CHAPITRE 31

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Nicolas DE MONTFORT avait vu le jour le 15 Mars 1988 à 23h47, rendant Sylvia la plus heureuse des femmes.

Elle tenait contre elle son fils qui était enveloppé dans un linge. Ça faisait quelques minutes qu’il était né, qu’une infirmière vint lui prendre des bras, prétextant qu’elle avait des soins à lui faire. Sylvia embrassa rapidement son fils et le regarda partir. Elle tourna la tête vers Marie qui pleurait silencieusement.

Marie savait ce qui allait suivre et elle en avait le cœur déchiré par avance. Tout ce qu’elle pouvait faire c’était de rester auprès de Sylvia.

Le gynécologue et les infirmières firent les derniers soins à la jeune mère puis la laissèrent se reposer avant de la transférer dans sa chambre. Elle venait de s’installer confortablement dans son lit, Marie toujours silencieuse à ses côtés. Sylvia ne cessait de s’extasier sur le souvenir de ce petit être qu’elle venait de mettre au monde : ses petits doigts minuscules, sa peau si douce, ses grands yeux verts qui ne lâchait pas les siens. Sylvia n’en revenait toujours pas que ce petit être si parfait sortait de son propre corps.

Marie était en train d’arranger les coussins derrière la tête de Sylvia lorsque celle-ci lui demanda :

- « Ils sont long pour des soins, c’est normal ? Ils vont bientôt me le ramener ? »

Une boule se format dans la gorge de Marie et ses yeux s’emplirent de larmes. Comment lui dire la vérité ?

- « Tu as besoin de repos, dors un peu ». Dit-elle pour reculer l’instant qu’elle redoutait le plus.

- « Je n’ai pas trop envie de dormir, j’ai envie de voir mon bébé ».

Marie n’eut pas le temps de répondre, qu’une infirmière entrait dans la chambre avec une collation pour Sylvia. Cette dernière en profita pour lui demander :

- « Excusez-moi, mais quand est-ce qu’on va me ramener mon bébé ? »

L’infirmière jeta un regard gêné vers Marie qui baissa les yeux. Sylvia sentit aussitôt que quelque chose n’était pas normal. Elle se mit à paniquer et se redressa dans son lit.

- « Que se passe-t-il ? Où est mon bébé ? Il va bien, hein ? Marie il va bien ? »

- « Ton bébé va très bien. Ne t’en fais pas. »

Sylvia poussa un soupir de soulagement et se rappuya contre ses oreillers en fermant les yeux quelques secondes. A ses côtés Marie rassembla tout son courage pour enfin laisser sortir de sa bouche les paroles qu’elle redoutait tant :

- « Sylvia, chérie, ils ne te le ramèneront pas ».

Sylvia la regarda avec des yeux ronds.

- « Pourquoi ? Qu’est-ce qui ne va pas ? »

- « Ils sont obligés de faire ça. C’est à cause des papiers que tu as signé ».

- « Les papiers ? Quels papiers ? ». Questionna Sylvia, ne comprenant rien à ce qu’essayait de lui dire Marie.

- « Comme tu as signé des papiers mettant ton fils à l’adoption, tu ne peux pas le garder avec toi. Ils sont obligés de te le retirer immédiatement ».

- « QUOI ??? » Cria Sylvia en s’asseyant subitement dans son lit. « Mais ce n’est pas possible, personne ne m’avait prévenu que ça allait se passer comme ça. Quand est-ce que je vais pouvoir le revoir ? » demanda-t-elle prête à se lever.

Une larme roula sur les joues de Marie, qui lui avoua d’une voix étranglée :

- « Chérie, tu ne le reverras pas. Tu n’auras plus aucun contact avec lui. C’est comme ça. Se sont les lois qui nous oblige à faire ça ».

- « NOOOOOOON !! NOOOOOOON !! ils ne peuvent pas me faire ça. Je veux voir mon bébé. Marie, tu entends ? JE VEUX VOIR MON BEBE !!! » Hurla t’elle en larmes.

Marie dû la prendre dans ses bras pour l’empêcher de quitter son lit et de courir dans les couloirs à la recherche de son fils. Elle la maintint fermement serrer contre elle. Sylvia hurlait contre son épaule, pleurait, se débattait. Elle était devenue hystérique, folle de douleur. Marie pleurait avec elle. C’était la pire chose qu’elle avait eu à faire de toute sa carrière.

Deux infirmières arrivèrent en courant, alertées par les hurlements de la jeune femme. D’un geste, Marie leur fit comprendre qu’elle avait la situation en mains. Elles firent demi-tour. Elles aussi avaient le cœur brisé pour cette jeune maman à qui l’on retirait son enfant si tôt.

Elles trouvaient toutes celà injuste de priver une jeune mère des quelques instants, jours qu’elle pouvait passer avec son bébé, avant qu’il ne parte en pouponnière. Mais les lois étaient ainsi faites pour protéger l’enfant et ne pas laisser le temps à la mère de trop s’attacher à lui.

Sylvia supplia Marie de l’aider, de faire quelque chose. En pleurs, elle la supplia de la laisser revoir son fils, même que quelques secondes. Elle voulait le toucher, le sentir, le regarder et le caresser encore rien qu’une petite fois. Personne ne lui avait dit qu’elle n’aurait qu’un très court instant avec lui avant de lui être définitivement retiré. Comment pouvait-on être aussi cruel, sans cœur.

- « Ohhh Sylvia, j’aimerais tant pouvoir t’aider, mais je ne peux pas. C’est mieux comme ça. C’est mieux pour toi que tu ne le revois pas. Ça serait encore plus dur de le laisser partir ».

- « Marie s’il-te-plait ». Supplia-t-elle en hoquetant.

- « Je ne peux pas ».

Sylvia s’effondra sur son lit le visage dans ses mains. Elle était dévastée. Marie s’assis à côté d’elle sur le lit et la prit dans ses bras pour la réconforter, même si elle savait que rien ne pourrait faire taire la douleur qui enserrait son cœur.

Sylvia pleura plusieurs heures dans les bras de Marie, avant de finir par s’endormir d’épuisement.

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