Chapitre 4

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      De retour dans l’allée des magasins. Rune relut la description de sa mission via le message qu’elle reçut de Bardy. L’homme se trouvait aux abords de la station, près des magasins d’armes, là où il avait peu de chance de se faire repérer. Mais en même temps, être habillé tout en blanc là où la plupart des mercenaires aimaient le noir, c’était une idée complètement stupide.

      Rune y fit abstraction et chercha cette personne dans les recoins. S’il cherchait à éviter le monde, il devait se trouver entre les bâtiments dans les ruelles les plus sombres. Pour l’instant, elle ne croisait que des types louches avec de longs manteaux noirs, des lunettes sombres, des cheveux dans tous les sens comme des punks…

      Puis elle dénicha son client. Comme prévu, il était facile de débusquer une personne vêtue de blanc.

      – C’est vous, monsieur White ? demanda-t-elle après l’avoir rejoint.

      Il lui agrippa le bras et la tira dans la rue. Il lui fit signe de parler moins fort.

      – C’est bien moi. Vous êtes Rune ?

      – Ouais.

      – J’ai reçu votre réponse il y a quelques minutes. Vous êtes prête à risquer votre vie pour cette mission ?

      Rune arqua un sourcil, intriguée.

      – Risquer ma vie ? Pourquoi ?

      White s’éloigna pour ramener une valise à roulettes. Rune inspecta l’objet et remarqua de petits trous faits à la perceuse à certains endroits.

      – Qu’est-ce qui se trouve à l’intérieur ?

      – Une arme mortelle, répondit White. Vous devez la rapporter à madame Magimi Narouako sur la planète Farol. Elle habite dans la ville de Toraven.

      Rune ne savait pas où cela se trouvait, mais Rody pourrait sûrement l’aiguiller. Elle hocha la tête, les informations bien ancrées dans son esprit, et récupéra la valise.

      – Faites bien attention, Rune, signala White. Ce qui est à l’intérieur est activement recherché. Vous devez être…

      Il ne put terminer sa phrase, un tir retentit et une balle perça son abdomen. Il s’écroula dans un râle, laissant Rune seule face à des êtres encagoulés. Lorsqu’elle vit la tête de chat dorée sur leur écusson, elle comprit qu’elle se trouvait face au Saint Ordre Félin.

      Elle pesta. Elle qui ne voulait pas se retrouver face à l’un des trois clans de la galaxie, la voilà pourchasser par ces dingues. Elle porta la valise et s’engouffra dans la rue. Grâce au monde, elle put se fondre dans la masse, mais ses poursuivants n’en avaient pas fini avec elle.

      Ils la suivaient de près, bousculant les visiteurs sur leur passage. Certains voulaient répliquer, mais elle en vit arriver absolument partout. Impossible de prendre l’ascenseur, le temps d’attendre son arrivée, elle se ferait tirer dessus comme un lapin. Et il ne fallait pas compter sur l’aide des autres, dans cette civilisation, c’était chacun pour soi !

      Mais pas de problème pour Rune. Comme les autorités de la station allaient mettre bien trop de temps pour intervenir, elle décida de bifurquer vers les toilettes des femmes pour passer par les ventilations. Une fois à l’intérieur, elle poussa tout le monde à sortir en agitant son arme. Les cris perçants passèrent la porte, lui laissant le soin de fracasser la grille qui se trouvait dans un coin. D’ici, elle pourrait facilement rejoindre le hangar à vaisseau.

      Elle connaissait la station comme sa poche grâce à ses nombreuses visites. Et tous ses déboires… Elle passa plusieurs fois pour des missions qui finirent mal, ou bien accessoirement jouer au casino et se retrouver pourchassée par un gang pour avoir gagné un peu trop souvent. Il fallait dire qu’ils étaient vraiment nuls au poker : ils n’arrêtaient pas de hurler quand ils avaient du jeu et de s’accabler quand ils n’avaient rien… Incapable de bluffer, Rune n’en avait fait qu’une bouchée pour empocher des milliers de crédits !

      Alors qu’elle s’apprêtait à se glisser à l’intérieur, elle sentit une main agripper sa veste et la tirer en arrière. Son poursuivant la jeta contre le mur du fond. Elle se remit du choc dorsal, tandis que son adversaire se jetait sur elle. Rune répliqua immédiatement, évitant ainsi le coup de poing qui lui était destiné. Le croyant se fracassa contre le métal, hurlant de douleur au bruit de ses os brisés. Rune frappa en plein estomac, puis elle le mit au sol avec un croche-patte bien placé. Elle en profita pour lui mettre un coup de botte en pleine figure pour l’étourdir.

      La capuche retirée, elle vit l’horreur qui se trouvait en dessous. Pour appartenir à ce mouvement, les Humains avaient choisi de se faire implanter les mêmes moustaches que les chats, ainsi que de se refaire le visage pour leur ressembler au maximum. Une véritable horreur chirurgicale. Rune grimaça de dégout. Elle récupéra la valise et disparut dans la trappe ouverte.

      Connaissant les moindres recoins de la station, Rune traversa ce labyrinthe en un rien de temps. Elle entendit les fanatiques hurler des ordres pour la retrouver, pendant que quelques-uns la poursuivaient dans le réseau de ventilation.

      Elle pesta encore et encore, trouvant toujours plus d’insultes pour s’énerver. Elle bouillait de rage d’avoir accepté cette requête sans en apprendre davantage. Une fois terminée, elle s’occuperait personnellement de Bardy pour lui avoir confié cette mission à la con ! Elle était obligée de se frotter aux pires cinglés de la galaxie !

      La colère qui l’habitait la poussa à se mouvoir toujours plus vite. Bientôt, des détonations retentirent dans cet endroit exigu, alors que ses poursuivants se rapprochaient petit à petit. Cette valise l’empêchait d’avancer comme elle le souhaitait. Ce poids pouvait le condamner à mort si elle ne s’arrêtait pas.

      Pas question de faire tout le chemin jusqu’au hangar, elle n’y parviendrait pas. Il lui fallait sortir d’ici au plus vite. Elle prit un embranchement qu’elle ne connaissait pas. Elle faisait exprès de prendre chaque virage, espérant ainsi semer ses poursuivants. Mais elle les entendait se rapprocher toujours plus près, l’apostrophant pour qu’elle s’arrête.

      Elle arrêta sa course face à une grille, sans aucune autre solution que de la briser. Rune la frappa du pied jusqu’à la casser, puis sortit de cet enfer avec sa valise. Elle scruta les environs rapidement. Au vu des nombreuses caisses déposées sur des étagères, elle devait être dans un entrepôt. Elle se cacha discrètement derrière un amas de boites abandonnées au milieu du chemin et attendit ses poursuivants.

      Elle récupéra son téléphone et appela Rody. Comme d’habitude quand elle se retrouvait dans la panade, il ne répondait pas. Il écoutait sûrement du métal, le son à fond, ce qui l’empêchait d’entendre la sonnerie. Elle pesta et essaya plusieurs fois avant qu’il ne réponde.

      – Oui, dame Rune ? Désolé, j’écoutais de la musique et…

      – Chut ! chuchota-t-elle.

      Les pas des adorateurs de cette secte se rapprochaient. Ils sortirent du conduit de ventilation, pistolet en main, et scrutèrent les environs avec attention. Ils se déplacèrent dans un silence absolu, obligeant Rune à jeter un œil à ce qu’il se passait. Ils marchaient lentement dans sa direction. Il lui suffisait d’attendre qu’il la dépasse pour se débarrasser d’eux rapidement.

      – Tu la vois, miaou ?

      – Non et toi, miaou ?

      – Bordel ! Il ne faut pas la perdre de vue ! Miaou !

      Rune fronça les sourcils. Il discutait vraiment de cette façon à longueur de journée ? Cela devait être tellement énervant de les écouter parler…

      – Tu ne veux pas qu’on se sépare, miaou miaou ?

      Tiens, il y en avait deux cette fois-ci ? Rune pensa qu’il s’agissait d’un code entre eux, mais elle s’en fichait royalement. Une fois qu’ils la dépassèrent, elle sortit de sa cachette pour en bousculer un qui tomba au sol comme une merde. Le deuxième se retourna et feula avant de fondre sur elle.

      Rune lui attrapa le bras et le cassa d’un coup sec. Le bruit de l’os brisé le fit hurler, puis elle lui fracassa la tête contre le mur.

      – Par les moustaches du chat cosmique ! MIAOU !

      Le deuxième se tenait à quatre pattes en train de bomber le dos. Imitait-il le chat en colère ? Rune resta silencieuse devant cette scène surréaliste. Il la chargea à toute vitesse, mais Rune, le tout dans un calme olympique, lui fit un simple croche-patte pour le faire tomber. Alors qu’il allait se relever, elle lui mit un coup de pied de la tête qui l’assomma sur le coup.

      – J’hallucine… soupira-t-elle

      Son attention sur la pièce où elle se trouvait, elle chercha une sortie tout en reprenant sa conversation avec Rody.

      – Rody !

      – Oui, dame Rune ?

      – Démarre le vaisseau ! Je suis poursuivi par le Saint Ordre Félin.

      – Oh ? Qu’avez-vous fait ? Ne me dites pas que vous avez volé de la nourriture pour chat ?

      – Quoi ?

      Elle fronça les sourcils, tandis qu’elle descendait par l’escalier de secours. Toujours plus vite, elle sauta les marches pour rejoindre le hangar rapidement.

      – Non, rien. Je n’ai absolument pas raconté brièvement un souvenir, s’empressa de dire Rody.

      – Euh… D’accord…

      – Je vous attends, dame Rune.

      Elle ferma les communications et termina sa course dans les marches. Une fois arrivée dans un large couloir, elle courut à l’autre bout. Elle n’était plus très loin du hangar. Ce passage était normalement réservé aux techniciens pour la réparation des navettes, mais elle s’autorisa de l’emprunter sous les regards courroucés des travailleurs. Rune slaloma entre les véhicules de maintenance, tandis que les klaxons retentissaient.

      – Là-bas ! MIAOU !

      Elle jeta un œil en arrière. Non seulement ils imitaient les chats, mais en plus ils couraient comme eux. Une belle bande de dégénérée ! Elle sprinta de toutes ses forces, la valise dans les bras. Si seulement elle n’avait pas cette chose pour la gêner, cela fait bien longtemps qu’elle les aurait distancés. En plus, elle ne pouvait pas utiliser son arme, ce qui rendait la poursuite infernale.

      Elle esquiva plusieurs techniciens qui la sommèrent d’arrêter, puis ce fut au tour de la sécurité de se mêler à cette traque. Ils tiraient principalement sur les membres de la secte, offrant à Rune la possibilité de mettre de la distance sur ces imbéciles.

      Une alarme retentit sur sa droite. Elle vit un véhicule transportant de multiples appareils en sortirent et tourner en direction du hangar. Bandant les muscles de ses jambes, elle sauta dessus et attrapa une rambarde de métal. Agrippée fermement à celle-ci, elle se laissa entrainer jusqu’à la grande pièce où se trouvait son vaisseau.

      Contente d’entendre le vrombissement de ses moteurs, elle quitta son transport pour rejoindre la passerelle de son appareil. Une fois remontée, elle se la referma rapidement, puis Rody le fit décoller pour quitter cette station.

      Mais elle était loin d’être tirée d’affaire. La navette trembla, la faisant chanceler. Elle se rattrapa au mur puis rejoignit le cockpit.

      – Qu’est-ce qui se passe, Rody ? demanda-t-elle.

      Il appuya sur un bouton pour dévoiler les caméras arrière. Des vaisseaux en forme de patte de chat les poursuivaient. De grosses griffes tiraient des lasers dans leur direction, tandis que les moteurs représentant les coussinets les rapprochaient inexorablement d’eux.

      – Puis-je vous proposer de vous rendre dans la salle de tir, dame Rune ?

      Elle eut un large sourire diabolique.

      – Oh ouais !

      Même si le vaisseau possédait des canons à l’avant, il n’était pas aisé de tirer en arrière. Pour pallier à ce problème, Rune fit installer un canon sous la coque. Néanmoins, pour ne pas payer trop cher, il fallait que quelqu’un descende à l’intérieur. C’était certes de la camelote maintenant que tout se faisait à distance, mais c’était moins cher. Peut-être qu’elle ferait l’effort de le changer plus tard ?

      Rune s’installa dans le siège, démarra l’ordinateur puis pris les commandes. Joystick en main, elle le tourna pour pivoter la cabine vers les vaisseaux ennemis. Elle se mit à rire en appuyant sur le bouton de tir, foudroyant le premier vaisseau en plein dans un coussinet.

      – Prends ça ! hurla-t-elle.

      Alors qu’elle allait tirer sur le deuxième, le vaisseau se mit à bouger de haut en bas. Impossible de viser convenablement.

      – Putain ! RODY ! hurla-t-elle.

      Elle ouvrit les communications et se retrouva avec sa musique diabolique lui briser les tympans. Elle se couvrit les oreilles, alors qu’elle lui hurlait d’arrêter. En scrutant la caméra de la salle des commandes, elle vit Rody en train de bouger la tête de haut en bas. Le problème, c’est qu’il entrainait les manettes avec lui !

      Voyant qu’elle n’attaquait pas, le robot éteignit le son et lui demanda :

      – Pourquoi vous ne tirez plus ? demanda-t-il simplement.

      – Éteint ta musique bordel ! Et arrête de bouger !

      – Désolé, le métal me détend.

      Rune soupira. Elle ne comprenait même pas comment c’était possible, mais soit. Elle devait faire avec. Finalement, Rody esquiva les tirs dans le calme, laissant Rune jouer habilement avec le canon. Elle détruisit le reste de ses poursuivants et cria à la victoire.

      – Bravo, dame Rune, nous avons gagné, lui dit Rody d’une voix neutre.

      – Un peu plus d’entrain, mon ami ! s’exclama la jeune femme.

      – Vous avez raison, je vais remettre de la musique.

      – N…

      Elle ne put finir sa phrase, car il coupa les communications. Elle entendit les hurlements d’un chanteur au loin dans son vaisseau. Elle soupira et s’avachit dans son fauteuil. Finalement, elle allait peut-être rester là pour le restant du voyage ?

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