12.

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Ils quittèrent ensemble la chambre d’Étienne, et quand ils se retrouvèrent dehors sous la véranda, sans se soucier de saluer Erick, Maude, les mains encore tremblantes, pensa qu’il était temps pour elle d’aller prendre l’air. Elle luttait pour refouler des larmes d’angoisse. En marchant dans le parc, elle respira profondément, alluma une mentholée, traîna le long du ponton au-dessus de la mare. Tout cela n’avait aucun sens. Elle ferma les yeux, songea aux trente secondes de stupeur qu’elle avait eue en découvrant qu’Étienne percevait lui aussi la jeune fille disparue vingt-huit ans plus tôt, et qu’il communiquait avec elle. Au même instant, son téléphone sonna.

« Comment va ma petite chérie ?

— Pas très fort. Seeker, j’aimerais tellement que tu sois là pour me blottir dans tes bras, tu me manques, dit-elle en essuyant les larmes qui commençaient à couler le long de ses joues.

— Oh, à ta voix si mince, je crois comprendre que les choses ne se passent pas comme tu le voudrais. Tu me manques toi aussi.

— C’est seulement… toute cette histoire m’échappe. C’est la première fois que je suis confrontée à un cas si étrange. Tout est si bizarre ici, je ne sais plus où j’en suis. Tu te souviens de cette jeune fille dont je t’ai parlé hier soir. À l’époque les enquêteurs ne l’ont pas retrouvé. Elle n’est jamais rentrée chez elle ce jour-là, il se pourrait qu’il y ait un lien avec l’affaire dont je m’occupe.

— Que veux-tu dire ? »

Au ton de Maude, Seeker avait compris qu’elle était bouleversée.

« Elle m’est apparue, dit-elle en retenant sa respiration, l’enfant peut la voir et communiquer avec elle.

— Qu’est-ce que tu me racontes ?

— Il paraît que même après la mort, certains défunts peuvent se manifester, je sais que cela va te sembler insensé, mais c’est exactement l’expérience que je viens de vivre, répondit-elle avec l’émotion qui faisait trembler sa voix.

— J’ignore de quoi tu parles, mais c’est absolument fascinant ! Bon, ne crains rien mon cœur, je me grouille à rentrer, et pour ne rien te cacher, je vais rester quelque temps sur le Bassin.

— C’est merveilleux !

— Pas vraiment, il s’agit d’une sale affaire. Tu ne vas pas y croire, mais je dois rejoindre l’équipe du commissaire Grenereau.

— Grenereau ?

— Que se passe-t-il ? Tu as l’air au bord de l’évanouissement. »

Maude hésita avant de rétorquer.

« Ce commissaire porte le même nom que l’enfant dont je m’occupe.

— Tu en es sûre ?

— Oui, répondit-elle d’une voix fébrile.

— Je serais rentré en fin d’après-midi, je t’aime », dit Seeker.

Avec un soupir, Maude raccrocha.

Sa main tâtonna dans son sac à la recherche de ses clés. Maude n’était pas du genre à déraisonner, et elle avait beau se dire qu’une explication sensée pouvait résoudre ce mystère, ces apparitions l’intriguaient autant qu’elles l’effrayaient. Se trompait-elle ? Elle caressa sa mèche qu’elle replaça derrière l’oreille. Il ne lui fallut que cinq minutes pour retourner jusqu’à la zoé, s’installer au volant. Elle ne s’imaginait pas être capable de reprendre la route dans la foulée, s’emmitoufla dans sa veste, s’appuya contre le dossier. Sa première pensée fut de s’allonger aux côtés de Seeker avec le désir qu’il la serre si fort.

Au bas des marches, Étienne l’observait. Il se tenait là depuis dix minutes. Quand Erick se fut éloigné, il galopa jusqu’à la clôture, ouvrit la portière et s’engouffra dans la voiture. Il adressa à Maude un joli sourire. Dieu sait pourquoi, il anticipa ses questions et se mit à lui raconter tout ce qu’il savait.

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