CHAPITRE 25

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Le lendemain de Noël, Sylvia se leva à 11h. Elle était épuisée et avait dormi comme un loir depuis la veille 22 h 00. Elle se sentait beaucoup mieux. Reposée et pleine d’énergie. La fatigue en moins, elle se sentait mieux aussi moralement et était prête à affronter le mutisme et l’ignorance d’Henry.

Sylvia passa toute l’après-midi à discuter avec son frère et sa belle-sœur. Ces derniers avaient prévu, l’été suivant, de partir 2 semaines aux iles Canaries. Ils feuilletèrent les revues et les brochures qu’Hélène avait apportées. Les photos donnaient envies d’y aller. Le ciel bleu, les plages de sable fin, l’océan turquoise, les palmiers, les montagnes, les criques, etc… Thierry et Hélène avaient réservé dans un hôtel 3 étoiles. Ils avaient prévu de louer une voiture sur place, pour être libre dans leurs choix de visites et ne pas être contraints par des horaires comme avec des voyages organisés. Ils prévoyaient de faire de la plongée sous-marine, de s’essayer au surf et à la planche à voile, faire des randonnées au pied des volcans et dans les dunes et visiter les villages typiques de ces iles.

Sylvia avait des étoiles plein les yeux. Elle rêvait de voyager et de voir le monde. Elle enviait son frère. Elle se promis qu’un jour elle aussi voyagerait. Les pays qu’elle aimerait parcourir étaient l’Espagne, le Royaume-Unis, l’Australie, la Nouvelle Zélande et toute l’Amérique du Nord au Sud.

Avec Angélique, elles avaient prévu depuis plusieurs années, qu’une fois leurs études terminées, elles partiraient pendant 1 an parcourir le monde. Elles avaient déjà commencé à économiser de l’argent pour leur voyage. La grossesse de Sylvia allait retarder leur expédition, mais elles s’étaient promis de le faire un jour ensemble. Elles se voyaient déjà avec leur sac à dos, chaussures de randonnées aux pieds et un sourire ineffaçable sur leur visage, aller à la rencontre des gens et de leur culture. Elles avaient toutes les deux choisi de devenir guide touristique afin de vivre quotidiennement, leur rêve.

Hélène lui promis de prendre des tas et des tas de photos et qu’elle lui raconterait tout en détail à leur retour.

Henry ne s’était pas joint à eux. Il était resté dans son fauteuil, à regarder la télévision. Il n’avait posé aucune question, ne s’était pas intéressé aux brochures et aux revues. Il n’était pas vraiment de mauvaise humeur, il évitait tout simplement Sylvia. Cette dernière avait remarqué un changement dans l’attitude d’Henry. Il paraissait gêné, sur le point de dire quelque chose sans arriver à ce que les mots ne franchissent sa bouche. La jeune fille espérait que c’était de bon augure et qu’en quelques jours, son frère avait réussi à le faire réfléchir et le faire revenir vers elle.

Au diner, ils se retrouvèrent tous autour de la table de la salle à manger. C’était la dernière soirée que Thierry et Hélène passaient en leur compagnie. Ils ne reviendraient, désormais, qu’à leur retour de leur voyage aux iles Canaries, l’été prochain.

Le repas s’était déroulé dans une ambiance relativement détendue. Henry et Thierry n’avaient parlé que de voitures, tandis que les femmes s’échangeaient les derniers potins des stars. Alors que Sylvia ramenait une pile d’assiettes dans la cuisine, elle surprit une conversation entre ses parents.

- « Henry, tu devrais lui dire et rapidement ».

- « Pas encore ».

- « Sylvia a le droit de savoir que… »

- « Droit de savoir quoi ? » les interrompit-elle.

Ils se retournèrent vivement vers elle. Louise devint toute rouge et Henry se renfrogna. Louise regarda son mari droit dans les yeux. Il souffla, mis ses mains dans ses poches et se tourna vers sa fille. D’une voix neutre, il lui annonça :

- « On ne peut pas subvenir aux besoins d’un bébé, c’est pourquoi tu vas le faire adopter dès sa naissance ».

Sylvia n’en croyait pas ses oreilles et faillit lâcher la pile d’assiettes qu’elle avait dans les mains. Elle crut avoir mal entendu, qu’elle était dans un cauchemar et qu’elle allait bientôt se réveiller, mais lorsqu’elle regarda sa mère elle sut qu’elle ne rêvait pas. Elle était totalement abasourdie. Comment pouvaient-ils lui faire ça ?

- « Nooooon. Je ne veux pas le faire adopter. C’est MON bébé. Je ne veux pas l’abandonner. Je l’aime. Dès que j’aurais eu mon bac, je trouverais du travail pour pouvoir subvenir à ses besoins ».

- « Sylvia chérie, on ne veut pas que tu gâches ta vie et que tu renonces à tes études. Tu as un grand avenir dans le tourisme. Tu es tellement douée dans les langues étrangères, ça serait dommage que tu gâches tout à cause du bébé. Tu es jeune, tu pourras avoir d’autres enfants plus tard, lorsque tu auras trouvé un homme bien avec lequel tu seras marié ».

- « Non mais attendez, c’est MA vie. Ce sont MES choix. J’ai décidé de garder ce bébé et je l’assumerais jusqu’au bout. Il est hors de question que je laisse des inconnus l’élever à ma place ».

- « Sylvia, ça suffit ». Rugit Henry. « Tu es notre fille, tu es mineure et si je te dis que tu vas faire adopter ce bébé, tu le feras. Tu n’as pas le choix, c’est nous qui avons l’autorité ici ».

Désespérée, Sylvia se tourna vers sa mère, les joues baignées de larmes.

- « Maman, tu ne peux pas m’obliger à faire ça. Tu es une mère, tu sais ce que je ressens. Tu aurais pu nous abandonner Thierry et moi ? Tu ne peux pas m’obliger à faire ça. Maman, s’il te plait ». Supplia-t-elle.

- « Pas la peine d’essayer d’émouvoir ta mère, c’est moi qui décide ». Répliqua Henry fermement. « Louise est ma femme et elle doit se ranger à mon avis et faire comme je veux ».

- « Enfin papa, mais dans quel monde tu vis ? On est au 20ème siècle, pas à l’âge de pierre. C’est quoi cette mentalité ? Maman n’est pas ton objet, ni ton esclave. Tu sais que la femme a le droit de vote depuis 1944. En 1938, une loi a été voté supprimant l’incapacité juridique de la femme. Depuis 1965, les femmes peuvent exercer un métier sans l’accord de leur mari. Depuis 1970 l’autorité parentale est égale entre les deux parents abrogeant l’autorité paternelle exclusive et tyrannique ».

- « Je n’ai pas besoin d’un cours d’histoire, ni de droit. Tu es MA fille et tant que tu vivras sous mon toit, tu feras ce que je te dis de faire ». Hurla Henry.

Le cerveau de Sylvia tournait à cent à l’heure. Elle avait envie de faire sa valise et de leur claquer la porte au nez. Mais pour aller où ? Chez Angélique ? Elle ne pouvait pas les impliquer là-dedans encore plus et surtout pas leur imposer un nouveau-né. Chez Thierry ? Il habitait trop loin et elle ne pourrait pas finir son année scolaire. Etant mineure, c’était à ses parents de faire transférer son dossier dans un autre lycée et ils ne le feraient jamais. Elle ne pouvait pas dormir dans la rue, c’était l’hiver, il faisait trop froid et elle était enceinte. Elle tourna les talons et alla s’enfermer dans sa chambre. Elle avait besoin de réfléchir. Elle devait trouver une solution pour pouvoir garder son fils auprès d’elle. Pourquoi à chaque fois que tout allait bien, la vie mettait une nouvelle épreuve sur son chemin ?

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