CHAPITRE 46

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Sylvia se réveilla le lendemain matin dans le lit de Raphaël. Le jeune homme était déjà réveillé. Il était allongé sur le dos, les mains derrière la tête à fixer le plafond. Elle resta sans bouger à le regarder. Elle se demandait à quoi il pouvait bien penser. Est-ce qu’il regrettait pour hier soir et qu’il cherchait un moyen de se débarrasser d’elle ? Elle ferma les yeux, faisant croire qu’elle dormait encore et attendit qu’il se décide à quitter le lit. Quelques minutes plus tard, elle sentit le matelas bouger à côté d’elle, puis le bruit de la porte de la chambre. Elle ouvrit les yeux et laissa les larmes couler. Elle s’était encore une fois laissé aller à ses émotions et encore une fois elle était rejetée.

Elle se redressa et son regard se posa sur le radio-réveil. Il était 8 h 00. Elle se rappela d’un seul coup, qu’elle avait rendez-vous à l’agence immobilière pour la visite de plusieurs appartements. Elle se leva sans grande motivation et s’habilla. La configuration de l’appartement de Raphaël ne lui donnait pas d’autre choix que de passer devant la cuisine pour se rendre à l’extérieur. Elle prit une profonde inspiration afin de contrôler les larmes qui menaçaient à nouveau de couler, et quitta la chambre.

Raphaël était dans la cuisine, seulement vêtu de son short, en train de préparer le petit déjeuner. Son cœur se serra à la vue de cet homme à demi-nu, dont elle était tombée involontairement amoureuse et qu’elle devait se résoudre à ne plus revoir.

Elle essaya de se faire la plus discrète possible pour quitter l’appartement sans être obligé d’affronter Raphaël. Elle préférait partir avant qu’il ne lui demande de le faire. Elle était à mi-chemin vers la porte d’entrée lorsque Raphaël se retourna et la vit.

- « Salut ». Dit-il avec un grand sourire en s’avançant vers elle.

- « Euh salut ». Répondit-elle gênée.

- « Tu comptais filer en douce sans me dire au revoir ? » Dit-il en la prenant dans ses bras avant de l’embrasser.

Ce baiser la rassura. Il n’avait pas l’intention de la mettre à la porte. Elle sentit un énorme poids disparaitre de sa poitrine. Elle eut l’impression de pouvoir respirer à nouveau. Cette fois-ci ce furent des larmes de soulagements qui roulèrent sur ses joues sous le regard étonné de Raphaël.

- « Hey !!! Mais qu’est-ce qu’il se passe ? Pourquoi tu pleures ? »

- « Je suis heureuse. Je ne peux pas t’expliquer maintenant, j’ai un rendez-vous, mais plus tard quand tu seras prêt à entendre ce que j’ai à te dire ».

- « Tu m’inquiètes un peu là. Tu m’as caché des choses ? Tu es mariée ? Tu sors de prison ? Tu es une tueuse en série ? » Plaisanta-t-il.

- « Non, non rien de tout ça ne t’en fais pas. On en parlera plus tard, je n’ai pas le temps là ».

- « Ok, comme tu veux. On se voit ce soir ? Tu viens me rejoindre ici une fois que j’ai fini mon service ? »

- « Si tu en as envie, oui ».

- « Oui j’en ai très envie ».

- « Alors je serais là. A tout à l’heure ».

- « A tout à l’heure ». Dit-il en l’embrassant passionnément.

Sylvia quitta l’appartement de Raphaël et se rendit à l’agence immobilière où elle avait rendez-vous. L’agent immobilier avait prévu de lui montrer 3 appartements dans différents coins de la ville.

Aucun des 3 ne lui convenait. L’agent immobilier promis qu’il lui trouverait d’autres biens à visiter pour le mardi suivant. Ils prirent rendez-vous à la même heure. Elle passa chez Thierry pour prendre une douche et changer de vêtements. Elle se prépara un petit sac avec des vêtements de rechanges et sa trousse de toilette au cas où elle devait de nouveau passer la nuit chez Raphaël.

Sylvia déjeuna dans le même restaurant que d’habitude. Raphaël était occupé avec des clients lorsqu’elle arriva et ce fût une serveuse qui s’occupa d’elle. Le restaurant était plein, ils avaient beaucoup de travail. Le jeune homme n’eut pas le temps de venir la voir, il lui adressa juste des petits clins d’œil de temps en temps. Ça la rassura de voir qu’il ne la repoussait pas après la nuit qu’ils avaient passé ensemble.

Elle était à la caisse, à payer son repas lorsque le patron du restaurant demanda à lui parler. Elle fût très étonnée et s’inquiéta d’avoir fait quelque chose de mal. La serveuse la fit entrer dans un petit bureau à l’arrière du restaurant, prêt des cuisines. Le bureau était tellement petit qu’il y avait à peine la place pour 2 personnes. L’odeur de cigarette qui emplissait la pièce, la fit grimacer.

- « Bonjour Mademoiselle DE MONTFORT. J’ai demandé à vous voir suite à votre candidature pour le poste de serveuse ».

Ah mais oui c’est vrai ! Elle avait complètement oublié qu’elle avait postulé pour prendre le poste que Raphaël libérait.

- « J’ai lu attentivement votre CV. Vous n’avez pas beaucoup d’expérience. Quel était la capacité de la brasserie ou vous avez travaillé ? »

- « Elle était de 50 couverts et nous étions 2 serveuses. Je peux vous dire qu’on ne manquait pas de travail. Les services étaient plein presque tous les jours matin et soir ».

- « Pourquoi avez-vous quitté votre emploi ? »

- « Pour des raisons personnelles, j’ai dû quitter Brest et comme mon frère habite ici, j’ai eu envie de m’installer près de lui ».

- « D’accord ».

Le directeur lui posa encore quelques questions auxquelles elle répondit honnêtement. Il mit fin à l’entretien et la raccompagna jusqu’à la sortie en lui disant qu’il l’appellerait. Elle ne savait pas trop quoi penser de cet entretien. Elle n’était pas sûre d’avoir réussi à le convaincre. Ce n’était pas grave. Elle avait déposé d’autres CV ailleurs. Elle ne s’en faisait pas, elle trouverait bien une place.

Sylvia alla s’installer sur un banc du Parc des Mées pour lire. Elle avait besoin de se détendre après son entretien d’embauche. Elle était plongée dans son livre lorsqu’elle entendit une femme appeler :

- « Nicolas ! Nicolas descend de là ! »

Le cœur de la jeune femme s’était mis à battre plus fort en entendant le prénom du petit garçon. Elle regarda dans la direction de la mère et de son fils espérant que peut-être c’était le sien. Mais c’était impossible. Effectivement le petit garçon devait être âgé de 3 ou 4 ans alors que son Nicolas n’avait qu’un an. Son cœur se serra et une boule se format au fond de sa gorge. Même si elle avait accepté sa douleur et ce vide immense au fond de son cœur, par moment elle la submergeait sans prévenir et le seul moyen de l’apaiser était de la laisser s’évacuer à travers ses larmes. Elle se laissa aller à pleurer jusqu’à ce que ses larmes se tarissent d’elles-mêmes. Lorsqu’elle fût calmée, elle prit le chemin de l’appartement de Raphaël. Il devait être rentré du travail maintenant et il devait l’attendre. Sa bonne humeur et ses plaisanteries lui remontraient le moral.

Raphaël était rentré depuis plus de 30mn. Il espérait que Sylvia n’allait pas tarder à arriver. Elle lui avait terriblement manqué toute la journée et ce qu’elle lui avait dit ce matin concernant des révélations qu’elle avait à lui faire, l’intriguait beaucoup. Il sortait de la douche lorsque la sonnette de la porte retentie. Il enfila rapidement son short et se précipita pour ouvrir la porte, pieds nus avec sa serviette autour de la nuque. Il avait un sourire jusqu’aux oreilles lorsqu’il ouvrit la porte à Sylvia. La jeune femme se forçat à lui rendre son sourire, mais le cœur n’y était pas et Raphaël s’en aperçu aussitôt.

- « ça va ? »

- « Oui ».

Il passa son index sous le menton de la jeune femme pour l’obliger à relever la tête et à le regarder dans les yeux.

- « Tu as pleuré ! »

- « Oh ce n’est rien, juste un petit coup de cafard ».

- « Tu veux en parler ? »

- « Pas maintenant, un peu plus tard peut-être ».

- « Comme tu veux. Lorsque tu seras prête à me dire ce qui te rends si triste, je serais là pour t’écouter ».

- « Merci ». Dit-elle en lui adressant un sourire un peu plus convaincant que le précédent.

Elle le suivi jusque dans la cuisine. Il était incroyablement sexy seulement vêtu de son short et les cheveux encore humide en bataille. Elle le détailla des pieds à la tête en se mordant la lèvre inférieure. Elle avait terriblement envie de le toucher, de laisser se mains parcourir la peau nue de cet apollon. Il lui parlait, mais elle ne l’entendait pas, trop absorbée par sa contemplation.

- « Sylvia ? » Dit-il en se retournant et en la regardant avec un sourire taquin.

- « Euh oui ? »

- « Dis donc au lieu de te rincer l’œil, tu pourrais répondre à ma question ».

- « Arrête de te balader à moitié nu et d’être aussi sexy et je ne serais pas déconcentrée ».

- « Alors comme ça, la vue de ce corps magnifique te déconcentre ». Dit-il en se pavanant.

- « Et oui que veux-tu, je ne suis qu’une faible femme qui ne peut résister à ton sex-appeal ». Dit-elle en posant la main sur sa poitrine de façon théâtrale.

- « Ohh ? Comme ça tu es une faible femme vulnérable ? J’ai bien envie d’en profiter ».

- « Oh non pitié, pas ça ». Dit-elle en feignant d’être effrayée tandis que Raphaël la prenait dans ses bras et parcourait son cou de petits baisers.

Elle se mit à rire alors qu’il lui mordillait l’épaule. Leur jeu se mua rapidement en excitation et ils se retrouvèrent à faire l’amour sur le canapé.

Un peu plus tard, ils reposaient dans les bras l’un de l’autre enroulés dans une couverture toujours sur le canapé. Ils profitaient de cet instant de plénitude après l’amour. Raphaël caressait le bras de Sylvia. Il était toujours intrigué et inquiet par ce qui avait bien pu la faire pleurer plus tôt dans la journée. Il profita de cet instant de quiétude pour lui reposer la question.

- « Tu ne veux toujours pas me dire pourquoi tu as pleuré tout à l’heure ? »

Il la sentit se raidir contre lui, mais continua de lui caresser le bras et déposa un baiser dans ses cheveux. Elle paraissait réfléchir. Elle poussa un soupir, se redressa et le regarda tristement.

- « Je ne sais pas. J’ai peur que ton opinion vis-à-vis de moi change et que tu ne veuilles plus de moi ». Dit-elle en baissant les yeux sur ses mains.

Raphaël s’approcha d’elle et déposa un baiser sur sa joue.

- « Je t’aime Sylvia et quoi que tu ais à me dire sur ton passé, ça ne changera pas mes sentiments pour toi ». Dit-il doucement.

Elle leva ses yeux pleins de larmes vers lui et il lui caressa tendrement la joue.

- « D’accord. Je vais nous préparer une omelette et je te raconterais tout ».

Il hocha la tête et l’aida à retrouver ses vêtements qui avaient volé un peu partout dans le salon pendant leurs ébats. Ils se rhabillèrent et il mit la table pendant qu’elle leur préparait une omelette. Ils s’installèrent face à face et entamèrent leur repas.

- « Je ne sais pas trop par où commencer. Ma vie a été assez compliquée ces 2 dernières années ».

Raphaël la laissa rassembler ses idées et l’observa en silence. Sylvia se racla la gorge pour s’éclaircir la voix et dit :

- « J’ai un fils ».

Raphaël écarquilla les yeux, mais ne prononça pas un mot et la laissa continuer.

- « Il a un peu plus d’un an. J’étais mineure lorsqu’il est né. J’avais 17 ans et mes parents m’ont forcé à le faire adopter à sa naissance ». Dit-elle d’une voix étranglée.

Raphaël posa sa main sur la sienne et elle poursuivit sa révélation. Elle lui raconta toute l’histoire jusqu’aux raisons de son arrivée dans cette ville. Il l’écouta patiemment, sans l’interrompre toujours en lui tenant la main. Lorsqu’elle eut fini son récit, il se leva et la prit dans ses bras. Il la serra fort contre lui comme pour prendre un peu de sa peine.

- « Je suis désolé que tu es dû vivre tout ça. Je t’admire. Tu es tellement forte et belle. Je suis encore plus heureux que tu m’ais accordé ta confiance et que tu m’ais laissé entrer dans ta vie ».

Elle lui sourit à travers ses larmes et l’embrassa passionnément.

- « Sylvia, viens avec moi à Biarritz. Je t’aime et je ne veux pas te laisser ici toute seule ».

- « Je ne sais pas. Ça me fait peur, on ne se connait que depuis 2 semaines ».

- « Je ne te ferais aucun mal, chérie. Jamais, je te le promets. Je ne suis pas comme eux ».

- « Je ne peux pas, j’ai déposé un dossier pour trouver un appartement et j’ai postulé dans plusieurs restaurants de la ville. D’ailleurs j’ai eu un entretien avec ton patron ce midi ».

- « Alors comment ça s’est passé ? Tu es embauchée ? »

- « Il a dit qu’il me rappellerait. Je pense que je n’ai pas réussi l’entretien, mais je ne m’en fais pas je vais trouver un travail ».

- « Et tu as trouvé un appartement ? »

- « Non pas encore ».

- « Alors justement, rien ne te retiens ici, viens avec moi. Tu trouveras facilement une place à Biarritz et nous pourrions partager le même appartement ».

- « Je vais y réfléchir ».

- « D’accord, mais ne tarde pas trop, je pars dans 4 jours ». Dit-il en l’embrassant.

C’était vrai que finalement, rien ne la retenait à Blois. En même temps, elle ne connaissait Raphaël que depuis peu de temps et c’était peut-être de la folie, imprudent de partir avec lui. Et si jamais ils n’étaient pas faits pour vivre ensemble ? Et si jamais il la laissait tomber pour une autre fille, comme Lionel ? Et si jamais elle ne trouvait pas de travail ? Elle se posait énormément de questions auxquelles elle n’avait aucune réponse. Elle avait peur et en même temps, la perspective de ce déménagement l’excitait. Elle aimait Raphaël, même si elle n’arrivait pas encore à le lui dire. Elle se sentait bien avec lui et pour la première fois depuis longtemps, elle se sentait en paix grâce à lui.

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