Chapitre 3

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*Chapitre 3

La station spatiale de Galaward rassemblait de nombreux mercenaires. Il s’agissait surtout d’un point relai où il était possible de faire le plein de provisions, d’armes, de munitions et de se détendre dans les établissements proposant différentes distractions.

Une fois qu’elle quitta le hangar par un ascenseur, Rune se retrouva dans le cœur de cette petite ville perdue dans l’espace. Un brouhaha s’élevait dans l’immense dôme. Comme d’habitude, de nombreuses personnes trainaient dans les rues. Rune n’aimait pas la foule, mais elle n’avait plus trop le choix.

Leurs vêtements, aussi différents qu’étranges, témoignaient de la diversification de la population. Chacun venant d’une planète différente pour s’arrêter dans ce relai, situé suffisamment loin des trois grandes fédérations qui tentaient d’asservir la galaxie d’Andromède.

Rune dévala la rue principale à grandes enjambées, Rody à ses côtés. Elle cherchait le magasin de pièces détachées pour réparer sa moto. Son robot la suivait de près avec un chariot, non sans bousculer les passants. Sans arrêt en train de s’excuser, Rune lui demanda de faire attention, mais Rody y voyait là une difficulté hors norme, car en plus de ses manières discutables, Rody ne marchait pas droit.

Rune essayait de le tenir, mais sa force entrainait la jeune femme dans ses pas chancelants. Ils arrivèrent tant bien que mal dans un grand garage spécialisé pour les deux roues. Rune utilisa une petite partie de l’argent qu’elle venait de gagner pour commander plusieurs pièces de rechange. Elle les installa dans le chariot de Rody, puis ils sortirent pour se rendre dans la plus grande supérette.

Rune fit le plein de provisions, mais elle n’était des plus raffinée. Elle se contenta de prendre de la nourriture toute faite en boite. Trop flemmarde pour cuisiner, elle ne voulait pas perdre son temps à apprendre alors qu’elle pouvait juste acheter une conserve à réchauffer. Rody se plaignit qu’elle ne mangeait rien de saint, mais elle lui fit un doigt d’honneur en prenant des pizzas surgelées.

Pour terminer, elle se rendit dans un coin de la station, là où les vendeurs d’armes avaient lieu domicile. Elle demanda à Rody de l’attendre dehors, ne voulant pas le gérer dans ce type de magasin. Elle récupéra suffisamment de munitions pour plusieurs mois, puis elle demanda à Rody de ramener le tout dans le vaisseau et de ranger. Correctement ! Rody fit un salut militaire pour accepter sa mission et il disparut dans la foule avec son chariot plein à craquer.

Enfin débarrassée, Rune avait tout le loisir de profiter des joies de cette station. Elle se dirigea vers les étages supérieurs, là où se trouvait un immense salon. Un bar gigantesque trônait au centre, formant un magnifique cercle, où il était possible de demander n’importe quel cocktail de la galaxie !

Rune se permit d’en boire un à base de saké, puis s’installa à une table. Enfin un peu de détente, loin de son vaisseau et de Rody. Elle espérait qu’il était en train de ranger ses courses correctement, ce qui était loin d’être sûr.

Elle chassa cette pensée de son esprit et se relaxa en écoutant le jazz en fond. Un groupe jouait de leurs instruments sur une grande scène, laissant des clients profiter de la piste de danse. Ensuite, un présentateur fit entrer un duo de magicien à la performance magistrale. Rune resta émerveillée devant leur tour, se demandant quel était leur secret.

Lorsque leur tour fut terminé, un groupe de musique s’empara de la place. Leur mélodie un peu plus rythmée et électrique poussait les gens à danser d’une façon plus dynamique. Rune écoutait tranquillement le morceau, alors qu’un jeune homme d’une vingtaine d’années s’installa à côté d’elle. Il posa le coude sur la table, et se mit face à elle, faisant exprès de bomber le torse.

– Salut ma belle, je…

– Dégage ou je t’aplatis la tronche sur la table.

L’inconnu, interdit, ne savait pas si elle plaisantait ou non. Il la détailla du regard, mais il ne pensait pas qu’elle serait capable de lui faire mordre la poussière. Du haut de son mètre quatre-vingt-dix, sa musculature imposante supposait qu’il s’entrainait tous les jours, mais cela ne lui procurait aucun désir.

– Continue de me déshabiller du regard et je te jure que je t’arrache les globes oculaires avec une cuillère !

L’homme leva les mains en signe de résiliation puis s’éloigna à la hâte. Il scruta ses arrières plusieurs fois, peur de voir Rune le suivre, mais elle resta sur son canapé. Enfin tranquille, elle se détendit quelques instants avant d’aller voir le dernier film d’horreur sortit au cinéma, qui attisait les curiosités.

Elle sursauta plusieurs fois pendant la représentation, faisant tomber quelques pops cornes. Elle aimait bien se retrouver dans ces salles obscures et leurs fauteuils rouges, découvrir un spectacle représenté par une foule d’acteurs plus doués les uns que les autres. C’était impressionnant de voir tout ce qu’étaient capables de faire les êtres humains, et surtout, l’imagination dont ils faisaient preuve pour inventer des histoires tout aussi extraordinaires.

Plus jeune, son père qui l’initia au plaisir de voir des films en tout genre. Rapidement, elle fut attirée par l’action, l’aventure et l’horreur. Elle eut la chance d’intégrer un club de comédie pour tenter de devenir actrice, mais elle ne put accomplir son rêve à cause d’un évènement tragique qui secoua sa famille.

Après deux heures d’épouvante, Rune déambula dans les rues tapissées de rouge, et ses lanternes anciennes posées à intervalle régulier pour offrir une lumière chaleureuse aux visiteurs. En plus du cinéma, il était possible de se rendre dans des théâtres, des bars, mais aussi des casinos et même des clubs de strip stease. Elle préféra ne pas savoir ce qui se passait devant celui où des danseuses à moitié nues se prenaient pour des dauphins dans des aquariums. L’être humain possédait aussi des fantasmes assez… spéciaux.

Rune s’offrit un hot dog, puis s’arrêta devant un curieux magasin. Perdu au milieu des géants du divertissement, celui-ci proposait des jeux de société dans une ambiance ancienne. Elle mit à pied à l’intérieur pour satisfaire sa curiosité. Les murs et le sol étaient recouverts de pierre, tandis qu’un lustre déversait une faible lumière, dévoilant les quelques tables en bois parsemant la salle. Des clients jouaient ensemble à divers jeux, sans pour autant utiliser un ordinateur ou une tablette.

Rune n’en avait pas vu depuis toute petite. Elle jouait encore un peu aux cartes lorsque sa mère était encore vivante, mais avec l’arrivée de la technologie, ce genre de plaisir se volatilisa pour laisser place au virtuel.

Elle sourit en voyant la fougue avec laquelle la jeunesse profitait de ces pièces de musée. Une gérante lui proposa d’intégrer une table, mais Rune refusa poliment. Elle n’aimait pas se mêler aux autres, et se retrouver à jouer avec des inconnus l’incommodait. Elle quitta les lieux et déambula jusqu’à l’étage supérieur, où se trouvait une arène.

En forme de colisée intérieur, il était possible d’assister aux violents combats par le biais des écrans géants. Rune termina son sandwich, tandis qu’un homme en costume de dinde se battait contre une armée de poules. Rune fronça les sourcils, se demandant si elle n’avait pas des problèmes de vue, mais apparemment non. Elle ne savait pas à quoi étaient dopés ces poulets, mais ils se jetaient sur le guerrier avec hargne. Le picorant du bec, du sang suintait de ses nombreuses blessures.

Rune jeta un œil aux alentours, curieuse. Les spectateurs hurlaient à tout va pour que l’homme se couche. Les poules possédaient les paris les plus élevés, ce qu’elle trouvait complètement dingue. Elle se lécha les doigts tandis que les poulets s’envolaient pour percer le costume de l’homme, puis Rune détourna le regard de ce spectacle navrant.

C’était l’heure de trouver une nouvelle mission. Elle continua l’ascension de la station, jusqu’au hall des mercenaire. Vaste, la place proposait plusieurs consoles où l’on pouvait accepter des contrats en lignes. Rune slaloma entre plusieurs personnes pour en prendre une passer en revue les derniers postés.

Le premier voulait qu’on lui ramène de la moutarde Terrienne. Le deuxième désirait organiser le casse d’une banque, ce qui semblait débile de mettre une telle annonce ici… La troisième était une femme qui cherchait son chat, sûrement recruté par le Saint Ordre Félin pour dominer la galaxie.

Hors de question de se frotter à eux. Rune était tentée d’accepter la première, mais elle n’était pas bien rémunérée. Elle pourrait prendre le premier pot venu et lui ramener, mais qui sait, il se faisait appeler l’EmpereurMoutarde. S’il s’y connaissait, elle ne pourrait pas le rouler.

Elle se frotta le menton, puis fut attirée par une dernière. Récupérer une navette volée. Cela promettait un peu plus d’action et la récompense semblait bien plus intéressante. Alors qu’elle allait accepter, son téléphone sonna. Elle mit son oreillette et décrocha.

– Ouais ?

– Yo, ici Bardy !

Bardy Wallace. Un homme appartenant aux pirates d’Avracham, une petite planète loin de tout. Il l’appelait souvent pour lui proposer des missions, souvent à faire avec son équipe. Rune refusait à chaque fois. Elle n’aimait pas compter sur les autres pour réussir, mais cela n’empêchait pas Bardy de continuer à lui offrir du boulot et de tenter de la recruter.

– Salut Bardy. Qu’est-ce que tu veux ?

Il ricana.

– Toujours aussi directe à ce que je vois. J’ai du boulot pour toi à la station Galawald.

Elle écarquilla les yeux. Cela tombait à pic !

– Justement, j’y suis. C’est quoi le job ?

– Ramener une mallette sur la planète Farol, dans la ville de Toraven. Ton client t’y attendra. Le contact est un homme chauve, costard cravate blanc, avec des lunettes blanches.

– Euh… Ok…

– Le client n’a pas donné son nom. Par contre il faut que tu ailles voir un certain monsieur White, lui te le donnera.

– C’est tellement recherché comme nom, soupira-t-elle.

– Ouais… Mystérieux, hein ? Allez go. Il est à l’étage des magasins.

– Ok, j’y vais. À plus.

– Tu veux no…

Rune lui raccrocha au nez. Elle savait ce qu’il allait lui demander, et sa réponse resterait toujours la même. Elle rangea son oreillette puis descendit vers le centre de la station, curieuse de savoir ce qu’elle devait transporter…

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