Scène 23

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Scène 23

MARIANNE, ELOI

MARIANNE - Pluie venant du ciel je n'aurais pu prévoir pour cette nouvelle rencontre. N'es-tu point fatigué d'être venu ici sous ce temps ?

ELOI - N'allez pas vous en faire pour pareille chose. Mes jambes n'ont eu aucun mal à me porter jusqu'ici.

La Jeunesse avait retrouvé son humain, sur le lieu de leur première rencontre.

MARIANNE - Heureuse de l'entendre ! Je suis ravie de pouvoir te revoir, j'étais impatiente de converser avec toi à nouveau.

ELOI s'agenouille pour un baise-main - Tout le plaisir me revient, ma douce fleur des bois.

MARIANNE rit - D'où provient cette appellation ?

ELOI - Elle m'est venue, rien qu'en vous regardant, elle a su traverser mes lèvres.

MARIANNE - Ta langue sait donc comment manier les mots pour flatter l'ego, j'aime ça.

Elle finit par le tirer par la main, ils s'assoient ensemble sur un tronc d'arbre.

MARIANNE - Sais-tu aussi l'utiliser pour raconter des histoires ?

ELOI - Assurément, que voulez-vous que je vous raconte ?

MARIANNE - Ton histoire Eloi. J'aimerais savoir tout ce que tu as vécu, ton passé, ton présent et ce que tu souhaites pour ton avenir.

ELOI légèrement gêné - Mon histoire dites-vous ? Je ne suis pas si sûr que cela puisse réellement vous divertir. Ne voudriez-vous pas plutôt que je vous raconte quelques mythes et légendes de la région ?

MARIANNE - Donc tu ne veux pas répondre à ma requête ? Cela devrait pourtant te réjouir que je veuille te connaître, je m'intéresse à ta personne, aller, dépêche-toi de me raconter avant que je ne veuille changer d'avis.

ELOI - Si vous insistez...Je suis issu d'une famille assez nombreuse, mes parents, de simples paysans, m'ont mis au monde il y a de ça vingt-cinq ans. Mon père avait besoin de nous pour s'occuper des animaux et des champs. Mes frères et moi-même avons beaucoup travaillé la terre au côté de notre père, tandis que mes deux petites-soeurs étaient formées par ma mère pour devenir de bonnes épouses. Nous étions plutôt heureux, même si nous ne possédions pas énormément. Mais quand je n'étais encore qu'un jeune homme, mon père est décédé. Notre famille se démantela, mes frères abandonnèrent les terres familiales pour bâtir leur propre chez-soi. Mes soeurs trouvèrent chacune un mari, des hommes peu recommandable, mais qui ne demandaient pas de dot...Mère ne voulait pas vendre les terres de mon père, j'ai dû la convaincre, nous ne pouvions plus nous en occuper. Je l'ai donc placé dans une maison, en plein centre du village. Elle s'occupait de fabriquer des paniers d'osier pour les vendre. Tandis que moi je suis devenue l'apprenti du forgeron.

MARIANNE baille - Donc toi aussi tu dois t'occuper de quelqu'un ?

ELOI - Je m'occupais d'elle oui. Elle est décédée il y a de ça deux ans.

MARIANNE - Tu les regrettes ?

ELOI - Qui donc ?

MARIANNE - Les morts.

ELOI - Ils étaient mes parents. J'ai pu les aimer, comme un garçon peut le faire. Désormais je vis très bien, je n'ai pas à m'en faire pour la suite. Nous avons un passage assez court sur Terre, ils ont juste fait leur temps. Un jour je les rejoindrai.

MARIANNE - Je pensais que les hommes avaient plus de regrets que ça pour leurs défunts.

ELOI - Tout dépend, nous n'avons pas tous la même vision de la mort.

MARIANNE s'esclaffe - À qui le dis-tu !

ELOI - Et vous est-ce que vous...

MARIANNE - Tu ne m'as pas parlé de ton futur Eloi.

ELOI - Bien sûr. Eh bien, j'aimerais devenir un forgeron assez compétent pour faire des armes dignes des plus grands chevaliers. Je me trouverai une femme capable de me donner des héritiers.

MARIANNE - J'ai hâte de les voir.

ELOI - De qui parlez-vous ?

MARIANNE - Des tes héritiers, je me demande bien à quoi ils pourront bien ressembler. Est-ce qu'ils prendront de ton visage, de tes cheveux, de ta personnalité ? C'est curieux de voir comment l'être humain donne de lui à chaque enfant. Que souhaiterais-tu transmettre à tes descendants ?

ELOI - Ce que je voudrais leur transmettre ? Quelle étrange question...Peut-être mes yeux.

MARIANNE attrape son visage - Il est vrai que tu as de beaux yeux. Un beau mélange de couleurs que voilà. Tu dois être envié.

ELOI s'écarte - J'ai remarqué que vous étiez assez lâche sur les convenances, vos gestes sont sans limites !

MARIANNE - Les mains sont faîtes pour toucher, non ?

ELOI - En effet...Je vous déconseille de toucher les hommes aussi impunément.

MARIANNE - Pourquoi ?

ELOI - Vos paroles et vos gestes peuvent êtres mal interprétés, votre famille ne vous a jamais appris ça ? Les bonnes femmes se doivent de rester humbles, discrètes, courtoises, et...

MARIANNE attristée - Donc celles qui ne le sont pas sont des mauvaises femmes ? Tu es donc en train de dire que je fais partie de ces mauvaises femmes...

ELOI s'abaisse devant Marianne - Non ! Oh grand jamais je ne penserais ça de vous ! Croyez-moi Marianne, vous êtes aussi douce que la brise marine, votre voix mélodieuse comme le chant des oiseaux, et votre beauté...quelle beauté...Vous ne pouvez faire partie de ces êtres, vous valez tellement plus qu'elles.

MARIANNE - Tu me vois rassuré Eloi, j'ai cru pendant un instant que tu ne m'aimais pas...

ELOI - Qui ne pourrait vous aimer ? C'est tout simplement impossible.

Marianne lui répond en souriant, puis se met à danser devant lui pour le récompenser de ses paroles. Eloi ne peut détourner le regard de Marianne, totalement charmé par le spectacle.

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