La famille

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Simon entra de sa balade tandis qu'il faisait déjà nuit. Un lampadaire jaunâtre crachait son halo de lumière sale sur les branches griffues qui l'entouraient, agitées par le vent nerveux qui excitait les moustiques. Sa maison était vide. Il se souvint alors que sa mère l'en avait informé : ses deux parents partaient chez des amis pour le weekend, "pour changer d'air" selon ses propres mots.

Il se déshabilla, contrôla qu'il n'y avait bel et bien personne dans chaque pièce, puis ôta son caleçon, dernier rempart de sa nudité. Il passa devant la baie vitrée du salon, se demanda à quel point les gens pouvaient le voir de l'extérieur, puis se dit qu'il s'en fichait. Après tout il était chez lui - fin, techniquement chez ses vieux - et faisait bien ce qu'il voulait.

Il s'assit derrière la télé, sur le long canapé bordeau de la pièce à vivre. Il frissonna du contact froid de son cuir contre ses fesses et son dos, puis, tandis qu'il se réchauffait, prit plaisir à s'étaler sur cette immense surface dédiée à la détente. Chez lui, dans sa vieille maison des Saintes où chaque pièce n'excédait guère les quinze mètres carrés tout au plus, il ne pouvait guère s'offrir le luxe d'avoir de tels meubles.

Il alluma l'écran, zapa. Rien. Il n'y avait décidément rien que le vide sidérant au travers de ces centaines de chaînes différentes et pourtant si similaires. Toutes brassaient du vent pour mieux étaler leurs merdes publicitaires. La seule chaîne qui retint son attention diffusait un vieux film qui lui fit penser à du Leone, sans qu'il ne réussisse à en identifier le titre. Il baissa le volume et se dit qu'il était l'heure de se servir un verre.

Il se leva et alla fouiner dans l'armoire de la cuisine. Un véritable étalage de tous les alcools possibles et imaginables, de la vieille prune marinée dans un alambic illégal au très commercial Jack Daniels, il y avait de tout. Il finit par craquer par un Gin à la bouteille surprenante, infusé dans de la lavande. S'en versa une bonne rasade. Décidément, lui qui faisait tant gare à sa bouffe, se laisser aller à des excès peu habituels.

Lorsqu'il allait reposer son cul sur le canapé, là où sa place avait été chauffé, la sonnette de l'entrée le fit sursauter. Il s'envoya le verre cul-sec et, d'un geste maladroit, renfila son boxer, puis alla ouvrir.

***

Elle l'observait depuis qu'il était arrivé. Elle savait que ses parents se cassaient pour ce weekend et qu'il serait seul. Elle l'avait entendu durant l'apéro, après l'enterrement. Et elle savait pertinemment que ce serait sa seule chance. Ou du moins sa meilleure chance, avant qu'il ne se terre à nouveau dans le sud.

Simon l'avait faite mouiller depuis qu'elle avait seize ans. Ils jouaient parfois ensemble, chez leurs grands-parents. Marie avait une année de mois que lui et, fille unique, le considérait comme son frère. Un frère étrange, car il l'attirait follement.

Elle se souvient parfaitement de leurs jeux. Des jeux de gamins. Totalement innocents, au début. Jouer au papa et à la maman. A s'occuper d'enfants imaginaires. De poupées. Simon était l'un des rares garçons qui acceptait de jouer à la poupée avec elle si, ensuite, ils pouvaient jouer au Légo ou aux Hot Wheels. Elle l'adorait pour cela.

Plus le temps passait, plus elle voyait des changements dans le corps de son cousin. Marie aimait de plus en plus sa voix, qu'elle trouvait sensuelle tandis qu'elle chutait dans les graves. Puis elle se surprit à détailler ses formes - la naissance de ses abdos où croissaient déjà quelques poils, là où son t-shirt se soulevait; les courbes de son cul; la ligne géométrique de sa mâchoire. Parfois, tandis qu'ils jouaient, leurs mains se touchaient et alors elle ressentait un fort pincement dans son clitoris qui, parfois, lui faisait lâcher un soupir.

Le soir des jours où ils se voyaient, elle se masturbait généralement en pensant à lui. En l'imaginant nu, à l'écraser du poids de son corps, en l'embrassant. Elle se demandait si ce genre de pensées était acceptable. Normal. Si elle n'était pas malade, de désirer ainsi son cousin. Mais l'envie, le désir, puis la jouissance qui accompagnait ces sessions de bien-être solitaire effaçait toutes ces pensées comme le ressac les messages sur la plage.

Puis le temps passa. Ils se virent moins car chacun avait ses occupations. Les visites aux grands-parents se faisaient plus rares. Pourtant, lorsque cela arrivait, l'attirance qu'elle ressentait pour lui allait crescendo. D'abord à cause de leur rareté. Puis aussi grâce aux changements corporels au travers desquels ils étaient passés.

Elle: ses joues débarassés des boutons adolscents, laissant place à une peau cuivrée et lisse. Elle aimait ses lèvres pleines et sa dentition parfaite, obtenue après tant de mois à s'emmerder avec ce ridicule appareil orthodontique. Ses seins, qui avaient enfin poussés. Elle pouvait les mettre en valeur. Elle aimait leur circonférence globuleuse que ses mains n'arrivaient guère à empoigner toute entière. Leurs petits tétons lilas, posés en leur sommet comme un étrange rubis. Et sa chatte aux lèvres gonflées qu'elle prenait soin d'épiler soigneusement.

Et lui. Lui prenait soin de son corps et ça se voyait, de plus en plus. Il était devenu baraqué, sans un pet de graisse. Ses bras emplissaient les manches de ses t-shirt. Son dos, sculpté en V, lui donnait une prestance imposante. Et ses yeux, ses yeux sombres, ténébreux. Elle aurait fondu pour un regard. Pour un seul regard de lui, sur elle.

Lorsqu'elle sonna, elle avait déjà passé une demi-heure à l'observer. D'abord habillé, puis, tandis qu'il se dandinait devant la baie vitrée au travers de laquelle il ne pouvait pas la voir grâce à l'obscurité ambiante, nu. Et ce corps d'Appolon, elle n'aurait pu rêver mieux. La cascade de ses abdos ? Ses pectoraux fiers, gonflés ? Et putain, son sexe à la pilosité contrôlée, tapant contre ses cuisses à chaque pas. Elle était déjà trempée. Et comble de bonheur, il lui ouvrit juste vêtu d'un boxer.

- Marie, qu'est-ce que tu fais là ?, il paraissait vraiment étonné.

- Salut Sim, je voulais pas te déranger. Mais j'avais entendu que tes parents partaient et que t'étais seul ici, et après tout ce qui s'est passé... Je me suis un peu inquiété. Je me suis dit que c'était peut-être bien de passer voir si tout allait bien pour toi.

Il se râcla la gorge. Elle ne savait dire s'il était gêné qu'elle le surprenne ainsi, en boxer, ou pas du tout. Mais il avait l'air parfaitement à l'aise avec son corps, si bien qu'elle opta pour la seconde option.

- C'est cool. Tu veux entrer ?

- Bah, je sais pas, je veux pas déranger...

- Tu déranges pas du tout. Je faisais rien. J'allais m'endormir sur ce canapé tellement c'est navrant ce qu'ils passent à la télé. Je peux même te verser un Gin.

- Allez, va pour le Gin.

Et elle entra.

***

Je me demande ce qu'elle me veut. Je me demande également si elle m'a vu à poil, au travers des fenêtres. C'est bizarre. Jamais plus elle ne m'a contacté, et si on était effectivement bien potes gamins, ça faisait un bail que je ne lui avais plus causé, avant l'enterrement.

Je lui fais signe de s'asseoir sur le canapé. Hésite à me rhabiller, puis me dis que si j'avais été répondre à la porte ainsi, je pouvais bien rester en boxer durant la soirée. C'est pas comme si elle paraissait gênée. Peut-être même qu'elle kiffe bien.

- Tu prends un Gin alors ?

- Oue, vas-y. Fais-moi ça.

Je fais demi-tour et m'en vais à la cuisine, mais avant de me tourner je vois clairement son regard descendre. Elle me mate le cul. Un sourire se dessine sur mon visage, tandis que je disparais.

A la cuisine, je prends un verre et lui verse une bonne rasade de ce Gin-lavande. C'est quand même étrange. J'ai plus l'impression de connaître cette femme. La dernière fois que je l'ai vue, que j'ai joué avec elle, c'était une fille. Et là... Son décolleté laisse peu de place à l'imagination, mais c'est décidément une femme. Et ses lèvres putain. J'ai jamais vu de lèvres aussi charnues. Je crois qu'à cet instant, j'ai ressenti une certaine excitation pour ma cousine. Et aussitôt, j'ai tenté de chasser ces pensées de ma tête.

***

Au salon, Marie s'était installée et, tandis qu'il avait disparu à la cuisine, avait pris soin de bien remettre en place ses seins. Son soutif push-up lui mordait les chairs, mais fallait reconnaître qu'il était du meilleur effet avec son décolleté. Elle remonta également un peu les canons de son short, en prenant soin toutefois de ne pas devenir vulgaire.

Il revint, un verre à la main. Le lui tendit. Puis ils trinquèrent tous les deux et, comme au bon vieux temps, recommencèrent à parler de tout et de rien, naturellement. La soirée avançait. Ils se reversèrent un verre, puis un troisième. Et tandis que la discussion tarit, Marie proposa un jeux.

- Tu veux jouer à quoi ?

Elle éclata de rire.

- Tu te souviens, on jouait tout le temps à action ou vérité ?

- C'est vrai.

- T'as un ordi. On prend une version online. J'ai déjà joué avec des potes, c'est fun.

Simon hésita. Il avait aussi joué à des versions en ligne de ce jeu, mais rarement en mode bon enfant. Cela finissait généralement avec des mains dans les culottes, des mélanges de salive et des fellations surprises. Puis, l'alcool aidant, il se dit qu'il ne risquait rien de commencer. Il verrait bien où cela les mènerait.

- Par contre, pendant que tu prépares ça, je peux prendre une douche ?

Il resta interdit. Il ne s'attendait pas à cela.

- Une douche ?

- J'ai courru toute la journée et je dois puer la transpi. J'aimerais bien me doucher, si cela te dérange pas.

Il hésita, un instant, puis lui dit qu'il n'y avait pas de problème. Qu'elle faisait comme chez elle.

- Tu sais où est la douche, y a des linges dans l'armoire de la salle de bains.

- Merci.

Elle disparut. D'abord dans la salle de bains. Elle ferma la porte mais Simon n'entendit guère la clé jouer dans la serrure. Elle n'avait pas verrouillé le battant. Il l'entendit toutefois, alors qu'il préparait son ordinateur pour le jeu, fouiller dans l'armoire pour chercher un linge. Ensuite la porte s'ouvrit. Il fallait qu'elle traverse le couloir pour se rendre dans la douche. Il entendit ses pas. Puis vit son reflet dans l'immense baie vitrée. Elle était nue. Le linge sur l'épaule. Il ne sût dire si elle savait qu'il le voyait dans le miroir de la vitre ou pas. Ce qu'il savait par contre, c'est qu'elle avait un putain de corps.

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