Chapitre 8

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L’inspecteur Rodriguez siège dans son bureau, plongé dans une profonde réflexion. Ses yeux restent rivés sur l’horloge imperturbable qui marque 23 heures. Dans cette pièce éclairée par une lampe tamisée, son esprit s’égare vers l’enquête et la promesse de gloire qui l’accompagne.

La famille Williams, une dynastie influente au cœur de la ville, trône au centre de cette affaire. Si Rodriguez peut prouver leur culpabilité, il s’élèvera sur la scène médiatique, les journaux tant convoités à portée de main. En tant qu’inspecteur fraîchement promu au sein de la police de New York, il doit faire ses preuves, démontrer une détermination inébranlable.

Alors qu’il se laisse emporter par ses rêveries, le doux son de son téléphone rompt le silence. Sur l’écran, le message « Mon amour » s’affiche. Un sourire se dessine sur son visage fatigué alors qu’il décroche.

– Salut mon amour, murmure-t-il en se redressant.

– Toujours au travail?

– Oui, cette affaire me prend énormément de temps.

– J’espère que tout cet effort en vaut la peine et que tu te rends compte de l’absence que tu nous imposes, à nos enfants et à moi.

– Chérie, on en a déjà discuté hier. Cette affaire est une opportunité pour moi de réaliser mes ambitions professionnelles et de nous offrir une vie meilleure. Je veux que nos enfants et toi soyez fiers de moi. Au fait, est-ce que les enfants dorment?

– Oui, Anna dort, mais César demande toujours après toi. Il est déçu. Il avait un match de volley aujourd’hui au collège et tous ses amis étaient présents avec leur père, sauf lui. Alexandre, il faut que cela cesse. Je ne supporte plus de voir notre fils souffrir. Il n’a que 11 ans.

Le visage de l’inspecteur se crispe, ses sourcils se froncent telle une ombre menaçante sur son front. Les mots sincères de sa bien-aimée lui étreignent le cœur, faisant naître une lueur de tristesse dans ses yeux. Il se retrouve face à un choix déchirant, un ultimatum qui le force à jongler entre ses aspirations professionnelles et le bonheur de sa famille.

Dans un silence lourd, il prend une courte pause, cherchant les mots qui pourraient apaiser les craintes de sa femme, les larmes menaçant de perler au coin de ses yeux.

– Écoute, Léa… Chérie, je te promets qu’après cette affaire, je prendrai des vacances pour toi et les enfants. Je vous le dois. Accorde-moi un peu de temps. J’ai besoin de toi, chérie. Je sais que tu souffres, mais j’ai besoin de ta compréhension. Est-ce que tu veux bien?

– Je ferai des efforts. Enfin, j’essaierai. Tu vas encore dormir au bureau?

– Je n’ai pas le choix…

– Okay. Bonne nuit.

  – Bonne nuit, mon amour.

Elle raccroche brusquement, laissant une tension palpable dans l'air. Son cœur se serre, empli d'un désir ardent de se précipiter vers elle, de l'enlacer tendrement, elle et leurs deux enfants chéris. Mais il sait, au plus profond de lui-même, qu'il est incapable de leur offrir l'attention et les soins dont ils ont besoin.

   Les disputes avec sa femme, de véritables orages émotionnels, éclatent désormais tous les trois jours lorsqu'il franchit le seuil de leur foyer. Les gestes d'affection sont devenus un lointain souvenir, remplacés par le silence glacial et les dos tournés. Elle se contente de laisser son assiette intacte sur la table à manger avant de se retirer dans leur chambre conjugale, lui refusant tout contact physique.

Les mots résonnent dans son esprit tourmenté : "Cette affaire doit me rapporter, sinon je ne m'en remettrai pas." Alors, d'une main tremblante, il ouvre le dossier qui se trouve devant lui, dont le titre en lettres majuscules crie l'horreur qui va bientôt dévoiler son sombre mystère : "Meurtre à la villa Williams".

– Inspecteur Rodriguez!

C'est le lendemain matin. La cheffe de police Olivia Wilson le tire de son sommeil en entrant dans le bureau.

– Bon... Bonjour, cheffe!

– Je vois que vous avez dormi ici.

– Oui, en effet, répond-il en ajustant les rebords de sa chemise. Ses yeux rouges témoignent de sa fatigue, et ses cheveux noirs en désordre retombent en petites mèches sur sa peau sombre.

– Avez-vous trouvé suffisamment de preuves pour traduire Hector Williams en justice?

– Non, pas vraiment… Nous n'avons pas encore les résultats des analyses ADN.

– C'est ce que je craignais. Eh bien, je vous informe que j'ai été visitée par son avocate, qui a exigé la libération de son client. Nous n'avons donc pas le choix. J'aimerais que vous vous mettiez rapidement au travail, Inspecteur. Pour l'instant, nous sommes toujours au point de départ. Pas de suspect, pas de preuve. Je commence à douter de vos compétences, dit-elle en croisant les bras, vêtue de sa veste bleu foncé avec des épaulettes, d'un pantalon assorti et d'une ceinture ornée d'insignes.

Ses cheveux roux sont soigneusement noués sous sa casquette, conférant à Olivia une apparence plus mûre que ses quarante printemps. Son regard, à la fois déterminé et empreint de déception, se fixe intensément dans les yeux de Rodriguez. Elle a l'art de traquer la moindre faille dans ses actions, remettant en question chaque pas qu'il a franchi pour en arriver là. Mais l'inspecteur n'est pas homme à se laisser abattre. Il a investi des années de labeur acharné pour atteindre ce point précis, et il est animé d'une volonté farouche de lui prouver qu'il est tout à fait capable de résoudre cette affaire, contre vents et marées.

– Madame Wilson, je vous en prie, accordez-moi du temps. Mon équipe et moi sommes sur la bonne voie. Cette famille est protégée grâce à ses ressources, mais je vous promets que je trouverai l’assassin de Nathalie Parker, quel qu’en soit le prix.

– Vous feriez mieux, cher Inspecteur, sinon je serai contrainte de confier cette affaire à un autre enquêteur.

Elle tourne les talons et quitte les lieux, laissant derrière elle Jake qui observe la scène.

– Cette maudite femme, lâche l’inspecteur Rodriguez à son coéquipier.

– Je suis vraiment désolé.

– Ne le sois pas. Je vais bien, ne t’en fais pas. Je résoudrai cette affaire. Dis-moi, as-tu pu trouver ce que je t’ai demandé ?

– Eh oui. Tiens.

Il lui remet un dossier soigneusement préparé, renfermant la liste des numéros tirés du téléphone de Nathalie et les messages de son répondeur. Puis, il ajoute avec une pointe d’excitation :

– Voici ce que nous avons découvert dans son téléphone. Devine quoi.

– Dis-moi tout.

– Dans ce dossier, tu trouveras non seulement le numéro et les messages échangés entre Nathalie Parker, Hector Williams, son frère Ethan Parker et Emma Williams, mais elle était aussi en contact avec Tony Hope, et crois-moi, ce n’était pas une simple relation amicale.

– Ils sortaient ensemble ?

– Apparemment, ils entretenaient une relation tous les deux. Il lui a laissé plusieurs messages sur sa messagerie le jour de son assassinat. Ils avaient un rendez-vous chez elle le matin. Et elle était absente.

– Donc, si je comprends bien, Hector trompait sa femme avec Nathalie, mais Nathalie le trompait aussi avec son meilleur ami, Tony. Tu as fait un excellent travail, Jake. Nous allons convoquer Tony pour le réinterroger. Il nous a menti. Cette affaire s’avère bien plus complexe et cette Nathalie devrait être une sacrée manipulatrice.

– Parfait. Je vais me rendre chez Monsieur Hope avec le reste de l’équipe. À plus tard!

  – À plus tard, mon cher ami!

Un éclat de joie illumine le visage d’Alexendro, dissipant les nuages sombres de sa récente altercation avec son supérieur. D’un geste assuré, il saisit un bidon d’eau, en avale le contenu d’un trait, puis entreprend de composer le numéro soigneusement noté sur sa liste. L’attente est brève, et puis, enfin, une voix grave se fait entendre à l’autre bout du fil.

– Bonsoir, Monsieur. Êtes-vous bien Ethan Parker?

– Oui, c’est bien moi. À qui ai-je l’honneur, s’il vous plaît?

– Je suis l’inspecteur Alexandro Rodriguez de la police de New York. J’aimerais m’entretenir avec vous concernant votre sœur.

– Nathalie… Qu'y a-t-il?

– Je suis désolé de devoir vous l’annoncer, mais malheureusement, elle a été victime d’un meurtre. Mes sincères condoléances, Monsieur, dit-il d’une voix calme.

Au bout du fil, Ethan pousse un cri déchirant, plongeant le cœur d’Alexandro dans un abîme d'empathie. Habitué à voir des familles dans cet état lorsqu’il doit annoncer la perte d’un être cher.

– Non… Non, pas Nathalie, pas elle, pas ma sœur… Je refuse de le croire. Quand et où cela s’est-il produit? Et qui est responsable? Vous êtes sûr qu’il s’agit bien de ma sœur, Nathalie?

– Malheureusement, nous en sommes certains, Monsieur. Écoutez, nous devons vous rencontrer et vous poser des questions. Nous n’avons pas encore trouvé l’assassin, mais nous faisons tout notre possible pour rendre justice à votre sœur. Je vous le promets.

– Je prendrai le premier avion demain matin. Merci… Monsieur l’inspecteur.

– Très bien monsieur Parker. Encore une fois, mes condoléances.

Après avoir raccroché, il ressent de la compassion pour ce frère qui vient de perdre sa seule famille. Cela lui rappelle sa propre famille et combien elle lui manque, mais peu importe. Après le travail, il emmènera sa femme et ses enfants dîner dans un magnifique restaurant pour se faire pardonner. Il se lève de sa chaise, range les dossiers et se dirige vers la sortie.


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