CHAPITRE 30

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- « On va pouvoir passer en salle d’accouchement Sylvia ».

La sage-femme était venue la voir toutes les heures depuis ça première visite 4h auparavant. Elle prenait du temps pour la jeune femme, pour la rassurer, pour parler un peu avec elle et qu’elle se sente moins seule. Sylvia appréciait beaucoup l’attention qu’elle lui portait.

Sylvia s’était confiée à elle. Elle lui avait raconté son histoire : comment elle était tombée amoureuse de Lionel, leur histoire secrète, le défaut de préservatif qui entraina sa grossesse involontaire, Lionel qui la plaquait alors qu’elle lui annonçait qu’elle était enceinte, le rejet de ses parents et surtout de son père, les moqueries au lycée, Angélique et son inébranlable amitié, l’adoption, bref toute son histoire. Ça lui avait fait du bien de pouvoir se confier à quelqu’un de totalement neutre et qui n’était pas impliqué dans sa vie.

Mme BIENVENUE, la sage-femme, avait le cœur brisé pour cette jeune fille. Elle était tellement forte malgré ce qu’elle avait vécue. Elle avait envie de la protéger, de la prendre dans ses bras et de lui faire oublier tous les durs mois qu’elle venait de vivre. Elle savait qu’elle n’était pas au bout de ses peines. Le plus dur était à venir, mais elle se garda bien de le lui dire pour ne pas l’affoler. Elle ferait en sorte que tout se passe le mieux possible et même si elle n’était plus de garde, elle allait rester aux côtés de Sylvia jusqu’au bout. Elle ne savait pas pourquoi, mais cette jeune femme la touchait particulièrement et elle ne pouvait pas la laisser seule. Elle avait envie de l’aider du mieux qu’elle pouvait.

- « Vous êtes à 7cm. Tout va très bien ». Dit la sage-femme en voyant le regard paniqué de Sylvia.

La jeune femme fût emmenée et installée en salle d’accouchement. Sa mère n’était toujours pas revenue. Elle se résigna à devoir accoucher seulement accompagnée du personnel de l’hôpital.

Sylvia était impatiente. Impatiente que cette douleur horrible qui lui arrachait les tripes disparaisse. Impatiente de voir son fils et de pouvoir le serrer dans ses bras.

Sylvia examina la pièce dans laquelle le personnel médical venait de l’installer. Les murs et le sol étaient blancs. Sous la rangée de fenêtre qui donnait sur le parc de l’hôpital, étaient alignés toute une rangée de meubles et un grand plan de travail. Tout un tas de machines et d’instruments étaient rangés à différents endroits stratégiques de la salle. Elle fût transférée sur la table d’accouchement. Elle ressemblait au lit qu’elle venait de quitter sauf qu’elle était équipée d’engins bizarres au pied du lit. Elle était intriguée par ces 2 bras en métal et se demandait à quoi ils pouvaient bien servir.

L’infirmière lui mit une perfusion, la rebrancha à tout un tas d’appareils, l’installa confortablement puis quitta la pièce en lui disant de sonner si elle avait besoin de quoique se soit. Elle vit sur l’horloge murale juste en face d’elle, qu’il était 19h. Elle mourrait de faim. Elle n’avait pas mangé depuis le matin et elle ne pourrait pas manger tant que son bébé n’était pas né, lui avait dit l’infirmière. Elle se prit à rêver d’un gros steack accompagné d’une belle portion de frites bien croquantes. Une contraction la tira de son rêve et elle serra les dents pour ne pas crier.

Ça faisait maintenant 3h qu’elle était au comble de la douleur. Elle avait l’impression de devenir folle. Elle croyait mourir. C’était insupportable. Mme BIENVENUE, Marie, avait fini son service depuis un moment et était venue à son chevet. Elle lui tenait la main et l’aidait à se concentrer sur sa respiration, à chaque contraction. Elle lui épongea le front, lui donna des glaçons à sucer, lui murmura des paroles rassurantes, bref prenait la place qui aurait dû être celle de Lionel ou de sa mère.

A 23h15 le gynécologue entra et l’examina.

- « Melle DE MONTFORT on y est. Votre bébé n’est plus très loin. En quelques poussées il sera là. Ecoutez moi attentivement ».

Sylvia accrocha son regard bienveillant et malgré la violence des contractions, se força à l’écouter.

- « Lorsqu’une contraction arrivera vous prendrez une grande inspiration. Vous bloquerez puis vous pousserez de toutes vos forces jusqu’à ce que je vous dise d’arrêter. Ne vous inquiétez pas, je vais vous guider. Marie est avec vous, vous n’êtes pas toute seule. Tout va bien se passer. Allez ! On y va ».

Sylvia hocha la tête positivement. Il lui installa les jambes dans les étriers. C’était à ça que servait ces choses au pied du lit ! Elle n’était plus trop en état de réfléchir. Elle voulait seulement que la douleur cesse.

Une contraction arrivait. Elle remplit ses poumons, bloqua sa respiration et poussa tant qu’elle le pût jusqu’à ce que le gynécologue lui dise de reprendre son souffle.

- « Tu te débrouilles très bien Sylvia ». Lui murmura Marie en lui caressant les cheveux.

Marie avait volontairement utilisé le tutoiement pour la mettre en confiance.

- « Très bien Sylvia, vous vous débrouillez très bien. Allez ! On y retourne ». Dit le gynécologue.

Elle inspira, bloqua sa respiration et poussa de toute ses forces. Elle avait l’impression qu’elle allait étouffer, alors elle vida ses poumons et laissa sa tête retomber sur l’oreiller.

- « Reprenez votre respiration. Dès que vous êtes prête on y retourne. Allez Sylvia ! Il arrive. A la prochaine poussée je devrais pouvoir voir le sommet de son crâne ». Dit le gynécologue pour la motiver.

Sylvia prit plusieurs grandes inspirations, bloqua puis poussa sous les encouragements de Marie.

- « Voilà, très bien ». Félicita le gynécologue. « Je vois sa tête. Il a pleins de cheveux tout blond ». Dit-il pour l’encourager à poursuivre ses efforts.

Sylvia souriait malgré la douleur. Elle ressenti une gêne et s’aperçut que c’était la tête de son bébé qu’elle sentait. C’était une sensation très désagréable, mais en même temps elle était toute excitée car ça y est, son fils était presque là. Elle regarda Marie avec un grand sourire et celle-ci le lui rendit avec des larmes dans les yeux.

Encore 2 poussées et elle sentit son bébé glisser hors d’elle. Cette sensation était très étrange, à la fois agréable et dégoûtante à cause du liquide qui s’évacuait avec le bébé. Des pleurs retentirent dans la salle et Sylvia se mis à pleurer à chaudes larmes, mais des larmes de bonheur. Le gynécologue coupa le cordon puis lui déposa son bébé sur le ventre.

Qu’il était beau. Aussi blond que sa mère, mais avec les beaux yeux verts de son père. Il avait un petit nez adorable et de belles lèvres bien dessinées. C’était un petit garçon tout joufflu, tout rose. Il sentait bon et sa peau était plus douce que du coton. Son cœur se remplit d’amour pour lui. Elle flottait sur un petit nuage. Elle avait déjà oublié toutes ces heures de souffrance juste en regardant ce beau petit visage d’ange.

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