CHAPITRE 34

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Sylvia pouvait rentrer chez elle. Louise n’était pas revenue la voir, alors elle demanda à une infirmière de la prévenir afin que sa mère vienne la chercher à sa sortie de la maternité. Elle n’avait pas d’autre choix que de retourner vivre chez ses parents. Elle n’avait pas d’autre endroit où aller et si elle voulait atteindre son but, si elle voulait récupérer son fils avant la mi-Septembre, elle allait devoir prendre sur elle et supporter leur présence.

Elle était en train de ranger ses affaires dans son sac lorsque Marie entra dans la chambre.

- « Bonjour Sylvia ».

- « Bonjour Marie ».

- « J’ai appris que tu rentrais chez tes parents ».

- « Oui. Je n’ai pas le choix. Si je veux décrocher mon bac en juin et trouver un travail pour pouvoir récupérer mon fils en Septembre, je dois faire ce sacrifice de vivre avec eux ».

- « Je comprends. Si tu as besoin de quoi que se soit, n’hésites pas à m’appeler ». Dit-elle en lui tendant un petit bout de papier sur lequel était inscrit son numéro de téléphone.

- « Merci Marie. Sans toi, je n’aurais jamais tenue le coup ». Dit-elle en la serrant fort dans ses bras.

- « Donnes moi de tes nouvelles de temps en temps ».

- « Oui. Promis. Je ne pourrais jamais t’oublier ».

- « Moi non plus ma chérie ».

Elles furent interrompues par des petits coups frappés à la porte. Sylvia donna l’autorisation d’entrer. C’était Louise qui venait chercher Sylvia pour la reconduire à la maison. Marie la serra une dernière fois dans ses bras, puis partie reprendre son travail. Sylvia prit son sac et suivie sa mère jusqu’à la voiture.

La jeune femme garda la tête tournée vers la vitre durant tout le trajet qui la ramenait chez ses parents, sans adresser une seule fois la parole à sa mère. Une fois à destination, elle prit son sac et monta directement dans sa chambre. Elle jeta son sac au sol. Elle s’allongea sur son lit, sur le dos et fixa le plafond. Elle ne savait pas combien de temps elle était restée comme ça à se repasser dans sa tête, le film des jours précédents. Tout à coup elle repensa au petit sachet qui contenait la mèche de cheveux de son fils et qu’elle avait précieusement rangé dans son petit carnet. Elle fouilla dans son sac à la recherche de son trésor. Elle le trouva bien là où elle l’avait laissé la dernière fois. Elle se dirigea vers sa boîte à bijoux et en sorti le collier que sa mère lui avait offert pour son anniversaire. Elle ouvrit le pendentif en forme de cœur, prit la mèche de cheveux de son bébé et la glissa à l’intérieur. Ainsi, une partie de son fils serait toujours avec elle, au plus près de son cœur se dit-elle en attachant le collier autour de son cou.

Sylvia se plongea à fond dans ses cours. Elle devait rattraper ses quelques jours de retard et elle se donnait à fond pour obtenir son bac. Elle se moquait d’obtenir une mention, même si c’était une fierté d’en décrocher une. Tout ce qu’elle voulait c’était obtenir son diplôme, pour pouvoir quitter le lycée et trouver un emploi au plus vite.

Elle était complètement déroutée par le comportement de ses parents avec elle. Ils faisaient comme si les mois qui venaient de passer n’avaient jamais existés. Ils mangeaient tous les 3 ensemble, à la même table. Henry lui demandait comment se passait ses études. Louise lui rapportait les derniers potins entendus chez le coiffeur ou sur le marché. C’était comme s’il ne s’était jamais rien passé. Seulement elle, elle ne pouvait pas oublier et elle n’était pas prête de leur pardonner tout ce qu’ils lui avaient fait subir. Elle décida néanmoins, de faire bonne figure, mais sans plus. Elle participait à la conversation, mais elle n’avait plus sa joie de vivre et son entrain d’avant. Une partie d’elle était partie avec son fils et rien ne pourrait jamais combler ce vide qu’elle ressentait au plus profond d’elle.

Sylvia repris les cours comme prévu, le 18 Avril, après les vacances de Pâques. Angélique était heureuse de la retrouver et Sylvia était contente de pouvoir s’échapper de la maison où elle avait l’impression d’étouffer. Reprendre les cours lui fit beaucoup de bien. Ça lui occupait l’esprit et ça lui évitait de trop penser à son fils. Le plus dur c’était le soir, lorsqu’elle était dans son lit à essayer de trouver le sommeil. Tous les soirs elle pleurait en serrant dans sa main son collier qui contenait la mèche de cheveux de Nicolas.

Les semaines passaient et se ressemblaient toutes. Sylvia ne sortait que pour aller au lycée ou réviser chez Angélique. Lorsqu’elle était chez ses parents, elle restait enfermée dans sa chambre. Elle essayait d’avoir le moins de contact possible avec eux.

Début Mai, elle reçut sa convocation au passage du baccalauréat. Ce document lui précisait les jours des épreuves. Ainsi elle savait à partir de quand elle pourrait commencer à travailler et s’attela à la recherche d’un emploi. La mère d’Angélique l’aida à faire son CV et à écrire sa lettre de motivation, qu’elle déposa dans toutes les entreprises de la ville. Peut lui importait le travail qu’on voudrait bien lui donner, tout ce qu’elle voulait c’était gagner de l’argent pour ensuite prendre son propre appartement et récupérer son fils.

Malheureusement à cause de son jeune âge et de son manque d’expérience, elle reçut beaucoup de réponses négatives. Elle ne se découragea pas pour autant et passa plusieurs petites annonces dans les journaux locaux ainsi que chez les commerçants, disant qu’elle recherchait un travail en tant que femme de ménage, couturière ou tous autres petits travaux. Pour le moment elle ne demandait pas un emploi stable, juste des jobs d’été, histoire de mettre de l’argent de côté. Elle continuerait sa recherche d’un emploi fixe pendant les mois d’été. Elle savait que sans un emploi et un logement, l’administration ne voudrait jamais lui rendre son fils car ils estimaient qu’elle ne serait pas capable de pouvoir l’élever correctement.

Deux semaines avant le début des épreuves du baccalauréat, Sylvia reçu un courrier de l’une des entreprises dans laquelle elle avait postulé. Il s’agissait d’une brasserie. Le patron recherchait des serveurs pour la saison estivale. Il la convoquait à un entretien préalable à l’embauche, le lundi suivant. Elle était toute excitée à l’idée d’avoir un travail, même si pour l’instant rien n’était sûr. Elle avait au moins un entretien et ça lui redonna de l’espoir.

Angélique vient la voir et elles choisirent ensemble ce que Sylvia porterait pour son entretien. La jeune femme avait rapidement retrouvé sa ligne et rentrait de nouveau dans les vêtements qu’elle portait avant sa grossesse. Elles choisirent une petite jupe moulante noire, un chemisier blanc à col rond et elle chausserait des ballerines noires. Sylvia était tellement excitée qu’elle eut du mal à réviser pendant 2 jours.

Le lundi matin, Sylvia se réveilla avec la boule au ventre tant l’angoisse était forte, concernant son entretien d’embauche du jour. Elle était convoquée à 14h. C’était trop long d’attendre. Quelle torture. Elle ne put rien avaler au déjeuner.

Elle arriva un quart d’heure à l’avance à la brasserie qui était située à quelques mètres du port. Elle se présenta au bar et le serveur la fit patienter le temps que le patron se rende disponible. Elle en profita pour examiner les lieux du regard. La décoration était simple et épurée. Les tables étaient recouvertes de nappes à carreaux blanc et rouges et les chaises était en bois. Le long des murs étaient disposés des banquettes rouges en cuir. Le comptoir du bar était en acajou et zinc, derrière lequel il avait été accroché au mur un énorme miroir. Il y avait encore quelques clients attablés et ça sentait bon les fruits de mer, ce qui réveilla son estomac. Rapidement, elle compta que la capacité d’accueil de la brasserie était de 50 couverts.

Un homme d’une cinquantaine d’années, pas très grand et bedonnant, les cheveux courts grisonnants avec une chaine en or autour du cou et une grosse chevalière en or à l’annulaire droit, s’approcha d’elle.

- « Melle DE MONTFORT ? » Demanda-t-il en lui tendant la main.

- « Oui ». Répondit Sylvia en répondant à son geste, toute tremblante.

- « Bonjour, Christian JAOUEN. Suivez-moi, on va aller s’installer dans un coin. »

Elle le suivit jusqu’à une petite table au fond de la salle. Il lui indiqua une chaise et elle s’y installa droite comme un « i », les mains croisées sur la table. Mr JAOUEN ouvrit une pochette et en sortie le CV et la lettre de motivation de la jeune femme. Il les parcouru rapidement des yeux pour se les remémorer.

- « Vous n’avez aucune expérience dans la restauration et vos études n’ont rien à voir avec ce métier ».

- « C’est vrai. Je parle couramment l’Anglais et l’Espagnol et dans un secteur comme le vôtre où vous voyez passer une grosse clientèle de touristes, je serais un atout pour vous ».

Mr JAOUEN leva un sourcil. Il n’avait jamais entendu un tel argument. Cette jeune femme était surprenante. Elle l’avait dérouté et il lui fallut quelques secondes pour reprendre le fil de l’entretien.

- « Quels sont vos motivations ? ».

- « C’est écrit dans ma lettre : J’ai besoin d’un travail pour pouvoir payer mes études de tourisme ». Elle n’allait pas lui dire que c’était pour faire des économies pour pouvoir récupérer la garde de son fils. Ça ne le regardait pas et elle avait peur que cet argument soit en sa défaveur.

- « Pourquoi je vous choisirais parmi les autres candidats ? »

Sylvia ne s’attendait pas à cette question. Elle leva les yeux, signe qu’elle était en train de réfléchir, puis les replongea dans ceux de Mr JAOUEN pour lui répondre :

- « Comme je vous l’ai dit précédemment, pour mes aptitudes dans les langues étrangères tout d’abord. Je suis jeune et dynamique, j’ai de l’énergie à revendre et j’ai un très bon contact humain. Je compte très vite et j’ai une bonne mémoire. J’ai vraiment envie de travailler ».

Mr JAOUEN regarda son barman qui opina du chef. Elle n’avait pas remarqué qu’il s’était rapproché et qu’il avait suivi leur conversation.

- « Melle DE MONTFORT, je n’ai pas l’habitude d’employer des personnes n’aillant aucune connaissance dans l’hôtellerie, mais vous m’avez l’air tellement déterminée et volontaire que j’ai envie de vous donner votre chance. Vous allez devoir faire vos preuves, attention. Je vous prends à l’essai sur 2 week-ends. Si vous survivez à ces 2 week-ends, je vous prendrais pour tout l’été ».

- « Très bien. Je vous assure que vous ne serez pas déçu. Merci Mr JAOUEN. Vous ne savez pas à quel point c’est important pour moi. Vous allez changer ma vie ».

- « N’exagérez pas tout de même ». Dit-il en rigolant.

Il lui donna son planning, ses recommandations vestimentaires avant de la saluer et de la laisser repartir. Elle se précipita chez Angélique pour lui annoncer la bonne nouvelle. Angélique sauta de joie avec elle et l’emmena manger une glace pour fêter ça.

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