Scène 20

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Scène 20

NEO, MARIANNE, JULIETTE

Juliette se rend dans le jardin pour rejoindre Marianne et Neo, tous les deux penchés sur leurs plantations.

JULIETTE - Quel beau temps pour nous consacrer à l'agriculture, vous ne trouvez pas ?

MARIANNE - Si je n'avais pas parlé de nos plantes qui se désèchent vous n'auriez pas pensé à venir les vérifier.

NEO - Il est normal de ne pas s'inquiéter de quelque chose qui est normalement sous la gestion de quelqu'un d'autre, n'est-ce pas, Marianne.

JULIETTE (au public) - Comme vous pouvez le voir l'ambiance est toujours aussi joyeuse par ici.

MARIANNE - Je n'ai jamais demandé de m'occuper du jardin ! J'avais juste émis l'idée que nous pouvions avoir un jardin pour avoir des fleurs, pas ces choses que nous sommes obligés de manger... Comme je suis dotée d'une grande gentillesse, je n'ai pas pu garder ça pour moi. Si vous ne voulez pas que vos "ingrédients" pourrissent, il serait temps que l'un de vous se propose.

NEO - Juliette, tu feras le nécessaire pour ça.

JULIETTE - Je ne pensais pas que les questions prenaient cette tournure-ci.

NEO - Je n'ai pas besoin de demander, cela m'est montré comme une évidence.

JULIETTE - Pourquoi donc ?

NEO - Je suis la Mort. Il est fort propable qu'en m'en occupant, je les fasse périr. Alors que toi, la Vieillesse, tu pourras les faire mûrir.

JULIETTE (au public) - On dirait que la Vieillesse peut servir à quelque chose finalement...

NEO - Tu n'auras qu'à utiliser le matériel que j'ai apporté pour cette tâche.

JULIETTE - Je trouve qu'il est assez facile d'utiliser ta fonction pour me reléguer la charge du jardin Neo.

NEO - En quoi ?

JULIETTE - Tu es de nous trois celui qui maîtrise le mieux ses pouvoirs. Il serait donc risible que tu puisses perdre le contrôle sur de pauvres légumes comme ceux-ci.

NEO - Ce n'est pas une question de dérapement, il s'agit de concordance avec nos rôles. Je vous dirige, je m'occupe de tenir cette maison et de vous inculquer le quotidien et les réactions des humains. Mon rôle n'est pas de faire pousser de vulgaires plantes, je n'ai pas à faire évoluer la vie, je suis ici pour la cueuillir quand le temps est venu. Cette tâche vous revient à toutes les deux.

MARIANNE - Ne m'as-tu pas écouté ? Je ne veux pas être mise dans cette histoire !

NEO - Maintenant que tu as l'air décidé à écouter mes demandes, je n'ai pas à me retenir pour te donner des consignes et tâches. Toi qui es proche de la nature, tu devrais te montrer heureuse de ça.

JULIETTE - Penses-tu que l'idée de nous faire travailler toutes les deux sur la même chose est une bonne décision ? Ne crains-tu pas que l'on puisse...ne pas s'accorder ?

NEO assuré - Il n'y a pas meilleur entraînement que de se lancer dans l'inconnu. Vous n'aurez qu'à apprendre ensemble comment réaliser ça. Le dernier livre que je t'ai apporté devrait vous aider, je me doute que tu l'as déjà lu, tu devrais partager tes nouvelles connaissances avec Marianne.

MARIANNE - Je ne veux pas travailler !

NEO - Et moi je ne veux pas le savoir. Avec un tel comportement, tu ferais une piètre humaine avec ces paroles transpirantes de paresse.

MARIANNE - Qu'est-ce que la paresse ?

JULIETTE - C'est un comportement propre à certains humains, il consiste à éviter tout effort.

MARIANNE - Pourquoi est-ce mal ? N'est-ce pas une preuve que je me rapproche des humains en m'appropriant leur comportement ?

NEO - Faux. La paresse fait partie des sept péchés capitaux de leur peuple. En t'impregnant d'un pareil vice, tu ne pourras jamais être acceptée convenablement parmi les humains. Les efforts que je mets à faire votre éducation humaine ne sont pas fait en vain.

JULIETTE - Il n'a pas tort, il serait regrettable que ta façon d'être puisse défaire le travail de Neo.

MARIANNE - Vous voyez toujours le mauvais côté des choses. Moi je trouve que c'est une bonne chose de pouvoir réagir comme eux. La paresse de la Jeunesse ! C'est un signe, je dois être celle qui sera la plus proche des humains. J'ai déjà hâte de pouvoir comparer ma paresse avec la leur.

JULIETTE (au public) - Parfois j'ai l'impression que nous parlons une autre langue.

NEO impassible - Occupez-vous du jardin, je veux qu'il y ait au moins du changement visuel à la fin de la journée.

La Mort se décale et reprend le chemin pour se diriger à l'intérieur de la maison. Marianne bouillonne de devoir travailler et se met à pousser plusieurs soupirs pour partager son mécontetement.

MARIANNE - C'est ridicule ! Je ne devrais pas faire ça.

JULIETTE - Et pourquoi ?

MARIANNE - Je ne suis pas là pour m'occuper de pauvres plantes. Nous nous obligeons à "manger" , alors que nous ressentons simplement le goût. Rien ne sert d'avaler ces choses, alors que tout disparaît dans un néant.

JULIETTE - Je comprends ton désaccord avec ça, mais si nous faisons ces repas, c'est pour l'apparence, habituer notre apparence à effectuer ces gestes.

MARIANNE - Nous pourions simplement passer à autre chose, nous avons déjà fait l'exercice plusieurs fois.

JULIETTE - Aide-moi.

MARIANNE - Pas question.

JULIETTE exténuée - Marianne, si Neo revient et que le jardin n'a pas vraiment changé, nous allons subir sa mauvaise humeur, c'est ça que tu veux ?

MARIANNE - Moi aussi je suis de mauvaise humeur et pourtant il s'en fiche.

JULIETTE - Tu n'es pas Neo, tu n'es pas comme lui.

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