CHAPITRE 2

7 minutes de lecture

Sylvia rentra du lycée à 18h30. Elle embrassa sa mère et se rendit dans sa chambre pour y déposer ses affaires et faire ses devoirs.

Henri et Louise, les parents de Sylvia étaient de condition modeste. Henri travaillait comme chauffeur routier pour une société de transport de Brest. Louise était mère au foyer. Elle avait quitté son poste de couturière à la naissance de son fils ainé, Thierry. Sylvia était née 6 ans plus tard. Ils vivaient dans un quartier résidentiel calme. Leur maison n’était pas très grande, mais elle leur suffisait. Le rez-de-chaussée se composait d’un salon, d’une salle à manger, d’une cuisine, d’un débarras et des toilettes. A l’étage se trouvait 3 chambres et une salle de bain. La maison était entourée d’un petit jardin clos par une barrière blanche en bois. Henri et Louise étaient Chrétiens et très respectueux de leur religion et de ses usages.

Louise l’appela à 20h pour le diner. Elle s’installa à côté de son père, en face de sa mère. Elle se servit et commença à manger. Elle était stressée à l’idée de devoir leur mentir concernant le projet d’Arts Plastiques. Elle prit une grande inspiration et se lança :

- « Papa, maman, Angélique et moi on doit travailler sur un projet pour le cours d’Arts Plastiques. On doit créer des costumes pour Mardi gras et on n’aura pas assez des heures de cours pour les réaliser. Je peux aller travailler chez elle plusieurs soirs par semaine ? C’est juste pour 1 mois ». Supplia-t-elle.

- « Et tes devoirs tu les feras quand ? » demanda son père.

- « Je m’avancerais au maximum les soirs où je n’irais pas chez elle. On n’a pas encore vraiment défini les jours. Déjà, il y a demain soir. Je me suis déjà avancé. J’ai fait mes devoirs pour jusqu’à la fin de la semaine. Je peux y aller ? »

- « C’est pour un travail scolaire ? pas pour sortir et voir des garçons ? » questionna son père soupçonneux.

- « Non papa, c’est vraiment pour un travail scolaire. On doit créer les costumes de Bonnie & Clyde. On les présentera lors d’un défilé, à Mardi gras et tous les élèves du lycée voteront pour leur duo préféré. Le nombre de voix obtenues, définira notre note finale ».

- « Très bien. Tu peux y aller demain soir. Combien de soirs tu comptes y aller ? »

- « 2 ou 3 soirs dans la semaine ».

- « Et pourquoi vous ne travailleriez pas dessus le week-end ? » questionna sa mère.

- « Maman, tu sais bien que le week-end Angélique est chez son père. C’est loin, tu serais obligé de m’y conduire, tandis que là je peux y aller seule à pied. Et puis je n’aime pas aller chez son père. Il me fait peur, il est bizarre ».

Ce n’était pas un mensonge. Le père d’Angélique avait toujours fait peur à Sylvia. Il était très bourru, très cru dans ses paroles, sale et malpoli. Lorsqu’il élevait la voix sur ses enfants, Sylvia avait toujours l’impression qu’il allait péter un plomb et tout démolir dans la maison. Elle en avait déjà parlé à ses parents. Sa réponse ne les étonna donc pas et ils comprirent.

- « Très bien tu peux y aller. Tu nous diras juste demain soir les jours que vous avez décidé. Que l’on sache pour ne pas s’inquiéter ». Précisa son père.

- « Oui, oui. Bien sûr ».

- « Et je veux que tu sois rentrée pour 21h maximum. Tu as cours le lendemain ». Imposa sa mère.

- « Tu m’appelles quand tu es prête à rentrer et je viens te chercher. Il fait nuit à cette heure -là et je ne veux pas que tu fasses le chemin, toute seule dans le noir ». Dit son père.

Zut, elle n’avait pas pensé à ça. Il fallait qu’elle trouve quelque chose, une excuse, pour que son père ne vienne pas la chercher. Viiiite !!!! Trouver une idée.

- « Papa, j’ai 16 ans. Tu travailles tôt le lendemain, ne te déranges pas. Tu sais bien que souvent tu es déjà prêt à aller dormir. Ça t’obligerais à te rhabiller, à sortir la voiture et à te coucher plus tard. Tu serais fatigué. Je peux rentrer toute seule, je n’ai plus 5 ans. Je sais me défendre. Angélique habite à 10mn et les rues ne sont pas dangereuses ». Dit-elle satisfaite de sa plaidoirie.

- « Oui c’est vrai, j’ai tendance à oublier que tu n’es plus une petite fille. D’accord tu rentreras seule. Attention, le moindre retard et je viens te chercher ».

- « Ne t’en fais pas. Tu peux me faire confiance ». Dit-elle satisfaite et en même temps mal à l’aise de devoir leur mentir.

Ils finirent leur diner et Sylvia monta se coucher. Elle était à la fois excitée de commencer le projet Bonnie & Clyde et à la fois un peu intimidée de se retrouver seule chez Lionel. Elle prépara ses affaires pour la journée du lendemain avant d’aller prendre sa douche. Elle fit attention de ne pas faire trop de bruit, son père étant couché. Louise était restée au salon pour regarder la télévision. Elle se doucha et se lava les cheveux, qu’elle tressa pour la nuit. Elle eut un peu de mal à s’endormir. Elle était impatiente de passer des moments, seule, avec le garçon qui lui plaisait et en même temps elle était inquiète de savoir comment il allait se comporter avec elle. Serait-il aussi charmant qu’en classe ou bien au contraire un vrai abruti ? Elle se tourna en se disant qu’il ne servait à rien de s’imaginer tout un tas de scénario, qu’elle verrait bien le lendemain soir.

La sonnerie du réveil, tira Sylvia de son sommeil, à 6h30. Elle s’étira avant de se lever pour se rendre à la salle de bain, faire sa toilette et s’habiller. Elle prêta un peu plus attention que d’habitude, à sa coiffure et se maquilla très légèrement. Louise était déjà dans la cuisine à préparer le petit déjeuner. Elle n’aimait pas que sa fille parte en cours le ventre vide. Même si Sylvia avait eu 16 ans le mois précédent, elle tenait à lui préparer un bon petit déjeuner pour rester en forme toute la matinée. Ce matin, elle lui avait préparé des crêpes au miel, un jus d’orange frais et une tasse de café. Sylvia avait toujours eu un bon appétit et engloutie entièrement l’assiette que sa mère lui avait préparée. Elle embrassa Louise avant de partir pour le lycée. Mère et fille étaient très unies, très complices et ça peinait Sylvia de devoir lui mentir concernant le travail qu’elle devait faire avec Lionel. Elle aurait aimé lui confier son coup de cœur pour ce garçon, mais elle savait que sa mère en parlerait à son père et il en était hors de question. Henri serait capable de l’enfermer à double tour dans sa chambre jusqu’à ses 18 ans même si elle n’avait juste eu qu’un coup de cœur et rien d’autre. Il ne voulait pas voir sa fille grandir. Elle était sa petite princesse.

Sylvia avait 15mn de marche pour rejoindre le lycée. Tous les matins, elle retrouvait Angélique au carrefour et elles faisaient le restant du chemin ensemble.

- « Alors, c’est bon ? Tes parents ont accepté de te laisser sortir ce soir ? » demanda Angélique, curieuse.

- « Oui. Je leur ai dit que je venais travailler chez toi et qu’on ne pouvait pas le faire le week-end vu que tu es chez ton père. Ce qui n’est pas un mensonge puisque tu y es réellement tous les week-end. Mon père voulait que je l’appel et venir me chercher pour rentrer. J’étais en panique ».

- « Comment tu as fait pour le convaincre de ne pas le faire ? »

- « Je lui ai dit : papa j’ai 16 ans. Tu te lèves tôt le lendemain matin, c’est trop fatiguant pour toi et je n’ai plus 5 ans. En résumé c’est ça. Il a accepté à condition que je rentre à 21h max et si jamais, je suis en retard il viendra me chercher. J’ai intérêt à bien surveiller ma montre. »

- « Carrément. Parce que s’il te grille, c’est le couvent. »

Sylvia imita une nonne en train de prier et elles éclatèrent de rire. Elles plaisantèrent avec ça, toute la journée. Angélique avait même surnommé son amie : « Sœur Sylvia » et cette dernière lui répondait en ponctuant chaque fin de phrase par « Mère supérieure ». La dernière heure de cours, Sylvia sentie l’angoisse monter. Elle espérait que Lionel ne lui ferait pas faux bond et se souviendrait qu’ils devaient travailler ensemble chez lui ce soir. Différents scénarios ne cessaient de tourner dans sa tête, concernant le déroulement de leur soirée de travail. A chaque fois, sa rêverie se terminait par des baisers enflammés.

A 18h, la sonnerie annonçant la fin des cours, retentie. Sylvia se dépêcha de ranger ses affaires et de sortir. Elle ne voulait pas faire attendre Lionel. Angélique la quitta une fois qu’elles furent sorties de l’enceinte du lycée. Elle resta sur le parking, près de l’entrée de l’établissement, à attendre Lionel qui n’était pas encore là. Elle attendit quelques minutes, angoissée et se demandant si elle ne ferait pas mieux de rentrer chez elle. Elle allait partir lorsqu’elle entendit une voix masculine derrière elle :

- « Bonjour ». Dit Lionel avec son sourire en coin, charmeur, comme à son habitude.

- « Bonjour ». Répondit-elle oubliant toutes ses angoisses à la vue de ses yeux verts pétillants.

- « Tu me suis ? »

- « Euh, oui ».

Le trajet jusqu’à chez Lionel, ne dura pas plus de 10mn, pendant lesquels ils restèrent silencieux, ne sachant pas trop ni l’un ni l’autre, comment entamer la discussion. Sylvia avait les mains moites et était très nerveuse. Ils s’arrêtèrent devant un immeuble à 3 étages. Le quartier n’était pas des plus calmes, mais il n’était pas le plus à craindre non plus. Lionel dû sentir son inquiétude et tenta de la rassurer :

- « N’ai pas peur. ça ne craint pas ici. C’est calme. La personne que tu dois craindre le plus ici, c’est moi ». Dit-il en plongeant son regard dans celui de Sylvia. Leur visage était tellement prêt qu’elle pouvait sentir son souffle sur ses lèvres.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Sabrina CRESSY ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0