28 septembre – Kraï de Krasnoïarsk, Russie

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28 septembre – Kraï de Krasnoïarsk, Russie

Existe-t-il un lieu sur cette planète où l’homme n’a pas encore marqué son territoire ? Même aux endroits les plus hostiles, il trouve toujours à s’installer. Dois-je m’en plaindre ? Le feu crépite dans la cheminée en pierre de ce chalet au milieu de nulle part. Bon, d’accord, Olivia m’a fait une fleur pour ce premier soir. Nous avons légèrement déplacé notre point de chute afin d’éviter de planter la tente en plein milieu du lac Gloubokoïe, là où j’ai posé mon doigt stupide. En cette fin septembre, dans le nord de la Sibérie centrale, la neige et la glace ont déjà tout recouvert. En quelques heures, nous avons effectué un grand écart de température... presque quarante degrés !

Le lac Gloubokoïe, donc, juste à l’ouest du parc naturel de Poutorana situé sur le plateau du même nom. Encore plus à l’ouest, Norilsk, une des villes les plus polluées du monde. L’extraction de minerais et la métallurgie engendrent des pluies acides et de fortes émanations toxiques. Un lieu peu accueillant, de toute façon interdit d’accès (une histoire de ville secrète, j’avoue ne pas m’être attardé sur la question, contrairement à Olivia), que nous avons contourné à notre arrivée afin de nous rendre directement sur la rivière Noril’skaya et continuer notre route en motoneige jusqu’au lac. Malgré plusieurs couches de vêtements, j’ai eu terriblement froid, sans compter le vent qui me cinglait les joues. Je ne boude pas mon plaisir d’écrire au coin du feu, un verre d’alcool fort (de la vodka, je suppose, mais comment être certain ?) à portée de main, et les pieds bien au chaud dans d’épaisses bottes fourrées.

Évidemment, Olivia est dehors, avec notre guide Alekseï (son nom imprononçable m’échappe complètement), dans l’espoir d’entrapercevoir un mouflon des neiges. L’espèce étant en voie de disparition (ce n’est pas moi qui le dis, mais Wikipédia), j’ai des doutes sur la réussite de l’entreprise. Peut-être aurons-nous plus de chance demain, lorsque nous irons crapahuter sur les monts Poutorana. Je redoute ces kilomètres à marcher dans la neige. J’espère bien dormir cette nuit, mais la couchette ne me semble guère douillette. Au moins, je pourrai prendre tout un tas de photos à poster sur notre compte Instagram. Il faut bien que mon seul talent exploitable durant ce voyage soit mis à contribution.

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