Sylvia prêtait beaucoup d’attention aux transformations que subissait son corps, à cause de sa grossesse. Par chance, elle n’avait quasiment pas de nausées. Sa poitrine était un peu douloureuse et plus volumineuse. Pour le moment, à son grand soulagement, son ventre restait plat.

Elle avait hâte de voir son ventre s’arrondir et de sentir le bébé bouger. Tous les jours, elle passait un long moment devant sa psyché à examiner son ventre et à imaginer à quoi elle allait ressembler lorsqu’il serait plus gros.

Souvent, la nuit, elle rêvait qu’elle faisait de longues balades avec son bébé dans la poussette. Ils rencontraient Lionel, par hasard. Le jeune homme lui disait qu’il regrettait de l’avoir rejeté, qu’il l’aimait et qu’il voulait passer sa vie auprès d’elle et son bébé. Mais lorsqu’elle se réveillait, elle se rappelait que ça n’était qu’un rêve et la tristesse envahissait de nouveau son cœur.

Elle avait pris un rendez-vous avec le planning familial, pour faire suivre sa grossesse et obtenir l’aide psychologique et matériel dont elle avait besoin durant les mois à venir. Angélique l’accompagna à ses 2 premiers rendez-vous et à sa première échographie.

- « Melle De Montfort, je vais d’abord vous examiner, puis nous passerons en salle d’échographie ». Lui expliqua la gynécologue du planning familial.

Après un examen manuel, elle déclara que pour le moment, tout allait bien et que le bébé se développait normalement. Elles passèrent en salle d’échographie. Le gel était un peu froid sur son ventre, mais cette gêne fût de très courte durée. Angélique était à ses côtés et lui tenait la main. Elle était presque aussi excitée et angoissée que Sylvia.

La gynécologue passa la sonde d’échographie, sur le ventre de Sylvia. La jeune femme ne distinguait que des masses blanches et des masses noires, sans savoir à quoi elles correspondaient. La gynécologue était très douce, très gentille et prit le temps de tout lui détailler et lui expliquer. Malgré les explications, Sylvia ne voyait pas grand-chose sur l’écran, jusqu’à ce qu’elle arrive enfin à distinguer une forme qui ressemblait à un tout petit bébé. Ça y est, elle voyait sa tête, son corps, ses bras, ses mains, ses jambes et ses pieds. Elle dû se retenir pour ne pas sauter de joie. A ses côtés, Angélique, elle-aussi, était excitée en découvrant les images. Elles fondirent toutes les deux en larmes, lorsque la gynécologue leur fit écouter le cœur du bébé. Il battait très vite, mais régulièrement. Des battements forts, clairs et réguliers. Tout allait parfaitement bien.

La gynécologue donna les photos de son échographie, à Sylvia, ainsi que quelques prospectus d’informations et une ordonnance pour des ampoules de fer, vu que très souvent les femmes enceintes étaient en carences à ce niveau-là.

Sylvia et Angélique ressortirent du planning familial, avec un grand sourire aux lèvres. Tout à coup, Sylvia eut un coup de cafard en pensant que ça aurait dû être Lionel avec elle à ce rendez-vous, au lieu d’Angélique. C’est lui qui aurait dû se réjouir et découvrant les premières images de son bébé. C’est encore avec lui qu’elle aurait dû ressortir du planning familial. Lorsqu’elle réalisa cela, elle se mit à pleurer. Angélique comprit ce qu’elle avait en tête et passa un bras sur les épaules de son amie pour la réconforter.

Elles rentrèrent chez la mère d’Angélique. Dans la chambre de la jeune femme, elles s’installèrent sur le lit et s’extasièrent devant les photos de l’échographie que venait de passer Sylvia.

- « Ohlala, j’ai vraiment du mal à imaginer qu’il est vraiment comme ça, là, dans mon ventre ». Dit Sylvia à la fois admirative et surprise.

- « Carrément. C’est incroyable ». S’extasia Angélique. « Tu le sens bouger ?»

- « Non pas encore. La gynécologue m’a dit de ne pas m’inquiéter, que je ne devrais pas tarder à le sentir. J’ai hâte et en même temps j’ai peur d’avoir mal ». Dit Sylvia inquiète

- « Ah oui, ça doit faire bizarre ». Dit Angélique avec une petite grimace de dégoût.

- « C’est quand même fou, comment à partir de cellules microscopiques, arrive à se former un bébé ». S’étonna Sylvia toujours en examinant son échographie.

Elles parcoururent les brochures d’informations qu’avait donné la gynécologue. Ces documents permettaient à Sylvia de connaitre les démarches qu’elle avait à faire, les examens obligatoires, les aides auxquelles elle aurait droit et le déroulement de la grossesse jusqu’à l’accouchement.

Angélique paru embarrassée tout à coup. Sylvia vit qu’elle avait quelque chose à lui dire et qu’elle cherchait ses mots pour ne pas la brusquer ou lui faire de la peine.

- « Angie, qu’est-ce qu’il y a ? Je te vois te tordre les doigts et réfléchir ».

- « Bah en fait…, je me demandais quand tu en parlerais à tes parents ? »

- « Dans 1 semaine, j’aurais dépassé la date limite légale pour pouvoir avorter. Il faut que je fasse encore attention à ce qu’ils ne remarquent rien jusque-là ».

- « Comment vas-tu leur annoncer ? »

- « Je ne sais pas encore, mais ça ne va pas être facile. Je m’attends à ce que mon père pique une colère et que ma mère pleure toutes les larmes de son corps en se demandant ce qu’elle avait bien pu faire pour mériter ça ».

- « Tu veux que je sois avec toi lorsque tu leur annonceras ? »

- « Non. Je préfère être seule. Merci de ta proposition ». Dit Sylvia en serrant son amie dans ses bras.

- « En tout cas, tu peux toujours venir ici, si tu as besoin de souffler un peu ou de t’éloigner d’eux pendant quelques heures ».

- « Merci. Tu es vraiment une amie extra ».

- « Oui, je sais, je sais ». Dit Angélique en se pavanant.

Elles éclatèrent de rire. Sylvia rangea tous ses papiers et l’échographie, bien soigneusement dans une pochette, puis dans son sac à dos.

Sylvia resta diner chez Angélique et c’est à contre cœur qu’elle rentra chez ses parents.