CHAPITRE 26

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Ça faisait des jours que Sylvia cherchait une solution pour éviter de faire adopter son fils. Elle avait eu une discussion avec ses parents. Elle avait tenté de les faire changer d’avis en leur expliquant qu’elle trouverait un emploi, qu’elle assumerait les dépenses pour son fils et que dès qu’elle le pourrait, elle trouverait un appartement. Toujours aussi borné, Henry campa sur ses positions, malgré les pleurs et les supplications de sa fille. Louise n’avait pas le choix que de se ranger à la décision de son mari. Elle avait tenté elle aussi, derrière le dos de Sylvia, de le faire revenir sur sa décision, mais cette discussion avait tourné en dispute conjugale. Louise en tant que femme totalement soumise à son mari, n’avait plus cherché à le faire changer d’avis et se plia à sa volonté. Elle continua d’épauler et de consoler sa fille. Sylvia savait très bien que sa mère avait fait tout ce qu’elle pouvait pour l’aider, mais que son père était inflexible et que toute la famille devait suivre ses ordres.

Louise et Sylvia eurent plusieurs discussions au sujet de l’adoption du bébé. Les mêmes arguments revenaient sans cesse de l’une comme de l’autre. Elles essayaient de se convaincre mutuellement que leur choix était le meilleur.

- « Maman, tu es la seule qui peut me comprendre. Tu sais ce que c’est que d’avoir porté un enfant. Tu sais qu’une mère aime déjà son bébé bien avant la naissance. J’aime mon fils depuis le jour où j’ai su que j’étais enceinte. Je ferais tout ce que je peux pour le rendre heureux et subvenir à ses besoins ».

- « Je sais ma chérie, mais tu es jeune. Tu as un potentiel énorme. Tu ne dois pas arrêter tes études. Tu dois penser à ton avenir et le meilleur moyen de te préparer un bel avenir, c’est de faire des études supérieures ».

- « Je ne pourrais pas cumuler un emploi et mes études et j’ai besoin de travailler pour pouvoir nourrir mon bébé ».

- « C’est pour ça qu’il serait préférable pour vous deux, que tu le fasses adopter. Il aurait des parents qui lui donneraient tout ce dont il aura besoin et toi tu pourras te construire un bel avenir ».

- « Je pourrais toujours reprendre mes études plus tard, quand il ira à l’école ».

- « ça te parait simple comme ça, mais ça ne l’est pas réellement. Tu seras tellement prise par ton travail et le besoin d’argent pour payer tes factures, que tu ne pourras jamais reprendre tes études. Tu aurais été mariée, ça aurait été différent. A deux, c’est plus facile, mais tu es toute seule ».

Sylvia était complètement perdue. Les arguments que sa mère avançait étaient justes. Elle savait que ça n’allait pas être facile d’être mère célibataire, mais elle aimait son fils et elle ferait tout pour lui, même si elle devait sacrifier ses rêves pour son bien-être.

- « J’y arriverais, maman, j’en suis sûre ».

- « Ohhhh ma chérie, tu n’imagines pas à quel point c’est difficile d’élever un enfant, surtout quand on est aussi jeune que toi et seule ».

- « Mais tu m’aideras maman, hein ? »

- « Je ferais ce que je pourrais bien sûr, mais ne compte pas sur moi, sur nous pour l’élever à ta place et subvenir à ses besoins. Tu as pris la décision seule de le garder, à toi d’en assumer les conséquences. Il est hors de question qu’on le garde le temps que tu sortes, que tu travailles ou que tu étudies, selon ce que tu auras choisi de faire. Tu dois te débrouiller toute seule ».

Sylvia resta sidérée par les paroles de Louise. Sa propre mère refusait de la soutenir et de lui apporter son aide avec le bébé. Elle avait toujours pensé que sa mère le garderait le temps qu’elle serait au travail. Sans l’aide de Louise, elle ne s’en sortirait pas. Elle allait devoir réfléchir à tout ça.

- « On a rendez-vous mardi prochain dans un organisme d’adoption. Ils t’expliqueront la procédure et tes droits ».

- « Mais je ne veux pas le faire adopter ».

- « Sylvia, chérie, ça ne te coûte rien de venir à ce rendez-vous. Tu auras toutes les informations et ils répondront à toutes tes questions. Comme ça tu auras toutes les cartes en main pour prendre la bonne décision ».

Et par bonne décision, Louise voulait bien sûr parler de l’adoption.

Sylvia devait avouer qu’après les révélations de Louise, elle se sentait moins apte à élever ce bébé toute seule. Elle avait peur et se posait énormément de questions sur leur avenir à tous les deux. Parfois elle se disait qu’elle était tout à fait capable de tout gérer et parfois elle ne savait plus où elle en était et elle n’était plus sûre de ses choix. Parfois elle se disait qu’elle était forte, courageuse et qu’elle serait capable de tout pour le bonheur de son fils. Parfois elle était morte de peur à l’idée de ne pas savoir comment être une bonne mère et de ne pas arriver à l’élever correctement.

Dans ses moments de doutes, elle en venait à regretter de ne pas avoir avorté. Elle regrettait amèrement le jour où elle était tombée amoureuse de Lionel. Elle lui en voulait énormément de l’avoir abandonné et de la laisser affronter cette situation toute seule. Lui pouvait continuer à vivre sa vie de jeune adulte insouciant. Il pouvait faire la fête, coucher avec toutes les filles qu’il voulait, il n’avait pas à se soucier de savoir s’il pouvait continuer ses études ou non et il était libre de faire ce qu’il voulait.

Heureusement, ces moments sombres ne duraient pas et elle redevenait la jeune femme positive et gaie qu’elle avait toujours été. Elle faisait des plans pour son avenir avec son fils. Elle s’était renseignée sur les aides auxquelles elle aurait droit en tant que mère célibataire. Elle avait eu un rendez-vous avec la conseillère d’orientation du lycée, pour connaitre ses options afin de reprendre ses études un peu plus tard. Elle cherchait tous les moyens possibles pour éviter d’avoir à faire adopter son bébé et prouver à ses parents qu’elle pouvait s’assumer sans eux.

Désormais, elle attendait avec impatience le rendez-vous avec l’organisme d’adoption. Elle était curieuse de savoir ce qu’ils avaient à lui dire.

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