43. Douloureuse et dramatique trahison

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Théo

Je salue Serge qui a souhaité me raccompagner jusqu'à chez moi après le tournoi de coinchée. Nous n'avons pas été ridicules même si dans ses paris, il a tendance à être trop prudent alors qu'il m'a trouvé inconscient et trop accro à des prises de risques. Lorsque je pénètre dans la cour devant la maison, je constate que la voiture de Lyana est présente et cela me réjouit. J'ai bien envie de me retrouver nu contre elle et de profiter de toutes ses magnifiques courbes.

Je frappe chez elle mais je suis surpris quand c'est ma porte qui s'ouvre et qu'elle apparaît dans l'embrasure.

— Oh, tu es déjà là ? Aussi impatiente que moi de reprendre le programme trop vite interrompu ?

Je m'avance vers elle et l'attrape par les hanches pour l’embrasser, mais elle résiste un peu et me repousse.

— Tu es fâchée parce que je t'ai abandonnée ? Tu sais, j'avais complètement oublié ce tournoi… Je suis désolé.

Je n'aime pas lui mentir ainsi mais je suis un peu coincé dans la situation actuelle.

— Non, non, je ne suis pas fâchée, je… Tu es seul, c’est bon ? me demande-t-elle en regardant dans le couloir avant de m’attirer à l’intérieur. Il faut qu’on parle, Théo...

— Oui, je suis seul. Tu m'inquiètes là. Qu'est-ce qui ne va pas, Lyana ?

— Théo… Je sais que tout ce que je vais te dire va te paraître dingue, mais il faut que tu m’écoutes et… merde, c’est super compliqué. Je… Est-ce que tu sais d’où me vient mon prénom ?

Qu'est-ce qu'elle raconte là ? Et pourquoi s'éloigne-t-elle comme ça de moi dès que je cherche à me rapprocher ? Et c'est quoi cette histoire de prénom ?

— Euh non… De tes parents, je suppose ? Ou c'est le nom d'une de tes grands-mères ?

— Oui, c’est sûr, je ne l’ai pas choisi… C’est un prénom assez courant en Russie, en fait, me répond-elle en détournant le regard.

— Tu es russe ? demandé-je en me reculant instinctivement. Attends, j'ai peur de vouloir comprendre là…

Je me demande si elle va sortir une arme et me régler mon compte là, tout de suite. Est-il possible que je me sois trompé à ce point-là sur elle ?

— Je ne te ferai pas de mal, je t’assure, soupire-t-elle en levant les mains comme si elle cherchait à appuyer ses propos. Je… Il faut que tu saches que je n’ai aucune envie de te faire du mal, Théo, je ne suis là que pour récolter des informations sur le Russe qui t’a renseigné…

— Ah oui ? répliqué-je avec amertume. Juste là pour ça… Et moi qui m'imaginais avoir trouvé l'âme sœur… Tu as juste utilisé ma libido et mes sentiments à ton égard pour arriver à tes fins ? J'y crois pas là. Et maintenant que tu as tes informations, tu vas te barrer. Tu sais, c'est bon. J'ai compris et tu peux te casser. J'ai été trop con de tomber amoureux dans ma situation, c'était trop beau pour être vrai. Alors, abrégeons si tu veux bien, j'ai une vie à abandonner une nouvelle fois.

J'ouvre la porte d'entrée et lui fais signe de sortir mais elle ne bouge pas et m’observe une main levée vers moi.

— Non, non, je ne partirai pas. Théo, il faut que tu m’écoutes et que tu me croies, sur ce coup. Je n’avais pas prévu tout ça, je… je ne voulais pas que tu t’attaches et je te l’ai dit. Et je ne voulais pas m’attacher non plus, bon sang ! Mais tout ça n’a aucune importance pour le moment. Je te promets que je suis prête à passer des heures à te présenter des excuses, mais là, tout de suite, il faut qu’on parte. Tu es en danger, et… merde, il faut vraiment qu’on parte d’ici, c’est important et urgent.

— Je sais que je suis en danger. Je le suis depuis que j'ai dénoncé les salopards qui t’emploient et qui faisaient mourir des innocents pour tester leurs médicaments de merde. Je m'en fous de tes excuses et franchement, tant mieux si tes amis viennent me retrouver. Au moins, j'arrêterai de fuir et de me cacher. J'ai rien à perdre, de toute façon. Mon boulot ? Un truc de merde pour faire semblant. Ma vie affective ? Des séances de baise pour me soutirer des infos. Et je n'ai pas de famille. Alors, qu'ils viennent me liquider les gros bras avec qui tu bosses. Ce sera mieux pour tout le monde. Et dégage d'ici. Ça me fait trop mal de te voir à jouer la gentille qui me prévient.

— Ne dis pas ça, je t’en prie… Tu ne peux pas baisser les bras. Tu peux me haïr, mais je t’assure que j’ai été sincère avec toi, au moins sur certaines choses. Mais, encore une fois, ce n’est pas l’essentiel. Je veux juste te sortir de ce merdier et faire en sorte que tu ne te retrouves pas entre quatre planches. Viens avec moi, je t’en prie, on peut leur faire faux-bond, je t’assure.

— Sincère ? m'emporté-je. Alors que tu as couché avec moi juste pour des infos ? Arrête de mentir, voyons ! Si je suis dans ce merdier comme tu dis, c'est que tu m'y as mis ! Et là, je suis tellement dégouté que je n'ai qu'une envie, c'est me prendre une balle et en finir. Je croyais tellement pouvoir recommencer un truc avec toi ! Tu es horrible, tu sais, de me trahir comme ça. Les flics avaient raison, je ne pouvais faire confiance à personne. Laisse-moi tranquille… Aie au moins cette décence, ajouté-je en m'effondrant en pleurs contre le mur.

— Théo, je t’en prie… Laisse-moi t’aider, je veux me rattraper et te prouver que si je suis venue ici pour de mauvaises raisons, je… Il faut que tu comprennes que je n’ai pas eu le choix, mais que tout a dérapé. Jamais je ne pensais tomber amoureuse de toi et jamais je n’aurais imaginé que tu puisses tomber amoureux de moi, me dit-elle en approchant sans oser me toucher.

Putain, elle a presque l'air sincère. Quelle belle menteuse. Et elle joue à quoi, là ? Ça l'amuse de me voir craquer comme ça ? Pourquoi ne me laisse-t-elle pas tranquille ? Elle doit vraiment aimer ça, faire souffrir ses victimes. Je devrais peut-être prévenir les flics, mais là, je n'en ai pas la force. Pas l'envie non plus. Je veux juste mourir et faire cesser cette souffrance qui déchire mon cœur. Quel con j'ai été de m'ouvrir comme ça… De m'offrir en sacrifice volontairement… Elle a bien dû rigoler lors de mon petit dîner aux chandelles. Et ses orgasmes, c'était de la simulation aussi ? Fais chier… Je ne suis qu'une merde finalement. J'aurais dû le savoir que jamais un mec comme moi ne pouvait prétendre à une créature de rêve comme elle.

— Laisse-moi, je t'ai dit. Tu as fait assez de mal comme ça, tu ne crois pas ? la supplié-je presque.

— Justement, je compte bien réparer mes torts. Il faut qu’on parte d’ici, Théo. Je ne laisserai pas Dimitri te régler ton compte, c’est hors de question. Tu peux penser ce que tu veux, et je comprends que tu ne me croies pas, mais mes sentiments pour toi sont sincères. Oui, au début, j’ai joué un rôle, mais… ça n’a pas duré longtemps. Chaque baiser, chaque câlin… Tu ne peux pas comprendre ce que c’est que d’être enfermée dans une vie que tu n’as pas choisie.

— Pourquoi tant d’empressement ? Cela fait des mois que je vis ici, je ne vois pas pourquoi tout à coup, je devrais fuir…

— Parce que mon Boss m’a avertie qu’ils allaient passer à l’étape supérieure. Tu veux qu’on se fasse un petit gâteau en papotant ou on peut prendre les choses au sérieux et faire en sorte que tu survives à cette journée pourrie ? Et… tu devrais envoyer un message à ton indic pour lui dire qu’il est grillé, au passage. C’est pas urgent, ils ont perdu sa trace, mais il vaut mieux qu’il fasse attention à lui, soupire-t-elle en me tendant la main. S’il te plaît, Théo, il faut vraiment que tu me croies. Si j’avais voulu te tuer, j’aurais pu le faire depuis déjà un moment… Je t’en prie…

Je suis complètement sous le choc de ce qu’elle est en train de me dire, de ce qui est train de se passer. Je n’ai pas envie de bouger, j’ai envie de me réfugier dans mon lit, sous ma couette et d’oublier tout ce monde extérieur où ceux qui font ce qui est juste risquent leur vie et où les gros méchants font leur loi. Et ce Dimitri, il n’a qu’à venir, franchement. Une balle dans la tête et on n’en parle plus. Je jette un œil à Lyana qui regarde régulièrement vers la porte d’entrée comme si elle avait réellement peur que quelqu’un arrive immédiatement. Elle est vraiment une bonne actrice, il n’y a pas à dire. Quand je pense que j’ai failli croire que quelque chose était possible entre nous…

— Je vais prévenir la police, Lyana. Eux sauront me protéger. Comment veux-tu que je te fasse confiance après tout ce que tu viens de me révéler ?

— Prévenir la police ? s’esclaffe-t-elle avant de s’accroupir devant moi. Non mais… Bon sang, Théo, on parle de la mafia, là. Tu crois que ton cousin ou ton partenaire de coinchée vont vraiment faire le poids ? Dimitri sait tout… Ils étaient sur place bien avant moi, ils… Théo, je te jure que tout ce que je veux, c’est t’éviter de prendre une balle. Il faut absolument qu’on sorte d’ici, bouge-toi, bon sang !

— Et tu veux qu’on aille où ? Je n’ai aucun endroit où me cacher. Et de toute façon, je n’ai plus aucune raison de vivre. Autant en finir au plus vite, sans qu’il y ait d’autres morts, affirmé-je en repensant soudainement à Priscillia qui a été tuée à cause de moi.

Une mort déjà difficile à accepter, mais si je meurs à mon tour, ici, elle aura disparu pour rien. Alors, j’arrête les frais et je me laisse tuer ou j’essaie de fuir ? Quel dilemme… Et pourquoi Lyana insiste autant après m’avoir enfoncée auprès de ses chefs ? S’ils veulent me zigouiller, c’est qu’elle leur a donné les infos dont ils avaient besoin. Et là, elle veut que je contacte Mikhail, mais franchement, je ne ferai pas ça tant qu’elle est avec moi. Il est en sécurité, je ne vais pas le mettre en danger.

— Ecoute-moi, Théo… Je te jure que quand on a commencé à coucher ensemble, je n’étais pas au courant que tu étais la personne que je devais espionner. Je suis arrivée ici sans savoir qui était ma cible, je ne l’ai appris que plus tard, et… à ce moment-là, j’ai essayé de m’éloigner de toi. Il te faut quoi, des preuves ? Tu veux voir les mails que j’ai reçus pour vérifier la concordance des dates ? Tu veux… Je ferai tout ce que tu veux si ça te permet de sortir de cette baraque qui finira pas être notre tombe si tu ne bouges pas ton joli petit cul.

Une partie de moi a envie de la croire, elle a l’air si sincère. Et si inquiète pour moi. Et si elle dit vrai, qu’est-ce que ça signifie pour moi ? Pour nous ? Putain, cette situation est tellement merdique que je ne sais plus du tout quoi faire.

— Je veux bien voir les mails, oui. Mais si tu me mens encore, je… je ne sais pas ce que je ferai, mais je suis sûr que ça ne te fera pas plaisir, dis-je un peu pathétiquement.

— Très bien. Viens, et ferme ta porte à clé. Ne facilitons pas trop la tâche à Dimitri, soupire-t-elle encore en se redressant, tendant sa main dans ma direction.

— C’est qui, ce Dimitri ? demandé-je en me relevant sans toutefois me saisir de sa main. Et je n’ai pas envie que tu me touches, laisse-moi tranquille et montre-moi ces mails. Mais même si tu dis vrai, tu m’as quand même trahi, et ça je ne l’oublie pas.

— Je n’ai pas la prétention de croire que tu pourras me pardonner… Mais ça ne change rien au fait que je ne veux pas qu’il t’arrive quoi que ce soit. Ni au fait que j’espère que tu seras en capacité d’écouter mon histoire, un jour, me dit-elle doucement en ouvrant la porte de chez elle.

Je la suis et je sais au fond de moi que jamais je ne lui pardonnerai sa trahison. Elle fait trop mal. Je m’étais imaginé trop de choses pour balayer tout ça d’un simple revers de main. Franchement, je crois n’avoir jamais autant souffert et c’est dans un brouillard pas possible que je pénètre dans son logement avant de réaliser que le brouillard, ce sont en fait mes larmes qui coulent et me brouillent la vue. Je m’essuie le visage et quand je me tourne pour voir où elle est, je me retrouve face à un pistolet. Ah, je me suis encore fait avoir, on dirait. Mais ça ne me surprend même plus.

— Vérifier tes mails, hein ? Tu voulais me tuer toi-même. Je suis sûr qu’il n’y a même pas de Dimitri. Quel con je fais. Tu dois te marrer de te retrouver face à un type aussi pathétique que moi.

— Crois-moi, je n’ai aucune envie de me marrer, là. Et tu aurais déjà pris une balle si je l’avais voulu. Monte à l’étage, Théo.

— Et si je refuse, tu me tues tout de suite ? Finis-en, bordel ! J’ai assez souffert, là. J’en ai marre que tu me trahisses encore et encore. Tu n’avais pas besoin de ce pistolet, tu sais ? Tes mots ont déjà tué tout ce qui était vivant en moi, grogné-je en avançant vers elle pour la forcer à tirer.

— Je ne tirerai pas, je veux juste que tu m’écoutes et que tu fasses ce que je te demande. Au premier étage, il y a un placard dans lequel tu peux te cacher. Dans ma chambre. Je veux que tu t’y planques, c’est tout. Sauf qu’on prend dix minutes pour chaque décision depuis que tu me prends pour celle qui va te tuer, alors on va faire vite. Je n’ai aucune envie de te faire du mal, mais si tu m’y obliges, sache que j’ai grandi avec des tueurs, Théo, que je sais me défendre et que je n’ai pas besoin d’une arme pour te maîtriser. Alors monte à l’étage et va te cacher, putain ! s’énerve-t-elle alors que j’entends Guizmo aboyer dehors.

— Je ne sais pas à quoi tu joues, Lyana, mais ce n’est pas drôle, soupiré-je en plongeant mon regard dans le sien. Je n’ai pas envie de faire ce que tu me dis, je n’ai pas envie de me cacher dans un placard, je n’ai pas envie de vivre, je n’ai pas envie de continuer comme ça. Sans toi, à quoi ça sert que je m’en sorte ? Je t’aimais et toi, tu as tout gâché.

Néanmoins, devant son air déterminé, je me décide à aller voir ce qu’elle me réserve dans sa chambre et fais demi-tour avant de monter l’escalier, ce qui a au moins le mérite de la surprendre. Elle veut jouer jusqu’au bout ? Eh bien, jouons. Que la fin de ma vie soit au moins amusante vu qu’elle est déjà tragique. J’entre dans sa chambre où nous avons déjà tant fait l’amour et ouvre la porte de son placard.

— C’est bien là que je dois me cacher, c’est ça ? Cela ne m’a pas l’air assez confortable, dis-je d’un ton moqueur et méprisant.

— Désolée, je n’ai pas l’option trois étoiles, bougonne-t-elle en me lançant un oreiller. Pour ton popotin. Il y a une bouteille d’eau et même des barres à manger, c’est mieux que rien. Je pense que si tes protecteurs sont toujours en vie quand il fera nuit, ils s’inquiéteront de ne pas voir de lumière ici et viendront voir ce qui se passe. OK… je vais te laisser Guizmo, il te protègera si besoin.

— Quelle belle mise en scène, m’esclaffé-je, sarcastique. Et donc, je suis censé rester là et tu vas me foutre la paix ? Et pourquoi me laisser Guizmo ? Tu t’en vas en vacances et tu as besoin de quelqu’un pour s’occuper de ta bête à poils ? Non mais tu me prends pour quoi ? C’est quoi cette mascarade ?

— Oh bon dieu mais t’es vraiment… Merde, Théo, s’agace-t-elle avant de souffler lourdement. Je vais essayer de me débarrasser de Dimitri, sauf que mon Boss veut me rapatrier en Russie au plus vite pour… Bref, peu importe la raison. S’il m’attrape, je ne pourrai pas te libérer. Il y a une voiture sur le parking de l’école que tu pourras utiliser pour partir, si les flics ne te bougent pas d’ici assez vite une fois qu’ils t’auront trouvé. Vise la campagne, n’utilise pas ton téléphone et bouge tout le temps, ne reste pas au même endroit plus d’une nuit. Compris ?

Je la regarde sans répondre. Non, je n’ai pas compris. Je ne comprends même rien du tout. Qui va me trouver ? Pourquoi ? Une voiture ? Bouger tout le temps ? Mais ce n’est pas ma vie, ça ! Et c’est quoi cette histoire de patron qui veut la rapatrier ? Pourquoi est-ce qu’elle me sort tout ça ? Je n’y comprends rien du tout, c’est fou… Mais je n’ai pas le temps de mettre de l’ordre dans mes pensées car elle me repousse avec force et me claque la porte du placard au nez. Trop abasourdi pour réagir, je m’affale sur le coussin qu’elle a jeté et je l’entends juste prononcer ces quelques mots derrière la porte, doucement, un peu comme si j’étais en train de les rêver.

— Je sais que tu me prends pour la méchante, Théo, et d’un côté, tu as sans doute raison. Mais je n’ai jamais menti quand il s’agissait de toi et moi, et moi aussi, je suis tombée amoureuse. Alors tu peux me haïr, et c’est normal, mais quitte à retourner en Russie ou à y passer, je ferai ce qu’il faut pour que toi tu t’en sortes. Tu es quelqu’un de bien, et il faut que tu fasses tomber ces enfoirés de Ruspharma. Je t’aime, beau voisin.

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