Chapitre 3

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 Je dois trouver un homme. C’est comme ça. Il paraît que la vie est mieux à deux. Je ne veux pas tomber amoureuse, être contrôlée par quelqu’un, être soumise. Alors je recherche un partenaire pour faire bonne figure. Pour être normale. Je me maquille, sors les talons, la robe. Dans la rue les gens me regardent. Je n’aime pas.

 Je l’ai rencontré sur un site de rencontre. Il paraissait sans prise de tête. Mais la réalité est toujours différente. Moi-même, je paraissais sympa. On se fait la bise, il me tire la chaise, je m’assoie. Le restaurant me met mal à l’aise même si je sais qu’il payera. Je pense à la personne que l’on ne voit pas et qui nettoiera mes restes. Il essaye de capter mon attention. Il parle, encore et encore. Il cherche quelque chose de sérieux. J’imagine qu’il va me parler de maison, d’enfants. Mais la première question qu’il me pose, après sa présentation, est le dramatique ‘Que fais-tu dans la vie ? ‘.

Habes haberis. Pétrone avait raison. Tu as, tu es pris. Nous ne sommes plus, nous avons. Pourquoi dire je suis plongeuse ? Mon métier ne me définit pas. Réduire l’être à l’avoir. Comme réduire l’être aux actions. La première question aurait dû être "Qui es-tu ? ".

 Je rentre chez lui. On baise. C'est sérieux. Je rentre chez moi. Je suis normale. La fenêtre ouverte, une journée vient encore de passer. On ne voit pas les étoiles depuis le sol, trop de lumière dans la ville. Mes voisins regardent la télé. Ils regardent des stars, je les regarde regarder. Je suis seule. Je m’allonge sur mon lit, prends une bouffée. Les nuits sont bien noires quand tu n’as pas de rêve.

 Il reste cinq pourcent sur mon téléphone. Je ne le rebranche pas. A quoi bon ? Je suis sûre de quand même me réveiller demain, je n’ai pas besoin de réveil. Le temps passe. On toque à ma porte. Mon voisin est là et me demande de lui prêter une rallonge. Je lui souris faiblement, lui tends la rallonge, me recouche.

 Je suis sûre que dans un sens tu me méprises. Et pourquoi es-tu encore là ? La plupart ont arrêté de lire. Je ne raconte pas une histoire d’amour, d’exploration, de joie. Je raconte seulement la vie de tous ces gens que tu ne regardes pas. Alors pourquoi voudrais-tu la voir maintenant ?

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