CHAPITRE 43

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Raphaël l’attendait au bas de l’immeuble à 20h, comme prévu. Gentleman, il lui ouvrit la portière de la voiture. Ils roulèrent dans un silence un peu tendu, jusqu’au restaurant. Ni l’un, ni l’autre ne savait comment entamer la conversation.

Sylvia l’observait discrètement. Il avait coiffé ses cheveux bruns en brosse et avait mis du gel pour les faire tenir. La lumière des réverbères se reflétaient dans ses beaux yeux bleus. Il s’était rasé de près et sentais bon l’after-shave. Les petites mimiques qu’il faisait en conduisant, la faisaient rire. Il avait un visage très doux et très expressif. Ses lèvres bien dessinées donnaient envie de les goûter. Mais que lui arrivait-il ? Raphaël était certes un bel homme, mais il n’était qu’un copain, rien de plus. Elle tourna la tête vers sa vitre pour ne plus voir l’objet de sa tentation et apaiser le feu qu’elle sentait monter au creux de son ventre. Mais son regard revint inévitablement sur l’homme à ses côtés. Ses grandes mains fines devaient être si douce sur sa peau. Elle se mordit la lèvre inférieure en imaginant les mains de Raphaël parcourir son corps. Elle secoua la tête pour en chasser les images qui y venaient et essaya de se concentrer sur les lumières des magasins. Heureusement pour elle, ils arrivèrent rapidement au restaurant.

Raphaël trouva une place juste devant et se précipita pour lui ouvrir la porte. Elle le remercia d’un grand sourire. Le serveur les installa à une table dans un coin intime de la salle. Lorsque Sylvia retira son manteau, il fût ébloui par sa beauté. Sa robe mettait en valeur ses courbes généreuses et le jeune homme la déshabilla littéralement du regard. Il la complimenta et Sylvia vit à l’éclat de ses yeux, qu’il était sincère.

Ils rirent tous les deux de se retrouver à la place des clients alors que d’habitudes c’étaient eux qui faisaient le service. Ils se racontèrent leurs anecdotes les plus mémorables qu’ils avaient vécu au travail et rirent à en avoir mal au ventre. Sylvia adorait le rire de Raphaël. Elle aimait la façon qu’il avait de se mordre la lèvre inférieure lorsqu’il essayait de se retenir de rire. Elle aurait aimé la mordiller elle aussi. Le serveur qui apportait leurs plats, la tira de sa rêverie.

Raphaël lui parla ensuite du projet qu’il avait. Il déménageait dans 10 jours pour Biarritz. Il avait choisi de changer de vie. Il en avait marre du climat, de cette ville, des habitants, il avait besoin de changer d’air et d’environnement. Il avait choisi Biarritz pour le climat, la mer et parce qu’il pourrait travailler en tant que saisonnier et le reste du temps profiter de la vie.

La façon qu’il avait de présenter la vie là-bas faisait rêver. Elle qui justement n’avait pas envie de repartir pour Brest. Elle avait plutôt pensé s’installer à Blois, mais la vie que décrivait Raphaël la tentait beaucoup. Tout ce qu’elle possédait tenait dans le coffre de sa voiture, alors elle pouvait partir où elle voulait quand elle le voulait. La veille, elle avait envoyé sa lettre de démission à Christian. Elle le remerciait chaleureusement de lui avoir donné sa chance et de lui avoir tout appris du métier et elle lui avait expliqué qu’elle avait besoin de quitter la ville et les souvenirs qui s’y trouvaient pour réussir à se reconstruire. Pour le moment, elle allait chercher du travail ici et peut être que plus tard, elle ferait comme Raphaël et irait vivre au soleil.

Ils poursuivirent leur repas en parlant de leurs rêves, de leurs envies folles et moins folles. Ils rirent, se taquinèrent et plaisantèrent. Ils passaient une bonne soirée.

Raphaël ramena Sylvia chez son frère vers minuit. Il sortit de la voiture pour la raccompagner jusqu’à la porte d’entrée de l’immeuble. Ils se firent face, gênés.

- « Merci pour cette soirée Raphaël. J’ai passé un très bon moment ».

- « Merci à toi d’avoir accepté ».

- « Heyyy, je te rappel que c’était ton gage. Je n’allais pas laisser passer cette occasion ». Plaisanta-t-elle.

- « C’est vrai j’avais déjà oublié. J’aimerais t’inviter officiellement cette fois ».

- « Un rencart tu veux dire ? »

- « Oui c’est ça. Tu me plais beaucoup Sylvia et j’aimerais passer le plus de temps possible avec toi. Demain soir ça te dit ? »

- « Demain soir ça n’est pas possible. J’ai promis à mon frère de passer la soirée avec eux ».

- « Samedi soir alors ? On pourrait se faire un restau puis aller en boite de nuit ? »

- « Carrément. Je ne suis jamais sortie en boite de nuit ».

- « Tu vas adorer. Alors je passe te prendre à 20 h 00 ? »

- « Oui, ça me va ».

- « J’ai hâte d’y être ». Dit Raphaël en se rapprochant d’elle et en lui prenant les mains.

- « Moi aussi ». Répondit-elle en plongeant son regard dans les beaux yeux bleus du jeune homme.

Ils restèrent un moment sans bouger à se regarder dans les yeux, puis Raphaël se pencha vers elle. Elle retint sa respiration s’attendant à ce qu’il l’embrasse, mais il déposa un chaste baiser sur sa joue en murmurant « Bonne nuit ». Elle était un peu déçue et en même temps heureuse qu’il n’ait rien tenté car elle n’était pas sûre d’être prête à s’engager dans une relation. Elle rentra discrètement se coucher.

Lorsque Sylvia s’éveilla ce matin là, elle était pleine d’énergie et de motivation. Elle prit un rapide petit déjeuner avant de quitter l’appartement. Elle se rendit dans une agence immobilière pour trouver un appartement. Le conseiller prépara son dossier et regarda avec elle les biens qui pouvaient correspondre à ses critères. Ils organisèrent une journée de visite pour le mardi matin suivant.

Sylvia se rendit au restaurant où travaillait Raphaël, pour le déjeuner, comme à son habitude. Comme elle savait que le jeune homme quittait l’établissement, elle en profita pour tenter sa chance et déposa un CV.

- « J’espérais bien te voir aujourd’hui ». Dit Raphaël en l’installant à une table.

- « Ah bon pourquoi ? »

- « Parce que tu me manques ». Avoua-t-il.

- « On ne s’est quitté il n’y a que quelques heures pourtant ».

- « Oui, mais je suis devenu accroc ».

Elle baissa les yeux et rougit, gênée par cette déclaration. Raphaël lui tendit la carte et quitta sa table en lui faisant un clin d’œil. Elle était troublée par la révélation de Raphaël, même si elle s’en doutait. Elle était perdue. Elle n’avait pas envie de retomber dans le piège d’une relation, pour être de nouveau déçue et malheureuse comme avec Lionel. En même temps, elle éprouvait une grande attirance pour Raphaël et céderait bien à la tentation. Elle avait 18 ans, ça faisait 2 ans qu’elle n’avait pas eu d’histoire sentimentale et ses hormones étaient en ébullition. Elle était toujours à se débattre avec ses sentiments lorsque Raphaël revint à sa table pour prendre sa commande. Elle n’avait même pas étudié la carte. Elle choisit précipitamment une entrecôte avec une sauce au poivre et des frites.

Sylvia prit son temps pour déjeuner en observant les passants à travers la vitrine du restaurant. L’après-midi elle alla s’inscrire dans plusieurs agences d’intérim. Elle rentra à l’appartement vers 17h et prépara le diner. Elle avait promis à Thierry de passer la soirée avec eux. Elle voulait les chouchouter et leur prépara une tartiflette et une mousse au chocolat pour le dessert. Lorsqu’Hélène et Thierry rentrèrent du travail, ils furent accueillis par une bonne odeur de cuisine. Ils n’avaient plus qu’à se mettre les pieds sous la table.

Ils se régalèrent des bons petits plats que leur avait concocté Sylvia. L’ambiance était légère et détendue. Sylvia leur raconta tout ce qu’elle avait vu et visité durant ses 2 dernières semaines. Elle leur parla aussi de ses recherches d’appartement et de travail sur Blois.

- « ça ne vous ennuie pas de m’héberger juste le temps que je trouve un appartement ? » Demanda-t-elle.

- « Non bien sûr ». Répondit Hélène sans hésitation.

- « Par contre vous devriez récupérer votre chambre. Vous êtes chez vous et ça me gêne. Je peux très bien dormir sur le canapé, ça ne me dérange pas ».

- « D’accord, mais tu es sûre parce qu’on risque de te réveiller le matin ».

- « Ce n’est pas grave au contraire, il faut que je me lève tôt pour chercher un travail et un appartement ».

- « Très bien alors on réintègrera notre chambre demain soir, je n’ai pas envie de tout chambouler ce soir ».

- « Pas de soucis. Vous aurez tout le temps je dois sortir demain soir ».

- « Ah bon ? Encore avec ce Raphaël ? » Questionna Thierry tout à coup de mauvaise humeur.

- « Oui encore avec Raphaël. On va au restaurant puis en boite de nuit, alors je rentrerais très tard ».

- « Je trouve que tu sors trop avec ce garçon. Tu le connais depuis peu et tu passes tout ton temps avec lui ».

- « Et alors ? Il déménage dans peu de temps dans le Sud de la France alors. J’ai envie de passer le plus de temps possible avec lui avant son départ. C’est normal. Qu’est-ce qui te gêne là-dedans ? »

- « Ce qui me gêne c’est que tu sortes avec un garçon, voilà tout ».

- « Attends Titi, je suis majeure et responsable et… ». Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase que Thierry la coupait par un grand éclat de rire sarcastique.

- « Responsable ? Tu appelles ça responsable de tomber enceinte à 16 ans ? »

Sylvia eut l’impression de recevoir un grand coup de poing dans le ventre et eut le souffle coupé. Elle le croyait impartial, mais en fait lui aussi l’avait jugé sans vraiment connaitre tous les faits. Elle sentit les larmes lui monter aux yeux. Comment son grand frère qu’elle adorait, pouvait-il la juger ainsi et la trahir à son tour ?

- « Alors c’est comme ça que tu me vois en réalité ? Comme une pauvre écervelée assez idiote pour tomber enceinte involontairement du premier garçon venu ? Je m’étais complètement trompée sur toi. Je te prenais pour un héros. Je t’admirais. Tu étais mon pilier, mon repère, l’homme sur qui je pensais pouvoir toujours compter et tu viens de me planter un couteau dans le dos. Tu m’as trahi toi aussi ».

- « Et toi tu as trahi notre famille et salit notre nom ».

- « Thierry ! » Intervint Hélène en prenant Sylvia par les épaules pour la réconforter.

- « Je n’ai pas voulu tout ça ». Dit Sylvia en pleurant. « Comment peux-tu penser que j’ai volontairement voulu créer tout ça. Oui j’ai fait une erreur et je crois que je paie assez cher chaque jour en devant vivre sans mon bébé. C’est la pire des punitions qu’on pouvait m’infliger et j’essais de vivre avec cette douleur au fond de mon cœur et je commençais à y arriver. Et tu viens tout remuer pour quoi ? Pour une question d’égo ? Mais ça ne te concerne pas tout ça. C’est MA vie ».

- « ça ne me concerne pas ? Tu es ma petite sœur et tu dois faire ce que je te dis ».

- « Non mais tu t’entends ? On croirait entendre papa. Mais mon pauvre il faut évoluer un peu, on n’est plus au moyen âge et les femmes ne sont plus des objets. Je gère très bien ma vie toute seule, je n’ai besoin de personne. Je ferais ce que je veux, j’irais où je veux et surtout je verrais qui je veux ». Dit-elle en se levant de table pour se réfugier dans la chambre dont elle claqua la porte derrière elle.

Elle s’effondra en pleurs sur le lit, tellement déçue par son frère. Elle ne le croyait pas comme ça. Au lieu de l’affliger et de l’abattre, sa dispute avec Thierry lui avait donné la force et l’envie de leur montrer à tous qu’elle n’avait pas besoin d’eux et qu’elle pouvait mener sa vie comme elle l’entendait. Elle alla se coucher plus déterminée que jamais à trouver rapidement un emploi et à prendre son propre appartement pour leur montrer à tous de quoi elle était capable.

Elle entendit Hélène et Thierry qui se disputaient dans le salon. Elle avait de la peine pour sa belle-sœur qui devait vivre avec un homme aussi étroit d’esprit. Thierry était comme Henry et elle venait seulement de le découvrir.

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