CHAPITRE 1 (corrigé)

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La sonnerie du lycée retentit au moment même où Sylvia franchissait les grilles de l’entrée. Elle hâta le pas pour ne pas être en retard en cours d’Histoire. Mr GUILLOTIN, le prof d’Histoire/Géo, n’était pas du genre tolérant. Il n’acceptait aucun retard. A partir du moment où il fermait la porte de la classe, il n’acceptait plus aucun élève quelle que soit l’excuse. Mr GUILLOTIN lui faisait un peu peur.

Elle était une très bonne élève, aimait beaucoup apprendre, étudier et découvrir. Elle était toujours gaie, souriante, de bonne humeur et il était rare de la voir triste ou grincheuse. Elle n’avait pas la langue dans sa poche et disait toujours ce qu’elle pensait. C’était une jeune fille honnête, très énergique, qui se liait facilement avec les autres, mais qui n’aimait pas pour autant se faire remarquer.

Elle arriva en classe au moment où le prof mettait la main sur la poignée de la porte pour la refermer. Il lui jeta un regard désapprobateur. Elle baissa la tête et se dépêcha de gagner sa place en se faisant la plus petite et la plus discrète possible. Elle sorti son cahier, son livre et ses stylos tout en l’écoutant qui débutait le cours sans attendre. Pas de chance pour Sylvia, Mr GUILLOTIN avait décidé de la prendre pour sa tête de Turc et ainsi lui faire payer son arrivée tardive. Il n’interrogea qu’elle et ne se gêna pas pour lui faire des remarques désobligeantes si elle ne répondait pas assez vite ou si elle se trompait. Cette première heure de cours fût très éprouvante pour la jeune fille et elle fût soulagée lorsque la sonnerie retentit. Elle s’empressa de ranger ses affaires et de quitter la classe. Une fois dans le couloir, elle attendit que sa meilleure amie Angélique, la rejoigne pour qu’elles se rendent ensemble au cours suivant. Angélique était petite, un peu rondelette, brune aux yeux noisette et elle n’avait pas sa langue dans sa poche.

- Bah dis donc, le prof ne t’a pas loupé, compatit Angélique.

- Ne m’en parle pas. Ce cours m’a paru durer 4 h 00 alors qu’on n’y a passé qu’1 h 00. Quel connard ce prof. Je ne le supporte pas. Il m’a donné mal à la tête et cet acharnement m’a épuisé. La journée va être longue, répondit Sylvia.

- Heureusement que l’on a Arts Plastiques maintenant. Le cours est plus cool, précisa Angélique.

- Oooooh oui, soupira Sylvia.

Elles se rendirent en Arts Plastiques, d’un pas léger et détendu. La prof, Mme FUSAIN, était charmante. Un peu loufoque, babacool. Elle était réputée pour être proche et très compréhensive avec ses élèves. Il y avait un programme scolaire à suivre, bien sûr, mais ses cours se passaient dans une ambiance tellement amicale, détendue, excentrique que les étudiants n’avaient pas l’impression d’être en classe. Mme FUSAIN partait du principe qu’on apprenait mieux lorsqu’on s’amusait et qu’ils échangeaient entre eux. Ce sont les expériences, les échecs et les réussites qui construisent la personnalité de chacun. C’est également ce qu’elle voulait leur transmettre dans ses cours atypiques. Il lui était arrivée d’emmener ses élèves dans un bâtiment désaffecté et de leur demander d’en faire ressortir toute la beauté et toute l’histoire gravée dans ses murs, en le peignant tel qu’ils l’imaginaient, avec ces critères imposés. Une autre fois elle leur avait demandé de dessiner leur pire cauchemar ou leur pire souvenir. Dessiner cet évènement permettait de le voir sous un autre angle et de le dédramatiser. Elle leur avait demandé de créer une bande dessinée sur la base d’un de leur rêve nocturne. Il fallait que ça soit le plus fidèle possible au mauvais rêve même s’il n’y avait pas de logique, comme souvent dans les songes.

Angélique et Sylvia étaient impatientes de découvrir le nouveau projet que leur prof allait leur demander de réaliser. Elles s’installèrent l’une à côté de l’autre tout en émettant diverses hypothèses de sujet de cours.

Pour le cours d’Arts Plastiques, plusieurs classes de même niveau, étaient mélangées vu que ce cours était une option dans leur cursus scolaire. Elles retrouvèrent des élèves d’autres classes, avec qui désormais, elles avaient lié connaissances. Sylvia craquait pour un garçon de ce cours : Lionel. Son cœur s’emballait à chaque fois qu’il entrait dans la salle de cours et elle retenait son souffle dès qu’il passait près d’elle. Les parents de Sylvia l’auraient qualifié de « mauvais garçon » avec son jean troué, son perfecto en cuir noir et ses rangers. Ses cheveux châtains clairs coiffés en arrière, lui tombaient dans le cou et tenaient en place grâce à une tonne de gel. Le petit anneau qu’il portait à l’oreille droite, son piercing à l’arcade gauche tout comme l’anneau qui brillait sur sa lèvre inférieure ainsi que sa barbe courte, accentuaient son côté bad boy. A chaque fois que le regard de Sylvia croisait celui de Lionel, elle était comme transpercée par ses yeux d’un vert pétillant. Il lui semblait qu’il voulait sonder son âme. Elle rêvait très souvent de lui et mourrait d’envie de l’embrasser et de se blottir dans ses bras. Elle était complètement dingue de ce garçon.

Sylvia guettait l’arrivée de Lionel qui ne tarda pas à faire son entrée dans la salle de cours. Ils ne se quittèrent pas des yeux et lorsque Lionel passa près d’elle et lui adressa un petit sourire en coin, charmeur. Il alla s’installer dans le fond de la classe. Elle pouvait sentir son regard posé sur elle, sans même se retourner. Mme FUSAIN, tapa dans ses mains pour attirer leur attention.

- Bonjour à tous. Je suis sûre que vous attendez avec impatience le sujet de votre prochain travail. Comme vous le savez, dans 1 mois, c’est mardi gras. Je veux que vous réalisiez vous-même vos déguisements. Vous serez en duo pour ce travail. Comme le hasard veut que cette année il y ait une mixité parfaite, vous serez donc en duo fille/garçon. Les duos seront formés par tirage au sort. Le thème que j’ai choisi est : les duos célèbres. Là aussi vous tirerez au sort, le duo célèbre que vous devrez représenter. Le jour de Mardi gras, vous défilerez dans tout le lycée et les élèves éliront leur duo préféré. Le couple qui obtiendra le plus de voix obtiendra un 20/20. Pour les autres duos, les notes seront dégressives en fonction du classement, après le dépouillement des votes. Mesdemoiselles, vous allez venir chacune votre tour, tirer un papier au sort. Ne le lisez pas maintenant.

Elles se levèrent à l’appel de leur prénom et allèrent tirer un papier dans le chapeau que leur présenta la prof. Sylvia le garda dans le creux de sa main et ferma le poing, à la fois excitée, impatiente et un peu inquiète de savoir qui allait être son partenaire.

- Messieurs, à votre tour de venir tirer un papier pour découvrir laquelle de ces demoiselles va être votre dulcinée, dit-elle d’un air théâtral.

Les garçons trainèrent un peu les pieds, mais se plièrent tout de même à la règle.

- Bien maintenant que tout le monde à son petit papier, nous allons les découvrir ensemble. Lorsque je prononcerais votre prénom vous lirez à haute voix, ce qu’il y a d’écrit sur votre papier. On commence de nouveau par vous mesdemoiselles.

Lorsque Sylvia entendit son prénom, elle s’empressa de déplier son papier, impatiente de découvrir qui elle devrait représenter.

- Bonnie & Clyde, lut-elle à haute voix ravie.

Angélique avait tiré le duo « Cléopatre et Jules César ». Elles étaient excitées et échangèrent sur les milles idées qui leur venaient en tête, pendant que les autres filles dévoilaient leur duo célèbre, oubliant qu’elles ne feraient pas ce travail ensemble.

- Mesdemoiselles, s’il vous plait. Je vois que vos duos vous plaisent, mais maintenant il nous reste à découvrir qui va être votre partenaire. Messieurs, à votre tour de lever ce suspens insoutenable, à l’appel de votre prénom.

Sylvia avait la gorge nouée. Elle tortillait ses doigts dans tous les sens et se mordait la lèvre inférieure en attendant d’entendre son prénom. Angélique devrait faire équipe avec Tristan, le garçon le plus loufoque de la classe. Ce gars vivait complètement en décalé avec la société actuelle. Il était resté dans les années 70, hippies, alors que les années 80 touchaient presque à leur fin. Lorsque la prof appela Lionel, Sylivia déglutie péniblement tellement elle avait la gorge sèche.

- Sylvia, annonça le jeune homme.

Elle se tourna vers lui et il lui adressa un petit clin d’œil qui la fit rougir. Elle s’empressa de se retourner vers la prof pour lui cacher son trouble. Comment allait-elle faire ? Ce garçon lui plaisait tellement qu’il l’intimidait. Ils étaient tellement différents l’un de l’autre. Arriveraient-ils à s’entendre ? Comment allaient-ils faire pour travailler sur leur projet commun ? Les parents de Sylvia n’accepteraient jamais que Lionel vienne chez eux, même pour un travail scolaire. Son style vestimentaire et son comportement les choqueraient. Rien que le fait qu’il soit de sexe masculin, il était hors de question qu’il se retrouve seul dans la chambre de Sylvia même pour un projet scolaire. Ils n’accepteraient pas non plus qu’elle aille chez lui.

- Vous pouvez utiliser tous les matériaux que vous voulez, toutes les techniques que vous trouverez. Soyez créatif, mais il faut tout de même qu’en vous regardant défiler, on reconnaisse le duo que vous devrez représenter. J’ai vu avec la directrice du lycée et elle met à votre disposition une salle dans laquelle vous pourrez venir travailler dès que vous en aurez l’occasion. Vous pourrez y laisser entreposer vos costumes. Il vous suffira d’aller demander la clé au secrétariat et de la leur ramener lorsque vous quitterez la salle. Je vous demande de prendre ce travail au sérieux. Ça n’est pas parce que vous avez une salle à votre disposition et de la liberté qu’il faut en abuser. Je vous fais confiance. Etonnez nous, précisa Mme FUSAIN.

Sylvia avait déjà mille idées qui lui venait. Elle était impatiente de commencer à travailler. Ce projet l’emballait énormément.

- Jusqu’à la fin de cette heure de cours, vous allez vous mettre avec votre binôme et commencer à mettre vos idées en commun, ordonna Mme FUSAIN.

Sylvia était intimidée, gênée de devoir se retrouver aux côtés de Lionel. La classe s’anima, tandis que les élèves changeaient de place pour former leur nouveau binôme. Elle prit une profonde inspiration et alla s’installer à la place vide près du garçon qui faisait battre son coeur. Elle sorti son bloc note et un crayon et commença quelques croquis tout en expliquant ses idées au jeune homme à côté d’elle. Elle oublia très vite sa gêne, prise dans l’excitation du projet et par les idées qui ne cessaient de germer dans son esprit. Il l’écoutait et apporta quelques retouches ou améliorations à ses idées. La jeune fille fût étonnée de la facilité avec laquelle ils arrivaient à communiquer et à quel point leurs idées étaient similaires. Cette coopération allait être plus facile et plus intéressante qu’elle ne l’aurait pensé. Elle se détendit et aborda ce projet avec plus de sérénité.

La sonnerie retentie. Sylvia rangea ses affaires et rejoignit Angélique qui l’attendait à la porte de la salle. Lionel était déjà parti. Ils n’avaient pas eu le temps de se mettre d’accord sur leur emploi du temps et les moments qu’ils auraient en commun pour travailler. Elle essaierait de le voir dans les couloirs ou le parc du lycée. Ils n’avaient qu’un mois pour réaliser ce travail et ça allait passer très vite. Il fallait perdre le moins de temps possible. Justement il l’attendait dans le couloir.

- Sylvia, je peux te parler ? demanda-t-il.

- Euh oui. Angélique je te rejoins, dit-elle à son amie avant de suivre Lionel, justement je voulais te voir pour que l’on se mette d’accord sur les moments où l’on pourrait travailler ensemble sur le projet que vient de nous donner Mme FUSAIN.

- C’est pour ça aussi que je voulais te parler.

Ils sortirent leurs emplois du temps pour les comparer et trouver les moments libres qu’ils avaient en commun. Malheureusement, ils n’avaient aucun moment pour travailler ensemble au lycée.

- Mes parents n’accepteront jamais que tu viennes chez moi pour travailler, dit Sylvia embêtée.

- Tu peux venir chez moi si tu veux. Ma mère travaille de nuit, proposa Lionel.

- Ton père sera d’accord ? demanda-t-elle.

- Mon père ? Il s’est barré lorsque j’avais 2 ans, dit-il avec rancœur.

- Oh ! Je suis désolée. Je ne voulais pas être indiscrète, s’excusa-t-elle.

- Ce n’est rien. Tu ne pouvais pas savoir. Bon alors si tes parents t’y autorisent, ça te convient de venir bosser chez moi ?

- Je vais m’arranger. Je vais trouver une solution. Quand veux-tu commencer ?

- Demain après les cours, ça te va ? proposa-t-il.

- Ok, ça me va.

- Je t’attendrais à la sortie à 18h .

- ça marche.

- Je dois y aller. A demain, dit-il en s’éloignant.

Sylvia rejoignit Angélique qui l’attendait devant la salle pour leur cours de Français.

- Alors qu’est-ce qu’il te voulait ? s’empressa de demander Angélique.

- Juste que l’on se mette d’accord pour se voir pour travailler sur le projet d’Arts Plastiques. Je vais aller travailler chez lui demain soir. Tu connais mes parents. Je ne peux pas le faire venir à la maison. Ils n’accepteront jamais. D’ailleurs il faut que tu me rendes un grand service.

- Dis- moi.

- Est-ce que tu peux me couvrir lorsque j’irais travailler chez Lionel. Si jamais mes parents te posent des questions ou téléphonent chez toi ? Je ne peux pas leur dire que je vais travailler chez un garçon et que nous serons seuls parce que sa mère travaille. Je n’ai pas le choix, sinon on ne pourra jamais travailler sur ce projet. Alors tu veux bien ? supplia Sylvia.

- Bien sûr. Sans problème. Je comprends.

- Ohh super. Merci. Tu me sauves la vie.

- Alors comme ça tu vas te retrouver seule chez le beau Lionel ? Intéressant ! la taquina Angélique.

- Pour travailler Angie. Pour travailler.

- Ouais, ouais, on dit ça, dit Angélique avec un clin d’œil, sachant très bien l’attirance que son amie avait pour le beau Lionel.

- ça suffit, répondit Sylvia en lui mettant une petite tape sur l’épaule.

Elles entrèrent en cours de Français.

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