CHAPITRE 21

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Les jours passaient et rien ne s’améliorait entre Sylvia et son père. Henry prenait ses repas plus tôt. Il ne voulait pas se retrouver dans la même pièce que sa fille. Il l’évitait délibérément. Sylvia avait le cœur brisé par le comportement de son père envers elle. Elle pensait qu’il se calmerait et qu’il reviendrait vers elle, mais son orgueil était plus fort que son amour pour sa fille.

Louise avait eu du mal à digérer les mensonges et les cachoteries de sa fille, mais en voyant la réaction d’Henry, elle avait compris pourquoi Sylvia leur avait caché tant de chose au cours des mois précédents. Leur relation ne serait plus jamais pareille, mais en tant que mère, elle ne pouvait pas laisser sa fille vivre cette période unique, toute seule. Elles s’étaient rapprochées. Louise lui avait pardonné ses erreurs. Sylvia savait qu’elle pouvait compter sur sa mère désormais et elle était heureuse de pouvoir partager sa grossesse avec elle.

Au lycée, pour le moment, personne n’était au courant pour sa grossesse, hormis Angélique et Mme FUSAIN. Elle mettait des vêtements amples pour cacher son ventre qui s’arrondissait.

Sylvia en était à son 5ème mois de grossesse et elle avait de plus en plus de mal à s’habiller. Elle ne rentrait plus que dans 3 pantalons et encore difficilement et tous ses soutien-gorge étaient trop petits. Elle en parla avec sa mère. Elle ne voulait pas leur faire dépenser de l’argent dans des vêtements de grossesse, mais là, elle n’avait plus le choix. Louise la conduisit volontiers, faire les boutiques. Sylvia ne voulu pas aller dans les magasins spécialisés où les vêtements étaient hors de prix. Elle se rendit dans les magasins qu’elle avait l’habitude de fréquenter. Elle choisit 3 pantalons, 4 t-shirts et 2 gilets. Elle les prit 2 tailles au-dessus de sa taille habituelle, pour avoir de la marge. Elle acheta également 3 soutien-gorge, 5 culottes et 1 chemise de nuit. Elle prit les prix les plus bas sachant qu’elle ne les remettrait pas après l’accouchement.

En rentrant chez elles, Sylvia se dépêcha de cacher leurs achats dans sa chambre, pour que son père ne les voit pas sinon il piquerait une crise.

Dans sa chambre, elle se débarrassa de ses vêtements trop petits et essaya ses nouveaux vêtements. Elle fit des revers aux bas de ses pantalons qui étaient beaucoup trop long. Les t-shirts avaient les épaules plus larges que sa morphologie. Elle eu l’idée d’y coudre des élastiques pour les froncer et les mettre ainsi à sa taille. Elle trouva plusieurs foulards dans sa penderie qu’elle utilisa en guise de ceinture. Après avoir passé toute un après-midi à reprendre ses nouveaux vêtements, elle fût satisfaite de son travail. Ainsi, elle ne passerait pas pour un sac à patate ou un pauvre cas social, au lycée. Elle montra discrètement, ses modifications à sa mère, qui approuva ses idées.

Elle mit l’une de ses nouvelles tenues, dès le lendemain matin. Angélique adora immédiatement.

- « Angie, au fait, j’ai ma prochaine échographie mercredi après-midi, tu peux venir avec moi ? »

- « Bien sûr ».

- « Ok, je passerais te chercher à 14h. J’ai rendez-vous à 14h30. Ohlala, je suis impatiente de le revoir. Il doit avoir bien grandit par rapport à la première fois, vu la taille de mon ventre ». Dit-elle en le caressant tendrement.

- « J’ai hâte moi aussi de voir ça ». Répondit Angélique.

- « En plus, avec un peu de chance, on pourrait savoir le sexe ».

- « C’est vrai ? »

- « Oui ».

- « Tu veux savoir ? »

- « Oui. Je ne pourrais pas attendre jusqu’à la naissance. J’ai envie de savoir avant ».

- « Tu as déjà des idées de prénoms ? »

- « Oui. Pour une fille : Stéphanie et pour un garçon : Nicolas. J’ai toujours adoré ces prénoms ».

- « Oui ils sont jolis ».

Le mercredi après-midi, Sylvia se présenta chez Angélique à 14h. Angélique avait fini par mettre sa mère au courant pour la grossesse de Sylvia. A son grand étonnement, elle fût beaucoup plus tolérante que les parents de Sylvia et assura à celle-ci, qu’elle lui apporterait tout son soutien et qu’elle serait là pour elle si elle avait besoin.

Elles étaient dans la salle d’attente du planning familial, à attendre leur tour. Sylvia se tordait les doigts, nerveuse tandis qu’Angélique se rongeait les ongles. Enfin Sylvia fût appelée. Comme la première fois, la gynécologue l’examina avant de lui faire son échographie. A l’examen manuel tout était normal. Son utérus avait une taille normale, son poids était plus que correct, son col était parfait, tout était parfait.

Elles passèrent en salle d’échographie. Le gel était toujours aussi froid au premier contact, mais cette sensation désagréable passa rapidement, comme la première fois. Angélique était toujours à ses côtés et lui tenait toujours la main. Elles avaient toutes les 2, le regard fixé sur le moniteur. La gynécologue, prit les mesures dont elle avait besoin et leur donna quelques explications sur ce qu’elles voyaient. Le bébé avait bien grandi et ne pouvait plus être vu dans sa globalité, sur l’écran. Quelques larmes coulèrent sur les joues de Sylvia, lorsqu’elle découvrit le visage de son bébé. Ça n’était pas aussi clair qu’une photo, bien sûr, mais elle pouvait distinguer son nez, ses yeux et sa bouche. Les lèvres du bébé bougèrent comme s’il voulait leur dire bonjour. Sylvia rit entre ses larmes. Elle put voir son cœur battre, ses jambes et ses bras bouger. C’était magique, merveilleux. Une fois que la gynécologue eut finit les mesures et les examens obligatoires pour vérifier le bon développement du bébé, elle demanda à Sylvia si elle voulait connaitre le sexe de son bébé. Sylvia répondit par l’affirmative, immédiatement. La gynécologue déplaça la sonde, chercha un petit instant, puis stoppa. Elle laissa les 2 jeunes femmes essayer de lire l’image.

- « Alors Sylvia, arrivez-vous à voir ? »

- « Euh non pas du tout. Je ne vois rien du tout ».

La gynécologue lui montra, à l’aide de son index, les testicules et le pénis.

- « C’est un garçon Sylvia ».

- « Un garçon ? Vous êtes sûre ? » dit Sylvia au comble du bonheur.

- « Oui totalement, il n’y a aucun doute. Regardez. On distingue clairement les testicules et le pénis. Félicitations. En plus il est gâté par la nature ce petit bonhomme ».

Sylvia pleurait de plus belle. Elle espérait vraiment avoir un fils. Si ça avait été une fille, elle aurait été très heureuse, mais elle avait une préférence pour un garçon. Elle était au comble de la joie. Angélique était heureuse pour son amie. Elle aussi était en larmes.

Elles ressortirent du planning familial avec des nouvelles photos de l’échographie et les dates pour les prochains rendez-vous de contrôle. Sylvia était heureuse.

Elles rentrèrent chez la mère d’Angélique et lui montrèrent les photos des échographies. La mère d’Angélique était stupéfaite. Elle n’avait jamais vu une échographie, cet examen n’existait pas lorsqu’elle attendait ses enfants. Sylvia espérait que sa mère serait aussi heureuse de voir les images, que la mère d’Angélique. Elle espérait que son père se radoucirait en apprenant qu’il allait avoir un petit fils. Henry était très macho et vieux jeu. Pour lui, il était très important d’avoir un fils, pour la transmission du nom de famille. Heureusement, il avait eu un fils avant Sylvia. En apprenant qu’il allait avoir un petit fils, qui porterait son nom de famille, elle espérait qu’il se radoucirait et l’accepterait.

En rentrant chez ses parents, Sylvia vit que son père était dans son atelier. Louise était en train de préparer le diner.

- « Maman, je suis allée passer une visite de contrôle et une échographie aujourd’hui ».

- « Alors ? » Demanda Louise avec intérêt.

- « Tout va très bien. Tu veux vois les images de l’échographie ? »

- « Oh tu sais je n’y connais rien ».

- « Je vais t’expliquer, regarde ».

Elle détailla les images à sa mère qui était aussi stupéfaite que la mère d’Angélique quelques heures plus tôt.

- « Maman, c’est un petit garçon ».

- « C’est vrai ? »

- « Oui ».

- « C’est formidable. Un petit fils. » se réjouit Louise.

- « Tu crois que papa va se radoucir en apprenant qu’il va avoir un petit fils ? »

- « Alors là ma chérie, n’y croit pas trop. Il est vraiment vraiment très en colère. Mais qui sait. S’il sait qu’il va avoir un petit fils, il va peut-être se calmer un peu ».

- « Je vais aller lui parler ».

- « D’accord ».

Sylvia était très triste que son père l’ignore depuis qu’il était au courant pour sa grossesse. Elle aimait énormément son père. Comme toutes les petites filles, il était son héros. Petite, elle voulait se marier avec lui. Son comportement la blessait énormément.

Elle rejoignit Henry, dans son atelier. Il la vit entrer, mais l’ignora volontairement. Sylvia avait le cœur serré et faillit faire demi-tour, mais se ravisa. Elle devait tenter une approche.

- « Bonjour papa ». Dit-elle timidement.

Henry ne répondit pas. Elle vit seulement sa mâchoire se contracter.

- « Je venais juste pour te dire que j’avais passer des examens médicaux aujourd’hui. La gynécologue a dit que tu allais avoir un petit-fils ». Dit-elle, les larmes aux yeux avec l’espoir qu’il sorte de son mutisme.

Henry stoppa net son geste. Il resta immobile pendant quelques secondes qui parurent des heures à Sylvia. Henry repris ce qu’il était en train de faire.

- « ça ne sera jamais mon petit fils. Un bâtard ne mérite pas de porter le nom des De Montfort ».

Il aurait giflé Sylvia que ça aurait eu le même effet sur elle. Cette réplique cinglante résumait toute la pensée d’Henry et Sylvia compris qu’il n’accepterait jamais son bébé. En faisant le choix de garder son bébé, elle avait perdu son père. Elle sorti de l’atelier, sans un mot. Ses joues étaient baignées de larmes. C’était comme si son père venait de lui planter un couteau en plein cœur.

Lorsque Louise vit sa fille rentrer en sanglotant, elle comprit ce qui avait bien pu se passer dans l’atelier. Elle essaya de consoler sa fille, comme elle put, mais elle ne pouvait rien faire de plus. Elle était partagée entre son amour maternel pour sa fille et l’amour de sa vie en la personne d’Henry. Elle ne voulait perdre ni l’un, ni l’autre et pourtant elle n’avait aucune solution pour les réconcilier.

Louise avait tenté de parler à Henry, de le ramener à la raison, mais il était tellement têtu et il se sentait tellement trahi par sa fille, qu’il n’y arrivait pas. Outre le fait que Sylvia soit tombée enceinte, c’est surtout tous ces mois de mensonges et de cachoteries qu’il n’arrivait pas à lui pardonner. Il avait totalement perdu confiance en elle et quand on perdait confiance en quelqu’un il était extrêmement difficile de la retrouver.

Henry aurait voulu pardonner à sa fille, il aurait voulu la prendre dans ses bras et l’embrasser, la consoler, mais dès qu’il posait les yeux sur son ventre qui s’arrondissait, le goût amer de la trahison lui revenait dans la bouche et il ne pouvait que détourner les yeux.

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