CHAPITRE 47

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Sylvia avait passé la nuit chez Raphaël. Elle ne l’avait pas entendu se lever et partir travailler. Lorsqu’elle se réveilla, il était plus de 10 h 00. Elle s’étira paresseusement puis se leva et se rendit dans la cuisine. Sur la table de la cuisine, Raphaël avait dressé la table et lui avait préparé un bon petit déjeuner : une salade de fruits frais, des tartines de pain grillé et il avait rempli la bouilloire d’eau pour son thé. Il lui avait laissé un petit mot collé sur sa tasse. Elle le prit et un grand sourire se dessina sur son visage à mesure qu’elle le lisait :

« Mon amour,

Tu es tellement belle lorsque tu dors que je n’ai pas osé te réveiller.

Après la nuit que l’on a passée, tu dois sûrement mourir de faim.

Bon appétit.

Je t’aime.

Raph.

PS : ça pourrait être comme ça tous les matins si l’on vivait ensemble. »

Cette dernière phrase la fit un peu grimacer. Lorsqu’il a une idée en tête, il ne lâche rien. Une autre fille aurait trouvé son entêtement mignon, mais pas Sylvia. Elle n’aimait pas que l’on décide de sa vie à sa place et surtout pas qu’on lui force la main. Ce n’était peut-être pas l’intention de Raphaël, mais c’était comme ça qu’elle le percevait et ça l’énerva. Plus il insistait et moins elle avait envie de le suivre. Pour qui se prenait-il à vouloir décider à sa place d’où elle devait vivre, avec qui et ce qu’elle devait faire ? Son père avait trop décidé à sa place et elle ne laisserait plus personne le faire. Elle était désormais maîtresse de sa vie.

Elle ne toucha pas à son petit déjeuner, trop énervée. Elle prit ses affaires et quitta l’appartement de Raphaël en claquant la porte. Elle se rendit au Parc des Mées. Elle avait besoin de réfléchir et surtout de se calmer. Elle fit une longue balade dans les allées du parc. Pour le déjeuner elle se prit un sandwich au lieu d’aller manger au restaurant, comme tous les jours. Elle était trop en colère pour affronter Raphaël pour le moment et surtout elle ne voulait pas faire de scandale sur son lieu de travail. Elle resta tout l’après-midi au parc à regarder les enfants jouer et à réfléchir.

Raphaël s’était inquiété lorsqu’il ne l’avait pas vu au restaurant pour le déjeuner. Ça n’était jamais arrivé. Il avait d’abord pensé qu’elle avait préféré rester à son appartement ou qu’elle était rentrée chez son frère pour prendre ses affaires. Dès qu’il eu terminé son service, il s’était précipité chez lui, espérant l’y trouver. L’appartement était vide et il découvrit qu’elle n’avait pas touché au petit déjeuner qu’il lui avait préparé. Le mot qu’il lui avait laissé avait été froissé et jeté par terre, signe qu’elle l’avait lu et était en colère. Il se rendit dans la chambre, puis dans la salle de bain et découvrit qu’elle avait repris toutes ses affaires. Il était très inquiet à présent. Fou d’inquiétude, il se mit à faire les 100 pas dans l’appartement. Il essayait de réfléchir à ce qui avait bien pu se passer et surtout où elle avait bien pu aller. Pourquoi s’était-elle mise en colère en lisant son mot ? Qu’est-ce qui avait bien pu lui passer par la tête ? Il n’allait pas se pointer chez son frère tout de même ? Tout à coup il repensa qu’elle aimait énormément aller au Parc des Mées. Il sorti en trombe de son appartement et couru jusqu’au parc dont il arpenta les allées en courant. C’est ainsi qu’il la découvrit assise sur un banc sous le plus grand arbre du parc. Elle était là assise, les coudes posés sur ses jambes et la tête dans ses mains. Il s’approcha d’elle doucement pour ne pas l’effrayer et posa une main sur l’épaule de la jeune femme. Elle sursauta à ce contact et se tourna vers lui. Elle avait encore les yeux rougis de larmes, mais ce n’était pas de la tristesse qu’il lisait dans ses yeux, c’était de la colère. Elle se leva et lui fit face.

- « Qu’est-ce que tu fais ici ? » dit-elle sèchement.

- « Je te cherchais. Je me suis inquiété de ne pas te voir ce midi ». Dit-il doucement.

- « J’ai encore le droit de manger où je veux à ce que je sache ». Répondit-elle d’un ton coupant.

- « Euh ! oui bien sûr. C’est juste que tu n’avais jamais manqué un déjeuner au restaurant et que tu ne m’avais pas prévenu ».

- « Depuis quand je dois t’informer de tous mes faits et gestes. On n’est pas marié. Je suis libre ». Dit-elle avec hargne.

- « Ehhh ! Mais qu’est-ce qu’il t’arrive ? » Dit-il en essayant de la prendre dans ses bras pour l’apaiser.

Elle le repoussa et fit quelques pas en arrière pour s’éloigner de lui.

- « Chérie, dis-moi ce qui ne va pas ». Dit-il toujours aussi doucement.

- « Tu essais de me forcer la main pour que je te suive. Tu veux décider de ma vie à ma place ».

- « Mais non pas du tout, ma puce. Qu’est-ce qui te fait croire ça ?»

- « Tu m’as préparé mon petit déjeuner ce matin et puis ce mot que tu m’as laissé en espérant me convaincre. Je ne suis pas dupe, j’ai tout compris ».

- « Tu te trompes complètement, ma puce. Je n’ai jamais voulu te corrompre ou te forcer la main. J’ai juste voulu te montrer combien je t’aime en te préparant ce petit déjeuner. J’ai peut-être été maladroit dans le choix de mes mots et je m’en excuse. J’essayais seulement de te faire plaisir et te donner un aperçu de la vie que l’on pourrait avoir ensemble ».

- « Je ne t’ai même pas encore donné ma réponse que tu as déjà prévu notre vie à deux ? »

- « Mais non je n’ai rien prévu ». Dit-il exaspéré. « Je voulais te montrer que je pouvais t’offrir une belle vie, que je voulais prendre soin de toi… »

- « Tu me crois incapable de prendre ma vie en main ? » Le coupa-t-elle.

- « Mais non ce n’est pas ce que j’ai dit ». Souffla-t-il las.

- « En réalité tu es comme eux. Tu veux décider à ma place de ce qui te semble bon pour moi, mais je ne suis pas d’accord. Je suis la seule à décider de ma vie et de ce que je veux en faire. Tu n’as pas à décider à MA PLACE ». Cria-t-elle les joues baignées de larmes.

- « Sylvia, chérie, arrêtes ce n’est pas vrai. Je n’ai jamais voulu décider à ta place. Bien sûr que tu es libre de tes choix. Je m’excuse je n’ai pas choisi les bons mots. Pardonne-moi ma puce ». Dit-il en essayant de nouveau de la prendre dans ses bras.

Elle le repoussa une nouvelle fois.

- « Ma chérie, s’il te plait, ne fais pas ça. Ne t’éloigne pas de moi. Je ne suis pas ton ennemi, je ne suis pas comme eux. Je te l’ai déjà dit. Je ne veux que ton bonheur. Je veux être auprès de toi et te faire oublier tous ceux qui t’ont fait du mal. Je ne veux que te rendre heureuse. Je t’aime Sylvia ».

- « Je ne sais pas. Je ne sais plus. Raphaël, je ne sais plus où j’en suis. J’ai peur ».

- « Je comprends et si tu as besoin de temps et bien j’attendrais. Je t’aime tellement ma chérie ». Dit-il en la prenant dans ses bras.

Elle ne le repoussa pas cette fois et vint même se blottir contre son torse. Il poussa un profond soupir et posa sa tête contre celle de la jeune femme.

- « Moi aussi je t’aime Raphaël. J’ai juste besoin de temps pour faire le point. Je vais rester chez mon frère en attendant ».

- « Comme tu voudras. Prends tout le temps qu’il te faudra. Je dois partir vendredi soir juste après mon dernier service. Est-ce que tu viendras au moins me dire au revoir ? »

- « Je ne sais pas. Je ne peux rien te promettre ».

Raphaël la serra un peu plus fort contre lui et elle ne se déroba pas. Il avait le cœur brisé et il avait peur de ne plus jamais la revoir. Il l’aimait tellement qu’il avait l’impression de ne plus pouvoir respirer sans elle, mais il avait compris que s’il voulait avoir une chance de la revoir, qu’il devait la laisser partir et accepter ses conditions. Il refoula les larmes qui lui piquaient les yeux. Il plaça son index sous le menton de Sylvia et l’obligea à relever la tête pour le regarder dans les yeux. Il lu dans le regard de la jeune femme, toute sa peur, ses questions et tout son amour aussi. Il lui sourit et l’embrassa à en perdre haleine.

Sylvia avait mal, tellement mal de quitter Raphaël, mais une douleur encore plus profonde l’empêchait de le suivre : celle de son passé. Henry et Lionel l’avaient profondément marqué et ses plaies n’étaient pas encore suffisamment cicatrisées pour qu’elle puisse faire totalement confiance à Raphaël et le suivre aveuglément malgré tout l’amour qu’elle avait pour lui.

Elle s’écarta lentement, lui caressa la joue tout en lui lançant un regard désolé avant de lui tourner le dos et de partir.

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