10.

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Ce matin, Myriam, vêtue d’un gilet ajouré par-dessus un pull à manches courtes, invita Maude à entrer dans le hall de la Créole. Elles commencèrent par parler de la belle saison qui arrivait et de la chaleur étouffante qui s’installait. Quand Maude lui demanda si elle pouvait s’entretenir avec Étienne dans sa chambre, Myriam se pinça les lèvres et parut embarrassée. Elle était à cran ces derniers temps.

« Je ne sais pas trop, Erick ne le permettra pas.

— Mais vous, Myriam, c’est ce que vous voulez ? » insista Maude, persuadée que l’enfant se livrerait plus facilement s’ils étaient tous les deux en tête-à-tête, pensant que ce serait un bon moyen de le mettre en confiance en le rencontrant dans sa chambre.

Devant son hésitation, Maude lui avait saisi la main pour la rassurer, Myriam se sentant coupable d’agir contre la décision d’Erick. Maude dut lire l’inquiétude dans son regard et lui pressa les doigts.

« Tout bien considéré, vous avez sûrement raison, si ça peut aider Étienne, et puis Erick s’est absenté pour la matinée.

— Je laisserai la porte ouverte et si vous le souhaitez Myriam, vous pouvez m’accompagner. »

Myriam hocha la tête.

À l’étage, la porte de la chambre d’Étienne était ouverte. Il peignait, une feuille posée sur un socle. Maude le regarda sans bruit un instant. Au moment où il essuya ses doigts sur un chiffon, Maude s’approcha de lui, ramassa un pinceau qui traînait sur le parquet.

« Bonjour, Étienne, je te dérange ?

— Pfff, non, je viens de finir mon dessin, dit-il en continuant à gratter ses mains dans le tissu.

— Je peux le regarder, fit Maude d’une voix douce en lui souriant.

— Oui.

— C’est joli, tu m’expliques toutes ces belles choses.

— J’ai dessiné une île.

— Je vois, une île avec des cabanes sur pilotis, mais tu n’as représenté la porte et la fenêtre que sur celle-ci », lui fit-elle remarquer en montrant une cabane coloriée en noir.

Il se mit à ricaner.

« Ben oui, c’est la maison de la maman de Pauline, répondit-il en se tournant vers elle.

— Ton « amôreuse de la forêt ?

— Oui », reprit-il en se frottant le visage, la lumière qui éclairait les taches de peinture sur ses joues.

Les mains d’Étienne se crispèrent. Il se dirigea vers la fenêtre, lâcha un sourire et un geste en direction de la lisière. Maude sentit un frisson dans le dos.

« Elle est toujours là-bas près de la croix, elle est revenue chercher quelqu’un.

— Elle t’a dit de qui il s'agit ? »

Étienne la regarda d’un sourire un peu moqueur.

« C’est notre secret. »

Maude se débarrassa de sa veste, et vint se coller dans son dos. Elle aussi contemplait la croix. Un bouquet de fleurs était couché à ses pieds sur le flanc entouré de quelques fougères. Elle écarta lentement le voile du rideau, scruta le ciel maintenant sans nuages. Étienne lui posa la main sur le bras.

« Elle veut bien que je te raconte son histoire. »

Maude pouvait entendre son cœur battre à tout rompre.

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