CHAPITRE 39

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Sylvia ouvrit les yeux et s’étira paresseusement. Puis elle réalisa « J’ai 18 ans !!!!!! ». Elle sauta de son lit et s’habilla en vitesse avant de descendre à la cuisine. Elle s’attendait à ce que toute la famille l’accueille joyeusement, mais il n’y avait personne dans la cuisine. Son petit déjeuner préféré l’attendait sur la table de la cuisine. Elle était déçue. Elle ne s’attendait pas à une grande fête, mais au moins à plus de chaleur et d’amour. Elle se sentie vraiment seule et triste.

Elle avala son petit déjeuner puis se rendit dans le salon. Louise était en train de préparer la table pour le repas de Noël et Thierry et Hélène était dans le canapé à lire. Lorsque Thierry la vit entrer il se leva et lui souhaita gaiement un « Joyeux Anniversaire rayon de Soleil » en la serrant dans ses bras. Hélène se leva à son tour avec son plus beau sourire et lui souhaita un joyeux anniversaire en lui tendant un petit paquet. Louise s’approcha et la prit timidement dans ses bras. Une fois que sa mère eut relâchée son étreinte, Sylvia ouvrit son paquet. C’était un porte-clé à l’effigie de St Christophe le patron et protecteur des voyageurs.

- « C’est pour te protéger lorsque tu voyageras au volant de ta propre voiture ». Précisa Hélène.

- « Merci beaucoup ». Répondit-elle avec un grand sourire.

Louise alla ouvrir une porte du buffet et en sorti un paquet décoré d’un joli nœud doré et le lui tendit.

- « Je vais peut-être attendre papa pour l’ouvrir ». Dit-elle pour être polie.

- « Non tu peux l’ouvrir, ton père est dans son atelier et tu le connais quand il est parti à bricoler, il n’aime pas être dérangé ».

Il était sûrement encore en colère qu’elle ait refusé d’aller à la messe de minuit la veille et il avait préféré aller bouder dans son atelier. ça ne la dérangeait pas, au contraire, elle préférait son absence plutôt que de devoir supporter sa mauvaise humeur et sa mine rageuse.

Elle ouvrit délicatement le paquet que venait de lui offrir Louise et y trouva un écrin rouge avec la marque d’une grande bijouterie. Elle l’ouvrit avec beaucoup de précaution et découvrit une magnifique montre. Le bracelet était en cuir blanc. Le cadran est composé de centaines de petits cristaux dans un boitier en acier de couleur doré rose. Elle était éblouissante. Sylvia remercia sa mère avec émotion.

Henry ne fit son apparition qu’une demie heure avant l’heure du repas. Il alla se laver les mains et se changer. Ils s’échangèrent leurs cadeaux de Noël puis passèrent à table pour déguster le copieux repas que leur avait préparé Louise. Henry ne souhaita même pas son anniversaire à sa fille et même si les relations entre eux étaient tendues, elle en fût très blessée.

Le lendemain, Sylvia retourna travailler alors que Thierry et Hélène prenaient la route pour une semaine au sport d’hiver. Les collègues de Sylvia lui souhaitèrent un joyeux anniversaire. Ils avaient fait une collecte et lui remirent une enveloppe contenant une belle somme. Elle fût très touchée et les remercia chaleureusement.

Les semaines qui suivirent, la jeune femme fût très occupée entre son travail et ses leçons de code, puis de conduite pour obtenir son permis de conduire. Elle voyait peu Angélique qui poursuivait ses études à l’université. Elles essayaient de se téléphoner le plus souvent possible.

Marie venait manger de temps à autre à la brasserie et elles se téléphonaient presque tous les jours. Sylvia voyait Yvonne toutes les semaines lors de la thérapie de groupe. Elles avaient pris l’habitude de diner ensemble ensuite. Sylvia avait réussi à retrouver un équilibre, mais n’en oubliait pas pour autant son fils vers qui se tournait chacune de ses pensées.

Début Mars, Sylvia passa l’épreuve du permis de conduire et l’obtint du premier coup. Elle était folle de joie. Un pas de plus vers la liberté. Elle se mit à rechercher une voiture pas trop chère mais en bon état, ainsi elle n’aurait plus besoin de compter sur personne pour ses déplacements et serait plus libre que de prendre les transports en commun. Elle trouva une peugeot 205 blanche qui n’avait que 35.000km. Hervé s’était proposé de l’accompagner. Il avait grandi dans le garage de son père et s’y connaissait très bien en mécanique. Il avait proposé à Sylvia de venir avec elle pour vérifier l’état de la voiture afin qu’elle ne retrouve pas avec des frais imprévus et très couteux. Hervé passa la voiture au peigne fin, l’essaya et réussi même à négocier une petite baisse de prix. Sylvia repartie fièrement au volant de sa toute première voiture.

Elle économisait désormais pour pouvoir s’acheter une petite maison. Elle se donnait encore un an, puis elle emprunterait à la banque l’argent qui lui manquerait pour son investissement immobilier. Elle faisait très attention à ses dépenses pour pouvoir mettre de côté un maximum d’argent afin d’emprunter très peu à la banque ce qui raccourcirait la durée de son crédit. Elle avait tout calculé, tout prévu.

C’était le 15 Mars, jour du 1er anniversaire de Nicolas. Sylvia y pensa dès qu’elle ouvrit les yeux ce matin-là. Ça faisait 1 an que son bébé lui manquait chaque jour. La douleur s’était un peu apaisée, mais aujourd’hui elle revenait encore plus forte. Elle eut un mal fou à se lever de son lit pour aller travailler. Elle se sentait vide, sans énergie et à fleur de peau.

Lorsqu’elle entra dans la cuisine pour prendre son petit déjeuner, Henry qui était en vacances, lisait son journal tandis que Louise faisait la vaisselle. Elle s’installa à table et se servit un verre de jus de fruits. Louise la sermonna :

- « Sylvia tu dois prendre un bon petit déjeuner sinon tu ne tiendras pas la matinée à travailler ».

- « Je n’ai pas faim ce matin ». Dit-elle lassivement.

- « Manges au moins une tartine ».

- « Je n’ai pas faim je te dis. Je te rappel que je travaille dans une brasserie, si j’ai un creux dans la matinée Paul me préparera un en-cas. Arrêtes d’être sur mon dos comme ça, je ne suis plus une petite fille ».

- « Sylvia ne parles pas comme ça à ta mère ». Gronda Henry.

- « Ouhhhh tu es de bien mauvaise humeur toi ce matin ». Commenta Louise.

S’en était trop pour Sylvia. Ça faisait des mois qu’elle contenait sa colère et ce matin c’était la goutte de trop. Elle ne parvint plus à se contenir et explosa :

- « Oui je suis de mauvaise humeur et il y a de quoi. Tu sais quel jour on est ? »

- « Bah oui on est mercredi ». Répondit Louise dans comprendre où elle voulait en venir.

- « On est le 15 mars ».

- « Oui et alors ? » Répondit Henry en haussant les épaules.

- « Aujourd’hui Nicolas a 1 an et je ne fêterais pas son premier anniversaire avec lui ». Dit-elle en essayant de maitriser sa colère.

- « Tu n’as pas fini de rabâcher cette histoire ? C’est du passé tout ça, oublie ». S’agaça Henry.

- « Oublier ? Non mais tu t’entends ? On croirait que tu parles d’un chaton ou d’un chiot que j’aurais abandonné sur le bord d’une route. C’est MON FILS que j’ai abandonné parce que TU m’y as forcé et tu voudrais que j’oublie. Je ne pourrais jamais l’oublier et jamais je ne te pardonnerais ce que tu m’as fait ».

- « Ce que je t’ai fait ? Elle est bien bonne celle-là. Ce n’est pas moi qui t’ai forcé à écarter les cuisses… »

- « Henry ! » S’offusqua Louise.

- « Je te rappel ma petite, que tu nous as forcé la main toi aussi en nous cachant ta grossesse pour éviter d’avorter et tu me reproches maintenant d’avoir pris la bonne décision pour toi. Tu n’es qu’une ingrate ». Persiffla-t-il.

- « La bonne décision pour toi, pas pour moi, ni pour Nicolas. Tu n’as pensé qu’à toi, qu’à ton confort, qu’à ta réputation parce que tu n’as pas la force de caractère pour supporter ce que tu aurais pu entendre dire au sujet de notre famille. Au lieu de nous protéger comme doit le faire un père, tu as préféré éliminer le problème. Tu n’es qu’un lâche, un égoïste et… »

Elle ne pu terminer sa phrase, la main d’Henry venant de s’abattre sur sa joue. Elle le fusilla du regard tandis qu’elle se passait la main sur sa joue douloureuse, mais elle était tellement en colère que cette gifle nourrit un peu plus le sentiment de haine qu’elle avait envers son père.

- « Encore une fois tu te comporte en tyran et tu n’acceptes pas que l’on te pointe du doigt la vérité. Tu pourras me frapper autant que tu veux, je ne me tairais plus. Je ne me laisserais plus faire et je ne t’obéirais plus. Tu m’as dit une fois que je n’étais plus ta fille et bien aujourd’hui c’est moi qui te renie en tant que père ». Dit-elle.

Elle quitta la cuisine laissant ses parents sans voix. Elle se prépara un sac avec quelques vêtements puis quitta la maison. Elle monta dans sa voiture et se rendit à la brasserie. Elle serait un peu en avance, mais ça n’était pas grave. Elle était tellement en colère que ça lui ferait du bien d’évacuer en frottant et en astiquant la brasserie.

Christian s’étonna de la voir arriver si tôt. Elle lui répondit brièvement qu’elle venait d’avoir une grosse dispute avec ses parents et qu’il était préférable qu’elle évacue sa colère en faisant le ménage plutôt que sur les clients. A son attitude et au ton de sa voix, Christian compris qu’il valait mieux la laisser tranquillement se calmer et ne lui posa pas plus de questions. Elle nettoya, astiqua et récura de fond en comble toute la salle de restaurant. Christian avait discrètement prévenu ses autres employés de ne pas intervenir et de la laisser faire. La colère de Sylvia était presque totalement retombée lorsque les premiers clients arrivèrent. Elle ne laissa rien paraître et effectua son service en souriant comme à son habitude.

A sa pause, Sylvia téléphona à Marie pour savoir si elle pouvait l’héberger pour la nuit. Marie accepta sans poser plus de questions. Elle savait que ça arriverait un jour où l’autre. Elle savait qu’à un moment donné, la jeune femme claquerait la porte de chez ses parents sur un coup de colère. Elle était contente que Sylvia lui téléphone et vienne ses réfugier chez elle au lieu de partir n’importe où seule.

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