CHAPITRE 36

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Louise et Henry avaient félicité leur fille pour l’obtention de son diplôme du baccalauréat, mais sans plus de chaleur ni d’enthousiasme. Sylvia s’y attendait et n’en fût pas trop touchée. Au contraire, elle aurait été très mal à l’aise s’ils s’étaient montrés plus enjoués.

Sylvia et Angélique avaient fêté la réussite à leur examen chez la mère d’Angélique. Elles avaient invité quelques amies qui avaient elles aussi obtenues leur diplôme et passèrent toute la nuit à danser, à chanter, à faire la fête comme des folles. Cette soirée avait fait un grand bien à Sylvia qui pendant quelques heures put tout oublier et ne penser qu’à être une jeune femme comme les autres.

Sylvia passa son été à travailler à la brasserie de Christian. Elle était devenue aussi rapide et efficace que Martine. Son sourire et sa bonne humeur avaient séduit les clients et apporté de la fraîcheur et de la légèreté dans la brasserie. Même si l’ambiance était déjà bonne et que l’équipe s’entendait bien, l’arrivée de Sylvia leur avait apportée une bouffée d’air frais. Elle était un vrai rayon de soleil.

Pourtant Christian n’aurait pas su dire pourquoi, mais il décelait comme une lueur de tristesse permanente, dans les yeux de la jeune femme. Comme si elle avait vécu un drame qui l’avait profondément marqué. Il ne lui posa aucune question et ne le ferait pas sauf s’il sentait que c’était vraiment nécessaire.

Fin Août Sylvia n’avait toujours pas trouvé d’emploi fixe. Elle était vraiment très inquiète et il ne lui restait que très peu de temps pour pouvoir revenir sur sa décision de proposer son fils à l’adoption.

Un après-midi, alors qu’elle était en train de nettoyer la salle, elle entendit Christian et Paul discuter.

- « Tu as vu les chiffres ce mois-ci encore ? » disait Christian.

- « Oui. Je n’aurais jamais imaginé que l’on aurait un tel succès. C’est beaucoup plus que ce que l’on avait prévu ». Répondit Paul.

- « Oui et même pendant la saison creuse, l’année passée, on a battu des records. On va être obligé de recruter à temps plein sinon on ne s’en sortira pas ». Dit Christian pensif.

- « Bernard a fini son école. Il a fait tous ses stages avec nous et travaille très bien. Je propose qu’on l’embauche pour m’épauler en cuisine ».

- « Je suis d’accord avec toi. Bon maintenant il va falloir que je passe une annonce pour recruter une serveuse ».

Paul hocha la tête positivement. Sylvia se dit que c’était peut-être sa chance et s’approcha.

- « Excusez-moi, je ne voulais pas être indiscrète, mais je vous ai bien entendu dire que vous vouliez recruter une serveuse à temps plein ? ».

- « Oui, en effet ».

- « J’aimerais postuler pour cette place ». S’empressa-t-elle de dire.

- « Sylvia, on a besoin de quelqu’un pour toute la semaine, pas juste le week-end et avec tes cours ça ne sera pas possible ». Répondit Christian.

- « Je ne reprends pas les cours à la rentrée ». Dit-elle en baissant la tête. « Je vous ai menti. Je n’ai jamais eu l’intention de poursuivre mes études. J’avais tellement besoin de travailler. Je pensais pouvoir trouver un travail fixe à partir de Septembre, mais tous les postes auxquels j’ai postulé, ont trouvé preneur. J’ai vraiment besoin d’un travail ».

- « Je ne sais pas ». Dit Christian pensif.

- « J’ai pourtant fait du bon travail, il me semble. Je suis devenue aussi rapide et efficace que Martine qui a des années d’expériences, je suis toujours à l’heure, je ne me plaints jamais et je ne rechigne pas à faire des heures s’il y a besoin ».

- « Oh mais je ne me plaints pas de ton travail. Tu m’as même impressionné, c’est juste que j’aimerais savoir si tu es bien sûre de ton choix ? »

- « Plus que sûre. Si je veux récupérer la garde de mon fils, il me faut cet emploi ».

Elle avait hésité à faire cet aveu, mais avait quand même révélé ses vraies motivations afin d’espérer les émouvoir et obtenir cette place.

- « Tu as un enfant ? » Dit Paul en ouvrant de grands yeux. « Tu es si jeune ! »

- « C’est une longue histoire. Alors ? J’ai la place ? » Demanda-t-elle pleine d’espoir.

Paul et Christian se fixèrent droit dans les yeux pendant quelques secondes qui parurent une éternité à Sylvia. Ils se firent un signe de tête puis Christian se tourna vers elle.

- « C’est bon, on tu as la place ». Annonça-t-il.

- « Ohhhh merci, merci, merci. Vous ne pouvez pas savoir à quel point c’est important pour moi ». Dit-elle en se jetant à leur cou pour les embrasser.

Les 2 hommes furent surpris et amusés par son geste. Sylvia tapait des mains et sautait partout. Enfin la roue tournait en sa faveur. Dès qu’elle aurait son contrat en main elle pourrait se rendre à l’agence d’adoption pour revenir sur sa décision et elle ferait la demande pour récupérer la garde de son bébé. Son sourire béat ne quitta pas son visage de toute la fin de la journée.

Deux jours plus tard, Christian faisait signer un CDI à Sylvia. Elle était aux anges. Elle avait un travail avec un salaire correct et elle avait commencé à chercher un appartement. Elle téléphona pour prendre un rendez-vous avec Mme LENFANT, la directrice de l’agence d’adoption et en obtint un 8 jours plus tard.

Dès qu’elle avait su pour son contrat, Sylvia était passée voir Marie à l’hôpital, pour lui annoncer la bonne nouvelle. La sage-femme qui était devenue son amie, était très heureuse pour elle et elle était soulagée que les choses s’arrangent aussi bien pour la jeune femme. Elle méritait d’être heureuse. Sylvia lui demanda si elle voulait bien l’accompagner à son rendez-vous avec Mme LENFANT et Marie accepta. Elles convinrent que Marie passerait la prendre à la brasserie à la fin de son service du midi. Sylvia ne tenait pas en place tellement elle était impatiente de revoir son tout petit bébé.

Sylvia trépignait d’impatience devant la porte de la brasserie, en attendant l’arrivée de Marie. Elle avait eu du mal à se concentrer sur le service du midi, tellement elle avait hâte d’être à son rendez-vous à l’agence d’adoption. Marie arriva pile à l’heure et Sylvia se dépêcha de monter dans la voiture. Elles bavardèrent d’un ton léger pendant les 15mn de trajet jusqu’à l’agence d’adoption. Dans la salle d’attente, Sylvia faisait les 100 pas, incapable de tenir en place sur sa chaise. Marie la regardait s’agiter et tenta de l’apaiser, mais rien n’y fit.

- « Melle DE MONTFORT, bonjour ». Dit Mme LENFANT en la voyant entrer dans son bureau.

- « Bonjour Madame ». Répondit poliment Sylvia. « Je vous présente Marie, une très bonne amie ».

- « Installez-vous. Que me vaut votre visite ? »

- « J’aimerais revenir sur le contrat par lequel je propose mon fils à l’adoption. Vous m’aviez dit que c’était possible ».

- « Oui tout à fait. Attendez juste un petit moment que je regarde votre dossier ».

Mme LENFANT ouvrit le dossier de Sylvia et l’étudia pendant quelques minutes. Sylvia était au comble de l’angoisse. Elle se mordait l’intérieur de la joue et se tordait les doigts dans tous les sens. Elle observait le visage de la directrice et essaya de deviner ce à quoi elle pouvait penser, mais n’y parvint pas. Mme LENFANT prit un calendrier sur son bureau, compta puis se racla la gorge avant de parler :

- « Melle DE MONFORT, je suis désolée mais vous ne pouvez pas récupérer la garde de votre fils ».

- « Comment ça ? » répondit Sylvia abasourdie. « Attendez j’ai un travail, je signe un bail pour un appartement la semaine prochaine, j’ai trouvé une nourrice pour garder Nicolas le temps que je serais au travail. J’ai tout fait correctement. Pourquoi je ne peux pas le récupérer ? » Dit-elle les larmes aux yeux.

- « Vous êtes hors délais ».

- « Hors délais ? Mais vous m’aviez dit que j’avais 6 mois pour revenir sur ma décision et Nicolas aura 6 mois dans 2 semaines. »

- « Vous aviez bien 6 mois, oui, mais à partir du moment où vous avez signé le contrat. Le délai à expiré il y a 1 semaine ».

Sylvia n’en croyait pas ses oreilles. Elle fût prise d’un vertige et crû qu’elle allait s’évanouir. Marie prit la parole :

- « Et vous ne pouvez pas faire une exception ? Vous voyez bien qu’elle s’est démenée pour obtenir son bac, trouver un emploi stable, elle a mis de l’argent de côté, elle a trouvé un appartement dans un quartier correct et calme et elle à même trouvé un moyen de garde pour son fils pendant qu’elle serait au travail. Vous voyez bien qu’elle est de bonne foi et qu’elle fait tout comme il faut. Alors s’il vous plait, vous pouvez bien faire une exception ».

- « Je comprends tout à fait votre position et ça m’attriste d’avoir à vous annoncer une si mauvaise nouvelle, mais je ne peux rien faire. Je suis désolée. Désormais l’enfant est dans sa nouvelle famille. L’adoption a été finalisée et il est officiellement devenu leur fils. On ne peut plus revenir en arrière. »

Sylvia s’effondra en larmes. Elle n’arrivait pas à y croire. Tout était fini. Elle avait fait tout ça pour rien. Marie la pris dans ses bras et elles quittèrent l’agence d’adoption. Sylvia était dans un état second. Elle était dans le même état que le jour où son fils lui avait été enlevé après sa naissance à la maternité. Elle pleurait en silence et ne réagissait plus à ce qui l’entourait. Marie s’arrêta quelques minutes devant la brasserie où travaillait la jeune femme pour prévenir son patron qu’elle ne pourrait pas assurer le service du soir. Elle ne donna pas plus d’explications, elle ne savait pas s’il était au courant pour Nicolas. Marie décida de garder Sylvia chez elle pour la nuit. Elle voulait la surveiller ce soir et cette nuit. Elle ne pouvait pas l’abandonner dans cet état. Elle avait besoin d’elle.

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