L'émerveillement des profondeurs

23 minutes de lecture

Il y avait une faible agitation dans la cale ce jour-là, laissant l’équipage un peu désœuvré. Souvent lorsqu’ils faisaient escales, les hommes et les femmes du navire venaient aider, expliquant ce qu’il se passerait et comment agir aux invités. Seulement, ce jour-là, les invités n’étaient que trois. Trois habitués qui avaient demandé à charger trois immenses aquariums dans les cales, remplissant tout l’espace.

- C’est une mauvaise idée. Répéta le capitaine et triturant son chapeau du bout des doigts.

Il le répétait en boucle depuis qu’ils étaient venus l’aborder avec leur projet. Un projet idiot assurément. Plusieurs membres de l’équipage avaient eu la même envie que ces habitués mais contrairement à eux, ils avaient accepté son refus puisqu’après tout, c’était lui le capitaine et il avait affirmé haut et fort qu’ils le regretteraient. Certains parmi les membres de l’équipage avaient découverts que ce n’était pas une simple superstition et bientôt, les autres le sauraient également.

- Vous devez comprendre… On est dans un beau navire… Mais on est chez eux.

Le plus âgé des habitués, Nills, balaya d’un revers de main ses arguments. Ce n’était que croyances idiotes. Ils attendirent la bonne heure, comme d’habitude, puis ouvrirent la trappe, dévoilant l’eau sombre sous-eux. A présent, seul un sort de magie assez avancée permettait au navire de continuer de flotter.

Tranquillement Nills glissa sa main sur l’eau pour appeler leurs amis. Très vite, l’eau se troubla avant de révéler l’être merveilleux qui avait répondu à son appel.

- Niiiillssss… chuchota-t-il d’une voix étrange avant de se lécher les lèvres.

Ses yeux gris à la pupille allongée étaient étranges et il le fixait sans vergogne.

- Bonjour, Craan.

Un sourire étira les lèvres fines de la créature, tirant un peu sur ses joues, ce qui fit briller quelques écailles. Elles étaient si fines, si petites, si délicates, qu’elles ressemblaient simplement aux facettes d’un joyau très finement travaillé. Il n’avait pas le moindre poil, mais un semblant de chevelure grâce à une nageoire fine qui dansait le long de son dos. En dehors de cela, il y avait peu de différences avec un être humain. Ses doigts palmés, ses griffes noires et la forme de son sexe au repos, caché dans une coquille, étaient peut-être les derniers points notables. On les nommait Aquoïde sans aucune forme de distinction, mais d’arrêt en arrêt, le capitaine pouvait jurer avoir vu au moins cinq espèces suffisamment différentes pour mériter leurs propres noms. Celle qui vivait dans ses eaux était plus petite, mais aussi plus vivace et rapide que les autres. Les sourires pleins de dents pointues laissaient entendre un régime carnivore qui l’avait toujours mis mal à l’aise, pourtant ils n’avaient pas eu le moindre accident à déplorer.

Les doigts accrochés au bateau, le corps dans l’eau, Craan les observait. Lui aussi était un habitué en quelques sortes. Il était là presque à chaque fois.

Tranquillement, Nills se déshabilla et glissa dans l’eau, se laissant aller contre son compagnon Aquoïde qu’il caressa tendrement. Il connaissait parfaitement son corps pour lui avoir déjà fait l’amour plusieurs fois et il était pleinement à l’aise avec son anatomie. Il aimait la façon dont Craan le tenait, l’empêchant de couler dans l’eau sombre et profonde. Ses amis glissèrent à leur tour leurs mains sur l’eau, appelant deux autres Aquoïde. Seer et Loos. Seer était le plus grand et le plus large des trois. Tout le monde l’aimait beaucoup car il avait une manière de faire qui parvenait toujours à amener son partenaire à la jouissance en un temps record… ce qui permettait de recommencer plusieurs fois.

L’ami de Nills, Dane le caressa tendrement. Il adorait sentir l’élasticité de son corps. Ce fut lui le premier qui proposa :

- On a eu une idée pour changer un peu…

Les trois Aquoïdes l’observèrent avec curiosité.

- Et si vous montiez à bord ? Une session terre ferme. On a même prévu de l’eau au cas où.

Dane leur fit un sourire charmeur et Seer attrapa le bord de l’ouverture pour hisser le haut de son corps dans la cale, aussi simplement que ça. Le plan des humains était simple : les faire monter, leur faire l’amour et profiter de leur état post-coïtal pour attraper le premier. Les deux autres devraient être saisi en même temps. Seer caressa les jambes nues de son compagnon et murmura :

- Combien capiiiitaine ?
- Douze.

Douze pièces d’or au lieu de trois de bronze. Voilà ce que lui rapportait le trajet. Les trois habitués déjà nus l’observèrent en silence.

- C’est beaucoup noooon ?
- Oui, c’est beaucoup.

Seer sourit montrant toute ses dents de carnassiers. Il prononça une phrase intelligible et Loos disparut, s’enfonçant dans les eaux noires. Craan était toujours dans l’eau immobile mais souriant. Seer finit de grimper, luttant un peu pour prendre cette position debout désagréable qu’il n’aimait pas. Il était fait pour nager, pas pour ça. Mais ça lui permit de câliner pleinement l’humain. Dane n’était pas leur chef, mais Seer n’avait jamais été attiré par le pouvoir alors ça lui allait très bien.

- Où est-ce qu’il est parti ? demanda Nills, inquiet.
- Il reviiiient.

Sans plus s’occuper des autres humains, il embrassa le sien, goutant sa langue et explorant sa bouche sans la moindre vergogne. Il caressa son corps, descendant sur ses fesses qu’il pétrit tendrement. Cet humain lui plaisait vraiment. Son odeur. La sensibilité extrême de son corps. Ses jolis yeux en amande. La manière dont il prononçait son nom. Derrière eux, Craan avait grimpé à son tour et bientôt Loos revient les rejoignant sans un mot.

Sans s’inquiéter de ça, Seer se laissa tomber devant son amant pour venir butiner du bout des lèvres son sexe tendu, lui tirant quelques cris. Il n’avait pas envie d’attendre pour le prendre. Ils étaient venus jusque-là, ce qui représentait un fort long voyage, pour ça. Il jeta un coup d’œil aux boites d’eaux et s’en redétourna tranquillement. Sa langue se tendit pour s’enrouler autour de la verge de Dane. L’humain grogna et posa ses mains sur le crâne de l’Aquoïde pour l’entrainer dans une fellation plus profonde.

Seer avait son sexe profondément dans la gorge, l’envie commençait à grimper fortement, lui faisant un peu perdre ses moyens. Derrière eux, leurs compagnons étaient dans des positions similaires et les halètements étaient chargés de luxures. Les membres d’équipages s’étaient pour la plupart retirés. Habituellement, ils aidaient les humains à gérer les rapports, à rentrer et sortir de l’eau, ils les sécurisaient. Là, ce n’était pas vraiment nécessaire. Seuls quelques-uns, grassement payés, attendaient encore sur le côté. Les humains étaient malins se dit Seer tout en continuant de pomper celui qui allait le trahir. Il attendait leur signal et comme attendu, il arriva lorsque Nills se mit à jouir dans la gorge de son Aquoïde. Craan était rendu groggy par l’afflux de sperme, une véritable drogue pour la majorité de ceux de son espèce. Nills cria :

- Maintenant !

Et les membres d’équipages l’observèrent froidement sans bouger. Nills les observa, pesta, et attrapa Craan pour le tirer jusqu’à l’aquarium le plus proche où des sortilèges l’enfermeraient pour le trajet de retour. L’Aquoïde savourait les yeux fermés, incapable de se défendre. Seer s’éloigna à regret du sexe de son humain et se redressa tranquillement.

- Maintenaaaant. Répéta-t-il.

Et aussi simplement que ça, l’équipage avança, saisit Nills qu’ils jetèrent à l’eau. L’homme hurla. Dane n’eut pas le temps de comprendre qu’il fut également projeté jusqu’au trou et le troisième, Adia, les rejoint bien vite. Ils crièrent et se débâtirent cherchant en vain à remonter à bord. Seer acquiesça en direction du capitaine. Ils avaient un deal tous les deux.

Le capitaine devait les décourager. Très fortement.
Le capitaine devait accepter leur argent.
Le capitaine devait les emmener.
Le capitaine devait les conduire jusqu’à l’eau.

C’était simple. En échange, il pouvait se faire payer et venir aussi souvent qu’il le voulait. C’était simplement une forme d’assurance. Et pour cette assurance, il était prêt à payer beaucoup. Alors il plongea à travers les corps des humains qui luttaient pour rester à la surface sans parvenir à remonter, chassés par les membres d’équipages. Puis il remonta le sac de perles fines et de cristaux qu’il avait fait préparer. A l’intérieur de la cale, Craan revenait tranquillement à lui, se léchant ses lèvres avec délice.

Les humains criaient et leurs bras produisaient de grandes gerbes d’eaux. Seer toujours dans l’eau caressa tendrement Nills et lui susurra à l’oreille quelques mots tendres qui ne parvinrent pas à le calmer.

- Tout douuux mon beau… Tout douuuux… Ca va aaaller… Tu voulais proooofiter que ton coooorps l’émerveille… Soiiiis émerveillééé…

Et dans un geste brusque, il se jeta à son cou et le mordit profondément, brisant sa peau pour atteindre sa chaire. Il injecta son venin profondément dans son corps. Les membres humains de l’équipage reculèrent. Ils détestaient ça.

- Diiis-moi… Tu m’aurais emmeeené ?
- Oui.
- Pouuuurquoi ?
- Pour que vous… pour… Je ne me sens pas bien.
- Répooonds-moiii.
- Pour que tu suces des tas de clients.
- Pour de l’argeent ?
- Oui, pour de l’argent.
- Je neeee suis paaas d’accord.

Nills secoua le visage tentant de redevenir lui-même mais se sentant toujours aussi ailleurs. Il siffla méchamment.

- Vous êtes toujours d’accord une fois qu’on a jouit ! Vous obéissez et vous aimez ça.
- Ouiiii. C’est vraiii. Tu aiiimeras aussiii.

Il lâcha l’homme et se propulsa jusqu’à celui qu’il avait choisi personnellement. Dane. Un sous-fifre. Il le caressa tendrement. L’homme était paniqué et il se raccrocha à lui sans mal.

- Tiens-moi ! Tiens-moi s’il-te-plait ! Je ne veux pas me noyer !
- Chuuuut.

Il resta concentré sur lui, sans s’occuper de l’agitation autour et du cri de Nills lorsqu’il fut mordu pour la seconde fois, l’enfonçant plus profondément dans une envie sexuelle brutale.

- Tuuu as choisiiii de partiiiiciper à ça.
- Je suis désolé. Je suis vraiment désolé ! Ne me tue pas. Pitié.
- Jeee ne te feeerai rien de maaal. Tuuu as deux choiiiix. Le caaapitaine te livre… ou tu reeestes avec moiii.

Dane se figea tout en fait en jetant un coup d’œil paniqué au capitaine. Le livrer ? Le commerce d’espèce protégé pouvait coûter très cher et il ne doutait pas que l’Aquoïde en fasse parti. Il risquait d’être banni des terres centrales, ce qui équivalait à une peine de mort. Nills avait assuré qu’ils ne risquaient strictement rien, qu’il connaissait assez de monde… Seulement à côté de lui, Nills venait de disparaitre sous la surface de l’eau.

- Rien de maaaal…
- D’accord. D’accord. Avec toi, s’il-te-plait.

L’immense sourire de l’Aquoïde le fit douter, il s’approcha de son visage et l’embrassa avec tendresse. Puis il glissa l’une de ses griffes pointues le long de sa gorge, achevant de le paniquer avant de murmurer une série de son complexe qu’il ne sut pas traduire. Seer se recula et répéta, dans une langue compréhensible.

- Mon aiiiir partagééé.

Et sans un mot de plus, il se laissa couler, attirant fermement son amant avec lui. Il fallait faire quelques efforts pour le tirer alors que l’humain paniqué tentait de remonter à la surface tout en retenant sa respiration. Il remua avec l’énergie du désespoir, hurlant à moitié sous la panique. Le son déformé était incompréhensible, mais sa peur elle, était évidente. A bout de souffle, son corps le força à prendre une inspiration et ses poumons se gonflèrent simplement d’air. Un air étrange, lourd, moite et salé, mais de l’air. Il reprit doucement sa respiration et l’observa, paniqué. Seer le caressa tendrement et le fit encore descendre, faisant des paliers réguliers pour l’aider à s’habituer.

La cité était loin, très loin sous la surface. Rien d’inaccessible bien entendu mais rien d’évident non plus. Régulièrement, Dane tira sur son poignet et se débattit pour reprendre sa liberté en espérant regagner la surface. Seer ne le permit pas. Il finit par rattraper Craan qui tirait derrière-lui Nills. L’homme ne luttait pas. Son sexe était droit et il laissait, à intervalle régulier, échapper un peu de sperme. Il était visiblement très sensible au venin. Tant mieux, il adorerait le secteur aux délices.

Derrière eux, Loos arrivait à son tour avec son humain. Visiblement, il n’avait pas davantage eu envie de se frotter aux autorités de son peuple. Ils l’attendirent un instant avant de repartir ensemble. Au plus ils plongeaient, au plus l’eau se faisait fraiche et sombre. Bientôt, il sentit un changement chez son petit humain alors il lui jeta un coup d’œil et découvrit une panique nouvelle. Il ralentit, permettant à Dane de saisir son bras et finalement son corps. Le corps de l’humain s’enroula quasiment autour de lui dans une étreinte stressée qu’il trouva adorable. Il lui caressa doucement le dos et reprit sa nage tranquillement. Aussi étrange que ce soit pour l’humain, pour lui, c’était simplement le chemin pour rentrer à la maison.

Le haut du mont Veruna finit par apparaitre au loin et les trois Aquoïdes ajoutèrent un sortilège de plus pour que leurs protégés supportent la descente. Date s’accrochait à Seer avec l’énergie du désespoir, tremblant comme une feuille, insensible aux caresses apaisantes.

Ils descendirent le long du volcan, doucement, jusqu’au courant sous-marin qui leur permit d’accélérer grandement le rythme, les plongeant toujours plus profondément. Date était incapable de dire combien de temps la plongée dura, peut-être une heure, peut-être davantage encore. Serré contre le corps de l’Aquoïde, il cherchait la sécurité, mais au-dessus de lui, un océan tout entier le séparait maintenant de son monde et bientôt, ce fut le noir absolu, le terrorisant totalement. Il serrait celui qui avait déjà été son amant de toute ses forces. Si jamais il le perdait, il était mort pensait-il.

L’eau était glaciale à présent et les humains tremblaient sans discontinuer. Seer le flattait du bout des doigts avec tendresse, cherchant à lui montrer qu’il ne risquait rien. Date mit un long moment avant de comprendre que la lueur qu’il voyait au loin était réelle. Ce n’était qu’un petit point bleuté dans l’océan de noirceur mais au fur et à mesure que le temps passait le point s’agrandissait et il finit par comprendre que c’était une cité, non, une ville, enfin, une ville immense. Peut-être une capitale ? La lumière émanée des pierres qui avaient été utilisées pour la construire, et puis des algues qu’ils faisaient visiblement pousser. Après tout ce temps dans l’immensité noire et vide, découvrir ce bastion grouillant de vie était étrange car au plus ils s’approchaient, au plus, il pouvait voir du mouvement.

Ils furent finalement assez près pour qu’il puisse détailler les grandes tours qui pointaient vers le ciel, oscillant discrètement au grès du courant. Il observa, surpris, la multitude d’espèces qui vivaient là et lorsqu’ils furent assez près pour être vu, il remarqua les salutations envers Seer. Son corps était toujours fermement noué à celui de son compagnon et il ne changea pas sa prise. Les trois Aquoïdes voyagèrent tranquillement jusqu’à une grande place où ce que les humains virent les surpris au plus haut point. Des humains. Il y avait des humains de partout. Couché au sol ou debout, souvent empêtré dans des algues qui visiblement les retenaient prisonniers. Le sexe bandant et le regard hagard. Ils n’avaient pas fière allure. A de multiples endroits, des Aquoïdes léchaient leurs semences comme s’il s’agissait d’une drogue dure. C’était peut-être le cas d’ailleurs ? se demanda un instant Date avant de raffermir sa prise malgré ses bras douloureux. Il ne voulait pas finir dans un endroit comme ça. Au fond, un Aquoïde venait de mordre un humain sans s’inquiéter qu’il se débatte comme un beau diable, le laissant un peu perdu et très docile. Il en profita pour lui enfourner une ration étrange dans la bouche qui étouffa à moitié l’homme. Plus près, un autre humain se mit à jouir, spontanément, sans que rien d’autres que les algues douces ne le touche. Un autre effet du venin. Et plusieurs Aquoïdes se précipitèrent pour lécher le bout de son sexe et finalement sucer son gland. L’humain eut l’air de crier, mais les sons déformés par l’eau n’atteignirent jamais Date.

Seer fit un long geste tranquille et plusieurs Aquoïdes les rejoignirent avant de se saisir de Nills qui n’était pas en état de protester trop sonné par la dose de venin importante qu’il avait reçu. Date paniqua et tenta de montrer à son compagnon qu’il ne voulait pas rester ici. Seer le laissa faire sans s’inquiéter, même quand l’humain cacha son visage au creux de son cou en tremblotant. Il n’allait de toute façon pas le laisser ici. Ce lieu était réservé aux commanditaires et autres décideurs. Ce qu’ils auraient fait subir aux Aquoïdes à la surface n’était pas mieux. En faites, c’était même souvent bien pire… Ceux qui n’avaient fait qu’obéir n’étaient pas pardonnés, mais ils pouvaient être traités avec plus de douceurs. Quant à la créature blottie contre lui, il le trouvait juste adorable et il avait choisi un traitement tout particulier. Il le conduisit jusqu’à ses propres quartiers, à la base de l’une des tours, tout contre une cheminée volcanique active qui réchauffait agréablement l’eau. C’était un lieu relativement luxueux et Seer en était très content.

Le sortilège qu’il allait accomplir n’était pas évident et il aurait besoin d’autant de liberté que possible, alors il décrocha les mains de son compagnon de son corps et le força à rester dans un coin de la pièce principale. Par trois fois, Date tenta de le rejoindre. Par trois fois, Seer le repoussa fermement, lui indiquant de ne pas bouger d’un geste qui se voulait clair. Date finit par obéir en tremblant et l’Aquoïde put travailler tranquillement aménageant magiquement une partie de ses quartiers pour qu’il présente les caractéristiques de l’extérieur. Une bulle d’air respirable nichée là, à plusieurs kilomètres sous la surface. Il laissa Date s’y réfugier et l’observa, dégoulinant, trempé et terrorisé. Lui-même peinait à rester debout dedans, alors que l’eau l’appelait à quelques centimètres à peine.

- Je… Je veux rentrer ! Je veux rentrer ! Je suis désolé ! Je n’aurais pas dû… j’ai compris… J’ai compris.
- Chuuuut. Tu es chez toiiii mainteeeenant.

Les larmes qui ravinèrent soudain sa peau n’étaient pas les premières qu’il versait, mais les autres étaient allées nourrir la mer. Seer s’approcha encore pour les cueillir du bout des doigts.

- Est-ce queee tuu veux… être émerveiiiilléé ?

Les larmes redoublèrent de volumes avant qu’il n’acquiesce, stressé au possible. Seer l’embrassa tendrement avant d’affirmer d’une voix sans appel que ce serait chez lui alors, puis, il le mordit, injectant profondément son venin. En fonction de la quantité, les effets n’étaient pas tout à fait identiques. De sérum de vérité à drogue dure, il y avait une infinité de nuances et Seer en injecta juste assez pour le faire légèrement planer, le sexe pulsant et frappant son bas ventre. Il le tira vers lui, le faisant rentrer dans l’eau vaguement plus détendu. Etrangement, savoir que cette bulle d’air l’attendait juste là lui permettait de se sentir beaucoup plus serein. La lumière douce émanant des pierres aidait aussi. Et par-dessus tout ça, le venin l’emplissait de désir.

Seer se pencha jusqu’à son sexe qui caressa tendrement. Lui, comme les autres, raffolait du sperme humain mais il voulait aller plus loin avec son tendre ami. Avant cette expédition malheureuse, Date était déjà venu quatre fois. La première, Seer n’était pas présent. Date s’était penché, avait glissé son sexe dans l’eau et un autre Aquoïde était venu le sucer longuement jusqu’à ce qu’il jouisse, offrant sa semence pour tout paiement. La seconde fois, Seer était cet Aquoïde qui l’avait pris en bouche pour le gouter de la plus intime de façon et il l’avait adoré. Adoré et réservé. Dès que sa main douce touchait l’eau, tout l’océan le prévenait et il venait. Date avait voulu tester davantage en entrant dans l’eau avec lui et Seer avait eu l’occasion de l’honorer plus entièrement mais à présent, il était chez lui et il pouvait laisser libre court à ses envies. Son petit humain avait commis une erreur. Une délicieuse erreur.

Glissant entre ses jambes, l’Aquoïde laissa sa langue déguster sa peau rêche et il alla jusqu’à butiner sa rosace serrée. L’entrée de son corps pulsa légèrement contre sa langue, lui arrachant un sourire. Son propre sexe était tout à fait adapté à ce type de coït et il n’allait pas s’en priver. Date était mal à l’aise dans l’eau et il nageait avec difficulté, mais ses mouvements gauches avaient clairement pour but de se mettre en position pour le recevoir en lui. Le venin faisait sortir toutes ses envies les plus profondes tout en l’embrouillant juste assez pour lui permettre d’oublier l’océan au-dessus de lui.

La langue se glissa en lui, le faisant gémir, et un doigt vient doucement le travailler. Date remua pour tenter d’augmenter le contact, mais Seer poursuivit tendrement. Il ne voulait pas le pénétrer tant qu’il n’était pas totalement prêt et idéalement, avant que le venin ne se soit estompé légèrement. Date couina, tentant d’attraper son amant pour lui montrer qu’il le voulait, mais Seer continuait simplement à le préparer avec tendresse.

Date reprit lentement pied, son sexe bandant claquait toujours sur son ventre. Il tira sur le bras de son amant, le forçant avec conviction à venir contre lui. Seer accepta et le reprit contre son torse. Son amant avait toujours aimé cette proximité et c’était exactement ce qui lui plaisait. Seer se laissa faire alors que l’homme descendait vers son sexe entrainant une douce pénétration très légère. Il remonta et força sur ses bras pour revenir à son contact approfondissant grandement le contact. L’eau lui permettait une grande liberté de mouvement et il en profitait allègrement.

Il bougea le long de cette verge dure pour rechercher son plaisir et tenter d’oublier où il était. Il se sentait perdu et le réconfort de ses mains sur lui n’était pas négligeable. Avec Seer il avait la sensation qu’il ne risquait rien. Il se recroquevilla davantage contre lui, laissant son cou accessible. Le venin était si bon mais Seer ne lui en redonna pas. A la place, il l’embrassa.

Il lui fit l’amour avec toute la tendresse qu’il pouvait démontrer, le caressant et se retenant pour finalement jouir en même temps que lui. Il utilisa une algue pour collecter le sperme précieux tout en câlinant son humain. Date était bouleversé.

Lorsque Seer sortit de son intimité, en le faisant grimacer et lâcher un halement stressé, il voulut déposer l’algue un peu plus loin dans la partie dédiée à l’alimentation mais Date s’accrocha à lui avec l’énergie du désespoir. Il baragouina quelques choses d’incompréhensible sous l’eau, mais ses yeux hurlaient si forts son message que l’Aquoïde le comprit. Il lâcha l’algue et laissa l’humain se blottir à nouveau contre lui afin de l’emporter dans la petite bulle d’air où il le coucha au sol.

- Ne me laisse pas ! Ne me laisse pas. Oh seigneur… Qu’est-ce que je vais devenir ?
- Tout vaaaa bien. Tu vaaaas habiiiter avec moiii. Je te feraiiis l’amour et tuuu seras émerveillééé.
- Je… Je ne suis pas fait pour vivre là.

Seer eut un sourire indulgent, mais fermement il répondit.

- Je ne suiiiiis pas faiiit pour la surfaaaace, ça ne t’aaas paaas retenuuu.

Date explosa en sanglot sec, épuisé et malheureux. L’Aquoïde le reprit dans ses bras pour le caresser avec tendresse. Plusieurs humains habitaient ici. Certains dans le secteur aux délices où ils étaient mordus et sucés à tour de rôle. Des roulements étaient imposés pour le repos mais jamais ils ne reprenaient totalement consciences. D’autres, plus rares, vivaient avec des Aquoïdes, dans leurs logements et parmi eux, certains s’étaient extrêmement bien adaptés. Il espérait de tout cœur que Date finisse par aimer cette vie… Sinon, il le conduirait à l’île aux plaisirs. Date servirait des tas d’Aquoïdes différents mais il vivrait sur la terre ferme. Une petite île entièrement aménagée pour leurs humains… Dans tous les cas, plus jamais il ne pourrait tenter de faire du mal à un Aquoïde. Il l’embrassa encore et le serra contre lui.

- Ne me laisse pas ! pleurait encore l’homme.
- Jamaaaais. répondit-il.

***

Date nageait tranquillement dans la partie centrale de la ville. Cela faisait maintenant un certain temps qu’il vivait là, mais il n’avait pas souvent eu le courage de sortir seul. Les courants l’impressionnaient trop, il nageait très péniblement et avait toujours peur de se faire emporter loin de la cité. Les risques étaient pourtant quasiment nuls, surtout grâce aux Aquoïdes qui le surveillaient gentiment, prêt à intervenir en cas de détresse. Il se demandait souvent pourquoi ces êtres étaient si gentils avec des personnes qui avaient voulu leur faire du mal. Mais Seer disait que tout ce qui importait, c’était d’empêcher les récidives. La vengeance n’avait aucun sens à leurs yeux. Ils ne semblaient même pas connaitre le concept. Au plus il avait parlé avec lui, au plus il avait découvert un raisonnement étrange. Seer disait que chaque être vivant avait une place bien à lui, simplement, il fallait trouver laquelle. Quand ils faisaient descendre un humain qui avait été trop virulent, incapable de gérer leur propre esprit, ils leur offraient le délice. Le venin et les jouissances les laissaient dans un état de bien-être absolu… mais ils n’avaient plus de vie.

Date frissonna en approchant la zone en question. Il était toujours mal à l’aise mais il se présenta aux deux Aquoïdes, Reet et Piio, qui s’assuraient que tous les humains aillent bien. Il leur indiqua l’objectif de sa présence en montrant ce qu’il portait avec lui. L’eau empêchait certaines formes de communications et ses capacités d’humains venaient en freiner bien d’autres, mais il avait appris à se débrouiller depuis le temps. Piio lui caressa gentiment le bras et l’invita à avancer. La majorité des Aquoïdes du secteur le connaissait personnellement alors ils ne s’approchèrent pas de lui. Seer avait bien fait les choses et son sperme était devenue une « propriété privé ». L’idée l’amusait.

Il finit néanmoins par trouver Nills, il remuait entre ses liens pendant qu’un mâle d’une taille impressionnante lui faisait une fellation. Alors il attendit simplement son tour. S’il n’avait pas laissé cet homme le convaincre à l’époque, il vivrait encore à la terre ferme et il serait encore cet humain un peu triste et paumé qu’il était alors. Quelque part, il avait eu énormément de chances, car il aimait sa vie à présent. Cette idée ne lui permettait pas de lui en vouloir réellement. En faites, il se sentait un peu mal pour lui car il n’avait aucune chance d’amélioration. Sa vie se limiterait à ça. L’émerveillement du venin et la jouissance du corps. Encore et encore. Enfin, sauf s’il arrivait à convaincre Seer de lui offrir une période de vacances ou quelque chose dans le genre. Il essaierait assurément. Seer ne dirigeait pas tout, ici, mais il était très respecté et très écouté.

L’Aquoïde lécha avec application les dernières traces de spermes, caressa l’humain comme pour le remercier et s’éloigna en nageant doucement. Date put alors s’approcher à son tour. Il ne toucha pas l’autre humain, le sachant extrêmement sensible. A la place, il plongea jusqu’au sol et tira l’une de ses trouvailles du sac qu’il trainait avec lui. C’était un petit plant d’une algue douce. Il creusa légèrement le sable tout en faisant attention à ne pas le faire trop voler et glissa la plante dans le léger trou qu’il recouvrit aussi sec. Il ajouta quelques petits cailloux pour que le courant ne vienne pas la déloger. Ce genre d’algues était toujours difficile à se procurer et c’était le troisième pied qu’il plantait. Les deux autres avaient bien poussés. Ce n’était presque rien, juste un moyen de contention plus léger et agréable. C’était tout ce qu’il avait à offrir. Il resta avec Nills jusqu’à ce que Piio vienne pour le mordre à nouveau. L’homme n’avait même pas eu l’occasion de reprendre réellement conscience et l’Aquoïde ne le permettrait pas. Date détourna le regard, triste et s’éloigna, quittant les délices pour rejoindre un quartier éloigné et peu prestigieux.

L’eau par ici était bien plus froide et les lumières moins fortes. Il fit très attention à rester sur le chemin, allant jusqu’à s’approcher aux coraux pour s’aider à faire les derniers mètres. Une série de petites grottes se suivaient les unes les autres et il entra dans la première. Aussitôt, deux Aquoïdes s’interposèrent, soudainement menaçant. Il resta immobile, le cœur battant un peu vite pendant qu’ils observaient son chargement. Il n’avait que des algues, rien d’autres que des algues, alors ils le laissèrent passer tout en le surveillant.

A l’arrière de la grotte flotter un corps immobile. Date hésita un instant avant de s’approcher un peu plus encore. C’était Loos, l’un des amis proches de Seer. A l’époque, il faisait partie des trois qu’ils avaient essayé de kidnapper. A l’époque, il était redescendu avec eux entrainant Adia dans son sillage. Vivre avec une telle quantité d’eau au-dessus de la tête pouvait rendre fou n’importe quel humain et souvent, lorsqu’il y pensait, Date tremblait. Mais Adia… Adia hurlait. Adia ne se calmait qu’avec le venin alors Loos avait fini par le conduire à l’île avec regret et il avait repris les excursions à la surface. Tous les Aquoïdes ne vivaient pas avec un humain, mais leur sperme était important. Date ne savait pas exactement pour quoi, mais il avait été forcé de le constater.

Loos voulait un humain à ses côtés, un humain comme lui, qui demeurerait ici. Alors il était remonté et le capitaine de ce navire-là les avait trahis. Il s’était retrouvé enfermé dans un aquarium, tiré à la surface et emporté dans les terres. Cela avait duré plusieurs mois avant que la justice humaine le découvre et intervienne. Il avait été libéré loin, dans une autre mer et d’autres Aquoïdes plus grands et plus larges que tous ceux que Date avait pu voir auparavant l’avait ramené. Depuis, il restait immobile dans cette grotte, le regard vague. Seer avait tenté de lui expliquer qu’il avait reçu trop de sperme, mais ça n’avait pas vraiment de sens à ses yeux. Néanmoins, voir un si joli être dans un tel état le rendait morose et il avait commencé à venir pour tapisser sa grotte d’algues qui l’empêcherait de se cogner malencontreusement. Il planta les nouvelles pousses avec application avant de repartir.

Il nagea jusqu’au centre de la ville, faisait plusieurs pauses pour reprendre son souffle. Il s’était habitué à respirer dans l’eau et sa technique de nage s’était améliorée mais elle restait imparfaite. Là, il hésita un moment avant de prendre le courant menant aux champs. Il détestait l’emprunter seul et très vite, le courant s’accéléra, lui donnant raison. Il lutta contre, même si Seer lui avait déjà répété mille fois que ce n’était pas une bonne idée. Il n’avait qu’une peur, c’était d’être emporté vers l’immensité sombre au prochain croisement et malheureusement, il n’arrivait pas à se glisser correctement vers la droite. Il sentit la déportation, lutta, cria d’un de ces cris muets qui ne servait à rien, et le pire se produisit. Le courant l’entraîna loin des lumières. En quelques secondes à peine, le courant se durcit et les lumières se réduisirent rapidement, le jetant dans le noir absolu.

- Non ! Non, non, non, non ! tenta-il de crier, produisant simplement une série de bulles.

Quelque chose le saisit par la hanche et il hurla encore, terrorisé. L’instant d’après, la prise l’arracha au courant et le tira vers l’avant. Ce ne fut qu’en percutant le torse épais qu’il comprit. Il s’accrocha de toutes ses forces à l’Aquoïde qui nagea paisiblement en direction de la cité. Très lentement la lumière se vit à nouveau mais il n’eut pas besoin de ça pour savoir qui le tenait. Seules les caresses tendres avaient été nécessaires.

A l’abri dans leurs chez-eux, Seer lui ferait la morale, lui répétant une nouvelle fois de ne pas lutter contre les courants, mais pour le moment, il le caressait juste doucement, calmant son petit cœur palpitant. Il traça un symbole sur son épaule, une simple marque du bout de la griffe, quelque chose qu’ils avaient mis au point ensemble et qui racontait le plus important.

« Je t’aime. » et « Je ne t’abandonnerai jamais. »

Tremblant encore un peu, Date traça à son tour les mêmes symboles sur l’épaule de l’Aquoïde. Oui, il l’aimait et jamais il ne fuirait.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Hendysen ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0