8.

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Prendre le dîner au lit était une habitude qui remontait au début de leur relation. Seeker posa son verre sur le plateau, puis sa main sur son ventre et enroula sa cuisse autour de sa jambe. Elle adorait sa façon de l’effleurer, de l’embrasser passionnément, de parcourir sa peau en lui caressant la poitrine puis la taille. Maude ressentit une chaleur l’envahir et elle eut l’impression que son corps se cambrait et se soulevait. Les lèvres de Seeker la possédaient, couvraient ses joues, son menton, son front. Maude frémit, désireuse de se laisser entraîner dans un jeu délicieux, pourtant son regard et un sourire crispé trahissaient une inquiétude. Seeker se redressa pour la dévisager et sentit que Maude était préoccupée. Il prit un air contrarié.

« Pour l’amour du ciel, à quoi penses-tu ? souffla-t-il.

— Je crois que cette fille est toujours vivante, dit-elle en baissant la tête.

— Tu sais bien qu’elle a disparu et que l’enquête à l’époque n’avait rien donné, comment peux-tu en être aussi sûre maintenant ?

— Je le suis, c’est tout. J’imagine que les apparitions y sont pour beaucoup, j’ai l’impression de devenir parano. »

Seeker soupira, écarta la couette et se leva pour finalement se mettre à tourner en rond dans la chambre.

« Je me rappelle avoir entendu parler de cette affaire non élucidée lors de ma formation à Toulouse. Les enquêteurs n’avaient pas relevé d’empreintes, comme si tout donnait à penser qu’elle s’était littéralement volatilisée.

— Peut-être que ce jour-là, quelqu’un l’a suivi dans la forêt, puis violé et assassiné, balbutia Maude en regardant Seeker qui semblait se demander si une telle question méritait une explication.

— On n’a pas retrouvé de cadavre, de traces, ni de vêtements déchirés, donc pas de scène de crime. Quant aux parents, ils n’avaient pas signalé immédiatement sa disparition. Cela ne prouve rien, bien sûr. Ce dont nous sommes certains, c’est qu’elle n’avait pas raté le bus qui la ramenait du collège, que le voisin l’avait aperçu s’enfoncer dans le bois et qu’un fermier du coin avait découvert une peluche dans un buisson à proximité d’un puits. Un peu maigre pour résoudre une telle affaire, dès le départ ça s’annonçait mal, fit Seeker avant d’ajouter que seul son beau-père avait semblé froid, distant au moment de sa déclaration.

— Quoi d’autre ? demanda-t-elle comme si Seeker hésitait à tout lui dire.

— Eh bien… tu ne devineras jamais qui avait la charge de l’enquête, déclara-t-il en laissant sa phrase en suspens, le commissaire Grenereau lui-même. »

Maude, surprise, l’invita à s’asseoir à ses côtés.

« Étienne m’a raconté que Pauline avait été confiée aux services sociaux, qu’une assistante était venue la chercher, ensuite il a fait allusion à une table que la mère aurait trouvée près de la rivière. La description coïncide avec celle que j’ai aperçue sous la rotonde chez les Grenereau, et ce n’est pas tout, la peluche de Pauline était un ourson. Il correspond à celui de l’enfant. Je reste persuadée qu’Étienne mêle la réalité à l’imaginaire. La question est de savoir s’il agit délibérément comme s’il ouvrait des tiroirs pour révéler la vérité sur cette disparition ou bien s’il crée un récit à partir de ses perceptions.

— Tu peux oublier la piste des services sociaux. Il y a quelque chose de pas clair concernant les autres éléments, comment peut-il être au courant ? souligna Seeker l’air intrigué.

— J’ignore encore comment, mais Pauline semble communiquer avec lui, je t’en ai parlé au téléphone.

— Oui, vaguement sans plus de détails, s’étonna-t-il cette explication lui faisant un drôle d’effet, mais ne me dit pas que tu crois à ces bêtises ! Un conseil ne te laisse pas entraîner par ce gamin sur ces idioties.

— Alors, c’est vraiment tout ce que tu as à répondre ! lança-t-elle en soupirant et levant les yeux de manière exagérée. Cet enfant semble posséder un don, il y a déjà eu des expériences similaires, mais de façon étrange, il entre dans son récit avec de telles précisions que l’on croirait que chaque personnage devient une part de lui-même. »

Seeker souriait, trouvant les propos de Maude bien plus amusants qu’intrigants.

« Je ne veux pas que tu te sentes obligé, mais je dois vérifier certains détails à l’intérieur de la cabane, penses-tu pouvoir m’accompagner demain et prospecter du côté de la Bruyère et du marais ? »

À la seule idée de remettre les pieds dans la forêt, Maude sentit son estomac se nouer.

« Bah, je suis pas mal occupé avec cette nouvelle affaire, je viens d’être détaché au commissariat d’Arcachon.

— Oh, je t’en prie, Seeker, je suis sérieuse, viens avec moi ! »

Il lâcha un soupir et lui sourit.

« Tu me connais tellement… »

Seeker posa sa tête dans le creux de son cou, couvrit ses épaules de baisers. Il huma sa peau, lui ébouriffa les cheveux. Sa main descendit dans son dos, devint plus ferme sur sa cuisse. Ses lèvres goûtaient chaque infime partie de son visage. Maude ferma les yeux. Ses joues rosies de plaisir frémissaient. Le monde qui l’entourait cessait d’exister. Ses doigts fins glissèrent sur la poitrine de Seeker. Son ventre s’éveillait à l’amour, ses muscles s’animaient, et son corps tout entier se raidissait. Seeker laissa tomber les bretelles de sa nuisette, la fit basculer sur le lit et alors qu’il l’embrassait, un désir secret, des plus intimes la submergea.

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