CHAPITRE 22

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Sylvia était chez Angélique. Elles travaillaient sur une leçon d’Espagnol qu’Angélique avait du mal à comprendre. Tout à coup Sylvia poussa un petit cri de surprise et se toucha le ventre.

- « Qu’est-ce qui se passe ? » Demanda Angélique inquiète.

- « Je crois que je l’ai senti bouger ». Répondit Sylvia incertaine.

Elle attendit un petit moment, attentive à chaque réaction de son corps, lorsqu’elle ressenti de nouveau un petit coup. Cette fois c’était sûr. Elle avait senti son fils bouger.

- « Il bouge ! » Cria-t-elle presque.

- « C’est vrai ? Rhoooooo trop bien ! » Répondit Angélique toute excitée.

Sylvia lui attrapa la main et la plaça à l’endroit où elle avait senti le dernier coup. Elle laissa sa main sur celle de son amie et elles attendirent. Quelques secondes plus tard, les 2 jeunes femmes sentirent clairement un coup de pied.

- « Je l’ai senti, je l’ai senti ». Dit Angélique surexcitée. Elle sautait sur son siège en tapant dans ses mains.

Sylvia avait les larmes aux yeux, tellement l’émotion était forte. Elle caressa tendrement son ventre pendant quelques minutes à guetter de nouveaux mouvements de son fils, mais ne sentie plus rien.

- « Il a dû se rendormir ». Dit-elle à Angélique.

Son amie se pencha et approcha son visage près de son ventre, au niveau de son nombril. Angélique plaça ses mains de chaque côté du ventre de Sylvia et dit à l’attention du bébé qui grandissait lentement :

- « Petit bonhomme ? C’est ta tante Angélique. On t’aime beaucoup tu sais, ta maman et moi ».

Comme si le petit être auquel elle s’adressait, l’avait compris et voulait communiquer avec elle, elle senti un petit coup sous sa main droite. Elle releva la tête vers le visage de Sylvia. Elles étaient toutes les 2 en larmes, mais avec un grand sourire aux lèvres. C’était merveilleux, magique, inoubliable.

Cet instant restera à jamais gravé dans leur mémoire à toutes les 2. Leurs liens étaient encore plus fort et leur amitié inébranlable.

Ce soir-là, Sylvia alla retrouver sa mère dans le salon, une fois son père couché. Elle voulait lui raconter l’instant mémorable qu’Angélique et elle, avaient vécu l’après-midi même.

- « Maman, il faut que je te raconte ».

- « Oui, quoi ? »

- « J’ai senti le bébé bouger cet après-midi ».

- « Tu es sûre ? » Répondit Louise.

- « Oh oui, aucun doute. On l’a senti plusieurs fois. Angélique s’est mise à lui parler, tout près de mon ventre et il lui a répondu par un petit coup juste à l’endroit où était posée sa main droite. C’était exceptionnel maman ». Dit-elle avec des étoiles dans les yeux.

- « Je me souviens quand je vous attendais, ton frère et toi. J’ai adoré vous sentir bouger dans mon ventre. Au début se sont des petits coups, de temps en temps et plus il grandit, plus les coups sont forts. Tu verras, tu pourras même voir ta peau se tendre et se détendre sous ses mouvements. Comme des vagues. C’est extraordinaire. Ton père adorait poser sa tête sur mon ventre. Une fois tu lui as même donné un bon coup dans la joue ». Raconta Louise avec un brin de nostalgie.

Sylvia senti sa gorge se serrée. Elle aurait tant aimé que son père s’intéresse autant à sa grossesse que sa mère. Ou, au moins, qu’il sorte de son mutisme et lui parle de nouveau. Elle imaginait son père se penchant sur le ventre de sa mère, comme Angélique l’avait fait quelques heures plus tôt, parlant à son futur enfant avec un sourire jusqu’aux oreilles. Tout à coup, l’image de Lionel faisant la même chose, lui apparue. Jamais elle n’aurait le bonheur de partager ces moments uniques avec lui. Jamais il ne sentira son fils bouger dans son ventre. Jamais, elle ne sentirait la chaleur de sa main sur son ventre, attendant que son fils lui donne un petit coup. Toutes ces premières fois, tous ces moments uniques et inoubliables, elle les vivait seule. Elle senti les larmes montées et préféra s’éclipser dans sa chambre pour pleurer seule, dans son lit.

Au lycée, elle avait réussi à cacher sa grossesse, jusqu’à maintenant. Mais son ventre prenait de plus en plus de volume et même ses vêtements amples n’arrivaient plus à cacher son état. Elle avait remarqué les regards des élèves, les murmures et les rires à son passage. Angélique lançait des regards noirs à quiconque se moquait de son amie.

Sylvia, était blessée par le comportement des autres élèves à son égard. Elle s’y était préparé, mais c’était toujours blessant d’entendre dire dans son dos qu’elle n’était « qu’une putain », « une pauvre fille », « une trainée », « une salope » même. Elle faisait tout son possible pour garder la tête haute et restée digne, mais le soir, elle s’écroulait en pleurs, sur son lit. Elle ne comprenait pas la méchanceté de ses camarades, alors qu’ils ne connaissaient même pas son histoire. Aucun d’eux, n’était venu lui parler.

Elle avait entendu des rumeurs comme quoi, elle s’était faite engrossée volontairement, qu’elle avait fait exprès de ne pas prendre la pilule et qu’elle avait couché avec Lionel juste pour se faire faire un gosse. Elle ne savait pas d’où provenait ses rumeurs et elle s’en moquait. Elle savait que les gens parlaient sans savoir et se délectaient de ces petits ragots croustillants.

Elle avait choisi de les ignorer. Le plus important pour elle, c’était d’obtenir son bac à la fin de l’année. Ensuite elle trouverait un emploi pour pouvoir offrir une belle vie à son fils.

Elle avait croisé Lionel, à plusieurs reprises et à chaque fois il détournait le regard et l’ignorait totalement, se collant encore plus et embrassant à pleine bouche, sa compagne du moment. Depuis la rentrée, Lionel changeait de fille comme de chemise. Il ne se gênait pas pour s’afficher au grand jour avec elles, chose qu’il n’avait jamais voulu faire avec Sylvia et elle ne comprenait toujours pas pourquoi. Apparemment, il prenait un malin plaisir à la faire souffrir en s’affichant aussi indécemment avec ses conquêtes. Elle essayait de faire comme si ça ne la touchait pas, mais c’était faux. A chaque fois, elle avait l’impression de recevoir un coup de poignard dans le cœur. Une boule se formait dans sa gorge, l’étouffant presque. Elle se mettait à trembler à la fois de colère et de chagrin.

Ce jour-là, Sylvia était de mauvaise humeur. Elle avait passé une mauvaise nuit, ayant eu du mal à trouver une bonne position pour dormir. Elle avait eu une mauvaise note en Maths et en plus la bretelle de son sac à dos venait de craquer. Elle était dans la cour du Lycée, debout, son sac à dos posé sur l’assise d’un banc, à essayer de bricoler une réparation de fortune, lorsqu’elle vit du coin de l’œil, Lionel et sa bande arriver. Elle essaya de ne pas prêter attention à eux, mais elle n’eut pas d’autre choix que d’entendre ce qu’ils disaient, tellement ils parlaient fort.

- « Tu as vu cette pauvre fille. Elle est tellement grosse que si elle s’asseyait sur le banc, elle ne pourrait plus se relever ». Dit la nouvelle copine de Lionel.

Tout le groupe se mit à rire. Sylvia serra les poings, mais fit comme si elle n’avait rien entendu. Angélique, qui était assise sur le banc à côté d’elle, releva la tête pour voir qui avait dit ça. Lorsqu’elle s’aperçu qu’il s’agissait de Delphine, la nouvelle conquête de Lionel, elle la fusilla du regard. Sylvia connaissait son amie par cœur et elle vit qu’il ne suffisait plus que d’un seul mot, un seul mouvement de la part de Delphine, pour qu’Angélique lui saute à la gorge. Elle posa une main sur l’épaule d’Angélique et quand cette dernière la regarda, elle lui fit signe « non » de la tête. Angélique s’adossa au banc sans pour autant lâcher Delphine du regard.

Cette peste de Delphine avait décidé de faire de Sylvia, son souffre-douleur pour la journée. Cette fille était la méchanceté incarnée. Cette belle blonde aux yeux bleus, aux courbes voluptueuses et au sourire ravageur, rendait jalouse toutes les filles et faisait tourner la tête de tous les garçons. Elle était consciente de l’effet qu’elle faisait aux garçons et elle aimait jouer de ses charmes auprès d’eux. Elle était dans l’établissement seulement depuis le début de l’année scolaire, et elle comptait déjà un bon nombre de conquête auprès de la gente masculine. Ses tenues affriolantes et son comportement provocateur, lassait à croire qu’elle ne devait pas se contenter juste de flirter avec les garçons. Depuis quelques semaines, elle trainait avec la bande de Lionel. Sylvia l’avait vu aux bras de d’Arnaud. La semaine suivante, elle embrassait Thomas. Le lendemain, elle était assise sur les genoux d’Idriss. Visiblement, aujourd’hui c’était au tour de Lionel, de profiter des charmes de la sulfureuse Delphine.

- « C’est un éléphant que tu vas pondre ? » Questionna Delphine. « Tu as vu comme tu es grosse ? » Continua-t-elle.

Sylvia ne réagit pas. Elle essayait de contrôler la colère qui montait en elle. Delphine serait trop contente si elle réagissait violement. C’était ce qu’elle cherchait et elle ne voulait pas lui donner ce plaisir.

- « Lionel, chéri, je ne sais pas comment tu as fait pour baiser cette fille. Ah ! si ! Peut-être qu’avec un sac sur la tête devant une vidéo porno… » Persifla Delphine.

Toute la bande se mit à rire, sauf Lionel qui resta impassible.

Sylvia serra les dents et ferma les yeux quelques secondes pour arriver à contrôler ses envies de meurtre. Lorsqu’elle rouvrit les yeux, elle se tourna vers Delphine, lui offrit son plus beau sourire et d’une voix calme et posée répliqua :

- « Avec moi au moins il a joui ». Dit-elle en mettant son ventre en avant.

Ils cessèrent tous de rire, stupéfaits. Ils ne s’attendaient pas à une telle réplique de la part de Sylvia. L’effet de surprise passé, ils se mirent tous à chambrer Delphine. Cette dernière fusilla Sylvia du regard, mais elle ne baissa pas les yeux. Profitant de l’avantage qu’elle avait sur Delphine, Sylvia poursuivi :

- « Il m’a conduit dans son appartement et je doute que tu ne connaisses rien que son adresse. On a baisé dans toutes les pièces. Je lui ai fait prendre un tel pied avec ma bouche sur sa bite, que tout l’immeuble à dû l’entendre. Avec moi, il en redemandait, il n’était jamais rassasié ».

- « SYLVIA ! » Gronda Lionel.

Sylvia le regarda. Il était rouge de colère et il avait les poings serrés le long de ses cuisses. Elle eut un petit instant de surprise et de peur, qui laissa très vite place à une grande satisfaction. En plus d’avoir mouché Delphine, elle avait blessé Lionel et elle était ravie de cette petite vengeance inattendue. Ce n’était rien par rapport au mal qu’il lui avait fait, mais elle se délectait de le voir si touché par ses propos.

- « Peut-être, mais aujourd’hui il est avec moi au lieu d’être avec toi ». Persiffla Delphine.

« Touchée ». Elle senti une boule se former dans sa gorge. Elle ne devait pas pleurer devant eux. Ils n’attendaient que ça. Elle ne devait pas leur faire ce plaisir.

- « Et moi je suis assez intelligente pour ne pas me retrouver enceinte d’un petit bâtard ». Continua Delphine.

- « DELPHINE !» Gronda à nouveau Lionel.

Voyant Sylvia sur le point de fondre en larmes, Angélique se leva et vint de placer devant son amie comme un bouclier, pour la protéger du venin que crachait Delphine.

- « ça suffit maintenant. Laisse la tranquille. Tu es vraiment pathétique de t’en prendre à elle. Tu dois sérieusement te faire chier dans ta vie, pour t’en prendre comme ça à une fille qui ne t’a rien fait. Retourne montrer ton cul à tout le monde et fiche nous la paix ». Dit Angélique fermement. « Si tu t’en prends encore à Sylvia, tu auras à faire à moi et crois-moi, quand j’en aurais fini avec toi, plus aucun garçon ne voudra coucher avec toi, même avec un sac sur la tête devant un film porno ».

Stupéfaite, par l’intervention d’Angélique. Delphine lui jeta un regard dédaigneux et tourna les talons. Toute la bande la suivie. Lionel observa Sylvia quelques secondes, ouvrit la bouche, puis se ravisa. Il tourna les talons à son tour et Sylvia l’interpella :

- « Lionel ! »

Il se retourna.

- « Juste pour te dire que c’est un garçon ».

Il baissa la tête et rejoignit sa bande.

Sylvia ne savait pas pourquoi elle lui avait dit ça. Elle avait juste ressenti un besoin inexplicable de lui révéler le sexe du bébé. Delphine, Lionel et le reste de la bande, hors de vue, elle éclata en sanglots dans les bras d’Angélique. Cette confrontation avait été très éprouvante.

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