CHAPITRE 38

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Sylvia était retournée chez ses parents et avait repris son travail à la brasserie. Elle n’avait pas signé le bail pour l’appartement et avait dû annuler la nourrice. Elle suivait une thérapie avec de Dr SERIEUX, qui l’aidait à surmonter sa dépression. Au bout de quelques semaines, le Dr SERIEUX lui avait proposé de participer à une thérapie de groupe. Elle pensait que d’entendre les histoires des autres patients et de voir comment ils s’en sortaient après les évènements tragiques qui leurs étaient arrivés, Sylvia gagnerait en confiance en elle et se battrait encore plus fort pour remonter la pente. La jeune femme avait refusé à plusieurs reprises avant de se laisser enfin convaincre d’y aller au moins une fois.

Sylvia se rendit le lundi soir au groupe de parole animé par le Dr SERIEUX. Elle était déjà rassurée que le thérapeute ne soit pas un inconnu. La séance se passait dans une grande salle dans les locaux du Dr SERIEUX. La pièce devait être une salle de réunion ou de conférence, avec des murs saumon et une moquette beige au sol. Sur tout un pan de mur était accroché un grand tableau blanc. Les tables et les chaises étaient empilées au fond de la salle sauf 12 chaises placées en cercle au milieu de la pièce. Près de la porte il y avait 2 tables sur lesquelles étaient disposées des boissons et diverses choses à grignoter.

Lorsqu’elle arriva, elle fût accueillie par le Dr SERIEUX qui l’invita à aller prendre une boisson sur la table prévue à cet effet. Elle alla prendre un jus de fruit et observa les personnes qui arrivait au compte-goutte. Des hommes et des femmes de tous âges et de tous milieux vu leurs vêtements. Elle souriait et répondait timidement à leurs salutations. Le Dr SERIEUX les invita à prendre place sur les chaises et demanda à Sylvia de se placer juste à sa droite.

Le Dr SERIEUX lança la séance en demandant si quelqu’un voulait prendre la parole. Un homme d’une quarantaine d’année en costume, leva la main pour dire qu’il avait reçu une bonne nouvelle la semaine précédente et la partagea avec le groupe qui le félicita ensuite joyeusement. Les témoignages s’enchainèrent. Parfois la personne avait une bonne nouvelle, comme l’homme précédemment et parfois elle retombait dans la dépression et ne voyait plus le bout du tunnel. Le groupe réagissait toujours de manière positive, compatissante et encourageante. Les évènements tragiques que ces personnes avaient vécus, avaient créé entre eux un lien très spécial. Ils étaient solidaires, unis et prévenants les uns avec les autres. Sylvia les écouta et les observa avec attention. Elle pleura, ria, félicita, bref elle vivait à fond leurs histoires.

Le Dr SERIEUX se tourna vers elle et lui demanda si elle voulait prendre la parole. Si elle ne voulait pas encore parler d’elle, au moins se présenter. Sylvia se racla la gorge avant de prendre la parole. Elle se présenta, parla de ses études, de son travail et sans vraiment le vouloir fini par parler de son histoire avec Lionel et de l’adoption forcée de Nicolas. Elle parla sans retenue ni honte et une fois son récit terminé, elle s’aperçu que le poids qui oppressait continuellement sa poitrine, s’était estompé. Le Dr SERIEUX la remercia d’avoir partagé son histoire avec le groupe et clôtura la séance en les invitant à aller prendre un rafraîchissement et à grignoter un morceau.

Le Dr SERIEUX vint discuter un peu avec elle et récolter ses impressions et son ressentis sur cette séance. Sylvia devait avouer que c’était différent de ceux à quoi elle s’attendait. Elle s’était sentie tout de suite à l’aise et ça lui avait fait énormément de bien de parler de son histoire sans peur d’être jugée. Surtout ça l’avait réconforté de voir qu’elle n’était pas la seule à souffrir et à vivre une période extrêmement difficile et qu’il était possible de s’en sortir. Elle décida de venir régulièrement à ces séances.

Les semaines suivantes, Sylvia alla régulièrement aux séances de thérapie de groupe. Elle s’était liée d’amitié avec quelques patients du Dr SERIEUX dont une femme d’une cinquantaine d’année : Yvonne. Yvonne était une grande femme brune, élancée et au visage marqué par le soleil à cause de son travail d’agricultrice Elle était la patiente du Dr SERIEUX depuis 2 ans suite au suicide de son fils. Le fait qu’elles aient toutes les 2 perdu leur fils, même si ça n’était pas de la même façon ni au même âge, les avait forcément rapprochés. Les conseils et l’expérience d’Yvonne couplé aux séances avec le Dr SERIEUX, permirent à Sylvia de sortir de sa dépression et d’envisager son avenir sous un autre angle.

Début Décembre Christian donna son nouveau planning à Sylvia. Il y aurait beaucoup de travail au moment des fêtes de fin d’année. Pour le réveillon de Noël, la brasserie fera traiteur et proposera des repas de Noël à emporter, à différents tarifs. Les clients devront venir retirer leur commande dans la journée. Ils pourront tous passer le réveillon et le jour de Noël en famille. Pour le réveillon de la Saint Sylvestre, la brasserie serait ouverte et Christian avait prévu d’organiser une soirée spéciale.

Sylvia profita de ses heures de pause pour faire ses achats de Noël. Elle avait un travail et cette année elle pouvait faire de plus beaux cadeaux à ses proches. Elle avait envie de se faire plaisir en leur faisant plaisir. Elle trouva pour ses parents, un magnifique édredon dont les couleurs s’accorderaient très bien avec le décor de leur chambre. Pour son frère et sa belle-sœur, elle leur réserva une semaine pour visiter les châteaux de la Loire. Pour Angélique, elle acheta un billet pour le concert de son chanteur préféré : Mickael Jackson. Elle craqua sur une paire de boucles d’oreille en or et saphir pour Marie. Même si elle ne connaissait Yvonne que depuis très peu de temps, elle avait déjà une place spéciale dans son cœur et c’est pour cette raison qu’elle lui acheta une belle écharpe. Enfin elle termina ses achats par des boîtes de chocolat pour ses collègues de travail et pour le Dr SERIEUX.

Comme l’année précédente, Thierry et Hélène virent passer les fêtes de Noël chez Henry et Louise. Sylvia était contente de les voir. Elle ne les avait pas beaucoup vu lors de leur retour de voyage l’été dernier, vu qu’elle travaillait dur à la brasserie.

Lorsqu’elle rentra de son travail, son frère et sa belle-sœur étaient déjà arrivés. Dès qu’elle franchit la porte d’entrée, elle se précipita dans le salon et sauta au cou de son frère qui la fit tournoyer dans les airs. Ils étaient heureux de se revoir, comme à chaque fois.

Le lendemain, 24 Décembre, Sylvia se leva de bonne heure pour profiter un peu de son frère avant de partir travailler. La journée allait être longue et ce soir c’était le réveillon, mais Sylvia était en forme. Elle n’eut pas une minute de repos jusqu’à 19h. Les commandes s’étaient enchainées et la brasserie n’avait pas désempli entre les clients qui venaient chercher leurs repas de réveillons et ceux qui avaient l’habitude d’y déjeuner le midi. Elle rentra chez ses parents à 19h30 et se précipita sous la douche. Elle enfila une petite robe noire moulante à manches longues et col en dentelle qui lui arrivait juste au-dessus du genou. Elle enfila une paire de bottes noires et attacha ses cheveux en un chignon strict. Son collier fétiche autour du cou, un peu de parfum et elle était prête. Elle rejoignit le reste de la famille dans la salle à manger.

Le repas du réveillon de Noël se passa bien. Sylvia passa une grande partie de la soirée à discuter avec Hélène, ignorant presque totalement la présence de ses parents. Lorsqu’ils se levèrent pour se rendre à la messe de minuit, Sylvia prétexta être trop fatiguée pour y aller. Henry protesta, mais Thierry vint à son secours et leur père n’insista pas plus. Il était hors de question qu’elle se rende à la messe de minuit. Henry l’en avait empêché l’année précédente prétextant qu’une fille impure comme elle n’avait rien à faire dans la maison du seigneur et cette année il faisait comme si cet épisode n’avait jamais existé et exigeait sa présence ! Non mais il n’était vraiment pas net. De plus elle avait cessé de croire en Dieu alors elle n’allait pas jouer les hypocrites et se rendre dans un lieu de culte juste pour faire plaisir à ses parents. Si Dieu existait, il n’aurait pas permis qu’une mère soit séparée de son enfant. Il n’aurait pas permis qu’elle souffre autant qu’elle souffrait depuis des mois. Si les paroles que prêchaient le prêtre sur le pardon était vraies, Dieu lui aurait pardonné et n’aurait pas accepté qu’on lui prenne son bébé. Non si Dieu existait, il n’aurait pas permis tout ça, donc elle en avait conclu que Dieu n’existait pas. Elle n’avait plus envie de prier inutilement et de remercier un Dieu qui n’avait rien fait pour elle.

Sylvia alla se coucher sans attendre le retour du reste de la famille de la messe de minuit. Elle avait besoin de repos de toute façon. Demain c’était un grand jour. Un jour qu’elle attendait depuis très longtemps : elle aurait 18 ans. L’âge de la majorité, l’âge de pouvoir faire tout ce qu’elle veut sans limite de ses parents, l’âge de l’indépendance totale, bref la liberté. Son père ne pourrait plus rien lui interdire et ne pourrait plus décider à sa place ou interférer dans sa vie. Elle était en train de passer son permis de conduire et dans quelques semaines elle serait également libre de se déplacer où elle voudrait, quand elle le voudrait. Cette nouvelle étape dans sa vie lui donna un nouveau souffle et la reboosta. Elle s’endormi la poitrine gonflée d’espoir.

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