Le mauvais profil

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Attention : dans cette histoire des pratiques pas forcément très réalistes et à ne pas reproduire chez soi sans une bonne dose de connaissances et de sécurités ;) Merci !

- Tu sais dans quoi tu t’engages ? vérifia une nouvelle fois Raphaël.
- Oui, ne t’inquiètes pas.
- Quels sont tes codes ?
- C’est entre lui et moi.
- Putain, Opale ! Dis-moi quels sont tes codes !
- C’est à lui de les connaître, pas à toi.

Opale était détendu, un peu trop d’après son ami. Ce genre de séance pouvait être dangereuse et ils le savaient tous les deux. Le dominant qui s’était proposé de faire une performance était connu dans le milieu. Opale admirait ses photos depuis des années déjà et il s’était spontanément porté volontaire. Ce n’était pourtant pas le genre de séance qu’il pratiquait le plus.

Bélial, de son nom d’artiste, l’attendait sur l’estrade. L’homme était grand, épais et puissant. Ses bras recouverts de tatouages ésotériques laissaient entrevoir la force de ses muscles. Ils avaient discuté ensemble un petit moment et ça avait été très difficile pour Opale d’oser dire les choses. Bélial voulait des réponses claires et directes et lui… lui aurait simplement aimé lui faire plaisir. Il savait qu’il avait déçu l’artiste quand il avait proposé de faire un premier petit essai avec pour public quelques amis. Il aimait les séances très longues, très lourdes, épuisant littéralement ses soumis. Une petite « gourmandise » comme il l’avait appelé équivalait à un rejet… mais Opale s’était promis de transformer cela, il espérait juste avoir un challenge suffisant pour montrer qui il était à ce dominant.

En avançant vers la scène, oubliant Raphaël en coulisse, il put observer à loisir le matériel prévu. Il n’y avait qu'un anneau suspendu. Rien d’autres. C’était souvent le cas. Bélial avait dit qu’il le voulait « nu et lubrifié », alors il déposa le peignoir qu’il portait encore, dévoilant son corps fin et un peu trop pâle. Il n’était pas le modèle type de ce dominant, c’était sans doute une grande partie du problème. Rien en lui ne correspondait à sa recherche, si ce n’était sa fascination pour ses œuvres et sa motivation dans l’obéissance.

Il avait déjà participé à des scènes et plus généralement à des orgies avec la majorité des personnes présentes alors se dévoiler ainsi n’avait rien de nouveau même si ça restait un peu intimidant. Il jeta un coup d’œil à Bélial qui l’observait froidement. Ce n’était pas gagné, se dit-il, tout en s’approchant assez pour se rendre disponible. L’artiste lui caressa la joue, saisit son menton et l’amena à le regarder plus franchement.

- Ne pas utiliser ses codes est un manque de respect. Tu as compris ?

Il cilla. Quoi ? Pourquoi Bélial craignait-il cela ? Il n’avait jamais eu besoin de les utiliser, mais ça ne voulait pas dire qu’il ne le ferait pas. Il répondit néanmoins sagement.

- Oui, maître.
- Aujourd’hui, je vais te faire mal.

Opale baissa les yeux, contrarié. Bélial n’était pas connu pour cette facette, mais elle existait également. Quant à lui, il n’avait jamais eu à gérer de grandes douleurs. Néanmoins, puisqu’il n’y avait pas de questions, il ne répondit pas.

- Mets-toi en position.

Il fit face au public, le visage bas et les pieds assez écartés pour ne rien cacher de son anatomie la plus intime. Bélial se désintéressa de lui, saisissant quelques cordes qu’il fit passer dans l’anneau suspendu. Il avait choisi une thématique assez simple mais le soumis qui s’était proposé ne lui convenait pas. Rien en lui ne promettait la moindre endurance, ce qui était pourtant son sujet de prédilection. Peu importe, parmi les dirigeants de ce petit club, il avait plusieurs amis qui avaient suppliés pour observer une séance, alors il ferait cette séance… Il passerait une bonne soirée, peut-être deux si un autre soumis se faisait tentant et il repartirait comme il était venu.

Il baissa les cordes jusqu’à ce qu’elles viennent frôler l’arrière du corps du soumis. Cet idiot n’avait presque jamais fait de bondage et il voulait le faire avec lui. Bélial détestait servir de crash test. Ça ne pouvait l’amener qu’à une chose : utiliser les ciseaux de sécurité pour trancher son œuvre. Il l’observa rougir en sentant le cordage contre ses fesses, puis, il sortit une nouvelle corde, noire, qui serait magnifique sur sa peau laiteuse. Tranquillement, sans un mot, il commença à travailler, enroulant la corde autour du torse fin. Gentiment le soumis écarta les bras pour lui laisser plus d’amplitude pour travailler. Il soupira légèrement devant cette initiative. S’il l’avait voulu, il lui aurait attaché les poignets pour obtenir cette position. Il ne la corrigea pas. Ce débutant faisait assurément de son mieux et en punissant des erreurs aussi petites, il ferait juste fondre sa motivation se disait-il.

Il se retourna néanmoins pour que les autres dominants amateurs de bondage puissent voir comment il enroulait les cordes à l’arrière de son dos et comment il tirait dessus pour équilibrer le nœud. Il fit même une pause pour leur montrer la tension recherchée contre la peau, mais il ne permit à aucun d’entre eux de venir toucher. Personne ne touchait à ses cordes à part lui.

Rien de ce qu’il montrait n’était clairement novateur. Le harnais qu’il était en train de former était un basique, mais il le fit avec application, lissant ses cordes, surveillant chaque nœud. Une fois sous pression, elles ne devraient pas blesser le garçon plus que de raison.

Lorsqu’il eut terminé, plusieurs lignes de cordage entouraient le torse du plus jeune, passant juste sous ses aisselles, et un autre lot de ligne passait sous sa poitrine, le long de ses côtes. Entre les deux lignes, la jonction présentait un nouage simple qui permettait de faire une ligne plus épaisse et relativement plate. Si Opale devait s’appuyer dessus, elles ne lui feraient pas trop mal. Le visage bas, le garçon se laissait manipuler sans dire un mot, sans poser la moindre question, sans exprimer la moindre émotion. Seules ses très légères initiatives le dérangeaient.

- En saisissant le nœud par la largeur et en appuyant, on dégage une partie, ce qui permet de glisser notre seconde corde. Expliqua-t-il simplement tout en leur montrant.

A certains endroits, la peau pâle rougissait déjà. Il avait allégé autant que possible son programme, ajoutant le harnais pour que le garçon ait une chance de tenir un peu plus longtemps, mais il n’était pas sûr de pouvoir ne serait-ce que finir. Quel gâchis.

Il noua néanmoins les cordes ensemble, utilisant enfin celle qui pendait depuis quelques minutes déjà. Il travaillait vite pour tenter d’économiser l’endurance du jeune, mais ils n’avaient pas fini. Il tira sur la corde jusqu’à obtenir une tension, puis il tira à nouveau pour gagner quelques centimètres de plus. Opale s’était redressé peu à peu, mais il n’avait pas besoin de se tenir sur la pointe des pieds. Juste en étant bien droit, c’était suffisant. Cette constatation le troubla. Bélial était connu pour ses suspensions.

Le soumis frémit en sentant les doigts forts sur son poignet mais il se laissa manipuler sans opposer la moindre hésitation. Il ne chercha pas à observer ce que l’autre faisait. Son corps était à sa disposition. Il le lui avait offert. A présent, il devait juste se faire obéissant et s’il l’était assez peut-être que… Il repoussa l’idée. Seul l’instant présent comptait. Il frissonna lorsque la corde se serra d’un seul coup sur son poignet. Les mouvements reprirent et finalement, Bélial tira sur son bras sans discontinuer. En jetant un petit coup d’œil, Opale découvrit qu’il venait d’être lié au sol. Le même traitement fut appliqué à son autre poignet. Définitivement, ça ne ressemblait pas à une suspension classique, mais l’homme était connu pour sa créativité alors tout espoir n’était pas perdu.

- Dernière pièce.

Son esprit fit une embardée, réfléchissant aux moyens de le soulever du sol en une seule corde. Peut-être en levant une de ses jambes pour une suspension partielle ? Il n’en faisait quasiment jamais. Il n’observa pas les mouvements du dominant, attendant simplement qu’il agisse et sursauta lorsque ses doigts se posèrent sur sa fesse droite pour l’écarter tranquillement. Un doigt curieux s’insinua en lui, vérifiant sa lubrification. Il en profita pour tirer sèchement sur sa chaire intime et ce qu’il trouva devait être assez plaisant puisqu’il se redressa et ajouta à l’intention du public, dans son dos :

- L’ingrédient secret.

Puis il poursuivit en présentant une boule épaisse qui le fit gémir. L’installation se fit rapidement, lui tirant un gémissement. Il ne mit qu’un instant à comprendre que c’était un crochet anal. La boule était en lui, mais elle se poursuivait en une barre courbe qui remontait le long de son dos. Une nouvelle corde y fut attachée de manière à tendre le crochet mais déjà Opale remuait en couinant. S’il voulait faire la moindre photo de son visage chiffonné et du crochet sortant de lui, il fallait se dépêcher. Il tendit la corde jusqu’à le forcer à se redresser encore plus, luttant contre les cordes qui le liaient au sol. Il vérifia le crochet et l’arrêta à mi-hauteur, lui laissant assez de jeu pour qu’il coulisse sèchement dans son antre au moindre mouvement.

Bélial vérifia plusieurs de ses nœuds, offrit une caresse distraite au soumis et fit signe pour que les lumières soient éteintes et les spots allumés. La corde noire tranchait sur la peau blanche, comme espéré. Il saisit son appareil, se pencha pour faire la photo prévue. Le garçon présentait une jolie cambrure le long de son dos, mais également sous la plante des pieds agissant comme s’il portait de magnifiques talons invisibles.

Ses cheveux cachaient une partie de son visage. Si c’était à refaire, il les nouerait également, mais il n’avait pas le temps pour ça car le jeune bougeait de plus en plus en lâchant des halètements paniqués. Il enchaîna les photos, cherchant à saisir son regard inquiet. C’était sans doute le mieux qu’il puisse lui donner. Il fit le tour du garçon, changeant les lumières et l’angle pour saisir les frissons sur sa peau. Le long des cordes, la peau rougissait. Pour échapper à la boule et surtout à l’ingrédient secret son corps tentait de se redresser, mais les liens à ses poignets l’empêchaient d’aller assez loin et le harnais, à son torse, le maintenait de toute manière trop haut pour qu’il puisse vraiment grimper davantage. En poussant sur ses chairs intimes, luttant contre la boule, il tentait de la faire sortir, mais elle était plantée bien trop profondément. Coincé. Il était coincé.

Bélial fit une série de photos supplémentaires et lorsqu’il commença finalement à faire une série dédiée au contraste entre ce corps tendu et les spectateurs, il se rendit compte que cela faisait un bon bout de temps maintenant que le garçon était attaché. Oh ce n’était même pas le quart de ce qu’il proposait à ses soumis habituels, mais tout de même bien plus que ce qu’il attendait. Il se tourna vers son ami, qui surveillait avec lui l’état du soumis pour vérifier que tout allait bien et l’homme se contenta d’un hochement de tête. Etrange. Il toucha le bouton permettant de voir ses dernières photos et nota qu’il en avait fait plus d’une centaine. Il travaillait toujours vite avec les débutants, mais tout de même. Il reposa l’appareil et se leva tout en caressant délicatement le corps du soumis. Il était détendu.

Là, au milieu des spectateurs, un épice plongé dans le fondement, le garçon avait décidé de s’abandonner à lui et à son art. Doucement, il saisit deux cordelettes fines et noua ses cheveux afin de dévoiler son visage à l’abandon. Opale ne frémit pas. Se rendait-il seulement compte de ses gestes ? Il semblait être parti très loin dans son esprit. Bélial tira sur les cordes pour forcer son cou à s’arquer à son tour et le soumis se plia sans un bruit.

Il reprit son appareil et refit une série de photo, se concentrant sur ce visage à l’abandon. Le long de ses cils, une larme était restée emprisonnée. Magnifique, pensa-t-il. Il fut néanmoins bref et immédiatement après, il reposa l’appareil pour commencer le travail inverse dédié à le libérer. Avant tout autre chose il détacha et sortit le crochet arrachant un glapissement au jeune. Sans s’en préoccuper davantage, il glissa une poire de lavement entre ses fesses, il la fit pénétrer l’anneau serré et en vida le contenu à l’intérieur de lui. Deux fois. Tout doucement, parce que ce n’était que pour lui, il murmura :

- Chut… Ca va te faire du bien.

Opale avait bien précisé qu’il n’était pas friand de cette pratique, alors il ne fut pas surpris d’avoir le temps d’enlever la majorité des cordes basses avant qu’il ne se libère et voyant qu’il se retenait encore il saisit un autre outil. Un plug creux qui l’empêcherait de se contracter davantage. Il le badigeonna simplement d’une crème apaisante et sans un mot, il tira sur son anneau de chair jusqu’à pouvoir l’enfoncer. Opale lâcha un hoquet de stupéfaction, son cœur s’emballa une seconde et il entendit sous lui, le lavement qui tombait. Il revenait peu à peu à lui et il n’arrivait pas à comprendre si la séance était terminée ou si elle commençait seulement. Bélial le caressait et dénouait des cordes. Et lui, il doutait. Avait-il été satisfaisant ? Une sourde angoisse le tenaillait. Bientôt, il ne resta plus que le harnais de torse et en sentant qu’il se détendait pour finalement tomber autour de lui, Opale eut l’impression d’être totalement mit à nu.

Bélial caressa les marques sur sa peau. La séance avait été relativement courte pour lui, amateur de performance lié à l’endurance, mais cette jolie peau fine avait bien marqué, laissant l’ombre de son œuvre. Il se prit à penser qu’il aurait été intéressant de la photographier, mais le soumis n’avait pas relevé le visage et il semblait un peu perdu. Il l’avait emmené plus loin qu’il ne l’aurait espéré dans ses rêves les plus fous et ce genre de cadeau devait être respecté. Alors il le tira hors de la scène pour s’installer sur un canapé avec le garçon près de lui. Il le laissa se coucher contre ses jambes et caressa doucement sa tête tout en exigeant le peignoir. Autour de lui, des applaudissements avaient retenti et quelques félicitations pour avoir plongé aussi loin le garçon se faisaient encore entendre, mais il ne s’en occupait guère, préférant couvrir le jeune. Il passa l’heure suivant à glisser sa main dans ses cheveux tout en l’aidant à refaire surface. Au plus il reprenait conscience, au plus Opale cherchait le contact physique, alors il finit par le prendre totalement dans ses bras.

A côté de lui, son ami le charria un peu. Il avait plus l’habitude de le voir trancher des cordes et partir sans un mot que de câliner un soumis, mais celui-ci avait offert un spectacle ravissant. L’un des dirigeants du club et ami, James, finit par venir s’installer à côté de lui.

- J’ai l’impression que tu as gagné un soumis.

Bélial ricana.

- Un soumis de prêt…

Autrement dit l’un de ces soumis prêts à faire des scènes avec n’importe qui. Facile à utiliser, pratique, mais rien qui ne le faisait vibrer.

- Il rêve d’avoir son propre dominant tu sais… Il voudrait du temps complet.

Lorsqu’il l’avait interrogé, il n’était jamais allé sur ce terrain-là. Il s’était simplement occupé de la préparation de cette scène.

- On dirait que tu aimerais me le vendre.
- Il avait juste l’air bien avec toi.
- Il ne supporterait pas le quart de ce que je peux désirer et tu le sais aussi bien que moi.
- Moi je dis juste que tu devrais rester un jour ou deux de plus, le temps qu’il se repose, et tenter ta nouvelle création.
- Avec lui ?
- Oui.

Sa dernière création… une suspension dangereuse comme il les aimait. Quelque chose qui ne permettait pas au soumis de s’enfoncer autant qu’il aurait pu le vouloir. Quelque chose qui supposait beaucoup de forces et d’endurances.

- Qu’est-ce que tu risques au pire ? Devoir trancher quelques cordes ? Tu pensais déjà le faire ce soir non ?

Il observa les cheveux fins qu’il caressait toujours. Le garçon n’était pas encore entièrement remonté. Il s’endormirait sans doute avant de le faire, à moins qu’il ne le secoue, ce qui était hors de question.

- Tu y gagnes quoi, toi ? Au pire, s’il me plait et qu’il veut du temps complet, je l’emmène. Ne me fait pas croire que ce genre de petit cul n’attire pas la clientèle.
- C’est parce qu’ils savent que je vais leur trouver le compagnon idéal que ces… petits culs viennent s’installer dans mon club je te rappelle.

James soupira et se leva en haussant d’une épaule, il aurait au moins tenté de planter l’idée. Restait à voir si elle parviendrait à germer. Il les observa de loin, pendant que d’autres couples venaient présentés des travaux plus ou moins aboutis, plus ou moins impressionnant mais jamais aussi précis que la proposition -pourtant simple- de son ami. Opale finit par se redresser, gardant la tête basse, toujours un peu perdu.

- Comment te sens-tu ?
- Bien. Vraiment très bien.
- Alors pourquoi tu trembles ?
- Je… Est-ce que… je vous ai déçu ?

Opale détourna le visage. Répondre à une question par une question n’était vraiment pas très poli, mais le dominant ne sembla pas s’en offusquer. Au contraire, ça le fit rire.

- Je pense avoir un certain nombre de clichés sublimes de toi.

Il ne manqua pas le rougissement qui avait pris les joues du plus jeune. Il finit néanmoins par se lever, promettant à Opale qu’il repasserait dans les prochains jours et qu’ils discuteraient à ce moment-là. Le soumis avait le cœur emplit d’espoir en le voyant passer la porte. Plusieurs de ses amis vinrent le soutenir. Ses muscles étaient tremblotants et il ne rêvait que d’une chose : dormir sur ce canapé, ce que maître James ne permettrait pas. Heureusement, deux petites chambres de repos étaient dédiées aux soumis après les séances. Il put y dormir. Le lendemain il attendit, espérant revoir l’artiste, mais il ne revint pas. Le sur-lendemain non plus. Et ce ne fut qu’au troisième jour qu’il put enfin le voir, de loin, en pleine conversation avec James.

Il attendit sagement dans un angle que le dominant vienne le voir mais il partit en direction de la scène sans s’arrêter, le décevant. Ce fut James qui s’approcha tranquillement.

- Dis-moi, tu as aimé ta scène avec le maître Bélial ?
- Oui, maître.
- Tu aimerais en faire une autre ?
- Oh oui ! Vraiment, maître.
- Tu connais ses goûts, n’est-ce pas ?
- Oui…
- Et moi je connais les tiens. Si tu fais cette scène, tu vas pleurer.

Opale déglutit.

- Tu vas détester ça. Veux-tu la faire quand même ?
- Oui, maître.
- Pourquoi ?

Le soumis baissa la tête incapable de répondre. Les photos qu’il faisait… ce n’était pas de voir la manière dont les cordes étaient nouées qui lui plaisait : il n’avait aucune attirance particulière pour cet Art. Ce qu’il aimait, c’était le profond soulagement qu’il pouvait voir sur les traits de ses soumis. Ce qu’il avait aimé c’était de pouvoir s’abandonner totalement. James savait cela. S’il disait qu’il allait détester cette scène, c’était qu’il n’en aurait sans doute pas le droit.

- J’aime lui obéir, maître.
- Hum… Il a posé une condition. Tu auras le droit de faire la scène avec lui, demain soir, à une condition.

Il fut tenté de demander « laquelle » mais ce ne serait pas des plus polis, alors il attendit simplement que maître James ait la gentillesse de lui expliquer.

- Tu vas recevoir une fessée. Publique. Longue et douloureuse. Ton corps sera strié de rouge avant le bondage.

Les cordes passant sur sa peau lésée serait une torture comprit-il immédiatement. Il détestait les fessées, les coups et toute forme de violence physique. Il aimait… il aimait l’humiliation, la soumission, l’obéissance. Il aimait être traité comme un objet, être utilisé. Accepté d’être battu avant une scène de bondage, ce n’était pas une petite condition, mais il le ferait. Pour avoir ses doigts sur lui et le droit de lui obéir, il le ferait.

- 50 coups de cravaches avec moi. Ou 50 coups de cravaches avec cinq maîtres différents du club. Ou alors 100 coups de cravaches avec maître Bélial. Il te laisse décider de ce que tu préfères.

Il n’avait jamais tâté de la cravache plus d’un coup ou deux, en passant. Que pouvait représenter cinquante ou cent coups ? Une fois que ce serait fait, il n’aurait sans doute plus beaucoup de force pour tenir l’autre séance. Il hésita puis répondit en baissant la tête, vaincu.

- Je préfèrerais que maître Bélial choisisse, maître.
- Parfait. Va sur scène alors.

James se détourna, sonna la cloche annonçant le début d’une séance et ce fut là qu’Opale comprit que la fessée aurait lieu aujourd’hui et l’autre séance demain. Il serait donc assez reposé pour l’encaisser mais aussi battu assez fort pour que les marques restent jusqu’au lendemain soir. Son ventre se noua et sans dire un mot de plus, il s’avança jusqu’à maître Bélial qui posa enfin les yeux sur lui avec une expression terriblement neutre.

- Quel est ton choix ?
- J’aimerais que vous choisissiez pour moi, maître. Répéta-t-il gentiment.
- Tu vas pleurer alors… Ça te convient ?
- Si c’est votre souhait, oui, maître.
- Installe-toi sur le tabouret. Cul nu. Vers le public.

Quelques retardataires de la veille étaient encore là et les premiers de la journée passait « faire coucou ». La salle n’était pas vide. Opale obéit silencieusement, dévoilant un fessier immaculé. Lorsque le premier coup tomba, il se raidit totalement et rua vers l’avant. Il aurait aimé être attaché ou avoir de quoi se tenir, mais déjà le deuxième coup s’enroulait légèrement sur le côté de sa hanche, le faisant crier. Il eut à peine le temps de s’accrocher de son mieux au pied du tabouret que le troisième coup tombait lui arrachant un nouveau cri. Le quatrième coup n’attendit pas et ce fut seulement au sixième qu’Opale comprit que pour son maître ce n’était pas une séance. Il le marquait simplement. Il appliquait la cravache de manière à obtenir des lignes parallèles. Rien de plus ne l’intéressait. Il ne jouait pas avec le bout de la cravache, il ne s’amusait pas à le caresser, il le battait simplement. Il cria à nouveau lorsqu’elle le mordit à la base des fesses, mais il ne chercha à y revenir immédiatement, traçant ses lignes le long des cuisses avant de remonter vers son dos. Il voulait obtenir un dégradé allant d’un rouge soutenu à quelques marques plus discrètes. Alors il s’acharna sur la partie rebondit de son fessier, sans s’inquiéter de ses cris et bientôt de ses pleurs. Un seul petit lot de mots avait le pouvoir de l’arrêter et tant qu’ils n’étaient pas prononcés, il poursuivrait.

S’il remarqua les grimaces dans le public, il n’en tint pas compte. James voulait qu’il envisage de prendre ce garçon pour soumis ? Ce garçon en avait envie ? Autant qu’il sache, au plus profond de sa chaire, ce que cela supposait. Il n’était ni tendre, ni délicat, ni patient, ni permissif. Il voulait une soumission absolue dans un seul et unique but : obtenir le cliché de ses rêves. Et s’il respectait ses soumis et leurs obéissances, il ne leur faisait pas de cadeau pour autant.

Il claqua le 95ième coups sur sa chaire à vif et observa son œuvre. Plus que cinq. Il observa la peau avec minutie, n’hésitant pas à manipuler ses globes de chaires pour mieux percevoir les nuances à la lumière. Puis il appliqua très soigneusement les cinq derniers. Le soumis pleurait à chaudes larmes, totalement avachi sur le tabouret, mais toujours aussi présent dans sa tête. Il n’avait pas réussi à s’offrir comme lors de la dernière séance.

- A genoux. Ordonna-t-il et Opale le fit.

Sans un mot, Bélial se détourna pour finir la préparation des cordes du lendemain. Il fallait installer plusieurs anneaux et il devait les régler en fonction du corps du soumis. C’était donc le moment de décider si le performeur qu’il avait trouvé à la dernière minute lui servirait de modèle ou si ce serait ce garçon novice dans cet Art. Il avait commencé à regarder de plus près ses propres photos. Il était sublime, assez pour faire cette proposition. Il n’était pas vraiment déçu de son comportement lors de cette préparation, même s’il hoquetait toujours sans oser toucher son arrière-train, mais il n’était pas non plus totalement satisfait. Son profil idéal était un masochiste aimant le bondage et les performances. Un profil facile à satisfaire. Ce garçon ne correspondait pas, mais il était toujours là, les mains sagement posées sur les genoux malgré les larmes qui ravinaient ses joues.

Bélial s’accroupit devant lui, saisit son menton et le fit relever le visage. Rien dans l’air du garçon ne montrait qu’il aurait pu lui en vouloir, un bon point pour lui, songea-t-il.

- Est-ce que tu veux faire cette séance demain avec moi ?
- Oui, maître.
- Maître James t’a prévenu qu’il pense que tu n’aimeras pas ?
- Oui, maître. Répondit-il en hoquetant entre deux sanglots.
- Bien. Va demander à l’un de tes amis de te mettre de la crème et va te reposer jusqu’à demain. Si tu changes d’avis. Dis-le simplement à maître James.
- D’accord maître. Merci.

Opale eut du mal à se relever et plusieurs autres soumis le réceptionnèrent à peine fut-il sorti de scène. Un certain nombre semblait le détester mais ça n’avait aucune importance à ses yeux. Il régla les trois anneaux pour un corps fin, prépara davantage de cordes de sécurité qu’il n’en aurait posé au performer et réfléchit à la manière dont il avait prévu de faire de cette œuvre une œuvre vivante. Il aurait laissé toute la salle jouer avec l’autre soumis sans s’inquiéter… mais pas celui-ci. Pas un soumis qu’une partie de lui avait envie de ramener à la maison. Foutue obéissance.

Mais ça aussi, ce n’était pas très important, parce que demain il allait le forcer à trancher dans son œuvre, sans doute avant même qu’il ne l’ait fini et ça refroidirait toutes ses envies de poursuivre avec lui. Choisir un soumis n’ayant pas les mêmes goûts et n’ayant pas la condition physique nécessaire, c’était vraiment ridicule et il s’en souviendrait parfaitement à ce moment-là. Ou en tout cas, c’était ce qu’il se disait, pour se rassurer.

Lorsque le lendemain arriva, il prit un moment pour se préparer en salle de repos puis il demanda à James de lui envoyer le garçon. D’après ce qu’il avait compris, il avait obéi en restant au repos complet jusqu’à être appelé. Il ne s’était pas plains du traitement reçu et il n’avait pas demandé à annuler. James avait insisté pour qu’il mange la veille et ce midi, ce qui était une excellente chose. Quand Opale se présenta, il lui demanda simplement :

- Est-ce que tu abandonnes ?
- Non, maître.

Tourner ses questions pour le forcer à dire non était peut-être inutilement cruel. Le garçon semblait en tout cas y être très sensible.

- Tu as bien mangé ce midi ?
- Oui, maître.
- Est-ce que tu es allé aux toilettes ?
- Oui, maître.
- Pour uriner uniquement ou pour déféquer également ?

Opale se figea, mal à l’aise et chuchota doucement :

- Uriner, maître.
- Bien. Va demander à tes amis de t’aider pour un lavement complet alors. Je te veux avec le ventre vide.

Le garçon mit un instant avant de bouger, totalement raide et pétrit d’angoisses. Il n’avait jamais fait ce genre de choses mais il connaissait plusieurs autres soumis qui aimaient ce genre de pratique, alors il se dirigea vers eux à pas lent, le corps toujours emplis de douleurs suite à la bastonnade de la veille. Ses joues étaient toujours rouges de honte lorsqu’il revint voir le maître Bélial. Ce dernier posa sa main sur son ventre et appuya tranquillement avant de hocher de la tête, visiblement satisfait.

- Ce soir, je vais te demander énormément d’efforts. J’ai conscience que ton corps ne pourra pas en fournir autant que je le voudrais, alors j’ai ajouté une sécurité, mais si ces cordes restent tendues plusieurs dizaines de secondes, si tu restes dessus, je considérerais que tu demandes l’arrêt de la séance. Tu as compris ?
- Oui, maître.
- En plus de ça, je veux que tu utilises tes mots si tu sens que ça ne va plus. Est-ce que tu le feras ?
- Oui, maître.
- Bien. Montre-moi tes fesses alors.

Gentiment Opale se retourna et baissa son pantalon, dévoilant son arrière-train rougit. Les doigts du dominant se posèrent sur lui, le manipulant pour l’observer à la lumière. Un commentaire appréciateur fut donné avant qu’il ne malaxe sèchement ses fesses, lui arrachant un nouveau cri. Il vérifia plusieurs fois et recommença jusqu’à obtenir la couleur souhaitée. Ce n’était pas trop mal.

- Il faudra peut-être que je recommence avant de faire les photos, mais je préfèrerais éviter alors si c’est nécessaire, je te remettrais quelques coups de cravaches. Marmonna-t-il, plus pour lui-même que pour le soumis. Bon ! Allez. Je te laisse te déshabiller et t’installer à genoux sur scène. Face au public. Genoux écartés. Je te rejoindrais un peu plus tard.

Opale acquiesça. Il n’avait jamais eu l’occasion de voir des vidéos complètes de son travail, juste des photos du résultat final. Alors il ne savait pas si c’était dans son habitude ou pas. Tout ce qu’il savait c’était que cette soirée serait horriblement dure, plus que la préparation qui avait déjà été catastrophique. Néanmoins, il se sentait heureux d’avoir la chance de lui obéir encore une fois. Heureux de pouvoir participer à son Art et peut-être de le combler ? Il avait dû réussir à lui faire une bonne impression pour avoir le droit de participer cette fois-ci et il espérait de tout cœur qu’il serait de nouveau à la hauteur.

En arrivant, il nota les trois anneaux et fièrement dressés sur une table, un lot très important de cordes et d’autres jouets qui le firent frémir d’avances. Il ne chercha pas à détailler, mais il avait remarqué le crochet anal, visiblement encore là. C’était étonnant parce qu’il faisait souvent l’amour à ses soumis, une fois liés, d’après ce qu’il savait, mais sans doute ne le méritait-il pas. Il attendit un long moment et entre ses jambes, son petit sexe se dressa sous l’excitation. Il aimait être là, sous le regard des invités qui chuchotaient à propos de lui. Disaient-ils des choses gentilles ou méchantes ? L’humiliation le fit bander un peu plus et il baissa les yeux davantage. Son sexe était maintenant droit contre son ventre et un peu humide. Rien ne le cachait conformément aux attentes de maître Bélial. S’il avait pu le toucher un peu, il aurait sans doute joui, aussi simplement que cela, mais il n’en avait pas reçu la demande alors il évita d’y toucher.

Lorsque son maître apparut enfin, il écarta un peu plus ses genoux du bout du pied et eut un sourire moqueur.

- Et bien, on dirait que ça t’a plu. J’espère que tu as bien pris ton pied, mon beau, parce que ça va devenir plus compliqué.

Il y eut quelques rires dans la salle et Opale se recroquevilla un peu plus, bandant encore plus fort malgré tout. Tranquillement, maître Bélial salua le public et rappela :

- Opale est un soumis qui débute en matière de bondage, alors il est fort possible que nous devions écourter. Si jamais c’est le cas, je reprendrais demain avec un performeur.

L’explication le laissa d’autant plus honteux ce qui acheva de faire pulser son sexe. Cela fit rire Bélial qui se demanda, à voix haute, s’il n’aurait pas dû prévoir une cage de chasteté, l’humiliant encore une fois. Mais l’instant d’après, le maître touchait la première corde et il était totalement sérieux et froidement concentré. Il le fit se mettre debout au milieu de la scène et reprit une attache assez similaire à la première séance entourant son torse, mais cette fois-ci, elle s’installa intégralement le long de son ventre, emprisonnant dans le même temps ses bras dans son dos. Chacune de ses mains alla se saisir de son coude opposé, l’amenant à se cambrer. Petit à petit, Opale blêmit en comprenant ce qu’il allait faire, mais il repoussa toutes les idées angoissantes de son esprit pour se concentrer sur le plus important : le laisser travailler en paix. Les prises se firent de plus en plus nombreuses sur son bassin et ses épaules, le rassurant un peu.

Dans la salle un grand silence c’était fait. Tranquillement, Bélial glissa une série de corde dans l’anneau central et il vient les attacher à l’arrière des mains du garçon et plus loin sur ses hanches et sur ses épaules. Ce serait le lien principal et vraiment, Opale ne tiendrait pas longtemps. Sans le soulever, il ajouta un lien qui saisit directement l’une de ses épaules et un autre qui se glissait le long de son aine, saisissant la base de sa jambe. Ils furent reliés à l’anneau central à leur tour mais de manière bien plus lâche. Toujours debout, à peine équilibré par ces premières cordes, commença à lier son mollet, faisant attention à ce que les cordes ne le brulent pas en coulissant, protégeant parfois sa peau de ses propres doigts. Il l’amena à replier la jambe, se retrouvant totalement déséquilibré, à cloche pied et finit de la nouer à la cuisse pour qu’elle reste ainsi pliée.

Bélial s’arrêta un instant pour évaluer l’état de son soumis. Il semblait concentré sur sa tâche mais toujours totalement présent. C’était une bonne chose parce qu’il ne lui permettrait pas de s’éloigner dans son esprit.

Il lui lia l’autre mollet et s’arrêta à nouveau, faisant signe pour avoir un peu d’aide, James s’approcha comme convenu. Avec un performeur, il n’aurait pas pris cette précaution, mais ce bondage allait être très vite pénible et douloureux et surtout, Opale n’avait jamais été soulevé alors il voulait éviter qu’il ne remue trop avant qu’il ait fini de tendre les cordes. Il avait baissé l’anneau pour tout installer correctement pendant qu’il était debout mais il faudrait sans doute refaire certains réglages.

- Opale. Couche-toi mon garçon.

Opale observa le sol en gémissant, incapable d’obéir mais il tenta quand même en regardant les mains de Bélial, tendues, comme s’il attendait qu’il vienne se réfugier dedans. Il essaya de se pencher vers l’avant mais il avait peur de tomber et finalement, il fallut que James saisisse ses hanches pendant que Bélial accompagnait son torse pour qu’il réussisse. Il tremblait déjà comme une feuille, mais à peine fut-il lâché, qu’il eut envie de pleurer. Il avait peur, mais il avait aussi mal. Les cordes s’enfonçaient dans son ventre. S’il savait une chose ou deux c’étaient que ça ne se faisait pas comme ça habituellement. Il nota néanmoins qu’en se redressant, son poids partait davantage sur ses hanches et Bélial ne l’en empêcha pas dans un premier temps. Il le caressa juste en lui permettant de s’habituer à la sensation étrange.

- C’est bien, c’est très bien mon beau. Tu t’en sors très bien.

Son sexe, qui avait débandé, tressauta à nouveau, faisant rire quelques personnes dans l’assemblée. Ils aimaient bien ce soumis très sensible, mais ils ne comprenaient clairement pas pourquoi il avait cherché à se retrouver sur scène avec un maître du bondage extrême.

Une nouvelle corde s’approcha de lui, terminant de l’angoisser alors qu’elle venait se nouer autour de sa gorge dans une prise qui pourrait s’avérer mortelle. Contrairement aux autres, elle resta détendue et elle fut reliée à un anneau fin, de sécurité, qui lâcherait si la pression se faisait trop forte, mais cela, il l’ignorait. Il ne put que se remémorer les avertissements. Il n’aimerait pas ça. Si la corde restait tendue, ce serait comme s’il employait ses mots. Il comprenait mieux à présent, mais son poids était toujours sur ses hanches, empêchant la moindre tension. Lorsque Bélial retourna attacher sa jambe pour la replier comme l’autre, ce fut déjà plus délicat de tenir la position, mais il n’avait pas fini.

Lorsqu’il travailla les cordages centraux, Opale poussa plusieurs petits cris. Il fallait à présent qu’il rejette tout son poids vers l’arrière pour tenir sur les hanches, sans quoi, la pression se faisait douloureuse sur son ventre et s’il basculait vers l’avant, pour mettre la pression sur ses épaules, il ne fallait pas trop le faire pour éviter de tendre la corde autour de sa gorge. Cela se jouait seulement à quelques centimètres, une petite pression dans les hanches lui permettaient de retrouver un meilleur équilibre, grimaçant juste quand il appuyait un peu trop longtemps sur son ventre.

Il y eut quelques caresses supplémentaires avant qu’il n’amène le crochet anal et ce ne fut qu’à ce moment précis qu’Opale comprit exactement ce qu’il avait prévu. Il était totalement contracté, mais avec un peu de lubrifiant, Bélial parvient à installer le crochet et sans attendre, pressé par le temps, il tendit la ligne. Pour trouver le bon réglage, il dut tâtonner un instant, tirant quelques cris angoissés à son soumis. Il ne pouvait plus poser tout son poids dans ses hanches mais dès qu’il était tenté de repartir vers l’avant, son ventre le rappelait à l’ordre l’envoyant plus loin, trop loin vers l’avant et l’amenant bien vite à suffoquer. Il vacillait ainsi, d’une position à l’autre sans jamais trouver le moindre confort.

Les lumières se coupèrent un instant le temps de quelques prises, puis elles se rallumèrent, le surprenant. Ce n’était pas fini, comprit-il. Il sursauta lorsque les doigts de Bélial effleurèrent son sexe et plus précisément ses testicules. Il sentit une corde fine venir s’enrouler autour de cette zone sensible lui arrachant quelques couinements. Bélial fut rapide, mais les cordes serrées étaient pénibles et douloureuses. Il le vit du coin de l’œil revenir avec des poids et sans pouvoir les retenir, les larmes commencèrent à couler le long de ses joues. La douleur à venir le terrorisait. La pression se fit plus fort sur sa chaire et il eut vraiment mal, jusqu’au creux de son ventre. Immédiatement, il tenta d’arrondir le dos, ruant vers l’arrière, mais la boule en lui le rappela à l’ordre en s’enfonçant plus profondément encore. Il couina et reparti vers l’avant suffoquant un instant avant de basculer vers l’arrière dans un mouvement désespéré.

Bélial partit un instant et revient avec une cordelette plus fine encore. Sans le préparer, il saisit l’un de ses mamelons et le serra fortement en tirant dessus comme s’il cherchait à l’étirer aussi simplement que ça. Les couinements et les larmes reprirent sans que le garçon ne crie ses mots malgré tout. Lorsque le mamelon fut suffisamment durci, il l’entoura à son tour, le noua efficacement. Opale cria de nouveau, mais ça n’empêcha pas Bélial de prendre un poids et de l’attacher le long de cette petite cordelette.

Les lumières se rééteignirent, seuls les spots et quelques flashs vinrent habiller son corps. Bélial prit son temps cette fois-ci, caressant ses courbes du bout de l’objectif. Les zébrures rouges sur sa peau étaient parfaites. Il n’avait pas besoin d’y retoucher. Ses bras changeaient lentement de couleurs, rien d’inquiétants pour le moment mais rien de très graphique non plus. Il fallait faire vite pour éviter ce type d’effets. Photographiant son petit sexe noué, emprisonné dans les cordages et tirés par le poids, il se fit la réflexion qu’un lent bondage de sexe pourrait être intéressant sur quelqu’un d’aussi sensible. Glisser une corde le long de la couronne de son gland… Il chassa le fantasme et fit quelques photos supplémentaires tout en surveillant les cordes du coin de l’œil. Opale évitait de rester sur le ventre, mais il basculait assez vers l’arrière pour tendre totalement les cordages qui le retenait gentiment pour l’empêcher de se faire trop punir par la dernière des cordes. Là où le performeur aurait réussi à trouver un meilleur équilibre le garçon paniquait alternant entre deux positions extrêmes.

Sans prendre la peine de rallumer les lumières, il posa son appareil et vient caresser son soumis. Il le fit doucement partir vers l’avant, appuyant légèrement sur son ventre sans faire reposer tout son poids dessus. Il se pencha près de son oreille et lui murmura quelques conseils.

- Cherche l’entre-deux. Détends-toi.

Un sanglot sec lui répondit.

- Où en es-tu garçon ? Quel est ton mot ?
- Terre.

Ce n’était pas un mauvais mot. Il le caressa un instant, se détourna et rajouta un poids pour tirer le long de son téton. Reprenant l’appareil, il fit encore une dizaine de cliché avant d’estimer que la scène était pleinement réussie. Avec le performeur, il aurait joué des poids pour que la référence aux vieilles balances soit d’autant plus évidente, mais le garçon n’y arriverait pas. Son corps avait commencé à trembler et il pleurait sans discontinuer. Terre. Dans son code, relativement complexe à cinq entrées, cela signifiait la neutralité. Il pouvait continuer…

Opale fut surpris de sentir la corde autour de son cou se relâcher et être retirée, suivie par le crochet anal. Il fut basculé tout doucement et maître Bélial le garda contre lui un long moment tout en retirant les cordes une par une. Là, coincé dans ses bras, il se calma peu à peu. Les larmes se tarirent et la peur disparut. Il se sentait totalement en sécurité et il aurait aimé plonger un peu plus loin dans ce sentiment de bien-être quand Bélial le redressa totalement tout en le secouant un peu lui tirant un petit cri. Il n’y avait presque plus rien sur son corps mais les poids, eux, étaient toujours là.

- A genoux, garçon.

Il obéit immédiatement, faisant bouger les poids et lui arrachant un couinement supplémentaire.

- Tu vas aller voir chaque maître de la salle pour leur demander si la scène leur a plu. S’ils t’offrent une caresse sur la tête, comme un bon chien, alors tu peux revenir me voir et je retirerais un poids. S’ils trouvent que tu n’as pas assez fait, ils te mettront une claque. Va. A quatre pattes.

Opale hésita un instant se tournant vers la salle avant de se baisser sans aller plus loin. Bélial attendit un instant avant de comprendre mais il resta silencieux jusqu’à ce que le garçon ose demander :

- Est-ce que la scène vous a plu, maître ?

Courbé vers le sol, Opale ne pouvait pas voir son sourire, mais il sentit clairement la caresse dans ses cheveux et il couina -encore une fois- lorsque l’un des poids qui étirait son téton fragile disparu. En faisant le tour de la salle, encore et encore, il se rendit compte que les maîtres ne se comportaient pas comme d’habitude avec lui. Les mains baladeuses qui avaient l’habitudes de pétrir son corps se contentait de toucher ses cheveux comme son maître l’avait demandé. Pour eux, c’était fait. Bélial était son maître et ce qu’il demandait pour lui faisait loi. Il ne reçut que des caresses, peut-être par respect pour maître Bélial ou peut-être parce que ça leur avait réellement plu. Opale n’avait pas la moindre idée du temps que la scène avait duré ou de ce qu’elle avait pu dégager. Le long de son corps, les marques de cordes étaient imprimées montrant les zones sur lesquelles il avait pris le plus appuie.

Bientôt, il revient pour retirer les derniers poids. Son maître s’était installé sur le tabouret, face au public. Il le prit entre ses jambes à genoux, cambrer pour coller son dos au ventre de son maitre et ainsi dévoiler sa poitrine. Avec des doigts experts, maître Bélial acheva de le libérer avant de le masser, provoquant de nouveaux quelques cris.

Lorsqu’ils quittèrent la scène, Opale était littéralement épuisé mais son maître lui ordonna de s’agenouiller près de lui et d’attendre. Alors il le fit. Petit à petit, il se relaxa heureux de faire exactement ce qu’il fallait sans le moindre doute et lorsque finalement son maître consentit à le prendre contre lui pour le caresser distraitement, il était le soumis le plus heureux du club.

Il ignorait que trois jours plus tard, maître Bélial partirait tout aussi simplement qu’il était venu, le laissant derrière lui. Pour la première fois depuis longtemps, Opale rentra alors chez lui, quittant son nom de club pour reprendre sa petite vie anonyme. Venir au club était toujours stimulant, mais dès qu’un maître posait les doigts sur lui, il avait l’impression de trahir son véritable maître. Pourtant Bélial n’avait promis aucune forme d’engagement et à part se sentir honoré d’avoir pu participer à sa dernière création, il n’aurait pas dû développer d’autres sentiments.

Lorsque maître Bélial revient, il s’était déjà écoulé quelques semaines. Il se présenta au club et ne le trouva pas. James le renseigna et il apparut devant la porte du petit studio du soumis qui l’observa un court instant avant de baisser poliment les yeux.

- Maitre. Chuchota-t-il.
- Salut toi. J’aimerais t’emmener voir quelques choses. Suis-moi.

Et aussi simplement que ça, Opale obéit. Rien ne l’avait préparé à se retrouver au milieu d’une exposition photo dans une galerie d’art. C’étaient les photos de maître Bélial. Ses magnifiques photos. Il les admira, une par une silencieusement. Il finit par tomber sur un bondage similaire au sien. Une suspension mettant en jeu la respiration et l’intimité. Son maître avait visiblement refait l’expérience avec un autre, se dit-il en observant le corps fin, abandonné entre les liens, une érection clairement visible. Il mit plusieurs très longues dizaines de secondes avant de se reconnaître. Ce soumis abandonné entre les liens, prenant du plaisir dans cette forme de soumission, c’était lui. Il se trouva magnifique et rougit en surprenant sa propre pensée.

- Tu en penses quoi ?
- C’est très beau, maître.
- Oui… Très beau. Tu as compris ce que je pouvais te faire. Tu as eu le temps d’y réfléchir. Alors tu as deux choix maintenant. Sois tu quittes cette galerie seul. Sois tu me suis mais alors… il faut que tu comprennes. Je te ferais pleurer. Je t’utiliserais. Je ne serais pas gentil mais tu seras à moi.

Opale laissa échapper un sourire soulagé.

- A vous maître, s’il-vous-plait, je veux être à vous.

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