Boussoles contraires.

Au nord, tes yeux.
Longs fils d’or soyeux,
Les entourant sans les cacher
Mais les masquant d’un péché.

Cette fleur rouge,
Qui sur ton visage bouge,
Formant des mots capricieux,
Formant des cris silencieux.

A l’ouest, ton regard se perd,
Dans l’horizon désespère.
Pour ton bel amant qui ne revient pas.
Pour cet avenir, loin de ses bras.

Ces rameaux pâles réunis ensembles
Où tes mains rattachées tremblent,
Dévoilant tes craintes les plus profondes
Dévoilant tes hantises au monde.

A l’est, ma main enroulée de cordes,
Est-ce moi qui te tient ou toi qui me mordes ?
La prise semble solide
mais l’or reste liquide.

Un gémissement, le long de tes pétales.
Je suis perdu dans tes dédales.
Libère-moi, relâche-moi.
Retiens-moi, reviens-moi.

Au sud, mon corps tendu.
L’envie de te butiner, mon due.
L’envie de te relâcher, ma honte.
Aimes-moi, fais de ma vie, un conte.

Ton cri qui me repousse,
Mon âme qui s’émousse,
Tes fils qui m’échappent,
Mon âme que tu happes.

Déjà tu cours, loin de moi.
Déjà tu fuis loin, ma foi.
Pourtant tu me possèdes.
Pourtant tu m’obsèdes.

Au centre, le cœur de ma boussole,
Qui ne sait plus où pointer, se désole.
Ton aiguille t’emmène loin.
Mon aiguille me transperce avec soin.

De mon mécanisme détraqué,
Que je n’ai de cesse de matraquer
Tu as volé les pires rouages,
Me libérant de tes nuages.

Boussoles accordées.

Ton aiguille qui touche la mienne,
Leurs pointes enlacées,
Et le blanc pour les maculer.

Boussole déboussolée.

Comme une pendule elle se comporte,
Toutes les directions tout autant visées
Mon cœur qui ne sait.

Boussole aveugle.

Je suis la feuille qui supporte ton aiguille,
Où que tu pointes, je suis dans ton ombre.
Seulement, tu m’oublies, je ne suis qu’évidence.

Maudite boussole.

Elle change toujours de direction.
Son démon s’accroche en s’ouvrant.
Son maître l’observe couvert de blanc.