CHAPITRE 32

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Sylvia ouvrit lentement les yeux. Elle ne reconnaissait pas l’endroit où elle se trouvait. Il lui fallut quelques secondes avant de se rappeler les évènements de la veille et elle se mit à pleurer. Marie qui était restée à la veiller toute la nuit, se leva du fauteuil dans lequel elle somnolait, pour venir la prendre dans ses bras. Sylvia leva vers elle un regard d’enfant perdu :

- « Marie dis moi que tout ça n’était qu’un mauvais rêve, qu’une infirmière va m’apporter mon bébé d’une minute à l’autre ».

- « Je suis désolée, c’est la réalité. J’aurais tellement aimé te dire le contraire ».

- « J’ai tellement mal, c’est horrible. Je n’ai jamais ressenti une telle douleur. C’est pire que tout. Je n’ai jamais eu aussi mal quand Lionel m’a plaqué, ni quand sa pétasse de copine a voulu m’humilier au lycée, ni même à cause du comportement de mon père. J’ai l’impression que l’on m’a arraché le cœur et les entrailles ». Dit-elle en se recroquevillant dans son lit.

Elle ramena ses jambes sur sa poitrine et se balança d’avant en arrière, les yeux dans le vague. Marie l’embrassa et lui dit qu’elle devait s’absenter un petit moment, mais qu’elle revenait bientôt. Une aide-soignante lui apporta son petit déjeuner, mais elle n’y toucha pas. Elle restait là assise sur son lit, toujours dans la même position, à se balancer.

Marie passa la voir dans la matinée. Elle était en tenue de travail, mais elle prit le temps de venir voir régulièrement sa protégée. C’est à peine si Sylvia levait les yeux sur elle. La jeune femme était dans un état second, complètement déconnectée du monde qui l’entourait.

En début d’après-midi, Louise vint rendre visite à sa fille. Sylvia ne réagit pas lorsque sa mère pénétra dans la chambre. Elle frissonna lorsque Louise déposa un baiser sur ses cheveux.

- « Bonjour ma chérie, comment vas-tu ? » Demanda Louise comme si de rien n’était.

Sylvia ne répondit pas et ne fit aucun geste.

- « Je suis désolée de ne pas être revenue hier, ton père m’en a empêché. Je t’avoue que je n’aurais pas supporté de te voir souffrir et de voir le bébé ».

Sylvia tressaillie à l’évocation de son fils.

- « ça a été ma chérie ? tu n’as pas trop mal ? tu te sens comment ? » questionna Louise inconsciente de l’effet de ses paroles sur sa fille.

Sylvia leva ses yeux pleins de haine vers elle :

- « Tu oses me demander comment je vais ! J’ai souffert le martyre SEULE pendant des heures. C’est Marie qui est restée à mes côtés après son travail. C’est Marie qui a assisté à la naissance de mon bébé. C’est encore Marie m’a veillé toute la nuit et c’est elle qui passe régulièrement, sur ses heures de travail, pour savoir comment je vais. C’est ELLE, une inconnue qui s’est plus souciée de moi que ma propre mère. C’est TOI qui aurais dû être avec moi, qui aurait dû me réconforter, m’épauler, sécher mes larmes et me tenir dans tes bras lorsqu’ils m’ont pris mon bébé ». Lui crachat Sylvia furieuse.

- « Pardon ma chérie. Je suis désolée ». Pleurnicha Louise. « Je n’avais pas la force ».

- « Tu n’avais pas la force. Parce que tu crois que moi je l’ai cette force ? Ils m’ont pris mon bébé. Vous m’avez pris mon bébé. MON BEBE ». Hurla la jeune femme.

Louise recula contre le mur, effrayée. Elle ne reconnaissait pas sa fille. Marie entra à ce moment-là, alertée par les cris de Sylvia.

- « Sylvia, que se passe-t-il ? » demanda-t-elle inquiète en prenant soin de s’approcher lentement de la jeune fille pour ne pas envenimer la crise.

- « Marie, s’il-te-plait, fais- la sortir ». Demanda Sylvia les poings serrés.

Marie devina qu’elle était sur le point de sauter à la gorge de la femme qui se trouvait contre le mur. Il était impératif d’éloigner l’objet de sa colère pour éviter un drame.

- « Madame, s’il-vous-plait, veuillez sortir. Elle a besoin d’être seule et de se reposer ».

- « Mais c’est ma fille ». Répondit Louise vexée.

- « Madame, je ne le répèterais pas, veuillez sortir s’il-vous-plait, avant que je ne vous force à le faire ». Dit Marie plus fermement.

- « Très bien. Je reviendrais demain ma chérie ».

Sylvia détourna les yeux et ne lui répondit pas. Louise quitta la chambre suivie de Marie qui voulait s’assurer que la mère de la jeune femme quitte bien l’hôpital. Elle revint voir sa protégée quelques minutes plus tard.

- « Sylvia, ma chérie, ça va ? »

- « hum » grommela Sylvia encore sous le coup de la colère.

- « Tu veux que je reste un peu avec toi ? » demanda timidement Marie qui ne voulait pas la brusquer.

- « J’ai besoin d’être seule. Merci Marie de l’avoir fait partir ». Dit-elle en se couchant sur le côté et en tournant le dos à Marie.

- « Il n’y a aucun souci. Si tu as besoin de moi, sonne et je viendrais ».

Elle avait la main sur la poignée de la porte lorsque Sylvia l’appela. Elle se retourna et l’interrogea du regard.

- « Merci ». Dit simplement Sylvia.

Marie lui adressa un sourire compatissant et quitta la chambre.

En fin d’après-midi, une infirmière frappa puis entra. Marie avait prévenu le personnel qu’il fallait filtrer les visites pour Sylvia, la jeune femme étant trop fragile.

- « Excusez-moi Melle DE MONTFORT, une jeune femme du nom d’Angélique aimerait vous voir. Est-ce que je peux la faire entrer ? » demanda-t-elle.

- « Oui, merci ». Dit-elle avec un faible sourire.

Angélique entra timidement dans la chambre. L’infirmière avait dit à Angélique qu’elle n’était pas sûre que Sylvia veuille voir du monde, alors elle attendit la réaction de son amie avant de s’approcher plus.

- « Hey Syl ! »

- « Hey Angie ». Répondit Sylvia en lui tendant les bras.

Angélique se précipita vers elle, devinant à quel point elle devait avoir besoin d’elle. Elle enveloppa son amie de ses bras et Sylvia fondit en larmes. Angélique ne posa aucune question et laissa son amie pleurer autant qu’elle le voulait.

Au bout d’un moment, Sylvia se calma et lui raconta les évènements de la veille ainsi que la visite de sa mère, quelques heures plus tôt. Angélique pleura avec elle. Elle avait mal au cœur pour son amie. C’était tellement injuste ce qui lui arrivait et le comportement de sa mère était impardonnable. Elle était dégoûtée.

- « Angie, peut-être que toi tu pourrais aller voir mon bébé et prendre une photo pour moi ? » Dit Sylvia pleine d’espoir.

- « Je peux toujours essayer. Je reviendrais demain avec un appareil photo ».

- « Ooooh merci ». Dit Sylvia en la serrant fort dans ses bras.

Angélique lui avait apporté ses bonbons et gâteaux préférés ainsi que des revues people. Elle s’installa auprès de son amie sur son lit et elles feuilletèrent les revues tout en se gavant de friandises. La présence d’Angélique lui faisait du bien, même si ça ne comblait pas le manque de la présence de son bébé. Elle se raccrocha à l’espoir d’avoir une photo de lui grâce à Angélique. Une infirmière passa lui faire signer des papiers concernant la déclaration de son fils à l’état civil. Elle fût un peu réconfortée de savoir qu’elle figurait sur l’acte de naissance de son fils et qu’il portait son nom. Elle expliqua à Angélique son plan pour pouvoir récupérer son bébé avant la fin du délai légal imparti.

- « Tu es sûre Syl ? Tu ne vas pas le regretter plus tard ? » Demanda Angélique.

- « Je regrette déjà de l’avoir mis à l’adoption. Non je suis sûre de moi. Tant pis si on ne croûlerat pas sur l’or, si les fins de mois seront difficiles, mais je veux être avec mon fils. Je veux le voir grandir, l’entendre prononcer ses premiers mots, l’aider à faire ses premiers pas, je veux faire entièrement parti de sa vie ».

Angélique hocha la tête validant ce que venait de lui décrire Sylvia. C’était sa vie après tout, à elle de choisir.

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