Chapitre 14

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Une fois sortie de l'enfer des urgences et en particulier du service de réa. Je me dirige avec les gars vers le bâtiment où se trouvent les enfants.

À nouveau, une boule d'angoisse me prend les tripes en pensant à eux. Ma respiration se saccade, quand tout va s'arrêter ?

– Blanche, tout va bien se passer, ils sont en parfaite santé.

J'acquiesce d'un hochement de tête, je n'ai plus la force pour l'instant de parler.

Cameron le comprend et dépose un baiser sur le sommet de mon crâne, me maintenant contre lui. Dans le couloir où les murs sont de couleurs vives avec des peintures de personnages Disney. Les garçons m'annoncent qu'il vaut mieux pour le moment, qu'ils m'attendent à l'extérieur afin d'éviter l'affolement des enfants. J'émets un doute, mais ils insistent en m'expliquant le pour et le contre. Je finis par accepter leurs choix.

Devant la porte de chambre de Swanne et Louis, j'aperçois Ingrid, la belle-mère de mon frère. Cette femme n'a jamais apprécié notre famille et Noah à sa juste valeur. Quand je ne suis qu'à quelques pas d'elle, je suis déjà remontée au plus haut point par son air de sainte nitouche.

— Enfin pas trop tôt, les enfants souhaitent te voir.

— Bonjour à vous aussi Ingrid, désolée mais j'étais avec leur père et maintenant je suis là.

— Bien et comment vas ton frère ? Me questionne t-elle souriante.

Putain, j'ai envie de lui faire bouffer se sourire à la con.

— Il est dans un état critique, mais il peut s'en sortir.

— Oui et bien j'aurais aimé que ma fille soit en vie et pas l'inverse. Éructe- t-elle d'une voix emplie de colère.

Je la fixe d'un mauvais œil , prête à lui hurler et sauter au cou.

Comment ose-t-elle dire des choses aussi monstrueuses ?

— Je vous demande pardon ?

— Tu m'as très bien comprise, c'est ton frère qui devrait être mort, et non ma fille. Tout ça, c'est de sa faute.

Cameron s'est rapproché, en m'entendant hurler contre cette vieille peau, refaite de la tête aux pieds. Il a senti la tension et la haine qui nous entourent. Mon petit ami me demande de me calmer, pourtant c'est compliqué devant cette diablesse, qui me déverse son venin en pleine figure.

— Tout est de sa faute, Noah était fatigué quand ils ont pris la route. Il n'a pas voulu s'arrêter. Ton cher frère s'est endormi au volant et a percuté la glissière de sécurité, tuant Louanne sur le coup.

— Stoppe ! Je comprends son erreur, mais ne lui remettez pas toutes les fautes sur son dos. Louanne aurait pu intervenir également et conduire à sa place. M'énervé-je au bord de l'implosion.

— Maintenant c'est la faute de ma fille ! Non mais je rêve, je te promets que toute cette histoire n'est pas terminée au contraire ce n'est que le début.

— C'est cela oui, on verra bien, maintenant poussez vous, j'aimerais voir les enfants.

— Profites-en bien, bientôt tu ne pourras plus les voir, m'annonce Ingrid d'un rire diabolique avant de me tourner le dos.

— Vous ne pouvez rien faire ! Noah est encore en vie, hurlé-je avant de reporter mon regard vers la porte bleue où derrière se trouve Swanne et Louis.

J'expire et respire à plusieurs reprises, cette femme m'a fait sortir de mes gonds. Cameron me masse même les épaules pour atténuer toute la tension accumulée par cet échange verbal.

Une fois plus sereine, je frappe à la porte et pénètre dans la pièce peinte avec les couleurs de l'arc-en-ciel.

Deux petites têtes brunes se tournent en même temps dans la même direction. Mon sourire réapparaît immédiatement, surtout en voyant la joie se dessiner sur leur visage d'ange.

— Tatie Blanche ! Prononcent- ils en même temps.

— Coucou mes amours, dis-je en m'approchant les bras ouverts.

C'est Swanne la plus âgée qui descend de son lit et vient se jeter en premier dans mes bras. Quelques secondes plus tard, c'est autour de Louis. Je les détaille minutieusement et hormis quelques égratignures, ils n'ont absolument rien de plus, je suis soulagée.

— Alors vous étiez en train de jouer à quoi ?

— On jouait pas, on regardait la télé. Me répond Swanne.

— Excusez-moi princesse et c'est quoi ce dessin animé ? les questionné-je.

— Bambi, c'est ce que nous a dit mamie Ingrid, répond-elle.

Je prends un gros coup de massue sur la tête en apprenant cela. Je lui demande si ça leur plaît, Swanne me répond que oui, mais que c'est triste, surtout quand il perd sa maman.

— Je sais ma chérie, réponds-je en changeant de sujet. —Dites moi tous les deux j'ai une petite surprise pour vous, est-ce que ça vous dit de la voir ?

— Oh oui, s'extasie ma nièce.

— Louis, tu ne m'as pas répondu ! Tu veux la découvrir ou pas ? Demandé-je en déposant un bisou sur sa joue.

— Oui, veux bien.

— Très bien, alors attendez un petit instant car c'est derrière la porte. je vais la chercher.

— C'est quoi ?

— Vous verrez bien, petits curieux.

Je quitte la pièce, pour atteindre le couloir, je n'arrive plus à retenir mes larmes. Cameron me prend immédiatement dans ses bras me consolant. Alors que moi je réfléchis à comment annoncer le décès d'une mère et le coma d'un père à de si petits enfants. Après quelques minutes, j'essuie mes larmes sous les regards tristes de mes amis. C'est l'homme que j'aime qui me donne encore la force d'avancer.

— Mon ange, tu vas y arriver. J'ai confiance en toi, tu en es capable.

— Tu as raison, mais avant faites moi un câlin collectif, j'ai besoin de votre soutien à tous les trois.

— D'accord, par contre Gareth, je te préviens que si tu pelotes Blanche, tu prends mon poing dans ta gueule.

— Rhô ça va, monsieur le possessif. Je ne vais rien lui faire, dit-il en levant les yeux au ciel.

Les gars viennent m'entourer de leurs bras, ce qui me provoque un bien fou. Je ne pourrai jamais les remercier autant, pour le soutien qu'ils m'apportent chaque jour. Thomas, Gareth et Cameron sont mes piliers.

Nous franchissons le battant de porte et les enfants arrivent en courant vers les garçons, les yeux remplis pleins d'étoiles.

— Tonton Gareth, tonton Thomas et tonton Cameron, youpi, saute de joie Swanne.

— Salut les petits loups, répondent les garçons.

Comme je m'en doutais, Swanne se dirige droit vers Gareth car c'est avec lui qu'elle a le plus d'affinité. Gareth a souvent provoqué la jalousie de mon frère suite au lien spécial qu'il entretient avec ma nièce. Quant à Louis, bizarrement, c'est vers Cameron qu'il va, alors qu'il est très proche de Thomas.

D'ailleurs, celui-ci est légèrement déçu de ne pas le tenir dans ses bras, sachant que c'est tout de même son parrain.

Louis est le petit dernier. Il est très observateur et parle beaucoup moins que sa grande sœur, mais surtout il ressemble énormément à Noah. Il a ses yeux, son teint hâlé et il est brun. Swanne est le mélange des deux, les yeux bleus de mon frère et la peau claire de sa mère.

Je les regarde s'amuser, depuis le fauteuil où je suis installée, entendre leurs petits cris et les voir sourire, me redonne du baume au cœur.

Louis lâche les bras de Cameron pour venir dans les miens. Je sers fort ce petit bonhomme, qui en a bien besoin vu la situation.

Une fois le câlin achevé, il me surprend en venant poser la question, que je redoutais le plus.

— Tatie, pourquoi maman et papa ne sont pas avec nous ?

J'ai l'impression de couler dans une chape de béton. Comment puis- je expliquer cela à deux jeunes enfants ?

Sachant que Swanne attend également une réponse de ma part.

Les mains de Cameron sont venues se poser sur mes épaules, les malaxant afin de m'apporter à sa façon, son soutien.

Je reprends à plusieurs reprises des goulées d'air afin de pouvoir leur expliquer avec des mots qu'ils pourront comprendre.

Swanne est installée sur son lit, dans les bras de Gareth.

— Louis... maman et papa ne vont pas venir de suite.

— Pourquoi ?

— Est ce que tu te souviens, de l'histoire de la belle au bois dormant que vous lisait ta maman ?

— Oui, mais c'est une histoire pour les filles ça ?

Je réponds qu'il a raison et recommence l'histoire à ma façon, lui expliquant que la princesse Aurore est endormie et que seul le prince peut la réveiller. Il me coupe en continuant.

— Oui, je m'en souviens, elle est réveillée par le prince qui lui fait un bisou.. Beurk.

À sa petite réflexion, il ne se doute même pas, qu'il redonne un léger sourire à tout le monde.

— C'est ça mon chéri et pour ta maman et ton papa, c'est exactement la même chose.

— Hein ?

— Louis, ta maman, s'est endormie comme la princesse, mais pour toujours au pays des anges.

— Ce n'est pas vrai ! Tu dis des bêtises, sanglote-t-il.

—J'aimerais tant te dire l'inverse, soupiré je.

Ses larmes se mettent à ruisseler, il se jette sur moi, pose sa tête contre mon cou et de ses petits bras, il me maintient fermement contre lui. Je retiens également les miennes qui menaçent de couler. La boule d'angoisse qui avait légèrement diminué en moi refait à nouveau surface, tout ceci me brise le cœur. Je fixe Swanne, qui elle s'est réfugiée dans le creux de l'épaule de Gareth, qui essaye tant bien que mal de la bercer dans ses bras, lui prodiguant des caresses dans ses cheveux longs. Mon petit neveu finit par se calmer, remontant doucement son regard vitreux vers le mien.

— Et papa ?

Oh bon sang, je n'ai plus la force et le cœur pour lui répondre. C'est donc Cameron qui intervient à ma place, voyant certainement que je ne peux plus gérer.

— Viens là mon petit gars.

Louis saute de mes genoux, pour se retrouver sur ceux de Cameron.

— Papa, fait un gros dodo aussi, il a de très gros bobos sur ses jambes et ses bras. Quand il ira mieux, il viendra vous voir, pour vous faire de gros câlins. En attendant, nous sommes là pour les faire à sa place, tu comprends ?

— Oui, alors tu veux bien m'en faire un gros comme ça, prononce Louis en écartant ses bras au maximum pour lui montrer.

— Avec plaisir mon bonhomme.

La fin de l'après-midi est beaucoup plus détendue, grâce aux gars qui font les clowns avec eux, ce qui fonctionne. Les enfants retrouvent leurs sourires, jusqu'à ce qu'il soit l'heure de les quitter, les pleurs refont leur apparition.

Cette journée a été très éprouvante pour tout le monde, entre l'état physique de mon frère et de laisser mon neveu et ma nièce seuls dans cette chambre, mon cœur se serre. Cependant nous avons appris une bonne nouvelle, dans deux jours, Swanne et Louis pourront quitter l'hôpital.

Fin de ce chapitre.

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