CHAPITRE 24

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Sylvia avait peu dormi. Elle n’avait pas réussi à trouver le sommeil tant elle était en colère. Elle avait entendu le reste de la famille, rentrer de la messe de minuit. Elle les avait entendu parler dans l’entrée. Louise et Hélène étaient montées se coucher tandis qu’Henry et Thierry étaient restés à discuter dans le salon. Elle entendait leurs voix graves résonner dans la maison. Elle ne pouvait pas entendre leur conversation, mais elle se doutait qu’ils parlaient d’elle rien qu’au ton qu’employait son père. Elle aurait aimé descendre et plaider sa cause, mais elle ne le fit pas. Elle avait déjà eu assez d’émotion pour la soirée et il valait mieux laisser son père se calmer un peu.

Thierry arriverait peut-être à lui faire comprendre ce que, elle, n’avait pas réussi à faire. Henry et Thierry étaient aussi complices que Louise et Sylvia l’étaient. La fierté masculine, l’égo de la transmission du nom, de la relève de la famille. Henry avait un amour inconditionnel pour son fils. Il l’avait élevé sévèrement, mais c’était pour le former à l’image qu’il se faisait d’un bon fils. Thierry avait toujours tout fait pour faire plaisir et plaire à son père. Il s’était toujours plié aux exigences d’Henry et même pendant sa crise d’adolescence, la pire chose qu’il ait fait contre son père avait été de rentrer 1h après le couvre-feu.

Sylvia ne s’était même pas aperçue qu’elle s’était endormie. Elle fût réveillée par des bruits dans la cuisine. Elle regarda son réveil. 8 h 00. C’était le matin de Noël et aussi le jour de son anniversaire. Elle avait 17 ans aujourd’hui. Sa mère était sûrement en train de lui préparer son petit déjeuner préféré, comme tous les ans. Elle s’habilla rapidement et descendit à la cuisine.

Toute la famille était déjà attablée. A son entrée dans la cuisine, ils l’accueillirent avec un « Joyeux anniversaire », collégial. Enfin presque. Henry resta muet, le nez dans son journal de la veille. Elle eut un pincement au cœur, lorsqu’il quitta la pièce pour aller s’installer dans le salon. Elle prit place autour de la table et dégusta le bon petit déjeuner que Louise lui avait préparé avec amour : des crêpes au miel, du jus d’orange frais et du chocolat au lait chaud.

Elle finissait sa dernière bouchée de crêpe lorsque sa mère posa devant elle, un petit paquet entouré d’un ruban argenté.

- « Bon anniversaire ma chérie ». Lui dit-elle avec son sourire le plus tendre.

Délicatement, elle prit le paquet, tira sur le nœud et ouvrit l’écrin. A l’intérieur se trouvait un magnifique collier en argent. Le pendentif était un cœur. Elle pouvait l’ouvrir et y cacher la photo de celui qu’elle voulait garder auprès d’elle. Sylvia avait les larmes aux yeux. Ce cadeau était tellement beau, tellement lourd de sens, tellement important à ses yeux. Elle se leva de sa chaise et se jeta au cou de sa mère. Elle la couvrit de baisers et la serra fort dans ses bras. C’était le plus beau cadeau qu’on ne lui avait jamais offert. Ohh pas par sa valeur fiduciaire, mais parce que c’était sa mère qui lui avait offert à un moment très compliqué de sa vie et que par ce geste elle lui montrait qu’elle comptait énormément pour elle et qu’elle l’aimait.

Hélène lui tendit, elle aussi un paquet. Il était plus gros et emballé dans un joli papier cadeau de couleur bleu métal brillant. Elle l’ouvrit, avec déjà un grand sourire aux lèvres. C’était une édition originale de son roman préféré « Roméo et Juliette » de Shakespeare. Elle passa ses doigts sur le cuir de la couverture et les lettres dorées du titre. Elle n’en croyait pas ses yeux. Il était magnifique. Elle se leva et alla embrasser Hélène puis Thierry. Ces cadeaux étaient très chers à son cœur et ne la quitteraient jamais. C’était décidé.

Ils reprirent une boisson chaude et se rendirent tous dans le salon pour ouvrir leurs cadeaux de Noël. Henry était assis dans son fauteuil, toujours plongé dans la lecture de son journal, qu’il devait connaître par cœur désormais.

Le sapin scintillait de mille feux, grâce aux guirlandes électriques que Louise avait installées méthodiquement. Il y avait tellement de cadeaux qu’on ne voyait plus le sol sous le sapin. Hélène, Thierry et Sylvia prirent place sur le canapé, en face d’Henry. Louise s’accroupie auprès de sapin pour faire la distribution des cadeaux. Henry n’avait toujours pas levé la tête de son journal. Louise posa une main sur son bras et d’un simple regard lui demanda de faire un effort et de poser sa lecture. Il s’exécuta en soupirant.

Louise commença la distribution des paquets. Thierry et Hélène se virent offrir par Henry et Louise, une nappe et les serviettes de tables assorties, brodées par Louise. Ils leur offrirent également à chacun, une bouteille de leur parfum préféré. Sylvia offrit à son frère un portefeuille en cuir et à sa belle-sœur, un nouveau sac à main.

Thierry offrit à sa femme un nouveau manteau. Celui qu’elle regardait depuis des semaines, dans la vitrine d’un grand magasin.

Hélène offrit à son mari une guitare et une année de leçon pour savoir en jouer. Thierry avait toujours rêvé d’apprendre à jouer de la guitare.

Henry offrit à Louise un nouveau mixeur et Louise lui avait fait comme cadeau, une paire de bottes en daim.

Thierry et Hélène offrirent à Henry une veste en cuir, comme il en avait toujours rêvé. Louise se vit offrir une paire de boucles d’oreilles en or. Quant à Sylvia, lorsqu’elle ouvrit son paquet, elle eut la surprise d’y trouver un cadre photo en argent.

Henry et Louise, enfin surtout Louise, offrit à sa fille la paire de chaussures sur laquelle elle avait des vues depuis plusieurs semaines, et 2 tenues complètes de grossesse. Louise précisa à Sylvia qu’elle pourrait toujours les lui réajuster après la naissance du bébé.

Sylvia offrit à son tour à sa mère, une belle écharpe qu’elle avait faite au crochet. Elle s’approcha ensuite d’Henry et lui tendit un petit paquet joliment emballé :

- « Joyeux Noël papa ». Dit-elle avec les larmes aux yeux, en espérant un geste de sa part.

Il prit le paquet qu’elle lui tendait et le déballa avec une lenteur qui mit les nerfs de Sylvia, à rude épreuve. Lorsqu’il retira le couvercle de la petite boite, elle retint son souffle, attendant sa réaction. Henry prit dans ses mains la médaille en or. Sylvia pouvait lire sur son visage, toute l’incompréhension qu’il ressentait.

- « C’est la médaille que tu avais gagné lors des championnats de France de Judo. Tu l’avais égaré depuis plusieurs années et en fouillant dans le grenier, je l’ai retrouvé. Je sais que tu y tenais beaucoup et que tu avais été très déçu et peiné de l’avoir perdu. Je l’ai gardé cachée dans ma chambre pendant toute ses semaines pour te l’offrir lors d’un jour spécial. Je n’ai pas trouvé de meilleur moment qu’aujourd’hui, pour te la rendre ». Elle avait envie d’ajouter qu’elle l’aimait, mais sa pudeur l’en empêcha. Ce n’était pas des choses que l’on disait facilement dans sa famille.

Henry la regarda droit dans les yeux, depuis la première fois depuis des mois.

- « Merci ». Dit-il seulement avant de tourner le regard de nouveau.

Il referma la petite boite et la posa sur la table du salon. Il se leva et se rendit dans son atelier. Ils ne le revirent pas avant le déjeuner. Il s’était de nouveau emmuré dans sa colère et sa fierté et adoptait de nouveau, avec Sylvia, l’ignorance qui lui était devenu habituelle.

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