident que nous devons faire son éducation ici. Que je dois faire son éducation ici.

Elle avait volontairement accentué le mot « je » pour bien spécifier que l’éducation d’Ombre lui revenait de droit. En particulier maintenant que le garçon était voué à un grand destin. C’est alors qu’Ombre prit une grande inspiration et s’avança vers sa mère. Il fallait qu’il refuse, qu’il fasse entendre sa voix. C’était son avenir dont il s’agissait. Et il en avait relativement marre que sa mère décide de tout sans lui demander son avis.

- Maman ?

- Oui mon chéri ? venait-elle de dire avec une douceur étrange dans la voix et un sourire des plus faux.

Elle venait de l’appeler « mon chéri » alors qu’elle ne l’avait pas fait depuis qu’ils habitaient chez les humains au début de l’année scolaire. Elle se fichait clairement de lui.

- Je refuse de revenir vivre en Glavanh.

- Ah oui ? Et pourquoi ? Est-ce que tu vas te mettre à refuser absolument tout ce que je décide pour toi ? C’est pour ton bien Ombre, pour que tu ais un avenir des plus convenable.

- Pour les études chez les humains, je comprends enfin ce que tu voulais dire. Mais me faire changer d’établissement… De monde en plein milieu de l’année… C’est trop maman. J’ai demandé à Lias si je pouvais continuer mes études en Nivanh, au moins pour le reste de l’année scolaire et qu’on décidera ensemble comment se déroulera mes deux prochaines années de classe préparatoires.

Voilà, Ombre était vraiment fier de lui. Il avait réussi à tenir tête à sa mère, en lui donnant des arguments posés et réfléchis. Sauf… Que vu la tête qu’elle tirait, cela ne semblait pas lui convenir, comme toujours.

- Je suis d’accord avec Ombre, le faire changer d’établissement en cours d’année est une mauvaise chose. En plus, j’ai remarqué qu’il a une vision du monde bien plus ouverte grâce à sa scolarité en Nivanh, vraiment, tu devrais discuter avec lui.

Ça y est, le père avait frappé fort lui aussi. Il avait toujours du mal à tenir tête à son ex-femme, mais là, tenir contre elle avec son fils en soutien, il était des plus faciles de démonter ses arguments.

- Voyons ! Ombre va devenir le souverain de Glavanh, il n’a aucunement besoin de se soucier de Nivanh maintenant. Il n’ira plus jamais et ne fera jamais carrière là-bas ! Qu’est-ce que vous êtes idiots tous les deux !

- Je te demande pardon ?! venait de presque hurler le père d’Ombre, de plus en plus nerveux face aux dires de la mère de son enfant.

Pourtant, en jetant un oeil vers son fils, il soupira en se passant une main dans les cheveux. Il fallait qu’il tienne, qu’il ne s’énerve pas, surtout pas devant Ombre. Alors, le jeune sorcier de son côté essaya de trouver d’autres arguments pour que sa mère se retire cette idée de la tête.

- Maman, c’est toi qui m’a expliqué le bien fondé des études en Nivanh et ça m’a vraiment aidé, tu sais ? En plus j’ai des amis et je dois être présent pour le Club de football, je ne peux pas les lâcher comme ça. Ce ne serait pas correcte.

- Des amis ? Des amis qui ne connaissent pas ton secret et qui ne comprennent aucunement ta valeur. Rien de bien grave. Si tu les perds, cela te fera ça de moins à te soucier, je te le garanti.

Cette tirade venait d’ouvrir une profonde blessure dans le coeur d’Ombre. Donc, sa mère n’aimait pas les humains, pourtant elle travaillait avec eux et pour eux. Pourquoi ? Elle semblait détester tout le monde et n’être attirée que par la gloire et l’argent… C’était si… Désespérant.

- Et pour ce qui est du Club de football, ils en ont vu d’autre, j’en suis sûr. Tu es roi, tu ne dois pas participer à ce genre d’activité sans aucun intérêt, lâcha-t-elle sans le moindre remord.

Pour le coup Ombre ne savait plus quoi dire pour que sa mère accepte de le laisser continuer ses études au collège. Les larmes lui montaient même aux yeux. Pourquoi elle s’acharnait à lui faire du mal comme ça ?

- Après tout, c’est toi qui disait avoir trop de travail entre les études de l’Académie, le sport et le collège, non ? Là, tu n’auras plus que les études de sorcellerie et à domicile, encadré par moi, en plus de ça.

Le vitiligo écarquilla les yeux. Quoi ? Faire ses études à domicile ? Avec elle en tant que professeure ? C’était une blague ? Jamais il ne survivrait à tout ça. C’était même pire que son emploi du temps chez les humains. Là, il ne pourrait sûrement plus voir ses amis et faire des choses de souverain encore plus tôt que prévu. Surtout qu’il était sûr qu’elle allait le manipuler pour arranger ses obligations royales à ses propres avantages. Comme elle l’avait toujours fait avec tout le monde.

Il n’en pouvait plus. Se tournant pour fondre vers sa chambre, presque vide et fondre en larmes sur le lit. Elle ne l’écouterait donc jamais ? C’est après avoir un peu pleuré qu’il décida de faire comme il l’avait toujours fait. Aller se réfugier auprès de ses amis. Il sorti par la fenêtre, en mettant son équipement de balle spirituelle qu’il n’avait pas encore rendu à Galahad pour pouvoir marcher dans les airs et vite se rendre auprès de ses amis pour pleurer et s’y cacher.

Alors que pendant ce temps-là, dans le salon la colère du père d’Ombre explosa sans aucune retenue. Il voyait son fils souffrir sans qu’il ne puisse rien y faire. Il avait laissait sa femme faire comme elle le souhaitait, car il avait finalement trouvé cette scolarité des plus attirante et utile pour son fils, mais là, c’était complètement absurde.

- Tu te rend compte de ce que tu fais subir à notre fils ?! Tu débarque comme ça sans prévenir et tu exiges qu’il te suive sans concessions ni désobéissance ! Ombre n’est pas un animal de compagnie que tu peux balader à tout bout de champs !

- Je fais ça pour son bien, pour son avenir, rétorqua la mère sans hausser le ton, ne semblant pas avoir peur une seconde de son ex-mari.

- Oui, d’accord, tu fais ça pour son bien et bla et bla ! J’ai compris ! Et moi je le pousse vers le bas, c’est ça ?!

- Oui, tu as parfaitement comprit.

Cette femme l’exaspérait au plus haut point.

- Je me suis rendu compte trop tard que je n’aurai jamais dû te laisser son éducation. Alors je reprend de droit ce que je t’ai laissé.

- Mais Ombre est ton enfant, pas un objet ! C’est ça que je veux que tu comprennes. Tu peux vouloir des choses pour lui, mais dans ce cas-là, parle-lui en avant et discuter avec lui au lieu de débarquer de nul part et de lui imposer comme ça, de but en blanc !

- Oh ça va, ce n’est pas la fin du monde non plus pour lui ! Il est jeune, il s’habitue à tout !

Le père se passa une main encore dans les cheveux, tentant de contrôler sa colère. Sachant très bien qu’elle aurait toujours le dernier mot, c’était affligeant.

- Non, justement… Ombre est jeune, mais ne peux pas s’habituer à tout. Ton fils est sensible je te signal… Il a un coeur, ce qui te fait défaut et le séparer des gens qu’il aime n’est pas bon du tout pour lui…

- Bah justement, il va retrouver ses amis, ce n’est pas ce qu’il faut ?

- Oui et non… Il s’est fait des amis en Nivanh à ce que j’ai cru comprendre et ses amitiés sont importantes pour lui…

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