CHAPITRE 40

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Sylvia passa quelques jours chez Marie. Lorsqu’elle fût prête, elle lui raconta son altercation avec ses parents. Elle ne voulait plus y retourner. Elle ne pouvait plus vivre avec eux. Marie lui proposa de s’installer chez elle, le temps qu’elle s’organise et elle accepta.

Elle se rendit au groupe de parole le lundi soir et leur parla de qui c’était passé quelques jours plus tôt. Elle avait besoin d’être rassurée, de se sentir comprise et soutenue et elle savait qu’elle trouverait ce qu’elle cherchait auprès du groupe et de Dr SERIEUX.

Comme à son habitude après la séance, elle alla diner dans un restaurant avec Yvonne. Cette dernière profita de cet instant d’intimité pour lui donner son sentiment en ce qui concernait la situation actuelle de la jeune femme.

- « Sylvia, je pense que tu as besoin de prendre du recul. Tout a été trop vite pour toi. Tu as été prise dans un tourbillon et tu t’es noyée. Je pense qu’il faudrait que tu t’éloignes quelques temps de tout ça pour te retrouver, te recentrer et faire le point sur ce que tu veux vraiment pour ton avenir. Peut-être devrais-tu prendre des vacances et partir loin d’ici quelques jours voire même quelques semaines ».

- « Oui tu as peut-être raison. C’est vrai que ces 2 dernières années ont été très mouvementées ».

- « Tu sais où tu pourrais aller ? ».

- « Peut-être chez mon frère, Thierry, à Blois. On a toujours été très proche et lui et sa femme ne m’ont jamais fait de reproches et ne m’ont jamais blâmé lorsqu’ils ont su pour ma grossesse ».

- « Voilà. Va passer quelques jours chez ton frère. Tu en profiteras pour visiter la ville, te reposer et faire le vide. Tu as besoin de t’éloigner un peu de cette ville et des souvenirs qui y sont rattachés ».

- « Il faut que je m’organise par rapport à mon travail, c’est la période creuse, je dois pouvoir prendre quelques jours de congés sans les mettre trop dans l’embarras. Merci de ton écoute et de ton aide Yvonne ».

- « Lorsque j’ai perdu mon fils, j’étais au fond du trou. Je pensais au suicide tellement la douleur qui m’enserrait le cœur était insupportable. Grâce d’abord au Dr SERIEUX, je ne suis pas passé à l’acte. Elle m’a ensuite aidé à accepter la mort de Matthieu et à accepter ma douleur. Le temps a aussi beaucoup joué dans mon processus de guérison, mais surtout je dois ma prise de conscience à une femme : Lucette. Lucette était la femme de ménage du Dr SERIEUX après avoir été sa patiente quelques années auparavant. Elle aussi avait perdu son fils, mais d’une longue maladie alors qu’il avait 38 ans. On a beaucoup parlé, beaucoup pleuré et surtout on a évoqué nos souvenirs sur nos enfants disparus. Qu’importe leur âge, perdre un enfant est la douleur la plus insupportable. Voir qu’elle avait réussi à faire son deuil et à surmonter la perte de son fils, m’a donné la force de me battre moi aussi et d’avancer dans la vie. C’est Lucette qui m’avait conseillé de m’éloigner un peu de tout ce qui pouvait me rappeler mon fils disparu. Je suis partie pendant 1 mois au tibet. J’avais toujours eu envie d’y aller et c’était le bon moment. J’ai beaucoup prié et je me suis beaucoup recueillit dans un temple hindouiste. J’ai déambulé dans les rues et de découvrir qu’il y avait des gens qui vivaient dans une telle misère, mais qui avaient l’air heureux m’a fait réfléchir sur mon propre sort. C’est là que j’ai décidé de m’investir à aider les plus démunis dès mon retour en France. J’ai trouvé une raison de vivre en devenant bénévole dans un centre d’accueil pour les sans-abris. Je suis en vie et je peux alléger la souffrance et donner un peu de bonheur à des personnes dans la misère et ça me fait du bien de me rendre utile. Tu es jeune, tu as toute la vie devant toi. Tu dois trouver au plus profond de toi ce que tu as réellement envie de faire et tu dois tout faire pour y arriver. Ne te mets aucunes limites, aucunes barrières et donne-toi à fond pour réaliser tes rêves ».

- « Tu as raison Yvonne. Merci, merci pour tout ».

Elles terminèrent leur repas et se quittèrent en se promettant de se donner régulièrement de leurs nouvelles.

Sylvia réfléchi une bonne partie de la nuit à sa discussion avec Yvonne. Elle pensa à l’organisation de son voyage, à son travail et à son itinéraire en voiture. Au matin, elle avait pris sa décision : elle irait passer 2 semaines chez Thierry et Hélène à Blois.

Lorsqu’elle arriva à la brasserie, elle alla directement voir Christian. Elle lui raconta toute l’histoire et lui demanda s’il était possible qu’elle prenne 2 semaines de congés. Christian fût très ému par sa confession et en même temps très impressionné par son courage et sa volonté. Durant tous ces mois, elle n’avait rien laissé paraître et s’était battue comme une lionne pour s’en sortir sans rien montrer.

On était en Avril et la saison touristique n’avait pas encore commencé alors il accorda à Sylvia les 2 semaines de congés qu’elle demandait. Elle ferait cette semaine et serait en congés le dimanche soir.

A sa pause de l’après-midi, elle se rendit chez ses parents. Elle savait qu’à cette heure-ci son père était au travail et que sa mère était chez le coiffeur. Elle monta dans sa chambre. Elle fourra dans 2 sacs une bonne partie de sa garde-robe et dans un carton tous ses trésors : le cadre photo en argent, l’édition originale de Roméo et Juliette, quelques photos et livres, son coffret à bijoux et quelques cassettes audio. Elle se rendit dans la salle de bain et y prit ses parfums préférés et ses produits de beauté. Elle mit le tout dans le coffre de sa voiture avant de se rendre chez Marie. Elle quitta la maison de ses parents sans un regard en arrière, sans un regret. Elle tournait cette page de sa vie.

Marie était rentrée du travail. Elle l’aida à vider son coffre et à tout déposer dans la chambre d’amis qu’occupait Sylvia.

- « Merci Marie de m’accueillir. J’ai l’impression de t’envahir ».

- « Mais non ne t’en fais pas. Tu es la bienvenue autant de temps que tu le voudras ».

- « Ne t’en fais pas je ne resterais pas longtemps. J’ai vu avec Christian et je vais prendre 2 semaines de congés à partir de dimanche. Je vais aller rendre visite à Thierry et Hélène à Blois. J’ai besoin de quitter un peu cette ville et de m’éloigner de mon passé pendant quelques temps. J’en ai besoin pour tourner la page et avancer dans ma vie. Lorsque je reviendrais, je trouverais un appartement et je me construirais ma nouvelle vie ».

- « Très bien. Tu as tout à fait raison. Ça va te faire beaucoup de bien ce voyage. Tu pourras revenir ici quand tu veux. Il y aura toujours une place pour toi dans notre famille ».

- « Merci Marie. Je ne sais pas ce que j’aurais fait sans toi ».

Sylvia serra très fort son amie dans ses bras, puis repartie prendre son service à la brasserie.

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