CHAPITRE 33

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Sylvia avait passé une nuit assez agitée. Son bébé lui manquait terriblement. Elle le ressentait dans son cœur et dans sa chair. Son ventre lui faisait tellement mal, qu’elle aurait aimé pouvoir s’arracher cette douleur à main nue.

Elle était recroquevillée dans son lit, à pleurer doucement sur bébé qui lui manquait tant, lorsque Marie entra dans sa chambre.

- « Hey ma belle ! Ohlala ! la nuit a encore été compliquée à ce que je vois ».

- « Bonjour Marie. Oui je n’ai pas beaucoup dormi. Je n’arrête pas de penser à mon fils. Le peu de temps qu’il a passé dans mes bras et le moment où tu m’as annoncé que je ne le reverrais pas, ne cessent de tourner en boucle dans ma tête ».

- « Je comprends. Avec le temps ça va s’estomper. Tiens je t’ai apporté les coordonnées d’une psychologue très bien. Va la voir, elle t’aidera à surmonter ta peine et à vivre avec ce manque au fond de ton cœur ».

- « Merci Marie. Je n’ai pas de mots pour te remercier pour tout ce que tu fais pour moi, alors que l’on se connait à peine. Tu ne peux pas savoir à quel point ta présence, tes mots, tes gestes me font du bien ».

Marie lui serra la main et repartie travailler. Sylvia lu le papier qu’elle venait de lui donner : « Anne-Lise SERIEUX – 29.63.72.28 »

Sylvia rangea précieusement les coordonnées de la psychologue, dans un petit carnet.

La matinée passa très vite entre les repas, les soins et la visite du gynécologue. Elle supplia ce dernier de la laisser voir son fils un court moment, mais elle se heurta de nouveau à un mur. Elle voyait dans ses yeux, qu’il avait de la peine pour elle, mais il ne pouvait rien faire.

Elle avait retrouvé un peu de forces. En début d’après-midi elle se leva. Ça allait, elle tenait sur ses jambes. Elle fit quelques pas et attendit quelques minutes de voir si elle n’avait pas de vertiges. Comme tout allait bien, elle sortit de sa chambre et arpenta les couloirs à la recherche de la nursery. Peut-être arriverait-elle à apercevoir Nicolas à travers la vitre. Elle passa devant le bureau des infirmières qui était vide. Juste à côté se trouvait une grande baie vitrée derrière laquelle se trouvait la nursery. Une dizaine de petits berceaux était alignée. Certains nourrissons pleuraient et d’autres dormaient paisiblement. Elle se mit sur la pointe des pieds pour essayer de mieux distinguer les noms sur les berceaux les plus éloignés. Son ventre se tordait d’espoir. Elle ne trouva pas celui de son fils. Peut-être était-il en train de manger ? Ou une puéricultrice lui changeait peut-être sa couche ? Elle attendit un long moment. Elle ne savait pas depuis combien de temps elle était là, lorsqu’elle sentit une main se poser sur son épaule. Elle tourna la tête et vit Marie.

- « Sylvia, tu ne devrais pas être là ». Lui dit celle-ci le plus doucement possible.

- « Marie, où est Nicolas ? Je ne vois pas son berceau ». Questionna la jeune femme, pleine d’espoir.

- « Il n’est pas à la nursery. Il a été mis à l’écart pour éviter que tu ne viennes le voir, justement. C’est le règlement ».

- « Mais il n’a pas à être puni, il n’a rien fait. Je veux juste le voir, Marie s’il-te-plait ». Supplia-t-elle les larmes aux yeux.

- « Je sais, je sais. Mais c’est mieux ainsi, crois-moi. Ça serait encore plus dur de te séparer de ton fils, si tu passais du temps avec lui. Tu t’y attacherais trop ».

- « Tu ne comprends pas Marie. Je l’ai porté pendant 9 mois. Je suis déjà attachée à lui. Dis-moi où il est, je t’en prie. Tu pourrais faire une petite exception. Pour moi ». Supplia encore Sylvia.

Marie était très mal de devoir lui interdire de voir son bébé, mais c’était mieux pour elle ainsi.

- « Viens, je te ramène dans ta chambre ».

- « Non, je veux voir mon bébé ». Insista Sylvia en tapant du pied sur le sol.

- « Je ne peux pas. Allez viens, ça ne sert à rien de rester là ».

Elle passa un bras autour des épaules de la jeune femme et la raccompagna dans sa chambre. Sylvia se laissa faire, voyant qu’elle n’avait aucun moyen d’obtenir gain de cause. Elle n’allait pas piquer une crise en plein milieu du couloir. Elle était las.

Marie l’aida à se recoucher dans son lit. Sylvia se mit sur le côté et remonta les genoux sur sa poitrine en passant ses bras autour de ses jambes. A présent, elle avait de nouveau ce regard vide et elle s’était déconnectée de ce qui l’entourait, emmurée dans sa douleur.

En fin d’après-midi, Angélique vint la voir. Sylvia était toujours dans la même position depuis plusieurs heures. Angélique lui caressa les cheveux en lui parlant très doucement. Sylvia tourna les yeux vers elle et lorsqu’elle reconnue son amie elle se releva et s’assis dans son lit, pleine d’espoir.

- « Alors tu as réussi ? » Demanda Sylvia impatiente.

- « Non. Je suis désolée Syl. Ils ne m’ont pas laissé le voir non plus. Je te jure que j’ai fait tout ce que j’ai pu. Je leur ai même demandé de prendre une photo à ma place, mais il n’y a rien à faire. Je suis tellement désolée ».

- « Mais MERDE QUOI ! C’est juste une putain de photo. Je ne demande pas la lune. Je veux juste un souvenir de mon fils ». Dit-elle passant de la colère au désespoir.

Angélique la pris dans ses bras. Sylvia se laissa aller à pleure sur son épaule. Angélique pleura aussi. Elle se sentait tellement impuissante. Elle avait envie de faire un scandale et de défoncer toutes les portes pour pouvoir rendre son fils à sa meilleure amie, mais elle savait très bien qu’on l’en empêcherait avant. La seule chose qu’elle pouvait faire, c’était de rester auprès de Sylvia et de la soutenir du mieux qu’elle pouvait.

- « Accroche toi au but que tu t’es fixé, Syl. C’est ton seul espoir désormais ». Lui dit Angélique à l’oreille.

Marie passa voir Sylvia avant de quitter son poste, ce soir-là. La jeune femme était de nouveau couchée, prostrée comme un animal traqué. Elle n’avait pas touché à son repas et n’avait pas réagi lorsqu’elle était entrée dans la chambre. Elle restait le regard dans le vague. Marie lui caressa les cheveux, lui déposa un baiser sur le front en lui murmurant que tout allait bien se passer, puis quitta la chambre.

Au milieu de la nuit, une jeune infirmière passa voir comment allait Sylvia qui n’avait pas bougé d’un poil. Elle ne dormait pas. Elle restait les yeux grands ouverts à fixer un point imaginaire sur le mur. La jeune infirmière avait assisté à l’accouchement de Sylvia et c’est elle qui s’occupait de Nicolas depuis sa naissance. Ses collègues lui avaient raconté l’histoire de la jeune femme et l’état dans lequel elle se trouvait. La jeune infirmière savait qu’elle risquait gros, mais elle ne pouvait pas rester sans rien faire, alors discrètement elle avait coupé une petite mèche de cheveux de Nicolas, qu’elle avait ensuite placé dans un petit sachet en plastique. Elle s’approcha lentement de Sylvia en lui parlant très doucement pour en pas l’effrayer. Elle s’agenouilla près d’elle et lui pris une main et déposa le petit sachet contenant la mèche de cheveux de son fils, dans le creux de sa paume. Elle lui chuchota :

- « Comme ça vous l’aurez toujours avec vous ».

Sylvia regarda le petit sachet et ce qu’il contenait. Ses yeux étaient remplis de larmes lorsqu’elle plongea son regard dans celui de la jeune infirmière. De sa main libre elle attrapa la main de l’infirmière et lui chuchota un merci plein de reconnaissance. La jeune infirmière avait, elle aussi les larmes aux yeux. Elle était heureuse d’avoir pu lui faire ce cadeau. Elle sortit de la chambre et repris son service.

Sylvia s’endormit tenant très fermement le petit sachet contenant la mèche de cheveu de son bébé. C’était désormais, son trésor le plus précieux.

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