22 septembre – Wilaya Adrar, Algérie

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22 septembre – Wilaya Adrar, Algérie

Aride, désolé, suffoquant, sont les premiers mots qui me viennent à l’esprit, alors que j’entame ce carnet, resté jusqu’ici coincé dans un bagage avec mes maigres effets personnels. Des premiers mots qui auraient pu être : transpiration, déshydratation, démangeaisons. Climatisation, également, car je dois avouer ne sans doute pas souffrir autant qu’Olivia, qui a insisté pour aider nos deux guides à monter la khaïma de notre bivouac. Cependant, dans ce désert qui ondule comme un serpent de chaleur, Olivia semble parfaitement dans son élément. Elle m’a proposé de rester dans l’énorme 4×4 et de profiter de son confort. Je ne me suis pas fait prier. Contrairement à elle, je n’ai pas l’esprit d’aventure. Même dans l’habitacle il fait près de trente degrés, alors que le moteur tourne afin d’alimenter l’air conditionné. À plus de cent kilomètres de la première station-service, je me demande si c’est une bonne idée, mais Olivia m’assure que nous avons tout ce qu’il faut comme réserve d’essence, à l’arrière, dans de gros bidons en fer. Pour tout cela au moins, rien n’a été laissé au hasard. Elle s’est occupée de tout, jusque dans le moindre détail : les trajets, les contacts, les autorisations, le strict nécessaire à emporter ; dans la mesure du possible, nous achetons tout sur place. Elle a accumulé une tonne de renseignements ; je sais juste que le sud de l’Algérie est une zone dangereuse.

Nous avons atteint en fin d’après-midi notre première destination, le reg de Tanezrouft, à l’ouest des montagnes algériennes du Hoggar. Un plateau désertique traversé par une unique route à peine goudronnée. Nous avons établi notre campement un peu à l’écart, au milieu d’un champ d’épaves de voitures. À mon avis, c’est de la pure folie de camper en plein désert. S’il y avait une tempête ? Si nous nous faisions attaquer par... je ne sais pas quoi ? Mais c’est une lubie d’Olivia. Et je ne peux m’en prendre qu’à moi-même, car Tanezrouft était sous mon doigt innocent.

Comme je m’en doutais, cette tente traditionnelle n’a rien de confortable. Un coup de balai et quelques tapis n’y changent rien. Je suis la princesse aux petits grains du désert et je vais mal dormir. Au moins ai-je pu, sous les étoiles aveuglantes et alors que l’on entendait les pierres se fendre, admirer la nuit sous le tropique du Cancer. Mon caprice à moi. J’aimerais que demain nous repartions vers le nord afin de visiter Azoua et le mausolée Moulay Abdallah Reggani, mais Olivia a d’autres projets. Elle a dans l’idée de suivre les traces de Théodore Monod, d’abreuver un fameux tamaris (est-il possible qu’une plante subsiste dans un tel endroit ?), et de prendre en photo l’épave du Bristol 170, un avion qui s’est écrasé quelque part dans le coin en 1950. Je compte bien l’en empêcher ; parcourir près de mille kilomètres dans cet endroit sera au-dessus de mes forces. Poser pour une photo à côté des restes du Poste Weygand, sur la piste impériale, sera un souvenir bien suffisant de cette première expédition. Surtout, je ne veux plus entendre parler de gerboises colorées, ni d’essais nucléaires.

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