Chapitre II - L'effondrement

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« Après analyse des dégâts, l’effondrement du Dôme était prévisible. M. Young et Mlle Orbitane n’y pouvaient rien. Un défaut structurel fragilisait l’entièreté de la construction, si bien qu’en dépit de la matière employée, elle était condamnée à se fissurer et, à terme plus ou moins lointain, à se briser. Les curieux projectiles de diamant retrouvés sur la plate-forme sommitale du Pilier n’ont fait que précipiter la catastrophe. Il convient cependant de s’interroger sur leur origine et de demander l’ouverture d’une enquête par les services du Guet. »

(Rapport de l'enquêteur Orked à l’adresse de Madame Ache, chef du service d'entretien du Dôme d'Imaginaria)

Young était dans l’ascenseur qui menait au sommet du Bocal quand la catastrophe éclata, et le Dôme de diamant avec.

D’abord vint le bruit. Un tintement sec, comme si quelque chose heurtait la structure translucide, suivi d’un crissement, celui de la fissure qui s’étirait en rampant dpuis le centre de sa toile.

Merde, pensa le technicien. On est mal barrés.

Le fragile rempart contre la pollution extérieure éclata au moment ou Young arrivait au sommet du Pilier. Comme au ralenti, il vit un projectile métallique heurter violemment le diamant fragilisé et dans un fracas assourdissant, la paroi éclata en suivant une onde de choc circulaire, projetant des fragments infinitésimaux dans tous les sens.

Aussitôt, une alarme se déclencha, assourdissante, et la vie reprit son rythme normal.

Horrifié, Kyklos lança un message télépathique à sa collègue.

Perséphone ! Alerte générale ! Le Bocal est foutu, et nous avec ! Il faut faire quelque chose !

Pas de réponse. À tous les coups, elle lui tirait la tronche parce qu’il disait une évidence : à l’heure qu’il était, tout le monde devait entendre la puissante sirène qui avertissait les Imaginariens du danger qu’ils couraient. Young l’imaginait en train de ronchonner un truc du genre : « Non mais franchement, qu’est-ce qu’il veut que j’y fasse, moi ? On n’y peut rien, absolument rien ! À part se confiner pour se protéger de l’air vicié, évidemment, mais même ça, il n’est pas fichu de le faire ! qu’il se débrouille, cet imbécile. »

Eh bien oui, je vais me débrouiller. Elle a raison de ne rien dire. J’vais me mettre à l’abri, comme tout l’monde.

Et sans traîner, encore !

Au lieu de quitter l’ascenseur, il appuya sur le bouton qui lui permettrait de retourner au rez-de-chaussée.

La descente lui sembla durer des heures. Pourtant, sa montre lui indiquait que comme d’ordinaire, elle n’avait duré que quelques minutes.

Dans le hall du SIE, c’était le chaos. La rumeur des cris parvint à l’homme replet deux étages avant d’y parvenir.

Comme il sortait de l’ascenseur pour se frayer un chemin dans la foule d’employés affolés, quelqu’un lui attrapa le bras. Se retournant pour se dégager, il reconnut Madame Ache.

La patronne… Il fallait que je tombe sur la patronne… Bon sang, j’ai pas fini d’en entendre parler, de la fissure.

— Young, qu’est-ce que ça signifie ? Pourquoi l’alarme s’est-elle déclenchée ? Que se passe-t-il là-haut ?

Tout en cherchant quoi lui dire, il détailla son air pincé, sa tenue impeccable, sa coiffure soignée, et constata machinalement que quelques mèches colorées s’échappaient de son chignon que son col de chemise était mal rabattu et que sa veste était déboutonnée. Elle était sacrément secouée, pour se laisser aller comme ça !

— Young ! Répondez !

— Pardon, je… Le Bocal… Enfin, je veux dire, le Dôme…

Il s’interrompit. Comment présenter les choses sans se faire incendier ?

— Young… Au cas où vous ne l’aurez pas remarqué, vous n’avez pas le temps de tergiverser. Alors, expliquez-vous, et vite !

L’homme prit une grande inspiration et se jeta à l’eau. Très vite, il lâcha :

— Ldométaifêlémaintenanlécassé.

— Pardon ? C’est quoi, ce charabia ? Si vous ne voulez pas être viré, parlez clairement !

— Le Dôme était fêlé depuis un moment. J’ai essayé de le réparer une paire de fois, mais… maintenant, il est cassé. J’ai vu des projectiles…

— Et pourquoi n’ai-je jamais été avertie ? l’interrompit-elle, menaçante.

— Mais je vous ai prévenue ! protesta le malheureux. Je vous rédige mon rapport toutes les semaines !

Madame Ache accusa le coup.

Pouffiasse. Tu ne lis même pas mes rapports, songea Young.

Son interlocutrice reprit, rapidement :

— Nous en reparlerons. En attendant, allons nous mettre à l’abri, et vite !

Comme ils se laissaient entraîner à l’extérieur par le flots des employés et des visiteurs, la voix de l’Oculus en personne résonna dans les têtes de chacun, grâce aux puces télépathiques

Chers concitoyens, nous vivons une catastrophe sans précédent. Le Dôme qui nous protégeait est brisé, notre atmosphère est viciée. Le chef du Conseil, qui est à mes côtés, en ressent déjà les effets. Je conseille à chacun de rentrer chez soi dans le calme, mais sans attendre, et de se confiner. Ne sortez que pour le strict nécessaire. Équipez-vous des masques respiratoires qui équipent chaque logement avant d’affronter l’air extérieur. Pour ceux qui ont la chance de disposer d’un androïde, mieux vaut les envoyer faire vos courses à votre place pour éviter tout accident, au cas où votre masque serait défectueux. D’autres détails vous seront donnés par la suite.

— Bon sang, c’est du sérieux, grommela Kyklos.

Dans les rues, les guetteurs empêchaient la panique de submerger la foule. Ils encadraient les citadins, les rassuraient et les dirigeaient efficacement vers des VAELS prêts à les ramener chez eux.

Young fut dirigé vers l’un d’eux. Il espérait repérer Perséphone dans la rue ; c’est là qu’il se souvint qu’elle avait été jetée en prison. Furieux contre lui-même d’avoir oublié une chose pareille, il se traita de tous les noms. Bon, au moins, elle était à l’abri des émanations toxiques de l’extérieur…

En s’asseyant dans le véhicule qu’on lui avait attribué, il laissa échapper un soupir. Pas étonnant que ma collègue n’ait pas répondu à mon appel. Me semble pas qu’ce soit possible depuis la prison, de percevoir les échanges télépathiques.

Ainsi rassuré, il se laissa aller tandis le VAELS, bondé de gens qui vivaient dans le même quartier que lui, décollait en même temps que les autres.

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