Chapitre 1

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C'était par une froide nuit d’automne que je t'avais trouvé, gisant là, sur le béton d'une étroite ruelle. Elle était bordée par la pénombre dû au manque de lampadaire. Tu gémissait faiblement, sûrement à cause des blessures que d'autres t'avaient infligé, ils t'avaient passés à tabac et t'avaient abandonné là, comme un vulgaire déchet. Lorsque j'avais entendu tes râles, je pensais au départ que c'était encore un de ces ratons laveurs qui fouillaient les poubelles à la recherche de nourriture. Je m'étais rapprochée dans l'espoir de les faire fuir mais à la place de découvrir une fourrure grisâtre, je vis un homme face contre terre. En m'accroupissant à tes côtés, j'avais voulu appeler les secours mais avec le peu de force qu'il te restait tu avais mis ta main sur l'écran du téléphone et le seul mot qui avait réussit à franchir la barrière que tes lèvres étaient devenues avait été faible et presque inaudible :

« -No..on. »

Je me demande encore ce qui m'a pris de décider de t'emmener chez moi puisque tu ne voulais pas aller à l’hôpital. Il faut croire que j’ai un trop grand cœur qui me fait faire des choses improbable malgré tout je ne regrette pas pour autant de m’être occupée de toi pendant un moment.

Le troisième jours venait de s'entamer lorsque tu repris enfin véritablement connaissance. Nauséeux, la première chose que tu as voulu faire, c'était aller aux toilettes mais tu t’étais vite rendu compte que tu ne savais pas où elles étaient ni où tu étais. Ton cœur loupa un battement lorsque tu regarda autour de toi. Tout ce que tu te souvenait c'était de t'être fait agresser par des types masqués.

Au moment où tu te levais, bien décidé à partir de cet endroit inconnu, j'entrai dans la chambre avec un plateau garnie de ton repas, on s'était tous les deux arrêtés dans nos mouvements et on s'étaient regarder en chien de faïence. Un long silence apparut, et personne ne semblait prêt à le briser. Tu me détailla avec insistance tout en te demandant mon rôle dans toutes cette histoire.

- Te voilà enfin réveillé. Je venais juste t'apporter un repas et vérifier tes bandages, dis-je tout en te montrant le plateau que je tenais, avec un faible sourire pendu à mes lèvres.

Tu ne pris pas la peine de me répondre et tu continua de t'habiller comme si je n’étais pas là. Me sentant de trop, je te déposa le plateau sur la commode près de la porte et fis volte face prête à partir.

- Qui es-tu ?

- Pardon ?

- Qui es-tu ?

- En quoi mon identité t'ait utile ?

Je sentais ton regard peser sur moi, tu t’étais arrêté dans tes mouvements décontenancer par l’aplomb de ma voix.

Trop curieuse pour rester dos à toi sans voir ta tête, je me retournais et te vis les yeux dans le vague avec ton tee-shirt descendu jusqu’à la moitié de ton buste.

- J’aimerais savoir à qui j’ai à faire. Pourquoi m’aider ?

- Cela n’a plus d’importance maintenant. tu es réveillé et tu semble aller bien, claque la porte en sortant, ça devrait être suffisant jusqu’à ce que je revienne. J’avais clos de façon abrupte ton interrogatoire et me suis dépêchée de sortir de l’appartement, troublée par l’hostilité que tu avais montré depuis ton réveil, bien différent des peurs et des peines que tu m’avais montré durant ton sommeil. Tu avais semblé si fragile durant ta convalescence, en me rendant dans le café de l’autre côté de la rue, je me rendis compte que tu m’avais semble-t-il blessé. Mon subconscient avait sans doute pensé que tu me serais redevable et que tu allait me couvrir de remerciement pour avoir tant pris soin de toi, mais tout le monde sait bien que la réalité n’est pas toujours logique.

Lorsque le claquement d’une porte qui se ferme violemment retentit dans l’appartement, vous êtes revenu à la réalité et vous dépêchez de finir de vous rhabiller de vos vêtements. En les mettant vous vous rendez compte que vos vêtements ont été lavés et soigneusement repassés. Vous vous apprêtiez à partir de l’appartement lorsqu’en sortant de la chambre vous remarquez que c’est un tout petit appartement avec seulement une seule chambre. Vous décidez de faire le tour du propriétaire et voyez que je dormais sur le canapé qui semblait tellement usé que vous vous demandiez comment il pouvait encore être debout.

Alors que tu voulais t’avancer pour tester l’assise du canapé, tu marchas sur la queue d’un chat qui te siffla dessus tout en partant se cacher sous le fin drap mis en boule sur le sofa. En reculant pour libérer la queue de l’animal tu te pris la table et fit trembler le vase qui s’y trouvait en son centre. Un peu plus et il tombait par terre, tu laissa échapper un soupir de contentement en le remettant droit.

Ta curiosité assouvi, tu finis de mettre tes chaussures, claque la porte et parti tes écouteurs dans les oreilles et ton téléphone chargé à son maximum à ta grande surprise.

Les semaines passèrent sans qu’aucun de nous deux ne revit l’autre. La vie avait reprit son cours comme si rien ne s’était passer, jusqu’à ce que je te retrouve assis sur le perron de l’immeuble. Je m’accroupis juste en face de toi et te scrute durant quelques instants. De la buée sortait de ta bouche au rythme de ta respiration, le froid mordant de l’hiver avait commencé à bleuir tes lèvres charnues. Intriguée je m’accroupis devant toi, voir la réaction que tu aurais lorsque tu te rendrais compte que j’étais juste en face de toi, mais tu semblais assoupi. Dépitée, je me remis debout et te poussa du bout du pied.

Aucune réaction.

Je recommençais plus fortement et failli te pousser la tête la première sur le trottoir, je te rattrapa in extremis. Un petit rire sortit malgré moi de ma gorge lorsque je découvris que tu dormais à poing fermé et que de la bave avait coulé le long de la commissure de tes lèvres. Je te lâcha le temps d’ouvrir la porte et te traîna jusque dans le petit salon où je te laissai choir par terre. Et, sans plus m’inquiéter pour toi, je parti me faire à manger dans la cuisine.

Pendant ce temps, un être poilu vînt tranquillement s’asseoir sur ton torse pendant qu’un second venait ronronner à ton oreille. Te réveillant doucement par l’insistance du bourdonnement dans ton oreille, tu découvris que le poids sur ton torse était un chat en train de faire sa gymnastique de nettoyage corporelle juste devant ton nez, c’était assez répugnant de voir alors que tu émergeais à peine.

En regardant tout autour de toi, tout en demandant comment tu avais fais pour rentrer dans l’appartement tu te relevas, non sans peine, et te dirigeas vers la seule source réelle de lumière : la cuisine. Un filet de senteur s’échappa de l’entrebâillement de la porte, un mélange de poulet et de riz. Sans même me retourner, je te demandais de mettre la table en t’indiquant où se trouvait le tout.

Nous mangions comme si de rien n’était pourtant on ne se connaît pas, je te jetais quelques regards attendant que tu expliques de toi même pourquoi tu étais revenu vers moi, mais tout ce que tu arrivais à faire, c’était faire semblant de manger normalement. Je voyais bien que tu retenais, non sans peine, de ne pas gober toute la nourriture, alors sans même te prendre la peine de te questionner je te resservis beaucoup de riz et débarrassa la mienne. Lorsque tu entendis l’eau de la douche couler tu te goinfras jusqu’à avoir les yeux plus gros que le ventre.

En sortant de la salle de bain, je te voyais regarder les photos décorant la commode coupant l’entrée du salon, tu étais comme absorbé dans ta contemplation jusqu’à ce que tu réalise que j’étais là en me jetant un regard du coin de l’œil.

- Au départ, je comptais juste te remercier de m’avoir aider la dernière fois. -Dis-tu d’une seule traite, on aurait dit que tu t’étais répété à plusieurs reprise la phrase dans ta tête.- Ce n’est pas la première fois que je viens devant ton immeuble, j’ai pas fais exprès de m’endormir. On ne se connaît même pas et...

- Vous vous trompez, ce n’est pas la première fois que l’on se rencontre.

-Je ne comprend pas, dis-tu perplexe.

-Ce n’est pas la première fois que l’on se rencontre.

Perdu dans tes pensées, tu ne rendis pas compte que je m’étais avancé jusque dans le salon. Je t’oberservais te débattre avec tes souvenirs, tu étais presque sûr de ne m’avoir jamais vu avant la dernière fois.

- En es-tu certaine ? Me demanda-tu, quelque peu hésitant et toujours perdu dans les méandres de tes souvenirs ( un peu trop ) vagues à propos de ta vie parsemé de problèmes que tu n’avais jamais demandé.

Tu faisais parti de ces personnes rêvant d’un avenir meilleur mais qui étaient vite rappelé sur Terre. Pour toi, c’était à cause d’un père en prison pour divers délits plus ou moins grave et, d’une mère qui avait pour habitude d’avoir la main leste, de ramener différents hommes chaque soirs et de prendre toutes sortes de drogues qu’elle pouvait trouver. Tu avais très vite appris à ne compter que sur toi, les autres habitants du quartier te connaissaient bien, ils t’avaient aidés de temps à autres, te donnant à manger ou de vieux habits. Ça t’avais aidé à mieux passer des hivers, moins frigorifié. Mais, il faut dire ce qu’il en est : le vol d’objets en tous genre était très fructifiants aussi.

C’est sans doute mon immobilité et mon regard fixé sur toi qui te poussa à t’ouvrir et à me parler un peu plus de toi. Enfin, plus ou moins en tout cas. Tu restais vague sur pas mal de choses, je pense que tu éludais tout ce qui te faisais encore souffrir, ces souvenirs dont les cicatrices ornaient une grande partie de ton torse et ton dos. Ces profondes cicatrices ancrés dans ton âme et ton coeur, celles aussi profondes que les miennes.

J’ai fini par comprendre que tu ne pouvais pas dire grand chose sur ta vie sans que les autres ne te regarde avec les yeux empli de pitié car la vie s’était acharné sur toi alors que tu n’étais encore qu’un gosse. Alors, pour couper court à la souffrance qui ressurgissait en toi, tu décida d’expliquer les circonstances de la nuit où je t’avais retrouvé, gémissant dans ton sang. Le visage contre le macadam fissuré près des bennes à ordure bordant la ruelle menant à l’arrière de mon immeuble.

J’entendais au travers de ta voix que tu revivais douloureusement ce que tu me racontais. Ta voix était incisive et tu essayais qu’elle soit dénuée des émotions qui refluaient en toi.

-Ça faisait bientôt deux semaine qu’ils étaient à ma recherche. Menaçant à tout va ceux qui, autrefois n’avaient pas fait plus que de me jeter un regard. Jusqu’il y a peu, je pensais à un malheureux hasard, s’ils m’étaient tombé dessus au carrefour un peu plus loin. Je n’étais jamais venu squatter par ici, trop huppé pour qu’il y est des maisons ou appartement vide, tu vois. Mais avec les maisons qu’il y a dans ce coin de la ville, les annexes ou petit cabanon ne manque pas…

Un petit rire sans joie s’échappa d’entre tes lèvres alors que tu fuyais le plus possible mon regard. Tout en parlant tu avais fini par faire les cent pas devant le canapé. Et moi, je n’osais pas bouger ne serait-ce qu’un cil sous peine de te voir fuir. Tu ne t’en souviens pas mais moi je me rappellerais toujours de ton doux visage éclairé par les rayons de lumière filtrant par l’une des grandes fenêtres de la classe. C’était l’une des premières fois que je t’ai vu au lycée. Je ne sais pas exactement pourquoi ton visage m’avait autant marqué dans la marée de lycéen qu’il y avait, peut-être car tu faisais parti de ce groupe d’élève dont le lycée avait dû être fermé car il s’était en parti effondré.

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