Le soleil était magnifique. Une boule jaune, lumineuse à souhait, loin, là-bas, dans l’espace noir. C’était comme une veilleuse qui traversait son ciel, régulièrement et qu’il aimait à observer, maintenant qu’il le pouvait. C’était l’un de ses rares réconforts dans cette station spatiale expérimentale qu’il venait de rejoindre. Il finit néanmoins par s’en détourner sagement pour suivre le programme établi comme toujours depuis le jour de sa naissance.

Ethel avait toujours été obéissant. Après tout, c’était pour son bien. C’était pour sa santé. C’était pour son bonheur. Ses propres choix n’avaient jamais été ne seraient-ce qu’envisagé et c’était ok, parce que c’était vraiment pour son bien, sa santé et son bonheur. Alors comment se révolter ?

A l’âge de vingt ans tout ronds, il marchait le long du trajet prévu pour rejoindre la classe où le professeur prendrait quelques heures pour leurs apprendre les mesures de sécurité d’urgences. Comme s’il ne les connaissait pas déjà, se disait-il tout en jetant un coup d’œil à chaque système lumineux pour en vérifier la nature. A l’étage, il y avait des salles entières où les habitants allaient prendre des bains UV, mais trois étages avaient été sécurisé pour eux. Cinq enfants de la lune. Certains tout à fait naturel et d’autres, un peu moins, comme lui.

Le professeur n’était pas encore arrivé, un retard rare qui offrait une plage de liberté inattendue dont il ne savait quoi faire. Il s’installa simplement à son bureau en observant les autres qui s’agitaient, parlaient avec animations et riaient. Personne ne riait avec lui, parce qu’il n’était pas drôle et parce qu’il ne comprenait pas une référence sur deux. L’un des plus âgés s’approcha, le mettant immédiatement mal à l’aise.

- Salut.
- Bonjour.
- Est-ce que tu veux venir avec nous ?

Ethel cligna des yeux et rougit un peu. Sur sa peau pâle c’était impossible à cacher. Il murmura néanmoins :

- Cela n’est pas prévu.
- Ouais, on m’a dit que tu suivais le protocole H34.
- Effectivement.
- T’as pourtant l’air d’un mec normal.

Un mec normal ? Qu’est-ce que ça pouvait bien désigner au fond ? Il baissa un peu plus le regard, incapable de répondre, incapable de comprendre s’il y avait un sous-entendu méchant ou pas. Le jeune homme s’accroupit pour saisir son regard et sans même le vouloir il le vit vraiment. Il tomba dans ses yeux violet sombre en noisette, croisa du regard sa peau qui avait l’air douce et soyeuse et ses lèvres fines. Il tenta de se détourner sans pouvoir s’empêcher de remarquer ses cheveux noirs coupés courts. Il était beau.

- Moi, c’est Luan.
- …
- Luan. J’ai une modification génétique qui rend mes yeux violets. C’est ça qui les intéresse. Et toi ?
- Enfant de la lune et hermaphrodisme.
- Oh ! Tu te définis comme homme, femme ou autre chose ?

Ethel se recroquevilla un peu plus sur lui-même, on ne lui avait jamais réellement posé la question. Souvent on le définissait d’un « iel » qui était devenu étrangement habituel. Qu’en pensait-il lui ? Il frémit et murmura :

- Plutôt un mec.
- Ok mec.

Luan ne se moquait pas de lui comprit-il en lui jetant un regard hésitant. Il lui souriait simplement avec gentillesse.

- 3428 et toi ?
- 3430.
- Oh tu es un peu plus jeune alors !
- Oui…
- Et c’est ta première année en station ?
- Non. J’ai grandi en station.
- Ah ! Ça c’est rare. Mais bienvenue dans la station Aurore 7250.

Ethel n’ajouta pas un mot mais continua à l’observer à la dérobée, timidement. Ce jeune homme avait l’air si gentil et si prévenant qu’il se sentait presque en confiance. Rencontrer des étrangers était pourtant toujours aussi délicat.

- Tu en es à quel étape du protocole ?

Le jeune haleta devant la question si osée et se recroquevilla légèrement sur lui-même, gêné au possible. Il était réellement censé répondre à ça ? Luan l’observait justement tranquillement comme s’il ne venait rien de demander d’intime. Ce n’était pas le cas. C’était affreusement gênant et il avait l’impression qu’un grand silence s’était fait dans la salle alors que tous les yeux étaient posés sur lui comme s’il allait faire quelques choses d’horriblement pervers, là, sous leurs regards. Ce n’était pas le cas ! Il fit de son mieux pour calmer les battements précipités de son cœur, sachant pertinemment que pendant le debrief de la dernière heure on lui demanderait exactement ce qu’il s’était passé et qu’il aurait à revivre ce moment honteux. Puis, il choisit de ne pas répondre directement mais de poser une autre question, qui arriverait peut-être à faire taire cet homme, trop beau et trop direct pour lui.

- Et toi, tu suis quel protocole ?

Son ton se voulait agressif, mais sa voix nouée le fit paraître plus timide qu’il ne l’était réellement. Luan attrapa une chaise et la tira vers lui pour s’asseoir, juste là, bien décidé à ne pas fuir. Il lui fit un sourire qui se voulait sans doute charmant (et qui y arrivait) puis répondit.

- Protocole I34. Je ne te demande pas ça pour rien. Nous pourrions être compatible.

Le professeur entra dans la salle avant qu’il ne puisse répondre et les fit se remettre à leurs places. I34. Effectivement, ils étaient compatibles. Il passa le reste de la séance à regarder son dos finement musclé sous le tee-shirt noir qu’il portait. Compatible.

Ce soir-là, lorsque l’heure du debrief arriva, il était encore perdu dans ses pensées. On lui posa un bon nombre de questions tout en évaluant ses performances afin de doser ses traitements divers et variés. Son taux d’exposition au UV était nul, comme toujours. Et lorsque vint les questions qui tentaient de le faire rougir, il demanda simplement :

- Quand est-ce que la compatibilité sera testée ?
- Dans un mois. Avez-vous ressenti une attirance physique ?
- … oui.
- Avez-vous ressenti des pertes lors de cette attirance physique ?

Avait-il mouillé, là, entre ses jambes ?

- Non.
- Ce sera tout pour aujourd’hui. Nous reprendrons demain.

Et aussi simplement que cela, il le congédia. Ethel se rendit dans sa chambre minuscule qui offrait juste assez de place pour accéder à sa couchette et s’installa pour la nuit. Il devait dormir. Il ne devait pas réfléchir à sa compatibilité, il devait dormir. Après cette simple journée, l’envie de contacter ses proches se faisait déjà forte. Sa station d’origine était productrice de H et chacun de ses amis avaient été envoyé dans diverses stations expérimentales comme lui. Ils n’étaient pas censés entrer en communication.

Son sommeil fut entrecoupé de cauchemar et il se réveilla couvert de transpiration après une nuit difficile. Le programme était simple : nettoyage grâce à l’anneau amovible qui se trouvait contre le lit, méditation pendant une demi-heure avant de prendre une collation sur place avec un sachet. Ensuite, il devrait se rendre dans la salle de sport pour entretenir son corps.

Il s’y retrouva sans même réfléchir. Il pouvait faire toute cette routine les yeux fermés, simplement par la force de l’habitude. Toutes les stations du groupe étaient faites sur le même modèle après tout. Même les personnes qui géraient avaient l’air d’être similaires. Pas identiques, pas totalement, mais leurs mots, leurs façons de faire, leurs conseils… Rien ne détonait vraiment.

Lorsqu’il se rendit en salle commune pour la seconde fois, tous les regards se portèrent sur lui. Les autres le voyaient de loin, suivre le programme H34 avec application. La veille, l’un d’entre eux, était venu l’aborder sous leurs oreilles curieuses. Un bon nombre d’entre eux pourraient être compatibles et il était le seul en programme H34 à les avoir rejoints. Très vite, plusieurs l’abordèrent, réussissant tout juste à le faire rougir d’embarras. Le petit regard stressé qu’il jeta en direction de Luan ne passa pas inaperçu, surtout pour le principal intéressé qui s’approcha immédiatement.

- Laissez lui un peu d’air.
- Ne fais pas comme s’il t’appartenait, Luan, ce n’est pas le cas. Répondit Déclan en carrant la mâchoire.

Presque aussitôt deux groupes se formèrent autour des deux protagonistes qui s’affrontèrent du regard. Quelques personnes neutres les observaient encore et parmi elles, Yue finit par souffler, las :

- H34. Ca veut dire deux d’entre nous les gars… et ça veut aussi dire que c’est lui qui décide. Je ne suis pas sûr que ce soit très malin de lui faire peur.

Un simple regard vers lui suffit à les convaincre qu’effectivement, ils avaient réussi à l’inquiéter vraiment. Le gros du groupe s’éloigna et Luan vient s’asseoir à ses côtés, tentant de son mieux de se faire rassurant. Au bout d’un moment, il finit par lui glisser.

- Tu sais, tu peux juste leur dire de dégager si ça ne le fait pas. Personne ne veut te déplaire.
- Pourquoi ? Ils désirent… des enfants ?
- Des enfants ? Non. On désire aller en zone résidentielle, c’est tout…
- Mais… les enfants ?
- Les embryons qui seront retirés ? Les fœtus prélevés ? Les nouveau-nés mis en programme ?

Ethel hésita un moment. Il avait entendu parler de tout ça, mais ses parents ne l’avaient pas envoyé ici, vivre cette vie, avec ce genre de condamnation. Non, tout avait réellement été fait pour son bonheur, parce que c’était la seule chose qui comptait.

Doucement, comme s’il offrait un secret beaucoup trop gros, il avoua la vérité.

- Les personnes qui me correspondront n’iront jamais en zone résidentielle.
- Quoi ?
- Je ne supporterais pas les lumières. Nous resterons ici.
- En zone de développement pharmaceutique ?
- Oui. Sans test, sans obligation, mais ici.

Luan recula vaguement mal à l’aise.

- Deux petits naîtront et seront admis en programme O31.

Il releva la tête encore plus surprit. O31. La liberté de choix, pas de protocole de santé, rien d’obligatoire seulement quelques prises de sangs dans leurs vies. Il en avait entendu parler quand il était gosse, mais il n’en avait jamais rencontré.

- Je suppose que t’es libre de choisir tes compatibilités.
- Non, j’ai seulement neuf droits de veto.

Ethel baissa les yeux conscients des chances qu’il avait mais aussi du fait qu’il serait beaucoup moins désiré si leur but était seulement de rejoindre la zone résidentielle. Se mettre en couple avec lui, c’était aussi abandonner toute chance d’y aller un jour.

- Je connais bien les autres… Tu sais, tu peux établir les règles du jeu.
- Comment ça ?
- Tu peux leur expliquer ton protocole. Tu peux… Je sais pas moi, leur demander de proposer leurs candidatures de la manière que tu veux ! T’es en position de force, mon pote.
- Ce n’est pas prévu que ça se passe comme ça.
- Et alors ? T’es là. T’es libre de nous parler. Ça peut se passer comme tu le veux.

Ce soir-là, en rentrant dans sa petite chambre, Ethel réfléchissait encore à cette conversation. Plusieurs sessions étaient prévues en salle commune pour observer les réactions de son corps face aux différents partenaires potentiels. Il n’était pas censé leur donner des consignes ou quoique ce soit d’autres, mais, rien ne l’interdisait en soit.

Le lendemain, lorsqu’il arriva dans la zone commune, il avança directement jusqu’à Luan. Le jeune homme était simplement magnifique et il parvenait à le faire se sentir en sécurité.

- Salut toi.
- Salut… Est-ce… J’aimerais. J’aimerais te parler.

Luan acquiesça et le suivit en silence tout en faisant un signe de la main à ses amis. Ils avaient grandi ensemble. Il était l’un des plus âgés alors il les connaissait tous, depuis toujours. Il connaissait les anciens aussi, ceux qui étaient partis dans un service ou un autre. Alors qu’ils rejoignaient un angle inoccupé, Ethel débuta immédiatement.

- J’ai réfléchi à ce que tu m’as dit et je crois que tu as raison. Ce serait plus juste si vous pouviez décider vous aussi.
- Ce n’est pas ce que j’ai dit.
- … tu… Vous voulez aller en zone résidentielle, je ne veux pas vous en empêcher.
- D’accord.
- Alors… est-ce que tu veux bien… leur demander quelque chose pour moi ?
- Oui.
- Explique leur et demande-leur de faire deux groupes. Ceux qui sont prêt à vivre ici et ceux qui ne veulent pas perdre leurs chances.

Luan acquiesça lentement et hésita un instant sur la marche à suivre. Devant lui, le jeune hermaphrodite avait l’air si timide et si inquiet à l’idée d’attirer les regards. Leurs demander une telle chose, si frontalement devait le mettre horriblement mal à l’aise. Néanmoins, voir leurs réactions pourrait l’aider dans son choix alors il se retourna et siffla sèchement entre ses doigts, entraînant un silence lourd et surpris. Tous les regards se tournèrent vers lui.

- Ok, les gars, aujourd’hui, c’est jour de chance. On va faire deux groupes. A droite, ceux qui veulent aller en zone résidentielle un jour.

Il attendit et lentement, tous les jeunes hommes présents soit une vingtaine de personnes s’installèrent là où il l’avait dit. Luan était très respecté, mais c’était surtout le regard curieux du H34 dans son dos, qui les poussèrent à obéir. Pas un resta en dehors de la petite zone de choix. Pas un seul.

- Maintenant vous écoutez attentivement. Les deux personnes choisies pour rester avec Ethel n’iront jamais en zone résidentielle. Jamais.

Un long murmure se répandit parmi les jeunes puis au milieu du brouhaha, une ombre se détacha. C’était un autre des plus âgés, Yue. Il s’installa tranquillement sur l’une des tables à gauche sans dire un mot mais offrant un sourire doux et paisible à Ethel. Comme la veille, il dégageait une forme de tranquillité des plus apaisantes. Son action permit de rétablir le silence un instant avant que les murmures ne reprennent alors qu’ils comprenaient le choix qui s’offrait à eux.

Déclan fut le second à traverser la salle, rapidement suivi par Orion. Très vite, Sol et Rigel avancèrent à leur tour et bientôt, Ethel comprit ce qu’ils faisaient. Ils ne se proposaient pas simplement. Ils proposaient un binôme. Seul Yue resta seul, le regard toujours aussi tranquille comme s’il n’attendait ou n’espérait personne.

Au bout d’un certain temps, Luan siffla de nouveau.

- Ok, les autres, je vous laisse rejoindre la salle secondaire ? Ça minimisera les risques que son protocole se déclenche pour vous je pense. Ça te va, Ethel ? ajouta-t-il à voix basse.
- Oui ! Oui, c’est mieux.
- Est-ce que tu penses qu’un d’entre eux risque d’être sélectionné ?
- Pas spécialement non.

Ethel baissa les yeux, rougissant. Le seul qui avait un véritable risque pour le moment, c’était lui, Luan. Très vite, la salle se vida, mais les regards étaient sur lui et ce n’était vraiment pas moins gênant. Voyant qu’il ne bougeait pas, Déclan se lança et demanda :

- Pas de zone résidentielle alors ?

Luan s’écarta tranquillement pour le laisser répondre et doucement Ethel prit sur lui pour parler. Il répondit à un certain nombre de questions, se détendant petit à petit. Il découvrit que sous ses airs impressionnants, Déclan parvenait à le mettre en confiance.

Ce soir-là, en faisant son rapport il dut admettre que plusieurs personnes avaient éveillé son intérêt. En se couchant, il se promit de prendre un moment le lendemain pour découvrir la personnalité, le protocole et les particularités génétiques de chacun.

Il savait déjà que Luan avait seulement les yeux violets, une particularité très étudiée et très recherchée. De nombreuses personnes fortunées aimaient que leurs enfants héritent de tels traits.

Lorsqu’il entra dans la pièce, le jour suivant, il découvrit que plusieurs d’entre eux avaient réfléchi et décidé de ne pas revenir. Il était si peu nombreux… En baissant le visage sous la honte ressentie, il ne vit pas Yue qui s’approchait. Il sursauta en sentant sa main sur son épaule et se redressa pour tomber devant un sourire doux.

- Ce n’est pas grave… Tu as pleins de choix et même ceux qui sont parti, tu peux les sélectionner. Il vaut simplement mieux savoir les choses maintenant.
- Il te reste les meilleurs, ajouta Déclan avec un sourire qui se voulait faussement orgueilleux et qui parvient à le faire rire.

Au cours de la session, il découvrit bien des choses sur eux. Yue avait été sélectionné pour une intelligence hors du commun et une plasticité neurale différente de la norme. Il admit tranquillement que cela supposait également quelques faiblesses, il manquait souvent d’énergie et pouvait avoir besoin de calme. Sol se mit à rougir presque aussi fort que lui lorsqu’il lui posa la question mais au milieu de bégaiement dû à la gêne, il parvint à comprendre que c’était pour la taille de son pénis qu’on l’avait sélectionné. Aussi gênant que ce soit, Sol avait l’air d’une personne douce et timide, très agréable à côtoyer. Son binôme était un peu plus sûr de lui et c’étaient ses fortes défenses immunitaires qui avaient été travaillé. Prendre le temps d’aller voir chacun d’entre eux lui prit toute la durée de la session et le fatigua horriblement.

Ils étaient tous beaux à leur manière, les sélections n’auraient permis rien d’autre. Certains avaient les cheveux sombres comme Luan, d’autres clairs jusqu’au blanc de Yue. Et lui, il devait choisir avec qui vivre.

Lorsqu’il fit son rapport, il dû avouer, les joues chaudes à cause de l’afflux de sang, qu’il avait ressentie une certaine humidité entre ses jambes devant certains d’entre eux.

- Désirez-vous que le test de compatibilité soit avancé ?
- Non, pas encore.
- Bien. Ce sera tout pour aujourd’hui. Nous reprendrons demain.

Demain. Demain. Demain. Les jours s’ensuivirent suivant le même protocole, sans qu’il n’arrive à les départager. Il adorait à présent chacun d’entre eux et se sentait pleinement à l’aise avec eux. Seulement, deux d’entre eux passeraient leur vie entière avec lui et il devait décider de « qui » avant de lancer le test de compatibilité et d’utiliser ses droits de vetos s’il le pouvait…

Un jour, alors qu’il s’était installé avec Yue, il lui demanda :

- Qui tu choisirais à ma place ?
- Luan et moi.

Il s’étouffa presque devant la réponse qui n’avait pas pris plus d’un quart de seconde.

- Pourquoi ?
- C’est un choix éliminatoire. Tu veux que les personnes qui vivent avec toi soient également heureuses ensembles. Cela fait une série de duo potentiel. Sol et Rigel. Déclan et Orion. Luan et moi. Bien-sûr. Mais aussi Sol et Orion, Sol et Luan, Sol et moi. Rigel et Orion. Rigel et moi. Déclan et Luan. Orion et Luan. Cela nous fait dix combinaisons possibles. Les autres sont possibles mais moins optimales. Déclan ne m’apprécie pas et je n’aime pas son côté hâtif par exemple. A partir de là… Nous pouvons éliminer des duos. Sol ne rêve pas seulement d’habiter aux zones résidentielles comme nous autre. Il aimerait être chef pâtissier. Il n’y a rien de similaire par ici. Il devrait donc être éliminé. Ce qui nous laisse six combinaisons potentielles. Je rêve de faire un travail d’observation des étoiles, n’importe quelle station expérimentale peut me convenir. J’aurais préféré rentrer en zone résidentielle pour les vacances, mais c’est sans importance. A ma connaissance, Déclan voudrait entraîner des personnes, comme moi, son profil est valide. Luan souhaite gérer des équipes, c’est bon aussi. Orion voulait vivre au contact des enfants, je doute que revivre les premiers temps de protocole lui conviennent, la zone résidentielle le rendrait plus heureux. Rigel a toujours parlé de voyager, mais se séparer de Sol l’attriste. Il n’est pas là pour une bonne raison. Ça nous laisse deux combinaisons potentielles Luan et Déclan ou Luan et moi. Factuellement il n’y a aucune raison de me favoriser, simplement, tu as passé un peu plus de temps avec moi qu’avec Déclan et mon duo avec Luan a plus de chance d’être stable. C’est donc celui que je recommande même si je comprends que ce mode de pensée peut me faire éliminer.

Ethel le regardait avec de grands yeux surpris, un peu choqué. Puis d’une toute petite voix il demanda :

- Mais… tu aimerais vraiment vivre avec nous ?
- Bien-sûr. Tu es agréable et reposant. J’aime beaucoup parler avec toi.
- Et Luan ?
- C’est un leader, il est capable d’écouter mais prend les décisions. Ça me va bien.

Alors qu’Ethel remuait, mal à l’aise, il lui conseilla simplement de vérifier ses informations, de refaire les binômes potentiels et de réfléchir à ce qu’il voulait obtenir. Ce qui le mettait d’autant plus mal à l’aise, c’était qu’il aurait aimé simplement pouvoir suivre son cœur sans prendre en compte la moindre autre information. Néanmoins il finit par demander :

- Et d’un point de vue génétique qu’est-ce qui risque de mettre proposé ?
- Rigel et Déclan. Immunité et puissance. Je dirais que c’est le meilleur combo avec toi.
- Et que penses-tu de ce duo ?
- Ils aiment tous les deux décider, comme Luan. Seulement, ils ne sauront pas se départager. Je pense qu’ils rentreront en conflit.
- D’accord, merci Yue.

Yue lui fit un sourire et passa une main sur son visage, épuisé. Il avait vraiment besoin de se reposer. Cela faisait des jours qu’il réfléchissait aux différentes interactions possibles. Il avait pris le temps de faire plusieurs mesures mais c’était à proprement parler usant.

Durant les jours suivant, il observa Ethel passer de binôme en binôme potentiel pour refaire le travail et voir comment il se sentait avec tel ou tel binôme. Il ne testa étrangement pas les binômes le comportant, comme s’il l’avait rayé de ses choix. Lui présenter les choses aussi froidement était sans doute l’inverse d’une approche attrayante se disait-il, persuadé d’avoir fait une regrettable erreur. Puis, on leur annonça que le test de compatibilité allait débuter alors tous les jeunes sans exception furent réunis devant la pièce du test final, attendant le cœur battant de pouvoir rentrer dans la salle. Ils étaient nombreux et la majorité espérait ne pas être sélectionné.

De l’autre côté du sas, devant un panneau d’affichage similaire, Ethel attendait, le cœur battant, de voir les noms s’afficher. Ils finirent par apparaître :

« Rigel », « Déclan ».

Il observa le panneau se souvenant des consignes. S’il refusait un nom, il pourrait retourner en arrière. Seulement, le tableau était mis à jour en temps réel et il pourrait blesser involontairement son compagnon de vie. Il avait choisi trois combinaisons potentielles, trois choix qui lui conviendrait réellement.

Yue pour son honnêteté et sa logique, mais aussi et surtout parce qu’il savait le rassurer et comprenait comment l’aider réellement, au-delà de ce qu’il pourrait vouloir, il lui donnait ce dont il avait besoin.

Luan pour la protection mais surtout pour cette manière quasi-intuitive de comprendre quand il fallait qu’il intervienne. C’était un partenaire vraiment idéal à ses yeux.

Déclan qui derrière son aspect brut parvenait à le faire se sentir beau et important. Il parvenait à lui faire prendre confiance en lui-même.

S’il avait bien compris, obtenir le nom de Luan serait difficile car sa sélection s’arrêtait uniquement sur un critère de beauté, rien d’intéressant pour le laboratoire. Rien de pertinent par rapport à sa maladie. Observant les noms, il se souvint de la prédiction de Yue. Le binôme le plus pertinent en matière de génétique.

- Je refuse Rigel. Murmura-t-il, le cœur battant la chamade.

Le nom s’effaça. Il n’avait pas demandé à Yue de prédire chaque combinaison, mais il avait essayé de le faire lui-même. Puissance physique avec Déclan couplé aux défenses immunitaires de Rigel. Il pariait que le choix suivant serait la longévité d’Orion. Lorsque son nom s’afficha, il ferma les yeux sous la tristesse.

« Déclan », « Orion ».

Obtenir le seul nom de Luan serait sans doute impossible. Ses propres constantes avaient été surveillé, les chances de tirer les noms de ceux qu’il n’avait presque jamais vu était moindre, mais elles étaient présentes malgré tout.

- Je refuse Orion.

Le nom s’effaça et un autre apparut, le terrorisant.

« Déclan », « Natt ».

Il n’avait pas passé suffisamment de temps avec Yue. Leur compatibilité lui avait semblé évidente, il avait voulu s’assurer des autres mais s’il n’apparaissait pas maintenant et qu’à la place, il y avait cet inconnu, il n’arriverait peut-être jamais à obtenir les noms souhaités. Il avait déjà utilisé deux refus. Seulement deux tenta-t-il de se rassurer. Yue allait apparaître. Yue ou Luan.

- Je refuse Natt.

Le prénom s’effaça et un autre apparut. Un autre inconnu qui refusa aussitôt, troisième refus. Il avait utilisé le tiers de ses chances et les larmes montaient lorsqu’il vit :

« Déclan », « Yue ».

Le soulagement était intense. Ce ne fut qu’en se détendant qu’il remarqua à quel point il était contracté, pourtant, le problème n’était pas terminé. Yue avait deviné tellement de chose et il avait choisi que leur duo n’était pas compatible. Un mauvais duo. Seulement s’il refusait Déclan, il risquait de le vexer si fort qu’il ne l’oublierait jamais pour le reste de leur vie. En faites, c’était même pire, ils devaient attendre qu’il confirme la sélection. Chaque minute de doute serait une minute de trop mais il ne savait pas quoi faire. Il tenta de se remémorer la voix de Yue. Il trouvait Déclan trop spontanée. Et Déclan le trouvait pénible. Ils ne s’aimaient pas. Il tenta réellement de s’imaginer avec eux deux et finalement, le cœur battant la chamade il chuchota :

- Je refuse Déclan.

Le nom s’effaça pour la quatrième fois.

« Altair. »

Il parla, le nom s’effaça.

« Izar. »

Il parla encore et le nom parti. Il s’arrêta alors et observa le tableau. Il en était à six refus et présent il y avait écrit :

« Sol », « Yue ».

Un duo que Yue avait envisagé. Ethel avait vérifié, Sol voulait vraiment devenir chef pâtissier mais il en avait parlé avec légèreté et fatalisme, conscient que ça pourrait bien être juste impossible même s’il avait l’immense chance de finir aux zones résidentielles. Cependant, voir son nom apparaître, cela signifiait qu’il avait dû écumer les principaux choix des scientifiques. Il avait tout juste dû jeter un coup d’œil à certains de ces jeunes hommes.

- Je refuse Sol.

Il observa le tableau et soupira.

« Luan », « Yue ».

Enfin. C’était étrange de respecter l’annonce de Yue mais il avait eu beau tourner le problème dans tous les sens, il en revenait toujours au même point. Il avait raison. Il devait maintenant simplement décider. Est-ce qu’il revenait en arrière ? Ou est-ce qu’il demandait deux des noms proposés et attendait la confirmation ou la non-confirmation le cœur battant ? Il n’avait plus beaucoup de possibilité.

Il prit le temps de réfléchir sérieusement à l’avenir une dernière fois mais son esprit s’embrouillait et il avait du mal à se projeter. Une partie de lui se concentrait maintenant juste sur la cérémonie à venir qui serait au mieux assez humiliante et au pire franchement douloureuse. Il observa les noms et se décida.

- Je valide ce choix.

A côté, il entendit nettement le sas s’ouvrir pour laisser rentrer les deux sélectionnés qui n’avaient absolument pas voix au chapitre. Seul leur choix de revenir chaque jour les avait condamnés à ce moment dont ils ne pouvaient plus s’échapper, à son grand désespoir. Un sas s’ouvrit également de son côté et il entra dedans. Quand ils furent tous installés, les sas s’ouvrirent vers la salle qui avait été jumelée à la station pour l’occasion.

Ethel fut le premier à y rentrer. Deux personnes l’attendaient en souriant, elles le félicitèrent et l’aidèrent à suivre le protocole. Il fut bientôt propre, nu et lubrifié. Lui qui était totalement vierge allait avoir sa première relation sexuelle. Tout était dur. Le regard de ces gens sur lui, devoir attendre nu ses compagnons de vies, insérer maladroitement ses doigts couverts de lubrifiant pour essayer de se préparer, … Il connaissait la théorie certes, mais la pratique l’angoissait.

Il s’installa néanmoins sur le présentoir, s’offrant à ses amis et lorsqu’il parvint à pencher la tête en arrière de manière à reposer contre le dossier, les sas s’ouvrirent. Il ferma les yeux sachant qu’ils ne pouvaient que le voir.

Avoir été sélectionné remplissait Luan de joie. Pour obtenir son nom, Ethel avait dû refuser encore et encore un grand nombre de personnes. Lorsqu’il avait vu les noms être refusé mais Déclan rester, il avait pensé que c’était loupé pour lui. Qui pourrait bien les sélectionner tous les deux ? Puis Yue avait été sélectionné et Déclan retiré et son cœur s’était mis à battre plus fort. Il savait pertinemment que son profil n’était pas intéressant. Il faudrait donc longtemps pour qu’il apparaisse. Peut-être trop ? Mais non, Ethel l’avait choisi et il était là.

Lorsque le sas s’ouvrit enfin, il arriva dans une pièce sombre où un seul spot de lumière éclairait un corps nu, les jambes écartées, offert. La vision le fit rougir et son cœur se mit à battre plus fort dans sa poitrine. Il n’eut pas besoin de se tourner vers Yue pour obtenir la moindre confirmation, le sexe différent lui disait tout ce qu’il aurait pu vouloir savoir. Un petit pénis flasque reposait sur une vulve douce. C’était Ethel. C’était le corps d’Ethel offert à leur bon vouloir.

Yue fut le premier à bouger, il contourna le fauteuil pour aller près de son visage et embrasser ses joues. Lorsqu’il vit le petit corps tendre se tourner vers leur compagnon en tressautant, il se rendit compte du stress qu’une telle mise en scène pouvait provoquer et il le rejoignit également.

Les deux aidants restèrent discret un instant avant d’intervenir, rappelant l’objectif de cette session, mais Luan parvient à obtenir quelques minutes de répits. Ethel tremblait entre leurs mains.

- Ça va aller… Ce n’est que nous. Chuchota-t-il a son oreille tout en l’embrassant.

Il remarqua que Yue faisait de son mieux pour le détendre en caressant son bras et il copia ses gestes jusqu’à ce que les tremblements s’atténuent. Ethel n’avait pourtant qu’une envie : cacher son visage entre ses mains pour essayer d’oublier qu’ils pouvaient le voir et le toucher. Il était tellement mal à l’aise.

- Nous n’avons pas énormément de temps pour la cérémonie mais tu es libre de changer de position. Rappela Yue tout en l’aidant à se redresser.

Ce fut lui qui le poussa dans les bras de leur compagnon où enfin il parvint à se détendre. Les doigts de Yue massèrent gentiment ses épaules, puis descendirent tranquillement vers ses reins. A son oreille, il murmura quelques paroles encourageantes. Entre deux baisers il lui chuchota qu’il pouvait décider de commencer avec l’un ou l’autre et que ça ne les vexerait pas. Que le plus important ce n’était pas simplement de le faire mais aussi et surtout d’être à l’aise avec eux et de ressentir du plaisir.

Cela prit un peu de temps mais il finit par poser un baiser sur la peau de Luan qui l’embrassa à son tour, directement sur les cheveux, le faisait frémir. Les deux jeunes hommes le tenaient si bien qu’il n’avait plus l’impression d’être nu. Il était habillé de leurs corps.

Les caresses le détendirent et peu à peu, une autre émotion monta en lui. Il avait chaud. Il se sentait bizarre. C’était l’excitation comprit-il un peu mortifié mais également un peu soulagé. L’envie de toucher ses compagnons enfla et il le fit timidement d’abord.

Luan fut le premier à se dénuder tranquillement sous ses doigts, obéissant à ses demandes implicites et dévoilant un corps remarquablement musclé. Ses jolis yeux violets ne faisaient que rendre le tableau d’autant plus charmant. Mais lorsqu’il osa regarder vers le bas, il aperçut son pénis horriblement épais et fut choqué. Ça ne rentrerait pas en lui. Ça ne pouvait pas rentrer. Enfin, il savait pertinemment que son propre sexe était « petit », les médecins l’avaient dit. Alors il avait cru que qu’il serait plus long ou plus épais peut-être… Mais ce n’était pas simplement ça. Il devait être au moins trois à quatre fois plus important que lui. Comment aurait-il pu s’y préparer ? Il maudit les médecins qui du haut de leurs prévenances n’avaient rien dit du tout.

Comme s’il savait déjà, Yue arriva à son oreille pour lui chuchoter quelques informations.

- Tu as lubrifié ton corps, nos chairs vont glisser les unes sur les autres. Il faut que tu détendes tes muscles, c’est juste ça qui est important. Tu veux que je te montre ?

Ethel hésita un instant avant d’accepter, honteux.

- Luan ? Tu veux bien ?

Luan se tendit, surpris avant de soupirer et d’acquiescer. Ce qu’il se passa alors le surprit beaucoup. En prenant une bonne dose de lubrifiant sur ses doigts, Yue s’approcha du fondement de leur partenaire et le caressa tendrement.

- Quand on ne sait pas quels seront les gestes et que l’on ressent juste, ça peut être vraiment plaisant. Expliqua tranquillement Yue en poursuivant, appuyant très légèrement le long des anneaux.

Il refit ses gestes un certain nombre de fois avant de placer Luan pour qu’Ethel puisse observer son fondement. Une jambe sur le fauteuil, le buste penché vers l’avant, les cuisses tellement écartées que les deux personnes silencieuses ne pouvaient rien manquer, Luan était beau. Beau et gêné.

- Luan, je veux que tu pousses un peu s’il-te-plait.

Il hésita un instant avant d’obéir, pour rassurer Ethel il était prêt à tout et l’intimité entre eux devrait ressembler à ça à terme. Il se devait de montrer l’exemple et d’être à l’aise se répéta-t-il alors que des doigts le malaxaient. Il mit un moment à comprendre que Yue avait amené Ethel à jouer avec son corps.

- Tu vois, dès que le corps se détends, ça passe.

Luan rougit, deux doigts au moins s’étaient insinué en lui, le caressant et l’étirant sans vergogne. En jetant un coup d’œil vers l’arrière, il découvrit que les doigts de Yue disparaissait entre les fesses de leur compagnon, le doigtant sans doute profondément.

- Il y a des petites zones sensibles que tu peux aller caresser.

Ethel ressentait ce que Yue disait directement dans sa chaire et il faisait de son mieux pour reproduire les gestes. Malheureusement pour lui, l’excitation qu’il parvenait à faire naître faisait gonfler la verge de Luan. Elle était énorme. Quant à la sienne, elle avait aussi réussi à bander, mais elle n’avait pas du tout pris le même genre de proportion et en serait de toute manière incapable.

- Et devant, c’est la même chose…

Ethel remua en sentant des doigts s’insinuer dans son autre fente, glissant entre ses lèvres intimes pour glisser à l’intérieur de son corps. Il frémit sous la double caresse qui le fit bander un peu plus fort. A présent, il gémissait, haletait, pleurait sous les sensations fortes sans même s’en rendre compte. Il se révulsa entre ses bras pour reposer contre son torse bientôt incapable de reproduire le moindre geste. L’impression d’être liquide et malléable le prit. C’était tellement bon.

- Est-ce que tu veux rentrer dans l’un de nous pour t’assurer que ça va ? Ou que nous faisions l’amour entre nous ? demanda Yue sans s’inquiéter que Luan s’étouffe devant la proposition décomplexée.
- Je… non, je te fais confiance.

Yue l’embrassa avec une douceur et une tendresse qu’il n’aurait jamais cru pouvoir recevoir. Il n’y avait rien de rude chez lui. Il aida Luan à se déplacer, le faisant grimper sur le fauteuil et le mettant en position pour qu’il puisse tenir leur compagnon contre lui.

- Je te propose quelque chose. Vu que je suis moins… imposant, je passe en premier. Est-ce que ça vous va ?

Il attendit l’accord de ses deux amis pour se défroquer à son tour. Son sexe, même bien bandé comme il l’était actuellement, n’avait rien de petit, mais il n’avait pas les mêmes proportions que celui de Luan. Il était définitivement plus fin et moins long.

Luan embrassait doucement Ethel, ravi de l’avoir entre ses bras et frissonnant encore de la sensation entre ses fesses. Ce n’était pas la première fois qu’il jouait à ce type de jeu, mais c’était la première fois que c’était sérieux. Il parvint tant et si bien à détourner l’attention d’Ethel qu’il sursauta en sentant soudain la verge de Yue. Elle frottait simplement à l’arrière de son corps, caressant ses zones les plus intimes sans les pénétrer.

- Derrière… s’il te plait.

Et Yue obéit sans un mot, glissant sur son anus. Une nouvelle fois, Ethel poussa doucement tout en reculant, l’amenant à pénétrer en lui sans aucune poussée. Il l’avait simplement pris. Il attendait la douleur, la souffrance et les brulures. Il n’y eut rien de tout ça. Ce fut seulement une fièvre qui grimpa à son front et le fit trembler légèrement. C’était bon et il en voulait plus. Il haleta, un peu choqué néanmoins quand Yue se mit à bouger. Luan embrassait son cou, remontait sur son oreille le couvrant de frisson avant de redescendre le caresser plus bas, bien plus bas. Se pressant contre lui pour encaisser les chocs -si bon !-, il eut soudain envie de l’avoir en lui, lui aussi. C’était une idée folle, c’était une idée con. Ce n’était sans doute que l’excitation mais il le réclama.

Presque aussitôt Luan saisit son menton pour l’embrasser profondément. Yue sortit de lui un instant pour les aider à se placer, laissant le plus jeune grimper sur les jambes de Luan. Il l’aida tendrement à se décontracter caressant tout son corps lorsque la pénétration vaginale se fit. Il couina un peu alors qu’une légère trace de sang se montrait. Vierge. Ethel était vierge. Ils l’embrassèrent encore puis à tour de rôle, ils le pénétrèrent en faisant attention à ne pas venir en même temps. Pas encore. Pas aujourd’hui.

Les trois hommes finirent par jouir, les uns après les autres en finissant par Ethel. Il ne sut pas d’où venait l’orgasme et quelle caresse avait su le déclencher mais la jouissance le balaya. Il tomba dans les bras de Luan qui le berça tendrement.

***

7 ans plus tard.

- Papa Luan, il a dit oui.
- Ah oui ?
- Oui et même que j’ai le droit de prendre des bonbons !
- Tout ça ?
- Oui !
- On lui demandera quand il reviendra alors.

Aiko l’observait d’un petit air buté adorable. Luan le gâtait trop disait Yue régulièrement, mais en même temps il était difficile de ne pas craquer devant cette petite bouille adorable. Il n’avait pas hérité des yeux violets de son père mais il avait également échappé à sa maladie à son plus grand soulagement. Régulièrement il allait dans les parties où il ne pourrait jamais se rendre. La fameuse zone résidentielle, il la connaissait bien.

- Papa Ethel ?
- Quoi mon ange ?
- Il revient quand papa Luan ?
- Demain.
- Un dodo ?
- Oui, un dodo et il revient.
- Hum… alors je peux avoir les bonbons maintenant ?

Ethel se retint de rire et saisit son fils qu’il fit voler dans ses bras. D’ici quelques mois, il ne pourrait plus, sa petite sœur grandissait dans son ventre bien vite. La porte s’ouvrit et Aiko remua en criant de toute ses forces :

- PAPA YUE !

A peine posé au sol, il se mit à courir à toute vitesse jusqu’à tomber dans ses jambes. Il adorait papa Yue même s’il disait souvent des trucs trop compliqués. Une main dans les cheveux de son fils, un sourire aux lèvres, il tendit à l’homme qu’il aimait une fleur. Ethel lui offrit un sourire adorable tout en s’approchant pour l’embrasser sans écouter le « beurk » sonore qui retentissait sous eux.

- PAPAAAS ! BEURKEUH !

Ils se séparèrent en riant, quand ce petit monstre serait profondément endormi, ils feraient bien davantage. Ils s’aimeraient.