Chapitre 4: Un mythe réel.

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Paul n'était pas sorti de sa chaumière. Les habitants de Mervhope respectaient sa décision. Néanmoins, lors du rapport de Steve, bon nombre de personnes commençaient à suspecter le chasseur d'être le véritable tueur. En effet, il convoitait la place de maire, il était de notoriété qu'il détestait la sorcière, et Steve avait retrouvé Paul près du corps sanguinolent de Joe. Malheureusement, il n'y avait aucune preuve concrète qui pouvait amener à l'affirmation de cette théorie. Charles avait réuni quelques habitants. Parmi eux, on pouvait donc voir Élise la voyante, Léopold le geôlier, Steve le détective, Jean le médium et Chloé, la petite fille. Tous débattaient furieusement.

— Je suis persuadé que Paul est innocent!, affirma Élise.

— Voyons, tout porte pour l'accuser, lui répondit Léopold. Je vais devoir l'enfermer...

— Calme toi, Léopold, soupira Charles. Tu peux l'interroger à l'aide de Steve, mais rien de plus.

— A ce propos, Steve, as-tu élaboré des pistes?, demanda Jean.

— En effet, acquiesça l'interrogé. Lorsque Paul et moi avions retrouvé le cadavre de Joe, il tenait un objet en argent. Le fou avait une piste sur l'identité du tueur qu'il affirmait être une bête. J'ai donc mené des recherches à ce sujet et je suis arrivé à une drôle de conclusion.

— Vous pensez qu'il s'agit d'un loup-garou, n'est-ce-pas?, murmura timidement Chloé, ses cheveux noirs cachant une grande partie de son visage.

Les réactions ne tardèrent pas à fuser. Élise semblait convaincue, Jean était plus mitigé. En revanche, Charles et Léopold semblèrent totalement sceptique. Steve hocha la tête et expliqua sa théorie.

— Je sais que vous ayez du mal à croire à cela. Mais l'idée que puisse exister des loup-garous n'est pas aussi farfelus que l'existence d'une voyante, d'un médium et j'en passe.

— Bien entendu, Steve, approuva Charles. Néanmoins, ajouta-t-il la mine hésitante, il n'y a jamais eu ce genre d'animal à Mervhope.

— Il n'y a jamais eu de morts auparavant, Charles, répliqua le détective. Comme quoi, il y a une première fois à tout.

Le docteur sembla vouloir répliquer mais il fut interrompu par Léopold qui s'écria.

— Voyons, Steve ! Tu t'es basé sur les propos d'un fou, tu ne peux pas sciemment croire à ce qu'il aurait pu pensé.

— Et pourquoi pas ?, s'agaça l'enquêteur. As-tu mieux à proposer ?

Un silence lui répondit. Le geôlier grinçait des dents. Elise et Chloé étaient bien silencieuses et se contentaient d'observer la scène. Jean, quant à lui, semblait perdu dans ses pensées. Il murmura d'une voix songeuse.

— L'idée se tiendrait. L'animal aurait été pris d'une folie meurtrière. Néanmoins, j'aimerai évoquer l'hypothèse de la présence de deux loup-garous. Un ancien, un nouveau. Les cadavres le montrent bien.

— Exactement, approuva Steve. Par ailleurs, Joe a peut-être réussi à blesser l'animal. En effet, nous avons retrouvé des morceaux de poils sur l'objet en argent.

— Vous me faites vomir, s'énerva Léopold.

Le geôlier se leva, la chaise tomba lourdement au sol. Il serra les poings, les traits déformés par la colère, rendant son visage inhumain. Il ferma les yeux et essaya de calmer sa respiration. Une fois qu'il eut repris un semblant de sérénité, il expliqua son comportement pour le moins étrange.

— Je suis sûr que c'est quelqu'un qui a tué John. Le reste, c'est uniquement l'oeuvre d'un animal. Point. Allez pas chercher plus loin.

Léopold sembla hésiter à ajouter quelque chose puis se résigna. Il sortit de la pièce rapidement, laissant les autres membres de la réunion bouche-bés. Elise esquisça un sourire, passablement amusée par la situation. Elle joua avec ses bracelets et prononça d'une voix fluette.

— Il va revenir dans 3...2...1... Maintenant.

En effet, Léopold revint et prit la veste qu'il avait oublié. Il fixa les personnes qui le regardèrent avec amusement. Il grogna et dit d'un ton agressif.

— Quoi ?

— Rien, ne t'inquiètes pas, lui répondit Charles d'une voix bienveillante, ne voulant pas créer de problèmes. Bon allez, la réunion est finie.

Tous se levèrent et partirent aussitôt. Sauf Steve et Chloé. Celle-ci avait pris le bras de l'enquêteur et avait murmuré tout doucement.

— Je suis petite et discrète. Je peux t'aider.

— Joe avait voulu m'aider également, tu sais, avait répondit tristement le détective.

— Je suis bien plus discrète, lui assura-t-elle. J'ai l'idée du suspect. Je veux juste voir si j'ai bien raison.

Steve fixa longuement la petite fille, hésitant. Après quelques minutes de réflexion, il soupira et lui donna l'autorisation. Celle-ci trépigna de joie et partit, laissant l'homme seul dans ses pensées. Avait-il bien agi ? Il espérait que oui.

Chloé était partie balader. Son enquête pouvait bien attendre, après tout. Elle adorait écouter les conversations sans qu'on la remarque. Elle n'osait pas d'ailleurs prendre la parole, de peur des conséquences. Ainsi, un jour, elle entendit une discussion entre deux personnes qui s'étaient révélées fort intéressantes au vu des évènements actuels qui se déroulaient.

L'enfant était ravie de pouvoir contribuer à l'enquête. Cela changeait un peu, elle n'était plus une personne passive mais désormais quelqu'un d'actif. Elle espérait rendre fier Steve qui était son modèle. Elle rêvait d'être une grande détective, comme lui !

Tout à coup, elle ralentit sa démarche. Quelle tête en l'air elle était ! Elle n'avait pas vu qu'elle s'était autant éloigné du village. Une voix dans la pénombre susurra d'une voix lugubre.

— Ce n'est pas bon de s'éloigner ainsi du village, petite-fille...

Chloé tournait sur elle-même, incapable de parler. La lune reflétait sur son visage juvénile une peur intense. Elle était bien trop jeune pour mourir, voyons ! C'était bien trop injuste. Malheureusement, la vie ne l'était pas forcémement...

La personne étrangère ajouta.

— Je me nourris de votre peur... Tu aurais du entendre ce que j'ai entendu comme supplication... Et toi, que vas-tu me dire ?

Chloé restait muette comme une carpe. Non, non et non ! Elle devait se ressaisir, elle ne pouvait mourir ainsi ! Elle était grande après tout !

— Rien du tout ?

Allez bon sang, ce n'était pas compliqué après tout.

— Soit. Regarde au-dessus de toi.

Non, elle ne devait pas... Elle ne voulait pas y faire face. Pas maintenant...

— Quelle petite fille têtue. Tu vas m'obliger à me déplacer.

Un bruissement se fit entendre. Un choc lourd tomba sur le sol, juste derrière Chloé. Celle-ci ferma les yeux, des larmes ruisselants sur son village. Sa vie allait donc s'achever ainsi ?

— Ne veux-tu pas savoir qui est le meurtrier de Mervhope ?

L'enfant se tourna lentement. Quitte à mourir, quitte à voir si son hypothèse va s'avérer vraie. En voyant les traits de l'individu, elle blanchit totalement. Elle avait raison ! C'était terrible, elle devait avertir le village ! Chloé se retourna et partit à toute vitesse en direction du village. Malheureusement pour elle, à peine était-elle partie qu'elle s'effondra au sol. Elle poussa un profond soupir. Jamais elle ne deviendrait une détective. Et le pire... Jamais elle n'aura pu vivre sa vie.

Mervhope avait bien changé désormais.

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